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confidérables; ils font plus forts que ceux de l'évêché de Léon, mais auffi ils font en moindre quantité, car on compte que les deux tiers des chevaux, qui fortent de Bretagne, viennent de Léon, & le tiers de Treguier. On recueille beaucoup de bled dans ce pays, de forte que Breft & Saint-Malo y prennent presque toutes leurs fournitures. Le chanvre & le lin produifent beaucoup d'argent dans cet évêché. Louis XIV a fait enlever, pendant pluhieurs années, environ trois millions de livres de chanvre par an, pour les magafins de Breft. Quant au lin, il paffe dans l'évêché de Léon, pour la fabrique des toiles. Le papier eft encore un commerce important de cet évêché, il s'y en fait quantité qui paffe en Angle

terre.

Saint Yves, official & curé en Bretagne, naquit l'an naquit l'an 1253, à Ker-Martin, dans la paroiffe de Menehi, à un quart de leue de Treguier. Il fat curé de Tresdretz, & enfuite de Lohanec jusqu'à fa mort. Son corps fut porté de Lohanec dans la cathédrale de Treguier. Piganol de ta Force, Description de la France, t. 5, p. 246. TREIA. Voyez TREA & TRAJAÑA.

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1. TREIDEN, riviere de l'empire Ruffien, dans la Livonie, au pays de Letten ou Lettie. Elle eft formée de diverles fources, dont les ruiffeaux, qui viennent du midi & de l'orient, fè réuniffent dans un même lit, alors la riviere de Treiden commence à courir du nord oriental au midi occidental, & après avoir mouillé la ville de Wolmar, g. celle de Rop, d. & la fortereffe de Treiden, d. elle va fe jetter dans le golfe de Livonie, près de Sérnikon.

2. TREIDEN, èn latin Tridum, bonne fortereffe de Livonie, fituée dans le territoire de Riga, du comté de Lemfel ; les Moscovites en étoient les maîtres l'an 1576, lorsqué les Polohois s'en emparerent par une rufe ; ils firent déguifer des foldats comme payfans du pays, & les y envoyerent avec des traîneaux chargés de bois, on leur ouvrit inconfiderément la porte; ils entrèrent & oecupèrent la place l'an 1579. Ceux de Riga battirent, près de cette fortereffe, les chevaliers de l'ordre Teutonique. * Zeyler, Topogt. p. 28.

TREIENS, ordre & peuple dont il eft parlé dans une ancienne inscription rapportée dans le tréfor de Goltzius, & qui, felon Lazius, Reip. Rom. l. 4, fe trouve dans la villé de Bergame en Italie.

TREIGNAC, ville de France, dans le Limofin, du diocèle & de l'élection de Tullés, eft fituée dans le bas Limosin, entré Limoges & Tulles, au bord de la Vezere. TREIGNY, village de France, au diocèfe d'Auxerre, à hait lieues de cette villé du côté du couchant d'hiver. C'est peut-être la paroiffe la plus étendue de tout ce diocèse. L'église, du titre de faint Syphorien, eft fort belle. La cure fut anie à l'archidiaconé de Puifaie, dans l'églife d'Auxerre, au treiżiéme fiéclé, lorsque cet archidiocané fut érigé par démembrement du grand archidiaconé en 1249. Le lieu est un peu aquatique.

TRELLEBOURG, bourgade de Suédé, dans la Schonen ou la Seanie, fur la côte méridionale de cette province, entre Falsterbo & Yited. * De l'Ifle, Atlas.

TRELLIN, petite ville d'Angleterre, au pays de Galles, dans Mengemetishire, dans l'endroit où la Saverné reçoit la petite riviere de Lleding. Les Anglois l'appellent WELSHE POOLE.* Blaèu, Atlaš.

TREMBLADE, (la) bourg de France, (a) dans la Saintonge, fur la five gauche de la Seudre, près de fon embouchate dans la mer. Ce bourg, fitué dans l'élection de Marennes, eft très-bien bâti, très-peuplé, ( b ) & uné dépendance de la paroiffè d'Arvert. C'étoit le port le plus confidérable de la province, avant l'établiffément de Rochefort, & les vaiffeaux du roi y étoient armés; il n'y refte à préfent que des marchands & des matelots. On fait encore un afféz gros commerce. (*) De l'Ifle, Atlas. (b) Piganiol, Description de la Francé, t. 5, p. 63. TREMBLAI, (le) pofté françois de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle Francé. Il eft fitué à deux lieues au fud de Montreal.

Y

TREMBLEUR, (le) lien des Pays-Bas, dans le Limbourg Hollandois, au comté de Daelem. Le Trembleur n'est plus qu'un hameau à une petite demi-lieue de Daelem ; il y avoit autrefois une espéce de maifon de ville, dans laquelle la juftice fe rendoit, mais qui a été ruinée par

la guerre. C'eft préfentement à BLEIGNI que réfide ce tribunal. Ce village contient environ cinquante maisons, & il y a une maifon de ville affez jolie. L'églife n'eft qu'une chapelle dépendante de Mortier, qui eft l'églife paroiffiale. Saint-André eft auffi de la dépendance du Trembleur; il y a une églife paroiffiale affez belle, & uniquement occupée paa les catholiques romains. Celle de Bleigni eft également aux catholiques & aux réformés; elle eft deffervie par un miniftre François, établi par le confeil d'état, mais il n'y a qu'environ vingt communians. Le curé de Saint-André dépend de l'évêque de Liége. Le banc, en général, contient environ quatre cents familles, qui font de trois différentes paroifles. Le principal commerce des habitans confifte en platines de fufil & en quel ques étoffes de laine; le terroir eft fertile & d'un grand rapport. Le tribunal eft compofé du mayeur, qui eft en même tems l'officier criminel, & de fept échevins, faus le greffier & le fergent exploitant. C'eft le feigneur qui confere toutes ces charges. * Janiçon, Etat présent de la république des Provinces-unies.

TREMECEN, royaume d'Afrique, dans la Barbarie connú anciennement fous le nom de Mauritanie Céfarienfe. Marmol, description d'Afrique, t. 2, l. 5, c. À ̧ le borne au nord par la mer Méditerranée; à l'orient par la province appellée particulierement l'Afrique, dont il elt féparé par la riviere Sufegemat, anciennement Amfaga; au midi par les déferts de la Barbarie ; & au cou. chant par le royaume de Fez, dont il eft féparé par deux rivieres; l'une appellée Ziz, qui naît des montagnes dé Zénégues, & pallant près de la ville de Garciluyn, & par les états de Quinena, de Matagara & de Reteb, fe va rendre à Sulgumeffe, & de-là dans les déferts, où elle fe convertit en un lac; l'autre riviere eft nommée Muluyes, & descend du grand Atlas, & courant vers le feptentrion, fe va rendre dans la mer Méditerranée, près de la ville d'One. Ce royaume, ajoute Marmol, eft long & étroit, car il à plus de cent cinquante lieues de longueur du levant au couchant, & n'en a pas, en quelques endroits, plus de vingt de largeur, depuis le mont Atlas jusqu'à la mer; mais dans d'autres il y en a jusqu'à cinquanté.

Ce royaume, depuis la décadence de l'empire romain, a été poflédé par divers princes étrangers, auparavant il étoit tenu par les Abduluates. C'étoit une branche d'entre les Zénétés, qui venoit des Magaraos, qui ont dominé toute l'Afrique. Ceux-là furent chaffés par les Romains, & repritent l'émpire depuis, à la faveur des Goths, en leur payant un certain tribut, jusqu'à ce que les fucceffeurs de Maltomer s'emparerent de l'Afrique ; car après la conquête d'Espagne, toutes les provinces d'Afrique furent fujettes aux califes d'Arabie, jusqu'à ce que leur puiffance venant à diminuer par leurs divifions, les Africains, qui s'étoient fauvés dans les déferts de la Libye, commencerént à fe rapprocher, & les Abduluátes, qui n'attendoient que l'occafion, rentrerent dans le royaume de Trémécen, où ils furent reçus à bras ouverts, & re gnerent plus de trois cents ans ; depuis ils furent affujettis par les Almoravides, ou Almohades, qui tantôt les chasfoient, tantôt fe contentoient de les rendre tributaires. Les Almohades furent dépoffédés par les Bénimerins de la nation ou tribu dé Zénéres, fous la conduite d'Abdulac; gouverneur de Fez, & ceux ci furent fubjugués & dépoffédés par les Benivates, autre branche des Zénétes. Ces der niers furent vaincus dans le treiziéme fiécle par les chérifs d'Hescein, descendans des princes Arabes. Ils diviferent le royaume de Trémécén en quatre provinces; la premierė & la principale, eft celle qui porte le nom du royaume de Trémécén; la feconde celle de Tenez; la troifiéme, celle d'Alger, qui eft proprement la Mauritanie Céfarienfe; & la derniere, celle de Bagi, que quelques-uns donnent au royaume de Tunis. Ce fut du tems de Rabmitis que ce pays fut ainfi partagé entre lui & trois autres princes. Comme il étoit le plus puiffant, il choifit la province dont la ville capitale étoit TELEMI CEN, appellée enfaite TELENSIN & au jourd'hui TREMECEN; il y établit fon fiége & fà réfiden ce, & promit de reconnoître les autres pour fouverains dans leurs provinces, ce qui fit que les princes de Te nez, d'Alger & de Bugie, prirent auffi le titre de rois. * Laugier de Taffy, Hiftoire du royaume d'Alger, p. 86 fuivantes.

Les chofes referent dans cet état pendant quelques fié cles, que chaque roi fuivoit les régles que fes prédéceffeurs avoient établies; mais le roi de Trémecen ayant voulu les violer, Albuferiz, roi de Tenez, prince puillant & ambitieux, profita de cette occafion pour prendre les armes : il s'empara de la ville de Bugeya ou Bugie, & pouffant fes conquêtes il obligea le roi de Trémecen de lui demander la paix ; ils convinrent que le roi de Tenez garderoit ce qu'il avoit conquis, & que celui de Trémecen lui payeroit tribut, ce qui s'exécuta jusqu'à la mort du premier qui partagea fes états entre les trois enfans; l'aîné eut le royaume de Tenez, le fecond celui de Gigeri, & le plus jeune nommé Abdalnafız, eut celui de Bugie. Ce dernier rompit avec le roi de Trémecen & lui fit la guerre avec fuccès. Alors les Algériens qui avoient toujours été tributaires du roi de Trémecen voyant la protection trop foible, fe rendirent foible, fe rendirent tributaires de celui de Bugie.

Du tems des conquêtes rapides d'Auruch Barberousse en Afrique, les habitans du royaume de Trémecen, mécontens de leur roi Abuzijen, appellerent le tyran, & lui offrirent le royaume. Barberouffe profitant de fi belles dispofitions pour agrandir fon pouvoir, manda à Cheredin fon frere, à Alger, de lui envoyer inceffamment quelques piéces d'artillerie & d'autres munitions de guerre; & quand il les eut reçues il marcha à grandes journées vers Tréme-cen, avec grand nombre de chevaux chargés des provifions. Le roi de Trémecen ignoroit l'infidélité de fes fujets; mais fach int que Barberoufle s'avançoit dans fon pays avec des troupes il inarcha à fa rencontre : ils fe joignirent dans la plaine d'Aghad des dépendances d'Oran, & fe livrerent bataille. L'artillerie & la mosqueterie de Barberouffe lui donnerent bientôt la victoire fur le roi de Trémecen, qui fut contraint de fe retirer. Ses fujets lui firent trancher la tête, & l'envoyerent au vainqueur avec les clefs de la ville, & lui prêterent ferment de fidélité par leurs députés. Barberoulle fit fortifier Trémecen, jugeant bien que le pays d'Oran, n'aimeroit pas fon voifinage: en effet, le marquis de Comarès, gouverneur de cette derniere place, étant paflé en Espagne en 1517, &, ayant mené avec lui le prince Abuchen-Men ou Buhamu, héritier légitime du royaume de Trémecen, qui s'étoit réfugié à Oran, obtint des troupes de Charles V, pour chatfer l'ufurpateur. Il repalla aufli tôt en Afrique à la tête de dix mille hommes, & marcha vers Trémecen, guidé par Abuchen Men, auquel le jeune prince Selim & plufieurs Arabes & Maures de la campagne fe joignirent. Barberouffe aux premieres nouvelles de cette expédition, fortit avec quinze cents Turcs armés d'arquebufes, & cinq mille Maures à cheval. A peine fut-il forti hors des portes de la ville, que fon confeil fut d'avis d'y rentrer & de s'y retrancher; mais s'appercevant que les hábitans de Trémecen avoient quelque mauvais deffein contre lui, il prit le parti de fe retirer à la faveur de la nuit avec tous fes foldats Turcs, & de prendre la route d'Alger. Le général Espagnol, averti de fon évasion, lui coupa chemin, & le joignit au paflage de la riviere Huexda, à huit lieues de Trémecen. Barberouffe fe voyant perdu, fit femer dans le chemin tout fon or & fon argent, fes bijoux & fa vaisfelle, pour amufer les Espagnols & avoir le tems de paffer la riviere avec les troupes; mais les Espagnols méprifant ces richeffes, chargerent vigoureufement les Turcs, qui faifoient l'arriere garde. Barberouffe repassa aussi tôt la riviere avec fon avant garde, & après avoir tous combattu comme des lions, ils cedérent au nombre, & Barberoufle fut maffacré avec toute fes troupes. Le marquis de ComaTez après cette victoire, marcha vers Trémecen & y entra, failant porter la tête du tyran au bout d'une pique; il mit Abuchen-Men en poffeflion du royaume.

Abuchen-Men paya toute fa vie le tribu qu'il avoit promis aux Espagnols. Après la mort, fon frere Abdala, flaté de l'appui des Algériens, ne voulut rien payer, & depuis ce ne furent que de continuelles révolutions dans ce royaume, les Espagnols dépoffédant celui que les Algériens mettoient fur le trône, & ceux ci challant réciproquement les princes que les Espagnols foutenoient. Pendant ce tems, le chérif Mahamet, après s'être rendu maître du royaume de Fez, ellaya de s'emparer de celui de Trémecen, mais les Algériens le chafferent, & à la fin cet état demeura au pouvoir de ces derniers, qui le poflédent encore actuelle ment, du moins pour la plus grande partie.

Les tois de Trémecen vivoient autrefois avec beaucoup

de magnificence, & étoient les plus anciens princes & les plus confidérables de l'Afrique. Ils ne fe montroient guères que les vendredis pour aller à la mosquée, & ne donnoient audience qu'à ceux de leur confeil, & aux officiers de leur naifon, par les mains desquels toutes les affaires paffoient. La principale charge de l'état étoit celle de mezuar, qui, comme viceroi ou connétable, levoit les troupes, les payoit, les licencioit, & donnoit les charges de la maifon du roi. La feconde charge étoit celle de chancelier ou'fecrétaire d'état, qui tenoit le fceau, & faifoit les expéditions avec le roi. Le troifiéme officier étoit le grand tréforier ou fur-intendant, qui avoit la charge de tous les revenus & du tréfor, & avec un mandement figné du roi, fourniffoit au tréforier ou payeur général, qui étoit le quatrième officier de l'état, tout ce qu'il falloit pour la dépenfe, tant ordinaire qu'extraordinaire. Le cinquiéme officier étoit celui de gouverneur du palais royal, qui avoit la garde du roi. Il y avoit outre cela le grand écuyer, & ceux qui avoient la direction des eftafiers, des chameaux & des tentes, & autres femblables emplois qui obligeoient à fervir en perfonne. Tous ces gens avoient fous eux des officiers & des compagnies de cavalerie qui en dépendoient. Ils s'habilloient magnifiquement, & le piquoient de donner de riches harnois à leurs chevaux. Quand le roi montoit à cheval, fa garde ordinaire étoit de douze ou treize cents chevaux; & lorsqu'il s'agifloit de quelque entreprise, il mandoit les chefs des Arabes, les communautés de Bérebéres, & quelques compagnies d'habitans qu'il n'entretenoit que durant la guerre ; il partageoit entre les gouverneurs & les principaux chefs tous les fujets & toutes les places comme des commanderies. Les Turcs ne donnent pas maintenant dans cette magnificence; car celui que le dey d'Alger envoie commander dans le royaume, n'a pas un équipage royal; & comme il ne fe fie pas aux habitans, toute la garde eft compofée de Turcs & de renégats.

Les campagnes de Trémecen font arides, montueuses, & les environs de la ville font des plaines presque toutes défertes. Les campagnes qui font vers le feptentrion du côté de la mer font fertiles en bleds & en pâturages, & rapportent beaucoup de fruits. Il y a dans ce royaume un nombre d'Arabes très-belliqueux qu'on nomme les Galands de Mélione. Ils font divifés en cinq tribus, qui font Uled Abdala, Uled Muffa, Uled Hacix, Uled Suleyman, & Uled Amar. Elles dominent fur les Bérebéres. Dans toutes les quatre provinces il y a vers le couchant plufieurs montagnes qui abondent en bled & en bétail; elles font peuplées de nations très-vaillantes. Il y a peu de villes en ce royaume; mais elles font bien fituées, & les habitans en font à leur aife, fe traitant bien à la mode du pays; ils font un grand commerce en Guinée, en Numidie & ailleurs. Les Arabes des déferts y font en grand nombre, & fe foucient fort peu des rois de Trémecen, parce qu'ils fe retirent, quand la fantaisie leur en prend, dans les déferts de la Numidie, où l'on n'a garde de les fuivre. Ils reçoivent au contraire des penfions de la part des rois pour maintenir le calme dans le pays; ils fe foulevent quand il leur plaît, & prennent le parti de celui qui les paye le mieux. Ceux qui demeurent fur les montagnes font les Bérebéres, les Zénétes, les Hoares, les Cinhagiens & les Azuages, tous braves gens. Ils s'habillent & vivent mieux que ceux de la Mauritanie Tingitane; ils font auffi mieux armés qu'eux, & favent manier le fufil avec plus d'adreffe ; ils ne font pas fort ennemis des chrétiens, parce qu'ils ont beaucoup de commerce avec eux; enfin, ils ne font pas fi opiniâtres, ni de fi mauvaise humeur que ceux du royaume de Maroc.

TREMECEN, TELEMICEN & TELENSIN', ville d'Afrique, dans la Barbarie, capitale du royaume auquel elle donne fon nom, à douze lieues de la mer Méditerranée. Cette ville, que les anciens appelloient Timifi, & que Prolomée met à 13d so' de longitude, & à 33d 10' de latitude, eft fort grande. Elle eft à fept lieues de la mer Méditerranée du côté du midi. Elle doit fa fondation aux Magaroas d'entre les Zénétes; mais ce n'étoit alors qu'une petite place qui fervoit comme d'une fortereffe contre les Africains des déferts. Elle s'accrut depuis des ruines de Haresgel, & devint tous les jours plus illuftre par la réfidence des rois de Trémecen, qui en firent leur capitale, à caufe de fa fituation avantageufe dans une belle plaine. Le deffein des places & des rues y eft d'un fort bel ordre, & les boutiques

dès

des artifans & des marchands y font rangées comme dans
Fez; mais les maisons n'y font pas fi bien bâties, ni avec
tant de dépenses. Il y a par toute la ville quantité de fuper-
bes mosquées qui ont de grands revenus, & très-bien
pourvues de tout ce qui est néceffaire. Il y a outre cela
cinq principaux colléges d'une belle architecture, bâtis
par quelques rois d'entre les Zénétes, & rentés pour l'en-
tretien d'un certain nombre d'écoliers qui y demeurent, &
qui y ont des maîtres pour leur enfeigner toutes les fcien-
ces naturelles, & les inftruire dans les matieres qui con-
cernent leur religion. Il y a auffi beaucoup de bains & des
hôtelleries à la mode du pays, pour la commodité des
marchands qui y trafiquent. Le quartier de la ville le plus
peuplé eft celui où demeurent les Juifs, qui étoient autre.
fois fort riches; mais qui ayant été pillés à diverfes repri-
fes, font reftés fort pauvres, quoique les Turcs & le Mau-
res les traitent mieux, que le chérif ne traite ceux de Fez,
car ils leur laiffent plus de liberté à trafiquer. La ville eft
embellie de plufieurs fontaines, dont les eaux font condui-
tes par des canaux fouterreins l'espace de trente lieues de
Numidie. Les rois de Trémecen ont toujours donné ordre
de n'en point laifler découvrir les conduits, de peur qu'on
ne la détournât fi la ville venoit à être affiégée. Les murail
les de la ville font belles & hautes, garnies de plufieurs
tours. Il y a cinq portes principales, dans lesquelles il y a,
des corps de garde, & des maifons pour les fermiers des
entrées. Hors de la ville, du côté du midi, eft le palais du
roi, bâti comme une fortereffe, où font divers corps de
logis avec leurs jardins & leurs fontaines. Ce palais a deux
portes, l'une pour fortir à la campagne, & l'autre pour en-
trer dans la ville. Autour de la ville il y a de beaux jardins &
des maifons de plaisance, où durant la paix, les habitans
qui font à leur aife vont demeurer l'été, parce qu'outre
que ce font des lieux agréables, il y a des fources dont l'eau
eft très fraiche. Ajoutez à cela de grandes contrées remplies
de vergers & d'oliviers, où l'on recueille quantité d'huile
& toutes fortes de fruits comme en Europe. On y voit en-
core de grandes treilles qui portent du raifin délicieux ; on
le fait fécher au foleil, & il fe garde toute l'année. A une
lieue de la ville font plufieurs moulins fur le bord de la ri-
viere Ceffif. Cette ville eft gouvernée comme celle de Fez,
il y a des juges, des fergens, des notaires, des avocats &
des procureurs pour les caufes civiles & criminelles, qui font
jugées fuivant le droit de Fez. Le peuple y eft divifé en trois
corps: celui des marchands, l'autre des artifans & le troi-
fiéme de la noblefle, qui comprend les courtifans & les gens
de guerre. Les premiers font bonnes gens, fidéles en leur
commerce, qui vivent avec beaucoup d'ordre & de poli-
ce; ils font faciles à être gouvernés. Les étrangers fe louent
de leur civilité: leur principal négoce fe fait dans la Guinée,
où ils vont porter leurs marchandifes tous les ans ; ils en rap-
portent de l'or de Tibar, de l'ambre gris, du musc, de la
civette, des négres, &c. Ce trafic fe fait par change avec
tant d'avantage du côté de ceux de Trémecen, qu'il ne faut
que deux ou trois voyages à un marchand pour l'enrichir
& c'est ce gain auffi qui les détermine à traverfer avec mille
dar gers les déferts de la Libye. Les artifans font gens fim-
ples & doux, dont le plus grand foin eft de travailler poli-
ment, & de faire des ouvrages achevés. On y fait des cafa-
ques, de riches tapis, des fayes & des mantes fi fines, qu'il
s'en trouve qui ne pefent pas dix onces; outre cela de ri-
ches harnois à la généte avec de beaux étriers, des mors,
des éperons & des tétieres de la meilleure façon d'Afrique;
les artifans font presque tous à leur aife. Les gentilshommes
& les gens de guerre fe piquent fort de nobleffe & de va-
leur, ils ont plufieurs droits & prérogatives qui les diftin-
guent des artifans. Ils s'habillent communément d'affez bon
goût, de ferge, de toile, de foie. Les femmes font belles, &
s'habillent comme à Maroc ; mais les fêtes, les noces & les
feftins fe font de la même forte que dans Fez, quoique.
ceux de Trémecen ne foient pas fi voluptueux ni fi délicats.
Telle eft la description que Marmol donne de cette an-
cienne ville; les chofes font beaucoup changées depuis le
tems où il écrivoit. Les murailles de Trémecen font encore
affez bonnes & flanquées de tours. Il y a cinq portes avec
des ponts-levis & quelques fortifications fuffifantes pour la
défendre contre les rois voifins du royaume d'Alger; mais
on ne reconnoît plus que de triftes reftes de cette ville,
dont les anciens hiftoriens & même les modernes, parlent
avec tant d'éclat & de diftinction, & où les fciences & les

;

arts fleuriffoient. Elle eft peuplée comme les autres villes du royaume d'Alger, de pauvres Arabes, de Maures & de Juifs. Il y a toujours une bonne garnifon. Le bey du Ponent y fait la réfidence dans le tems que la ville d'Oran se trouve entre les mains des Espagnols. La ville de Trémecen eft très-recommandable aux Maures, à caufe d'un fépulchre qui eft auprès; c'est celui d'un morabou, appellé Cidiben-Médian, réputé pour faint, & auquel on attribue des miracles. Il y avoit autrefois, dans fon diftrict, de grandes & belles villes, qui ne font à préfent que de miférables villages. Elle a été épiscopale; fon territoire confine avec le mont Atlas, qui fépare le royaume de Fez de celui d'Alger.

TREMILLE, nom qu'on donnoit anciennement à la Lycie, felon Etienne le géographe.

TREMITHUS, village de l'ifle de Chypre, felon Etienne le géographe. Ptolomée, l. 5, c. 14, en fait une ville qu'il place dans les terres. Elle devint épiscopale, & fon évêque eft nommé Théopompe dans le premier concile de Conftantinople. Cette ville eft appellée TREMITHOPOLIS, dans une médaille qui fe trouve dans le recueil de Goltzius. Ortélius, qui cite Lufignan, dit que c'eft aujourd'hui un village appellé TREMITUNGHE. * Conc. gener. p. 365.

TRÉMITÍ ou les ISLES DE TREMITI, ifles du golfe de Venife, fur la côte d'Italie, de la dépendance du royaume de Naples. Elles font à quelques lieues de diftance de la côte de la Capitanate du côté du nord. Les anciens les nommoient DIOMEDEA INSULA. Voyez cet article. Pline, 1. 10, c. 44, parle d'une forte d'oifeaux nommés Diomédéens, qu'on voyoit dans celles de ces ifles où étoit le tombeau de Diomède. Ces oifeaux, que Juba appelle Cataracta, fans doute à caufe de l'impétuofité avec laquelle ils fondoient de haut en bas fur leur proie, ne fe trouvent point ailleurs. Ils ont des dents, leurs yeux font de la couleur du feu, & pour le refte, ils font tout blancs. Ils ont toujours deux chefs, l'un qui conduit la troupe, l'autre qui la raffemble; mais ce qu'il y a de plus remarquable, ajoute Pline, c'eft que ces oifeaux ont l'inflint de discerner les perfonnes; car ils fatiguent par leurs cris les Barbares qui arrivent dans cette ille, & careffent au contraire les Grecs.

TREMON. Euftathe, in Dionyfium, dit qu'on nommoit ainfi un lieu voifin de l'ifle de Delos, & que l'origine de ce nom venoit des fréquens tremblemens de terre auxquels cette ifle eft fujette. Lycophron fait auffi mention de ce lieu; & Ifacius, qui remarque que c'étoit l'endroit où Ajax avoit été enterré, ajoute qu'il étoit fitué près de Tenos & de Mycone.

TREMONT, lieu de France, au duché de Bar, dans le diocèfe de Toul. Son églife paroifliale eft dédiée à faint Menge. Le chapitre de Liverdun en eft patron. Cette églife fut érigée par M. de Billy. La cure perçoit le tiers des groffes & menues dîmes, & l'abbé de Montiers en Argone, ordre de cîteaux, les deux autres tiers. Le château de Reneffon, où il y a une chapelle dédiée à Notre-Dame, en dépend.

TREMOUILLE (La) ou LA TRIMOUILLE, ville de France dans le Poitou, diocèfe & élection de Poitiers, fur la riviere de Benaife, à douze lieues de Poitiers, à l'orient, aux confins de la Marche. Cette ville a été érigée en duché, & donne le nom à l'illuftre maison de la Tremouille.

TREMP, petite ville d'Espagne, dans la Catalogne, au marquifat de Noguera, fur le Noguera - Pallarefa. Cette ville eft remarquable par la grande quantité de nobleffe qui s'y trouve, car bien qu'elle ait à peine deux cents feux, il y demeure plus de vingt maifons nobles qui poffédent des terres feigneuriales. * Delices d'Espagne p. 627.

1. TREMULA, ville de la Mauritanie Tingitane. L'itinéraire d'Antonin la marque fur la route de Ptocolofida à Tingis, à douze milles au-deffus d'Oppidum-novum.

2. TREMULA, ville d'Espagne, felon Prolomée, l. 2, c. 6 il la donne aux Baftitains, & on croit que c'eft la même que la Turba de Tite Live. Voyez ce mo

TRENT ou TRENTE, riviere d'Angleterre. Elle a fa fource en Staffordshire, paffe par les provinces de Darby, Nottingham & Lincoln, où elle fe décharge dans l'Humber. Elle arrofe en pallant Nottingham, Newarck & Tome Y OOoooa

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Ganesborough. C'eft cette riviere qui divife l'Angleterre en deux parties, l'une feptentrionale & l'autre méridionale. * Etat préfent de la grande Bretagne, t. v, p. 16. TRENTE, ville d'Italie, dans la marche Trévifane au Trentin, dont elle eft la capitale. Elle eft fituée au bas des Alpes, à quatre milles du lac de Garde, à fix de Bolzen, à huit de Verone, & à vingt-quatre d'Inspruck. Cette ville bâtie fur la riviere d'Etsch ou Adige, fe trouve dans une belle vallée, fur un rocher plat, d'une espéce de marbre blanc & rougeâtre. La vallée ou la plaine est environnée de montagnes, presque toute l'année couvertes de neiges. La ville de Trente eft fort ancienne. Strabon, Pline & Prolomée en font mention. Elle dérive fon nom de trois ruiffeaux, qui des montagnes voifines entrent dans la ville, & fa fondation eft attribuée aux anciens Toscans. Après ceux-ci, les Cénomans la doivent avoir réparée & élargie. Elle a obéi fucceffivement aux Romains, aux Goths & aux Lombards. Enfuite elle a fait partie du domaine des ducs de Baviere. Aujourd'hui l'évêque de Trente en eft le feigneur, pour le temporel & le fpirituel. Il eft prince de l'Empire, & pofléde toute la comté de Trente avec plufieurs autres villes, bourgs & feigneuries, en vertu de la donation qui lui en fut faite l'an 1027, par l'empereur Conrad II, & confirmée par les empereurs Frédéric I & II. Il reconnoît pourtant pour fon protecteur le comte de Tirol, qui, pendant la vacance du fiége, envoye à Trente un gouverneur, qui commande jusqu'à ce que l'évêque

foit élu.

que

que

Le circuit de la ville, qui eft d'un fimple mur, n'eft guères d'un mille d'Italie. Ses rues font larges & bien pavées, & fes maifons font affez agréables & folidement bâties. La cathédrale mérite d'être vue, elle eft dédiée à faint Vigile, évêque & martyr, dont le corps y eft conservé avec celui de fainte Maxence, fa mere. Le chapitre eft compofé de nobles & de lettrés, qui ont droit d'élire leur évê que. On montre dans une chapelle de la cathédrale le crucifix miraculeux, fub quo jurata & promulgata fuit fynodus. L'églife où ce concile a tenu fes affemblées, s'appelle fainte Marie Majeure; elle eft petite & bâtie d'un vilain marbre, dont les carreaux ne font que dégroffis. Les orgues de cette églife font d'une extraordinaire grofleur. On y voit dans un grand tableau le concile repréfenté. Dans l'églife de faint Pierre eft le corps du petit faint Simonin. Son hiftoire dit l'an 1276, les Juifs déroberent l'enfant d'un cordonnier nommé Simon, & qu'après lui avoir tiré tout fon fang, d'une maniere extrêmement cruelle, pour s'en fervir dans la célébration d'une de leurs fêtes, ils jetterent le ca. davre dans un canal, qui paffe encore préfentement dans la maifon où la chofe eft arrivée, & où s'affembloit alors leur fynagogue. Le corps fut porté par le ruiffeau dans la riviere, & rapporté par des pêcheurs. L'affaire fut découverte, & les Juifs furent convaincus; on en pendit trente neuf, & les autres furent bannis de la ville à perpétuité. Sixte IV, qui étoit pape alors, ayant été informé de tout le fait, canonifa l'enfant ; & il lui laiffa le nom de Simonin qu'il portoit, & qui eft le diminutif de celui de Simon, le nom de fon pere. Il n'avoit que vingt-huit mois quand il fut martyrifé. On voit le corps dans une châffe, qui eft fur l'autel de la chapelle qu'on lui a dédiée. On garde auffi dans une armoire qui eft à côté, un couteau, des tenailles, quatre grandes aiguilles de fer, dont les bourreaux le tour. menterent, & deux gobelets d'argent, dans lesquels on dit qu'ils burent fon fang.

Les trois églifes dont il vient d'être parlé, font parois frales; & il y en a encore une quatrième qui porte le nom de fainte Marie Magdelaine. Il y a deux maifons religieufes, l'une d'hommes, de l'ordre de faint Auguftin, & l'autre de filles de l'ordre de la fainte Trinité. Dans les fauxbourgs on compte cinq autres églifes; faint Dominique, faint François, faint Laurent, faint Bernard & fainte Claire. Outre cela, il y a quatre hôpitaux. Les portes de la ville de Trente font au nombre de quatre ; celle de Saint-Martin, celle de Saint-Laurent, celle de Sainte-Croix & celle d'Aquilée. On vante le pont qui eft fur la riviere fans qu'on puiffe dire ce qu'il y a d'admirable. On repréfente de même le palais de l'évêque comme un édifice grand & fuperbe, quoique réellement cette maifon foit baffe & de médiocre grandeur, pour un évêque feigneur fpirituel & temporel d'un évêché, qui eft d'une affez grande étendue. Ce prince étoit autrefois fort riche, mais cela a changé. Par un traité fait avec les

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Vénitiens, il condamne les fujets aux galeres pour le fervice de la république, fur les terres de laquelle il peut faire paller une certaine quantité d'huile fans payer d'impôts.

Cette ville a été défolée plufieurs fois par les inondations. La riviere fe déborde fouvent, & les torrens de Levis & de Ferfène tombent quelquefois des montagnes, ec une impétuofité fi terrible, qu'ils entraînent de gros rochers, & les roulent jusques dans la ville. L'air de la ville de Trente eft fort fain, quoique dans l'été il y ait de grandes chaleurs, & que pendant l'hiver il y faffe un froid excetlif. La ville eft féparée en deux quartiers : le plus grand eft habité par les Italiens, & l'autre par les Allemands. Ces deux langues font communes dans cette ville. (a) Mémoires. divers.

TRENTIN, (Le) pays d'Italie, borné au nord par le Tirol, au levant par le Feltrin & le Bellunois du Trevifan Vénitien, au midi par le Vicentin, le Veronèse, le Breslan & le lac de Garde; & au couchant encore par le Breffan & par une partie du lac de Garde. Ses anciens habitans font les TRIDENTINI de Pline, que les François nomment aujourd'hui Trentins, les Italiens Trentini, & les Allemands Trienter. Quelques-uns veulent mettre le Trentin en Allemagne, prétendant qu'il fait partie du Tirol; c'est une erreur. La ville de Trente étoit dans la dixième région de l'ancienne Italie; & l'Italien eft encore le langage vulgaire du pays. Généralement parlant, le pays eft allez fertile. Il produit du grain, beaucoup de vin & de l'huile. Ses principaux

lieux font:

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TRÉON, bourg de France, dans la Normandie, près de Dreux. M. le prince y campa en 1562, avant la bataille de Dreux.

TREPORT, bourg de France, dans la Normandie, au pays de Caux, avec un port de mer & une abbaye de l'ordre de S. Benoît, en latin Ulterior Portus, quoique le nouvel hiftorien du pays de Caux paroille mieux fondé à croire que c'eft Treiz Port du celtique Treiz, qui fignifie fable grevé. Ce bourg eft à fix lieues de Dieppe & d'Abbeville, à trois quarts de lieue au deffous de la ville d'Eu, & féparé de la Picardie & du diocèfe d'Amiens par le canal de la ri viere de Brefle, qui fe jette dans la mer en fortant du port de Treport. Le quai eft pavé, très-bien terralle & revêtu de bonnes pierres; & le canal d'entrée eft accompagné de deux longues jettées de bois; afin que les groffes barques puiffent aborder facilement. L'églife paroiffiale de ce bourg eft dédiée à faint Jacques; elle eft fur le penchant de la côte, & très-bien bâtie, d'une moyenne grandeur, avec une tour fur le portail. Les cinq culs de lampes qui dépendent des traverses de la voûte de la nef, font très-grands, & des plus beaux que l'on voye dans le diocèfe de Rouer. L'églife de l'abbaye confacrée à faint Michel, eft bâtie vers le plus haut de la côte, ainfi que la maifon des religieux. Le chœur eft grand, & un large corridor y regne tout autour; la croifée eft affez vaste, mais la nef a été détruite. Cette abbaye fut fondée en 1036, par Robert, comte d'Eu, & réformée en 1660, par les bénédictins de la congrégation de faint Maur. Ramerus & Drego en ont été les premiers abbés. Les habitans de Treport s'occupent fort à la pêche qui eft affez bonne à leur côte ; ils labourent aufli des terres, & les filles travaillent à la dentelle. Ils vont à la ville d'Eu· pour la juftice, mais ils ont un maire & deux échevins pour la police. La grande rue de ce bourg eft vafte & bien pavée; on y voit plufieurs hôtelleries, & il y a une douzaine de chaffemarées qui voiturent du poiffon à Paris ; on y tient marché le mardi & le famedi, & une foire à la faint Michel. * Corn. Dict. fur des mémoires dreffés fur les lieux en 1702.

TREPSEDI, peuple de l'Afie mineure. Ce peuple ne fub. fiftoit plus du tems de Pline, l. 5, c. 30, ni même du tems d'Eratosthène qu'il cite.

1. TREPTOW, en latin Treptovia, ville d'Allemagne, dans la Poméranie, dont l'une eft appellée TREPTOW SUR LE REGA ou nouveau TREPTOw, & l'autre TREPTOW SUR LE LAC DE TOLL; les anciens les ont nommées TRIBETOW. La ville fituée fur la riviere Rega fut, avec le village Krechhaufen l'an 1285, entourée d'une muraille, après que le duc Boleflas IV l'eut achetée de l'abbé de Belbock, à qui

elle appartenoit par libéralité des anciens ducs, & il lui accorda les droits des villes d'Allemagne. On fait pourtant déja mention de cette ville dans la matricule de Pudglaw l'an 1175. Anaftafie, veuve de Boleflas II, y fonda un couvent de religieufes l'an 1223, appellé aujourd'hui cour de Cuifine. Les bourgeois peuvent trafiquer fur mer par le moyen de la riviere Rega. Il y a foire içi le jour de S. Pierre & S. Paul, & après le dimanche Efto mihi. Les Impériaux voulurent furprendre cette ville en 1630, & firent tous leurs efforts pendant la nuit pour en ouvrir par force deux mais on leur fit fi bonne réfiftance, qu'ils furent coutraints de fe retirer. Proche de la ville on voit les ruines du monastère de Belbock ou Bialbuck, qui veut dire Dieu blanc, de l'ordre des prémontrés ; il avoit été richement fondé par Bogiflas I, & Cafimir I, ducs de Pomeranie. * Zeyler, Top. Pomer. p. 116.

2. TREPTOW, SUR LE LAC DE TOLL, dit auffi VIEUX TREPTOW, parce que c'eft une ville fort ancienne, eft fitué aux confins du duché de Meckelbourg. Elle étoit autrefois plus forte & mieux peuplée qu'aujourd'hui ; il y avoit auffi un monastère. Elle tient trois foires par an, & elle a de petites rivieres fort faines, dont la campagne eft arrofée. L'évêque Othon de Bamberg fit convertir par fes prêtres les habitans à la foi chrétienne. L'an 1468, les ducs de Meckelbourg affiégerent cette ville, & l'obligerent par le feu de fe rendre. Après avoir réduit la moitié de la ville en cendres, ils y mirent une garnifon de deux cents hommes; mais le duc Wartiflas qui s'étoit engagé de défendre les places de la Pomeranie antérieure, reprit la ville par ftratageme; il avoit envoyé au-devant un chariot accommodé d'une façon qu'étant au milieu de la porte il fe rompit ; là-deffus les Pomeraniens qui étoient tout proche en embuscade, fortirent en foule, entrerent par force dans la ville, & fe rendirent maîtres de la garnifon de Meckelbourg. L'an 1631, les Impériaux en fortirent, ne trouvant pas à propos d'y attendre le roi de Suéde, qui s'empara de la ville fans peine.

TRERES. Voyez TRERUS.

TRERIENSES, peuples dont parle Pline, 1.8, d'après Théophrafte. Quelques exemplaires lifent ETRERIENSES; mais le pere Hardouin aime mieux lire RHOETIENSES avec Alien, hift. anim. l. 11, c. 8, qui dit comme Pline, que ces peuples furent chaffés de leur ville par les Cloportes. Dans un endroit Elien écrit Pos, & dans un autre Purus; cette derniere façon de lire eft la mauvaise, felon le pere Hardouin. Quoi qu'il en foit, elles appuyent toutes deux la correction qu'il a faite. Rhytium, felon Pline & Etienne le géographe, eft une ville de l'ifle de Créte, & RHOETIUM eft une ville de la Troade, au lieu que les Trerienses & les ETRERIENSES font abfolument incon

nus.

TRERO, riviere d'Italie, dans la Campagne de Rome, en latin Trerus. Elle naît proche d'Agnani, & prenant fon cours vers l'orient méridional, elle mouille Montollaneco, Gavignano, Frofinone, Ceccano, Pofi, Ceperano, & dans cette course s'étant groffie des eaux de la riviere de Cola & de quelques autres, elle va fe rendre dans le Garigliano, à Ifoletta, aux confins de la terre de Labour. Magin ne nomme point cette riviere, il décrit feulement fon cours. Magin, Carte de la Campagne de Rome. Baudrand, Dict.

*

TRERON. Voyez TRARON. TRERONES, peuples qui faifoient fouvent des courfes à la droite du Pont-Euxin, dans les pays voifins, & jusques dans la Paphlagonie & dans la Phrygie. Ces peuples, dit Strabon, l. 1, p. 61, étoient les mêmes que les Cimmériens, ou du moins quelque peuple d'entr'eux.

peu

1.TRERUS, petite contrée de la Thrace, felon Etienne le géographe, qui nomme fes habitans TRERES. Ces ples, felon Pline, l. 4, c. 10, habitoient aux environs de la Dardanie, de la Macédoine & de la Piérie. Thucydide, 1.2, p. 166, les met fur le mont Scomius, appellé Scopius par Pline, l. 4, c. 10, & qui tient au mont Rhodope. Strabon, l. 1, p. 61, & l. 14, p. 647, dit qu'ils étoient Cimmériens d'origine, que comme ceux-ci ils firent des courfes dans divers pays, & que la fortune les favorifa pendant long-tems.

1.

2. TRERUS, fleuve d'Italie, dans le Latium. Strabon, S,P.237, dir que ce fleuve mouilloit la ville de Fabra. teria qui étoit fur la voie Latine.

1. TRES-TABERNE. Voyez TABERNE.

2. TRES-TABERNE ou TABERNA, ville d'Italie, dans le Brutium, aujourd'hui dans la Calabre ultérieure, au vicariat romain, fur le Simari. C'étoit, felon l'abbé de Commainville, une ville épiscopale, dont le fiége fut transféré à Catanzaro l'an 1122.

3. TRES-TABERNÆ, lieu d'Italie, dans la Campagne de Rome, & où l'hiftoire Miscellanée, & Zozime, /. 2, difent que l'empereur Sévére fut tué par Maxence. Ciceron lib. 2, Attic. ep. 10, qui parle de ce lieu, fait entendre qu'il n'étoit pas éloigné de la voie Appienne, & un peu plus loin que le marché d'Appius. Les chrétiens qui étoient à Rome allerent au-devant de faint Paul jusqu'au lieu nommé LES TROIS LOGES (Tres Taberna.) L'itinéraire d'Antonin marque ce lieu fur la route de Rome à la Colomne, en fuivant la voie Appienne, entre Aricia & Appii Forum, à dixfept milles du premier de ces lieux, & à dix-huit milles du fecond. Le nom moderne eft CISTERNA. Voyez ce mot.

* Act. 28, 15.

Langlet du Fresnoy s'eft trompé en difant que c'est Cifterna; mais Holltenius dit Trillm Tabernarum vestigia haud procul inde in ipfà viâ appiâ conspiciuntur, & cela eft vrai, dit D. Matheo Egitio, lettre à cet abbé.

Cette ville a été épiscopale. L'évêché fut transféré à Veletri, & de Veletri à Oftie. On trouve Decius Triumtaber. nenfis parmi les fouscriptions du concile tenu à Rome l'an 487.* Hardouin, Collect. conc. t. 2, p. 877.

4. TRES-TABERNÆ, lieu de la Macédoine. L'itiné raire d'Antonin le marque fur la route de Dyrrachium à Byzance, entre Scampis & Lychnidum, à vingt-huit milles du premier de ces lieux, & à vingt-fept milles du fe

cond.

TRES-TURRES. Voyez TRIPYRGA.

TRESEN, felon Corneille, & TROSA, felon de l'Ifle bourg de Suéde, dans la Sudermanie, avec un port fur la côte de la mer Baltique, à dix lieues de Stockholm vers l'orient méridional, & à quatre ou cinq lieues de Nykoping, vers le nord oriental.

diocèle & de l'élection de Meaux. C'étoit ci devant un TRESMES, duché-prairie de France, dans la Brie, du comté qui a été érigé en duché-prairie fous le nom de Gesvres, en faveur de René Potier, comte de Tresmes en 1663.

TRESNEL, bourg & marquifat de France, dans la Champagne, diocèle & élection de Sens. Cette terre appartient au marquis du même nom, de la maifon de Harville. Elle vaut quatre mille cinq cents livres de rente, releve du roi à caufe de la groffe tour de Troyes, & a de très-belles mouvances. Le feigneur a la nomination de fix canonicats qui compofent un petit chapitre dans ce lieu.

TRESOR, (Le) abbaye de France, dans le Vexin Nor mand, au diocèfe de Rouen. Cette abbaye, qui eft de l'ordre de cîteaux, & bâtie pour des filles, eft fituée fur la paroiffe de Bus, à deux lieues de Saint-Clair fur Epte & de Vernon, près de Baudemont. L'églife de l'abbaye eft allez grande, & les bâtimens des religieufes font fort commodes. Le tout eft fermé d'un enclos très-vafte & bien planté au pied d'une côte, à quelque distance des maifons de la paroiffe de Bus, dont l'églife, conftruite près du château ou maison seigneuriale, flanquée de quatre bonnes tours aux quatre angles, porte le titre de Notre-Dame. M. Chastelain, chanoine de Paris, obferva en y paffant l'an 1685, que ces religieufes étoient alors les feules qui n'euffent pas encore cellé de chanter tout à notes, même les ténébres fériales, & que ce n'étoit que depuis 1683, qu'elles avoient ceffé de dire ténébres à cinq heures du matin. Le nouvel hiftorien du Vexin dit que cette abbaye eft de la filiation de Clairvaux, & de la dépendance des Vaux-de-Cernay; il met la fondation en 1228, fous le titre de Notre-Dame, par Raoul du Bu, fur fon fief du Bu dans la vallée de Chantepie. Les religieufes furent tirées de l'abbaye d'Espagne,' près d'Abbeville. Maurice, archevêque de Rouen, fit la dédicace de l'église en 1232. Saint Louis en eft le prin cipal bienfaiteur. * Corneille, Dict. fur mémoires manuscrits.

TRESPORTAS, lieu de France, dans la Marche, du diocèfe de Limoges, fous l'élection de Gueret. Les terres y font affez fertiles en feigle & bled noire, aveines & raves; les pâcages & les foins font affez bons. Il s'y fait un comTome V. QOooooij

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