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BANDER, ce nom en perfan fignifie UN PORT DE

MER.

1. BANDER, ville du Mogolistan, en Afie, dans le royaume & fur le golfe de Bengale, à l'embouchure la plus orientale du Gange, environ à quarante lieues de la ville de Chatigan. * Baud, éd. 1705.

2. BANDER ABASSI, c'est-à-dire le PORT D'ABAS, felon Chardin, Voyag. t. 9. p. 241. c'est-à-dire du roi Abas le Grand, parce que ce prince le prit fur les Portugais l'an 1614. Ils s'en étoient emparés fur le roi de Laar l'an 1611, & y avoient bâti deux forteresfes; c'étoit afin d'avoir de l'eau & des vivres pour leur ifle d'Ormus qui n'en fauroit avoir que de dehors. Ce port, lorsqu'ils le prirent, étoit poffédé par le roi de Laar, qui s'étoit démembré de l'empire de Perfe, du tems d'Ismaël Sephi, grand pere du roi Abas. Mais ce prince ayant réuni par conquête ce royaume de Laar à fon enpire, envoya un de fes généraux nommé Daoud Can, le long du golfe, & celui-ci au bout de quelques années chassa les Portugais de leur ifle, & fon da ce port, qu'il nomma port d'Abas, où il mit une groffe garnison pour empêcher les descentes des Por tugais. Ce lieu s'appelloit auparavant Gombron. La plûpart écrivent Gomron, d'autres Komron, mot turquesque, qui fignifie lieu de Douane, parce que c'étoit le port où l'on s'embarquoit communément pour Ormus, pour l'Arabie & pour les Indes. C'est à préfent le plus célèbre abord de la mer Perfique. Le Bander Abaffi eft bâti le long de la mer, fi proche du rivage, que les flots viennent laver le pied des maifons dans les hautes marées. Il eft fitué juftement entre les ifles d'Or mus & de Kichmichs, que l'on voit, la premiere à gauche, & l'autre à droite, à environ quatre lieues de diftance. La côte d'Arabie, que l'on voit auffi à la droite, n'en est qu'à vingt lieues : & comme cette côte eft de hautes montagnes, on la voit fort à plein du Bander Abaffi quand le ciel eft ferein, Cette place a auffi de hautes montagnes derriere foi, à trois lieues feulement, lesquelles ne font pas ftériles comme dans la plus grande partie de la Caramanie déferte, mais fertiles, chargées de bois & abondantes en eaux. Le terroir du Bander au contraire eft fec & ftérile, un fable mouvant qui ne produit qu'à force de culture, & fur-tout à force d'eau. On peut appeller le Bander une ville; car il eft ceint de murs du côté de la terre, ayant deux petites fortereffes on y compte quatorze ou quinze cens maifons, le tiers d'Indiens gentils ou idolâtres, environ cinquante Juifs, & le refte de Perfans naturels. Pour des chrétiens, il n'y en a que d'étrangers, & point qui y foient établis. Le quai a plus d'un mille de longueur. Les maifons des compagnies orientales de France, d'Angleterre & de Hollande font les plus.commodes du lieu. Le gouverneur de la province, qui d'ordinaire fait ici fa réfidence, & non pas dans la capitale, qui eft appellée Neris, & qui eft à dix journées de chemin, y a un palais affez grand & affez commode, à un bout de la ville, à l'endroit le plus éloigné de la mer, bâti en partie de pierres & de marbres tirés d'Ormus. Les maifons du lieu font toutes en plate-formes, avec des tours à vent pour avoir de l'air. Ces tours, qui font au milieu, ou aux côtés de la plate-forme, font quarrées & hautes de dix à quinze pieds, felon la chaleur du pays; car les plus hautes font le plus d'air, & de fix à huit pieds de diamètre, divifées par dedans en quatre, fix ou huit espaces comme des tuyaux de cheminées, afin que l'air qui entre par le haut,fe trouvant plus refferré,fe faffe mieux fentir. On le reçoit en une ou en plufieurs chambres, comme on le veut, en faifant que tous les tuyaux répondent au milieu d'une chambre, ou qu'ils donnent dans les coins. On s'en fert principalement pour les appartemens des femmes, à caufe qu'elles ne pourroient pas prendre le frais fur les plate-formes ou les terraffes, comme les hommes, fans les voir & fans en être vues. On voit des tours à vent particulierement aux maisons qui ne font pas bâties fur le quai, comme n'étant pas fi ouvertes à l'air. Du refte il n'y a rien de confidérable dans les édifices publics du Bander Abaffi.

Cette ville n'a point de port, ce n'eft qu'une rade;

mais elle eft grande, bonne & affurée, autant qu'aucune de l'univers. Cependant il y a un grand inconvénient; c'eft que les vaiffeaux qui y paffent l'été, font attaqués de vers qui les percent, fur-tout les vaisseaux de l'Europe; parce que le bois n'en eft pas fi dur que celui des vaiffeaux des Indes. Les navires font à l'ancre à quatre ou cinq braffes d'eau en toute affurance, comme dans un baffin, fans jamais fentir d'orages, ni même de gros vents; de forte que l'on charge les vaiffeaux fort vite & fort commodément. L'eau du Bander eft fort mauvaife, faléé, pefante & amete, fe tirant de puits creufés dans le fable, à trois braffes de profondeur feulement; ce qui fait qu'il n'y a que le pauvre peuple qui en boive. Le commun boit de l'eau des Mines, qui eft un hameau à une lieue du port, où les Indiens vont faire leurs dévotions fous un de ces arbres des Indes, qui jettent fes branches en terre, d'où elles repouffent en haut comme de nouveaux furgeons... Les gens accommodés boivent de l'eau d'Iffin, grand & beau village à trois lieues de là, au pied des montagnes. On la porte de nuit dans des pots de terre fur des ânes, quatre pots fur chacun, & chaque pot tient environ huit pintes d'eau. Elle est fraîche en arrivant plus qu'au fortir du puits: on l'achete huit fols la charge.. Il y a auffi quelques citernes dans la ville.

Quant à l'air qu'on y respire, je ne pense pas qu'il y en ait au monde un plus méchant & plus mal fain, fur-tout depuis la fin d'avril jusqu'à la fin de septembre. Il faut dire même qu'il eft mortel, fur-tout aux étran gers qui n'y fauroient faire de long féjour, mourant tous au bout de peu d'années, & fi non tous, du moins neuf de dix dans l'espace de dix ans ; c'est le compte que l'on en fait d'ordinaire; ce qui vient, ou de ce que les montagnes dont il est environné, empê chent l'air dé fe rafraîchir, ou des exhalaifons de fel & de foufre dont les ifles voifines font couvertes; ou des vapeurs puantes de la mer durant le tems chaud, qui font bondir le cœur la premiere fois qu'on les fent; ou bien enfin de la nature du climat, qui est chaud & humide au dernier degré. Les naturels du pays portent fur leur teint, & dans leur conftitution les marques de cet air malin: étant jaunes & hâves, dès l'âge de vingt ans, & s'affoibliffant dès l'âge de trente. Auffi-tôt que vient le mois de mai tous les étrangers fongent à s'en aller, & les naturels du pays s'en vont tous bientôt après, & fe retirent dans les montagnes; les plus riches à plus de distance que les autres, parce que plus on s'éloigne de la mer, moins l'air eft dangereux & la chaleur incommode. Il ne demeure dans le Bander durant les mois de l'été, que des gens pour garder les maisons qui fe relaient de dix en dix jours. Ces fix mois d'été font ceux durant lesquels la moisson ( Mousson) est fermée ; c'est-à-dire que l'on ne peut naviguer dans la mer des Indes, à cause des pluies & des ouragans; ce qui fait qu'il n'y a guères d'affaires au Bander durant ce femeftre-là. Les maladies les plus ordinaires dans ce lieu font la dyssenterie, le flux de fang, & les fiévres malignes. On fe fait enporter hors de la ville dès que l'on s'en fent attaqué; mais la plûpart ne laiffent pas d'en mourir au bout de quatre ou cinq jours; ou fi l'on n'en meurt pas, on s'en fent incommodé bien des années. Ce lieu est encore fujet à des tremblemens de terre qui reviennent tous les trois ou quatre ans, & toujours dans l'automne, mais non pas également violens. On obferve dans ce lieu que les vents y changent fort régulierement quatre fois le jour presque toute l'année. De minuit à l'aube du jour, le vent vient du feptentrion & eft froid. Depuis l'aube du jour jusqu'à dix ou onze heures qu'il tombe tout-à-fait, il vient d'orient, & fouf fle froid auffi. Il s'en leve un autre méridional à trois heures qui dure jusqu'au coucher du foleil, & qui eft chaud, venant du côté de la mer. Du foir à minuit, celui qui regne vient d'occident, & eft chaud de même; & c'est ce changement de vents froids & chauds d'heures en heures, qui caufe les maladies, & qui donne la mort en fi peu de tems. Une chofe que l'on remarque auffi généralement, c'est que plus le vent eft chaud, plus l'eau qui y eft expofée fe rafraîchit, comme au

contraire le vent froid la rechaufe au lieu de la rafraîchir. Les vivres au refte y font bons & en abondance, & particulierement le poiffon..... On y en apporte de frais foir & matin; les pêcheurs rejettant à la mer ce qu'ils n'ont pas vendu une heure après être arrivé à terre. Durant l'hyver on y apporte de l'Arabie du poisson qui eft vermeil, & de bon goût plus que le faumon & le thon. Pour les viandes, celle du chevreau y eft la plus délicate, & en même tems la plus commune. On y mange quelquefois des gazelles, espece de biches, & des perdrix; mais ce dont il y a de plus, c'est le laitage & les légumes de toutes fortes, comme dans l'Europe. Quant aux fruits, on y en a auffi de toutes fortes durant l'hyver; mais comme on les apporte de bien loin, ils ne font pas à bon marché. Les plus communs font les pavis, les coins, les citrons, les oranges, les grenades, les pommes, les poires, les noix, les amandes, & les raifins noirs & blancs qu'on apporte en affez grande quantité pour faire du vin. L'auteur de qui j'emprunte cet article, y a vu des prunes & des figues en leur faison, & beaucoup de melons & de pategues presque en tout tems. Il donne à Bander Abaffi 28 d. 24 min. d'élévation. Ce lieu, qui eft nommé GAMARON dans les tables de longitude & de latitude hollandoifes, y eft mis à 27 degrés 20 minutes de latitude, & à 78 degrés 45 minutes de longitude.

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3. BANDER - CONGO, BANDER - GONGO, ou comme dit Chardin, t. 9. p. 24. le PORT DE CONGUE, c'est à-dire, le Port des Sourds, port de la mer Perfique, à trois journées de Bander Abaffi, dans la province du Farfistan, au lieu que Bander Abaffi eft dans le Kerman. Bander Gongo eft au nord, & vis-à-vis de la pointe occidentale de l'ifle de Queixoma; la même qui eft nommée Kismis dans les voyages de le Brun, p. 322. & Kichmichs, par Chardin, dans l'article précédent. Baudrand dit que l'air y eft fain & les eaux excellentes ; cependant le commerce qui y étoit, lorsque la ville d Ormus fubfiftoit, est anéanti, parce que depuis le détroit d'Ormus jusqu'à cette ville on trouve un grand nombre de petites ifles, entre lesquelles la navigation est dangereufe, & que l'eau y eft fi baffe qu'un vaisseau qui a plus de vingt piéces de canon n'y peut paffer. Chardin, L. c. dit que le commerce n'y eft pas grand, à cause que les vaisseaux ne fauroient y être à flot fi près de terre.

Les Anglois aiderent aux Perfans à débusquer les Portugais de l'ifle d'Ormus, & du château de Kichmich, en vertu d'un traité, dont le troifiéme article leur pro mettoit, entre autres privileges & avantages, la moitié des droits de douannes qui fe payent par tous les marchands qui négocient du côté d'Ormus, tant par mer que par térre mais la Perfe a bien diminué ces avantages; & on peut voir dans les voyages de Chardin, I. 3. p. 150. les raifons qu'elle eut de ne s'en pas tenir à ce traité. Au reste, GAMRON, GAMERON, KOMRON, ou GOMRON; car les auteurs varient, eft le nom que les Portugais avoient donné au Bander Abaffi. Le Brun, P. 321, dit qu'ils nommerent ce lieu CAMRANG, d'après les petites écreviffes appellées Gamberi, qui s'y trouvent en abondance.

BANDERA ou MANORA, château de l'Inde propre au royaume de Cambaye. Il eft fur la côte de l'Océan, près du golfe de Cambaye & de Baçaim, & appartient aux Portugais. * Baudrand, éd. 1705.

BANDERMACHEN, ce mot eft employé dans le premier voyage des Hollandois, aux Indes Orientales, pour fignifier une place de l'ifle de Borneo. Cette place eft nommée BENGERMASSIN, dans un autre voyage du même recueil; BENDARMARSSIN, fur les cartes de Sanfon, & BANDARMASSEN, dans le dictionnaire de Baudrand. Voyez BENJARMASEN, qui eft l'orthographe que fuit De l'lfle. * Voyages de la Compagnie, t. 1. p. 360. & t. 2. p. 649.

BANDO, royaume de l'Indouftan, dans l'empire du Mogol, & presqu'au milieu de fes états, entre les royaumes de Dehli & d'Agra, à l'orient, & à celui de Jeffelmere, au couchant. On le nomme auffi le royaume ou la province d'Asmer du nom de fa capitale, felon les cartes de De l'Ifle. Baudrand prétend au con

traire que la capitale fe nomme Bando, & il la met à foixante dix lieues espagnoles au levant d'Agra, & à vingt d'Asmer au feptentrion. Les cartes dreffées pour l'histoire de Timur-Beck marquent une place nommée BAND ou BATNIR, à l'orient de la fource d'une riviere qui ne peut être que le Paddar; & cette fituation s'accorde affez avec celle que De l'Ifle donne à la ville d'Asmer. Mais il y a plus; l'hiftorien fur lequel ces cartes font dreffées raconte, 1. 4. C. 14. de quelle maniere Timur prit la fortereffe de Batnit qu'il faccagea, & fit main baffe fur les habitans. Cet auteur remarque que Batnir étoit le nom de la citadelle, & que la ville avoit nom BEND; car c'eft ainfi qu'il faut lire, & non pas Berid, qui eft une faute d'impreffion. La citadelle de Batnir, dit l'auteur perfan, dans la traduction françoife, étoit une place extrêmement forte & une des plus célèbres des Indes. Elle est éloi gnée du chemin ordinaire, & fituée dans un défert: les habitans n'ont de l'eau que d'un grand lac qui est auprès de la porte de la ville, qui ne fe remplit que par des inondations. L'hiftoire de ce fiége fait mention des fauxbourgs qu'elle avoit alors. De ces remarques, je conclus qu'ASMER, BANDO, & BEND, font la même ville capitale du royaume de Bando, que Barnir en étoit la citadelle, & qu'enfin le royaume de Bando, & le royaume d'Asmer, fignifient la même province de l'Indouftan. Le P. Catrou, dans fon hiftoire générale du Mogol, fur les mémoires de Manouchi, dit, p. 361. que la ville d'Asmer donne fon nom à un royaume. Sa fituation, pourfuit-il, eft par les 30 d. de latitude & les 120 d. 30 min. de longitude. Il y a bien du rabais à ce calcul, & il faudroit dire par les 93 d. 45. min. de longitude, & dans le 26 d. de latitude, qui eft la pofition d'Asmer, felon De l'Ifle. La carte de l'empire du Mogol mife au devant des voyages de Bernier, femble avoir fervi de guide à ✩ Baudrand.

BANDOBENA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange, fur le Choaspe, fleuve qui, felon Strabon, 1. 15. p. 697. baignoit la ville de Plegerion, & couloit auprès de Gorydale ville, Bandobena, & la Gandaritide. Prolomée, l. 7. c. 1. place vers les fources de l'Indus les Gandares, peuple; Gorga, ville; & Barborana, autre ville ce qui rend vraisemblable la conjecture de Villanovanus, felon lequel la Bandobena de Strabon pourroit bien être la Barborana de Ptolomée.

BANDON BRIDGE, petite ville ou bourg d'Irlande, dans la province de Munfter, au Comté de Cork, fur la riviere de Banne, où fon nom fignifie qu'elle a un pont. Elle eft à huit milles presque l'ouest de Kingfale, & envoie deux députés au Parlement.

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BANE', ville de la Palestine, dans la tribu de Dan. Il en eft fait mention au livre de Jofué, c. 19. v. 44.

BANE'ANES. Voyez BANIANS.

BANEAS, lieu de Syrie. Maundrell, dans fon voyage d'Alep à Jérufalem, p. 27. dit: Strabon nomme tout le pays qui eft entré Jebilée & Aradus, le pays des Arades. Il nomme auffi plufieurs places qui étoient fituées anciennement le long de cette côte, à favoir Paltus, Balanea, &c. Cet auteur fe contente de les nommer, fans donner des marques fuffifantes pour les reconnoître par leur fituation. L'on croit pourtant, pourfuit-il, que la Balanea de Strabon subfifte encore, & que c'est le même lieu que les Turcs nomment Baneas, dont ils n'ont fait que changer tant foit peu le nom. Cette place eft à quatre bonnes lieues de Jebilée: elle eft fituée fur une petite descente, à un ftade de la mer, & eft arrofée au midi d'une petite riviere fort claire & fort rapide. Elle n'est pas habitée à préfent; mais l'on voit bien par fa fituation & par fes ruines que ç'a été autrefois une jolie ville, dont la baie étoit fort avantageufe au commerce. A un quart de lieue de Baneas, en fuivant la côte de la mer, eft un vieux château fur le fommet d'une haute montagne : il a la figure d'un triangle équilateral: l'un de fes angles s'étend du côté de la mer. Les Turcs le nomment Merchab, & parlent fort des fiéges qu'il a foutenus autrefois; mais quelque fort qu'il

puiffe

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puisse avoir été aux fiécles paffés, il ne fert préfente ment que de demeure à de pauvres paylans. Voyez BALANEA.

BANF. Voyez BAMFE.

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BANGIS, riviere dont l'anonyme de Ravenne, 4. c. 12. fait mention. C'eft, felon l'apparence, la même que le BUGES de Prolomée & de Mela.

1. BANGOR, ville d'Angleterre, au pays de Galles, au comté de Caernawan: elle eft fort petite, mais néanmoins elle a un évêché fuffragant de Cantorbery. Elle eft fur le détroit de Menay, vis-à-vis de l'iffe d'Anglesey, n'étant qu'à trois mille de Beaumarish au midi, & à fix de Caernawan au levant d'été, & à cent quatre-vingt de Londres au couchant d'été. C'est l'ancienne ville que les Romains nommoient Bonium : & ce qui l'a rendue très-fameuse, c'est l'abbaye dont il eft parlé dans l'article fuivant. L'évêché de Bangor eft pauvre, c'est pourquoi l'on y a annexé un des trois archidiaconés qu'il contient, favoir, Bangor, Anglesey & Merioneth afin que l'évêque puifle mieux fubfifter. * Etat de la Grande Bretagne,

t. 1. p. 136.

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2. BANGOR, fameufe abbaye d'Angleterre. L'au teur de l'état prefent de la Grande Bretagne dit, en parlant de la ville épiscopale de Bangor, qu'elle étoit autrefois fameufe par fon vaite monaftere, qui entretenoit environ deux mille moines, mais qui tomba en ruine avant la conquête des Normands: Cet auteur confond deux monafteres qu'il faut diftinguer. L'hiftorien de l'ordre de faint Benoit ne les confond pas. Saint Daniel, dit-il, l. 2. c. 44. p. 325. fonda l'évêché & le monatlere de Bangor, que l'on diftingue de l'abbaye de Bangor, fituée fur la riviere de Dée, au-deffus de Cheiter, laquelle fut autrefois habitée d'un grand nombre de religieux. Voilà deux cloîtres différens, le premier fondé par faint Daniel, & dont il est question dans cet article. Cambden, dans la province de Caernarvonshire, la nomme Bangor ou Banchor, ainfi nommée, felon lui, à caufe de la beauté de fon chœur, ou comme d'autres l'expliquent, le lieu du chœur. Ce fiége épiscopal a fous lui quatre-vingt-feize paroiffes. L'églife eft dédiée à faint Daniel, qui en a été évêque; elle n'eft pas d'une fort belle ftructure. La ville eft à préfent petite, & ne mérite plus, comme autrefois, d'être appellée Banchorvaur, à caufe de fa grandeur. Ce que je viens de rapporter ici, tiré de Cambden, regarde la ville épiscopale qui eft dans le pays de Caernawan

n'eft pas à ce lieu que la fituation de l'ancienne Bonium convient, mais à Bangor en Flintshire, auffi au pays de Galles, où eft lautre abbaye dont il eft auffi parlé ci deffus. Cette fameufe abbaye étoit dans une partie de Flintshire, au bord de la Dée, fur les confins de Chefshire & de Shropshire. Elle eft très-bien marquée dans la carte de Blaeu, où font les comtés de Denbig & de Flint elle y eft qualifiée de la plus ancienne abbaye du monde par une exagération peu vraisemblable; c'est ce monaftere qui a fuccédé à la Bonium d'Antonin. Les Bretons, l'appellerent Benchor & Bancor. Les Anglois le nommerent enfuite Bancornabyrige & Banchor. Bede, cité par Cambden, dit que le nombre des moines y étoit fi grand, qu'ils étoient partagés en fept portions, dont chacune avoit fes directeurs, qu'aucune n'avoit moins de trois cens hommes, qui vivoient tous du travail de leurs mains. Ce monaftere a fourni de grands hommes à l'églife. On dit que Pélage, que faint Prosper appelle le ferpent breton, & dont l'héréfie fit de fi grands ravages dans l'églife, avoit été moine de Bangor; mais on le dit fans preuve. Il est certain, dit l'hiftorien de l'ordre de faint Benoit, l. 1. c. 7. p. 74. que le miférable Pélage, ennemi de la grace de Jesus-Christ, prit naissance dans la Grande Bretagne, & qu'il fut auffi moine, quoique le pape Zozime & Paul Orofe le qualifient , parce qu'il n'avoit point été admis dans le clergé; mais nul auteur digne de foi n'a dit qu'il fe foit fait religieux dans fon pays; & c'eft fans preuve que quelques-uns ont publié qu'il avoit été moine à Winchester ou à Bangor: il eft beaucoup plus vrai femblable qu'il embrassa la væ folitaire en Italie, &

laïc

même à Rome, où il fut perverti, à l'égard de la foi, par Rufin le Syrien ; & étant devenu lui-même un grand maître d'erreur, il eut, entre fes disciples, le moine Celeftius.

3. BANGOR, petite ville d'Irlande, dans la province d'Ulfter, au comté de Downe: elle eft fituée fur la baie de Carickfergus, à fept milles au fud-eft de cette place, & envoie deux députés au parlement. Le duc de Schomberg étoit comte de Bangor. * Etat préfent de l'Irlande, p. 60.

BANGUE, riviere d'Afrique, dans la Nigritie: elle fe jette dans la mer au midi de Sierra Liona. * Dapper, Afrique, p. 226.

BANHALOM ou BANHALMA. Corneille dit que c'est une ville de la Haute-Hongrie, & qu'elle eft fituée dans le comté de Thurtur. Il ne dit point où il a pris cela; mais en remontant le cours de la Zeiffe, on trous ve à l'orient de Zolnock, dans les cartes de De Wit, Banhalon village; dans celles de Jaillot, Banhalam bourgade; fur celle de De l'Ifle, Bantalora village. Ce lieu, qui n'eft rien moins qu'une ville, eft dans le comté de Zolnock, & Thurtur eft un village au comté de Tarantal.

1. BANI, province d'Afrique, dans la Nigritie, au midi de la province de Moco. Le principal village eft Culeba celui qui y commande en a neuf ou dix autres fous lui, & fes terres s'étendent au couchant de la ri viere de Calbarie jusqu'à Sangma. * Dapper, Afrique, p. 315.

Selon De l'Ifle, Bani eft un village du royaume de Benin, affez près de l'embouchure de la riviere Calbary ou Rio Real, dans une ifle nommée Moço, au midi du pays de Calbary.

2. BANI, ancien peuple qui s'empara du pays de Pont, fous l'empire d'Anaftafe, felon les recueils de Théodore le Lecteur, cités par Ortelius.

BANIALUCA, BANIALUCH, BAGNALUC ou VLAMMELUCCA, ville capitale du royaume de Bosnie; elle appartient aux Turcs depuis fort long tems: elle eft vers les montagnes & fur les frontieres de la Dalmatie, à quarante milles de Sebenico vers le levant, & à trente de Spalatro vers le feptentrion : c'eft la réfidence du Beglerbey de Bosnie. Cette ville eft fur la riviere de Cetina. Baudrand, éd. 1705.

BANIALUCH ou BAGNALUC, lac de Bosnie auprès de la capitale qui en prend le nom. * Baudrand, édit. 1705.

1. BANIANA, ville de l'ancienne Espagne, dans la Bétique, au territoire des Turdules, felon Ptolomée, 1. 2. c. 4.

2. BANIANA, ville des Indes, fur la route de Surate à Agra, à dix coftes (coffes) d'Hindoo, & à quatorze de Vettapour, qui n'en est qu'à douze d'Agra, felon Tavernier, Voyage des Indes, l. 1. c. 5. 11 dit qu'Hindoo & Baniana font deux villes, où, comme dans les lieux circonvoifins, fe fait l'indigo plat qui est rond; & comme c'est le meilleur de tous les indigos, il eft auffi cher au double,

BANIANS, BANJANS, BANIANES, BANEANES. Texeira, Relacion de los Reyes de Perfia, lib. 1. p. 97. dit que leur véritable nom eft Vanean, d'où les Portugais ont formé, par corruption, le nom de Banéanes. 11 dit de plus, que Vanean eft le nom général que l'on donne aux naturels du royaume de Guzarate. Davity. met dans les Indes un royaume particulier des Banians; on peut cependant affurer que les Banians n'ont aucun pays propre; c'est une tribu des Bramines, & la troifiéme Caste de cette nation; car au lieu que les Bramines font les prêtres, & à peu près dans leur nation ce qu'étoient les lévites chez les anciens Juifs, les Rasboutes ou Rageputes font en poffeffion des emplois militaires; les Banians font le commerce, & s'occupent à faire travailler les artifans & à débiter leurs ouvrages en gros & en détail. L'hiftorien françois du Mogol dit, que les Banians font les plus rigides obfervateurs des loix, & les plus fcrupuleux à s'abftenir de chair & de poiffon. La charité pour les hommes & pour les bêtes n'alla jamais plus loin que parmi eux. Outre les hôpitaux qu'ils ont érigés pour les malades & pour les orphelins, on en voit d'autres Tome I. Part. II H

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de fois qu'il la lui preffe, ce font autant de mille pagodes ou roupies, felon les especes dont il est question, Quand il ne prend que les cinq doigts, cela fignifie cinq cens, & s'il n'en prend qu'un, c'eft cent. N'en prenant que la moitié jusqu'à la jointure du milieu, cela veut dire cinquante, & le petit bout du doigt jusqu'à la premiere jointure fignifie dix. Voilà, dit Tavernier, tout le myftere que les Indiens apportent à leurs marchés; & il arrive fouvent qu'en un même lieu, où il y aura plufieurs gens, une même partie ( de diamans) fe vendra fept ou huit fois fans que la compagnie fache ce qu'à chaque fois elle aura été vendue. Thevenot, dans fon voyage des Indes, c. 32. p. 161. dit qu'il y a à Multan beaucoup de Banians ; & que cette ville du Mogoliftan eft leur principal rendezvous pour négocier en Perfe, où ils font ce que les Juifs font ailleurs; mais, ajoute-t-il, ils font bien plus adroits qu'eux; car rien ne leur échape, & ils ne négligent aucune occafion de gagner, quelque petite qu'elle foit. Cet auteur donne à leur tribu le quatriéme tang entre les caftes, tribus ou fectes des Gentils. Ils font, dit-il, les chofes fi adroitement, que presque perfonne ne fe peut paffer d'eux. On leur donne toutes fortes de commiffions. Quoiqu'on fache qu'ils en tireront du profit, on aime mieux s'en fervir que de faire les chofes foi-même, & j'ai éprouvé en plufieurs endroits pourfuit Thevenot, que j'ai eu beaucoup meilleur mar ché de ce qu'ils m'ont acheté, que de ce que j'ai acheté ou fait acheter par mes gens. Ce qu'il y a d'agréable en eux, c'est qu'aucun service vil ou honorable ne les rebute, & qu'ils font toujours prêts à fatisfaire ceux qui les veulent employer; auffi chacun a fon Banian dans les Indes, & il y a des perfonnes de qualité qui leur confient tout ce qu'elles ont, quoiqu'elles n'ignorent pas leur hypocrifie & leur avarice. Il y en a parmi eux qui font les plus riches marchands des Indes, & j'en ai rencontré de cette maniere dans tous les endroits où j'ai été dans ce pays. Ils font ordinairement très-jaloux de leurs femmes; mais fi l'on en croit de Chefé, auteur d'un journal fait aux Indes orientales, t. 3. p. 70 & 71. il dit que quoique les Banians ne mangent rien de ce qui a eu vie, ils ne laiffent pas de traiter fplendidement chez eux les étrangers en chair & en poisson; il remarque que celui chez qui il fut régalé de cette maniere, ne fe mit point à table. Il ajoute qu'à la fin du repas on leur donna des jeunes filles, dont on laissa à chacun la liberté de dispofer felon fes defirs; & il avertit que c'eft une coutume répandue parmi tout ce qu'il y a de gens aifés dans l'Orient, qui ont comme des ferails pour les étrangers, & que c'eft faire infulte à un homme que de ne s'y pas conformer, & de ne faire aucun ufage des belles qu'il offre. Il attribue mal à propos cet ufage aux fubtiles impoftures de Mahomet; & on voit dans Quinte Curfe, l. 2. c. 4. que cette coutume eft encore plus ancienne que les conquêtes d'Alexandre. Le P. Catrou. Hift. générale du Mogol, p. 58. Lord. Cette Differt. eft dans le livre intitulé Cérémonies Coutumes Relig.de tous les Peuples du Monde, t. 1. 2. part. Lord,l. c. c. 12,

fondés pour les vaches, pour les finges & pour les oifeaux. Les Banians, continue cet auteur. feroient les plus aimables de tous les hommes, fi la crainte d'être fouillés par le commerce des étrangers ne les rendoit fauvages, & fi la fourberie ne les rendoit dangereux dans le négoce. Un voyageur anglois, qui a puqui a publié une differtation hiftorique fur la religion des Banians, dit qu'il y en a un très-grand nombre dans le royaume de Guzaratte ou de Cambaye. Ils font pauvrement vêtus, n'ayant pour tout habillement qu'une espéce de jufte-au-corps de toile qui leur descend affez bas: ils ont la mine fimple & efféminée, & vivent en ces quartiers-là parmi les Mahométans à peu près comme les Juifs entre les Chrétiens: ils font profeffion d'être gens de bien & fort finceres ; & parce qu'ils ont de grandes habitudes dans le pays, les marchands anglois & hollandois s'en fervent comme de courtiers pour l'achat & pour la vente de leurs marchandifes. On dit pourtant qu'avec toute leur fimplicité, il ne faut s'y fier que de la bonne forte, & qu'ils trompent comme les autres hommes quand ils le peuvent impunément. Ce même voyageur dit que l'on comprend fous le nom de Banians ceux qui font feulement marchands, ou ceux qui font courtiers pour les marchands; car on n'achete rien que par l'entremise de ceux que l'on appelle Banians; mot qui fignifie, felon la langue des Bramines, fans malice; parce qu'ils ne peuvent fouffrir que l'on faffe du mal à une mouche, à un ver, ou à quelque autre chofe vivante que ce foit, & auffi parce que, quand on les frape, ils fouffrent avec patience & fans fe re vancher. Le nombre de leurs familles eft égal à celui des Bramines; &, fi on en croit le Lord, ils font de la même tribu, ayant le choix de fe foumettre à la discipline des Vifalnagranaugers, ou à celle des Vulnagranaugers, qui les inftruifent dans la religion; & comme leurs loix font fort conformes à celles des Bramines, ils fuivent plus précifément que les autres tribus tout ce qu'ils leur ordonnent. Cet auteur differe en cela des autres auteurs qui affurent que ces tribus ne s'allient point l'une avec l'autre ; & Gemelli Carreri partage la tribu des Banians en vingt fectes, dont aucune ne se marie avec l'autre. Ils font idolâtres, & ont des fentimens de religion, dont il eft affez difficile de faifir la vérité; car on les trouve rapportés différemment en plufieurs relations. Quoique communément on regarde les Banians comme faifant partie des Brachmanes ou Bramines, il y a des relations, comme celle de della Valle, où le nom des Banians, t. 2. p. 92. fe donne à tous les Indiens idolâtres ; & l'on pourroit dire, au fens des unes, que les Bramines font les prêtres d'entre les Banians, & au fens des autres, que les Banians font les marchands & courtiers d'entre les Bramines. La maniere dont ils achetent & vendent mérite qu'on y faffe attention, car elle est tout-àfait différente de celle qui fe pratique parmi les autres nations. Le courtier qui traite avec le vendeur, & qui fait le prix de fa marchandife, dénoue un tablier qu'il a autour du corps, & le mer fur fes genoux. Par desfous, en prenant la main du vendeur, il marque avec le bout de fes doigts les livres, les fols & les deniers que l'acheteur en veut donner, & le vendeur fait connoître tout de même ce qu'il en veut avoir: ils font ainfi leurs marchés fans parler, difant que cela leur eft ordonné par leur loi. Tavernier, Voyages des Indes, l. 2. c. 15. dit que cet ufage eft commun aux Indiens, tant idolâtres que Mahometans, pour toutes fortes de marchandises. Tout fe paffe, dit-il, en grand filence, & fans que perfonne parle. Le vendeur & l'acheteur font affis l'un devant l'autre comme deux tailleurs, & l'un des deux ouvrant fa ceinture, le yendeur prend la main droite de l'acheteur, & la couvre avec la fienne de la ceinture, fous laquelle, en préfence de plufieurs marchands qui fe rencontrent quelquefois daus la même fale, le marché fe fait fecretement, fans que perfonne en ait connoiffance; car alors le vendeur & l'acheteur ne parlent ni de la bouche ni des yeux, mais feulement de la main, ce qu'ils font de cette maniere. Quand le vendeur prend toute la main de l'acheteur, cela veut dire mille, & autant

BANISË, ou plutôt BAPANISÆ, peuple ancien de la Thrace, felon Etienne le géographe. BANISIA , pays autour de la Syrie, felon Curopalate, cité par Ortelius, Thefaur.

BANJUBÆ, peuple ancien de la Mauritanie Tingitane, felon Ptolomée, l. 4. c. 1. Pline, l. 5. c. 2. qui fait auffi mention de ce peuple, le nomme, BANURRI, felon les vieilles éditions, & BANJURA, felon celle du P. Hardouin. Prolomée, 1. 4. c. 2. place encore dans la Mauritanie Cefarienfe un peuple nommé BANJURI Il est différent de celui dont parle Pline qui met le fien dans la Mauritanie Tingitane.

BANKEWEL, felon Davity & Corneille. Voyez BAKEWEL.

BANKICH, province de l'Indouftan; BANKISCH, felon Mandeflo & Corneille, ou BAKISCH, felon Baudrand. Voyez BANCHISCH.

BANNANAS, ifles d'Afrique, à une petite lieue du rivage de l'Afrique, dans la mer Atlantique, vis-à-vis de Sierra Liona. Voyez BRAYA.

1. BANNE, BAN, ou BAND, riviere d'Irlande, dans la province de Leinfter. Elle fort du lac Neaugh,

& coulant du midi au nord, elle paffe à Colraine, & peu après le décharge dans la mer. Quelques géogaphes la prennent pour l'ancienne ARGITA; que d'autres difent être le lac Foyle, & d'autres le lac de Swilly, qui font deux lacs de la même province. Longitude 11 d. 5 min. latit. 52 d. 10. min. * Baudrand, éd. 1705. 2. BANNE ou BANOW, petite ville d'Irlande, dans la province d'Ulfter, au comté de Wexford, à quatre milles au fud de Clamine: elle envoye deux députés au parlement. Elle eft fituée près d'une baie commode, qui porte le même nom. * Etat d'Irlande, p. 47.

BANNESDOWNE, montagne d'Angleterre, au comté de Sommerfet. Quelques-uns croyent que c'eft le mons Badonicus des anciens, à caufe de la reffemblance de ce nom avec celui de BATHONIA, nom latin de la ville de Bath, qui eft fituée au pied de Bannesdowne.

BANNOCHORN, lieu d'Ecoffe, dans fa partie méridionale, vers la province de Merch & la riviere de Twede, où larmée d'Edouard III, roi d'Angleterre, fut défaite & taillée en pièces, par Robert Brus, , par Robert Brus, roi d'Ecoffe; qui par cette victoire affranchit l'Ecoffe de la domination des Anglois. * Baudrani, éd. 1705. Ce fut fous Edouard II, & non pas fous Edouard III, que fe donna cette bataille, ce dernier n'ayant regné que l'an 1327. Le P. d'Orléans, Révol. d'Angl. t. 1. l. 4. p. 453, dit : On arriva avec affurance, fur le rivage de BANNAFBORNE, à une petite lieue de Sterlin. L'armée écoffoife étoit au-delà, campée fur une chaîne de montagnes, ayant depuis ce lieu jusqu'à la riviere un espace fuffifant devant elle pour fe mettre en ordre de bataille. Les Anglois en avoient autant de leur côté. Cette même bataille eft nommée par Rapin Thoyras, Hift. d'Ang. t. 3. l. 9. p. 105. la journée de BANNOCKS-BROWN. II dit que Robert s'étoit mis en bataille fur un terrein avantageux où il ne pouvoit être enveloppé ; une montagne hériffée de rochers inacceffibles couvroit un de fes côtés, & l'autre étoit en fureté par le moyen d'un marais profond. La riviere dont il eft ici question eft nommée BANNOCK-BURNE dans l'atlas de Blaeu, & fe perd dans le Forth, un peu au-deffus de Bentheit.

BANNOLES, ou BAGNOLAS 5 petite ville d'Espagne, en Catalogne, à trois lieues de Gironne, du côté du nord.

BANNONE. Voyez BAGNONE. BANOU, ville d'Afie dans le Cabuleftan, près l'Indus. Hift. de Timur-Beck, 1. 4. c. 32.

BANTACHIA ou BANTAKIA, ville d'Afie, dans l'ifle des Célebes, fur le bord oriental du golfe de Macaffar, environ à trente licues de la ville de Macaffar, du côté du nord. * Baudrand, éd. 1705.

BANTAM, Bantamum, ville capitale & la plus puiffante de l'ifle de Java, dans les Indes. Elle eft fituée à vingt-cinq lieues ou environ de l'ifle de Sumatra, au pied d'une montagne, de laquelle trois rivieres fortent. Il y en a deux qui lavent les murailles de cette ville, & la troifiéme la traverfe; mais elles font toutes trois fi baffes, qu'elles ne font point navigables. La ville qui eft affez grande, a de fort méchantes portes qu'on enfonceroit d'un coup de levier; mais on prend tant de foin de les bien gardier, qu'on en approcheroit difficilement, fans que l'on s'en apperçût. Elle n'a point de baftions, ni de tours. Au lieu de cela, on y fait des échafauts à trois étages, d'où l'on peut faire une grande défenfe. Les murailles, qui font de briques, & qui ont environ trois pieds d'épaiffeur, n'ont point de terre-plein, encore qu'elles foient flanquées. Bantam eft rempli par-tout d'arbres de cocos, & il n'y a point de maifons qui n'en ait plufieurs. Ces maifons font fort mal bâties, de pailles & de cannes, fur des pilotis façonnés, comme les pilotis d'Achem. Ceux qui les habitent font leur toit de feuilles de cocos, & ne ferment le corps de logis qu'avec des rideaux, afin de jouir de l'air dont ils ont befoin dans un climat où les chaleurs font fort grandes. Ils ont des magafins de pierre pour la confervation de leurs marchandises; mais ils ne font couverts que de paille; & pour les garantir du feu, qui n'y eft que trop fréquent, ils couchent plufieurs gros arbres fur le toit,

à l'en

& ils les couvrent de fable afin que le feu n'y pénétré
point. Les appartemens de leurs maifons ne font fépa-
rés que par des cloifons faites de ces groffes cannes
que l'on appelle bambous qu'ils coupent fi minces,
qu'un feul cheval peut porter de quoi faire toutes les
chambres d'une maifon. Il n'y a dans la ville que trois
grandes rues principales. Elles aboutiffent au palais du
roi, qu'ils appellent Pacebam. La premiere va de-
puis ce palais au port. La feconde va vers la porte qui
eft du côté de la campagne. C'eft où les esclaves & les
autres domestiques du roi demeurent; & la troifiéme
va à la porte, qui eft au pied de la montagne. Il n'y a
aucune de ces rues pavées; mais le fable qui les cou-
vre les rend auffi propres que fi elles l'étoient. Les ca-
naux qui coupent la ville en plufieurs endroits, font
au contraire fort fales, parce que le coulant de la ri
viere n'étant pas affez fort pour entraîner les ordures
qu'elle amene & qu'on y jette, l'eau y croupit & fait
des marais qui infectent tout. Il n'y a aucune perfonne
de qualité qui n'ait fa mosquée dans fa maison,
trée de laquelle on trouve une tour carrée, où est lẹ
corps de garde; cat tous les feigneurs en ont chacun un
de dix ou douze hommes, & donnent là audience à
ceux qui la demandent, fous une petite hute couverte
de cannes ou de feuilles de cocos. C'eft dans des coins
de cette cour qu'est la mosquée où il font leurs dévo-
tions à midi, & proche de-là eft l'auge où ils se lavent.
En entrant dans le corps du logis, on trouve des deux
côtés d'une allée étroite, plufieurs petites niches où font
les esclaves qui veillent à la confervation de leur maî-
tre, n'y en ayant point qui n'ait lieu de craindre d'être
tué la nuit par fes ennemis. Il y a une grande mosquée
commune auprès du palais du roi, du côté de l'arfenal
& de l'écurie. La ville eft divifée en plufieurs quartiers,
qui ont chacun une perfonne d'autorité qui y com-
mande en tems de guerre, & qui a la direction de la po
lice. Il n'y a point de coin de rue qui n'ait fes gardes,
& après que le foleil eft couché, l'on retire & l'on en-
ferme toutes les barques de paffage; de forte qu'on ne voit
perfonne aller de nuit par les rues. Ils ont un tambour
de la groffeur d'un de ces tonneaux d'Allemagne, qu'on
appelle foudres. Ce tambour leur fert de cloche, & on
le bat avec une barre de bois, le matin, à midi & le
foir, & quand on veut donner l'alarme. Le roi de Ban-
tam fuit la religion de Mahomet, & fait observer un
très bon ordre pour le commerce ce qui foutient fa
grandeur. Les Guzurates, Malayes, Bengales, Abys-
fins, Chinois, Portugais & Hollandois, demeurent
hors la ville, dans laquelle il y a trois grands bazars,
où les marchands ne manquent point de s'affembler
tous les jours. Le grand bazar ou marché eft vers la
partie orientale de la ville, & fert de rendez-vous au
marchands forains, comme Bortugais, Arabes, Turcs
Chinois, Peguans, Malayes, Guzurates, Malabares,
& autres Indiens, qui s'y trouvent depuis le point du
jour jusqu'à neuf heures, après quoi ils vont donner
ordre à leurs affaires. Le fecond marché est devant la
grande mosquée, qui en eft féparée par une paliffade.
On vend dans ce marché toutes fortes de denrées, ce
qui dure auffi jusqu'à neuf heures, & enfuite on ou-
vre le marché qui eft devant le palais du roi, & où
l'on vend des vivres de toutes fortes, & quelque poi
vre qui eft débité aux Chinois par les habitans, Il n'y a
presque point d'hommes dans la ville de Bantam qui
n'ait trois ou quatre femmes. Quelques-uns en ont jus
qu'à dix ou douze, fans les coucubines, qui fervent de
fuivantes aux légitimes, & qui les fuivent effectivement
quand elles fortent, ce qui arrive rarement. Alors tout
le monde leur fait place, & le roi même ne voudroit
pas y manquer : l'on ne reconnoît celles qui font de qua-
lité que par leur fuite; car les femmes font habillées
toutes de la même forte, c'est à-dire, d'une jupe de
toile de coton ou de foie, qui leur prend depuis le fein
jusqu'à la moitié de la jambe. Elles n'ont point de chaus-
fure, & vont tête nue, ayant les cheveux noués au
fommet de la tête en un toupet. Mais quand elles fe
trouvent ou à des nôces ou à quelque autre affemblée
publique, elles ont une couronne d'or, & les doigts &
les bras chargés de braffelets & de bagues. Elles font
extrêmement propres, & il ne fe paffe point de jour

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