fuccéda à faint Martin, & mourut l'an 444. La ville de Tours fut long tems dans la dépendance de la métropole de Rouen. Eile fut érigée en métropole civile du tems de l'empereur Honorius, vers les commencemens du cinquié. me siècle, lorsqu'on divisa la Gaule Celtique ou Lyonnoise en cinq provinces. Quelques-uns estiment qu'elle ne fut pas long-tems sans devenir ensuite métropole ecclésiastique. Cela n'empêcha point que S. Martin ne fût de son tems regardé comme le maître des évêques, & S. Victrice de Rouen lui déféroit en toutes rencontres. Il paroît que ce fut sous Valentinien III, & durant l'épiscopat de S. Brice, qu'elle devint métropole ecclésiastique. * Baillet, Topogr. des saints, p. 499. L'archevêque de Tours a pour suffragans les évêques du Mans, d'Angers & les neuf de Bretagne. Vers l'an 844, l'évêque de Dole voulut faire ériger son siége en métropole, prétendant que la Bretagne formant un état séparé de la France, les évêques ne devoient pas être foumis à une domination étrangere, & que son siége étant le plus ancien, il devoit jouir des droits de métropolitain. Ce différend dura jusqu'au pontificat d'Innocent III. L'archevêque de Tours confentit pour lors à l'érection de Dole en métropole, pourvu qu'il en eût la primatie; mais cette condition n'ayant point été du goût du pape Innocent III, il décida l'an 1199, & foumit tous les évêques de Bretagne à la métropole de Tours. Le revenu de cet archevêché est de seize mille livres. Ce diocèse est composé de trois cents paroiffes, de douze chapitres, de dix-sept abbayes, de quatre-vingt-dix huit prieurés simples, & de 191 chapelles, fans y comprendre celles qui dependent des chapitres. Le chapitre de la cathédrale de Tours est un des plus illustres du royaunre. On y compte jusqu'à cent quatre-vingt-treize bénéficiers qui deffervent cette églife. Les huit dignités sont le doyenné, le grand archidiaconé, la trétorerie, la chantrerie, la chancellerie, l'archidiaconé d'au - delà de la Loire, l'archidiaconé d'au-delà de la Vienne, & le grand archiprêtré. Outre ces dignités, il y a quarante-neuf canonicats, dont quatre ont été unis pour divers établislemens pieux. Il y a encore un secrétaire, huit personats, seize vicaires, deux diacres, deux marguilliers cler cs & plus de cent chapelains, sans compter un officier qu'ils appellent maître de sallette, un sou-maître & dix enfans de chœur, qui forment tous ensemble un des plus nombreux & des plus beaux clergés du royaume. Le doyen est élu par le chapitre, l'archiprêtré est à la collation du grand archidiacre, les autres dignités & les canonicats sont à la collation de l'archevêque. Le chapitre de saint Martin est si nombreux, si riche & i noble, qu'il mérite bien que j'en donne ici une histoire abrégée. Les miracles que Dieu avoit opérés à la priere de faint Martin pendant la vie, éclaterent encore après sa mort. Saint Brice, successeur de faint Martin, éleva une petite chapelle sur son tombeau ; mais vers le milieu du cinquiéme siècle, saint Perpete, second successeur de faint Martin, fit bâtir au même endroit un temple magnifique des sommes considérables dont les habitans de Tours & les peuples qui venoient en foule implorer le secours de saint Martin, l'avoient renda depofitaire. Grégoire de Tours dit que cette église fut brûlée du tems de Clotaire, & que ce roi donna à faint Euphrône de quoi la réparer & la couvrir d'étain. Dès le tems de faint Perpete il se forma dans ce lieu une communauté de moines gouvernés par un abbé, laquelle devint bientôt nombreuse & florillante, & que nos premiers rois chrétiens comblerent de libéralités. Ce temple étoit un asyle inviolable, & les rois venoient jurer sur le tombeau du faint les traités qu'ils faifoient avec les princes étrangers. Clovis partagea avec l'église & les moines de saint Martin, les dépouilles qu'il avoit remportées sur Alaric. Outre le nombre considérable de moines qui desservoient cette église au commencement du sixiéme siècle, il se forma aux environs plusieurs autres communautés, comme saint Venant, faint Pierre-le-Puellier, saint Eloi, & une des vierges qui avoient soin des linges & des ornemens, & auxquelles on doit rapporter les commencemens de l'abbaye, qui, dans la suite a été transférée à Beaumont près de Tours. Il y avoit aussi des hôpitaux pour les pélerins & les malades, & toutes ces communautés étoient sous la direction de l'abbé & des moines de saint Martin. Il se fit même plusieurs établissemens hors de cette province sous la dépendance de cette abbaye, tels que le chapitre de saint Irier en Limousin, celui de Montier-Roseil dans la Marche, de Chablis en Champagne, de Leré dans le Berri, & différens autres dans la Lombardie. Cropter, archevêque de Tours au milieu du septiéme siéclle, par dévotion pour faint Martin, & pour illustrer son église, déja si vénérable dans toute la chrétienté, accorda à l'abbé & aux moines de faint Martin & à toutes les dépendances l'exemption de la jurisdiction épiscopale, ne se réservant que le droit d'ordon ner les prêtres & les lévites, & de consacrer les faintes huiles. Cet acte souscrit par tous les évêques du royaume, fuc approuvé par le roi régnant, & porté à Rome par l'abbé Egé. ric, qui en demanda la confirmation au pape Adeodat, & l'obtint. Ibbo, autre archevêque de Tours, confirma la conceffion de Cropter, & se soumit à la bulle du pape Adeodat. Cette abbaye fut sécularisée quelque tems après, & le roi Charles le Chauve par ses lettres patentes de 849, fixa à deux cents le nombre des chanoines qui servoient cette église. Plus de cent bulles des papes ont dans la suite affermi l'indépendance du chapitre de saint Martin. Hugues Capet étoit abbé de faint Martin, lorsqu'il parvint à la couronne & y unit ce titre. C'est depuis cette union que nos rois font devenus chefs & premiers chanoines de cette église, & non pas à cause de la réunion de l'Anjou à la couronne, comme quelques-uns le prétendent. Le ferment que font nos rois en qualité d'abbés de faint Martin mérite d'être rapporté ici. Ego, annuente Domino, Francorum rex, abbas & canonicus hujus ecclefia beati Martini Turonenfis, juro Deo & beato Martino, me de catero protectorem & defensorem fore hujus etclefia, in omnibus neceffitatibus fuis, custodiendo & confervando possessiones, honores, jura, privilegia, libertates, franchifias, & immunitates ejusdem ecclefie, quantum divino fultus adjutorio fecundum posse meum, recta & pura fide : fic me Deus adjuvet. Les arrêts du parlement de Paris ont détruit depuis quelques années l'immédiation du faint fiége, & ont donné à cette église en la personne de l'archevêque de Tours un supérieur ecclésiastique dans le royaume, tout le reste subsistant & demeurant dans son entier. Le chapitre de saint Martin de Tours est composé, 1o. d'un abbé qui est le roi, la dignité abbatiale ayant été unie à la couronne en la personne de Hugues Caper, qui avoit succédé en cette abbaye à Hugues le Grand, fon pere, à Robert II son aïeul, & à Robert le Fort fon bisaieul. 2°. De chanoines d'honneur ecclésiastiques, qui font le patriarche de Jerufalem, l'archevêque de Mayence, l'archevêque de Cologne, l'archevêque de faint Jacques de Compostelle, l'archevêque de Sens, l'archevêque de Bourges, l'évêque de Liége, l'évêque de Strasbourg, l'évêque d'Angers, l'évêque d'Auxerre, l'évêque de Quebec en Canada, l'abbé de Marmoutier & l'abbé de saint Julien de Tours. 5o. De chanoines d'honneur laïques, qui font les dauphins de France, les ducs de Bourgogne, les ducs d'Anjou, les ducs de Bretagne, les ducs de Bourbon, les ducs de Vendôme, les ducs de Nevers, les comtes de Flandre, les comtes de Dunois, les comtes d'Angoulême, les comtes de Douglas en Ecosse, les barons de Preuilli en Touraine & les barons de Partenay en Poitou. 4°. D'onze dignitaires, qui font le doyen, le trésorier, le chantre, le maître d'école, le sous-doyen, le cellerier, le granger, le chambrier, l'aumônier, l'abbé de Cormeri & le prieur de saint Côme-les Tours. Le doyen & le trésorier font à la présentation du roi, comme abbé de saint Martin, & à la collation du chapitre. Le chantre, le maître d'école, le sousdoyen, le cellerier & le granger font à la présentation du doyen & à la collation du chapitre; le chambrier & l'aumõnier à la présentation du trésorier & à la collation du chapitre. Quant à l'abbé de Cormeri & au prieur de saint Côme, ils reçoivent du chapitre l'investiture de l'abbaye & du prieuré. 5o. De quinze prévôtés qui ont droit de châtellenie, & ceux qui en sont pourvus ont la présenta tion à plusieurs bénéfices. Ces prévôtés sont de Mahet, de Saint-Espain, d'Oé, de Chablis, de Leré, de Milcey, de la Varenne, de Suévre, de Coursay, de Chalautre, de Brassay, de Restigni, d'Antoni, d'Anjou & de Vallieres. Elles sont toutes à la présentation du doyen & à la collation du chapitre. 6°. De cinquante un titres de chanoines à la pleine collation du chapitre, compris les huit sémi-prébendes, 7°. De sept officiers ou dignitaires inférieurs en titre, quí sont le sous-chantre, le sous-peltier, le sous écolâtre, le le néchal, le prestimoine de Morignan, le prestimoine de Châtillon & le prestimoine de Milan. Le sous-chantre & le Tome V. LLilllij Tous-peltier font à la nomination du chantre & à la collation du chapitre. Le sénéchal est à la présention du doyen; le sous-écolâtre à celle du maître d'école & à la collation du chapitre; les trois prestimoines, comme le sénéchal, à la présentation du doyen & à la collation du chapitre. 8°. De $6 vicaires en titre à la présentation & collation des dignitaires & des chanoines. 9°. De fix aumôniers à la présentation du sous-doyen, dont les fonctions font de porter le bénitier aux processions, affitter spirituellement les dignitaires, prévôts & chanoines dans leurs maladies., & garder leurs corps après leur décès jusqu'à la fépulture. De trois clercs d'aumône en titre à la présentation de l'aumônier dignitaire pour répondre les messes, & garder le corps de Tabbesse de Beaumont après son décès, jusqu'à la fépulture. 11°. De quatre marguilliers en titre, à la présentation des chambriers, & chefcier pour parer le grand autel, garder le tombeau de faint Martin, dire les Évangiles aux pélerins, prendre soin des reliques, & fonner le premier coup de matines. 12. De deux incepteurs en titre, à la nomination & institution du chapitre pour chanter aux fêtes semi-doubles, fimples & féries, le Venite, exultemus, les premieres antiennes & répons de l'office, & remplir les fonctions de sous-chantre & de sous-peltier à la meffe. 13°. De deux pénitenciers & de deux sacristains à la nomination du chapitre. 14°. D'un oblatier chargé de fournir le pain pour le faint facrifice & pour la fainte communion, à la présentation du doyen. 15. De quatre-vingts chapelains, dont quelques-uns font à la présentation du Toi, & en patronage laique; les autres à la présentation des chanoines, & tous à la collation du chapitre. 16°. De dix enfans de chœur, d'un maître de musique, d'un maître de latin pour les inftruire, nom compris les muficiens gagistes. 17°. Du pauvre de S. Martin fondé par Louis XI, & de plusieurs officiers laïques pour le service de l'église. Ce pauvre de saint Martin est élu par le chapitre à la plurarité des voix, & pour être élu il faut qu'il ne lui paroisse aucun bien. Il est logé, vêtu, nourri & entretenu de tou. xes chofes, sain & malade, aux frais du chapitre, & il ne peut être destitué que pour déréglemens des mœurs. Il afiiite aux processions folemnelles & à l'office des jours folemnels vêtu d'une robe mi-partie de rouge & de blanc. Les autres chapitres du diocèse sont celui de La Besoche, Saint Venant, S. Pierre le Puellier, Amboile, Loches, Saint-Mesme, Cande, Monthrésor, Langeais, Precigni. TOURY, bourg de France, dans l'Orléanois, fur la route de Paris à Orléans, entre cette derniere ville & celle d'Etampes, dans l'élection de Petiviers, diocèse d'Orléans, en plat pays, on le nomme en latin Tauriacum. Ce lieu appartient à l'abbaye de saint Denys en France, & est fameux par la défense que Suger qui en étoit prévôt sous l'abbé Adam l'an 1111, fit de son château contre les forces de Hugues du Puiset, ennemi du roi Louis le Gros. La tour, comme dit Suger lui-même, étoit à trois étages, & bâtie par l'abbé ci-dessus nommé. Le même prince voulant conserver cette place dans un tems si fâcheux, accorda en 1114 à cet abbé d'y faire tenir un marché tous les vendredis au profit de son église. Suger étant devenu abbé continua à affec tionner cette terre, il en ôta l'avouerie des mains des seigneurs de la Ferté-Baudouin. Cette terre fut beaucoup endommagée en 1360 par les Anglois & Navarrois qui en brûlerent les maisons & le château. L'église du lieu est aussi à la nomination de l'abbaye. * Hift. de faint Denys. TOUS, ville d'Asie, dans la Coraffane, au midi de Nichabour dont elle est éloignée d'environ une lieue. Danville, carte de Perse 1711, la met au nord & à vingt lieues de cette derniere. Elle est à 37d de latitude, & à 76d & demi de longitude. Cette ville fut ruinée par les Mogols en 1221, mais elle fut rebâtie peu d'années après, & eft devenue une des plus belles & des plus célébres villes de l'empire de Perse. Ismael Sefevi, premier roi de la maison des Sefevi, c'est-à-dire, des descendans de Schec-Sefi, qui regnent présentement en Perse, la fit entourer de fortes murailles & de trois cents tours. Ce roi en fit alors la capitale de la Coraffane sous le nom de Meschehed; & comme plusieurs princes avant lui y avoient eu leurs tombeaux, il voulut y avoir le sien, & plusieurs de ses successeurs à fon exemple y ont éte inhumés. Voyez MESCHED. * Petis de la Croix, Histoire du grand Genghizcan, l. 4, c. 2. TOUSE, bourgade d'Espagne, dans la Catalogne, viguerie de Girone, fur la côte de la Méditerranée. Michelot, Portul. de la Médit. p. 44, en parle ainsi : Environ quatre à cinq milles à l'est quart de nord-est de l'Eoret, se voit le village de Touse, qui est environné de murailles ; il est situé dans un petit enfoncement derriere une grosse pointe qui forme une petite anse de sable du côté de l'ouest, où l'on peut mouiller deux ou trois galeres avec les vents à la terre; la pointe du nord-est de cette anse il y a quelques petits écueils hors de l'eau. On ne voit point ce village du côté de l'est ni de l'ouest, à moins que d'être par le travers de cette anse. Sur la pointe de Touse qui s'avance un peu en mer, La Ste chapelle de Champigni, il y a une espéce de fort carré avec une tour & quelques fortifications qu'on découvre de fort loin d'un côté & d'autre, cette pointe paroît de loin comme une péninsule lorsqu'on range la côte. Depuis l'Eoret jusqu'à Touse, la côtre est fort haute & presque droite, on y trouve quelques rochers hors de l'eau près de terre: mais point de mouillage. Tout le long de ces côtes pendant la nuit on y voit plusieurs feux dans les bâteaux des pêcheurs, qui vont de côté & d'autre; c'est une maniere de prendre les anchois & les sardines: j'ai jugé à propos d'en avertir, afin qu'on ne croye pas que ces feux foient à terre, ce qui pourroit fauffer la route. On voit aussi de fort loin plusieurs feux de charboniers dans les montagnes. TOURTERON, LA SABOTTERIE, bourg de France, dans la Champagne, du diocèse de Rheims, de l'élection de Retel. Ce bourg est situé entre deux côtes dans le Retelois, à deux lieues d'Attigui & de l'Aisne. TOURTOIRAC, Turturiacum, abbaye d'hommes en France, de l'ordre de saint Benoît, dans le Périgord, au diocèse, & à cinq lieues au levant de Perigueux, fur la haute Vezere. Elle fut fondée en 1025. On trouve que vers l'an 1564 ce monastère faisoit vivre un prieur claustral, un sacristain , un camerier ou cellerier & trente religieux, mais présentement il n'y a plus perYonne. , TOURTOUR, bourg de France, dans la Provence, au diocèse de Fréjus. On veut deriver son nom des tourmens violens que certains coupables de quelques grands crimes, à ce qu'on dit, y avoient foufferts. Il y avoit dans le territoire de ce bourg un monastère nommé Notre-Dame de Florege, & transféré aujourd'hui à l'abbaye de Toronet. Voyez ce mot. TOURVES, lieu de France, dans la Provence, au diocèse d'Aix. C'est une baronnie qui a été érigée en 1678, en Aveur du marquis de Valbelle, & qui appartient à la maison de Ventimille. On croit que c'est le lieu ad Turrem dela voje Aurelienne. TOURVILLE, lieu de France, dans la Normandie, au diocèse de Coutance, élection de Valogne. Il y a un prieuré de prémontré, dépendant de la Luzerne; le prieur a fa chapelle dédiée à saint Germain au bout de la paroille. Le Seigneur porte le nom de cette paroifle, TOUSKACHE, petite riviere de l'Amérique septentrionale, dans la Louisiane. Elle vient se joindre à celle de Talatatchina, auprès de l'ancien fort Sainte-Marie, dans le pays ancien des Apalaches, & enfuite se jette dans les golfe du Mexique par une einbouchure fort large. 1. TOUSSAINTS, abbaye de France, en Champagne, dans une ifle de la riviere de Marne, à la porte de la ville de Châlons. Cette abbaye est de l'ordre des chanoines réguliers de faint Auguftin de la congrégation de sainte Geneviéve de Paris, & fut fondée par Roger II du nom, évêque de Châlons, décédé en 1062. Cette abbaye étoit alors hors & proche de la ville, en un lieu où il ne reste plus qu'une maison de fermier, qui porte encore le nom de TOUSSAINTS DEHORS. Elle fut démolie en 1544, pendant les guerres entre François I, roi de France, & l'empereur Charles Quint, & transférée à Châlons au lieu où elle est aujourd'hui, par Lambesson, abbé régulier qui commença de la rebâtir, & elle fut achevée vingt ans après avec la maison abbatiale. L'église en l'état qu'on la voit aujourd'hui, est l'ou vrage de Claude Godet successeur & neveu de Lambesson, Il n'y a que le chœnt & ses collatéraux qui foient achevés. C'est un ouvrage d'une architecture fort hardie, & qui a un air de grandeur & de beauté. Les lieux réguliers sont fort agréables. La réforme fut mise dans cette abbaye en 1644. Elle valoit ci-devant fix mille livres de rente à l'abbé, & deux mille cinq cents livres aux religieux, qui y font au nombre de sept. Il y a dans l'église de cette abbaye une belle & grande châsle d'argent, dans laquelle repose le corps de saint Lumier, dix-huitiéme évêque de Châlons, qui eft au-dessus du grand autel, & proche la porte du chœur qui conduit à la facristie. On y a fait mettre cette inscription sur un marbre noir en lettres d'or: p. 123. 1 2. TOUSSAINTS, cella omnium Sanctorum, abbaye d'hommes, ordre de prémontré, dans la Suabe, au diocèse de Strasbourg dans l'Ortnau, & dans une folitude près d'Oberkirck. Ce n'étoit d'abord qu'une prévôté qui fut ensuite érigée en abbaye. TOUSSEA, autreinent LOUSSEK, ville de Perse. Tavernier, voyage de Perse, 1.3, dit qu'elle est située à 854 40' de longitude, sous les 37d so' de latitude. Il ajoute que le terroir des environs produit quantité de bled & de trèsbons fruits. TOUSSI. Voyez Toucr. TOUSTER, nom de la ville capitale de l'Ahuaz, & du Khouzistan qui porte aussi le nom de Schouschter, & qui apparemment est l'ancienne ville de Suze, capitale de la Perse. Le géographe Perfien, dans son troifiéme climat, dit que Schabour ou Sapor, roi de Perse, y éleva une digue d'une prodigieuse hauteur, jusqu'à laquelle il fit monter la riviere de Choaspès. Mahammed-Ben-Cassem écrit que Touster est la premiere ville qui ait été enfermée de murailles après le déluge, & que la digue d'une si prodigieuse hauteur que Schabour avoit fait élever n'avoit été bâtie que pour empêcher l'inondation d'un second déluge. Voyez Toftar, & Suze la capitale du Chusistan. * D'Herbelot, Bibl. or. p. 896. TOUVOIS, baronnie de France, dans le Maine, avec un château qui appartient à l'évêque du Mans. Sa jurisdiction s'étend sur trente paroiffes. Le château fut bâti par Guillaume, trente-huitième évêque, & ensuite il fut augmenté par Geofroi de Loudun. TOUVRE, (la) riviere de France, dans l'Angoumois. Elle a sa source au pied d'un rocher escarpé, sur lequel étoit un vieux château qui appartenoit aux comtes d'Angoulême, & qui fut détruit par les Anglois. Cette fource est une des plus belles qu'il y ait en France. Elle a plus de douze brasses d'eau de profondeur, & porte par conséquent des bateaux des sa naissance, sans être néanmoins navigable dans son cours. Les eaux de la Touvre font claires & froides, & produisent une prodigieuse quantité de truites. Cette riviere se jette dans la Charente à une lieue & demie de sa fource, au lieu appellé le Gou, à un quart de lieue au-dessus d'Angoulême. * Piganiol de la Force, Description de la France, t. 5, p. 4. TOWCESTER, ville d'Angleterre, dans la province de Northamptonshire. Suivant l'opinion de Cambden c'est le Tripontium des anciens qu'on appelloit ainsi à cause de ses trois ponts. Ç'a été autrefois une ville forte, laquelle résista aux Danois, qui, après plusieurs afsauts, furent contraints de l'abandonner. * Etat présent de la grande Bretagne, t. 1, P. 93. TOWY, riviere d'Angleterre, au pays de Galles, dans Caermartenshire. Elle arrose la ville de Caermarthen, & va fe jetter dans la mer, à trois ou quatre lieues au-deslous de cette ville. Cette riviere, felon Cambden, est le Tobius des anciens. TOUZA, bourg de France, dans l'Angoumois, élection de Cognac. TOUZAR ou TOUZER, nom d'une ville de la province d'Afrique, proprement dite, abondante en palmiers & en campagnes fertiles en grains, & arrofée de très-belles eaux, felon le géographe Persien dans son troisieme climat. TOUZI, bourg de l'évêché de Toul; il s'y tint autrefois un concile national. TOXAN, ville de la Chine, avec forteresse, dans la province de Queicheu, au département de Tucho, huitiéme métropole de la province. Elle est de 9a 19' plus occidentale que Pekin, sous les 25d 55' de latitude. * Atlas Sinenfis. TOXANDRI, peuples de la Gaule Belgique. Leur nom est fort connu des anciens; mais il y a quelque difficulté à marquer leur situation précise. Pline, 1. 4, c. 17, est le premier qui les ait nommés; & il met leur demeure au- delà de l'Escaut: A Scaldi incolunt extera Toxandri pluribus nominibus. Cluvier recule les TOXANDRI jusque dans la Zéelande, comme fi ces peuples étoient ceux dont César, de bell. Gall. 1.6, c. 32, parle sans les nommer, qui habitoient près des Ménapiens, fur le bord de l'Océan, & qui, lorsque T. Labienus marcha contre eux avec trois légions, se cacherent dans les isles que la mer avoit coutume de former dans ces quartiers. Cluvier prend ces isles pour la Zéelande, & croit que ce lieu Toxiandria, où Ammien - Marcellin dit que les Saliens-François oferent fixer leur demeure, n'étoit autre chose que la Zeelande: Ausos olim in Romano solo apud Texiandriam locum habitacula fibi figere pralicenter. Cependant divers auteurs de nom font d'un sentiment contraire, & on ne sait point même, dit Cellarius, Geograph. ant.l.2, 0.3, quel étoit anciennement l'état de la Zéelande, ni celui des illes, & des canaux qui les formoient, parce que les inondations de la mer & les débordemens de l'Escaut ont changé la face des lieux. César, ajoute-t-il, décrit certainement le lit de ce fleuve, bien différemment de ce qu'il est aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, Pontanus, Discept. 3, Browerus, Ad Venantii Fortunati, l. 3, carm. 12, & de Valois, Notit. Gall. p. 551, mettent les TOXANDRI en-deça de la Zeelande, & vers la Meuse, & ils s'accordent en ce qu'ils reconnoissent des vestiges de la demeure des Toxandri dans TESSENDERLO, village de l'évêché de Liége. Alting paroît incliner pour le sentiment de Cluvier : il ne veut pas néanmoins l'adopter absolument, parce qu'il ne voudroit pas nier que les Tozandri n'ayent habité quelque canton du pays des Ménapiens & même de celui des Morini. Cellarius dit : J'aimerois mieux chercher les Toxandri quelque part dans les terres, que de les placer dans les ifles de Zéelande, dont on ne connoît point l'ancien état, l'embouchure de l'Escaut, fur tout, ayant changé de situation; ce que tout le monde pourtant ne lui accorderoit pas. De plus, ajoute-t-il, les anciens, comme Pline & Ammien-Marcellin, qui ont parlé des Toxandri, n'ont rien dit qui puisse nous faire conjectu rer que ces peuples habitoient dans des isles. Au contraire, comme Pline dit qu'ils étoient connus sous divers noms ; c'est-à-dire, qu'ils étoient divisés en différens petits peuples, il est probable que leur pays étoit d'une grande étendue, & pouvoit aller jusques dans les ifles de Zéelande, de façon néanmoins que la plus grande partie habitoit dans les terres & vers la Meuse.. Les auteurs du moyen âge mettent aufli la Toxandrie dans les terres. De Valois cite à cette occafion la vie de saint Lambert, apôtre des peuples Toxandri. On y lit que la Toxandrie étoit à peine éloignée de trois milles de la ville de Mastricht du côté du nord. TOXANDRIA, TEXANDRIA OU TOSSANDRIA. Voyez ToXANDRI. TOXILI, TAXILI OU TAXILE, peuples de l'Inde, se- Jon Denys le Périegéte, vers 1141, qui les met au nombre des peuples qui habitoient entre les fleuves Cophes, Indus, Hydaspe & Acefine. Leur ville se nommoit Taxila, & leur roi est appellé Taxilus par Quinte-Curse, 1. 8, qui dit que ce nom étoit affecté à tous ceux qui succédoient au royaume, & place ces états entre les fleuves Indus & Hydaspe. Quant à la ville de Taxila, Strabon, Ptolomée & QuinteCurfe nous apprennent qu'elle n'étoit pas éloignée de la rive orientale de l'Indus. TOXIGNY, bourg de France, dans la Touraine, élection de Loches. TOYUNG, montagne de la Chine, dans la province de Suchuen, au territoire de Chingtu, premiere métropole de la province, près de la ville de Cungking. On trouve fur cette montagne des singes qui approchent de l'homme pour la grandeur & pour la figure, & qui ont une grande paffion pour les femmes. Atlas Sinenfis. TRA-LOS MONTES, province du Portugal. On lui a donné le nom de TRA-LOS-MONTES, qui veut dire au-delà des montagnes, parce qu'elle est en effet située au-delà des montagnes, à l'égard du reste du royaume. Elle s'étend en long du nord au fud, & confine dans toute sa longueur au royaume de Léon, comprenant tout ce quartier du Portugal qui est entre le Douere & la Galice, à l'orient de la province d'Entre-Douro & Minho; elle renferme encore une langue de terre, longue & étroite, au midi du Douere, depuis une ligne tirée à Castanheira, sur le bord de ce fleuve, jusques vers la source de la Coa; ayant à l'occident la province de Beira & de hautes montagnes qui l'enferment, & qu'on nomme Marano, Jureflo, Muro & Soaio; ce sont des branches du mont Vinduus ou Vindius. Ce mont est cette chaine de montagnes, qui, se détachant des Pyrénées, traverse la Biscaye & l'Afturie, & forme à l'entrée de la Galice deux branches, dont l'une s'étend tout du long jusqu'au cap de Finis Terra, l'autre, tournant au midi, traverse le pays des anciens Bracares, & fepare la province de Tra-losMontes, de celles qui font à son couchant. Cette province est arrosée de quelques rivieres; le Donere la traverse dans sa largeur du levant au couchant, la partageant en deux parties presque égales, & lui fert de bornes à l'orient dans sa partie septentrionale. Dans cette même partie elle a la riviere de Tamaga, celle de Pinhaon, celle de Tuelo, & celle de Sabor. Dans la partie qui est au midi du Douere, elle est arrosée par la riviere de Coa. Cette province peut avoir environ trente lieues de long sur vingt de large; elle comprend deux cités, & quatre comarcas; celles de Miranda, de Moncorvo, de Villa Real & de Pinhel. Les trois premieres font au nord du Douere, & la derniere est au midi. La province de Tra-los-Montes est fertile en vin & en huile, & riche en troupeaux. * Delices de Portugal, p. 712 & fuivantes. 1. TRAABURG, bourg d'Allemagne, aux confins de la Carinthie & de la Carniole. Il y a un château & une prévôté. * Zeyler, Topogr. Carinth. p. 102. 2. TRAABURG, bourg de la Carinthie, sur la riviere Traa, à trois milles au-dessous de Lientz, sur les confins du comté de Tirol. Ce bourg avec le château a appartenu autrefois aux comtes d'Ortenburg. TRABA, bourgade de l'ifle de Candie, sur la côte méridionale, près du cap Crio. On croit que c'est l'ancienne TARBA de Ptolomée. Voyez TARBA No. 1. TRABALA, ville de l'Asie mineure, dans la Lycie, selon Etienne le géographe. TRABAY, riviere d'Espagne, au royaume de Grenade. Son cours est le même que celui du Guadalmacar, & se rend dans la mer, à Muscacra. TRABUCO, bourg d'Afrique, sur la côte du royaume de Barca, à cinquante lienes de Bonandreo, du côté de l'orient. Mercator prend ce bourg pour l'ancienne BATHRA CUS. TRABUNACTUM, ville de l'Afrique propre. L'itinéraire d'Antonin la marque entre Tacapa & la grande Leptis, en prenant le long des limites de la province de Tripoli. Elle étoit entre Adaumagdum & Tramusdufis, à vingt-cinq milles du premier de ces heux, & à égale distance du second. Les manuscrits varient sur l'orthographe de ce nom : les uns au lieu de TRABUNACTUM lifent THRABUNACTUM, & les autres portent TABLONAGDUM OU TABUNA TUM TRACANA, ville de la Sarmatie Européene. Ptolomée, 1.3, c.5, la place dans les terres, & la met au nombre des villes voisines du fleuve Carcinite. TRACHE, nom qu'Ovide, Metam. l. 15, donne à la ville d'Anxur. Voyez ANXUR. TRACHE, ile de la mer Ionienne. Pline 1. 4, c. 12, la nomme avec diverses autres ifles qu'il met auprès de l'isle de Corcyre, Corfou, & qui ne sont point connues des auteurs géographes. TRACHEA. C'est l'un des surnoms que Pline, 1. s, c. 29, donne à la ville d'Ephèse. 1. TRACHENBERG, baronnie d'Allemagne, dans la Silésie, aux confins de la Pologne, qui la borne du côté du nord: elle a à l'orient la baronnie de Militsch, au midi la principauté d'Olife, & à l'occident partie de cette principauté & partie de celle de Wolau. Ses principaux lieux font: * Jaillot, Atlas. Trachenberg & Prausnitz. 2. TRACHENBERG, petite ville d'Allemagne, dans la Silésie, aux confins de la Pologne, dans la baronnie de même nom, dont elle est le chef-lieu. Cette petite ville est située sur le bord de la riviere de Bartsch, entre Zulauff & . Hernstad. TRACHIA. Etienne le géographe dit qu'on donnoit ce nom à toute l'Ifaurie. La raison en est que son terrein étoit montueux & inégal. TRACHIA-ACTE, c'est-à-dire, rivage raboteux & inégal. Ortelius qui cite Ifacius, in Lycophr. dit que ce lieu est entre Sestus & Abydos. TRACHIN. Voyez HERACLÉE, NO. 17, & TRACHI NIA. TRACHINA TRISMIS OU TRESMIS, place de la Turquie, en Europe, dans la baffe Bulgarie, sur le bord du Danube, bien plus bas que Nicopoli. TRACHINΝΙΑ , canton de la Macédoine, dans la Pththiotide, autour de la ville d'Héraclée qui en prenoit le nom d'HERACLEA TRACHINIÆ, selon Thucydide, 1. 3. Ce canton s'étendoit apparemment entre le fleuve Sperchius au nord, le golfe de Maliacus à l'orient, le fleuve Afopus au midi, & la Parafopiade au couchant. Sophocle, Philotectes, cité par Ortelius, place dans ce canton un lieu nommé TRACHINIUM, & des montagnes qu'il appelle TRACHINIÆ OU TRECHINIA - PETRA. Hérodote, l. 7, no. 199, y met aussi une ville TRACHIS; mais il pourroit être question de la ville d'Héraclée, à laquelle on donna le furnom de TRACHIS. Voyez HERACLÉE, no. 17. TRACHINIUM, ville d'Etolie, selon Strabon, l. 10, p.450. Ce nom, dit Paulmier, me paroît fort suspect ; car outre qu'aucun autre ancien auteur ne met une ville de Trachinium dans l'Etolie, ce nom d'autre part ne convien droit absolument point à une ville située dans un terrein uni, gras & fertile, mais à une ville qui seroit dans un terrein montueux & inégal. Paulmier soupçonne que dans cet endroit de Strabon, au lieu de TRACHINIUM, il faut lire TRICHONIUM, parce que Polybe, 1.5, Paufanias, in Co. rinth. & Etienne le géographe mettent une ville de ce nom dans l'Etolie. TRACHIOTE. Voyez CILICIE, NO. I. TRACHIRIS, fleuve de la Libye intérieure. Ptolomée, 1.4, c. 6, marque son embouchure dans le golfe Hespérien, au-dessus du port Perphofius. Ses interprétes, au lieu de TRACHIRIS, litent STACHIDIS, & ce pourroit bien être la véritable orthographe; car le texte grec porte que le fleuve STACHIR prend sa source dans le mont Ryfladius, & il n'est guères possible de douter que par TRACHIRIS, & par STACHIR, Ptolomée n'entende le même fleuve. TRACHIS, ville de la Thessalie, au pied du mont Oeta, selon Etienne le géographe, qui dit qu'elle fut bâtie par Hercule, & qu'on lui donna le nom de Trachis, à cause de l'inégalité de son terrein, qui est tout montueux. Thucydide, 1. 3, p. 235, la met aux confins des peuples Oeta. L'étymologie du nom de cette ville est confirmée par ces vers de Sénéque, in Hercule Octao, act. 1, V. 135. Ad Trachina vocor, Saxa rigentia, Cette ville est la même qu'Homere appelle TRECHIS & Pline TRACHIN, & c'est la même qu'Héraclée de Trachinie. Voyez HERACLÉE, no. 17. TRACHON, lieu dont parle Lucien, in Toxari. Ce lieu devoit borner les états du roi du Bosphore Cimmérien, car les Schytes lui demandent que ses pasteurs n'avancent point jusque dans la plaine, mais se contentent de faire paître leurs troupeaux au dedans du lieu nommé Trachon. TRACHONES. Strabon, 1. 16, p. 756, nomme ainsi deux collines de Syrie, au-delà de la ville de Damas. Ortélius, qui cite W. Wissenburgius, dit que ces collines font la montagne HIPPUS de Ptolomée, 1.5, c. 15, & celle de GILEAD des Hébreux. TRACHONITE ARABES, peuples Arabes, dans la Saccée, au pied du mont Alfadamus, selon Ptolomée. Voyez TRACHONITIDE. TRACHONITIDE, contrée de l'Arabie, au midi de la ville de Damas, & à laquelle les Arabes Trachonites avoient donné leur nom. Je n'oferois, dit Reland, Palast, 1. 1,6.23, renfermer tout le pays des Arabes Trachonites dans des limites de la terre promise que Moise & Josué affignerentaux douze tribus. Eufebe & l'interpréte Chaldéen metttent cependant dans la Trachonitide, quelques-unes des villes que les Israëlites poffedoient au-delà du Jourdain. Mais, ajoute Reland, les témoignages d'un grand nombre d'auteurs prouvent que la Trachonitide doit être plutôt mise au nombre des contrées voisines de la Palestine, que considérées comme en faisant partie. Joseph est celui qui fournit le plus de lumiere, pour fixer la v éritable situation de la Trachonitide; il dit qu'elle est située entre la Palestine & la Cæle-Syrie; dans un endroit il l'appelle τραχονίτις, & dans un autre Τράχων. La Trachonitide ne touchoit pas à la Galilée, ce qui se voit par ce qu'on lit dans Joseph, que tout le pays qui se trouvoit entre Trachon & la Galilée, fut le partage d'Hérode. Il est dit, dans le même endroit, que la Batanée fut jointe à la Trachonitide; & comme la Gaulonitide s'étendoit depuis la mer de Tibériade jusqu'aux sources du Jourdain, il s'enfuit que la Batanée étoit à l'orient de la Gaulonitide, l'Iturée ou l'Auranitide, à l'orient de la Batanée, & la Trachonitide au nord de la Batanée; car tout ce que les Israëlites possédoient au nord de la Pérée, se rapporte à ces quatre contrées, la Gamalitique, la Gaulonitide, la Batanée & la Trachonitide; quelquefois pourtant la Gamalitique se trouve renfermée dans la Gaulonitide. Quant à la Trachonitide, elle paroît s'être étendue au nord de la Batanée; car Jofeph dit que le lac Phiala, qui étoit à cent vingt stades de Panéas, se trouvoit sur le chemin par où l'on montoit à la Trachonitide. Il écrit encore que Panéas & Matha étoient entre la Galilée & la Trachonitide, que cette derniere contrée étoit pleine de retraites de voleurs, qui se sauverent en Arabie, & qu'on envoya dans la Trachonitide trois mille Iduméens, pour empêcher leurs brigandages. Voici les témoignages des autres auteurs, qui ont parlé de la Trachonitide. Canatha, selon Eusébe, in voce Kavao étoit dans la Trachonitide, près de Boftra. Le même auteur, ad vocem Ιτεραία, a cru que l'Iturée & la Trachonitide étoient la même chose; car il dit qu'on appelloit Trachonitide le pays qui joignoit le désert voisin de Boftra, ville de l'Arabie. S. Jérôme, in Onomast. ad vocem Tracho, dit de même que la Trachonitide est au-delà de Boftra, ville d'Arabie, dans le désert, au midi de Damas. Tout ceļa s'accorde avec le Talmud, qui étend la Trachonitide jusqu'à Boftra. Voyez Ligtfoot, dans ses remarques chorographiques, sur S. Luc, fect. 4. On peut ajouter à tout cela qu'Aurelius Victor, en parlant de l'empereur Philippe, qui étoit né à Bostra, l'appelle Arabe Trachonite: M. Julius Philippus Arabs Trachonites. Ptolomée connoît aussi des Arabes Trachonites, ce qui empêche de mettre la Trachonitide dans les montagnes du Liban, ni dans celles de l'Anti-Liban; car alors ses habitans n'auroient pas été Arabes, mais Syriens. Le nom de Trachonitide venoit, sans doute, des deux collines TRACHONES, que Strabon met au voisinage de la ville de Damas. Il ajoute, qu'en tirant de-là vers l'Arabie & l'Iturée, orf trouve des montagnes peu praticables, où il y a des cavernes profondes, dont une pourroit contenir quatre mille hommes. Guillaume de Tyr, hift. 1.15, c. 10, rapporte que des voyageurs qui passoient par cette contrée, appercevant des ouvertures de citernes, & s'imaginant y pouvoir puiser de l'eau aisément, y perdoient les vaisseaux dont ils vouloient se servir pour puiser, parce que les hommes qui étoient cachés dans ces cavernes, coupoient la corde & retenoient les vaisseaux. Ces cavernes étoient entre Adraa & Bozra, felon le même historien, qui ajoute que la Trachonitide faisoit une partie considérable du diocèse de Boftra, & que cette contrée dont Bostra étoit la métropole, étoit aride & fans eau, n'ayant ni rivieres, ni ruisseaux, ni fontaines, de forte que l'hiver on étoit obligé de ramasser l'eau de pluie, & de la conferver dans des trous pour l'usage de toute l'année. Les habitans confervoient aussi leurs grains dans des cavernes qui leur servoient de greniers. TRACHSELWALD, bailliage de Suisse, au canton de Berne, dans le pays allemand. Son chef-lieu est un village de même nom, avec un château fort par sa situation avantageuse. Ce bailliage est passablement grand, contenant huit grandes paroisses. C'est là qu'est le quartier du pays qu'on nomme proprement Emmethal, c'est-à-dire, Val d'Emme. Là, sont la plupart des anabaptistes du canton de Berne, & comme ils sont au voisinage du canton de Lucerne, & qu'ils ne peuvent point porter les armes (ce qui est un des articles de leur secte) c'est pour cette raison que les Bernois ne les veulent pas souffrir, ne pouvant point compter fur eux, au cas que les Lucernois fiffent quelque irruption de ce côté-là. Il y avoit autrefois dans ce bailliage un monastère de chartreux nommé Trub, auprès d'un village du même nom; les Bernois y entretiennent un receveur. Dans ce bailliage est la petite ville d'Hutwyl, aux frontieres de Lucerne. C'est là que les paysans rébelles tenoient leurs assemblées l'an 1653. Après y avoir comploté fur les opérations de leur armée, ils allerent affiéger Berne avec des canons de bois garnis de cercles de fer. * Etat & délices de la Suiffe, t. 2, p. 204. TRACHYS, montagne de l'Arcadie. Paufanias, 1.8, c. 13. TRACTARI, peuples du Chersonnese Taurique, selon Pline, 1. 4, c. 12. Les manuscrits que le pere Har. douin a consultés, portent STACTARI, au lieu de TRAC. TARI. TRACY ou TRASSY, village de France, dans le Nivernois, au diocèse d'Auxerre, sur le rivage droit de la Loire, entre Pouilly & Cône. C'est une des trente-sept anciennes paroisses de ce diocèse, puisque S. Aunaire en fait mention dans son réglement de l'année 580 ou environ. Elle y est connue sous le nom de Draptiacus, qui paroît dérivé de ces anciens noms Drapes, Drapetes, des commentaires de Céfar, lib. 8. L'église de S. Syphorien de Tracy, fut une de celles que Humbaud, évêque d'Auxerre, retira de la main des laïques vers l'an 1100, & qu'il donna à la nouvelle abbaye de S. Laurent, chanoines réguliers. TRACY-LE-MONT OU TRACY LE HAUT, lieu de France, dans la Picardie, élection de Noyon. TRACY-LE-VAL, Ou TRACY LE BAS, lieu de France, dans la Picardie, élection de Noyon: il dépend de Tracyle-Mont. TRADATE, bourg d'Italie, dans le Milanez, fur la rive gauche de la riviere d'Olona, affez près & au midi de Gastion. * Magin, Carte du Milanez. TRÆMENOTHURITÆ, peuples de la Troade. Ptolomée, 1.5, 6.2, leur donne la ville de Trajanopolis. Quelques exemplaires portent TRIMENOTHURITA pour TREMENOTHURITÆ, & Tzetzès appelle ces peuples GRI MENOTHURITA. TRAEN, riviere d'Allemagne, dans l'électorat de Tréves. Cette petite riviere se jette dans la Moselle à demilieue au-dessous, du même côté. C'est la riviere appellée par Ausone, Draconas. 1. TRAFALGAR, (le cap de) cap d'Espagne, sur la côte occidentale de l'Andaloufie. Michelot, Portul. de la Médit. p. 6, dit: Le cap de Trafalgar est une longue pointe basse, sur laquelle est une tour carrée, appellée tour de la Meca, armée de deux petits canons, qui de loin paroît isolée, parce que le terrein qui est entre cette tour & une grosse pointe, qui est au nord-est est fort bas; tellement que lorsqu'on range cette côte elle paroît isolée, principale |