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infer. part. 2, p. 182, qui les féparoient.) La province ultérieure fut appellée Tranfifalana, du nom de la riviere Sala, aujourd'hui l'Tffel, dont l'ancien lit fut aggrandi par Drufus; ainfi, c'eft mal-à-propos que les anciens ont appellé les habitans de cette province Tranfifelani, Tranfifelenfes, & Tranfifelini; on dit aujourd'hui Tranfifulani & Tranfifulania, ce qui n'eft pas mieux fondé, quoique l'ufage l'ait emporté. Ce province fe nomme préfentement l'Over-Yflel. Voyez OVER-YSSEL.

TRANSILVANIE, principauté d'Europe, (2) aujourd'hui l'une des annexes de la Hongrie. Elle eft bornée au nord par la haute Hongrie, partie par la Pologne, partie par la Moldavie ; au midi par la Valaquie ; & à l'occident, partie par la haute, partie par la baffe Hongrie. Ce pays eft la portion de l'ancienne Dace, que le fleuve Chryfius féparoit de la Hongrie, (b) & que l'on nommoit communément la Dace Méditerranée. C'étoit un royaume avant que les Romains s'en fuflent rendus maîtres. Les lettres & les loix des Grecs s'y étoient introduites depuis long-tems. Elles s'y conferverent jusqu'à l'arivée de Trajan qui pénétra dans ce pays, dont la fituation & les défilés des montagnes qui l'entourent fembloient rendre l'accès impoffible. Lorsque les Romains curent conquis ce pays, ils y établirent plufieurs colonies qui y introduifirent la langue latine, & firent du pays une province confulaire. On a une ancienne inscription conçue en ces termes: COLONIA ULPIA TRAJANA AUGUSTA DACIA ZARMIS. Quoique la Dace Alpenfe & Ripenfe euffent leurs chefs, elles dépendoient néanmoins de la confulaire, & toutes trois enfemble étoient foumifes au préfet de Macédoine qui réfidoit à Theffalonique. C'est à lui qu'on envoyoit l'or & l'argent qui fe tiroit des mines & les deniers publics. La Dace appartenoit à l'Orient, & furtout à l'Illyrie orientale. Elle fut foumife aux empereurs romains jusqu'à Gallien, qu'elle commença à fe mettre en liberté. L'empereur Aurelien voyant les troubles continuels qui s'excitoient dans le pays, & défespérant de pouvoir le contenir dans l'obéillance, en retira les troupes romaines, & abandonna le droit que Trajan avoit acquis, & que fes fuccefleurs, au nombre de dix-huit, avoient confervé avec foin. On voit encore aujourd'hui des marques du féjour que les Romains ont fait dans ce pays. Une infinité d'inscriptions, les chemins publics, les reftes du pont de Trajan, & d'autres anciens monumens en font des preuves incontestables. (a) De l'Ifle, Atlas. (b) Schurfleichii disput. bift. 47.

Les empereurs de Conftantinople, après le partage de l'Empire, furent maîtres de la Dace; mais les Huns firent des irruptions dans la Dace & dans la Pannonie. Leur licence & leur cruauté les firent bientôt chaffer, & les Hongrois leur fuccéderent. Leur roi Geyfa II permit aux Germains & aux Saxons de s'établir dans la Tranfilvanie; il leur accorda fept villés, qu'eux & leurs descendans ont habitées, embellies & rendues fameufes. Ces peuples ont confervé les coutumes & les loix des Germains & des Saxons qu'ils avoient apportées avec eux, & ils les ont toujours confervées malgré toutes les révolutions du pays, & les divers changemens de gouvernement.

Saint Etienne, premier roi de Hongrie, conquit la Tranfilvanie vers l'an 1001, fur Guila, fon oncle, qui fut fait prifonnier dans cette guerre qu'il avoit commencée luimême en haine de la religion chrétienne que ce faint roi profefloit. Elle fut jointe depuis au royaume de Hongrie, & a toujours été fous le commandement d'un waivode ou viceroi. Plufieurs de ces vice-rois fe font rendus fameux dans l'histoire, fur-tont Etienne, qui, pour le venger de ce que Louis I n'avoit pas récompenfé fes fervices dans la guerre de Naples, fut le premier qui attira les Turcs dans la Hongrie. Jean Corvin, nommé Huniades, à caule qu'il étoit né dans une ville de Tranfilvanie qui portoit ce nom, & Jean Zapoli n'ont pas été moins fameux. Le premier fe rendit fi redoutable aux infidéles, s'étant fignalé contre eux en plufieurs occafions, que les meres qui entendoient crier leurs enfans, n'avoient point, à ce qu'on dit, de moyen plus fûr pour les faire taire, que de les menacer de l'arrivée d'Huniades. Sa piété fut égale à fa valeur. Prêt à mourir des bleflures qu'il avoit reçues à la défense de Belgrade, il fe fit conduire dans l'églife, où, après s'être confeffé, il communia & expira entre les bras des prêtres qui le foutenoient. Jean Zapoli, comte de Scepuze, monta fur le trône de Hongrie, après la défaite de Louis II, le der

nier de fes rois, à qui la Tranfilvanie ait obéi, comme faifant partie de leur royaume. Les démêlés qui furvinrent après la mort entre labelle, fa veuve, & l'archiduc Ferdinand, frere de l'empereur Charles V, attirerent Soliman II en Hongrie. Ce fultant, s'étant emparé de Bude & des au tres villes principales, laifla la Tranfilvanie en principauté à Ifabelle, qui, voyant que Ferdinand n'obfervoit pas les conditions fous lesquelles elle avoit voulu la lui remettre en prit poffeffion appuyée du Turc. Jean Etienne Sigismond, fon fils, en fut enfuite reconnu fouverain, & fe fit même couronner roi de Hongrie lorsque Ferdinand fut mort; ce qui excita entre l'empereur Maximilien & lui une guerre qui fut caufe qu'on lui céda par accommodement quelques comtés de la haute Hongrie. Comme il n'avoit point d'enfans, il laiffa la Tranfilvanie par teftament à Maximilien. Les grands du pays, n'ofant fe donner à cet empereur, de peur d'irriter les Turcs, choifirent Etienne Battori, Hongrois d'origine, qui ayant été élu roi de Pologne peu de tems après par la retraite d'Henri de Valois, depuis roi de France, fous le nom d'Henri III, remit l'état de Tranfilvanie à Chriftophle Battori, fon frere. Celui-ci eut pour fucceffeur Sigismond Battori, fon fils, qui rendit cet état entierement libre par la prife de toutes les ville's dont les infidéles s'étoient emparés. Le cardinal Battori, à qui il avoit remis fon état dans fes dernieres années, contre l'engagement qu'il avoit pris avec l'empereur Rodolphe, fut mal foutenu par Mahomet III. Ainfi fa défaite par Michel, prince de Valaquie, ayant obligé Sigismond de reprendre le gouvernement, celui-ci céda de nouveau la Tranfilvanie à l'empereur, & alla mourir à Prague. Le pértexte de religion ayant entraîné dans ce tems les Tranfil. vains à une révolte générale, ceux qui ont depuis gouverné la Tranfilvanie, partie par l'élection des états, partie par ufurpation, ont eu recours pour fe maintenir, les uns au Turc, & les autres à l'empereur, felon qu'ils ont espéré un plus fort appui de l'une ou de l'autre. Les noms de ces princes font, Etienne Boskay, Sigismond Ragoski, Chimi Janos & Michel Abaffi, après la mort duquel la Tranfilvanie fe vit obligée de reconnoître le pouvoir de l'empe

reur.

On peut dire en général que les Tranfilvains ne font pas moins belliqueux que remuans. Les Siculiens plus barbares que les autres, ne font aucune diftinction du noble & du roturier. Les Saxons plus polis ont retenu les coutumes & la langue des anciens Allemans dont ils fe difent iffus : il n'y a que les Hongrois avec qui ils s'accommodent peu, ne leur voulant point permettre de bâtir dans leurs villes. La religion eft dans une grande confusion parmi tous ces peuples. Les uns font ariens, les autres anabaptistes, & d'autres Sociniens, calviniftes & luthériens. George Blandrata, médecin du prince Jean Scepuze, l'entraîna dès fa jeuneffe dans. les erreurs du lutheranisme. Denys Alexis, que ce médecin introduifit à la cour, mit auprès du prince un autre docteur appellé François David, qui, de luthérien, le fit calviniste, & lui enfeigna enfuite la doctrine d'Arius. François Stancardo, autre médecin Italien, contribua encore beaucoup à le pervertir, après quoi David étant monté en chaire en préfence de Jean de Scepuze & des états affemblés à Segeswar, prêcha publiquement contre la fainte Trinité & contre la Divinité de Jefus-Chrift dans l'église de S. Pierre de cette ville. Une grande dispute s'étant élevée là-deffus entre les calviniftes & les ariens, on affigna une affemblée à Waradin pour voir fi on pourroit les mettre d'accord. Le prince, ayant entendu les uns & les autres, fe déclara pour David, & fon jugement prévalut de telle forte, que le progrès de l'arianisme furpaffa celui de toutes les autres fectes. Pour enfeigner ces erreurs, on fit venir d'Allemagne Jean Somer & Matthias Bolonois, à qui on donna la direction d'un collège qui fut établi à Claufembourg. Par ce moyen elles pafferent de Tranfilvanie en Hongrie & en Pologne. Etienne Battori, qui tâcha d'y rétablir la religion catholi que, fut tellement traversé dans ce deffein, qu'il fe vit fou vent contraint d'entendre la meffe dans des lieux fecrets. où il alloit fous prétexte de chaffer. Quand il eut affermi fon autorité, il fit venir des miffionnaires de Rome & de Vienne, & Chriftophle Battori, fon frere, établit dans la même ville des jefuites à Claufembourg, ce qui rompit en quelque façon le cours des héréfies. Sigismond Battori, qui fuccéda à Chriftophle, ne se montra pas si ferme lui. Les hérétiques n'oferent pourtant rien entreprendre MMmmmm in

que

pendant la vie d'Etienne qu'on avoit élu roi de Pologne ; mais dès qu'il fut mort, les Tranfilvains fe liguerent pour obliger Sigismond à chaffer les jéfuites de fes états, fous prétexte qu'ils y vouloient introduire l'inquifition. Ils le réfolurent de cette forte dans une diete qui fe tint à Megefwar le jour de faint Etienne en 1588: cependant la religion catholique diminuant tous les jours, Sigismond rappella ces peres deux ans après. Ils firent des converfions fans nombre dans cette principauté. Ce fut par leurs favantes exhortations que Chriftianus Franken, qui avoit changé de religion jusqu'à treize fois, abjura fes erreurs dans Weisfembourg en présence du prince & d'un grand concours de peuple. Il déchira de fes propres mains les livres qu'il avoit composés pour prouver la fauffe doctrine; mais ces grands progrès n'eurent pas de fuite fous les autres regnes. Les hérétiques fe rendirent fi puiflans, qu'on fut contraint d'accorder la liberté de conscience; ce qui éteignit presqu'entierement la religion catholique dans la Tranfilva

nie.

L'air de ce pays eft extrêmement tempéré, & en été la cha leur y eft exceffive, & le froit violent en hiver. Le terroir, qui eft très fertile, produit entr'autres le meilleur froment de l'Europe. Les vins que l'on y recueille ne cédent guères en force & en délicateffe à ceux de Hongrie, & les montagnes renferment des mines d'or, d'argent de fer & de fel. On en tire auffi un certain bitume, dont la partie la plus folide fert à faire une cire brune propre à éclairer, comme celle des abeilles. Les bois font remplis de cerfs, de daims, d'ours, de bufles & de chevaux fauvages, dont le crin traîne jusqu'à terre. Les rivieres y font fort poiflonneufes ; mais comme leurs eaux paffent par des mines d'alun & de mercure qui leur communiquent une qualité maligne, elles ne font pas meilleures à boire que celles de Hongrie. Il y ena qui ont des grains d'or mêlés parmi leur fable. Les principales font la Chrifio, le grand & le petit Samos, & l'Alt ou l'Olt.

Quelques-uns divifent la Tranfilvanie par fes comtés, & les autres par les trois fortes de peuples qui l'habitent; les Saxons, les Siculiens & les Hongrois. Ces derniers font particulierement établis fur les bords de la Marisch. Les Siculiens descendus des anciens Scythes ou Huns, ayant été chaffés de la Pannonie où ils s'étoient établis, changerent de nom pour le dérober à la fureur des autres nations déchaînées contre eux. Ils habitent la partie qui eft contiguë à la Moldavie & à la Ruffie nommée Siculie, & les Saxons occupent le refte. Voici les noms des comtés de la Tranfilvanie, avec leurs principaux lieux :

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Utvarhel,
Petelie
Sofalva,
Kereftur,
Gerni,

S. Abram,
Bikfalva.
S. Miklos,
Toplocza,
Halfalu,
Utfalu,

VaЛlob.

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Vafarhel.

Vifalo,

Kaszon.

Colosvar ou Claufenbourg,

Colosvar ou Clau-Berend,
fenbourg.

Dobaca.

Chefbourg.

Reps.

Sebes,
Nagypatak,

Giula.
-Malomfalva,
Mikes,

Panith,

Band.

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Haramfck.

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Les fept villages des

Sicules.
Abrobania,

Gial,
Biftra.

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Filehaza Gorgini.

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Sibo,

Deez ou Burglos,

Gros Schink.

Naglak.
Gros-Schink,
Birthelm,
Hünderbühl,

Zolnok intérieur.

Haut Iskolo,

Agnetlen,

Bas Iskolo,

Leskirch.

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TRANSLUCANUS-PAGUS, bourgade d'Espagne; il en eft fait mention dans une ancienne inscription qui fe trouve dans l'Eftremadoure, au territoire de Léon, felon Amb. Moralès, cité par Ortélius.

TRANSLUCUM, lieu de la Dace Ripenfe. Il en eft parlé dans la notice des dignités de l'Empire. Si je ne me trompe, dit Ortélius, ce doit être aujourd'hui LANDTUBERWALD, nom qui fignifie la même chofe que Translucum.

TRANSMARISCA, ville de la baffe ou de la feconde Mafie. L'itinéraire d'Antonin la marque fur la route de Viminacium à Nicomédie, entre Appiaria & Candidiana, à feize mille pas du premier de ces lieux, & à treize mille du fecond. Il eft parlé de cette ville dans la notice des dignités de l'Empire. C'eft la même que Ptolomée, l. 8, . 10, nomme TROMARISCA, & le nom moderne eft MARICE, felon Lazius.

TRANSMONTANI. Voyez ASTURES. TRANSTHEBAITANI. Ortélius, qui cite TreboniusPollion, nomme ainfi des peuples d'Egypte, qui habitoient au-delà de la ville de Thébes, ou au-delà de la Thébaïde.

mais le provéditeur, tranchant du fouverain, envoya, incontinent après, des gens pour mettre tous les meubles dehors. Cette incivilité le fâcha tellement, qu'il partit auflitôt de ce pays là, & qu'il n'y voulut jamais retourner. La ville de Traou eft dans un allez bel aspect, princi palement le fauxbourg qui eft fur l'ifle de Bua; elle peut renfermer environ quatre mille ames. Le dôme n'eft pas laid, & la porte a été tirée des dépouilles de la ville de Salone, qui eft à douze milles de-là. Il y a dans cette églife quelques ftatues d'affez bonne main. On ne connoît point à Traou les hôtelleries; les voyageurs y font obligés de fe pourvoir comme ils l'entendent, pour leur logement & pour leur nourriture.

TRANTANAW, ville du royaume de Bohéme, dans le cercle de Konigingratz. C'est la patrie de Riska, chef des Huffites; elle eft encore remarquable par la victoire que le roi de Pruffe y remporta fur les Autrichiens en 1745. TRAOU, ville des états de la république de Venile, dans la Dalmatie, & connue des anciens fous le nom de Tragurium Ptolomée & Strabon en parle comme d'une ifle; mais Jean Lucius a montré que ce n'étoit qu'une péninfule, & que le canal qui la fépare du continent, eft un ouvrage de l'art & non de la nature. Ce Lucius, dit Spon, voyage d'Italie, l. 2, eft un eft un gentilhomme de ce pays-la, établi à Rome; fa patrie lui eft obligée de l'avoir tirée des ténébres de l'antiquité, par l'histoire qu'il en a donnée. Il a fait auffi imprimer les inscriptions de Dalmatie & d'autres favans traités. Il quitta Traou par un défagrément qu'il y elfuya. Un général de Dalmatie, qui étant venu à Traou, lui fit favoir qu'il vouloit loger dans fa maifon. Le gentilhomme s'apprêtoit à le recevoir, & se réservoit feulement un appartement médiocre;

On y trouva, dans le dernier fiécle, un fragment de Pétrone. On le regarda d'abord comme fuspect; mais Lucius & l'abbé Gradi, de Rome, la regardoient comme authentique, & comme s'il eût été queftion de reconnoître un prince, l'Europe étoit divifée en trois partis. L'Italie & la Dalmatie l'adoptoient, la France & la Hollande la rejettoient, & l'Allemagne fe tenoit neutre, car le docseur Reinelius fit un commentaire fur ce manuscrit, fans ofer néanmoins rien prononcer fur fon antiquité. Le docteur Statilius, dans la bibliotheque duquel cet original fe trouvoit, lorsque Spon fit fon voyage de Dalmatie, étoit un homme de mérite, qui en auroit pu parler pertinemment, fi les maladies ne l'en euffent empêché; & de Valois a eu tort de le prendre pour un jeune homme. Voici les remarques que Spon a faites fur ce manuscrit : C'est un in folio épais de deux doigts, contenant plufieurs traités écrits fur du papier qui a beaucoup de corps. Tibulle & Properce font au commencement, & non pas Horace, comme l'a dit, par errreur, l'auteur de la préface imprimée à Padoue; Pétrone fuit de la même main, & de la maniere que nous l'avons dans nos éditions; après on voit cette piéce dont il eft queftion, intitulée : Fragmentum Petronii arbitri ex libro decimo quinto & fexto decimo, & c'eft où eft contenu le fouper de Trimalcion, comme il a depuis été imprimé fur cet original. De Salas, Espagnol, qui a commenté cet auteur, fait mention d'un quinziéme & d'un feiziéme livre, mais il n'a pas dit où il l'avoit vu. Le manuscrit eft par-tout bien lifible, & les commencemens des chapitres & des poëmes font en caractères bleus & rouges. Pour ce qui eft de l'antiquité de cette piéce, il ne faut que s'y connoître & le voir pour n'en pas douter. On doit, dans cette rencontre, ajouter plus de foi aux yeux qu'au raifonnement. Sous la page 179, l'année que cette pièce a été écrite eft marquée de cette maniere: 1423, 20 novemb. Ce fiécle-la n'avoit pas des esprits fi bien faits que celui de Pétrone, pour pouvoir fe déguifer fous fon nom.

1.TRAPANI ou TRAPANIO, ville de Sicile, fur la côte occidentale de l'ifle, dans le val de Mazzara. Cette ville, nommée anciennement Drepanum, est située sur une péninfule, ou langue de terre, qui entre dans la mer, vers le Ponant; elle eft renommée par fon grand trafic, par le nombre des nobles qui l'habitent, par la quantité de vaiffeaux qu'on y voit, par les falines & par la pêche des tons & du corail; du côté du midi, elle a un château carré. Son port eft grand, mais fort expofé au vent de midi, & femé de bas fonds. A l'entrée du port, on trouve le château de Culumbara, qui confifte en une tour antique, fort haute, posée sur un écueil, environnée de la mer, avec un ouvrage à l'entour, fourni de canons du côté du port. Derriere le château, il y a plufieurs écueils; du côté de la Tramontane, les grands bâtimens ne peuvent pas approcher, à caufe du peu de fond qu'il y a & des écueils qu'on y trouve dans l'espace de deux milles. La ville eft par-tout fermée de murailles ordinaires, fuivant le terrein. Ses falines font du côté de l'orient.

ca,

En fortant de Marfala, par le canal de Saint-Todar, on paffe les plages de la riviere de Brugia & d'Algagrues& la pointe de Travia; & avant que d'arriver au port de Trapani, on trouve quelques bancs de fable fort longs, avec un canal de huit, jusqu'à dix pieds de fond, entre les ifles de Sainte-Marguerite & celle des Salines, enfuite on entre dans le port de Trapani. En fortant de fon port,côtoyant le rivage, vers la Tramontane, on voit la côte toute couverte de mailons particulieres, & plus avant, il y a un écueil fous l'eau appellé Asnel, & qui eft fort dangereux, principalement de nuit. On rencon

tre enfuite les pointes del Yerro & de Capellar, & le golfe de Cofano, où l'on voit une montagne feule vers le rivage, qui paroît ifolée. On rencontre enfuite un autre grand écueil, & l'on arrive enfin au cap San Vito. Saint Albert, carme, naquit en cette ville l'an 1212: il se fit religieux, l'an 1220, au mont Trapano, dans le territoire de la même ville, & mourut, près de Meffine, l'an 1242. Une partie de fes reliques, dans la fuite, fut transportée au mont Trapano. * Baillet, Topogr. des faints, p. 501.

1. TRAPANO ou DREPANO, nom moderne du cap de l'ifle de Candie, appellé par les anciens Drepanum pro. montorium; on lui donne encore d'autres noms. Voyez DREPANUM.

2. TRAPANO, selon Corneille ; & Drepano, felon de l'Ifle, cap de l'ifle de Candie, fur la côte feptentrionale, entre la Suda & Retimo. C'est le DREPANUM PROMONTORIUM de Ptolomée.

3. TRAPANO, petite ifle de la mer Ionienne, fur la côte méridionale de la côte de Céphalonie, à l'entrée du port d'Argoftoli. C'eft Niger qui donne à cette ifle le nom de TRAPANO. Le pere Coronelli l'appelle GAUARDIANI. Cette petite ifle eft la Letoa ou Letoia des anciens.

TRAPERA, ville ou lieu de l'Inde, près du golfe Barygazène, felon Arrien, 2 Peripl. p. 24.

1. TRAPEZA, ville de l'Arcadie. Etienne le géographe dit qu'elle étoit près de Tricolonum. Cette ville eft nommée TRAPEZUS par Paufanias, lib. 8, cap. 3, qui nous apprend qu'elle devoit fon nom à Trapezeus, fils de Lycaon.

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2. TRAPEZA, promontoire de la Troade, à dix-huit milles de la petite ville de Dardanium, felon Pline, l. 5 . 30. Il étoit à l'entrée de l'Hellespont, & on le nomme préfentement capo de Janisseri.

TRAPEZOPOLIS

copiste.

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1

& des barques médiocres, qui n'y entrent qu'avec peine. Il y a, à Trapor, une paroiffe, une chapelle de la miféricorde & une églife de dominicains. Dellon', qui fe trouva dans cette église un foir du vendredi Saint, y entendit un fermon fur la paffion, dans lequel, dit-il, on fit plufieurs paules, pour montrer au peuple tous les points de fes facrés mystères. Les femmes font féparées des hommes par une baluftrade cachée d'un rideau; mais fi on ne les voit pas, ajoute Dellon, on entend leurs cris, & les coups qu'elles fe donnent toutes les fois que le prédicateur dit quelque chofe qui excite à la compaffion. La proceffion fe fit après le fermon; elle étoit précédée de plufieurs pénitens, qui avoient le vifage découvert & le dos tout nud, & qui fe fouettoient fi violemment, que leur fang rejailliffoit par-tout où ils paffoient. Les bourgeois marchoient enfuite, chacun un flambeau à la main, & l'on portoit, après les prêtres, l'image de Jefus-Christ, repréfenté tel qu'il étoit à la descente de la croix. Une vingtaine de petits Négres, masqués armés de lances, & ayant à leur tête un centurion, précédé de tambours & de trompettes, accompagnoient cette figure. Après avoir fait le tour de la ville, la figure fut pofée dans le fépulcre qu'on avoit préparé.

TRAPPE, (la) abbaye de France, ordre de cîteaux. Elle eft fituée dans le Perche, diocèfe de Séez, entre les villes de Séez, de Mortagne, de Verneuil & de l'Aigle; on l'appelle auffi NOTRE-DAME DE LA MAISON-DIEU. Elle eft dans un grand vallon, & les collines & les forêts qui l'environnent, font dispofées de telle forte, qu'elles femblent la vouloir cacher au refte de la terre; elles enferment des terres labourables, des plants d'arbres fruitiers, des pâturages & neuf étangs, qui font autour de l'abbaye, & qui en rendent les approches fi difficiles, que l'on a befoin d'un guide pour y arriver. Cette abbaye fut fondée en 1140, par Rotrou, comte du Perche, & TRAPEZAS. Voyez TRAPEZUSA. confacrée fous l'invocation de la Ste Vierge, en 1214, par TRAPEZOPOLIS, ville de l'Afie mineure, dans la Robert, archevêque de Rouen, Raoul, évêque d'Evreux, Carie, felon Ptolomée, l. 5, c. 2, qui la marque dans c. 2, qui la marque dans & Sylveftre, évêque de Séez. Le relâchement où elle étoit les terres. Pline, l. 5, c. 29, nomme fes habitans TRA- tombée, depuis un fort grand nombre d'années, porta PEZOPOLITA. La notice épiscopale range la ville de Armand Jean Bouthilier de Rancé, qui en étoit abbé TRAPEZOPOLIS parmi les évêchés de la Phrygie Ca- commendataire, & qui fe fentit vivement touché de l'apatiane. Nicéphore Callifte met auffi une ville de ce nom mour de Dieu, à exhorter les religieux de demander euxdans la Phrygie, mais il écrit TRAPEZONTOPOLIS pour mêmes qu'elle fût mife entre les mains des peres de l'éce qui eft fans doute une faute de troite obfervance de l'ordre de cîteaux, pour y rétablir la premiere & la véritable pratique de la régle, ce qui fut fait par un concordat paffé avec l'abbé & les anciens religieux de la Trappe, le 17 d'août 1662. Ce fut en vertu de ce concordat que ceux de l'étroite obfervance entrerent dans ce monaftère & en prirent poffeffion. Lorsqu'ils commençoient à y faire revivre l'esprit des peres & des faints, qui en ont été les premiers fondateurs, l'abbé de Rancé, qui s'étoit retiré du monde depuis quelque tems, obtint du roi la permiffion de tenir cette abbaye en régle, & prit l'habit religieux en 1663, dans le couvent de Notre-Dame de Perfeigne, où il fut admis au noviciat & où il fit profeffion le 26 de juin 1664. Lorsqu'il eut reçu de la cour de Rome fes expéditions, pour tenir l'abbaye de la Trappe en régle, il s'y rendit le 14 de juillet fuivant, & ne fongea plus qu'à inspirer, par fon exemple, aux religieux, le defir de reprendre toutes les auftérités qui étoient en ufage dans l'établiffement de cette fainte régle. Sa conduite toute édifiante, & l'éloquence qui lui étoit naturelle, l'en firent venir aisément à bout, & il n'y eut aucun d'eux qui ne voulût l'imiter & s'abftenir comme lui de boire du vin, de manger des œufs & du poiffon, ajoutant à cela le travail des mains chaque jour pendant trois heures. Il mourut le 26 d'octobre 1700.

TRAPEZUM, colline de Syrie, ou voifinage de la ville d'Antioche. Strabon, l. 16, p. 751, dit qu'on avoit nommé cette colline Trapezum, à caufe qu'elle avoit la figure d'une table.

TRAPEZUNTII. Voyez ARCADIE.

1. TRAPEZUS, montagne du Cherfonnèfe Taurique; c'est Strabon, l. 7, p. 309, qui en parle; il fait aufli mention d'une ville de même nom, qui, dit il, est voifine de la Tibarénie & de la Colchide.

2. TRAPEZUS, ville de la Cappadoce. Ptolomée, 1.5, c. 6, la marque fur la côte du Pont Cappadocien, près de Pharnacia. C'étoit, felon Etienne le géographe, une colonie des habitans de Sinope, & on la nommoit auffi OEZENIS. Voyez TRÉBISONDE.

3. TRAPEZUS, montagne fur le bord du golfe Arabique, felon Ortélius, qui cite Etienne le géographe. Je ne trouve point dans ce dernier de montagne nommée TRAPEZUS, mais feulement une ville de ce nom. Après avoir parlé de la ville de Trapezunte de l'Arcadie, il ajoute : Esi »gi, «dan xanolov rõ A’pubíny ry A’pačíny xóars, c'eft à-dire, eft etiam alia (urbs ) juxta Arabicum finum.

4. TRAPEZUS. Voyez TRAPEZA. TRAPEZUSA, ville du Pont Cappadocien. Ptolomée, 1.5, c. 6, la marque dans les terres. Ortélius croit que ce pourroit être la même ville nommée TRAPEZAS dans la vie de S. Théodore l'Archimandrite. TRAPHE, ville fituée aux environs du Pont, felon Etienne le géographe.

TRAPHIA, ville de la Bootie. Etienne le géographe dit qu'on y élevoit beaucoup de bétail.

TRAPONTIUM. Voyez SUESSA.

TRAPOR, TRAPOUR OU TARAPOR, ville des Indes, fur la côte de Malabar, au Concan, entre Daman & Baçaim. Cette ville eft affez bien habitée, & les habitans en font riches. La riviere n'y porte que des bateaux

pre

On découvre cette abbaye au fortir de la forêt du Perche, lorsqu'on vient du côté du midi; & quoiqu'il femble qu'on en foit fort proche, on fait encore près d'une lieue avant d'y arriver; enfin, après avoir descendu la montagne, traverfé des bruyeres, & marché quelque tems entre des haies & des chemins couverts, on trouve la miere cour où loge le receveur. On y a, depuis quelques années, bâti une hôtellerie, fous le nom d'hospice, où les voyageurs descendent ordinairement. Elle eft féparée de celle des religieux par une forte paliffade de pieux & d'épines. C'eft là, qu'ayant fonné à la porte, un frere lai vient ouvrir; on entre dans une grande cour plantée d'arbres fruitiers, dans laquelle, à main droite, il y a un

colombier,

colombier, & à main gauche une autre bafle-cour, où font les greniers, les colliers, les écuries, les étables & les autres lieux néceffaires pour la commodité du couvent. Tout près de cette bafle-cour eft un moulin que fait tourner un ruiffeau qui vient des étangs, & qui après avoir féparé la grande cour d'avec le jardin des religieux du côté de l'églife, traverse fous terre une autre partie de la même cour, pour se rendre dans un réfervoir; on trouve enfuite la porte du monaftère, où un religieux de la maifon fait l'office de portier. Quand il a ouvert, on descend dans une espéce de veftibule, qui n'a que quatre toifes de long & neuf à dix pieds de large. A main droite eft une chambre pour recevoir les hôtes, & à main gauche une falle où ils mangent. Depuis que l'hôtellerie eft conftruite, on ne donne plus à manger qu'à ceux qui en demandent. Pendant que le religieux, qui a ouvert, va donner avis à l'abbé ou au prieur de l'arrivée de ceux qui font entrés, on demeure dans la chambre, où par ce qui eft écrit dans de petits tableaux attachés à la muraille, on peut s'inftruire de quelle maniere il faut fe comporter dans ce faint lieu. On peut auffi lire quelques paffages de l'Ecriture fainte. On lit d'abord en entrant ces paroles de Jérémie, écrites fur la porte du cloître : Sedebit folitarius & tacebit. Audeffous eft ce paffage de Job: In nidulo meo moriar, & ficut palma multiplicabo dies meos. A l'un des côtés de ce vestibule eft écrit: Elegi abjectus effe in domo Dei mei, magis quam habitare in tabernaculis peccatorum. De l'autre côté de ce veftibule on lit ces autres paroles: Melior eft dies una in atris tuis fuper millia. Le pere prieur, ou quelqu'autre religieux, étant venu recevoir les nouveaux hôtes, qu'il falue avec beaucoup d'humilité, il les conduit ou dans la falle où mangent les hôtes, ou leur montre la maifon, felon ce qu'ils demandent. Ce qu'on fert à la table des hôtes eft pareil à ce qu'on donne aux religieux, c'est-à-dire, qu'on n'y mange que des mêmes légumes & du même pain, & qu'on y boit du cidre comme au réfectoire. Les mets ordinaires font un potage, deux ou trois plats de légumes & un plat d'œufs, qui eft la portion extraordinaire des étrangers, car on ne leur fert point de poiffon, quoique les étangs en foyent fort remplis. Pendant tout le repas on lit des chapitres de l'imitation. L'églife n'a rien de confidérable que la fainteté du lieu; elle eft bâtie d'une maniere gothique, & le bout du côté du chœur femble repréfenter la poupe d'un vaiffeau. Tout l'ouvrage en eft groffier & même contre les régles de l'architecture. L'églife ne laiffe pas d'avoir quelque chofe d'augufte & de divin. Elle n'eft ni trop fombre ni trop éclairée. Sa grandeur eft de vingtdeux toifes de long fur neuf de large ou environ. Les ailes qui tournent à l'entour ont deux toifes de largeur. Une haute balustrade qui fépare l'églife en deux, empêche que perfonne n'entre par la nef du côté du chœur. Dans la clôture de cette baluftrade, au-deffous du crucifix, font deux autels où l'on dit des meffes pour les hommes de dehors, qui demeurent au bas de l'églife, où les femmes n'entrent point. Il y a une chapelle dans l'avant-cour où elles entendent la mefle qui s'y dit les dimanches & les fêtes. La clôture qui eft devant le crucifix, fert de chœur pour les freres convers; & entre celle-là & le choeur des religieux, il y a un autre espace qui tient lieu de choeur pour les malades. Celui des religieux eft garni de trente-fix chaises hautes, & de trente baffes. L'autel principal eft fort fimple: il n'y a qu'un contre-autel de pierre, où eft taillée d'une maniere fort antique la figure de Notre-Seigneur en croix, avec celles des douze apôtres. Dans le milieu de la platebande qui regne en haut, & qui fert de frise, est repréfenté un autel avec du feu allumé, & deux anges font profternés des deux côtés. Au-deflus eft l'image de la Vierge dans toute fa hauteur, tenant fon Fils fur le bras gauche, & de la main droite un petit pavillon, fous lequel eft fuspendu le faint Sacrement, felon l'ancien ufage de l'églife. Il n'y a fur l'autel qu'un petit crucifix d'ébéne ; & aux deux extrémités du contre-autel, on voit deux plaques de bois, d'où fortent deux cierges qu'on allume pendant la meffe. Aux jours de fêtes, on met doubles branches ; & ainfi, au lieu de deux cierges, il y en a quatre, avec deux autres qui font contre les piliers les plus proches, & qu'on allume à l'élévation.

ler à matines, qui durent ordinairement jusqu'à quatre heures & demie, parce qu'outre le grand office, ils difent auffi celui de la Vierge; & entre les deux ils font une méditation de demi-heure. Les jours où l'églife ne folemnife la fête d'aucun faint, ils récitent encore l'office des morts. Au fortir de matines, fi c'est en été, ils peuvent s'aller repor fer dans leurs cellules jusqu'à prime, mais en hiver ils vont dans une chambre commune proche du chauffoir, où chacun lit en particulier. Les prêtres prennent d'ordinaire ce tems pour dire la melle. A cinq heures & demie ils difent prime, & vont enfuite au chapitre, où ils font environ une demi-heure, excepté certains jours, où ils y demeurent plus long-tems à entendre les prédications que leur fait l'abbé ou le prieur. Sur les fept heures ils vont travailler; c'eft-à-dire, que chacun quittant fon habit de deffus, qu'ils appellent une coule, & retrouffant celui de deffous, ils fe mettent les uns à labourer la terre, les autres à la cribler, d'autres à porter des pierres, chacun recevant fa tâche, fans choifir ce qu'ils doivent faire. L'abbé lui-même eft le premier au travail, & s'emploie fouvent à ce qu'il y a de plus abject. Quand le tems ne permet pas de fortir, ils nettoient l'églife, balaient les cloîtres, écurent la vaiffelle, font des leffives, épluchent des légumes ; & quelquefois ils font deux ou trois affis contre terre les uns auprès des autres à ratiffer des racines, fans jamais parler enfemble. Il y a auffi des lieux destinés à travailler à couvert, où plufieurs religieux s'occupent les uns à écrire des livres d'églife, les autres à en relier, quelques-uns à des ouvrages de menuiferie & d'autres à tourner, & ainfi à différens travaux utiles, n'y ayant guères de chofes néceffaires à la maifon & à leur ufage qu'ils ne faffent eux-mêmes. Quand ils ont travaillé une heure & demie, ils vont à l'office qui commence à huit heures & demie. On dit tierce & enfuite la meffe & fexte, après quoi ils fe retirent dans leurs chambres, où ils s'appliquent à quelque lecture. Cela fait, ils vont chanter none, fi ce n'eft aux jours de jeûne de l'églife que l'office eft retardé & qu'on ne dit none qu'un peu avant midi. De-là ils fe rendent au réfec toire qui eft fort grand. Il y a un long rang de tables de chaque côté : celle de l'abbé eft en face au milieu des autres, & contient les places de fix ou fept perfonnes. Il fe met à un bout, ayant auprès de lui à fa gauche le prieur, & à fa droite les étrangers, lorsqu'il y en a qui mangent au réfectoire; ce qui arrive très-rarement. Ces tables font nues & fans nappes, mais fort propres. Chaque religieux a la ferviette, fa taffe de fayence, fon couteau, fa cuiller & fa fourchette de buis, qui demeurent toujours dans la même place. Ils ont devant eux du pain plus qu'ils n'en peuvent manger; un pot d'eau; un autre pot d'environ chopine de Paris, un peu plus qu'à moitié plein de cidre; parce qu'on garde pour leur collation ce qu'il en faudroit pour achever de le remplir. Leur pain eft fort bis & gros, à cause quon ne faffe point la farine, & qu'elle eft feulement paffée par le crible; ce qui fait que la plus grande partie du fon y demeure, on leur fert un potage quelquefois aux herbes, d'autre fois aux pois ou aux lentilles, & ainfi différemment d'herbes & de légumes; mais toujours fans beurre & fans huile, avec deux petites portions aux jours de jeûne; favoir, un petit plat de lentilles & un autre d'épinars ou de féves, ou de boulie, ou de gruau, ou de carottes, ou quelques autres racines, felon la faifon. Leurs fauffes ordinaires font faites avec du fel & de l'eau épaiffie avec un peu de gruau quelquefois un peu de lait. Au deffert on leur donne deux pommes ou deux poires cuites ou crues. Après le repas ile rendent graces à Dieu, & vont achever leurs prieres à l'églife, au fortir de laquelle ils fe retirent dans leurs cellules, où ils peuvent s'appliquer à la lecture & à la contemplation. A une heure ou environ ils retournent au travail, reprenant celui qu'ils ont quitté le matin, ou en commençant un autre. Ce fecond travail dure encore une heure & demie, ou deux heures quelquefois. La retraite étant fonnée, chacun quitte fes fabots, remet fes outils dans un lieu destiné à cela, reprend fa coule, & fe retire dans fa chambre, où il lit & médite jusqu'à vêpres qu'on dit à quatre heures. A cinq on va au réfectoire, où chaque religieux trouve pour fa collation un morceau de pain de quatre onces, le refte de fa chopine de cidre avec deux poires ou deux pommes, ou quelques noix aux jeûnes de la régle; mais aux jeûnes d'églife ils n'ont que deux onces de pain & une fois à boire. Les jours qu'ils ne jeûnent pas on leur donne pour leur fouTome V. NNanna

Toutes les actions de ces faints anachorétes font des prieres continuelles à Dieu. En été ils fe couchent à huit heures, & en hiver à fept. Il le levent la nuit à deux heures pour al

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