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que le mot BARRUM n'eft pas différent de BARRA, parce qu'Othon de Freffingue, qui vivoit il y a environ fix cens ans, en parlant de la fortereffe de Bar, prife par l'empereur Henry IV ou V, l'appelle Caftrum Barra, au chapitre 15 du livre 7 de fon histoire. Cette fortereffe eft la ville haute de Bar, où eft le palais ducal. Dans la fuite on a bâti la ville basse au pied de la montagne, près de la riviere d'Ornain qui y paffe. Les deux villes de Bar ne font pas fortifices ni en état de réfifter à une armée. * Baudrand, éd. 1705. Longuerue, Defc. de la France, part. 2. p. 181. Le bailliage de BAR fe divife en deux prevôtés, qui font celles de Bar-le-Duc & de Souillieres.

5. BAR-SUR-AUBE, Barium ad Albulam, ville de France, en Champagne, felon Baugier, Mém. Hift. de Champagne, t. 1. p. 342. Cette ville qui porte le titre de comté, eit ainfi nommée pour être fituée fur la riviere d'Aube, qui fait en cet endroit un canal naturel de plus de cinq cens pieds de long fur fix-vingt de large. Elle est une des plus anciennes de la province, & quelques-uns prétendent qu'elle a été fondée par le roi Bardus, qu'ils difent avoir été le cinquiéme roi des Gaulois. On dit qu'Attila prit & faccagea cette ville, & fit mourir fainte Germaine, qui avoit fait bâtir ellemême l'églife qui porte aujourd'hui fon nom, & où fon corps a été mis dans une châfle. Cette ville étoit du domaine de la couronne fous les deux premieres races de nos rois; elle commença néanmoins d'avoir des comtes particuliers, fous les rois de la feconde race, & elle fat réunie à la couronne avec le refte de la Champagne. Il est à préfumer que cette ville étoit autrefois fort confidérable, puisqu'elle avoit quatre foires franches pendant l'année, & qu'il y avoit des quartiers féparés les uns des autres, & destinés aux Allemands, aux Hollandois, aux Lorrains & aux habitans de la principauté d'Orange: les Juifs y avoient auffi leur canton, dans lequel étoit leur fynagogue. On voit encore fur une petite montagne, près de la ville où est l'églife du prieuré de fainte Germaine, les veftiges d'un château, qu'on dit avoir été ruiné par les Vandales, où l'on remarque des doubles foflés, qui bien qu'à demi comblés, paroiffent avoir été très-profonds. Sur la pointe de la moutagne eft un petit endroit escarpé, que l'on appelle encore aujourd'hui le CHATELET, qui commandoit tout le pays, & qui fervoit, ainfi qu'on le prétend, pour tenir les étrangers dans leur devoir pendant les foires. D'autres croient avec plus de vrai femblance que fur cette montagne étoit une ville nommée FLORENCE; & en effet, fon enceinte, qui eft fort grande, femble avoir été plutôt celle d'une ville que d'un château. On voit près de ce lieu un ancien tombeau, fous lequel on prétend qu'un préfet des Romains a été inhumé; & de fait il eft conftruit à la maniere dont ils avoient accoutumé d'enterrer les grands hommes de leur nation. La ville de Bar-fur-Aube eft préfentement fort petite : il y a deux magafins flanqués de deux tours trois portes, deux desquelles font foutenues de deux tours chacune. Il y a encore autour de la place vingt-quatre tours, qui ont chacune trois toifes & demie de diametre dans œuvre, avec un rempart & des murailles, qui furent rebâties de neuf, il y a quelque tems. Il y avoir autrefois dans Bar-furAube un château, qui fervoit de paffage aux comtes de Champagne, quand ils alloient de Troyes à la chaffe dans le Baffigny. Il fut ruiné à la fin des guerres des ducs de Bourgogne: il n'en reste aucuns veftiges qu'une hauteur appellée LA MOTTE. Peu de tems auparavant, le roi, Philippe le Long, ayant vendu le comté de Barfur-Aube, les habitans fe racheterent, afin de conferver le titre de ville royale: elle fut réunie à la couronne, avec cette condition, regiftrée en la chambre des comtes, que les rois de France ne la pourroient plus vendre ni aliéner. Il croît aux environs de Bar-fur-Aube des vins qui font affez bons.

6. BAR-SUR-SEINE, Barium ad Sequanam, ville de France, au duché de Bourgogne, fur les frontieres de Champagne, felon Piganiol de la Force, t. 3. p. 202. Cette ville eft fituée entre une montagne, qui la couvre du côté d'occident, & la riviere de Seine qui passe à l'orient. Elle a huit cens vingt-fept pas de long,

quatre cens de large, & trois mille vingt-quatre de
circuit. Elle a trois portes, celle de la maifon de Dieu,
qui eft au midi, celie de Seine, qui eft à l'orient, &
la troifiéme eft au nord. L'églife paroiffiale eft fous
l'invocation de faint Etienne, & le cure n'eft que le
vicaire perpétuel du chapitre de Saint Mamerz de Lan-
gres, dont les chanoines font curés primitifs. Les com-
tes de Champagne avoient fondé un petit chapitre dans
la chapelle de leur château de Bar- fur-Seine; mais
après la ruine du château, les chanoines furent trans-
férés dans l'églife paroiliale
férés dans l'églife paroiffiale, où on leur donna la
chapelle du Sépulcre, dans laquelle ils font leur fer-
vice, fans avoir rien de commun avec le curé. Le cou
vent des peres de la Rédemption des captifs, ou de la
Trinité, eft de la fondation des comtes de Champagne.
Celui des Urfulines fut bâti en 1631. L'Hôtel-Dieu a
été fondé par les habitans pour douze lits. Il y a à Bar
un bailliage, une prevôté royale, une élection, un
grenier à fel, une maîtrife des eaux & forêts, &c.
C'est la quatorziéme ville qui députe aux états de la
province de Bourgogne. Sur la montagne, qui couvre à
l'occident la ville de Bar, il y a un bois appellé la
Garenne des Comtes, dans lequel on montre un vieux
chêne où la tradition veut qu'on ait trouvé une image
de la Vierge que l'on y révere, & qui y attire un grand
concours de peuple des environs. On y a bâti, depuis
quarante-cinq ans, une chapelle des offrandes des pé-
lerins & des habitans de Bar.

LE COMTÉ & BAILLIAGE de BAR-SUR SEINE, felon
Longuerue, Defc. de la France, 1. part. p. 292. est
au midi de Troyes, & eft enclavé dans la Champagne
dont il a fait partie, auffi bien que l'ancien territoire
de Langres, ayant pour le temporel toujours relevé des
évêques de Langres, jusqu'à la réunion de la Champa-
gne à la couronne. Il y avoit dès le tems de Louis le
Débonnaire deux pays du Barrois, (c'est-à-dire, le ter
ritoire de Bar-fur-Aube, & celui de Bar-fur-Seine, )
comme nous l'apprenons de Nitard qui marque,
utrumque Pagum Barrifum, l'un & l'autre pays de Bar
Pour Bar-fur-Seine, il a eu fes feigneurs propriétaires
avant l'an 1000 ; & dès le tems de Hugues-Capet
Milon étoit comte de Bar-fur-Seine. Ceux de la race
de Milon ont joui plus de deux cens ans de ce comté.
Enfin cette race étant éteinte, il vint au pouvoir de
Thibaut, comte de Champagne, qui acquit, l'an 1223,
les droits des héritiers du deinier comte Milon. Nous
voyons que Thibaud, roi de Navarre & comte de
Champagne, fit hommage de Bar-fur-Scine, à Robert
de Torote, évêque de Langres, l'an 1239: Jeanne,
petite fille de Thibaud, apporta, avec fes grands
états, le comté de Bar-fur-Seine, à Philippe le Bel

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La poffeffion de fes états fut laiffée par divers traités, aux rois de la maifon de Valois; de forte que le roi Jean les réunit à la couronne par fes lettres patentes l'an 1361. Bar-fur-Seine demeura donc uni au domaine jusqu'à l'an 1435, que Charles VII l'en démembra, pour le donner à Philippe le Bon, duc de Bourgogne, & à fes descendans mâles & femelles, fans s'y réferver autre chofe que l'hommage & le reffort. Après la mort de Charles, fils de Philippe, Louis XI, nonobitant l'article du traité d'Arras, confirmé par celui de Perone l'an 1468, réunit au domaine Bar - fur-Seine qui a eu le même fort que le Maconnois & l'Auxerrois. Les rois en ont joui jusqu'au regne d'Henri IV qui donna ou engagea le comté de Bar-fur-Seine, à Henri de Bourbon, duc de Montpenfier. Sa fille Marie, femme de Gafton, duc d'Orléans, en a joui, auffi bien que fa fille Anne-Marie-Louife dOrléans, ducheffe de Montpenfier, qui a fait fon héritier univerfel par fon testament, Philippe, fils de France, duc d'Orléans.

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7. BAR, royaume d'Afrique, dans la Nigritica
feptentrion de l'embouchure de la riviere de Gambye:
ce royaume eft nommé Barra, dans les relations
jointes au voyage du fieur le Maire
f. 191. & il y
eft dit que le roi de Barra demeure à un quart de lieue
de la mer; que les peuples & habitans s'appellent Mal-
dingues, & qu'ils font la plupart mahométans. De
l'lfle, dans fon atlas, ne met point de royaume, mais
une bourgade nommée Bar, & au nord-est une autre
Tome I. Part. II.

I

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bourgade qu'il dit être une habitation des Maldingues. 1. BARA, felon Baudrand, Maty & Corneille, ville de l'Abyffinie en Afrique on la met fur le lac de Zaflan, dans le royaume de Gorgan, entre la ville de Zaflan & celle de Gorgan.

Cette ville pourroit bien avoir été imaginée fur la foi de quelques mémoires mal écrits ou mal entendus. Ludolfe ne connoît ni ville, ni royaume de Gorgan, dans l'Abyflinie, à moins que ce ne foit Gorgora, bourgade, où les Jéfuites Portugais ont eu une réfi dence ou hospice, dans le royaume de Dambée. Pour Zaflan, je crois que c'est le mot de Tzahfalam mal entendu, & qui veut dire un commandant, un gouverneur ceux qui ont fait un royaume de Bar-Nagash, pourroient bien avoir fait un lac & une ville d'un nom d'officier.

2. BARA, ifle dans le voisinage de Brindifi, ville d'Italie, au royaunte de Naples. Ce furent les habitans de cette ifle qui bâtirent la ville de Bari, Barium, felon Feftus, édit. Daceriana, Amft. p. 49. Ortelius, Thefaur. croit qu'elle eft nommée Pharos par Pomponius Mela; & il doute fi ce n'eft pas aujourd'hui SAINT ANDREA. Les cartes marquent, vis-à-vis de Brindisi, une ifle nommée ILE FORTE, à caufe du fort qui y est bâti feroit-ce la Barra de Feftus?

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3. BARA, port de la Sarmatie Afiatique felon quelques exemplaires de Prolomée, l. 5. c. 9. Voyez BATA.

4. BARA, nom latin de Dunbar,ville d'Ecoffe. Voyez DUNBAR.

1. BARABA, ville métropolitaine de l'Arabie Heureufe, felon quelques exemplaires de Ptolomée, L. 6. . 7. Ses interpretes écrivent Mara, d'autres Bamara, d'autres Mamara; & femblent croire que c'eft la même que la Mariaba de Pline, l. 6. c. 28. Mais le P. Hardouin dit beaucoup mieux que cette derniere eft la Sabe Regia de Ptolomée, & qui étoit, non pas métropole de l'Arabie Heureuse, mais la capitale du peuple nommé les Sabéens du nom de cette ville. D'ailleurs Ammien Marcellin, l. 23. qui prend ordinairement Ptolomée pour guide, écrit Baraba, ce qui prouve qu'on lifoit ainfi de fon tems.

2. BARABA, granc lac de la Tartarie, au royaume de Sibérie. On le nomme auffi Yamisch. Isbrandz Ides, inféré aux voyages de le Brun, t. 1. p. 137. le nomme Janufora; il eft entre l'Oby & l'Irtis. Sa longueur qui eft du nord-oueft au fud-est, a environ cent dix lieues françoifes, & fa plus grande largeur eft de plus de vingt, felon la carte de De l'Ifle. Il communique avec l'Irtis, par le moyen d'une riviere nommée Tunai, & par une autre qui est jointe au Latzik: ce lac a plufieurs ifles dont les noms nous font inconnus. Isbrandz Ides dit qu'il eft rempli d'un fel folide. Il s'y rend, dit-il, tous les ans de la ville de Tobol vingt à vingtcinq Docheniques ou barques ruffiennes, en remontant l'Irtis avec une escorte de 2500 hommes; & comme ce lac eft à quelque diftance de cette riviere, ils font le refte du chemin par terre, coupent ce fel comme de la glace fur le bord du lac, & puis le transportent à bord de leurs vaiffeaux, nonobftant toute l'oppofition des Kalmuques, avec lesquels ils ont fouvent de rudes escarmouches pour cela. Cette circonftance prouve que les deux rivieres ne font pas navigables

3. BARABA, défert de la Tartarie, au royaume de Sibérie, entre le lac de Baraba, ou plutôt entre la ville de Barabinskoi, qui est au nord de ce lac, & POby au nord de la premiere, & au midi oriental de ce fleuve. De l'Ile, carte de la Tartarie.

BAR ABINSI, BARABINSKI & BARABINSKOI, peuple de la Tartarie, au royaume de Sibérie, dont il occupe une province autour du lac de Baraba ou d'Yamisch. La relation d'Isbrandz Ides nomme ce peuple Barabin Le journal de Laurent Langen l'appelle BARABINSKI, (la traduction de ce journal eft à la fin des mémoires pour fervir à l'hiftoire de l'empire Ruffien.) & De l'Ile écrit Barabinskoi. Langen nomme le défert Barabu, ce qui eft peut être une faute des impri meurs, & après avoit dit que c'eft un grand défert qui s'étend jusqu'à Tomski, il ajoute ce qui fuit: Durant l'hiver ce défert eft habité par une horde de Tartares

que les Ruffiens nomment Tartares Barabinski, lesquels durant l'été fe disperfent le long du Tara & autres rivieres. Ce font des païens qui menent une vie fimiférable, qu'on peut les comparer plutôt à des bêtes qu'à des hommes. Dans leurs demeures, qui font des trous creufés dans la terre avec un rebord de lattes d'environ une aune de haut, & couverts de paille, ils ont une petite idole de bois de forme humaine Elle eft dans une petite armoire, revêtue de haillons & d'environ d'une demi-aune de long. Ils l'appellent Schaitan, & lui donnent un bonnet ou un collet, fielle leur procure une chaffe avantageufe. Leur manger eft du poiffon fec & de la farine toute feche; leur boiffon eft de la neige fondue, car ils n'ont point d'eau dans ce défert. Ils ont peu de beftiaux, excepté des chevaux qui vont chercher leur pâturage dans la forêt fous la neige. Ils aiment fort le tabac; & pour peu qu'on leur en donne, on peut avoir d'eux en échange tout ce dont on a befoin. Ils ne font aucun cas de l'argent. Leur habillement, leur coëfure & leur chausfure ne font que de toutes fortes de peaux coufues enfemble & rapetaffées. Ils guériffent leurs plaies d'une maniere toute particuliere, en allumant de la mêche, que nous appellons amadou, & la laiffant brûler fur la plaie; ils fupportent cette douleur avec une grande infenfibilité. Ils payent tous les ans un tribut à l'empereur de Ruffie auffi bien qu'au KANTUSCH. Il eft vraifemblable que cette nation eft iffue des Oitiaques, qui habitent ordinairement le long de l'Oby, & ce qui favorife cette opinion, c'est que ce culte du Schaitan est commun à ces deux peuples. L'auteur de ce journal y étoit au mois de mars 1716; mais comme il ne s'accorde avec Isbrandz Ides, qui fit ce voyage en 1685, ni pour les noms, ni pour plufieurs circonftances, je joindrai ici ce qu'il en dit à l'endroit cité cideffus. En redescendant l'Irtis, au - deffous de ce lac (Janusorva ou Baraba) on trouve fur la petite riviere de Tor la ville de Tora, derniere place frontiere du Czar, du côté des états d'un prince Kalmuque, nommé Buftuchan.

Les habitans de ce pays fe nomment Barabinfi, & s'étendent depuis la ville de Tora à l'eft, jusqu'à l'Oby, vis à-vis de la riviere de Tom & de la ville de Tomskoi. On traverse ce pays de Barnabu en hiver & en été, & fur-tout en hiver, parce que l'Oby n'eft pas navigable en cette faifon, par Surgut & Narum: de forte que les voyageurs font obligés de paffer par Tomskoi & Jenufeskoi pour fe rendre en Sibérie. Ces Barabinfi, qui font une espéce de Kalmuques, payent tribut à fa majefté czarienne & au prince Buftuchan. Ils ont trois chefs ou Taischi qui reçoivent les droits qui leur font impofés, & font tenir au czar la part qui lui en eft due; le premier à la ville de Tora, le fecond au château de Teluwa, & le troisième à celui de Kluenba, le tout en pelleteries. C'est un peuple malin & belliqueux, qui habite dans des cabanes de bois, comme les Tartares de Sibérie. Ils ne fe fervent pas de fourneaux, mais de cheminées, ou plutôt de tuyaux par où ils font fortir la fuméc, & qu'ils bouchent lorsque le bois eft réduit en charbon, pour en conferver la chaleur; enfuite de quoi ils les rouvrent lorsqu'elle eft paffée. Ils habitent dans des espéces de villages, fous des hutes en été, & en de bonnes cabanes de bois en hiver. Le labourage eft en usage parmi eux, & ils fement de l'avoine, de l'orge, du farazin, &c. Mais ils n'aiment pas le fégle: cependant ils n'en refufent pas le pain lorsqu'on leur en préfente; à la vérité ils ne font que le mâcher affez desagréablement & à contre cœur, & le rejettent le plus fouvent. Ils fe fervent au lieu de pain, d'orge mondé, qu'ils font griller dans un chaudron de fer ardent, jusqu'à ce qu'il foit dur comme une pierre, & puis le mangent le même jour. Ils font auffi de la farine de Sarana ou d'oignons de lis jaunes, dont ils font de la bouillie; & ils boivent une eau de vie diftilée, faite de lait de cavale, qu'il nomment Rumis, & du araza, qui est un thé noir, que les Bulgares leur apporrent. Ils n'ont point d'autres armes qu'un arc & des fiéches, comme le reite des Tartares. Leur bétail confifte en chevaux en chameaux, en vaches & en brebis; mais ils n'ont point de cochons.

On trouve dans ce même pays toutes fortes de pelle terics; favoir, des martes & des écureuils, des hermines & des renards, &c. Ce pays s'étend de Tora jusqu'à l'Oby, & on n'y trouve point de montagnes; mais il eft rempli de cédres, de bouleaux, de fapins & de bocages, & entrecoupé de plufieurs ruisfeaux, dont l'eau eft claire comme du cryftal. Ces genslà s'habillent, tant hommes que femmes, à la maniere des Kalmuques, & il leur eft permis d'avoir autant de femmes qu'ils en peuvent entretenir. Lorsqu'ils vont à la chaffe dans les bois, ils y portent leur Schaitan; c'eft une image de bois, taillée fimplement avec un couteau & couverte d'étoffes de différentes couleurs, à la maniere des femmes de Ruffie. Elle eft enfermée dans une bote qu'ils transportent dans un traîneau particulier, & lui offrent les prémices de leur chaffe fans distinction. Lorsqu'ils font une bonne chaffe, ils placent à leur retour leur idole dans l'endroit le plus élevé de leur cabane, dans fa boëre, & la couvrent des plus belles pelleteries, en reconnoiffance du bien qu'elle leur a procuré, & les y laiffent pourir, étant perfuadés qu'ils commettroient un facrilége en les ôtant ou en s'en fervant à d'autres ufages.

BARABINSKOI. De l'Ifle, dans fa carte de la Tartarie, met une ville de ce nom, au pays des Barabinskoi, & je ne doute point qu'il ne l'ait fait fur d'excellens mémoires. Une carte de la Tartarie, inférée par J. Frid. Bernard, libraire d'Amfterdam, dans le Iv volume de fon recueil des voyages au Nord, place une espéce de village à l'occident feptentrional du lac Baraba, & on y nomme ce lieu Baraba, au bord de la communication du lac avec la riviere de Latzik. De I'Ifle l'y met auffi, quoiqu'il donne un cours différent à cette communication. D'un autre côté l'état de la Sibérie, compilé en allemand de diverfes relations, affure, c. 17. §. 14. p. 146, que les Barabinskoi n'ont ni ville ni habitation fixe.

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BARACE, ville de l'Inde, en-deçà du Gange, felon Ptolomée, l. 7. c. 1. qui la met dans le golfe de Canthis ou Canthi. On ne doute point que ce golfe ne foit celui qui eft à l'embouchure de l'Inde. Mais qutre qu'on ne fait pas assez fi cette ifle fubfifte encore, fuppofé que Ptolomée ne fe foit pas trompé en la défignant il eft affez difficile d'aflurer, comme a fait Alphonfe André, que c'est l'ifle de Diu, puisqu'elle n'eft pas feule qui foit dans ce voisinage; & qu'il y en a d'autres plus avant dans ce golfe. Car pour celle de Bacaïm, que Marcator a prife pour cette Barace, elle n'est pas dans le golfe de l'Inde, qui eft le Canthis de Prolomée, mais dans celui de Barigaza, qui eft aujourd'hui le golfe de Cambaye. Arrien nomme Barace, le golfe où elle eft, au rapport d'Ortelius. Pline, L. 6. c. 23. parle auffi de Barace, où il dit que l'on transportoit par la mer, le poivre de Cottonara qui eft aujourd'hui Cochin.

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BARACH,ville de la Palestine, dans la tribu de Dan. Il en ett parlé au livre de Jofué, c. 19. v. 44. La vulgate, en cet endroit, lit Bane ou Barac ; mais l'hébreux porte en un feul mot Beneberak.

BARACI, Baracis, ancienne ville dans l'ifle de Sardaigne. Elle eft détruire depuis long-tems: on en voit encore les ruines près de la ville de Saffari. * Baudrand, éd. 1705.

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BARACOA, ville de l'Amérique, dans l'ine de Cuba. Elle a été bâtie par Diego Velasque au côté du nord, à dix ou douze lieues du bout le plus oriental de cette ifle, en tirant vers l'oueft. La riviere de Mayes ne paffe pas loin de ctte ville. Il y a deux montagnes qui s'élevent fur fon rivage du côté de l'eft: le côté occidental eft fermé par un cap qui a le fommet plat, & qui s'avançant un peu en mer, fait une baie, qui eft le port de la ville, capable feulement de contenir les petits vaiffeaux. Les forêts voifines portent de fort bel ébéne. De l'Ifle nomme ce lieu BARRACOA. *De Laët, Defc. des Indes occid. 1. 1. c. 11. Corn. Dict.

que c'eft préfentement BENGELA, (peut être BENGALE.) Voyez BACALA.

BARACUM, ville ancienne de l'Afrique intérieure, & l'une de celles que Pline, l. 5. c. 5. nomme entre les conquêtes de Carnelius Balbus.

BARACURA, ville marchande des anciens, dans l'Inde au-delà du Gange, felon Ptolomée: Appien croit

BARACUS, riviere de la Taprobane, felon Prolomée, l. 7. c. 4. La pofition que lui donne cet auteur par rapport au reste de l'ifle, répond affez à celle de la riviere, qui, ayant fa fource au pied du Pic d'Adam, tombe dans la mer auprès de Welebe ou de Waluwe, à l'orient méridional de l'ifle de Ceilan.

BARAD, ville de la Palestine, dans la tribu de Juda, fituée aux environs de Cades, Genef. c. 16. v. 14. Le chaldéen l'appelle AGARA, le fyriaque GEDAR, & l'arabe SADA. C'est peut-être, dit D. Calmet, dans fon dict. de la Bible, la même qu'ARAD ou ARADA, marquée au livre des Nombres, c. 34. v. 4. dans la partie méridionale de Juda.

BARÆ, nation ancienne de l'Inde, au-delà du Gange, felon Ptolomée, don les interpretes l'écrivent par une double rr. BARRE.

BARAGAZA, ville ancienne de l'Ethiopie, fur la mer Rouge. Elle doit être vers le golfe Avalite. Pline en fait mention, l. 6. 29.

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BARAGIA, pays fur les côtes d'Afrique, où font les ports d'Alaca & de Malaca, au-delà de Zeilan. Les habitans font Ethiopiens, fort adroits aux armes & fe couvrent de toile de lin, depuis la ceinture jusqu'en bas. Les plus honorables d'entre eux portent un manteau à capuchon, qu'ils appellent Bernuffoé. Leur terre eft abondante en or, & en toutes fortes de vivres. Corneille cite fur cet article le voyageur curieux, c. 9. Sur quoi il faut remarquer que ce voyageur ne méritoit pas d'être cité. Ce qu'il dit du manteau à capuchon, est commun aux Abyffins & aux autres peuples de l'Ethiopie; & c'eft fur le modèle de ces capuchons, que portoient les Anachoretes de la Thébaïde, que cette forte d'ajuftement de tête a été imité des moines & religieux de l'Occident.

BARAMALACUM. Voyez MARIABA.

BARAMATIS, ville de l'Inde, en-deçà du Gange felon Ptolomée, l. 7. c. 1.

BARAMPOUR, ville de l'Indouftan. Voyez BRAM

POUR.

1. BARANATHETA, royaume d'Afie, dans la partie la plus méridionale de la grande Tartarie, felon qu'on l'apprend des relations de ceux qui ont été dans ces pays. Baudrand, éd. 1705.

*

2. BARANATHETA, ville du royaume, dont il eft parlé dans l'article précédent. * Baudrand, édit. 1705.

1. BARANCA, ville de l'Amérique, au Perou. On l'appelle plus fouvent SANTA CRUZ DE LA Sierra. Voyez ce nom. * Baudrand, éd. 1705.

2. BARANCA DE MALAMBO, lieu renommé de l'Amérique, où les Espagnols ont établi un bureau de recette. Il eft fitué fur le bord de la riviere de la Magdeléne, à trente lieues de la ville de Carthagène, à vingt de celle de Sainte Marthe, & à fix de la mer du Nord. On y décharge hors des navires toutes les marchandifes de l'Europe & autres, & on les transporte dans des capots par cette riviere jusqu'au nouveau royaume de Grenade.

BARANGÆ, ancien peuple, dont les écrivains de l'histoire Byfantine font mention, & qu'ils difent avoir fervi avec les Francs en Iberie, dans les troupes de l'empereur Michel. On ne fait guères aujourd'hui qui ils étoient.

BARANGE, ville ancienne de l'Hyrcanie, felon Ptolomée, 1. 6. c. 9.

BARANGUERLIS, grand étang d'Egypte, fur les frontieres de la Terre-Sainte, vers la côte de la mer Méditerranée où il fe décharge. Il y en a qui le nomment le golfe de Tenefe, & d'autres Stagnome, c'est-à-dire le grand Etang. Il avoit autrefois plus de cent vingt mille pas; mais il eft aujourd'hui bien moindre, & se remplit peu à peu. Il n'y a point de port à l'endroit où

secule en mer, ni même la moindre rade le long de cette côte près de l'étang, ce qui eft caufe qu'on l'évite foigneufement: & cet étang eft éloigné de cent vingt-cinq mille pas de Suez ou de l'endroit le plus proche de la mer Rouge au feptentrion. Voyez ŠIR BON. * Baudrand, éd. 1705.

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BARANIWAR. Voyez BARANYWAR. BARANIZ, montagne d Afrique, dans la province de Curz,au royaume de Fez. Elle est à cinq lieues de Tezar du côté du nord, moins escarpée que les autres de cette province, quoiqu'elle foit fort pierreufe. On y recueille quantité de bled, & il y a plufieurs oliviers avec force vignes, dont l'on fait des raifins fecs. Les jardins y font en grand nombre, & on les arrofe de l'eau des fontaines qui descendent de la montagne. Les Zenetes &les Haoares qui l'habitent ont beaucoup de cavalerie, avec plufieurs fufiliers, & ne payent aucun tribut. Ils font blancs, hardis, fuperbes, & micux vêtus que ceux des autres montagnes. Ils reçoivent les criminels qui fe retirent chez eux des autres pays, & s'entretuent par jaloufie. Le cherif Abdala les attira à fon parti pour s'en fervir au befoin contre les Turcs, parce qu'ils font bons foldats. Ils font fix mille hommes de combat bien équipés, font du reffort de Tezar, & ont plus de trente-cinq habitations fort peuplées. Leurs femmes font belles & fort fraiches, & portent plufieurs ornemens d'or & d'argent comme les femmes des villes. Corn. Dict. Marmol, t. 2. 1. 4. c. 132. BARANOWA, BARANOVIA, petite ville de Pologne, en la Ruffie, dans la Haute Volhinie, Elle est fituée fur la riviere de Sluks, environ à quarante-cinq lieues de la ville de Lufuc, du côté du levant. Ce n'eft tout au plus qu'un méchant bourg, à préfent nommé BEKESNOE', fur les confins de la Brzescie. Corn.

Dict.

BARANTOLA, royaume d'Afie, dans la grande Tartarie. Voyez TANGUT.

BARANY 'AR, Baranium,Varonianum, petite ville de la Baffe Hongrie, au comté du même nom, & fur le ruiffeau de Craffo, à douze mille pas de Bodrogh au couchant, en paffant vers Cinq-Eglifes, dont elle est à trente mille pas.

LE COMTE' DE BARANYWAR, Baranienfis Comitatus, province de la Baffe Hongrie, vers la jonction de la Drave au Danube, entre les comtés de Bath & de Bodrogh, de Toln & de Valpon. Il est ainfi nommé de fa place la plus confidérable, & étoit aux Turcs depuis plus de cent cinquante ans: mais les Imperiaux s'en font emparés, & le poffedent encore depuis l'année 1684.

BARAOMATA, peuple de l'Inde, felon Pline, l. 6. c. 20. qui le met fur la rive orientale de l'Indus.

BARASA, ville de la Palestine. Ortelius. Thefaur. croit que cette ville, que Jofeph nomme ainfi, eft la même que Bofor, ville des fugitifs. Voyez Bosor. D. Calmet dit qu'apparemment c'eft la même que Bazora ou Bozra, capitale de l'Idumée orientale. Voyez BOZRA. BARATHA, BARATTHA, BARATHRA, ou BARATHA, ancienne ville de Lycaonie. Dans le concile de Conftantinople, tenu fous Agapit & Menas, on trouve Epiphane Evêque de Barautha, ( Barattheus) de la Lycaonie. La notice de Hieroclès manufcrite nomme ce fiége BARATA; l'imprimée a Bapaтn, au rapport de Holftenius, in Carol. à S. Paulo, Geogr. Sacr. p. 244. Ce dernier trouvant que le pere Charles de Saint Paul met encore dans la même province un autre fiége qu'il nomme ARANA, & dont il dit que le concile de Chalcedoine nomme l'évêque Eugene, Holftenius, dis-je, obferve que dans l'acte vi de ce concile , pag. 268. il est appellé évêque de Baranga, Bapayyav. Il répete fa remarque fur la notice de Hieroclès, & foupçonne que l'on a peut-être lu Bapáτwν pour Bapazzar: c'est ainsi qu'a lu l'ancien interprete latin manufcrit, où l'on trouve Eugenius Baratorum. Il est certain que BARATTA OU BARATTHA étoit une ville de la Lycaonie. Ptolomée, l. 5. c. 6. le dit bien diftinctement.

BARATHEMA ou BARATHENA, ancienne ville de l'Arabie Déferte, aux confins de la Mefopotamic, felon 'Ptolomée, l. 5. c. 19.

BARATHIA, ville de l'Afrique proprement dite, felon Prolomée. Marmol croit que c'est préfentement CACAR HASCEN. Voyez CAÇAR.

BARATHRA: ce mot eft le pluriel de Barathrum, en gree Eapalpov, mot qui fignifie un goufre, un abime. Outre qu'il étoit commun à tous, il y avoit

pourtant plufieurs endroits auxquels on peut dire qu' étoit particulier.

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BARATRA, campagnes entre la Syrie & l'Egypte, affez près du lac Sirbon. Les François les nomment LA MER DE SABLE, & les Flamands SANDT ZEE, Ce qui fignifie la même chofe, & exprime en même tems ce que c'eft que ces campagnes. Voici ce qu'en rapporte Diodore de Sicile, l. 1. c. 3. Entre la Syrie & l'Egypte eft un marais fort profond, nommé Servonia (Sitbon) affez étroit, mais long de plus de deux cens flades. Ceux qui ne connoiffent pas le pays y courent un danger qu'ils ne prévoyent pas; car autour de ce marais il y a des monceaux de fable qui le refferrent, & qui, lorsque le vent fouffle avec impétuofité,font emportés au-defius de l'eau, & ce fable eft fi épais que, quoiqu'il foit tout détrempé, on le prendroit pour de la terre ferme & folide, de forte qu'il n'eft pas facile de voir ce que c'est en effet. De là vient que plufieurs ne fachant pas le chemin, fe font égarés & perdus avec des armées entieres; car entrant dans ce fable, qui de loin paroisfoit ferme, on s'avance de plus en plus, après quoi on fe fent entraîner dans l'abime, fans que l'on puiffe ni reculer ni se débourber, parce qu'on enfonce dans le limon, fans pouvoir se servir de ses forces, & on est englouti par le fable dont l'eau eft couverte : il n'y a ni pieds ni bateaux qui puiffent fe tirer de ce limon. C'est ce qui a fait donner à ce lieu le nom de Barathron. La relation d'un nouveau voyage de Grece, d'Egypte & de Palestine, pag. 80. parle ainfi de ce lac. J'ai parcouru le lac de la CHARQUIE', qui porte le nom de cette province qui eft à l'orient de Damiette. J'ai foupçonné, fans que mes antiquaires s'y foient oppofés, que ce lac de la Charquié ou BARATHRUNE, (l'auteur n'auroit-il pas voulu écrite Barathrum?) pourroit bien être le même lac Sirbon, qui a fait périr plufieurs armées, felon le rapport de Strabon & de Diodore, J'ai fait corrompre par mes guides les gardes qui en défendent les approches. Ce font, pourfuit l'auteur cité, des Arabes groffiers, dont l'infatuation pour les tréfors cachés, l'ignorance & la fuperftition font plus à craindre que leurs lances & leurs fabres. Ce voyageur ne nous dit point ni quel motif le porta à corrompre les gardes, ni ce qu'il s'attendoit de voir en cet endroit, ni ce qu'il vit effectivement. Le lecteur s'apperçoit affez que le lac de fable, dont il elt ici question, eft le même que celui de l'article BARANGUERLIS, tiré de Baudrand; mais de la Croix dans fa relat. de l'Afrique, 1. par. t. 1. p. 89. nous donne une idée bien différente de ce qu'il appelle Barathra. On trouve, dit-il, à l'orient de Damiere, & au-dela de la branche la plus orientale du Nil, la ville de Tenez que Burchard prend pour Tasnis dont parle l'écriture: tout près delà on voit un golfe qu'on dit être LE LAC DE PTOLOMÉE; les mariniers l'appellent STAGNONE OU BARATHRA, & les habitans BAYRENE. Il y en a qui le nomment le GOLFE DE DAMIETE, & Mantegaffe, dans fes voyages,lui donne le nom de MARCRA. Cette espéce de lac formé par un des bras du Nil eft très-dangereux, à caufe des bancs de fable qui fe rencontrent, tantôt au-deffus, tantôt au fond de l'eau, ce qui trompe fouvent les Pilotes. Ces idées ne s'arrangent pas bien avec celles qui ont été données auparavant, & de la Croix fuivi par Corneille confond des chofes très-différentes. Le golfe de Tenez & le golfe de Damiere font différens, quoique contigus, & on peut dire de l'un & de l'autre qu'ils font formés par la branche la plus orientale du Nil. Mais je ne pen fe pas que le Sirbon de Strabon ait rien de commun avec ces deux golfes, ni même avec le Nil. De l'Ifle les diftingues très-bien dans fa carte particuliere de l'Egypte, de la Nubie, &c. où il met bien à l'orient de l'embouchure du Nil le village Catié, & tout auprès du lac qui eft le Sirbon des anciens, & en même tems LA CHARQUIE' du voyageur cité ;& ce lac a fon débouchement particulier, fans aucune communication avec les bras du Nil. Cela eft conforme à ce que dit Strabon, l. 17. p. 160. Le pays qui eft après Gaza, ( en allant vers l'Egypte) eft ftérile & fablonneux; principa lement celui qui eft entre le lac Sirbon & la mer. A distance égale de l'un & de l'autre, il y a un petit pas,

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Tage jusqu'au lieu nommé Egregma, mot grec qui figutie fortie. Sa longueur ett d'environ deux cens ftades &fa plus grande largeur eft de cinquante. (Voila pour le lac Sirbon, ou ce qui eft la même chofe la Charquié du voyageur, ou ce lac d auprès Carié de de l'Ifle: continuons préfentement avec Strabon.) Ce pays s'étend enfuite jusqu'au mont Cafius, & de-là jusqu'à Pclufe. Le mont Cafius reffemble à des monceaux de fable & s'avance dans la mer, n'ayant point d'eau luimême. C'est là que gît le corps du grand Pompée, & que l'on voit le temple de Jupiter Cafien. C'est tour auprès de là que le grand Pompée fut affaffiné, par la fourberie des Egyptiens. Il y a un chemin qui mene de là à Pelufe. Sur ce chemin font les forts nommés Gerra & Chabria, & les GOUFRES, Voifins de Pelufe, (ce mot de goufres cit exprimé par Bápalpa dans le grec de Strabon, & par Voragines dans la traduction latine, revue par Cafaubon,) qui fe font par les inondations du Nil, parce que ces endroits font creux & marécageux. Voilà donc le lac Sirbon bien expreffément diftingué des goufres (Barathra) d'auprès le Pelufe. Le premier eft le lac Charquié ou Catié, ou le Barang:erlis; mais les goufres d'auprès de Pelufe font le golfe de Tenéfe, que Baudrand confond mal avec le lac Sirbon, qui en eft affez loin. Le paffage de Diodore rappotté ci-deffus, ne peut convenir à ces goufres; car il parle du lac Servonia, nom qui a trop de reffemblance au nom Sirbon pour qu'on le méconnoiffe; outre la longueur qui eft la même dans Strabon & dans Diodore. Etienne le géographe dit que Bapalpor eft un creux que l'on nomme auffi "Opuzμa, après quoi il ajoute qu'il y a auffi des Papalpa auprès du mont Cafius. On voit bien qu'Etienne difoit plus que nous ne lifons aujourd'hui dans fon livre.

BARATHRUM ou BARATHRON. Il y avoit un lieu ainfi nommé dans l'Attique, & on y précipitoit les criminels qui avoient mérité ce genre de mort. Suidas, in voce Bápabpov, dit: Le Barathre ett une ouverture ou foffe en forme de puits, profonde & obfcure. Elle eft dans l'Attique, & l'on y jettoit les malfaiteurs : dans cette foffe étoit des crocs les uns en haut les autres en bas. Le Phrygien Atis, le galant & le prêtre de Cybele, lequel étoit devenu furieux, y fut précipité, parce qu'il annonçoit que Cerès venoit pour chercher fa fille Proferpine. Le Déeffe irritée de cet attentat le vengea en rendant le pays ftérile. Les Atheniens ayant reconnu la cause de cette stérilité, comblerent de terre cette ouverture, & appaiferent la déeffe par des facrifices. Harpocration dit que c'étoit feulement la tribu Hippothontide qui y jettoit les criminels, & il obferve que Demofthene employe le mot de Barathre au figuré pour fignifier un féjour mortel, un lieu auquel on ne peut manquer de périr. Nous difons par la même figure qu'un homme eft dans l'abîme, d'un homme à qui il ne reste presque aucune reffource. * Euvr. de Toureil. t. 4. p. 200. BARATO, ville maritime d'Italie en Tofcane, dans la principauté de Piombino, au couchant, & à deux lieues de Piombino. Maty & Corneille difent qu'il a été bâti fur les ruines de la ville épiscopale POPULONIE, dont l'évêché a été transferé à Maffa: cela n'eft pas exactement vrai. Léandre, Defc. dit tutta Ital. p. 31 & 32. dit que Populonia étoit fur le promontoire qui en portoit le nom, & que Porto Barato eft au pied de ce même promontoire. Magin, cartes d'Italie, met Populonia deftruéta, au fond d'une ance qu'il nomme Por

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pas d'Oftippo, & à vingt-quatre d'Antiquaria. C'étoit dit Ortel. Thefaur. une colonie, felon ce qu'on lit dans le tréfor de Goltzius, Julia Aug. Barba.

2. BARBA: ce mot latin qui fignifie en françois la Barbe, fe dit en grec POGON. C'étoit le nom d'un port de mer du Peloponnèfe, au territoire de Troczenes. Voyez POGON.

3. BARBA, petite ville de Barbarie, dans le Telenfin, au royaume d'Alger. Voyez BUNOBARA. BARBACOA, ville de l'Amérique. Voyez l'article

fuivant.

BARBACOAS, peuple de l'Amérique méridionale au Popayan, vers les montagnes, entre la mer Pacifi que & la riviere de Cauca, felon de Laët, cité par Baudrand, éd. 1705.

BARBADE (la) ou BARBOUDE, ifles de l'Amérique entre les Antilles. Il y en a deux qu'on a tâché en vain de diftinguer par la différence de ces deux noms; mais les navigateurs fe font obftinés à confondre ces deux noms, & à les donner fans diftinction à toutes les deux. Elles font néanmoins affez loin l'une de l'autre, & bien différentes par rapport à leurs productions. Je commencerai par la feptentrionale.

1. BARBADE. Baudrand la nomme BARBOUDE, d'autres BARBUDA, d'autres BARBOUTHES, l'une des Antilles,à 17 d. 30 min. de latitude boréale, (Het. Brit. Rykin Amerika 2. decl. p. 219.) Elle a environ 15 milles anglois de long, & gît au nord-eft de Monferrat, & nord-nord-est d'Antigoa. Les Anglois, qui en font les maîtres, l'ont tellement peuplée que leur colonie se monte préfentement à 1000 ou 1200 ames. Ils ont eu aflez de peine à s'y établir, & ils prétendent que les Caraïbes les ont une fois forcés de l'abandonner, mais qu'y étant rentrés, ils ont pris fur les Sauvages une fuperiorité qui s'eft accrue de plus en plus, de forte qu'ils en font à préfent poffeffeurs tranquilles. Baudrand fe trompe, lorsqu'il la met à huit lieues de St.Christophe,& à dix d'Antigoa. La distance de la Barbade ou Barboude à St. Christophe eft double de celle de la Barbade à Antigoa. 2. BARBADE (la) ou LOS BARBADOS: ce nom pluriel que les Portugais lui ont donné, a donné lieu au nom flamand de BARBADOES; les François difent au fingulier la BARDOUDE ou la BARBADE ; quelques-uns difent mal les BARBADES. Cette ifle qui eft bien plus au midi, que l'autre de même nom eft à l'eft de Stc. Aloufie, à la hauteur de 13 d. 20 min. pour sa partie méridionale, où eft Chrift-Church, & de 40 pour fa partie feptentrionale.

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C'eft la plus confidérable colonie que les Anglois ayent aujourd'hui parmi cette multitude d'ifles qu'on appelle les Canibes ou Antilles. Elle est fituée à 13 d. & 20 min, de latitude feptentrionale. Son étendue n'eft pas grande : car on ne lui donne pas plus de huit lieues de long, & dans fa plus grande largeur, elle ne passe pas cinq lieues : cependant elle peut en un befoin armer 1000 combattans; ce qui joint à l'avantage de fa fituation, la rend capable de fe défendre contre des forces très-confidérables. Auffi a-t-on toujours vu jusqu'ici les deffeins des Espagnols échouer, encore qu'ils ayent bien des fois affayé de s'en rendre les maîtres. Relat. de l'ifle des Barbades, p. 1. & feq.

Les rivieres n'y font pas en grand nombre, non plus que les fources d'eau vive: car il n'y en a proprement qu'une que l'on puiffe appeller de ce nom, & c'eft plûtot un lac qu'une riviere. Ce lac ne s'étend pas bien loin dans l'ifle: mais pour fuppléer à la néceffité des habitans, la nature a fait que le pays eft bas, & presque par tout au niveau, ce qui fait qu'il y a quantité de marais, & d'étangs pour le bétail; & d'ailleurs presque toutes les maifons ont des puits & des citernes, qui ne manquent jamais d'eau de pluies. Il y a pourtant une riviere que les habitans appellent la Tuigh dont l'eau est couverte d'une liqueur qui brûle comme de l'huile, & dont on fe fert communément pour les lampes. Sa fertilité eft incomparable, la terre y eft inceffamment couverte de fruits, & les arbres s'y voient tout le long de l'année revêtus des habits & des richesfes de l'été les champs & les bois n'y perdent jamais leur verdure & en rendent le féjour agréable. On y plante & on y feme en tout tems; mais principalement

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