ci devant, sur le tapis de la chaire du prédicateur, en l'église de saint Urbain, qu'il a fait bâtir, les marques de sa naissance. Ce tapis représentoit un cordonnier travaillant de fon métier; mais on l'a supprimé. On ne souffre à Troyes aucun hérétique; l'un de ses évêques nommé Antoine Caraccioli, de la maison des princes de Melphe en Italie, y ayant prêché la doctrine de Luther, les habitans le chasserent de la ville, & aucun hérétique ne s'y est depuis présenté pour y faire sa demeure. Après que Louis XIV eut interdit l'exercice de la religion protestante dans son royaume, cette ville lui fit ériger une statue qu'on voit au-dessus de la porte de l'hôtel de ville. La victoire y paroît, avec plusieurs couronnes de laurier, qu'elle met sur la tête du héros: on remarque, aux pieds de la statue, une hydre terrassée, qui est le symbole de l'hérésie, & on lit ces quatre vers gravés sur un marbre. Ille est quem totis ambit Victoria pennis, Il y a dans cette ville une fingularité remarquable, & qui paroîtra fabuleuse à ceux qui n'ont point été à Troyes, ou qui n'y ont point fait d'attention: elle est néanmoins très-certaine; c'est qu'il n'entre point de mouches dans la boucherie, quoiqu'elle soit fort grande, & qu'aux environs de ce lieu, il y en ait, dans la saison, une trèsgrande quantité. Quelques uns attribuent cette merveille à un talisman, d'autres aux prieres de l'évêque saint Loup. Ce fut à Troyes que se fit le mariage de Catherine de France avec Henri V, roi d'Angleterre. L'évêché de Troyes est borné au septentrion par les diocèses de Châlons & de Soissons, au midi par ceux de Langres & de Sens, au levant par ceux de Châlons & de Langres, & au couchant par l'archevêché de Sens, dont il est suffragant. Il a vingtcinq lieues de long, sur vingt-deux de large, dans sa plus grande étendue. Il est composé de trois cents soixantedouze paroilles, & de quatre-vingt-dix-huit annexes, nexes, divisé en huit doyennés, sous cinq archidiacres. Outre la ville de Troyes, qui est la principale, les autres lieux les plus considérables de ce diocèse, sont : Parmi le grand nombre d'évêques qui ont gouverné ce diocèse, on compte dix-huit faints. Cet évêché ne vaut que huit mille livres de revenu; l'église cathédrale est dédiée à faint Pierre; fon chapitre est composé de huit dignités: le doyen, le chantre, le sous-chantre, qui est nommé par le chantre, cinq archidiacres, & trente sept chanoines. Il y a encore quatre autres chanoines, dits de la chapelle Notre-Dame, dont les prébendes ne valent pas plus de deux cents cinquante livres par an, & qui, outre l'assistance qu'ils doivent à l'office de cette église, sont encore obligés de dire tous les jours une messe de la Vierge, dans la chapelle qui lui est consacrée. Les autres canonicats font à la collation du roi & de l'évêque alternativement, & font environ de fix cents livres chacun. Le titulaire du prieuré de saint George, dont le revenu est de douze cents livres, dépendant de l'abbé de saint Quentin de Beauvais, a séance, du jour de sa réception, avec les chanoines de cette église ; mais il n'a point de voix au chapitre. Il y a encore, dans saint Pierre, deux marguilliers prêtres, qui ont la charge du trésor des reliques, qui sont considérables, & qui ont été apportées de Constantinople au retour de la croisade de 1204; mais les reliquaires ont été vendus pour aider à payer la rançon des rois Jean & François I. En l'an 878, le pape Jean VIII y couronna le roi Louis le Bégue, & y tint un concile, où se trouverent presque tous les prélats des Gaules. Les chanoines de cette église ont vécu en commun avec leur évêque, depuis saint Alderal, & le bienheureux Manassès, quarante-sepriéme évêque de Troyes, environ l'an 98; ou 993, jusqu'au pontificat de Philippe, cinquante-quatrième évêque de Troyes, avec lequel ils firent mense à part, ce qui dura environ cent ans; cet évêque ayant commencé son pontificat en 1082. Néanmoins, pour conserver une idée de cette vie commune, l'évêque traitoit les chanoines quatre fois l'an; à Pâques, à la Pentecôte, à la Touflains & à Noël; mais cet usage est fini, moyennant la somme de dix livres que l'évêque donne tous les ans au chapitre. Environ l'an 870, sous le regne de Charles le Chauve, cette église, étant tombée en ruine, fut rebâtie; & en 1167, on fupprima la dignité de prévôt, qui étoit la premiere. * Baugier, Mém. hist. de Champagne, tom. 1, p. 186 & suiv. Troyes fut brûlée par un accident le 19 juillet 1188. L'église de saint Pierre étoit couverte de plomb. L'église de saint Etienne, que le comte Henri avoit fait bâtir, eut le même sort, avec tous les ornemens & vaisseaux d'or & d'argent : cette perte fut inestimable. Le chœur fut rétabli en 1208, & en 1227 un vent impérueux le renversa par terre. Le pape Grégoire IX, par sa balle du 10 septembre 1229, donnée à Pérouse, invita tous les chrétiens de contribuer à sa réparation. Après qu'elle eut été réparée, de grands vents & tourbillons jetterent en bas le clocher, qui étoit fort élevé & beau, ce qui endommagea beaucoup cette églife. Cet accident arriva le mercredi avant l'Afsomption 1355. Cette église n'a été enfin rebâtie, en l'état où elle est aujourd'hui, que sous le regne de François I. C'est un vaisseau des plus grands, des plus éclairés & des plus beaux qui soient en France: son portail est d'un fort beau dessein; mais on a laillé imparfaite la tour du côté gauche de ce portail. On y conserve plusieurs reliques confiderables, dont les principales font, un morceau de la vraie croix, de dix pouces de longueur ; un baffin dont on prétend que Jesus-Christ se servit pour laver les pieds à ses apôtres; le crâne de saint Philippe apôtre, au-dessus duquel est la couronne d'or d'Henri le Libéral, comte de Champagne; un reliquaire d'or, dans lequel est un des pieds de sainte Marguerite, en chair & en os, très. palpable, avec plusieurs corps de faints. L'église collégiale de faint Etienne étoit autrefois deffervie par dix dignités & cent chanoines, dont il n'en reste plus que cinquantesept, qui sont à la collation du roi: ainsi que huit des dignités de cette église, le doyen en étant excepté, parce qu'il est électif, & doit être confirmé par l'évêque de Troyes; les autres dignités font, le prévôt, le soudoyen, le trésorier, le chantre, le célerier, le chevecier & le scholaftique : toutes ces dignités ont chacune le double d'un chanoine, excepté le trésorier & le chevecier, qui ont davantage; les canonicats peuvent avoir environ cinq cents livres de rente. Ce chapitre est de la jurisdiction de l'archevêque de Sens. En une vitre de cette église est écrit : L'an de grace mille neuf vingt ans, Le titre de fondation de ces chanoines est de l'an 1157, par Henri I du nom, comte de Champagne; ils vivoient en commun, & chantoient les matines la nuit. Ce comte affittoit souvent à l'office, & portoit sa gibeciere de velours rouge & sa toque de même étoffe, couverte de pierreries que l'on voit encore dans le trésor de cette église. Son tombeau est le plus proche de l'aigle dans le chœur. Il a fix pieds de longueur, & deux & demi de largeur. La base, qui est posée sur un piédestal, est garnie de cuivre, ornée de feuillages, & enrichie de plusieurs piéces très-riches & parfaitement émaillées, dont les desseins font tout différens. On voit, au pied de ce tombeau, celui de Thibault III, comte de Champagne; sa femme Blanche de Navarre le fit élever, il est de même hauteur, longueur & largeur que le précédent, & fur le même piédestal; mais il est plus beau, & enrichi d'un grand nombre de pierreries, d'émaux rares, & de plusieurs figures d'argent qui représentent la famille des comtes de Champagne. Le jubé de cette église est estimé des connoiffeurs. On y remarque quatre figures d'un travail exquis: & il y a peu de trésors en France qui approchent de la richetse & de la beauté de celui qu'on admire dans cette église. L'église collégiale de saint Urbain, qui dépend immé diatement du faint fiége, est fondée par le pape Urbain IV, & bâtie au même endroit où ce pontife prit naissance : elle fut achevée par le cardinal de sainte Praxede, son neveu, & confacrée en l'an 1389, par Pierre d'Arcies, foixante-quatorziéme évêque de Troyes. Son chapitre est composé d'un doyen, d'un trésorier, d'un chantre & de neuf chanoines, dont les prébendes ne valent pas à préfent plus de cent cinquante livres chacune. Le doyen, qui est électif, & qui doit être confirmé par le pape, a le double, & les deux autres dignités ont chacune une prébende & demie: elles sont à la collation du roi & du doyen alternativement. Il y a aussi quatre chapelains de Notre-Dame & de saint Nicolas, pour faire l'office, & d'autres chapelains, qui sont nommés par le doyen seul. La ville de Troyes a quatorze paroisses, deux abbayes d'hommes & une de filles. L'abbaye de saint Loup, de l'ordre de saint Augustin, étoit en réputation dès l'année 690, & avoit alors pour abbé Theudecaire. Le 26 mai 724, l'église fut consacrée en l'honneur de la Vierge. En 870, Charles le Chauve y donna plusieurs biens, & la fit rebâtir. Suivant le sentiment de l'abbé Guitere, qui vivoit l'an 1154, cette abbaye étoit au fauxbourg de Troyes, où est maintenant saint Martin ès Aires, laquelle ayant été ruinée par les Normands en 892, les religieux se retirerent dans la ville, où ils font à présent, & y apporterent le corps de saint Loup. On appelloit alors l'église, qui n'étoit qu'une chapelle, Notre-Dame de la Cité, Maria de Civitate. Cette abbaye a été autrefois desservie par un collége de chanoines régis par un prévôt. Le 29 de novembre 1135, cette abbaye prit la régle de saint Augustin, par la conduite d'Hatton, cinquante - fixiéme évêque de Troyes, & de saint Bernard, & par l'autorité de Thibault II du nom, comte de Champagne, qui, charmé de la vie exemplaire des religieux de saint Martin ès Aires, & prenant occasion de ce que le service divin languissoit dans l'abbaye de saint Loup, y établit cette régle, par l'avis de plusieurs prélats & de saint Bernard, du confentement des chanoines, avec cette condition, qu'ils ne fortiroient point de leur église, qu'ils y resteroient pendant leur vie, qu'arrivant le décès de l'un d'eux, sa place seroit remplie par un régulier de saint Augustin: ce qui fut accordé. Il n'y eut point d'abbé établi d'abord ; mais Guillaume, abbé de saint Martin, gouverna cette maison pendant dix-huit mois, après lesquels le pape Innocent II, à la priere de Thibault, comte de Champagne, écrivit à cet abbé Guillaume de continuer à gouverner les chanoines de saint Loup, & qu'en la place de ceux qui viendroient à mourir, il n'y mît que des réguliers; & que si cette abbaye venoit à perdre sa discipline réguliere, elle seroit réformée par celle de faint Martin, & respectivement celle de saint Martin par l'abbaye de saint Loup; & que si la régularité venoit à manquer à toutes les deux, les abbés de Clairvaux & de Pontigny les réformeroient: c'est ce qui se lit en la bulle de ce pape de l'an 1136. 12 juin 11 1137, on fit Gerard, prieur de saint Martin, abbé de saint Loup. En 1153 0 1163, Henri I du nom, comte de Champagne, donna plusieurs biens à cette abbaye, avec une prébende de l'église de saint Etienne, & un livre des évangiles, couvert de lames d'argent & de pierreries, dans lequel cette donation est écrite, avec défense de le vendre pour quelque cause que ce soit. On voit, dans ce même livre, le portrait d'Henri, fils de ce comte, qui est représenté fort jeune, afin de conserver la mémoire de la naissance de ce prince, arrivée le jour de saint Loup, & du don fait, par le comte son pere, en action de graces de la naissance de ce prince. En 1184, le comte Henri II du nom, confirma les donations que ses prédécesseurs avoient faites à cette abbaye, lui donna encore de nouveaux biens, & lui accorda de nouveaux droits. L'église de saint Loup ett en forme de croix, & tous les croiffants sont de même forme & grandeur; fon autel est superbe & magnifique. On prétend que le reliquaire, en forme de chef, qui renferme la tête de saint Loup, vaut plus de deux cents mille livres ; on y admire les figures de l'autel de saint Augustin & de sainte Monique, & le tombeau de Nicolas Fréjot, abbé régulier de cette maison. Cette abbaye vaut fix mille livres de rente à l'abbé, & trois mille livres aux religieux, qui font au nombre de huit, y compris deux religieux de l'abbaye de Chante-Merle, dont le monastère fut supprimé Le en 1690. Il a été uni à la mense conventuelle de l'abbaye de saint Loup, à condition de recevoir deux religieux, qui porteroient le nom de religieux de Chante - Merle, pour lesquels l'abbé de ce lieu doit donner, aux religieux de saint Loup, sept cents livres par chacune année. Cette abbaye de Chante-Merle étoit dans un bourg fermé de murailles, entre Ville-Noce & Barbonne; elle étoit autrefois fort belle & fort agréable. Ces deux abbayes ont toujours eu entr'elles une alliance spirituelle, comme il se voit dans le livre des obits de l'abbaye de saint Loup. L'abbaye de saint Martin ès Aires, en latin in Areis, est de l'ordre de saint Augustin. En 427, saint Loup fut enterré dans une chapelle baffe & obscure de l'église de cette abbaye, dite de saint Vorle. On prétend que ce saint, qui fut le huitième évêque de Troyes, fit bâtir cette abbaye en 523. Elle étoit, en ce tems, hors de la ville, depuis, ayant été renfermée dans son enceinte, on la nomma Notre-Dame de la Cité, ensuite saint Martin ès Aires, qui est le nom qu'elle porte aujourd'hui. Elle fut ruinée par les Normands en 892. Cette abbaye vaut deux mille livres de rente à l'abbé aux religieux, au nombre de quatre, douze cents li vres. & On voit dans l'église de saint Nicolas un sépulcre de Notre-Seigneur; il est d'un beau travail, & fait avec toutes les dimensions de celui de Jerufalem. Les vitres de l'église de saint Pantaleon sont très-belles & d'un grand prix, ainsi que les tableaux & les figures dont elle est remplie. L'abbaye de filles, sous le titre de Notre-Dame, est de l'ordre de saint Benoît; on croit qu'elle a été fondée environ l'an 681 par saint Leuçon, dix-huitiéme évêque de Troyes, qui y mit des femmes & des filles idolâtres qu'il avoit converties a la foi. Il paroît par une chartre de l'an 1185, donnée par Gertrude, abbesse de ce monastère, en faveur des chanoines de saint Nicolas de Sezanne, qu'il y avoit alors dans cette abbaye, outre les religieuses, des chanoines, des convers ou oblats qui portoient l'habit de religieux & des servans de la maison; qu'il y avoit aussi un prévôt qui rendoit la justice, & deux évangélistes qui y chantoient l'évangile. Il y a à présent dans ce monastère, outre l'abbesse , quarante religieuses, dont le revenu est de dix mille livres. Les chevaliers de Malthe ont dans cette ville une commanderie, dont le revenu est de douze mille livres. Il y a en outre, dans cette ville, un prieuré de saint Quentin, de l'ordre de saint Benoît, qui vaut sept cents livres de rente. Un féminaire dans l'un des fauxbourgs pour l'instruction des jeunes ecclésiastiques, gouverné par les prêtres de la mission; son revenu est de quarante-cinq mille livres, dont trois mille s'imposent sur le clergé de Troyes. François Bouthilier, ancien évêque de Troyes, a fait bâtir à ses dépens un autre petit séminaire pour y élever de jeunes gens qui marquent avoir de l'inclination pour l'état ecclésiastique, & qui n'ont pas le moyen d'étudier à leurs dépens. Ce prélat a obtenu la permission du roi de faire cet établissement en 1695. Une maison des prêtres de l'oratoire de Jesus, au nombre de sept ou huit, qui arriverent à Troyes le 27 février 1618, ils furent logés pendant quelques jours dans l'évêché, & ensuite dans une maison acquise en leur nom le 4 novembre 1619. Ils entrerent dans l'hôpital du saint Esprit qu'ils eurent par échange d'une prébende de saint Honoré de Paris. Cet hopital fut uni à leur congrégation du confentement du grand aumônier de France & des habitans de la ville. Cette maison n'a que sept cents livres de revenu, outre les pensions que payent ceux qui y demeurent. Ces peres de l'oratoire enseignent les humanités, la philosophie & la théologie dans un collége fondé en partie par M. de Pithou. Il y a encore dans Troyes, un couvent de dominicains où il y a douze religieux; ils ont été établis par Thibault IV du nom, comte de Champagne, qui leur donna la maison de Guy de Chappes, située auprès de son verger de Troyes. La chartre est datée du mois de juin 1232. En l'année 1237, Agnès, dane de Plancy, donna à ces religieux, du consentement de ses enfans, sa maison qui étoit proche de leur couvent. Le roi Philippe le Long leur donna un fossé venant de la Seine, proche de leur maison, & quelques maisons de tanneurs. Le titre de cette donation est Tome V. ss ff ff ij 4 5 daré de Chaours en Champagne, au mois de novembre 1319. On admire la statue de saint Dominique qui est à l'entrée de l'église, & les chaises du chœur qui sont d'un travail exquis. On y voit des bustes & des piéces de sculpture achevées dans les embrasemens, & des vitres admirables dans la bibliotheque. Un couvent de cordeliers qui est très-bien bâti, où il y a vingt religieux; ils ont été établis en 1237 par le même <comte Thibault, qui leur donna une belle maison hors de la ville, proche la porte César, que l'on nomme Comporté, dans laquelle ils demeurerent l'espace de vingt ans, jusqu'à ce que ce comte leur en donna une plus grande & plus belle dans l'enceinte de la ville, & mit en la premiere des religieux de la trinité. La bibliotheque des cordeliers est publique trois fois la semaine. Ce vaisseau qui contient cinq arcades voûtées, est grand & bien éclairé, il est au-dessus d'une large galerie voûtée & vitrée, ensuite de laquelle est le cloître qui est aussi voûté. Les religieux de la trinité, dits Mathurins, ont été éta blis à Troyes en 1263 par le même comte Thibault, qui leur donna la maison où étoient auparavant les cordeliers, & le comte Thibault V leur donna fix muids de froment à la grande mesure de Troyes, & cinquante livres, monnoie de Provins, avec exemption de toutes entrées, péages, gabelle & autres. La chartre est du mois d'avril 1250, il leur donna aussi la même année le droit de pêcher dans les fossés de Troyes, depuis la porte de Comporté, jusqu'au cours de la Seiné, avec permission de faire un petit ruisseau pour avoir de l'eau. En 1263, ce comte leur donna encore deux cents arpens de bois en fonds assis dans le commun usage d'ifles. Au mois d'avril 1590, le comte de Saint-Paul qui commandoit dans Troyes pour la ligue, fit abattre l'église de ces religieux, qui furent établis dans un prieuré de Clugni dépendant de Gaye, situé au fauxbourg Saint-Jacques. Il y a fix religieux qui ont trois mille livres de rente. Un couvent de capucins de trente religieux; ils ont été établis & reçus en 1610 par le soins & sous la protection de Charles de Gonzague, gouverneur de Champagne & de Brie. Une chartreuse établie environ deux cents vingt-neuf ans après la grande chartreuse de Grenoble; ainsi il y a apparence que cet établissement se fit en 1315, elle est éloigné de la ville d'une demi-lieue. Son fondateur fut Pierre de Moussey. Il paroît par une chartre du mois de mars 1326 du roi Charles IV, datée de Vincennes, que ce prince confirma alors cette fondation. Après la mort de Pierre de Moussey, Jean Garnier, chanoine de saint Etienne, & depuis doyen de faint Urbain, donna à ces religieux une place qu'il avoit achetée à une demi-lieue de Troyes, nommée Laprée ; ce qu'ils accepterent le vendredi avant la Pentecôte 1332. elles furent mises en la maison dite de saint Abraham, qui étoit aux filles pénitentes, & elles ont pris le même institur. Il paroît que le testament de Pierre d'Arcies, foixantequatorziéme évêque de Troyes, qui mourut en 1395, qu'il avoit à Troyes un monastère de religieuses nommées FillesDieu qui ne subsiste plus, & qui ne peut être le même que la Maison-Dieu de faint Abraham, puisqu'il les distingue par son testament; ainsi il y a lieu de croire que ce monastère de Filles - Dieu a été ruiné par les guerres des Anglois ou par quelque autre accident. On prétend à Troyes que ce monastère étoit dans la petite rue appellée encore aujourd'hui la ruelle des Filles - Dieu. On a même trouvé plusieurs sépultures dans les jardins qui en sont proches, & on croit que ces religieuses furent transférées à Jouare. Tous les dimanches, à l'issue de la messe de paroisse, on distribue dans l'église de la Magdelaine de Troyes, cent soixante petits pains du poids de dix onces chacun, à autant de pauvres qui font appellés les uns après les autres, & aux quatre-tems de l'année on en donne encore quatre-vingts, ce qui a été fondé en 1534 par Nicolas Fay & Isabeau son épouse. Cette fondation est gravée sur une lame de cuivre proche de leur sépulture, & fur les fonts baptismaux de cuivre de cette église qu'ils ont fait faire. Il y avoit à Troyes plusieurs hôpitaux qui ont été unis en un par lettres patentes de Louis XIII, du mois d'avril 1630. L'hôtel de ville est un bâtiment assez considérable; c'est un grand corps de logis qui a deux aîles en retour. La statue de marbre blanc qui est sur la porte, représente Louis le Grand, & est un des présens & un des chefs - d'œuvre de Girardon. Saint Patrocle, dit saint Parre, fut martyrilé à Troyes dans le troisiéme siécle, foit sous Valerien, soit sous Maximien Hercule. Saint Sabinien ou Savinien, martyr de Troyes au troisième siècle. Saint Loup fut fait évêque l'an 426, après saint Ours, & mourut en 478. Saint Aventin, solitaire du diocèse de Troyes, dont le corps repose dans la ville. Saint Vinebaud du monastère de saint Loup. lès-Troyes, qui ayant été ruiné par les Normands, fut rebâti ensuite dans l'enceinte de la ville. Ce saint vivoit aux sixiéme & feptiéme siécles. Saint Prudence, évêque de Troyes au neuvième siècle, sous Charles le Chauve. Saint Victor ou faint Victre d'Arcis sur-Aube, au diocèse de Troyes, dont le corps est dans l'abbaye de Montirame. Saint Fale, abbé de l'ifle, à deux lieues de Troyes, disciple de faint Aventin, dont le corps est à Montier-laCelle. Sainte Maure, vierge, née à Troyes, & morte au Le mardi après la Toussaints 1341, Jean d'Aubigny, foi-même lieu du teins de l'évêque saint Prudence, vers le milieu burlesque, histoire, politique, philosophie, théologie, jurisprudence, &c. ont tour à tour occupé sa plume. Sa traduction des cent cinquante pseaumes passe pour le meilleur de ses ouvrages. xante-neuviéme évêque de Troyes, donna par testament à ces solitaires la moitié de ses meubles, & au mois de novembre 1389, Jeanne d'Evreux, reine de France, veuve de Philippe VI, dit de Valois, leur donna sa maison, dite de Blanc-foffé, proche l'église de Notre-Dame de Laprée, avec toute jurisdiction & seigneurie. En 1622, ce lieu de Laprée où étoient les chartreux, fut érigé en prieuré de l'ordre de saint Benoît, sous le titre de sainte Scholastique, & les chartreux furent transférés proche l'Echerelle, où ils ont commencé de faire bâtir une chartreuse: il n'y a que fix religieux qui ont six mille livres de rente. Deux couvens de carmélites; l'un, dans la ville, fondé par la mere Marie de Megrigny qui n'a que quinze cents livres de revenu; l'autre, dans un fauxbourg qui a deux mille livres de rente. Il y a peu de religieuses dans ces deux maisons qui sont pauvres. Ces religieuses qui ont été reçues à Troyes au mois de septembre 1621, se sont appauvries encore davantage en faisant bâtir de trop grandes égli fes. Les religieuses urfulines se présenterent à Troyes le 2 juillet 1628, avec des lettres du roi, où après quelques difficultés elles furent reçues; elles sont au nombre de quarante, & ont trois mille cinq cents livres de rente. Celles de la congrégation ont été reçues le 22 décembre de la même année. Elles n'ont que quinze cents livres de revenu, & font au nombre de cinquante, qui ne pourroient subsister sans les charités qu'on leur fait. Les religieuses de la visitation ont été reçues en 1631, du neuviéme siécle. Saint Godon ou saint Gon, dit saint Gan, neveu de saint Wandrille, ayant quitté le monastère de son oncle au pays de Caux, vint demeurer dans l'hermitage d'Oye, au diocèse de Troyes, où il mourut vers la fin du septiéme siècle. Sa chapelle & sa cellule furent ruinées deux cents ans après; mais au siécle dixiéme ou onziéme, une dame fit rebâtir sur son tombeau une grande église, avec un monastère, qui fut réduit, l'an 1344, en prieuré, mis sous la dépendance de Montier - la - Celle. C'est ce qui s'appelle aujourd'hui le prieuré de saint Gan, à deux lieues de Sezanne en Brie, sur la riviere de Morin. Le corps de sainte Hoylde ou sainte Hou, vierge, fut apporté du pays de Pertois à Troyes, l'an 1159, & mis dans l'église de saint Etienne. Saint Frobert, né à Troyes, y bâtit le monastère appellé depuis Montier-la-Celle, vers l'an 653, & en fut le premier abbé. * Baillet, Topogr. des saints, p. 507. Troyes a été la patrie de Jean Passerat, de Nicolas Gaussin, jésuite, de Pierre Pithou, de Jean Pithou son frere; d'Edmond Merille, mort professeur de droit à Bourges l'an 1647, âgé de soixante-huit ans; du pere le Cointe, prêtre de l'oratoire, & auteur des annales ecclésiastiques de France; de Pierre Mignard, mort premier peintre du roi le 30 mai 1695; de François Girardon, sculpteur comparable aux plus habiles de l'antiquité, & de feu le Noble, qui avoit été procureur général au parlement de Metz. Ce dernier est plus connu par le nombre de ses ouvrages, que par leur excellence. Il y a peu de genres d'écrire dans lesquels il ne se soit exercé, & peu de sciences sur lesquelles il n'ait écrit. Prose, poësie, sérieux, Il y a à Troyes un lieutenant de maréchauffée, un aflesseur, un procureur du roi, un greffier, un brigadier, un fous-brigadier & huit archers. Il y a encore un siége présidial & une direction des gabelles, & qui comprend neuf greniers à sel & deux chambres. L'élection de Troyes est bornée au midi par la Bourgogne, au septentrion par l'élection de Châlons, au levant par l'élection de Bar-furAube, & au couchant par l'élection de Sezanne & de Nogent-fur-Seine. Sa figure est très-inégale, elle est composée de deux cents quarante-sept paroifles. Le commerce a été si considérable autrefois dans cette ville, que plusieurs princes étrangers n'ont point voulu d'autres cautions, pour les sommes qu'on leur vouloit payer, que les marchands de Troyes. Les eaux ont une propriété finguliere pour dégorger les étoffes, & pour toutes les teintures de soies, laines, fils & autres, & pour la tannerie de toutes fortes de cuirs, même paffés en cuirs de Hongrie. On ne peut s'empêcher de remarquer en cet endroit, que l'une des choses qui a le plus affoibli le commerce de Troyes, font les procès que les communautés des arts & métiers entreprennent les unes contre les autres, les emprunts qu'elles font souvent, dont la meilleure partie est employée en buvettes, & les sommes exorbitantes qu'elles exigent des aspirans à ces maîtrises pour les y recevoir. Les buvettes que les jurés & les principaux maîtres de ces communautés exigent de ces aspirans, & celles qu'ils pratiquent, sous prétexte de visites ou de redditions de leurs comptes, ruinent la plupart des particuliers qui les composent, & les mettent hors d'état de porter les charges publiques, lesquelles étant rejettées fur les plus riches & sur les médiocres bourgeois, affoiblissent considérablement la fortune des premiers, & causent la ruine des autres. Le commerce de toiles est toujours très-confidérable dans Troyes, où il y a une manufacture de toiles de lin, chanvre, , coton, futaines & bafins. Il y a au moins fix cents ouvriers qui travaillent à ces fortes d'ouvrages. Les mêmes eaux, qui sont si propres pour les teintures, sont aussi merveilleuses pour le blanchissage de toiles que les marchands d'ici achétent de toutes parts, pour les y faire blanchir dans les belles & agréables prairies de cette ville, qui sont arrosées d'une trèsgrande quantité de canaux de la riviere de Seine qui ser vent encore à blanchir des futaines, des basins, du coton, du lin & du chanvre, que les marchands de Troyes font enfuite mener à Paris, Lyon, Rouen, Rheims & autres grandes villes du royaume, même en Lorraine & en Allemagne; les marchands de ces grandes villes viennent fouvent les acheter jusqu'à Troyes. Les mêmes eaux servent encore à blanchir la cire, dont les ouvriers font ensuite des bougies: de forte qu'on ne peut rien désirer à cet égard qu'un grand nombre d'ouvriers, comme il y en avoit ci-devant pour travailler à ces manufactures, & pour employer les lins & chanvres qui croissent en abondance dans toute l'étendue de l'élection de Troyes. Il y a encore à Troyes une manufacture de serges drapées, dont la largeur doit être de deux tiers de l'aune de Paris. Les ouvriers employent le plus gros & le rebut des laines à faire des droguets, qui ont une demi-aune de Paris de largeur. On fabrique aussi des serges dans l'hôpital de saint Nicolas à Troyes; ce qui leur a fait donner le nom de ferges de saint Nicolas. Il y a, dans cet hôpital, un entrepreneur qui fait travailler un bon nombre de pauvres à la décharge des hôpitaux, qui fabriquent aussi des droguets de laine & de fil. On fait encore à Troyes, des satins dits façon de Turin, d'Hollande, de Bruges & de la Chine. Il y a un débit affez considérable de ces marchandises. Il yaà Troyes un plus grand nombre d'épingliers que d'autres artisans à proportion. Le débit qu'ils en font est grand, aussi-bien que celui de la chandelle, qui est très-blanche, & excellente, à cause de la bonne qualité des suifs. Il y a peu de terres inutiles dans l'élection de Troyes; les habitans de la campagne sont plus laborieux que ceux de la ville. La huitiéme partie des terres est propre à porter du froment, dans les autres on n'y recueille que du seigle & de l'aveine, même, dans quelques-unes, du farrazin seulement ; mais en récompense elles sont bien plus aisées à labourer que les terres qui portent du froment. Elles sont aussi très-propres à la nourriture des moutons & autres bêtes blanches. Il y a plusieurs gros vignobles dans cette élection, où les vignes tiennent les trois quarts des finages, & occupent un tiers des paroisses. Les vins y font bons & affez agréables. Il y a auffi, dans l'élection de Troyes, plusieurs petits vignobles dont les vins sont médiocres. Outre les bêtes blanches, on nourrit encore, dans l'étendue de cette élection, beaucoup de bêtes à cornes, parce que l'usage de la plupart des communautés consistent en pâturages & bruyeres destinées à la nourriture des gros bestiaux, qui contribuent beaucoup à engraisser la terre. TRUBICE, riviere de Pologne, dans le palatinat de Kiovie. Son cours est du nord au midi. Elle entre dans le Borysthène, à deux milles d'Allemagne, au dessous de Pereflaw. * Andr. Cellar. Desc. Pol. p. 399. TRUBRIDGE ou TROUBRIDGE, bourg d'Angleterre, dans le Wiltshire. Il a droit de marché, & il est renommé par ses ouvrages de laine.* Etat présent de la Gr. Bret. 1. 1, p. 123. TRUCCIACUM, ancien lieu de France, aujourd'hui le village de Droissi, à cinq lieues au midi de Soissons, près de Nanteuil sur Muret, dans une vaste campagne. Il est connu par la victoire que Landri, maire du palais, y remporta l'an 594, sous la régence & les ordres de Fredegonde, mere de Clotaire II, roi de Soissons, sur Childebert, roi d'Austrasie. Voyez Valois, Cordemoi, Daniel, Velly, Hist. de France. TRUCONES, ifle de la mer d'Illyrie, selon Pomponius Mela, 1.2, 6. 7. Quelques manuscrits lisent Titana au lieu de Trucones, & d'autres portent Citana ou Tituna. Ifaac Vossius prétend qu'il faut lire Pityia, & fe fonde sur Apollonius. Cependant les éditions des Aldes & des Juntes lisent TRUCONES. Hermolaüs dit qu'il y en a qui appellent cette isle Trucula, & il la place entre celles de Leifina & de Curzoli. Le nom moderne, selon quelques. uns, est Torcola. TRUDEN, S. Trudonis urbs, ville d'Allemagne, dans le cercle de Westphalie. Voyez SAINT-TRON. TRUEBERTHAL, vallée de Suisse, dans le canton de Berne, au bailliage de Trachsellwaldt, prend son nom de la riviere de Truob, qui la traverse. Il y avoit autrefois une abbaye dans le village paroissial de Truob. TRUEIRE OU TRIEURE, riviere de France. Elle prend sa source au pied d'une montagne du Gevaudan, nommée la Marguerite: elle se jette dans le Lot à Entragues. Castel l'appelle TROVEYRE. TRUENTUS, riviere d'Italie, dans le Picenum. La ville Asculum Picenum (Ascoli) capitale du pays, étoit bâtie sur ses bords, dans l'endroit où elle reçoit le fleuve Castellanum. A fon embouchure étoit un lieu fortifié nommé Castrum Truentinum, selon Pomponius Mela, 1. 2, c. 4. Pline, 1.3, 6.13, qui nomme le château Truentum, parle aussi de la riviere qui lui donnoit son nom. Strabon, 1.5, p. 241, fait mention de la riviere sous le nom de Τρέεντίνος ποταμό, Truentinus amnis, & y met une ville de même nom. Ptolomée, 1.3, 6.1, ne connoît ni ville ni château dans cet endroit, à moins qu'il ne comprenne l'un ou l'autre sous la dénomination de Tρεντίνε ποταμό ἐκβολὰς, Truentini fluminis oftia. Le nom moderne de cette riviere est TRONTO. Voyez ce mot. TRUGHENACKMY, baronnie d'Irlande, dans la province de Munster. C'est une des huit qui composent le comté de Kerry. * Etat présent de l'Irlande, p. 50. TRULLA, port de l'Arabie heureuse. Ptolomée, 1.6, c.7, le place dans le pays des Adramites. Arrien, 2 Peripl. p. 15, marque dans ce quartier deux ifles désertes, l'une appellée l'Isle des Oiseaux, & l'autre Trullas. TRULLE ou TROUILLE, petite riviere des Pays-Bas, dans le Hainaut. Elle prend une de ses sources près du village de Mérieux, & l'autre au voisinage de Grandeng. Ces deux branches s'étant réunies dans un même lit, un peu audeslous du village de TROUILLE, ne forment plus qu'une riviere, qui, coulant en ferpentant du nord au midi, se rend à Mons, qu'elle traverse, & va ensuite se perdre un peu plus bas dans la Haine, au-dessus de saint Guillain. * Jaillot, Atlas. TRULLUM, nom d'une basilique de la ville de Constantinople, selon Ortelius, qui cite le recueil des conciles. ss f f f f iij ! TRUN SUR-DIVE, bourg de France, dans la Norman die, an diocèse de Sées, avec vicomté. Ce bourg est situé entre Falaife, Argentan, Vimonstier & Livarot. On y tient un marché toutes les semaines. TRUOB, petite riviere de Suiffe, dans le canton de Berne, au bailliage de Trachsellwald, nommée Trueberde celui de Lucerne, & se thal, sépare le canton de Berne jette dans l'Emme. TRURO, bourg d'Angleterre, dans la province de Cornouailles. Il a droit de tenir marché public. * Etat présent de la grande Bretagne, t. I. TRUTULENSIS PORTUS, port de la Grande Bretagne. Tacite en fait mention dans la vie d'Agricola. Quelques exemplaires portent Tutulenfis-Portus pour Trutu. tenfis Portus. Comme on ne fait point la situation de ce port, il y a des auteurs qui veulent, qu'au lieu de Trutulenfis, on life Rhutupenfis, & ils prétendent que c'est Richborough dans la province de Kent. TRUXILLANOS, village d'Espagne, dans l'Estramadoure, à une tiene de Mérida. Le terroir des environs abonde en bled, en vin, en gibier & en betail. Ce fut dom Garcie Fernandès de Truxillo, grand-maître de l'ordre de faint Jacques, qui fit peupler ce lieuen 1320, felon le rapport de Vargas; & lui donna fon nom. * Silva, Poblac. d'España, p. 84. 1. TRUXILLO, ville d'Espagne, dans l'Estramadoure, à dix lieues de Mérida. Elle est située dans les montagnes, fur le penchant d'une colline, dont le sommet, qui est tout de roc, se trouve occupé par une bonne citadelle. On tient que Jules Céfar fonda cette ville, & l'appella Turris Julia, dont par corruption est dérivé Truxillo. Pline l'appelle Caftra Julia: elle étoit alors une colonie de l'ancienne Lufiranie, du reffort de Norba Cafarea, aujourd'hui Alcantara. Les grands maîtres, dom Pierre Gonzalès Mengo, de l'ordre de faint-Jacques, & dom Arias Perès Gallego, de celui d'Alcantara, la prirent sur les Maures, la peuplerent, & y mirent de nouvelles fortifications l'an 1232, & le roi de Castille, Jean II, l'érigea en ville l'an 1431, à la priere Truxillo fut fondée en 1553 par Pizarro, premier gouverneur du Pérou. * De Laet, Descript, des Indes occid. 1. 10, c. 20. 3. TRUXILLO, ville de l'Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne, au gouvernement des Honduras, sur la côte du golfe de ce nom, au fond d'une baie fort assurée contre les vents. Cette ville est bâtie sur un tertre entre deux rivieres claires & poissonneuses, & dans une contrée tempérée été & hiver. Le terroir des environs est fertile en froment, & abonde en toutes fortes de fruits. On y a quantité de miel & de cire. Le bétail y profite fort, & l'on dit que les vaches surpassent en grandeur & en bonté celles d'Espagne; on y éleve beaucoup de brebis. Les vignes portent deux fois l'an. Après qu'on a vendangé, on les taille de nouveau, elles repoussent; & les seconds fruits font mûrs autour de Noël. Les arbres étrangers, comme orangers, limoniers & semblables, y portent des fruits excellens. Cette ville fut prise par les Anglois en 1576. Ils l'attaquerent ensuite en 1996, sous la conduite d'Antoine Sherlei & de Willams Paker; mais la tentative fut inutile, parce que les sentinelles donnerent l'alarme à la ville. Cette place est tellement fortifiée par la nature, qu'il n'est pas aisé de la prendre de force; car elle est bâtie sur un tertre droit, coupé de tous côtés, & environné d'épais bocages, où il n'y a nul passage pour approcher de la ville; si ce n'est un centier étroit au-devant duquel il y a une porte aflez forte & bien munie, de façon que si on ne surprend les sentinelles, on ne sauroit prendre la ville. Le port nommé SAN-GIL est au fond de la baie, & fort aflure contre les vents. * De Laet, Descript. des Indes occid. 1. 7, c. 7. 4. TRUXILLO, ville de l'Amérique, dans la terreferme, au gouvernement de Venezuela, à quelques lieues au midi de Mérida, an nord oriental de la Grita. On l'appelle auffi N. SENORA DE LA PAZ. De Laet, Description des Indes orientales, l. 18, c.13, dit que cette ville est éloignée de la métropolitaine Coro, d'environ quatrevingts lieues droit vers le midi; qu'elle est à vingt-cinq vers l'occident, & d'Alfonse Garcie de Truxillo, fils de Sanche Ximenès, chef lieues de la ville de Tucuyo, de la famille de Vargas. Dans la suite cette ville acquit un nouveau luftre en donnant naissance au fameux François Pizarre, marquis de las Charcas, qui, aidé de ses freres, découvrit & conquit le royaume du Pérou. Il y a à Truxillo fix paroiffes & dix maisons religieuses ; savoir quatre d'hommes, & fix de filles. Cette ville est gouvernée par un juge de police, & par des corregidors. Elle a jurisdiction fur dix-fept bourgs. On y tient tous les ans deux foires, J'unele premier jeudi après le 15 mai; l'autre le 25 de juillet, jour de faint Jacques. Le terroir des environs produit beaucoup de bled, & les prairies y nourrissent quantité de brebis, dont la laine est très-fine. 2. TRUXILLO, ville de l'Amérique méridionale, au Pérou, dans l'audience de Lima, & dans la vallée de Chimo, qui eft d'une grande étendue. Les rois du Pérou y faifoient autrefois leur féjour, comme on le voit par les ruines de plusieurspalais. Cetre ville est située près de la mer du Sud, à la hauteur de 8d 6' de latitude méridionale, à quatre-vingts lieues de Lima, au bord d'une petite riviere, auprès de quelques côteaux pierreux. Les Sauvages viennent par bande dans cette ville pour y servir ses habitans, ou pour leur fournir les chofes dont ils ont besoin. Truxillo est à juste titre mise au nombre des premieres villes du Pérou. Il y a cent ans qu'on y comptoit plus de cinq cents maisons & quatre couvents. Les officiers royaux y demeurent. Cette ville a dans son ressort cinquante mille Sauvages tributaires. Tout le sucre qui se fait dans ce quartier croît principalement dans la vallée de Chacama ou Chicama. Le port, qu'on nomme el Arrecife de Trugillo, elt à deux lieues de la ville, dans une baie ouverte, qui n'est point garantie contre les vents, & où même l'ancrage n'est pay bon. La ville de Truxillo est fort marchande & riche, a quoi contribue la grande fertilité des terres voisines. Les habitans ont détourné un bonne partie de l'eau de la riviere dans des canaux ou fossés pour arroser leurs jardins; ils la conduisent même par des aqueducs jusqu'à la ville. L'air de ce quartier passe pour être très fain. De tous côtés on voit des métairies où les Espagnols nourrissent des brebis, & sement des grains. Les vignes y sont communes, & il y a grande abondance de sigues, de pommes, de grenades, d'orangers & de diverses autres fortes de fruits. La ville de à dix huit lieues du grand Maracaybo. Sur le bord de ce lac il y a un village qui dépend de Truxillo, & où les bourgeois ont coutume de mener leurs denrées, comme farine, biscuit, lard & autres chofes, où ils les embarquent pour en faire un riche trafic en diverses provinces de l'Amérique méridionale. Cet embarquement se fait deux fois l'an; savoir, dans les mois de mai & de novembre. * De l'Ifle, Atlas. TRUYE, bourg de France, dans la Touraine, élection de Loches. On fait cas de ses fromages, qui portent le nom de fromages de Truye. TRYBACTRA, village de la Sogdiane, selon Ptolemée, l. 6, c. 12. Ammien Marcellin, 1. 23, c. 6, écrit TRIBATRA, mais de Valois, au lieu de Tribatra lit Cy. refchata. TRYCHÆ, ville de l'Eubée, selon Etienne le géographe, qui dit que Lycophron l'appelle TRYCHAMIA. TRYCHATA, montagne de l'Eubée, selon Isacius, cité par Ortelius. TRYE, lieu de France, dans la Normandie, élection de Gifors. TRYGEN, nom d'un lieu dont parle Siméon le métaphraste, in vita SS. Manuelis, Sabelis, &c. Il paroît que ce lieu étoit aux environs de Chalcédoine. TRYLISIA, bourg de Pologne, dans le palatinat de Kiovie, sur le bord de la riviere Kamineza. Ce bourg est fortifié. En 1651, le 24 d'août, le général Polonois Prifimsky le prit d'assaut, & le brûla. Tout y fut passe au fil de l'épée, sans épargner ni enfans, ni femmes; celles-ci s'étoient défendues plus que les hommes durant le siége, & avoient tué beaucoup de Polonois. * Andre Cellar. Reg. Pol. des. p. 386. TRIMALÍA, lieu que Cédréne, cité par Ortélius, met au voisinage de Servie. TRYME OU TRYM, ville d'Irlande, dans la province de Leinster, au comté d'Eft-Meath, dont elle est la capitale. Elle est située à fix milles presque au sud-est d'Athboy, sur la Boyne. Il s'y fait un allez bon commerce. Elle a droit de tenir un marché public, & elle envoye deux députés au parlement. * Etat présent de la Gr. Bretagne, t. 3, p. 39. |