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Quanto rectius hoc, quam tristi lædere versu
Pantolabum scurram, Nomentanumque nepotem.

Ne valoit-il pas mieux vous perdre dans les nues,
Que d'aller sans raison, d'un style peu chrétien,
Faire insulte en passant à qui ne vous dit rien,
Et du bruit dangereux d'un livre téméraire,
A vos propres périls enrichir le libraire ?

BOILEAU, sat. 9.

Castor gaudet equis; ovo prognatus eodem
Pugnis. Quot capitum vivunt, totidem studiorum ; etc.

Voltaire a dit:

Castor veut des chevaux: Pollux veut des lutteurs:
Comment concilier tant de goûts, tant d'humeurs?

Nam Venusinus arat finem sub utrumque colonus.

Je me suis permis de retrancher cette longue parenthèse qui coupe et suspend désagréablement le dialogue. Horace a pu avoir ses raisons pour l'employer; mais aujourd'hui elle ne serait propre qu'à embarrasser le style. Quelques-uns prétendent que l'abus de ces longues parenthèses était un des défauts de Lucile, et qu'Horace ne l'imite en cet endroit que pour s'en moquer.

Ne longum faciam : seu me tranquilla senectus; etc.
Ainsi, soit que bientôt par une dure loi,
La mort, d'un vol affreux, vienne fondre sur moi;
Soit que le ciel me garde un cours long et tranquille;
A Rome, dans Paris, aux champs comme à la ville;
Dût ma muse par-là choquer tout l'univers,
Riche, gueux, triste ou gai, je veux faire des vers.
Pauvre esprit, dira-t-on! que je plains ta folie!
Modère les bouillons de ta mélancolie!

Et garde qu'un de ceux que tu prétends blåmer
N'éteigne dans ton sang cette ardeur de rimer.
Eh quoi! lorsqu'autrefois Horace, après Lucile,
Exhaloit en bons mots les vapeurs de sa bile,
Et vengeant la vertu par des traits éclatans,
Allait ôter le masque aux vices de son tems;
Ou bien que Juvénal de sa mordante plume,
Faisant couler des flots de fiel et d'amertume,
Gourmandoit en courroux tout le peuple latin,
L'un et l'autre fit-il une tragique fin?

Perse avait également imité Horace:

...

..

,

discedo.. secuit Lucilius urbem, Te, Lupe, te Muti, et genuinum fregit in illis; etc.

Sat. 1.

Si mala condiderit in quem quis carmina, jus est
Judiciumque.

Il y avait en effet dans la loi des douze tables un article contre ceux qui flétrissaient par des vers la réputation d'autrui; et cette réponse sérieuse du jurisconsulte est tout-à-fait dans son caractère.

... Esto, si quis mala: sed bona si quis; etc.

.....

Il paraît que l'on faisait en latin, comme en français, une différence entre des vers méchans et de méchans vers; et le jeu de mots par lequel Horace se tire d'affaire, contraste plaisamment avec le sérieux de Trébatius.

SATIRE II.

Cette satire, qui paraît à Monsieur Daru d'un style peu noble, me semble d'un style très-philosophique, très-convenable au genre; et, s'il avait eu à en dire son sentiment, Juvénal sans doute l'aurait jugée une des meilleures de son illustre devanciér.

Elle n'offre presque aucune difficulté qui mérite d'être éclaircie par des notes.

...........

videas metato in agello; etc.'

Quoique metari agros soit usité dans toutes les autres circonstances, il semblerait que cette expression indique ici un partage fait à des soldats, et qu'il y ait une sorte d'analogie entre metari agros et metari castra.

Nunc ager Umbreni sub nomine, nuper Ofelli; etc.
On trouve dans l'Anthologie :

Αγρος Αχαιμενιδιε γενόμην ποτὲ, νῦν δὲ Μενίππε·
Καὶ πάλιν ἐξ ἑτέρο βήσομαι εἰς ἕτερον.

Καὶ γαρ ἐκεῖνος ἔχειν μὲ ποτ' πετο, κὶ πάλιν ὅτος
Οίεται · είμι δι' όλως όδιενος, άλλὰ τύχης.

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SATIRE III.

Le sujet de cette satire est le paradoxe des stoïciens, que, le sage excepté, tous les hommes sont fous. L'avarice, l'ambition, la prodigalité, la débauche, l'amour, la superstition, sont des folies; mais le poëte prête à son tour quelques ridicules à ces philosophes, et se moque un peu de leur orgueilleuse sévérité. Quant au plan de cet ouvrage, le dialogue d'Horace et de Damasippe est coupé par la conversation de Damasippe avec Stertinius, et celle-ci par d'autres épisodes qui amènent divers interlocuteurs.

Cicéron parle de Damasippe dans plusieurs de ses lettres ; c'était un sénateur qui s'était ruiné à acheter et à revendre des antiques. Mr. DARU.

........ Velut sylvis, ubi passim

Palantes error certo de tramitte pellit.

N'en déplaise à ces fous, nommés sages de Grèce,
En ce monde il n'est point de parfaite sagesse :
Tous les hommes sont fous, et, malgré tous leurs soins,
Ne diffèrent entre eux que du plus et du moins.
Comme on voit qu'en un bois que cent routes séparent,
Les voyageurs sans guide assez souvent s'égarent,
L'un à droit, l'autre à gauche, et, courant vainement,
La même erreur les fait errer diversement.

BOILEAU, sat. 4.

Non magis audierit, quam Fusius ebrius olim; etc.

,

Il n'entend pas plus que Fusius ivre, et qui s'était endormi en jouant Ilione, n'entendit deux cent mille Catiénus qui lui criaient ma mère à mon secours. Ilione était une tragédie dans laquelle on voyait l'ombre de Polydore s'approcher d'Ilione endormie, et l'appeler à son aide. Fusius et Catiénus étaient deux comédiens dont le premier, comme nous venons de le dire, représentait Ilione, et le second, l'ombre de Polydore. Polydore n'ayant pu réveiller Ilione, tous les spectateurs se joignirent à lui.

malis ridentem alienis; etc.

Riant avec les joues d'autrui. C'était probablement un proverbe. On le trouve dans Homère :

Οι δι' ήδη γναθμοῖσι γελώων άλλοτρίοισιν.

Odyss., liv. 20, ν. 347.

Hi autem jam maxillis ridebant alienis.

Nescio an Anticyram ratio illis destinet omnem.

Plus on drogue son mal, et tant plus il empire.
Il n'est point d'ellébore assez en Anticyre.

..

REGNIER, sat. 15.

Omnis enim res,

Virtus, fama, decus, divina, humanaque pulchris
Divitiis parent...

Quiconque est riche est tout: sans sagesse il est sage;
Ila, sans rien savoir, la science en partage ;
Il a l'esprit, le cœur, le mérite, le rang,
La vertu, la valeur, la dignité, le sang;
Il est aimé des grands; il est chéri des belles :
Jamais surintendant ne trouva de cruelles.
L'or, même à la laideur, donne un teint de beauté;
Mais tout devient affreux avec la pauvreté.

BOILEAU, sat. 8.

In cicere, atque faba, bona tu perdasque lupinis; etc. Les pois, les fèves et les lupins désignent, non point comme le croit M. Daru, la manière de donner les suffrages, mais les largesses, les distributions de vivres souvent ruineuses que faisaient au peuple ceux qui briguaient les hautes magistratures.

Absentis ranæ pullis vituli pede pressis.

Une grenouille vit un bœuf
Qui lui sembla de belle taille.

Elle, qui n'étoit pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur ;

Disant: Regardez bien, ma sœur :
Est-ce assez ? dites-moi: n'y suis-je point encore ?
-Nenni.-M'y voici donc ?-Point du tout. - M'y voilà?
-Vous n'en approchez point. La chétive pécore

S'enfla si bien qu'elle creva.

LA FONTAINE, liv. 1, fab. 3.

SATIRE IV.

Unde et quo Catius ? non est mihi tempus aventi; etc. Catius était probablement un de ces épicuriens qui, du tems d'Horace, faisaient une étude sérieuse des plaisirs, et prétendaient couvrir leur sensualité d'un vernis philosophique. Horace, quoiqu'il penchat pour l'épicuréisme, ne jurait cependant sur la parole d'aucun maître, et poursuivait le ridicule partout où il le rencontrait. Au reste, tous ces détails de sauces et de ragoûts sont difficiles à mettre en vers et au-dessous de la satire. Il aurait fallu, peut-être, les laisser à l'auteur de la Gastronomie, ou à la Cuisinière bourgeoise.

Au lieu du 8. vers, page 151 :

Lisez :

Cent mille fois pardon; la faute n'est pas grande.

Mille fois pardon; mais la faute n'est pas grande.

SATIRE V.

Hoc quoque, Tiresia, præter narrata, petenti; etc.

Cette satire est la parodie d'une scène de l'Odyssée, dans laquelle Horace suppose qu'Ulysse finit par demander à Tirésias un secret pour s'enrichir.

seu rubra canicula findet

Infantes statuas, seu pingui tentus omaso
Furius hibernas cana nive conspuet Alpes.

Horace se moque ici en passant du vers ampoulé :
Jupiter hibernas cana rive conspuit Alpes,

attribué à un certain Furius, surnommé Bibaculus; et proba-
blement aussi de l'expression infantes statuas qui n'est guères
de meilleur goût.

O Laertiade, quidquid dicam, aut erit, aut non. Quelques interprètes ont peine à se figurer qu'Horace fasse dire à Tirésias: tout ce que je vais vous annoner, arrivera ou n'arrivera pas; ils trouvent cela trop absurde. La difficulté serait réelle, si Horace avait cru aux devins; mais il est évident qu'il plaisante; et il est impossible d'apprécier mieux et de ridiculiser plus adroitement les oracles.

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