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TURCOING, bourg de France, dans la Flandre walonne, au diocèle de Tournay. Ce bourg ne contient pas moins de douze mille ames, il s'y fabrique beaucoup d'étoffes mêlées de foie & de laine. La commodité qu'ont les habitans de joindre le labour au travail de leurs métiers, leur donne le moyen d'y fubfifter plus aifément que dans les villes fermées ; cela même contribue à faire fleurir davantage les manufactures; mais de peur qu'elles ne nuifent à celles des villes, il y a de certaines fabriques qui font in terdites à la campagne.* Piganiol de la Force, Descr. de la France, c. 7, p. 243.

TURCOMANS. Voyez TURKMANNS. TURCOPULI, nom d'un peuple dont parle Grégoras, cité par Ortélius.

TURCS. L'origine de ces peuples eft fort incertaine : ils ont, comme les Grecs, les Romains, les Chinois, leurs tems fabuleux.

Les nations connues fous le nom de Huns, de Tartares, Mogols, &c. font des nations turques, fi nous en croyons les hiftoriens Tartares, Perfans, &c. qui font remonter leur origine jusqu'à Turk, fils aîné de Japhet; & cette variété de noms, attribués au même peuple, vient de ce que chez les Tartares, la horde ou tribu, qui parvient à l'empire, donne fon nom à toute la nation. Ainfi lorsque la horde des Huns a régné, on a appellé tous ces peuples Huns. Ils ont porté, par la même raison, fucceffivement ceux de Turcs, de Mogols & de Tartares, & c'eft fous ce dernier que les auteurs occidentaux les ont tous défignés : mais ces peuples ont toujours continué de fe nommer entr'eux Turcs, pour conferver la mémoire du fils de Japhet, dont ils fe prétendent descendus.

Ce qu'on peut dire de plus certain fur leur hiftoire, c'eft qu'ils habitoient vers l'an 2000 avant Jefus Chrift, dans les plaines & les vallées qui font au nord du Chenfi, du Chanfy & du Petchely. Ils en fortirent d'abord, fous le nom de Huns, qui, comme il eft dit à leur article, conquirent la Tartarie, envahirent la Chine & ravagerent une partie de l'Europe. L'empire des Huns fut détruit vers l'an 93 de Jefus-Chrift, par les Geou-gen, que nous connoisfons fous le nom d'Awares. Voyez leur article. Quelques hordes de Huns, pour fe dérober à la fureur des Awares, fe retirerent dans des vallées inacceffibles du mont Altai, ou mont d'Or, qui eft un rameau du Caucafe. Ils donnerent à cette vallée le nom d'Erkené Kom, ou Irgana Kom, c'eftà-dire, vallon inacceffible. Là ils fe nourriffoient de leurs troupeaux, & travailloient aux forges pour les kans des

Awares.

Vers l'an 545, ils fortirent de la vallée d'Irgana Kam, reparurent dans la Tartarie fous le nom des Turcs. Leur chef, nommé Tou-muen, foumit plufieurs petites hordes voifines. Bientôt les Huns disperfés vinrent le joindre aux Turcs: Tou-muen attaqua les Awares, les défit entierement. Alors il prit le titre de kan, fous le nom d'll-kan, établit la cour à la montagne de Tou-kin, vers les fources de l'Irtisch. Son trône étoit fous une tente, toujours tourné du côté de l'orient, & devant la principale entrée de la tente on voyoit un drapeau, dont l'extrémité étoit une tête de loup en or. Ce pays prit le nom de Torkestan. Les Turcs adoroient alors un Dieu, qu'ils regardoient comme l'auteur de l'univers : ils lui facrifioient des chameaux, des bœufs, des moutons. Ils avoient beaucoup de respect pour le feu, l'air, l'eau & la terre. Une partie d'entr'eux embraffa la religion de Zoroastre. Le fils d'Il-kan, nommé Y-fie-ki-kan ne fit que paroître fur le trône qu'il laissa à fon frere Mo kan-kan. Ce dernier força les Awares de lui abandonner leur pays & de fe refugier dans la Chine il conquit enfuite les Maouarennahar fur les Getes, & fe rendit maître de toute la partie occidentale de la Tartarie, jusqu'à la mer Caspienne. Il attaqua les Tartares orientaux, pouffa fes conquêtes jusqu'à la Corée, remonta au nord & fubjugua presque toute la Sibérie: de là il alla forcer les Chinois à lui livrer les Awares qui s'étoient réfugiés chez eux. La guerre ne fixa pas feule toute l'attention du kan des Turcs, il voulut établir le commerce dans fes vaftes états, envoya des amballadeurs à Conftantinople, pour propofer aux Romains de faire le commerce de la foie avec les Turcs. Juftin II, qui étoit alors empereur des Romains, reçut les ambaffadeurs Turcs avec tout l'accueil posfible, & pour former un traité d'alliance avec le kan, il lui en envoya auffi. Le kan fit le même accueil aux ambassa

:

deurs Romains, & eut la vanité d'étaler à leurs yeux fes richelles, qui étoient immenfes. Mo-kan-kan eut pour fucceffeur fon frere To po kan, lequel divifa l'empire des Turcs en deux parties, l'une d'orient, l'autre d'occident; elles étoient gouvernées chacune par un kan, qui relevoit de lui. Il introduifit dans les états la religion de Fo, que plufieurs auteurs croient être le chriftianisme, & fit bâtir des temples ou églifes. Ce kan fit plufieurs invafions dans la Chine. Pour fon fucceffeur Cha-po-lio-kan, l'empire turc fut divifé entre plufieurs kans qui fe disperferent dans différentes contrées en avancant toujours du côté de l'occi dent: mais Cha po-lio-kam étoit toujours regardé comme le chef de toute la nation. Tibere II, empereur des Romains, envoya des ambaffadeurs aux Turcs qui étoient le plus près de fes états, pour engager ces barbares à faire la guerre aux Perfes: mais il ne put y réaflìr.

Le nombre des kans ou fouverains parmi les Turcs étoit trop confidérable pour qu'ils reftaflent unis : ils prirent les armes les uns contre les autres, s'affoiblirent réciproquement, & la politique des Chinois fomentoit toujours cette divifion. Le kan d'occident fe fépara du refte de la nation, refufa de reconnoître le grand kan, & fonda l'empire des Turcs d'occident. Celui d'orient après avoir chancelé pendant plufieurs fiécles fut détruit par les Tartares Hoci ke vers l'an 744 de Jefus-Chrift.

Il y avoit dans cet empire huit charges principales. La taxe ou l'impofition des tributs étoit indiquée par des hoches qu'on faifoit fur un baton. Une fléche, dont la pointe étoit d'or, & fur laquelle on avoit mis une empreinte de cire, annonçoit que cela faifoit par l'ordre du kan. Les rebelles & les affaflins étoient punis de mort, les adulteres coupés par le milieu du corps, après qu'on leur avoit ôté ce qui avoit occafionné le crime. Un ceil crevé dans une dispute étoit racheté par la fille ou la femme, que celui qui avoit fait le mal, étoit obligé de ceder: le voleur étoit condamné à payer dix fois autant qu'il avoit pris. Dans les funérailles on placoit le cadavre dans une tente, où toute la famille du mort fe raffembloit, facrifioient des moutons & des chevaux : on fe coupoit fept fois le vifage avec des couteaux, afin que le fang fe mélât avec les larmes. On gardoit le cadavre de ceux qui mouroient au printems ou pendant l'été, & on ne le mettoit en terre qu'à la chute des feuilles; ceux qui mouroient pendant l'automne ou l'hiver, n'étoient enterrés qu'au printems. Le nombre des pierres que l'on mettoit fur la fépulture indiquoit le nombre d'ennemis que le mort avoit tués. Ces funérailles étoient fuivies de fêtes: on fe paroit de fes plus beaux habits, & un garçon obtenoit facilement dans ces occafions une fille quand il la demandoit en mariage.

Le kan d'occident, qui, comme on l'a dit, s'étoit féparé du refte de la nation turque, s'établit le long de la riviere d'l-li, dans l'ancien pays des Ou fiun. Ses états, bornés à l'orient par ceux des Turcs orientaux, & par la riviere d'Irtisch, s'étendoient du côté de l'occident jusqu'aux Palus Méotides: le pays de Kaschgar les bornoit au midi. Le kan tenoit fa cour pendant l'hiver à fept journées de marche au nord-ouest d'Yen-tchi ou Haraschar; c'eft ce qu'on appelloit cour du midi; pendant l'été il la tenoit dans un pays plus au nord de huit jours, lequel étoit fitué au nord de Turphan. La forme du gouvernement, & les mœurs des Turcs occidentaux étoient précisément les mêmes que celles des Turcs orientaux.

Pendant que les Turcs orientaux étoient occupés contre les Chinois, les Turcs occidentaux l'étoient contre les Perfes, dont ils étoient tantôt vainqueurs, tantôt vaincus. Ces derniers eurent auffi quelques démêlés avec les Chinois : mais ces deux nations étoient féparées par une trop vafte étendue de pays, pour qu'ils puffent fe faire réciproque. ment beaucoup de mal. Enfin les Turcs occidentaux, toujours divifés entre eux, le partagerent en une infinité de principautés, dont une partie remonta à l'orient de la Tartarie, s'en empara, & foumit même la Chine, une autre pénétra dans l'empire romain, & donna naissance aux Hongrois, aux Uzes ou Turkomans, aux Patzinaces, aux Bulgares, Valaques, &c. Plufieurs autres hordes turques entrerent dans la Perfe fous le nom de Seljoucides, & étendirent leurs conquêtes jusqu'au détroit de Conftantinople. Ces Seljoucides fe partagerent enfuite en plufieurs branches, dont l'une refta en Perse, l'autre passa à Iconium, une troifiéme à Damas, une quatrième à Alep,

&

& une cinquième dans le Kerman. Plufieurs officiers des princes Seljoucides profiterent de la foibleffe de leurs maîtres pour établir de nouveaux empires; de là l'origine des fultans du Kharisme & des Attabeks qui ont régné dans la Syrie. Auparavant des esclaves Turcs, que les Arabes avoient enlevé du Turkeftan, fe révolterent contre les kalifs, & formerent de puiffans empires, en Egypte & en Syrie.

Il ne nous refte plus qu'à voir d'où font fortis les Turcs ou Ottomans qui ont détruit l'empire grec. Au travers des ténébres, dont leur hiftoire eft enveloppée, on apperçoit un auteur Arabe, contemporain, qui nous apprend que lorsque Gengis kan & fes fuccefleurs fe furent emparés de cette partie de l'Afie mineure, que poffedoient les Seljoucides d'Iconium, la plupart des émirs Turcs fe retirerent dans les montagnes où ils refterent indépendans, & formerent différentes petites principautés : elles font peu connues dans l'hiftoire. Parmi ces émirs il s'en trouva un que les hiftoriens Arabes, contemporains, nomment Thaman ou Athman : c'eft celui que nous connoiflons fous le nom d'Othman, duquel l'empire des Turcs a pris le nom d'empire ottoman. Othman fe joignit avec plufieurs autres émirs pour ravager les provinces orientales de l'empire grec. Il vainquit plufieurs émirs, & foumit leurs hordes : fon fils Orkan acheva de les foumettre tous, & fe rendit maître de l'Afie entiere. Amurat I étendit les bornes de l'empire ottoman. Bajalet, fils d'Amurat, envoya des ambaffadeurs en Egypte, & fe fit nommer fultan du pays de Rum. C'est ainfi que les Tartares appellent le pays que les Romains ont poffédé en Afie. Tous les fucceffeurs d'Othman étendirent les bornes de l'empire turc, au dépens de l'empire grec, jusqu'au regne de Mahomet II, qui détruifit entierement ce dernier, & établit Conftantinople la capitale de l'empire turc. Tiré de l'hiftoire générale des Huns par de Guignes.

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Les Turdétains paffoient pour être les plus éclairés d'entre les Espagnols: ils s'appliquoient à l'étude de leur lanils avoient d'anciennes hiftoires & des loix écrites en gue, vers. On les regardoit auffi comme les plus polis de toute la province, à caufe du commerce qu'ils avoient avec les étrangers, & particulierement avec les Phéniciens. Ceuxci, lorfqu'ils y aborderent la premiere fois, trouverent l'argent fi commun parmi les Turdétains, que tous les meubles les plus vils de ce peuple, étoient de ce métal, jufqu'aux créches & aux tonneaux ; ils leur donnerent de petites bagatelles, de la clinquaillerie de peu de prix, que ces peuples eftimoient plus que leurs métaux, & ils en reçurent en échange une quantité fi prodigieufe d'argent, que leurs vaiffeaux ne furent pas allez grands pour contenir tout ce qu'ils en avoient ramaffé. Ils furent obligés, pour ne pas perdre le refte, d'en forger des ancres. On dit que cette abondance d'argent fi furprenante, venoit d'un embrafement des Pyrénées, arrivé un peu avant que les Phéniciens connuffent l'Espagne. Des bergers avoient mis le feu à une forêt de ces montagnes, qui s'étoit répandu par-tout avec une fi grande force, qu'il avoit confumé les arbres jufqu'à la racine, & fondu les mines qui étoient cachées dans la terre, tellement qu'on avoit vu couler des ruiffeaux d'or & d'argent dans les campagnes. Les Phéniciens ayant fait alliance avec les Hébreux, du tems d'Hiram, roi de Tyr, ani de David & de Salomon, ils leur découvrirent les richelles de l'Efpagne, & dans la fuite les rois d'Ifraël & de Juda y enOnoba aftuaria, voyoient de tems en tems des flottes. L'écriture appelle ce L'embouchure orientale du fleuve pays Tarfis, du nom de l'une de fes principales villes, nom

TURDE. C'est ainfi que Ptolomée, l. 3, c. 1, appelle une ville d'Italie qu'il donne aux Vilumbri, & que les autres géographes appellent Tuder ou Tudertum. Voyez ce mot. TURDETANI, peuples d'Espagne. Leur pays, felon Strabon, l. 3, p. 139, s'appelloit Bétique, du nom du fleuve Bétis qui l'arrofoit : on le nommoit aufli TURDETANIE, du nom des peuples qui l'habitoient. Strabon dit que les habitans s'appelloient TURDETANI & TURDULI, donc quelques-uns ne faifoient qu'un feul peuple; mais que d'autres diftinguoient les TURDETANI des TURDULI, & quePolybe entr'autres mettoit les TURDETANI au nord des TURDURI. Du tems de Strabon les Turdétains & les Turdules étoient regardés comme le même peuple, & il ne paroiffoit aucune distinction entr'eux. Cependant Prolomée, l. 2, c: 4 & 5, en fait deux peuples différens, mais qui habitoient le même pays; favoir, la Bérique, quoi qu'il entende le pays des Turdétains au delà de l'Anas. Voici de quelle maniere ce dernier divife le pays des Turdétains.

A l'orient de l'embouchure du fleuve Anas.

A l'occident de l'embouchure du fleuve

Anas.

Dans les terres.

Bétis,
Les fources du fleuve,
Le golfe voifin d'Afta.
Balfa,
Offonaba,

quoi

Le promontoire Sacrum,
L'embouchure du fleuve Calipodes,
Salacia,

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mée Tarfis, qui étoit près de la mer & entre les deux bras du Baris ou du Guadalquivir. C'est là où étoit le plus grand abord de monde, & où par conféquent fe faifoit le plus grand commerce. Les Turdétains, dit Strabon, L. 3, c. 139 &fuiv. étoient d'une humeur douce, & civilifés; & quand ils furent fous l'obéiffance des Romains, ils prirent les mœurs de leurs vainqueurs, & même oublierent leur propre langage, tant ils aimerent celui des Romains. Leur province furpaffoit les autres, en richelles & en propreté d'habits, & en honnêteté & en zéle de religion. On portoit de leur pays dans les autres quantité de froment, de vin & d'huile, des pois, du miel, de la cire, du fafran, du vermillon, & mênie on emportoit de-là à Rome grand nombre d'habits, avec des laines très-fines.

TURDETANORUM. URBS, ville d'Espagne, dans la Bétique, chez les Turdétains. Tite-Live, l. 22, c. 6, & 1. 24, c. 42, qui parle de cette ville, dit qu'elle fut ruinée. par les Romains. On prétend qu'elle étoit dans le même endroit où eft aujourd'hui la ville de Teruel.

TURDETIA. Voyez TUDER.

TURDITANUS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Byzacène. Benerius fon évêque fouscrivit à la lettre adresfée à l'empereur Conftantin.* Hardouin, Collect. conc. L. 3, P. 739.

Tome V. YY YYYY

TURDULI. Il y a eu anciennement plufieurs peuples de ce nom en Espagne. Pline, .;,c. I, dans un endroit, dit que les Turdules habitoient la Lufitanie & l'Espagne Tarragonnoife, & dans un autre endroit, il les met feulement dans la Lufitanie. Selon Strabon, 4. 3, c. 139, les Turdules étoient les mêmes que les Turdétains, & habitoient la Bétique. Voyez TURDETANI. Ptolomée, qui fait deux peuples des Turdétains & des Turdules, divife ainfi le pays de ces derniers :

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de la Tour, qui étoit comte de Negrepeliffe & baron d'Auliergues; mais qui portoit le titre de vicomte de Turenne, quoiqu'il n'en fut ni propriétaire ni ufufruitier, ce vicomté étant poffédé par les ducs de Bouillon fon frere aîné & fon neveu. *Longuerue, Description de la France, part. I, p. 142.

TURENNE, en latin Torinna Caftrum, Torenna, ToIrena, Turena, ville de France, dans le Bas-Limoufin, fénéchauffée de Brive, à deux lieues de la ville de ce nom, à quatre de Tule, & à égale diftance de Sarlat, avec titre de vicomté, & château. C'étoit déja une place forte dans le huitiéme úécle, lorsque le roi Pepin la prit fur le duc Gaifre, l'an 767. Elle eut, dans le dixiéme fiécle, des feigneurs héréditaires. Bernard, feigneur de Turenne, avoit, fur la fin de ce même fiècle, la qualité de vicomte de Turenne. Ce vicomte étoit fubordonné aux comtes de Limoges, qui étoient ceux de Poitiers, ducs d'Aquitaine; c'eft pourquoi ce comté eft quelquefois nommé vicariat en latin, ce qui marque fa dépendance d'un feigneur dominant. Après Bernard, Archambaud, vicomte de Comborn, ou par mariage ou autrement, s'empara de Turenne, ayant l'an 1000, & laisla cette feigneurie à sa poftérité, laquelle a continué toujours de mâle en mâle, jusqu'à Raimond, qui mourut fous Philippe le Bel, l'an 1304, & ne laiffa qu'une fille nommée Marguerite, qui épousa Bernard, comte de Comminges, & lui apporta, en mariage, fon vicomté. Leur poltérité masculine fut éteinte, par la mort de leur fils Jean, comte de Comminges, dont la fœur aînée nommée Cécile, hérita du vicomté de Turenne. Elle époufa Jacques d'Aragon comte d'Urgel. Alienor, fœur cadette de Cécile, époufa Guillaume Roger, comte de Beaufort, neveu du pape Clément VI, & frere de Grégoire XI. Guillaume Roger acheta, de fa belle-four Cécile, comteffe d'Urgel, le vicomté de Turenne. La postérité masculine de Guillaume, comte de Beaufort & vicomte de Turenne, qui mourat fans enfans mâles, l'an 1482: Anne de Beaufort, fa fille aînée, époufa, l'an 1444, Agne de la Tour, feigneur d'Auliergues en Auvergne, cadet de la maifon de la Tour ; & par ce mariage, le vicomté de Turenne eft paffé dans cette illustre maifon, où il eft demeuré jusqu'à préfent. Ce lieu de Turenne eft très fameux, pour avoir, dans le dix-feptiéme fiécle, donné le nom au célébre maréchal & général Henti

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Le vicomté de Turenne s'étend entre le Querci, le Limoufin & le Périgord, & à huit lieues de long & fept de large. Il renferme les villes de

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On y compte, outre cela, quatre-vingt-dix bourgs ou paroiffes, dont la plus grande partie eft dans le Bas-Limoufin. La feigneurie de Turenne a été autrefois pollédée en toute fouveraineté, & ce ne fut qu'au commencement du dixième siècle, qu'un vicomte de Turenne rendit hommage au roi, à condition que ce vicomté ne pourroit être mis hors de la main du roi, & que le vicomte & fes fucceffeurs continueroient à jouir de tous les droits régaliens. La claufe portée par cet hommage, n'empêcha pas que faint Louis, ayant cédé le duché de Guienne à Henri III, roi d'Angleterre, n'écrivit à Raymond, vicomte de Turenne, de ne pas faire difficulté de rendre hommage à Henri. Ce vicomte obéit, mais avec la même réferve des droits régaliens. Au moyen de l'hommage de fidélité que les vicomtes de Turenne ont rendu à la couronne, nos rois les ont toujours confirmés dans la jouiffance de tous les droits régaliens. Les lettres patentes de confirmation de Louis le Grand font du 12 mai 1656. Il ne fe leve aucun droit, pour le roi, dans ce vicomté, mais le feigneur, qui eft aujourd'hui M. le duc de Bouillon, y leve presque tous les droits que fa majefté a établis dans le royaume. Les impofitions, fur le vicomté, font départies par les états du pays, qui font convoqués par le vicomte. Outre les droits & les revenus de ce vicomté, il y a une grande quantité de terres & de fiefs qui en relevent. Rodolphe ou Raoul, comte de Cahors & de Turenne, eft le plus ancien feigneur de Turenne, dont le nom foit venu jusqu'à nous. Il vivoit vers l'an 788, & prenoit la qualité de comte, non que Turenne fut un comté, mais parce qu'il étoit comte bénéficiaire de Cahors. * Piganiol, Descript. de la France, t. 6, p. 382.

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La vicomté de Turenne a été vendue, par Charles-Godefroy, duc de Bouillon, en 1738, au roi, qui l'a réunie à la couronne.

1. TURENSIS ou TURRENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Byzacène. Son évêque eft nommé Maximianus, dans la notice des évêchés de l'Afrique, & il a le même nom dans la conférence de Carthage, no. 121.

2. TURENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dont il est parlé dans la conférence de Carthage, qui dit que ce fiége étoit occupé par Donatus Turenfis, évêque donatifte, & l'un des adverfaires de Victorianus, episcopus plebis Mustitane. Il y a apparence que ce fiége Turenfis étoit différent d'un ville de même nom, fituée dans la Byzacène; car il étoit voifin de la ville Muftitana, qui étoit dans la province Proconfulaire. Je croirois que Samfucius, dont parle faint Augustin, Epist. 34 & 83, étoit évêque de ce fiége.

3. TURENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, felon la conférence de Carthage, qui qualifie fon évêque Paschafius episcopus Turenfis. On ignore de quelle province il étoit.

TURGALLIENSIS. Voyez MULLICIENSIS.

TURGANA, ifle de l'Arabie heureufe. Ammien Marcellin, l. 23, nous apprend qu'il y avoit, dans cette isle, un fort grand temple de Serapis. Cette circonstance, dit Ortelius, feroit croire que ce feroit l'ifle de Sarapis dont parle Ptolomée.

TURGOUW. Voyez THOURGAU.

TURGUT & DURGUT, en latin Turguteli. C'eft ainsi que les Turcs appellent une partie de la Natolie, fort proche de Dulgadir, que les anciens ont appellée Phrygie. *D'Herbelot, Biblioth. orient. p. 897.

TURHOLT ou TUROUT, abbaye des Pays Bas, dans la Flandre. Louis le Débonnaire donna cette abbaye, l'an 832, à faint Anschaire, pour l'unir à fon nouvel archevê. ché de Hambourg. Charles le Chauve ne laissa pas de la

donner à un autre de fon vivant, même vers l'an 846. Elle lui fut rendue depuis, & il la pofféda fans la réunir à l'archevêché de Hambourg. Il éleva, dans cette abbaye, faint Rembert, qui fut fon fuccefleur à l'archevêché de Hambourg & à l'évêché de Breme.* Baillet, Topogr. des faints, p. 509.

TURI, bourg d'Italie, dans la terre de Bari, environ à cinq milles de Converfano du côté du midi.* Magin, Carte de la terre de Barri.

1. TURIAS, riviere d'Espagne, felon Sallufte, in Fragment. hift. l. 2, qui dit qu'elle arrofoit la ville de Valence. C'est par conféquent aujourd'hui le Guadalaviar, & non le Guadalquivir, comme le veut Corneille.

2. TURIAS, riviere ou ruiffeau d'Italie. Cette riviere n'eft guère connue que de Silius Italicus, L. 13, v. 5, qui en parle ainfi :

....

Nulla ladens ubi gramina ripa
Turia deducit tenuem fine nomine rivum,
Et tacite Tuscis inglorius affluit undis.

On croit que c'eft la même riviere que Tite-Live, 1. 26, c. 11, met a fix milles de Rome; mais Sigonius & Gronovius, au lieu d'ad Turiam fluvium, lifent ad Tutiam fluvium. Comme les manuscrits de Tite-Live varient, & que quelques-uns de ceux de Silius Italicus portent Tucia ou Tuscia, pour Turia, il feroit difficile de décider laquelle de ces orthographes eft la meilleure.

TURIASO, ville de l'Espagne Tarragonnoife. Prolomée, l. 2, c. 6, la donne aux Celtibéres. Le manuscrit de la bibliotheque palatine lit TURIASSO; & Pline, l. 34, C. 14, fuit cette orthographe ; cependant les anciennes inscriptions que l'on conferve à Taraçona, qui eft la même ville, lifent TURIASO.

TURICK, isle du Volga, au-dessus de la ville de Sabakzar.

TURIGA, ville de l'Espagne Bétique, felon Pline, l. 3, c. 1. C'est la même que Ucultiniacum. Voyez ce mot. TURII. Voyez THURINUM & TURINUM.

1. TURIN, ville d'Italie, la capitale du Piémont, dans une plaine, au pied des montagnes, fur le bord du Pô, dans l'endroit où la riviere de Doria-Riparia fe jette dans ce fleuve.

C'étoit anciennement la principale place des peuples appellés Taurini, qui descendoient des anciens Liguriens, & qui pouvoient avoir pris leur nom du taureau qu'ils portoient dans leurs enseignes. Baudrand dit que Tite-Live & Appien d'Alexandrie nomment cette place Taurafia. Il fe trompe, dumoins à l'égard de Tite - Live, qui ne la nomme nulle part. Annibal la ruina, parce que ces peuples avoient refufé de faire alliance avec lui ; & comme c'étoit la place la plus forte de ce quartier, fa tuine jetta une telle crainte dans l'esprit des peuples voifins, qu'ils fe foumirent d'abord qu'Annibal parut. Dans la fuite, Jules-César y établit une colonie romaine, & l'appella Colonia Julia. Augufte changea ce nom en celui d'Augufta Taurinorum, nom fous lequel l'a connue Ptolomée: Pline & d'autres auteurs en parlent fous ce nom. C'eft de Pline que nous tenons l'origine de ces peuples. D'anciennes inscriptions parlent de cette ville fous les deux noms que les Romains lui donnerent. Elle cut enfuite celui de fon peuple, & s'appella TAURINI.

Après avoir été long-tems foumife aux Romains, elle tomba, dans le tems de la décadence de l'Empire, fous la puiffance des Barbares, qui s'établirent en Italie. Les Herules & les Oftrogoths la pofféderent. Le patrice Narfés, après avoir détruit le royaume de ces derniers, la fit rentrer fous la domination de l'Empire. Depuis, elle fut du domaine des Lombards; mais ce ne fut pas avant le regne d'Antharik, leur troifiéme roi en Italic. Elle fit alors un des trente-fix duchés de leur royaume. * Philib, Pingon. fol. 95, 96. Gruter. fol. 160 & 168. Blaeu, Atlas.

Lorsque Charlemagne eut détruit le royaume des Lombards en Italie, il paroît qu'il foumit Turin aux comtes ou marquis de Suze, qu'il chargea de garder le paffage des Alpes, & de contenir les peuples voifins dans l'obéisfance. Sous fes fucceffeurs, les comtes ou marquis devinrent propriétaires de leur gouvernement, & le pofféderent en fief fouverain, relevant de l'empire d'Occident ou du royaume d'Italie. Ulric Mainfroi, dernier des marquis de

Suze, étant mort, vers l'an 1032, Turin & Suze pafferent
fous la puiffance des comtes de Savoye, par le mariage
d'Adeleïde, fille de Ulric Mainfroi, avec Oddon, comte
de Maurienne & de Savoye. Leurs descendans en ont tou-
jours joui depuis ; fi ce n'eft durant quelques tems de trou-
bles : car, quoique Otton de Frifingen donne, en 1147,
à Amédée III, comte de Savoye, le titre de marquis de Tu-
rin; cependant, s'étant élevé, peu de tems après, quelques
démêlés entre l'empereur Frédéric I & Umbert III, comte
de Savoye, le premier, dans le feu de la colere, donna à
l'évêque de Turin, non-feulement le domaine temporel
de la ville de Turin, mais encore celui de presque tout le
diocèfe. Cette donation occafionna des guerres cruelles,
parce que l'évêque trouva moyen de fe faire appuyer par
les habitans & par le marquis de Montferrat. A la fin
néanmoins Thomas III, comte de Savoye, ayant fait pri-
fonnier Guillaume de Montferrat, à fon retour d'Espagne,
dans le tems qu'il paffoit par le Dauphiné, les chofes chan-
gerent de face, & Thomas rentra en poffeffion de Turin,
qu'il transmit à fes descendans. Les François le prirent en
1536, fous Charles le Bon, duc de Savoye, & le garde-
rent jusqu'à la paix, qui fe fit en 1562. Ils le remirent
alors au duc Philibert, qui le choifit pour fa réfidence, &
qui en fit la capitale de fes états. Le comte d'Harcourt,
général de l'armée françoife, le prit encore en 1640. Dans
la derniere guerre, il étoit prêt à fe rendre au duc d'Or.
léans, qui avoit relevé, en Italie, le duc de Vendôme
lorsque le prince Eugêne fit lever le fiége.

Turin autrefois étoit environnée d'une ancienne muraille de pierres de taille, flanquée d'espace en espace de bonnes tours. A la place, qui étoit au milieu, répondoient quatre rues, dont chacune aboutiffoit à une des portes de la ville. La porte qui regardoit l'occident s'appelloit premierement la porte du Pô: depuis, le château, qui fut bâti auprès, lui donna fon nom. Celle qui étoit à l'orient, appellée d'abord Turrianica porta, s'appella enfuite la porte de Suze. La porte Palatine, ainfi nommée à cause du palais d'Augufte, dont on voit encore les ruines dans ce quartier, fut auffi appellée la porte de Doria, riviere qui coule dans le voifinage; & la quatrième porte, qui regardoit le midi, étoit appellée la porte de marbre. De ces quatre portes il n'en refte plus que deux ; la porte de Suze & la porte Palatine. Les deux autres ont été abattues, lorsqu'on démolit les murailles pour agrandir la ville. On voyoit, au dehors, quatre grands fauxbourgs, où il y avoit des églifes & des maifons affez bien bâties, qui furent ruinées dans le tems du fiége, en 1536. Le duc Philibert rétablit le tout, embellit & fortifia de plus en plus la ville, & fit élever, du côté de l'occident, une citadelle à cinq baftions, au milieu de laquelle on creufa un puits extrêmement profond, & d'une ftructure admirable; car nonfeulement les hommes, mais même les chevaux peuvent y descendre pour y aller boire, & remonter fans fe rencontrer en remontant. C'est un double escalier fans degrés, & qui tourne tant de fois que la pente en devient ailée. Les ducs Charles Emmanuel I & Victor Amédée I augmenterent la ville de Turin, en faifant une nouvelle enceinte de murailles du côté du midi, où l'on plaça la porte de la Victoire, appellée communément la porte Neuve. Charles Emmanuel l'agrandit encore davantage. Il fit faire, dans tous les états, quantité d'ouvrages, pour la commodité, pour l'ornement , pour la défense, & fit bâtir quantité de palais & d'églifes. Il renferma, dans la ville, un fort grand espace du côté de l'orient; & pouffant la muraille presque jusqu'à la rive du Pô, il la flanqua de cinq grand baftions royaux ; ouvrage qui fut fait dans l'espace d'une année. La mort l'empêcha d'orner la porte du Pô. Sa veuve y fit faire un édifice fuperbe. Outre la citadelle, qui eft du côté de l'occident, on voit, du côté de l'orient, le palais du prince, flanqué de quatre groffes tours rondes, bâties par Thomas II, comte de Savoye, augmenté par Louis, prince d'Achaïe & de Piémont, & orné par le duc Charles Emmanuel I, & par la ducheffe Chriftine de France, régente, pendant la minorité de fon fils Charles Emmanuel II. Ce palais ayant, en partie, été brûlé l'an 1659, le duc Charles Emmanuel II le répara, l'embellic & l'augmenta confidérablement. Il fait face à une grande place. On entre, par un pont-levis, dans une grande cour bordée d'un bâtiment presque fans fymétrie. La fale eft grande & enrichie de peintures rares. L'escalier eft auffi Tome V. YYyyyy ij

fort beau, & il y a une vieille galerie longue de cent pas, dont les murailles font couvertes des portraits des princes & des princeffes de la maifon de Savoye, avec des ftatues de marbre d'empereurs & de philofophes. On y voit auffi plufieurs piéces rares, entre lesquelles on remarque un petit chariot d'or, attelé de fix chevaux, tout couvert de pierreries; un petit château de même matiere, avec fon artil lerie & toutes les fortifications, très-bien représentées; & deux armes à feu, qui fe démontent, qui fe chargent & qui le tirent d'une maniere très-ingénieufe, fans parler d'une excellente bibliotheque, qui eft enfermée à la clef dans de grandes armoires. De-là, on paffe au palais neuf, qui commence la ville. Quatre pavillons, & autant de corps de logis, qui les joignent, entourent une grande cour, dont l'enceinte eft une longue galerie, avec une baJuftrade, ornée de plufieurs figures de marbre, qui repréfentent, pour la plupart, les derniers ducs de Savoye. Cette balustrade, que foutiennent de hautes colonnes, fait face à la grande place de ce palais. Au pied de fon grand 'degré eft la figure en bronze d'un duc de Savoye, fur un cheval de marbre; & plus avant, on trouve un fort beau parterre, dans un jardin rempli de plufieurs ftatues de diverfes matieres, des plus habiles fculpteurs, & une fontaine, qui s'élève au milieu d'un baflin. Ce jardia occupe un bastion de la ville, appellé Baftion verd. De ce palais, il y a une grande & large rue, qui fait la plus confidérable partie de la ville neuve, féparée de la vieille ville par deux grandes places, bordées d'autant de palais qu'il y a de bâtimens, foutenus d'arcades propres à fe mettre à couvert contre les injures du tems. A cette grande rue fe viennent rendre presque toutes les plus belles de la vieille ville. Il y a encore, près de l'églife métropolitaine, un autre palais, où l'on élevoit, autrefois, les filles des comtes & des ducs de Savoye.

On compte à Turin dix églifes paroiffiales. Celle de la métropolitaine eft la premiere. Elle fut confacrée dès le tems des Lombards : elle fut entierement rebâtie en 1498. On y remarque la magnifique chapelle du faint Suaire, de l'architecture du pere Guarini. On honore principale ment, dans cette églife, les faints Maurice, Octave, SoJuror & Adventor, martyrs ; le premier tribun, les autres foldats de la légion thébaine; faint Secundus, patron de la ville; faint Maxime, qui en fut évêque, vers la fin du regne d'Honorius, & ne mourut que vers l'an 466, après un épiscopat de plus de quarante-cinq ans. Cette ville étoit évêché dès l'an 380, & fut érigée en métropole par Sixte IV; ce qui fut confirmé par Léon X, en 1515. Ses fuffragans font Yvrée, Saluffes, Foffano & Mondovi. Le chapitre eft compofé de vingt-cinq chanoines, dont cinq font les premieres dignités; favoir, le prévôt, l'archidiacre, le tréforier, l'archiprêtre & le chantre. Il y a encore le chapitre de la fainte Trinité, compofé de fix chanoines, & fondé, en grande partie, par Adélaïde, derniere marquife de Suze. La plus ancienne des autres paroiffes eft celle de faint Eufébe, évêque de Verceil, adminiftrée par des prêtres de l'oratoire. Les autres font l'églife paroifliale de faint Thomas, deffervie par des cordeliers; celle de fainte Marie de la Place, deffervie par des carmes; celle de faint Jacques & de faint Philippe, deflervie par des auguftins; celle de faint Dalmace, defler vie par des barnabites. Les autres paroifles, faint Paul, faint Etienne, faint Grégoire, faint Martin, & faint Simon & faint Jude, font affectées à des prêtres féculiers. Turin a d'ailleurs un grand nombre de maisons religieufes, des dominicains, des cordeliers, des bernardins, des jéfuites, des cordeliers de l'étroite obfervance, des carmes déchauffés, des auguftins déchauffés, des théatins, des minimes, à quoi on peut ajouter les freres de faint Antoine de Vienne, qui prennent foin des malades, & qu'on nomme vulgairement Fate ben fratelli senfin, des peres de la fainte Trinité, ou de la rédemption des captifs, de l'étroite obfervance. Hors de la ville, on trouve deux couvents de capucins; l'un au-delà du Pô, fur une colline. L'églife, bâtie par le duc Charles Emmanuel I, eft peut-être la plus magnifique que ces religieux ayent en Europe: l'autre couvent, plus ancien, eft dans la plaine, au delà de la Doria. On l'appelle la Madona di Campagna. Les maifons des filles religieufes, font celles des filles de la congrégation de latran, des clairiftes, des carmélites, des capucines, des filles de la vifitation & de l'annonciation; outre deux mai

fons de filles repenties: l'une fous le nom de fainte Magdeléne; l'autre fous celui de fainte Pélagie. On ne finiroit point, fi on vouloit détailler toutes les églifes paroifliales & les couvents, qui font dans les fauxbourgs & dans les environs de Turin. Il y a encore, dans la ville, divers hôpitaux & plufieurs confréries. L'univerfité, fondée en 1505, eft fur un très-bon pied, depuis que le feu roi Victor l'a réformée. * Miffon, Voyage d'Italie, t. 3, p. 51. Baillet, Topographie des faints, p. 510. Commainville, Table des évêchés, p. 230 & p. 52.

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Turin l'emporte fur presque toutes les villes d'Italie, par fa fituation, par les avenues, par la magnificence de fes édifices, par la beauté de fes rues & de fes places par toutes les commodités ds la vie, & par le nombre & les manieres libres & fociables de fes habitans. On vit à Turin comme on vit en France, la langue françoise y eft auffi commune que l'italienne. Le monde y eft bien fait, & la cour du fouverain eft une des plus leftes de l'Europe. L'ancien Turin n'eft que médiocrement beau; mais le nouveau est tout autrement bâti. Les rues en font larges & tirées au cordeau ; les maifons grandes, hautes, & presque toutes uniformes, Les remparts de la ville font garnis de belles allées de chênes. La vue eft auffi fort belle, particulierement du côté des rivieres; mais le plus grand cours fe fait dans les avenues du Valentin, maifon de plaifance du prince, fur le bord du Pô, à un mille de Turin, Il en a plufieurs autres, toutes bien meublées & bien entretenues. Les principales font, Montcallier, Mille-Fleurs, Rivoli & la Vénerie, qui n'eft qu'à deux lieues. Il y a, dans Turin, une commodité qui ne fe voit guères ailleurs, & qui récompenfe, en quelque façon, le mauvais pavé. Par le moyen d'une riviere, qui coule dans le plus haut quartier de la ville, on peut tirer un petit ruiffeau dans toutes les rues, & emporter toutes les ordures. Le directeur ouvre l'éclufe toutes les nuits, & diftribue l'eau dans tous les quartiers de la ville, comme il veut. En cas d'incendie, cette riviere eft d'une grande utilité. * Adiffon, Voyage d'Italie, p. 281.

2. TURIN, Taurinenfis ager. C'eft la contrée où eft Turin, & une province particuliere du Piémont. C'étoit, du tems des Lombards, felon Paul Diacre, un duché, qui s'étendoit plus loin que ne fait aujourd'hui cette contrée.

TURINGI & TORINGI. C'est ainfi que Sidonius Apollinaire & Vegetius appellent les peuples de la Germanie, connus aujourd'hui fous le nom de Thuringiens ; & Calliodore, t. 4, Variar. ad Herminafrid. nomme leur pays Thoringia. Voyez THURINGE.

TURINI. Voyez TURONES.

TURINUM, lieu d'Italie dont parle Céfar, Bell. Civ. 1. 3,6. 21 & 22, qui dit que la ville Cofa, ou plutôt Compfa, étoit dans fon territoire. Il nomme les habitans Turii ou Thurii. TURINUM ne peut être autre chose que la ville THURIUM. Voyez ce mot.

TURIO, petite riviere d'Espagne, au royaume de Léon. Elle reçoit, dit Corneille, la petite riviere de Vernesga, en pallant par la ville de Léon, & va enfuite mêler fes eaux à celles de l'Ezla, proche de Campo. Ces rivieres Turio & Vernesga, entre lesquelles la ville de Léon est fituée, ne font autre chofe, felon l'auteur des délices d'Espagne, p. 154, que les fources de l'Ezla.

TURISSA, ancienne ville d'Espagne, felon Antonin, qui la met à vingt-deux mille pas de Pampelune, & à dix-huit mille pas de la haute Pyrenée. Plufieurs géographes ont cru que c'étoit la même que l'Ituriffa de Prolomée : de Marca cependant les diftingue, & prétend que Turiffa eft aujourd'hui le village de Subiri, entre Burguette & Pampelune; au lieu que l'Ituriffa eft Tolofa, dans le Guipuscoa.

TURITANI, peuples d'Espagne, dans la Botique, felon Etienne le géographe, in voce, Berogia; mais c'eft une faute, qui a été remarquée par Cluvier, & corrigée par Berckelius. Au lieu de TURITANI, il faut lire TURDI

ΤΑΝΙ.

TURIVA, fatrapie des Bactriens. Les Grecs, dit Strabon, l. 11, p. 517, s'étant rendus maîtres de la Bactriane, la diviferent en fatrapies, du nombre desquelles l'Asponie & la Turive leur furent enlevées par les Parthes Eucratides.

1. TURIUM. Voyez TRICORNIUM,

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