trois arcades en retour d'angle, sur le même alignement. Ces grandes ailes sont percées chacune de trente & une croifées en arcades, & elles font encore décorées de trois avant-corps de huit colonnes, un au milieu, & les deux autres à chaque bout. Les huit colonnes font distribuées par deux à chaque encoignure, & deux à chaque tremeaux, qui séparent les trois croifées. Les parties dans les intervalles sont avec des pilastres fimples dans les tremeaux. Les deux retours du bout de ces ailes, qui en forment les pignons, & les terminent; ont à celui sur l'orangerie, environ quatorze toises de face, & il est percé de trois arcades, & décoré de dix colonnes, dont huit forment deux avant-corps aux deux encoignures, de quatre à chacune, deux autres colonnes en arriere-corps, font aux côtés de la croisée du milieu, parce que cette partie est renfoncée. Le retour de l'autre aile, sur les réservoirs, est percé pareillement de trois croisées, & n'a qu'environ onze toises de face. Cette aile, ayant moins d'épaisseur que l'autre, n'est décorée que de huit colonnes, dont deux à chaque encoignure, & aux tremeaux, comme les avant-corps du côté du jardin. L'attique, qui regne au-dessus de toute cette étendue, est décoré de pilastres comme celui du château, & le fait faillir d'un demi pilastre aux encoignures desavant-corps, ce qui en donne une grande, aux entablements qui couronnent furles plates-bandes, portées par les colonnes, au-dessus desquelles font placées des figures en pied, de huit à neuf pieds deproportion, fur des socles qui font au-dessus de chaque colonne. Il y a cent quatre figures, tant aux faces du château, qu'à celles des deux grandes ailes. Leurs faces, qui sont sur les cours de derriere, & les doubles fur les rues, ont un étage de plus, attendu que les cours font enfoncées de cette hauteur, parce que l'entrée du côté des rues est beaucoup plus basse que le plain-pied des jardins: elles sont percées dans la hauteur de trois étages, par de grandes arcades, de douze pieds d'ouverture, qui éclairent trois galeries voûtées, une à chaque étage. Ces faces sont décorées simplement, sans aucun ordre d'architecture. L'attique au-dessus, est de même hauteur que celui du côté du jardin, & décoré de la même maniere; mais sans pilastre, pour s'accorder à la symétrie du dessous.. Sur cette attique, dans toute l'étendue du pourtour des bâtiments, tant du château que des deux grandes ailes, regne une balustrade de pierre, dont tous les piedestaux de toutes les encoignures des faces & des corps qu'il forme, font ornées de grands trophées d'armes, avec des corselets, des casques, des carquois, des enseignes, des drapeaux, & d'autres, mêlés de différentes manieres; & fur ceux qui font à plomb, des pilaftres fimples, il y a des vases. Tous ces ouvrages & leurs ornements, font des chefsd'œuvre des plus grands maîtres d'alors. Ces bâtiments immenfes sur les jardins, sont couverts en terrasse de plomb, sans qu'il y paroisse de combles. On s'y promene par-tout. Comme cette maniere decouvrir les palais, les fait paroître comme n'étant pas finis, Louis XIV eut l'idée de les couronner de grands & beaux combles, & en fit faire les modeles, qui ont été long-temps exposés dans une galerie du potager. Les guerres qui suivirent, empêcherent l'exécution de ce projet. Les deux doubles grandes ailes, sur les rues, font décorées avec des pavillons aux extrêmités, & au milieu, avec un ordre d'architecture dorique, semblable à celui de la cour du château, avecunétage d'attique au-dessus & dans les intervalles, en architecture fimple, de pierre, renfermant des panneaux de brique dans les tremeaux. Les faces, sur les cours, entre ces doubles ailes sur les rues, & celles sur le jardin, sont décorées comme les intervalles. Voyons la magnificence intérieure de ce superbe édifice. Nous commençons par le sallon qui est au bout de la cour de marbre: il est bas, a vingt-huit pieds de largeur, fur vingt-quatre de profondeur: fon pourtour est entiérement décoré de marbre, avec des pilastres, des chambranles, des postes, des chapiteaux, des ornements de métal doré: au-dessus des Tome VI. postes, & de quatre rangs de quatre colonnes de marbre, dont deux le long des murs des côtés, les deux autres isolées, séparant la largeur en trois parties, qui répondent aux trois ouvertures par lesquelles on entre; ces trois ouvertures conduisent à trois autres qui leur font opposées; par où on arrive à des galeries voûtées. On descend cinq marches pour y entrer, ce défaut a été fait avec réflexion, afin de donner plus de hauteur sous les voûtes. Ce fallon étant de l'ancien château, on a voulu réparer ce qui avoit échappé à la science de l'architecte. Ces galeries basses sur le jardin, ont dix-sept toises de longueur, sur vingt-neuf pieds de largeur : elles sont séparées en deux parties; une qui esten forme de peristile, a neufpieds, & est percée d'onze arcades dans le mur, par lequel elle est séparée de l'autre, qui a dix-neuf pieds de large; c'est de cette seconde, qu'on passe dans les jardins, par neuf arcades dans le mur de face. Elles font toutes fermées de grilles richement ornées & dorées. Dans les deux bouts de cette galerie, font des portes qui fortent de deux grands appartemenrs bas, qui s'étendent dans le reste de la face du jardin, des deux côtés & dans les deux retours desgrands bâtiments exposés au midi &au nord. Au côté du nord, qui est le droit, est celui des bains: on y entre de l'aile, sur la cour de marbre, par une galerie percée de trois arcades de chaque côté : on traverse une petite cour entre cette aile & le bariment, où est l'appartement qui est partagé en deux parties, dans un fallonde quarante-huit pieds de longueur, fur trente-un de largeur, avec deux rangs de chacun quatre colonnes doriques, de marbre de Rance, ce qui le divise en trois espaces, aboutissant à trois croisées dans la face, dont celle du milieu fert pour entrer dans le jardin; on y descend par un grand péron. Ce fallon est décoré de pilastres, de chambranles, de postes & de croisées de marbre, avec quatre niches, deux à chaque bout, dans lesquelles sont des statues de marbre; savoir la Vénus antique de Florence, copiée par Clairion; un Mercure antique; un Bacchus, d'après l'antique, qui est aussi à Florence; & un Apollon, dont le corps eft antique & la têre moderne. La seconde piece, appellée le fallon de Diane, est décorée de douze colonnes, d'ordre ionique, dont huit de marbre de breche violette, & quatre de marbre de Charlemont, distribuées dans les quatre faces du pourtour: les murs font aussi revêtus de décorations de marbres différents, avec des glaces dans deux parties opposées aux croisées; ensuite on paffe dans un grand fallon qui est à l'encoignure du bâtiment: il est percé de fix croisées, dont trois sur le parterre du nord, & les trois autres, dans la grande face du château : il est pareillement revêtu d'une belle décoration de marbre, avec douze gaines ingénieuses, ayant des ornements de bronze, partagés en parties, qui portent aussi des figures de bronze doré, représentant les douze mois de l'année: Janvier & Mars ont été sculptés par Marsy; Février, par Mutinot; Avril, par Tuby; Mai & Décembre, par Regnaudin; Juin & Juillet, par Legros; Août & Septembre, par le Hongre; Octobre, par Houzeau; Novembre, par Erard: ces figures portent de riches torches, aussi de bronze, destinées à des lumieres pour éclairer. Il y asur la cheminée, dans un cadre de marbre, accompagné de morceaux de sculture de bronze; un tableau qui représente Apollon qui poursuit Daphné: ce morceau a été peint par Houasse. De ce fallon, on entre dans la chambre des bains, revêtue de pareils marbres, avec fix colonnes; quatre dans un côté, le long du mur, avec de fimples pilastres, à celui opposé où est la cheminée; on en agit ainsi, parce que le côté où sont les colonnes a un angle plus large, depuis la croisée de la face, que l'autre: ce moyen a réussi pour rendre le platfond régulier: les deux autres colonnes sont dans le fond opposé aux croisées, & forment une alcove où se met le lit. Toutes ces colonnes & ces pilastres, ont leurs bases & leurs chapiteaux, de bronze doré d'or moulu: la cheminée est d'un riche marbre, ornée de bronze. De cette chambre, on entre dans le cabinet qui étoit celui des bains, dont la fortie est sur la galerie P basse qui paffe aux jardins; il est aussi decoré de marbre richement accompagné d'ornements de bronze; dans le fond, vis-à-vis des croisées, étoit une strade où on montoit de deux marches, fur laquelle étoit la baignoire, composée d'un seul morceau de marbre d'une grandeur extraordinaire, avec tous les accompagnements à l'usage du bain: derriere ces pièces, étoient celles pour les fourneaux, & toutes celles qui font nécessaires pour le service. De l'autre côté du premier fallon, qui entre à l'appartement des bains, sont d'autres pièces, qui étoient peintes à fresque sur les murs, & fervoient pour les personnes qui accompagnoient le Roi: on en a fait un double appartement. Dans le retour de ce grand corps de bâtiment du Château, qui regarde le midi, est l'appartement de M. le Dauphin: il a la même étendue que celui des bains, il est presque disposé en piéces pareilles: il y en a une dans le bout qui a la face fur le jardin, & fa fortie sur la galerie basse. Cet appartement n'est pas revêtu de marbre, ni décoré si magnifiquement que celui des bains; sa fingularité confiste dans deux cabinets, dont l'un est revêtu dans son pourtour, d'une marqueterie bien dessinée, & il est orné de glaces, avec de riches consolles, disposées pour y placer des bronzes, des vases précieux & des porcelaines : le parquet est aussi de marqueterie, le tout par compartiment: il y a des glaces représentantes ceux qui marchent la tête en bas. Le second n'est décoré que de lambris très-riches, dorés en plein, quirenferment, en symétrie, des tableaux originaux des différents grands Maîtres anciens; le tout mêlé de consoles qui portoient aussi des porcelaines: le plafond de ce cabinet, étoit peint par Lafoffe: on a été obligé de l'abattre pour refaire lesplanchers. Après être forti des appartements qui font au rezde-chauffée, il faut monter à ceux du Roi & de la Reine; lesquels occupent au-dessus, les trois faces de bâtiment fur les jardins. Ces deux appartements ont cent trente-cinq toises de pourtour, & font perçés de cinquante-cinq croisées: on y arrive par deux grands degrés: le principal est à droite, on l'appelle des Ambaffadeurs; en quittant la grande cour, on y entre par trois arcades percées dans la face d'une des petites ailes: il est précédé par un vestibule dans lequel on entre pareillement par trois arcades: ce grand efcalier a foixante & douze pieds de longueur fur trente & un de largeur : comme les bâtiments lui ôtent la lumiere, il est éclairé par une grande ouverture dans le ceintre, qui monte jusqu'au plus haut des combles; cette ouverture eft fermée par deux pentes, en maniere de toit, avec des chassis de bronze doré. Aux trois arcades du vestibule, se présente une rampe, au milieu de l'espace, en forme de perron de onze marches, qui montent à un premier palier; lequel divise deux autres rampes de dix pieds de largeur & de vingt & une marches chacune, qui conduisent sur deux autres paliers, dont un à chaque bout, par où on arrive au plein pied del'appartement du Roi. Tout ce degré & le vestibule, font revêtus de marbres différents, qui forment des décorations fingulieres, mêlées de pilaftres & de colonnesioniques, dont les bases & les chapiteaux, font de bronze doré; toutes les marches font pareillement de marbre, ainsi que les pavés & les paliers, par des compartiments de formes agréables; les baluitrades des rampes & des paliers d'en haut, font par piedeftaux, focles & appuis de marbre, & renferment de très-riches balustres de bronze doré. Sur le premier palier, qui divise les deux rampes, il y a un renfoncement en forme de niche, dans laquelle est posée, sur une efpece de grande coquille de bronze, une figure antique de marbre blanc, représentant un Dieu marin, accompagné de deux Dauphins qui font de bronze, avec des roseaux, le tout doré: ces Dauphins jettent dans la coquille, de l'eau qui se répand en nappe dans un bassin de marbre qui est au niveau du pavé du palier. Depuis le plainpied de l'appartement, s'éleve l'ordre d'architecture de marbre, jusqu'à la corniche sous le ceintre; les piedestaux en sont portés sur une plinte qui regne le long du pourtour des décorations bafses: les deux grandes faces font décorées chacune par sept intervalles divisés par des pilastres : il y en a deux aux angles du palier, qui sont percés par les portes: celui du milieu l'est à un côté par un buste de Louis XIV, en marbre, porté sur des trophées, avec l'écusson des armes de France en bronze doré. Ce morceau entier est de Coizevox: au milieu oppofé sont des trophées d'armes, mêlés avec d'autres des arts pareillement de bronze: les autres intervalles paroiffent percés, comme s'il y avoit des galeries dont les croisées fussent décorées de chambranles de marbre : les fonds en sont peints à fresque; il y en a quatre dans les deux faces qui représentent des rideaux relevés en haut par des figures qui les soutiennent: au-dessous on y remarque des personnages de différentes nations étrangeres. Dans les petites faces des deux bouts où regnent les deux paliers d'en haut, font des portessemblables aux autres, il y en a une dans chaque angle, le reste de ces faces eft divisé par pilastres, avec un intervalle dans le milieu, lequel est garni de trophées de bronze doré, comme le milieu des grandes faces. La corniche, qui couronne cet ordre d'architecture sous le ceintre d'en haut, est richement sculptée & dorée en plein. Le ceintre, qui renferme la grande ouverture, par où la lumiere entre du comble pour éclairer, est dans tout fon pourtour d'une belle compofisition: elle figure une espece d'attique percé, comme s'il régnoit le long d'une galerie, avec différentes figures de coloris, des bas reliefs, & des ornements de rehauffé d'or: dans les quatre angles on voit des poupes de vaisseau accompagnées de figures & d'attributs de marine qui font auffi de coloris. Toutes les peintures & les décorations de ce grand degré font des desseins & en partie du pinceau de Lebrun. L'autre grand degré par où on monte à l'appartement de la reine, a fon entrée par l'autre aile qui est de l'autre côté de la grande cour, on passe pareillement par trois arcades pour y arriver'; il est aussi précédé par un vestibule en galerie, dans le bout duquel on trouve sur la droite une arcade qui y communique: ce degré monte en deux rampes, dont l'une qui est en face de l'arcade se termine à un premier palier qui occupe toute la largeur; l'autre rampe commence à ce premier palier, & fe termine à un second qui est de même longeur: il est éclairé par trois croifées qui donnent sur une petite cour pratiquée dans le double des ailes de la grande, & par une grande ouverture dans le ceintre qui tire fon jour par le comble: tous les murs du pourtour sont revêtus d'une décoration de marbre. Le bas eit couronné d'une plinte à la hauteur du second palier, fur laquelle s'éleve un ordre d'architecture de pilastres ioniques, avec des bases, des chapiteaux de bronze doré, & des chambranles aux portes & au pourtour des croisées avec beaucoup de symétrie. Au milieu de la face du fond qui regne le long du palier, & qui eft opposé aux croifées, il y a une niche dans l'intervalle des pilastres, dans laquelle est un grouppe d'enfants de bronze doré foutenant un trophée. A une des grandes faces des côtés, il y a au milieu une grande arcade ouverte qui prend fon jour d'un vestibule fur la grande cour: il y a une balustrade d'appui de marbre pour symétriser; de l'autre côté oppofé, on en afaitune feinte, dans laquelle est un grand tableau qui représente un fallon en perspective, avec des figures chinoises, auprès de vases remplis de fleurs; ce tableau est de Meunier pour la perspective, & de Fontenay pour les fleurs. Les balustrades d'appui pour les rampes, sont de marbre, les paliers en sont pavés par compartiment; les marches des rampes, qui ont dix pieds de largeur, ne font que de pierre. La corniche qui couronne l'ordre sous le cintre est orné de sculpture dorée; le cintre n'a aucune peinture. Sur le grand palier, qui est au haut de ce degré, il y a quatre portes, dont une donne l'entrée à une grande salle des Gardes, qui joint celle de l'appartement de la Reine; elle a cinquante & un pieds de longueur, fur quarante de largeur. Elle comprend en hauteur legrand étage & celui d'attique. Cette salle est éclairée par trois grandes croisées en arcades sur le parterre du midi, elle paroit hors d'œuvre, n'étant point à la tête de l'appartement du roi qui est de l'autre côté mais c'est le dépôt des Gardes qui font sur le guet. Entrons à présent dans les appartements du roi & de la reine: on y arrive, parces deux grands degrés, à celui du roi, qui est exposé au parterre du nord par deux portes, dont une fur chaque palier; à celui de la Reine, qui est exposé au parterre du midi, par deux autres, dont une sur le palier du même côté, & l'autre, dans un vestibule qui précede la salle des gardes dont nous venons de parler. La premiere des piéces de celui du Roi, n'est pas celle qui le commence; il y en a une au-delà, avec un grand salon, parlequel on devroit commencer pour y entrer. Ce défaut vient de ce que les deux retours du château, sur les parterres du nord & du midi, se terminoient en cet endroit: ce n'a été que depuis que Louis XIV a fait ajouter les deux grandes ailes, qui regnent le long des parterres, que le grand & maquifique escalier, a été fait & placé par rapport à ce projet du château, moins étendu, qu'on a augmenté les deux falles suivantes, pour joindre une des ailes de ce coté là. Louis XIV, fut tenté de changer ce superbe dégré, pour le placer ailleurs; afin de prendre l'appartement par le bout où est le grand & magnifique fallon dont nous allons parler. Ce changement a été réservé à notre auguste monarque regnant, qui, ayant un goût supérieur & naturel pour les belles dispositions, en a déjà formé les projets. Nous décrivons d'abord le salon qui joint l'aile près celui de la chapelle: il a cinquante-fix pieds de long fur cinquante de large; il est décoré dans tout son pourtour, de marbres rares, par pilastres d'ordre corinthien, avec des bases de bronze & des chapiteaux de métal doré; il est éclairé par sept grandes croisées en arcades, dont trois sur le jardin, & quatre à la face oppofée sur une des cours. La partie du côté du jardin, qui auroit pû fervir pour percer une quatrieme croifée, est renfoncée: on y a pris une porte d'entrée, qui forme l'enfilade du reste de l'appartement: la face d'un des bouts du côté de la chapelle, est divisée en trois parties par des pilastres; les deux angles font avec de pareilles arcades que celles des croifées: il y a de riches portes dans leur renfoncement: dans le milieu, il y a une grande cheminée de marbre d'Antin, venant des nouvelles carrieres ouvertes dans les Pyrénées depuis quelques années; dont le travers, qui est d'une feule piece, adix pieds de longueur; les jambages sont en grosses consoles, qui portent la fermeture de la cheminée, en ceintre furbaiffé, entourée de la même corniche, qui couronne les consoles; lesquelles font ornées de groffes têtes de lion, avec des pattes entrelassées, qui tombent au-dessous: au milieu du ceintre, qui forme le travers, on voit une tête d'Hercule sur un cartouche, d'où naissent des especes de cornets, qui répandent des plantes & des fruits; on remarque au-dessus, un attique avec deux consoles qui supportent un grand zableau; on apperçoit dans le milieu, un trophée de carquois & d'une rondache, fur laquelle on a exprimé un des travaux d'Hercule: on peut être fatisfait du bon goût de ces différents ornements de bronze doré au feu, qui sont du Vasse, sculpteur très-habile en or nements. Le tableau qui est au-dessus de l'attique, est de Paul Véronefe: il représente Suzanne dans le bain, avec les vieillards qui veulent la surprendre. De l'autre côté opposé, il n'y a que de fimples pilastres dans les angles, & dans l'intervalle qui occupe toute la largeur de cette face, on a posé un lambris d'appui, qui regne à la hauteur des piedestaux de l'ordre : le dessus porte un grand tableau, de Paul Véronèze, qui remplit le tout en hauteur & en largeur; on y admire Notre-Seigneur au festin de Simon le Pharifien. La corniche qui couronnne l'ordre d'architecture sous le cintre, répond à la magnificence de ce fallon en sculpture & en dorure. Le cintre est peint fur toile marouflée, par le Moine; le sujet est une apothéose d'Hercule qui monte à la gloire ou est Jupiter qui le reçoit au nombre des Dieux; toute cette étendue est remplie de nombre de figures qui représentent Junon & d'autres Déesses. Pour éviter de répeter dans chaque piéce la richesse des décorations, nous nous contenterons de dire qu'elles font toutes, soit dans l'appartement du roi, foit dans celui de la reine, en beaux chambranles, de postes, d'embrasemens, de croisées, de lambris d'appui, & de parties de tremeaux de marbre de différentes couleurs assorties : au-dessus des lambris d'appui on tend de magnifiques tapisseries de hauteliffe pendant l'hyver, quelquefois ce sont des tentures de velours avec des galons & des crépines d'or. Pendant l'été on les change pour y mettre différentes étoffes brochées d'or, fur lesquelles on place des tableaux des plus grands maîtres. Lagalerie & les deux fallons des bouts qui font la communication pour la cour d'un appartement à l'autre, son entiérement décorés en marbre fans aucune tapisserie. De ce grand fallon, on entre dans une piéce médiocre, qui n'a qu'une croisée sur le jardin; on doit la fupprimer pour n'en faire qu'une avec la suivante dans le projet que le Roi veut faire exécuter. Le platfond, qui représente l'abondance, est peint par Houasse. Dans le fond de cette piéce, vis-à-vis la croisée, on monte trois marches de marbre sous une arcade renfoncée où est la porte du cabinet des curiosités qui est dans le double fur la grande cour. Ce cabinet magnifiquement décoré, n'est qu'un modele de ce qu'on vouloit faire en marqueterie & en ornemens de Bronze doré au feu, les angles en font à pans, il est orné par des pilastres montant avec des glaces, sur lesquelles il y a des consoles espacées; entre les pilastres il y a des parties renfoncées avec des glace dans les fonds, & des tablettes sur lesquelles font rangées par ordre toutes les choses rares dont il est rempli, comme les agathes, les crystaux, lespetites figures de bronze antiques & d'autres d'or couvertes de pierreries. Sur la cheminée, on voit une magnifique nef d'or qui pese cent cinquante marcs, dont on admire le travail des ornemens qui font cizelés. Au milieu de ce cabinet on y voit un très-beau bureau garni de tiroirs au-dessous de sa table; dans tout fon pourtour on y conserve une infinité de pierres gravées, de médailles antiques & modernes admirables par leur fuite & par leur beauté; on y voit encore un bassin d'argent appellé le médaillon, qui fut trouvé dans le Rhône en 1736. Son bas relief représente la continence de Scipion: il a deux pieds de longueur, & est d'une forme ovale ; un savant denos jours prétend que, c'étoit un bouclier votif, en expliquant les lettres majusculesC. L. V. qu'on y voit, il veut qu'elles fignifient Clipeus votivus, ou Clipeum vovit. Mais pourquoi ces trois lettres signifioientelles plutôt deux mots que trois? Il y a dans des parties de la décoration de ce cabinet plusieurs tableaux rares & curieux. Ce cabinet n'ayant point d'autre issuë que par la piéce d'abondance, on y repasse pour entrer dans le fallon suivant, qui est le premier & qui a une porte sur un des paliers du grand degré. Il est percé de trois croisées en arcade. Dans la face opposée il est orné de quatre colonnes de marbre, deux au côté de chaque porte dans les angles qui sont dans le renfoncement sous le sophite des colonnes: l'une des portes eft celle qui se trouve sur le grand degré, & l'autre est feinte pour la symétrie; on remarque dans le milieu une grande niche dans laquelle on voit une figure de marbre antique sur un piedestal représentant Quintus Cincinnatus, qui quite la charrue pour prendre fes sandales, afin d'aller commander les armées. Le platfond de cette piéce est ceintré & orné de compartimens de stuc avec des ornemens dorés qui renferment cinq grands tableaux peints sur toile marouflée. Celui du milieu qui est le plus grand, représente une Venus qui a donné le nom à la piéce; cette Déefle est sur son char tiré par des colombes: les Dieux & les Héros, qui dans la fable l'ont rendue plus célebre, ornent son triomphe. Dans les côtés font quatre autres tableaux dont le premier, vis-à-vis les fenêtres, représente Nabuchodonofor faisant élever les jardins de Babylone; le second, qui est à l'autre côté oppose au-dessus des fenêtres, représente Alexandre qui épouse Roxane; le troifiéme, qui est dans le bout joignant la piéce de l'abondance, représente Auguste qui donne au Peuple Romain le plaisir des courses de chariots dans le cirque; le quatriéme vis-à-vis, est Cyrus qui fait passer ses troupes en revue. Toutes ces peintures font en partie de Houaffe. Dans les faces des deux bouts font deux excellens tableaux de perspective peints sur les murs par Rousseau. La piéce qui fuir, est percée de deux croisées; elle a une de ses portes sur un palier du grand degré; dans le fond, vis-à-vis les fenêtres, entre les deux portes, on voit un buste de Louis XIV, par le chevalier Bernin, élevé sur un piedestal de marbre, orné de bronze doré, au-dessus duquel est une corniche cientrée, portée par des consoles aux angles, fur laquelle font les armes du roi, accompagnées de trophées; le tout aussi de bronze doré. Le plafond ceintré, est de la même maniere que la piéce précédente. Le tableau du milieu représente la lune, sous la figure de Diane, sur un char tiré par deux biches, accompagnées des heures pour la navigation & pour la chaffe: le platfond a été peint par Blanchard; les fujets des quatre tableaux des côtés, font, dans le premier, Cefar qui envoye une colonie à Carthage, par Audran; le second, Cyrus qui attaque un fanglier, forti du même pinceau; le troifiéme, est Jason abordant à Colchos, par la Foffe; le quatrième, est Auguste qui reçoit les ambassadeurs des Indes à Samos. Toutes ces peintures sont de Champagne. Dans les temps seulement qu'on tend en velours ou en étoffes d'or richement brodées, on y place des tableaux des plus grands maîtres. Cette derniere conduit à la piéce du trône, dansle fond de laquelle il y a une estrade qui éleve un fauteuil figuré exprès pour les audiences qui s'y donnent à certains Ambassadeurs & à des Princes étrangers: le ceintre est pareillement décoré, dans le milieu du platfond, d'un Apollon fur un char, tiré par quatre coursiers, accompagné des quatre saisons; la France, la magnanimité & la magnificence sont près du char; dans les angles, au-dessus de la corniche, sont les quatre parties du monde: entre ces angles, font Auguste qui fait un port à Micéne, Vefpafien qui fait bâtir le Colifée, Coriolan qui se laisse fléchir par les prieres de fa mere, & leve le fiége qu'il avoit mis devant Rome; enfin l'entrevûe d'Alexandre & de Porus; toutes ces peintures sont de la Foffe: dans certains temps, on voit fur la cheminée, Louis XIV, par Rigault, & vis-à-vis Louis XV, par le même. Lorsqu'on place des tableaux fur les tapisseries, on y voit plusieurs portraits & tableaux de la plus grande beauté. Cette enfilade, du côté du parterre du nord, se termine par le fallon de la guerre, qui est à l'encoignure de la grande face du jardin: il a trente-deux pieds en carré, & il est percé de fix croisées en arca Alexandre qui chasse aux lions. Au-dessus de la che-des, trois dans chaque retour, avec quatre portes minée, qui est dans le côté oppofé à l'entrée, il y a un autre tableau, quireprésente le sacrifice d'Iphigenie. Vis-à-vis, est un tableau du Fety, qui réprésente un Ange avec un jeune homme, auquel il montre de la main droite le chemin du Ciel. On passe enfuite dans un grand salon de cinquante pieds de longueur sur vingt huit de largeur: on l'appelle le salon de Mars; il est percé de trois croisées; on y voit deux grandes tribunes renfoncées aux angles, élevés de quatre à cinq pieds au-dessus du parquet, par un revêtement de marbre décoré de panneaux & de cadres couronnés d'un appui; les ouvertures de ces renfoncemens font avec des pilastres & des colonnes; il y en a une à chaque côté. Ces tribunes servent à placer de la Mufique, pour y donnner des concerts & quelquefois des bals. Le ceintre du platfond est décoré commeles précédens. On voit au milieu un grand tableau représen tant Mars sur un char tiré par des loups, accompagné de diverses autres figures, comme des génies de la guerre, qui se chargent d'armes pour le suivre; il y en a deux autres sur la même ligne, dans l'un desquels on voit la terreur accompagnée de la fureur & de l'ire, qui pouffent la crainte & la pâleur: dans l'autre la Victoire foutenue par Hercule; le grand est de Houafse; les deux derniers sont de Jouvenet; les fix autres tableaux en camayeux rehauffés d'or, regnent dans les compartimens des côtés. Deuxreprésentent César qui range son armée en bataille, & Marc - Antoine avec le Conful Albinius, de Jouvenet; deux de Houafse, dans l'un desquels Alexandre Sévere dégrade un officier en présence de son armée, & dans l'autre le triomphe de Constantin : les cinquiéme & fixiéme font, l'un Cyrus qui range son armée en bataille, & l'autre Démetrius Poliorcetes qui force une ville, par Audran. A côté de ce sallon est la chambre du lit, dans le fond de laquelle il y a une estrade de marqueterie, fur laquelle le lit est tendu en face des croisées. On y met rarement des tableaux: le ceintre de cette piéce est décoré d'un platfond de peinture, représentant Mercure sur un char tiré par deux coqs; il est accompagné de la vigilance, du Point du jour, des Arts & des Sciences: dans les quatre parties sont d'autressujets, comme celle qui est au-dessus des fenêtres représente Alexandre le Grand, qui fait apporter plusieurs animaux pour qu'Ariftote composel' Histoire naturelle qui est sortie de sa plume; celle du côté du sallon de Mars eft encore Alexandre le Grand, qui donne audience aux Gymnosophistes, la troisieme, vis-à-vis les fenêtres, représente Ptolomée qui s'entretient avec des savans dans une bibliothéque; & la derniere dans les deux autres faces, dont une est ouverte, pour y entrer par la piéce du trône; les trois autres sont feintes pour symétriser: les chambranles en renferment des glaces; c'est entre les deux en entrant, qu'on a placé la cheminée, qui est très-grande, & qui est garnie d'un chambranle; au milieu de la traverse duquel est une grosse tête d'Hercule, & fur cette traverse, deux grandes figures d'esclaves assises, quž supportent un grand cadre ovale, qui monte presque fous la corniche d'en haut, & qui contient un grand bas-relief de douze pieds de hauteur, fur dix de lar ge, lequel représente le passage du Rhein par Louis XIV. Au-dessus du cadre, on apperçoit deux renommées le long du ceintre avec leurs trompettes. Tous les morceaux de sculpture qui décorent cette partie, ne font qu'en modéles; le bas relief qui est d'un seul bloc de marbre blanc, représente le Roi debour. ayant la figure dufleuve à ses pieds, effrayé dele voir sur ses bords commander à ses soldats de passer; quelques-uns paroifssoient le traverser à la nage; d'autres font prêts d'y entrer; on y voit à l'autre bord le fort de Tolus dans le lointain; au-dessus de la tête du Roi paroît la victoire dans l'air, qui tient une palme d'une main, & une couronne de l'autre. Ce morceau a été commencé par Costou l'aîné, & achevé par le cadet: on se dispose à faire en bronze, qui fera doré au feu, les esclaves, les renommées, & les autres qui feront du même Auteur, on posera ensuite le tout. Entre les deux portes de l'autre face opposée aux croifées, on a percé une grande arcade semblable à celles des croisées: elle entre à la grande galerie qui fait la communication au fallon de la paix qui est à l'autre bout, & qui est de pareille grandeur que le précédent; les quatre portes sont ornées au milieu des têtes des quatre saisons, avec des festons qui leur conviennent, parde grands trophées d'armes, le tout de métal doré ; ces ornemens fignifient que Louis XIV. a été un vainqueur de toutes les saisons; d'autres têtes & d'autres festons ornent les clefs de ces arcades des croisées & de celle qui entre à la galerie; les tremeaux entre les arcades, sont remplis de riches chutes de trophées de bronze doré au feu, fur des panneaux de marbre, jusqu'à l'impofte, & d'autres au-dessus, entre les ceintres; ce sallon, très-élevé, est couronné en son portour d'une corniche garnie de consoles & de métopes dans la frise, lesquelles, comme il est consacré à Bellone, font de trophées, de foudres, de boucliers & d'autres attributs. Le ceintrequi s'éleve au-dessus jusqu'à la hauteur duplancher, sur l'attique du Château, a une coupole dans le milieu, entourée d'un gros cadre taillé d'orne ble Es mens, & doré comme la corniche; on a peint dans cette coupole la France tenant d'une main la foudre, de l'autre un bouclier avec des figures effrayées & renversées: dans les quatre parties du ceintre, au-dessous font peintes Bellone one en fureur, enfuire l'Allemagne, qui fait de vains efforts pour défendre la couronne Impériale: l'Espagne qui semble menacer la France, mais dont les foldats font mis en fuite, & la Hollande renversée sur fon lion: aux tremaux au-dessous il y a des trophées de bronze, & des bustes d'Empereurs Romains en porphire, lesquels font ornés de draperies de bronze doré au feu, & font poses sur des scabellons d'albâtre oriental. Venons à présent à la grande galerie qui attente-fix toises de long en dedans, fur trente & un pieds de lar ge; c'est un des plus beaux morceaux qu'il y ait au monde dans ce genre. Elle est éclairée par dix-sept grandes croifées en arcade, ausquelles répondent dixfept arcades feintes remplies dans toute la hauteur de glaces qui répetent les objets. Les fenêtres & les arcades sont séparées de chaque côté par vingt-quatre pilastres portés sur des piédestaux, dont les bazes font de bronze doré au feu, & les chapitaux, d'ordre Corinthien, disposé en ordre François différent des autres, avec des feuilles en maniere de palmes & de volutes, avec des têtes de coqs, fimbole de la France, qui font de métal doré. Chaque fond est décoré de fon pilastre, dont deux angles à deux faces accompagnent deux colonnes qui forment un renfoncement au milieu de la face, de la largeur du fophite, sous la corniche, dans laquelle eft la grande arcade, qui entre de chaque côté au salon des bouts; toutes ces arcades tant vraies que feintes, font ornées à leurs clefs de têtes différentes & de festons. Dans les grands tremaux où il y a des pilastres doubles, on voit de grandes chutes de trophées de bronze doré au feu, de même que dans les panneaux de marbre au dessous de l'imposte qui y paffe, & plufieurs autres de métail doré, qui font au-dessus. Dans les grands tremaux, au droit de l'avant-corps du milieu, sont des niches dans les intervalles des Pilastres, dont deux de chaque côté: on y a place quatte figures de marbre blanc; dans les fonds, qui font entre les pilastres, il y a des piédestaux saillants, qui portert d'autres figures, dont deux à chacun. Ces huit figures font antiques & des plus belles. Au fond, du côté du salon de la guerre, on regarde avec plaifir la Venus d'Aries, restaurée par Girardon à l'autre opposé, c'est une Veftale & la Muse Uranie dans deux niches. Au milieu de la galerie font le Germanicus & une Vestale de Praxitelle; dans les deux auzres on remarque la pudicité & une Dianne chasseresse. La corniche qui couronne cet ordre est de stuc dans tout le pourtour, avec un gros cordon orné dans la frise des consoles distribuées, qui séparent différentes métopes d'attributs à la gloire du Roi, & convenables aux sujets représentés. Cette galerie est voûtée en forme de berceau en plein ceintre un peufurmonté; la voûte est peinte dans toute fon étendue par le Brun; il y a représenté sous des figures allégoriques l'histoire de Louis XIV. qu'il a mis dans un des tableaux, donnant ses ordres avec le grand Prince de Condé, M. de Turenne & d'autresgénéraux peintsau naturel; cette histoire comprend le tems depuis la paix des Pyrénées jusqu'à cellede Nimegue; la dispofition confiste en neuf parties principales, dont sept dans le grand ceintre, & deux aux pignons des bouts; les sujets de ces neufs grands tableaux, peints sur toile marouflée, font renfermés dans des riches bordures de sculpture dorée de forme gracieuse en symétrie. Les dix-huit petits tableaux, qui font placés dans le reste de la voûte, entre les grands, font accompagnés de figures & de termes. Tout est enrichi de differens attributs & d'ornemens enrehauffés d'or. Je n'entre point dans le détail de tous les sujets de peinture qui ornent cette fuperbe piéce, pour éviter d'être trop long: les curieux pourront confulter les Estampes que Macé a commencé à en graver. Cette galerie, la plus belle & la plus magnifique qui soit au monde, est enrichie de marbres, de glaces, de peintures, de statues antiques, de tables de por phire & de bustes, de même sur des scabellons, des vases & des navicelles d'albâtre & de granite, artistement travaillés, de grands & hauts guéridons, richement sculptés & dorés; des portes, des girandoles de crystal pour y mettre des bougies: on a percé des trous dans la voûte d'où pendent des cordons avec des houpes, qui soutiennent deux rangs de beaux lustres de crystal; ce qui produit un bel effet, lorsque le tout est allumé, dans les fêtes que le Roi donne dans ses grands appartemens. Le milieu de la galerie est alors entiérement libre. Le salon de la paix est décoré comme celui de la guerre, à l'exception de la cheminée, dont le tableau qui est au-dessus, renfermé dans une grande bordure de forme ovale, représente Louis XV. qui donne la paix à l'Europe, sous la figure d'une femme à laquelle il présente une branche d'olivier: les génies des arts & de la piétésont à côté. Dans le haut à gauche Minerve ordonne à Mercure de fermer le temple de Janus: ce tableau est de le Moyne : la corniche est ornée dansla frise de métopes entre des consoles, meslés d'épis de bled, de bouquets & de couronnes de fleurs: fur les quatre portes il y a des bas reliefs d'enfans. Dans les côtés on voit des vases enrichis de guirlandes de fleur en métal doré; & les tremaux font décorés avec des chutes de trophées de bronze doré au feu, qui ont relation à la paix. La coupe du milieu du ceintre, est entourée d'un grand cadre sculpté & doré: la France y ett représentée assise sur un globe, dans un char, poíté sur un nuage, accompagné de lagloire, de la paix, de l'abondance, de l'hymen, de la joie, de la religion, de l'innocence & de la magnificence. Dans le ceintre du côté de l'appartement de la Reine, où est la cheminée, on apperçoit l'Europe chrétienne en paix, sous la figure d'une femme afsise, & accompagnée de la justice & de la piété; en continuant on remarque, au-dessus des croisées qui font face à la galerie, l'Allemagne appuyée sur un globe, regardant la religion, & tendant la main à un enfant qui lui apporte une branche d'olivier & de laurier. Audessus de l'arcade, qui entre à la galerie, l'Espagne y est représentée, levant les yeux & les mains au Ciel, d'où elle reçoit une branche d'olivier par les mains d'un amour. Au-dessus trois autres croisées, qui font face à l'appartement de la Reine, on y a peintla Hollande à genoux, recevant des fléches & des branches d'olivier qu'un amour lui apporte. Ce falou est orné ainsi que celui de la guerre, de fix bustes antiques de porphire, qui représentent des Empereurs: les draperies en font de bronze doré au feu, & ont été jointes par Girardon. Ces curiosités sont portées sur des scabellons de marbre rare. Pour conferver un ordre à l'appartement de ia Rei ne, qui en fasse connoître la disposition, il faut abandonner ce fallon, qui en est la derniere piece, & rea venir à son entrée par le grand degré qui est de ce côté. On passe par la salle des gardes, qui en est le dépôt pour le guet, d'où on arrive à celle qui est particuliere pour monter la garde dans l'appartement de la Reine : cette salle est décorée avec des lambris de marbre, comme les autres pieces, & couronnée d'une corniche dorée; il y a deux tableaux fur la cheminée, dont l'un représente le facrifice qu'on faisoit à Jupiter sur le Mont Licée, l'autre vis-à-vis Jupiter alaité parles Corybantes. Le ceintre au-dessus de la corniche est orné de quatre tableaux dans les angles: le premier est la justice qui récompenfe: le second la justice qui punit: le troisieme représente des esclaves afranchis: dans le quatriéme on voit deux figures atténuées par la faim, à qui les enfans de la piété présentent des fruits. Les autres parties figurent une espece de galerie, où plusieurs perfonnes semblent se promener. Sur tout le reste de l'efpace du platfond on a peint un Jupiter, accompagné de la justice & de la piété. Dans le côté qui eit audessus des fenêtres, on remarque Solon, qui soutient l'équité des Loix qu'il a données aux Athéniens. Dans le tableau qui est en face de la cheminée, on y apperçoit Trajan, qui reçoit des placets de toutes les nations du monde. Dans le troifiéme, c'est Pto lomée Philadelphe, qui donne la liberté aux esclaves |