font estimés pour leur structure. Jofeph & Jules Scaliger, prétendoient être descendus de cette maison. Miffon, p. 154, dit que ce qu'on voit en entrant dans cette ville, fait juger qu'elle est mal peuplée. Il y a de grands endroits vuides: l'herbe y croit dans les rues, & plusieurs de ces rues ne font point pavées. Il eft vrai que le reste de la ville n'est pas fait de la même maniere; mais à mettre le tout ensemble, Verone a l'air pauvre. En effet, il y a peu de commerce; & ceux qui vivent de leurs rentes, y font petite figure. S'il y a quelques beaux bâtimens, il est certain qu'en général, les maisons font baffes & inégales. La plûpart ont des balcons de bois, fi chargés de petits jardins, dans des pots & dans des caiffes, qu'il n'y a pas trop de sûreté à passer dessous. Les rues sont sales & presque toutes étroites. En un mot, quand on fe promene dans cette ville, elle ne plait pas. Cependant elle est fort grande, dans un bon air & dans une fituation merveilleuse. Autant qu'elle fatisfait peu, quand on la regarde de près & en détail, autant l'admire-t-on quand on la voit de quelque hauteur. Il y a cinq Portes à Verone, ornées de sculptures, de statues, de colonnes & d'autres ouvrages de marbre. Outre l'amphithéâtre, on y voit quantité d'anciens monumens de l'antiquité, comme étuves, bains, aquéducs, temples, colonnes, &c. On fait grand cas à Verone d'une grosse cloche, qui est dans la principale tour de la ville, & on n'estime pas moins la bourse, ou la place où s'assemblent les marchands, & le pré, qu'on appelle le champ de Mars, où la jeunesse & les foldats s'exercent. Les Dominicains ont dans leur jardin, les ruines d'une naumachie, ou de quelque lieu qui fervoit à faire des combats sur l'eau. Il y avoit proche de l'Arène, un endroit où s'exerçoient les gladiateurs, & on y voit encore les vestiges d'un arc de triomphe, érigé en l'honneur de Marius, après la victoire qu'il remporta dans le territoire de Verone. C'est en cet endroit, felon la commune opinion, que passoit la voie Emilienne, qui conduisoit d'Arimini à Plaisance, à Verone & à Aquilée. Il y reste encore un arc de marbre, qui fut autrefois consacré à Jupiter, & tout proche, les débris d'un temple, qui paroît avoir été fort beau. Le cabinet du comte Mascardo, est très-curieux. Il est composé d'une galerie & de fix chambres, toutes remplies de ce que l'art & la nature peuvent produire de plus merveilleux. On y voit des tableaux, des livres, des anneaux, des animaux, des plantes, des fruits, des métaux, des productions monstrueuses ou extravagantes, & des ouvrages de toutes façons; en un mot, tout ce qui se peut imaginer de curieux, foit pour l'antiquité, soit pour la rareté, soit pour la délicatesse & l'excellence de l'ouvrage. Il y a entre autres plusieurs inftrumens & ustenciles qui servoient aux sacrifices des payens; des figures de bronze, qui représentent plufieurs fortes de choses, & que l'on appendoit dans les temples des dieux, quand on croyoit en avoir reçu quelques fecours. On voit plusieurs ouvrages de la pierre d'Amianthe, qui est l'"βρδος, dont les naturalistes ont tant parlé; toutes fortes de matieres pétrifiées, plusieurs de ces écorces d'arbres, sur lesquelles les anciens écrivoient; deux arbres de corail noir, hauts de trois pieds chacun; des amethystes, des perles, des saphirs & autres pierres précieuses; une infinité de coquillages, d'animaux, de fossiles, deplantes, de fruits & de métaux; toutes fortes de médailles, & des peintures des plus excellens maîtres. La ville de Verone aune académie de savans, sous le titre de gli philarmonici. Les denrées sont en abondance dans cette ville. Le fruit y est d'une bonté merveilleuse ainsi que le poisson. La viande, le vin, l'air, l'eau, tout y eft doux, fain & agréable. Lenégoce particulier de cette fameuse ville, consiste en ouvrages de foie & delaine, enforte qu'il y a plus de vingt mille de ses habitans, qui ne fubfistent que par ce moyen. Il y a dans les fauxbourgs de Bresce, une fort belle abbaye de l'ordre de faint Benoît. Elle est en commande; & comme les religieux, qui font presque tous nobles Vénitiens, n'ont point la réforme, ils ne vi vent point en communauté. L'église est fort belle; mais les figures qui font fur la façade, font pitoyables. C'est un monument de la piété de Pepin, fils de Charlemagne, qui la mit sous l'invocation de faint Zenon, évêque de Verone, & qui la dota de douze livres d'or de rente. Le maître-autel est fort beau, & au-dessous, est une cave, dans laquelle repose le corps de ce faint évêque, dans un tombeau de marbre. Les portes de cette église sont d'airain, relevées en bas reliefs, & auprès de la principale, il y a un bénitier de porphyre, qui a vingt-fix pieds de circonférence, & qui est un vase fort ancien. Pepin, fondateur de l'abbaye, a fon tombeau dans une cave du cimetiere de faint Procul, qui en eft proche. Dans ce cimetiere, font quelques autres tombeaux; & il y en a un entr'autres compofé de pierres affez informes. II eft couvert d'un petit toit, foutenu de quatre colonnes: mais ce toit est fait de maniere, qu'il n'empêche pas l'eau de la pluie d'aller dans le tombeau. Lorsqu'il s'y en trouve, les habitans la viennent prendre & la font boire aux malades. La ville de Verone a produit de grands personnages, entre lesquels on diftingue Catulle, Vitruve, Pline l'ancien, Fracastor, Onuphre & Paul Veronèse. 2. VERONE, ancienne ville, & port fameux de Hollande, dans la Westfrife, au voisinage d'Alcmaer. Elle fut détruite au commencement du huitiéme fiécle, par Jean fire de Hainaut. VERONESE ou VERONOIS, contrée d'Italie; dans l'état de Venise, bornée au nord par le Trentin, à l'orient par le Vicentin & le Padouan, au midi par le Mantouan, & à l'occident par le Breffan. Son étendue du nord au fud, est de près de quarante milles, & celle de l'est à l'ouest, d'environ trentedeux milles. C'est une des plus fertiles provinces de l'état de terre-ferme, tant en bled qu'en vin, fruits & huile. Elle abonde aussi en bétail. Ses principales villes font Verone, Peschiera & Garde. Il peut y avoir dans tout le pays, trois cens fix villages. Il comprend aussi la belle vallée de Polisella, le lac de Garde, & le mont Baldo. Du côté du Padouan, il y a trente milles d'une plaine très-fertile. De l'ouest au nord-est, il est montueux l'espace de vingt-cinq milles, & fes terres sont très-bonnes du côté du fud-est, dans l'étendue de trente autres milles; mais en tirant de Padoue à Verone, il y a vingt milles d'un terroir inculte & pierreux. Les plaines & les prairies font arrosées de quantité de ruisseaux & de fources d'eau claire, qui font tourner plusieurs moulins, fans parler de ses eaux médicinales, entre lesquelles on eftime particulierement celles de la vallée de Polisella, & les bains de Caldero. * La Forêt de Bourgon, géogr. hist. t. 2, p. 453. VERONIS, ville de l'empire Russien, au duché de Rezan, furune petite riviere de même nom, quise jette un peu au-dessous dans le Don, à la gauche. Le Brun, voyages, t. 3, p. 195, dit que cette ville eft fituée au 52 d. 30' de latit. feptent. & de l'Isle, qui, au lieu de VERONIS, écrit VERONECZ, la place fous les 53 d. 15'. Cette ville fituée sur le haut d'une mortagne, est ceinte d'une muraille de bois toute pourrie. Elle est divisée en trois parties. Les principaux marchands Ruffiens habitent un des quartiers, qu'on nomme JAKATOF. Il y a une grande corderie dans la ville, & les magasins à poudre y font hors des murailles dans des caves. On voit plufieurs maisons fur le penchant de la montagne, le long de la riviere. Par derriere, il y a des rues où demeurent ceux qui travaillent à la construction des vaisseaux. Cette ville est à l'ouest de la riviere Veronis, dont elle porte le nom. La citadelle eft de l'autre côté; & on s'y rend par un grand pont de communication, parce que les foffés font remplis de l'eau de la riviere, dont le canal est à présent un peu éloigné. C'est un bâtiment carré, qui a des tours aux quatre coins, de grands appartemens, & qui paroît beaucoup par dehors. Les fables des dunes remplissent tellement la nouvelle riviere, qu'elle n'est pas navigable; & les vaisseaux fontobligés de paffer par la vieille. Cette citadelle est le principal magasin; & c'est aussi le nom qu'on lui donne, Cette citadelle est garnie de palissades en plusieurs endroits, & pourvue d'une affez bonne garnison, auffi-bien que les environs de la ville, pour s'opposer aux incurfions des barbares. Les chantiers, pour la construction des vaisseaux font à côté de la citadelle, au lieu qu'ils étoient autrefois par-tout. Le magasin eft de l'autre côté. C'est un grand bâtiment à trois étages, dont les deux premiers font de pierre, & le troifiéme & le plus élevé, de bois. Il est divisé en plufieurs appartemens, remplis de toutes les choses néceffaires pour la marine: chaque forte est dans un endroit particulier, jusqu'aux habits & jusqu'aux moindres choses qu'il faut aux matelots. La maison où l'on travaille aux voiles, est à côté de ce magasin. On compte qu'il y a près de dix mille personnes dans cette ville & aux environs. On voit deux ou trois villages dans la plaine. Il y a à Veronis quelques églifes. Sur une montagne, auprès de Veronis, on voit de vieux tombeaux. La montagne eft ruinée par les injures du tems, & entre ouverte en plusieurs endroits, où la terre s'est éboulée; de forte que ce cimetiere n'est plus qu'une petite montagne détachée, où l'on trouve encore, du haut jusqu'en bas, des cranes & des offemens, avec des piéces de cercueils. On voit deux arbres & deux tombeaux sur le sommet: l'un de ces tombeaux n'est gueres endommagé, & l'autre est tour rompu. Le terrein, qui eft devant le cimetiere, y a été joint autrefois. Le passage, qui y conduit en deçà de la riviere, est au-dessous de cette montagne à gauche; & on trouve SIESOFSKIE à la droite, dans le fond, près de la riviere, avec quelques moulins. A quelque distance de Veronis, on voit un moulin, d'une forme extraordinaire, faitpar un Circassien. Sa figure est octogone. Il y a au-dedans quatre moulins, qui vont en même-tems, fans qu'il y ait des ailes, ni quoique ce foit par dehors, pour donner prise au vent; mais il y a sept voiles en-dedans, semblables à celles d'une barque, & il se ferme en-dehors par de grandes fenêtres ou portes. Lorsque le vent est favorable, on ouvre, du côté d'où il vient, deux ou trois de ces portes, au travers desquelles le vent donne dans les voiles, & fait tourner la machine avec violence. VERONUM. Voyez VERBINUM. VEROVICUUM, nom latin que Leland donne à la ville de Warwik, en Angleterre. * Ortel. Thefaur. VERRA, Ou VELLA, riviere d'Italie, selon Corneille, qui ne cite aucun garant. Voyez VELLA, I. VERRAH, ou WERRA. On donne ce nom au Wefer, depuis sa source jusqu'à Minden. VERRE, ou VERE, cap d'Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre citérieure, fur la côte de la mer inférieure, entre Fiume Freddo & Fiume Oliva. Il se jette dans la mer, près de ce cap, une petite riviere, arpellée aussi Verre ou Vere.* Magin, carte de la Calabre citérieure. Ce cap a été appellé par les anciens, lini promontorium. VERREGINIS-VILLA, maison de campagne, dans la Gaule, dans le territoire de Bourdeaux. Fortunat, L1, en parle dans ces termes: Inter opima ferax quà volvitur unda Garumnæ Verreginis ripis vernat amanus Ager. Vinet croit que c'est présentement Borechs; mais au lieu de Verrego, il lit Verreginum. VERREGINUM, ou VERRUGO, ville d'Italie, dans le latium, au pays des Volsques, felon Diodore de Sicile, l. 4, c. 100. Tite-Live, 1.4, c. 41. & Valere Maxime, l. 3, c. 2. On ne fait pas au juste la situation de cette ville. Tite-Live dit que le consul Sempronius, après avoir livré bataille aux Volsques avec quelque désavantage, ramena son armée par la voie Lavicane; & Valere Maxime écrit que cette bataille fut donnée auprès de Verrugo; mais comme Tite-Live, 1.4, c. 39, ajoute que le conful, enfe retirant, ne prit pas le plus court chemin, il n'est pas possible de fixer la vraie situation de cette ville. On sait seulement qu'elle ne devoit pas être éloignée du pays des Æques, parce que de la forteresse de Carvente, que les Alques avoient envahie, l'armée fut ramenée à Verrugo. Cette derniere place avoit été fortifiée par les Romains, pour servir de barriere contre les courses des Volsques, par qui elle fut prise plus d'une fois. VERRETES, plaine de l'ifle Espagnole, près d'une bourgade, presqu'au milieu de la côte occidentale, appellée le cul-de-fac. Cette plaine, dans sa longueur, qui eft de quatre lieues, est bordée de montagnes, & fa largeur, qui est de trois lieues, fépare l'étang du cul-de-fac d'un autre, que les Espagnols nomment Riquille, & les François l'Etang falé. VERRIERE, boug de France dans l'Angoumois, élection de Cognac. VERRON, (Le) contrée de France dans la Touraine. Cette contrée est à peu près semblable à celle des Varennes, fi ce n'est que fon terroir est plus gras, & dans une situation plus élevée. On y recueille des bleds, des vins, && de très-bons fruits, entr'autres des noix, des amandes, & fur-tout des prunes, dont les habitans font commerce. * Piganiol, Description de la France, t. 7, p. 2. VERRON, bourg de France, dans l'Anjou, élection de la Fléche. VERRONENSIS fiége épiscopal d'Afrique. Dans la conférence de Carthage, n. 198. Æmilianus est appellé episcopus Verronenfis. On ignore de quelle province étoit ce fiége. VERRUE, bourg de France, avec un château dans le Berry, élection de Richelieu. VERRUGO. Voyez VERREGINUM. VERSAILLES, ville, château, & bailliage royal, prevôté dans l'isle de France, & dans l'élection de Paris, à quatre lieues à l'occident de cette capitale. Ce n'étoit autrefois qu'une paroiffe & un prieuré dépendant de faint Magloire de Paris. Ce lieu avoit ses seigneurs particuliers, vassaux des évêques de Paris. Louis XIII. acheta cette terre, & yfit bâtir un châ teau pour loger ses équipages de chasse. Ce n'étoit encore proprement qu'une maison de campagne, que Bassompierre appelle toûjours le chétif château de Versailles. Louis XIV. le trouva agréable pour la chaffe, & fit du village une ville, & du château un palais dont la magnificence fut fi grande, qu'elle mérita l'admiration du regnicole & de l'étranger. On y arrive par trois longues & spacieuses avenues: celle du milieu, qui est la plus grande, fur le chemin de Paris, commence au pied de la hauteur, qui conduit au parc de Chaville, & continue jusqu'au coude qu'elle fait à Porchefontaine, d'où elle va, en droite ligne aboutir à la place d'armes. Cette avenue est plantée de quatre rangs d'arbres, dont l'allée du milieu a vingt-cinq toises, & les deux contre-allées chacune dix: le village du petit Montreuil est à fon midi; & à fon nord eft le grand Montreuil, qui forme une paroisse. De ce même côté on voit la Venerie, & de l'autre l'hôtel du grand-maitre de la maison du Roi, avec tous les accompagnemens en bâtimens, jardins & cours, qui rendent ces deux maisons très-confidérables: ensuite on apperçoit, à droite & à gauche, la grande & petite écurie, qui aboutissent sur la place d'armes. Les derrieres de ces vastes édifices font occupés par des maisons particulieres qui font de la ville. Les deux autres avenues font celles de Seaux, du côté du midi; celle de saint Cloud, du côté du nord: elles prennent leurs noms des endroits d'où elles viennent; elles font tirées fur des alignemens obliques, dont le point, qui fixe l'attention à mesure qu'on avance vers la ville, est la principale porte du château, d'où on les voit d'un coup d'œil. toutes trois en patte d'oye. Ces deux avenues fonr, comme celle du milieu, plantées de quatre rangs d'arbres, qui forment des allées & des contre-allées de moindre largeur que la grande. Elles se partagent de ce côté-là en deux parties, d'une affez grande éten : . due, percées par des rues remplies de maisons & d'hôtels, capables de loger commodément les personnes de distinction de la cour, & celles qui con courent au commerce. La place d'armes s'étend en se rétrécissant de chaque côté, suivant les lignes obliques des deux avenues qui la bordent, jusqu'à l'avant-cour où elle a plus de cent toises de largeur, fur plus de cent dix de profondeur, à prendre de l'alignement des pavillons des écuries jusqu'à ceux du bout des ailes de l'avantcour. Elle partage pareillement la ville en deux parties. Cette place d'armes est bordée par des hôtels bâtis par ordre symétrique, appartenant à différens Seigneurs. Le roi y fait souvent les revues de quelques roupes de fa maison. Dans la partie méridionale de la ville, appellée le vieux Versailles, parce que c'étoit anciennement le bourg de ce nom, il y a une paroisse, sous le titre de faint Louis: elle est située du côté du parc au cerf; elle eft affez belle & affez considérable; elle est desservie par les Prêtres de la mission, dont les logemens font achevés. En passant par la rue des Récollets, on y trouve le couvent des religieux de même nom; leur église, quoique simple, est d'une bonne ordonnance; elle est ornée de quelques tableaux de Jouvenet & de Bertin, peintres de l'académie royale. Les bâtiments fuffisent pour y loger un bon nombre de religieux pour y faire l'office. De ce même côté il y a plufieurs places qui fervent à des marchés & à d'autres usages. Du côté du nord, appelléla ville neuve, les rues font plus larges & mieux bâties: on y remarque la grande église, qui en est la principale paroiffe: elle est dédiée à la Ste Vierge; Louis XIV. la fit bâtir avec la communauté des Prêtres de la mission qui la desservent. A côté de l'église, Louis XIV. a fait bâtir un grand édifice pour loger les Peres de la mission. C'est à l'extrémité de cette partie de la ville, qui s'étend jusqu'à l'avenue de faint Cloud, au bas de la montagne de Picardie, chemin de Paris, qu'on voit un fuperbe & magnifique palais, appellé Clagny. Voyez ce mot. Avant d'aller plus loin, il ne sera pas hors de propos de décrire les choses remarquables qui se rencontrent fur la route des avenues. Le long de la grande du milieu, du côté du nord, on découvre un grand espace élevé, qu'on appelle la butte de Monboron. Cette montagne a été applanie à son sommet, pour y placer quatre grands réservoirs, qui devoient recevoir les eaux qu'on avoit projetté de faire venir de la riviere d'Eure, près de Maintenon, à douze lieues de distance, & dont les travaux ont ceffé à cause de la guerre. Le roi y avoit employé 25000. hommes de troupes pendant deux années. Il n'y a eu que deux de ses réservoir de finis, ils reçoivent actuellement d'autres eaux, qui viennent par des aquéducs d'un nombre de grands étangs qu'on a pratiqués dans différentes plaines supérieures à Versailles, & ils rempliffent ces réservoirs élevés, pour être distribués à tous les effets d'eau du jardin: il y a partie de ces aqueducs à quatre-vingt pieds sous terre, d'où il est facile de comprendre ce que ces travaux ont coûté. Vis-à-vis de cette butte, il y en avoit une autre qu'on a escarpée dans le bas, pour y construire de grandes maisons: une des plus remarquables, & qui est très-spacieuse, est celle des Gendarmes de la Garde, qui font fur le guet avec tous leurs chevaux & leurs équipages: de l'autre côté, qui lui est oppofé, est le chenil: du même côté des Gendarmes de la Garde, est l'hôtel du grand-maître de la maison du roi : ce font deux grands corps de bâtiments semblables en dispofitions & en décorations. Celui du chenil est destiné pour le grand Veneur, & l'autre pour le grand-maître. La grande & petite écurie, qui se présente ensuite, font du dessein de Mansart. La premiere entre la grande avenue & celle de S. Cloud: la seconde, entre la grande avenue & celle de Seaux: elles ont 1eur face & leur principale entrée sur la place d'armes qui précéde l'avant-cours du château. Les faces de ces deux écuries sur la place d'armes, font terminées par deux gros pavillons de neuf toises chacun; elles sont séparées par une grille de fer qui ferme chaque cour de trente-deux toises, ce qui fait cinquante toises de face pour chaque écurie, qui, en y joignant les largeurs des trois avenues, forment un tour de ligne circulaire de plus de deux cents toises au fond de la place, à l'aspect du château. Ces pavillons carrés flanquent deux grandes ailes de 37 toises de longueur terminées par d'autres pavillons qui en formenr les extrémités. Ces deux ailes renferment les principales cours, dont les bâtiments du fond, qui font en face de la grille, ont deux pavillons dans les angles en retour de ceux des ailes, ce qui donne naissance à des décorations circulaires, qui finissent à l'avant-corps du milieu. Les pavillons angulaires, & les flancs circulaires du fond, font percés par des passages qui conduisent dans des cours particulieres pour différents corps d'écuries. Il y a deux de ces cours qui ont leurs forties par les avenues qui les flanquent. Chaque avant-corps du milieu est ouvert par une grande porte, dont celle de la grande écurie entre dans un manége couvert de vingt-fix toises de longueur, sur sept & demie de largeur. Les sorties font trois grandes portes en arcade, qui donnent dans un grand espace, appellé le manége découvert. La grande & petite écurie ont trente pieds de hauteur, sous la clef des voûtes qui font de pierre, avec des panneaux en brique; elles font garnies de tout ce qui convient à un bel établissement pour les chevaux; le fallon à pan, qui en est le point central, est voûté de pierre en cul de four : il est éclairé par le haut; dans quatre des pans, il y a en haut des ouvertures avec des balcons, où aboutissent les greniers pour les fourages. C'est par cesbalcons qu'on descend le foin dans la place, pour le distribuer à chaque écurie. Les dispofitions & les décorations des bâtiments sont semblables à la grande & à la petite écurie; & toutes les décorations en scuplture font des plus grands maîtres de ce temps, comme de Morin, Gravier, Raon, Mazure, l'Arcis, Lencompte & de Dieu. Ces bâtiments sont élevés à la hauteur de deux étages, dont un au rez-de-chauffée, & l'autre d'ordre attique au-dessus eft couronné d'entablements & de combles en mansarde, partagés en logements & en greniers. En sortant des écuries, on passe par la place dont on a parlé. On arrive dans l'avant-cour par une pente douce qui continue pendant toute la longueur de cette avant-cour jusqu'à la cour du château. L'avantage qu'on retire de cette pente insensible pour le coup d'œil, en arrivant par les avenues, c'est de voir le sol du château. L'écoulement des eaux qui descendent d'en haut se fait sur les côtés, & tombent ainsi dans la ville, du côté du nord & du côté dumidi. Cette avantcour commande à toute la ville par des terrasses à droite & à gauche, le long des bâtiments, & par des vues qui sont sur les côtés. Elle descend sur la place d'armes par ces terrasses revêtues en partie circulaire, en commençant aux encoignures des pavillons des deux ailes, & se joignent dans le milieu à une ligne droite furlaquelle est l'entrée principale. Cette ligne s'étend fur trente-deux toises, dont les extrémités font terminées par des guerites destinées pour mettre les sentinelles à couvert des injures du temps; ces guérites ont la forme de piédestaux couronnés d'une plinte, fur laquelle s'éleve un amortissement en dalles, qui se recouvrent. Sur le haut on y a représenté deux grouppes de figures & de trophées d'armes, travaillez par Marsy & par Girardon. L'intervalle, qui se trouve entre les deux guerites, est fermé par une grille de fer, avec des pilastres richement ornés, divisés en symétrie des deux côtés : les barreaux font entrelassés d'ornements. La principale porte de fer, quiest au milieu, est décorée d'un chambranle, avec des entre-las renfermant des fleurons. Les deux ventaux ont entre les barreaux les mêmes ornements que la grille. Ce chambranle porte ur e corniche, fur laquelle s'éleve un couronnement deffiné par compartiments, qui accompagnent & renferment un cartouche, dans lequel font des L. fleuronnées, lesquelles forment le P do qui o Ent 0 20 Çan & de entr trois ailes делх 1 : i chiffre du Roi terminé par une couronne royale. Tous les ornements de cette grille font dorés en plein. La longueur de l'avant-cour est de quatre-vingt-dixsept toifes, depuis la ligne droite de l'entrée, jusqu'aux pavillons des ailes du château, & s'étend fur 66. toises de largeur, entre les deux ailes qui font des deux côtés. Les terrrasses, revêtues de la partie avancée jusqu'aux guerites, sont voûtées par-dessous, & destinées pour les corps-de-garde, dont l'entrée se trouve par les rues qui font plus basses; les Gardes-Françoifes occupent le côté droit, & les Gardes-Suisses le gauche. Les revêtements, qui sont sur les rues, s'ouvrent par des arcades de pierre, avec des parements de brique. Le couronnement est un cordon avec des balustrades de pierre. Les deux ailes, qui aboutissent de chaque côté jusqu'à ces terrasses, ont cinquante toises de longueur, en comprenant les deux pavillons qui font aux extrémités de chacune, sur un double de neuf toises au-delà des faces, d'où on a pris la largeur de l'avant-cour. Les pavillons ont dix toises en carré, & le long de chaque face, qui donne sur l'avant-cour, il y a des terrasses, qui ne font que racheter les pentes, qu'on monte par des perrons fermés de barrieres de fer, avec des tourniquets, qui ne laissent de liberté de passer qu'aux gens de pied; ces terraffes regnent le long des appartements qui occupent le rez-de-chauffée de ces ailes: toute l'élévation ne confiste qu'en un étage au-dessus. Le dessous du rezde-chauffée eft occupé par un autre étage qui conduit à des bureaux qui tirent leur jour par les rues de la ville, & à des offices & des fouterrains qui sont éclairés par des soupiraux. Messieurs les quatre secretaires d'Etat font logés dans les deux parties de ces ailes, qui font entre les pavillons; & ceux qui sont leurs secretaires, peuvent monter de leurs bureaux par un degré de communication, pour travailler chacun, suivant le département du secretaire d'état auquel il est attaché. Les deux pavillons, qui commandent fur la place d'armes, servent à loger les officiers qui font à la tête des troupes qui montent chaque jour la garde chez le roi, & d'autres officiers qui font de service auprès de S. M. Les pavillons qui font les plus près du château, ont deux destinations, dont I'une pour les bas, qui sont de plein-pied avec les rues, font les offices pour le roi, & l'autre est pour loger quelques grands officiers de la maison. Les décorations de ces bâtiments font de pierre de taille, avec des panneaux de brique dansles tremeaux, & couronnées par des combles en mansarde, qui font percés par des lucarnes de pierre bien ornées. Les quatre pavillons font terminés au-dessus des cordons de la manfarde, par de grands amortissements revêtus de plomb, & dont les angles font garnis de grandes consoles sculptées & dorées, qui soutiennent des terrasses de plomb qui occupent le haut. Entre les pavillons du côté du château, & les bâtiments qui en dépendent, il y a des grilles de chaque côté, ornées de pilastres, & de grandes portes de fer, comme celles de l'entrée par où on descend entre deux rampes dans deux grandes rues, celle de la furintendance, & celle des réservoirs. Delà on passe dans l'avant-cour, où le château se présente par deux gros pavillons qui sont à la tête des deux ailes qui font fur les côtés de la cour; ur; ces pavilIons ont chacun dix toises & demie de face. La cour fait une avance sur l'avant-cour par deux lignes circulaires, qui prennent depuis les angles des péristils de ces pavillons, & se terminent aux deux guerites, qui appuyent l'intervalle du milieu, où se trouve la porte principale. La cour dont nous venons de parler, a trente-deux toises trois pieds de largeur entre les deux ailes, qui ont chacune trente toises de longueur, jusqu'à deux angles, où se trouvent deux pavillons, qui, en avançant sur la largeur de la cour, d'environ quatre toises & demie chacun, terminent deux autres petites ailes, entre lesquelles il ne reste plus de largeur que vingttrois toises trois pieds. Ces deux dernieres petites ailes se prolongent fur treize toises chacune, jusqu'à deux autres angles, où on voit encore d'autres pavil lons qui avancent, enforte que depuis la grille qu s'offre à la vue, en fortant des avenues, jusqu'à ce derniers pavillons, tout le corps du bâtiment du château va en retrécissant dans toutes les distances dont nous avons marqué les différents alignements; ainsi on ne compte plus que quatorze toises trois pieds de largeur, entre chacun des deux derniers pavillons, dont les angles des encoigures commencent un perron de cinq marches, qui forme ce qu'on appelle la cour de marbre, parce qu'elle en est pavée: elle est bornée par les deux ailes de ces deux derniers pavillons, & en face par le corps du château, à travers duquel on passe pour entrer dans les jardins: nous avons parlé de la largeur; sa profondeur est de quinze toises trois pieds, celle de la cour entiere, depuis la porte d'entrée jusqu'au fond de la cour de marbre, s'étend sur environ soixante & onze toises. Il est bon d'observer que la partie, qu'on appelle la cour de marbre, étoit le petit château de Versailles, bâti par Louis XIII, qui n'avoit alors qu'environ vingt-cinq toises de face, & qui étoit entouré de fossés. La partie en avant de cette grande cour, où font les autres bâtiments, en étoit l'avant-cour. On voit par cette gradation de bâtiments, jointe à celle des deux ailes de l'avant-cour, qui font encore à une plus grande distance que ce vaste objet qui se présente à la vue d'un seul coup d'œil, figure une efpece de décoration de théatre en perspective, ce qui fait un aspect très-agréable. Le corps de bâtiment construit sous Louis XIII, a été conservé & augmenté par Louis XIV. par d'autres plus fuperbes, dont la face domine fur les jardins. Le corps de bâtiment qu'on a adopté à la partie du fond de la cour de marbre, a 50 toises de face fur le jardin. Ceux qui font en retour, foit au midi, foit au nord, dont les faces sont sur les parties de côté des jardins, ont chacun quarante-trois toises. Il y a de petites cours d'espace en espace, qui ont toute leur utilité: les bâtiments des ailes de la cour de marbre servent à éclairer les pieces du double. Les angles de ces retours sont distribués par deux grands corps de bâtiment, dont l'un s'appelle l'aile des Princes, & l'autre l'aile de la Chapelle: ils ont chacun quatrevingt-cinq toises de longueur, sur la même expofition que la face du château; ensorte qu'on voit d'un coup d'œil une longueur de deux cent vingt toises de fuperbes bâtiments, ce qui fait un magnifique aspect. Derriere les deux premieres ailes de la grande cour il y a deux autres cours séparées, dans lesquelles on entre en fortant de l'avant-cour, par des grilles de neuf toises & demie de largeur, sur vingt de profondeur, en terminant au derriere des grandes ailes fur le jardin. Ces cours servent aux carroffes qui n'ont pas les entrées du Louvre. La grande aile, du côté du midi, appellée de l'orangerie, a trois cours entourées de bâtiments qui y communiquent, & se joignent à une double aile fur la rue de la furintendance: on y descend de l'avant-cour; elle est de la même étendue que celle qui est sur le jardin. L'autre aile, du côté du nord, n'a que deux cours, au milieu desquelles est un gros corps de bâtiment qui communique à la double aile sur la rue des réservoirs; c'étoit dans le bout en retour du pavillon, du côté du nord qui la termine, que devoit être la salle des ballets qu'on a commencée : mais aujourd'hui on la destine à d'autres bâtiments, qui augmenteront les logements de la cour. La Chapelle, dans laquelle on arrive par un sallon de cette grande aile, est entre la cour particuliere par où on vient de l'avant cour. Voilà le plan du château: voyons la destination de ses différentes parties, ses décorations intérieures & extérieures. L'avance qu'on remarque fur l'avant-cour, laquelle est partagée en lignes circulaires & droites, eft fermée de grilles de fer, richement ornées, de même que la principale porte. Les deux guerites où se terminent les lignes circulaires sont en amortissement par le haut, & portent chacune un grouppe de figures, dont l'un représente la paix par Tuby, l'autre l'abondance par Coizevos. feuilles, de refend rampante de distance en distance, d'où pendent de belles campanes en entrelas, fleu Les décorations des bâtiments de la grande cour Les pavillons, à la tête des deux ailes de la cour, font décorés en face par de grands pilastres d'ordre dorique, qui s'élevent à la hauteur des deux étages, dont deux sont couplez aux encoignures, les autres font fimples dans les tremeaux: à douze pieds de distance du parement du mur, font des colonnes isolées portées sur des piédestaux, qui forment un péristil, lequel fert de passage pour communiquer aux petites cours des côtés; ces colonnes portent des platesbandes de la hauteur de l'entablement de l'ordre d'architecture, & des terrasses pratiquées sur ces péristils, entourées de balustrades, avec des statues sur des piédestaux, qui font le couronnement des colonnes; les retours de ses pavillons sur la cour, & les autres des bouts de ces ailes joignant les angles flanquants: les encoignures font garnies de pilastres, entre lesquels font de riches balcons de fer faillants & dorés, lesquels font portés sur de grandes confoles de pierres: la distance des ailes, qui est entre ces corps, est décorée avec de simples tables de brique dans les tremeaux. Le reste des décorations, depuis les angles de ces ailes, sont de pareils pilastres dans toutes los encoignures qui flanquent, & les croisées sont décorées de cantalabres, renfermant des panneaux de brique, lesquels font couronnés du même entablement de l'ordre, & qui portent des balustrades de pierre dans tout le pourtour: on y voit des figures assises sur des piédestaux, qui couronnent les angles, & des vases posés sur chacun des tremeaux. Les têtes des petites ailes des côtés de la cour de marbre, & des autres qui font au-dessous, en joignant les angles des premieres ailes, forment des pavillons, au milieu de chacun desquels sont des avantcorps de quatre colonnes d'un plus petit diametre, qui font aussi d'ordre dorique, lesquels ne s'élevent que jusqu'à la premiere plinte, le tout couronné d'une plate-bande, portant une corniche architravée en dalles de pierre, qui forment un balcon saillant comme les autres, par lequel on fort des apparte ments. L'avant-corps du fond de la cour de marbre est percé par trois ouvertures pour descendre dans les jardins, & il est décoré par de grandes pilastres dans les angles, & de huit petites colonnes de marbre, dont deux à chaque piédroit des ouvertures sont couronnées d'une corniche architravée, qui portent un riche balcon de fer, qui s'étend fur route la longueur de la face. Le dessus qu'on remarque entre les pilastres des angles est percé de trois arcades, ornées d'impostes, archivoltes, & cless travaillées de sculpture. A cette hauteur l'avant-corps eft couronné d'un entablement d'ordre dorique, qui regne le long du pourtour des bâtiments, fur lequel est élevé un attique avec des pilastres coeffés de chapiteaux aux angles à plomb fur les grands pilastres d'ordre dorique du dessous. Entre ces pilastres d'angles font trois croifées, fur celles en arcades d'en bas, ornées de cantalabres qui renferment des tables de brique. L'attique de l'avant-corps eft couronné d'une corniche sur laquelle est pose un focle, portant des trophées dans les encoignures, & au milieu un grand morceau de sculpture qui en forme le couronnement en amortissement, par un cadre ovale qui renferme le cadran d'une horloge terminée en tête de cartouche, & accompagnée de grandes figures assises fur des amas d'attributs convenables. Tous ces bâtiments, qui décorent la grande cour, font couronnés de combles d'ardoises en mansardes, élevées au-dessus des balustrades, garnis de lucarnes ajustés sur les croisées d'en bas, lesquelles font revêtues de plomb, & se rerminent en frontons, foutenus fur les côtés par des consoles, qui portent les corniches entourées de cantalabres, avec des moulures sculptées, ayant des agraphes avec des clefs, d'où se répandent des festons & des morceaux de trophées posés fur le milieu des corniches qui couronnent les frontons. Les bourfaults font ornés de rinseaux en tages de ces combles, regnent des ornements entrelaffés, découpés & mélés de couronnes & de manieres de trophés. Le tout eft en plomb, & doré en plein. Il y a aussi des balcons très-riches, & dorés à toutes les croisées du premier étage de la cour de marbre, & des deux petites ailes qui la joignent. Les faces des corps de bâtiments du côté des jardins, qui renferment toutes les parties du château, du côté des cours, contiennent trois cents fix toises de pourtour, & font élevées de trois étages: celui du bas, qui eft le rez-de-chauffée: celui au-dessus, qui est le plain-pied des grands appartements du Roi & de la Reine, qui regnent au même niveau, dans toute l'étendue de ce circuit; & le troifiéme au-dessus, qui est l'attique, ce qui fait de hauteur depuis le sol des terrasses jusqu'au dernier entablement, soixante-deux pieds. Les façades en sont décorées d'une architecture, fuivie par arcades dans le bas, jusqu'à une premiere corniche; ces arcades font avec des refends & des têtes scupltées aux clefs de chacune: il y en a d'ouvertes, d'autres renfoncées, qui renferment des croifées. Ce bas paroît comme le soubassement ou piédestal d'un ordre ionique, par pilastres & colonnes, qui regnent dans l'étendue dugrand étage, qui est au plainpied des grands appartements, couronné de son architrave, frife & entablement: les ouvertures, dans les intervalles des pilastres & des colonnes, font en arcades, avec des impostes & des archivoltes; il y a des morceaux de sculpture aux clefs, jusques sous l'architrave de l'ordre, d'où pendent différents trophées de guerre, de musique, & des autres arts; mêlés de festons, qui se couchentle long du cintre des archivoltes. Dansle vuide de chacune de ces arcades, font des balustrades de pierre qui fervent d'appui. -Au-dessus, s'éleve l'étage d'attique, avec des pilastres sur ceux de l'ordre ionique au-dessous, couronné d'un dernier entablement, qui termine l'élévation: ces pilastres ont des chapiteaux avec des tailloirs & des feuilles de refente: les croisées, qui font dans les intervalles, ont une figure carrée, entourée de cantalabres, & à mi-bandeaux, couronnés d'une astragale, qui regne à celle des chapiteaux, & d'une frise, qui est entre le dessous de l'entablement: elle eft taillée de feuilles de refente & de canneaux. Le corps du château, adossé à la partie quiest sur la cour, au fond de la cour de marbre, a cinquante toises de longueur; il est percé de vingt-trois ouvertures, & a un grand avant-corps au milieu de fix colonnes, élevées à la hauteur du grand étage, lequel porte fur celui d'en bas, qui lui fert de foubassement. Il y a deux colonnes à chaque angle, entre lesquelles paroit une niche qui s'éleve jusques sous l'imposte des arcades, qui se trouvent dans leur intervalle; au-desfus, jusqu'a la plate-bande, font des tables renfoncées, qui renferment des trophées en bas-relief. Les deux autres colonnnes font au droit des tremeaux, qui séparent les arcades de l'avant-corps. Depuis ces encoignures, jusqu'à celles de cette face, sont deux autres petits avant-corps, à fix arcades de distance, qui ont chacun quatre colonnes, deux à chaque côté de l'ouverture, qui en fait le milieu. Trois autres arcades enfuite de chaque côté, décorées de pilastres simples, aux tremeaux, terminent cette face par deux pilastres grouppés aux encoignures. Les deux retours, exposés aux parterres du nord & du midi, jusqu'aux deux grandes ailes, percées de treize ouvertures chacun, onttrois petits avant-corps de colonnes; & après un corps qu'ils font au-delà de la treiziéme croisée, qui termine leurs décorations; ce qui compofoit le château avant que les deux grandes ailes y fuffent ajoutées, est un espace percé de quatre arcades plus grandes, & décorées de même fans pilastre dans les tremeaux. Aux angles de ces espaces, en font d'autres de trois croisées en retour de pareilles décorations, jusqu'aux grandes ailes dont nous avons parlé. Ces grandes ailes ont chacune foixante & dix-huit toises d'après ces trois |