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fes doivent être retirées dans leurs maifons: elle a été copiée d'après l'antique à la Vigne Borgheffe à Rome, par Coyfevox: fur l'autre piedestal on voit Milicus affranchi de Sevinus, qui aiguife un couteau de facrifice: cette figure eft copiée d'après l'antique à Florence, par Fog, fculpteur Florentin.

Le parterre eft divifé en deux parties, partagées par une allée au milieu, de la largeur du perron: chacune de ces parties eft distribuée en cinq piéces, qui qui font encore divifées par des allées diagonales, & des traverses aboutisfantes presque dans le bout, à un baffin de fontaine de quarante-huit pieds de diamétre. Au milieu de ce baffin il y a des tritons & des Syrenes, qui foutiennent une couronne de laurier, à travers laquelle s'éleve une gerbe d'eau. Ces figures font de Tuby & de le Hongre: tous ces différens compartimens font entourés de plates-bandes à fleur, qui renferment des tapis de gazon. A la tête des piéces du parterre on voit un beau profil de fix vafes de marbre blanc, de cinq pieds huit pouces de haut, & de trois pieds de diamètre, richement ornés, mêlés de pampre, de vignes & de branches de chêne. Ces morceaux font de Bertin & de Cornu.

Au bas de ce parterre, vis-à-vis l'allée du milieu, on avance dans une place de forme circulaire, de vingt-quatre toifes de diamétre, au milieu de laquelle on arrête auprès de la fontaine de la piramide, dans un baffin rond de foixante-fix pieds, entouré d'une bordure de marbre blanc : la fontaine qui eft au milieu s'appelle la piramide, parce qu'elle en a la figure. Elle eft compofée de quatre baffins les uns fur les autres. Celui du bas a douze pieds de diamètre, il eft porté par des griffes de lions, pofés fur des focles de marbre: le fecond eft foutenu par quatre tritons, qui femblent jouer. Le deffus fe termine par d'autres morceaux à un dernier baffin, d'où fort une gerbe d'eau, qui s'évafe & fournit de quoi former des nappes fucceffives, qui tombent autour de ces gradins jusqu'en bas. Le tout eft du fameux Girardon, fondu en métal, ainfi que les figures des deux autres baffins. Tout eft bien bronzé en couleur d'or.

Près de ce baffin, il y a deux grands vafes de marbre blanc, faits à Rome, fur l'un desquels eft représenté en bas-relief un mariage antique, avec une femme voilée, accompagnée d'autres qui la fervent & préparent ce qui eft néceffaire l'autre vafe représente une Bacchanale & le vieux Sylene enyvré; on y remarque de plus un bouc que l'on égorge pour avoir gâté la vigne.

panneaux de marbre de différentes couleurs, couronnés d'une plinte en tablette de marbre blanc. On voit à la téte de la piéce en haut des rampes quatre pilastres, avec des masques qui lancent des eaux dans le carré d'eaux entre ces masques on voit un grand bas-relief de plufieurs Nymphes qui fe baignent fous une grande nappe d'eau, qui fe penche du deffous de la plinte qui couronne cette tête, dans le baffin du bas le tout eft de Girardon. Dans les deux côtés rampans font d'autres bas-reliefs de Fleuves, de Nymphes & d'Enfans, de le Hongre & de le Gros. Tous ces bas-reliefs & ces masques font de métal bronzé en couleur d'or.

Dans les angles de la tête de l'allée d'eau, audeffous du carré de la nappe, il y a deux ftatues de marbre blanc fur des piedestaux, dont l'une repréfente le Sanguin, couronné de raifins, qui femble jouer de la flûte, ayant pour fimbole un bouc près de lui, qui broute des raifins; il eft de Jouvenet: l'autre eft le Colérique qui a un lion pour fimbole, par Honzeau.

L'allée d'eau descend en rampe douce, fur foixante toifes de longueur, jusques à la tête de l'immenfe partie où eft la fontaine du dragon, & la piéce de Neptune, qui termine ce côté; elle a douze toifes de largeur entre les paliffades des bosquets, à droite & à gauche : cette allée a deux grandes plates-bandes de gazon, féparées des paliffades par de petites contr'allées, pour laiffer plus de largeur à la partie du milieu. Sur ces plates-bandes on a divifé quatorze grouppes de trois enfans de bronze, fept de chaque côté. Ce font de petits tritons, des amours & de petits fatyres; ils font debout, dans un baffin de marbre blanc, & foutiennent d'autres baffins de marbre rouge de Languedoc, au milieu desquels s'éleve à chacun un bouillon d'eau, qui fe répand en nappe dans le baffin d'en bas; il y en a fix de le Gros, fix autres de Lerembeft, & deux de le Hongre. Dans le retour de la tête, vis-àvis la fontaine du dragon, on y voit huit autres figures, dont quatre de chaque côté, avec divers attributs de chaffe & de pêche : Mazeline en a travaillé quatre, & Buivet quatre autres.

Au fortir de 1 allée d'eau on découvre la piéce du dragon, qu'on peut dire le plus grand & le plus magnifique morceau qui foit au monde: il a cent vingt-cinq toifes d'étendue en largeur, fur cent dix de longueur. A l'extrémité de l'allée d'eau, : fa tête forme deux parties circulaires; enfuite regnent les paliffades qui terminent les bosquets, & laiffent une allée de dix-huit toifes de largeur, qui abboutit à la tête de la piéce de Neptune qui eft au-deffous. Au milieu de cette allée, en face de celle d'eau, eft un grand baffin de vingt toifes de diamétre, au milieu duquel on voit un fort dragon, qui lance dans l'air un effet d'eau à la hauteur de trentecinq pieds à l'ordinaire, & à plus de quatre-vingt à la grande maniere. Ce dragon eft entouré de quatre dauphins, & d'autant de cignes, qui portent de petits amours, armés de fleches & d'arcs, qui femblent vouloir tirer fur lui, & jettent tout autant d'effets d'eau dans le baffin. Tout cet ouvrage eft de métal bronzé en couleur d'or, de Gaspard Mary. Cette fontaine fe trouve dans l'alignement de deux allées l'une de la ceinture du jardin; l'autre oblique & en dehors, fermée d'une grande grille, qui conduit au Palais de Trianon, d'où on

Contre les paliffades des deux bosquets, qui terminent ce parterre, il y a huit ftatues de marbre fur des piedestaux, dans des renfoncemens il y : en a quatre de chaque côté : l'une repréfente le Poeme Héroïque, par Drouilly; l'autre le Flegmati que, par l'Espagnandelle; la troifiéme, l'Afie, par Roger; la quatrième, le Poëme Satirique, par Buister; la cinquiéme, l'Hyver, fous la figure d'un vieillard, par Girardon; la fiximée, l'Eté, fous la figure de Cérés, tenant des épis de bled, par Hutinot; la feptiéme, l'Amérique, fous la figure d'une femme Maure, par Guerin; la derniere l'Automne, fous la figure d'un Bacchus couronné de raifins, par Regnaudin.

Et aux angles du carrefour de l'allée qui remonte d'en bas à celle en terraffe rampante d'un des côtés du même parterre, on regarde cinq termes en guêne par le bas, auffi de marbre le premier repréfente Uliffe, par Magniere le fecond Lyfias, orateur Grec, par de Dieu le troifiéme, Théophraste philofophe de Lesbos, par Hutrel: le quatrieme, Ifocrate, orateur Grec, par Granier : & le cinquiéme, Apollonius, précepteur de Marc-Aurele, par Melo.

A l'extrémité de cette figure circulaire où eft le baffin de la piramide, commence la tête de l'allée d'eau par un baffin carré de quarante-cinq pieds, dont les deux côtés font en rampe douce, revêtus ainfi que la tête de pilastres, de cadres & de

la voit.

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dif

La piéce de Neptue, qui eft foutenue le long de l'allée du dragon, par un mur de quatre-vingtdeux toifes, distribué en avant & arriere-corps férens de dix à onze pieds de hauteur au-deffus de l'eau. Ce mur eft revêtu extérieurement d'une architecture de belle pierre, avec des pilastres divifés par de grands panneaux dans les intervalles : tout eft taillé en glaçons par tables, couronné d'une groffe plinte. Le long de cette tablette que forme la plinte, regne un chêneau de huit pieds de largeur, revêtu de plomb, bordé d'une autre tablette, qui retient le fable de l'allée haute. Ce chêneau

reçoit

reçoit les eaux de vingt-deux jets, qui s'élevent d'autant de grands vafes de métal bronzé, de couleur d'or, enrichis de différens ornemens bien travaillés : il y a huit vafes aux angles de la tablette, qui tombent dans des coquilles auffi de métal, & retombent en nappe dans cette vaste piéce. Au milieu du chêneau il y a une divifion de quarantedeux autres jets, qui s'élevent à une très-grande hauteur. Toute cette longueur eft occupée par foixante-quatre lances d'eau.

Dans la piéce même au-deffous de la plinte du mur du revêtement, plufieurs pilastres font ornés de gros masques qui lancent d'autres effets d'eau dans le baffin de deffous. Ce baffin fe forme aux extrémités du grand revêtement par deux rampes, qui fe terminent chacune à un gros focle de quatorze pieds de longueur, fur fix à fept de largeur, fur le quel eit couché un gros monstre, d'une figure finguliére, avec un enfant de fix pieds au moins de proportion, affis deffus, & qui femble le vouloir arrêter ce qui fait que ce monstre leve la tête fa gueule ouverte, lance un gros effet d'eau dans la piéce. Ces deux morceaux font de Bouchardon.

Les rampes de cette piéce descendent dans une allée baffe, qui en fait la ceinture, laquelle a deux pans d'après les focles où font les grouppes: elle fe ferme vis-à-vis le mur de revêtement, qui foutient l'allée du grand dragon, à la distance de vingt-huit toifes, par deux oreilles qui donnent naiffance à une ligne circulaire de quarante toifes de diamètre: l'allée, qui fait les mêmes contours que la tablette, eft bordée d'un glacis de gazons qui foutient une allée plus haute, plantée de deux rangs d'arbres, circulant de même maniere; & dans un renfoncement qu'elle fait au milieu, on a placé fur un grand pied de marbre blanc une ftatue de la renommée, qui écrit l'histoire de Louis le Grand: elle tient de la main gauche une médaille où eft le portrait de ce Prince: elle eft foutenue par le Temps; & l'Envie eft fous fes pieds, la tirant par la draperie, & déchirant un cœur de l'autre main: dans les trophées, fur lesquels elle eft affife, on y voit les médailles d'Alexandre, de Céfar, de Trajan, & d'autres Héros. Ce grouppe a été fait à Rome par Dominico Guidi, d'après un deffein de le Brun. Dans des angles que font les arbres, on voit fur des piedestaux deux autres figures, dont une repréfente Faustine, fille de l'empereur Antonin, copiée à Rome d'après l'antique, par Fremery: l'autre eft, Bérénice, tenant de la main gauche un rouleau qu'elle éleve, pour marquer l'action du commandement: elle a été copiée à Rome, d'après l'antique, par l'Espingola.

Dans la pièce d'eau contre le mur de revêtement de la tête, font trois grouppes, dont les figures, les animaux & les accompagnemens font de métal bronzé en couleur d'or: celui du milieu repréfente le triomphe de Neptune, & a trente pieds de longueur; il eft pofé fur une maffe de rochers, fortant du fond des eaux. Ce dieu eft affis dans une grande conque, tenant fon trident d'une main, & commandant de l'autre ; la déeffe Thétis eft auprès de lui du côté du dieu font des Tritons à mi-corps, avec des jambes de chevaux marins : du côté de la déeffe font des fyrennes ou des nymphes de la mer, qui lui préfentent des curiofités tirées de cet élément : du milieu des rochers fort, à fleur d'eau, un triton à moitié corps, ayant un cornet à la bouche; & d'entre d'autres parties fortent des monstres différens, d'une maniere ingénieufe. Les eaux, qui tombent dans la conque marine, fe répandent entre les roches; & ces différens monstres y lancent avec rapidité des effets d'eau dans la piéce. Les figures de Neptune & de Thétis ont douze à treize pieds de proportion; les autres figures, & ce qui compofe le tout eft convenable au fujet. Cet ouvrage eft des deux Adam freres.

Les deux autres grouppes, partagés en deux parties différentes, occupent un espace de vingt-deux pieds, & font pareillement fur des maffes de roches Tom. VI.

mêlées de refeaux : l'un repréfente Prothée, affis les jambes étendues, appuyé fur un grand monstre marin, la tête en forme de licorne. Entre les féparations des roches, ou bouillonnement des eaux, fortent d'autres especes d'animaux marins, qui lancent auffi des effets d'eau avec une grande rapidité. Ce morceau eft de Bouchardon.

L'autre grouppe eft auffi pofé fur des rochers, & repréfente l'Océan, pere de Thetis, affis & étendu de même, appuyé fur un grand monstre. D'autres monstre fortent d'entre les roches en lançant de pareils effets d'eau : ce morceau eft de le Moyne le jeune.

Dans le baffin de cette piéce font fix effets d'eau de deux jets chacun, qui s'élevent du milieu de fujets marins; il y en a deux à chacun : la moitié joue à l'ordinaire, & le tout lorsqu'on donne les eaux à la grande maniere, en s'élevant auffi haut que le jer du dragon. On ne peut rien voir de plus furprenant que l'immenfe quantité d'eau que les effets élevent & lancent lorsque le tout joue: ces jeux feroient capables d'épuifer une forte riviere.

Comme nous gardons l'ordre de la marche qu'on obferve lorsqu'on fait voir les jardins, remontons par l'allée, le long du bosquet de la droite, pour aller à la rampante, qui regne de ce côté, le long du parterre du nord, pour y voir cinq ftatues fur des piédeftaux, pofés contre les paliffades qui la bordent du côté des bois. Ces ftatues font le Poëme pastoral, fous la figure d'une jeune bergere, couronnée de fleurs, tenant un fifflet à fept tuyaux, & un bâton de Pâtre cette figure eft de Gravier. La feconde eft la Terre, fous la figure d'une femme, couronnée de fleurs, tenant de la main gauche une corne d'abondance: elle eft de Maffon. fiéme eft la Nuit, couronnée de pavots, la robe femée d'étoiles, tenant un pavot, & ayant un hibou à fes pieds: elle eft de Raon. La quatriéme eft l'Afrique, coeffée de la peau d'une tête d'éléphant, avec un lion couché qui lui lêche le pied gauche: elle eft de Cornu. La derniere eft l'Europe, tenant d'une main un écu, fur lequel eft un cheval avec des trophées à fes pieds: elle eft de Mazeline.

La troi

Arrivé fur l'allée en terrasfe, au bout du parterre d'eau, on voit deux figures au côté d'une des fontaines qui retombent en nappe à l'extrémité de cette allée, du côté du nord: l'une représente le Midi, fous la figure d'une Venus, ayant un petit amour près d'elle qui s'éleve fur le bout de fes pieds: elle eft de Marfy. L'autre eft le Soir, fous la figure d'une Diane, portant un carquois, & ayant auprès d'elle une levrette élancée: elle eft de Desjardins. Aux côtés de cette même fontaine, à fon extrémité vers le midi, il y a deux autres ftatues, dont l'une eft le Printems qui porte un pannier de fleurs; elle eft de Magniere: l'autre eft l'Eau, fous la figure d'une feme, tenant une urne, & ayant un Dauphin à fes pieds; elle eft de le Gros.

Aux extrémités d'un espace de foixante toifes, entre les deux fontaines, on voit de chaque côté, contre les palisfades qui les renferment, une ftatue fur un piédestal de marbre; celle à droite repréfente l'Air, fous la figure d'une femme, pofée fur des nuées, portant un caméléon qu'on prétend ne vivre que de l'air; elle a un aigle à fes pieds: elle eft de le Hongre, & paffe pour une des plus belles ftatues modernes de notre fiécle. L'outre à gauche repréfente le Point du jour, qui a pour fvmbole une étoile fur la tête, & un coq à fes pieds: elle eft de Baltazard Marfy, fur le deffein de le Brun.

C'eft de cet espace qui termine le bout de la terraffe devant le château, qu'on découvre l'immenfe morceau appellé le Parterre de Latone l'allée royale à fon extrémité avec le baffin d'Apollon, & le grand canal.

Cette partie a cent dix toifes de fongueur, de puis le perron qui descend de la tête au bout du parterre d'eau jusqu'à celle de l'allée royale. Le perron du milieu a foixante-fix pieds entre les deux

R

échifs en matelas qui arrêtent les marches: elles font partagées en deux rampes de neuf chacune, féparées par un repos de douze pieds des deux côtés de la tête de cette piéce, pour descendre & remonter facilement les carioles des promenades, tirées par des hommes, il y a deux allées d'une pente douce en lignes circulaires à leur naiffance, & droites dans le restant de la longueur, elles aboutiffent à l'allée au bout des parterres; elles font bordées de paliffades le long des bosquets, plantés en futayes qui les joignent, avec un rang d'épicias très-hauts, taillés en piramides & ifolés: elles ont plus de foixante pieds de largeur, font foutenues aux côtés du perron & dans leur rampant par des murs de terraffe, couronnés d'une tablette; ils aboutiffent au bas des rampes à de grands focles de marbre, ornés d'architecture, fur l'un desquels, du côté droit, eft pofée la Nymphe à la coquille á demi couchée, s'appuyant avec nonchalance fur la main gauche, vêtue d'une chemife mouillée, qui paroît collée fur fa peau, & tenant de l'autre main une coquille: elle a été copiée d'après l'antique, qui eft au Palais Borghese à Rome, par Coyfevox. Du côté gauche on voit le Mirmillon ou le Gladiateur mourant, dont l'expreffion eft des mieux repréfentée cette piéce a été auffi copiée à Rome d'après l'antique, qui étoit à la vigne Ludovifir, par de Mosnier.

En descendant ces deux allées rampantes, on voit dix-huit figures placées fur des piedestaux, dont neuf de chaque côté. Celles à droite en commençant par le bout, vis-à-vis la Nymphe à la coquille, font 1. un Ganiméde & Jupiter, métamorphofé en aigle, qui fe careffent mutuellement; il eft de Laviron, d'après l'antique qui eft au Palais de Médicis. 2. La mufe Uranie, tenant une lunette d'approche d'une main, & de l'autre un papier roulé, avec des figures du zodiaque, pour marquer qu'elle préfide à l'Astronomie elle eft copiée par Fremery, d'après l'antique au Capitole. 3°. Commode, fils de Marc-Aurele, repréfenté fous la figure d'un Hercule, ayant une peau de lion & tenant une maflue: elle eft de Coustou l'ainé, d'après l'antique qui eft au Vatican. 4. Faustine fous la figure d'une Cérès, qui tient des épis de bled parce qu'elle faifoit nourrir & élever de jeunes filles fans bien, copiée par Regnaudin, au palais Borghefe à Rome. 5. Un Bacchus, tenant de fa main droite une grappe de raifin, & de la gauche une peau qui eft pleine, avec une Panthere du même côté, copiée par Gravier, au palais Borghefe. 6. Un jeune Faune jouant de la flûte, copiée d'après l'antique au même palais, par Hutrel. 70. Tigrane, roi d'Arménie, qui avoit époufé Cléopatre, fille de Mitridate, repréfenté fous la figure d'un homme triste , ayant les mains attachées; il eft vêtu en habit de Parthe, coëffé d'un bonnet à la Phrigienne: cette figure eft copiée d'après l'antique, au palais Farnefe, par l'Espagnandel. 8. Antinous, ou le Latin, copié à Rome par la Croix, d'après l'antique qui fut trouvé dans les termes de l'empereur Adrien, & qui eft au Belvedere. 9. Au haut de la rampe, c'eft le Mélancolique, tenant un livre & une bourfe, & ayant un bandeau fur la bouche : il eft de la Perdrix.

Du côté gauche, en remontant vis-à-vis le Gladiateur mourant, on voit, 1. l'Apollon Pythien, avec un carquois rempli de fleches, étendant les bras comme s'il vouloit tirer de l'arc. Cette figure eft de Mazeline d'après l'antique qui eft au Vatican. 2. Uranie, qui eft un double de celle de l'autre côté, copiée par Carlier. 3. Un Mercure d'après l'antique qui eft à la vigne Ludovifir, par Melo. 4. Un Antinous, double de celui du Belvedere, par le Gros. 5. Le vieux Silene, tenant le petit Bacchus entre fes bras, s'appuyant fur un tronc d'arbre, copié à Rome d'après l'antique, au palais Borghefe, par Maziere. 6. La Venus Callipiga, appellée aux belles feffes, copiée d'après l'antique, par Claivion. 70. Tiridate, roi d'Arménie, vaincu par Corbulon, & rétabli dans fes états

par Néron, copié par André, au palais Farnefe. 8o. Le Feu, fous la figure d'une femme, portant un vafe plein de feu, & ayant une falamandre à fes pieds: cette ftatue eft moderne par d'Ozier, d'après le deffein de le Brun. La derniere qui eit au haut de la rampe, repréfente le Poëme Lyrique, par Baptifte Tuby, d'après les deffeins du même.

Du grand perron du milieu, on descend fur une feconde terraffe, revêtue & couronnée d'une tablette comme la premiere: elle a cinquante toifes de longueur, fur douze de largeur: à chaque bout, joignant les revêtemens des allées rampantes des côtés, on trouve une rampe de foixante pieds de largeur entre les deux matelas, laquelle descend par feize marches fur une troifiéme où eft le basfin: elle forme une ligne circulaire, rentrante au milieu, qui par une autre ligne, convexe au mur de la troifiéme terraffe, décrit la place ovale où eft le basfin. Il a cent vingt pieds à fon grand diamétre, & quatre-vingt-quatre à l'autre, entouré d'une tablette. Dans fon contour ovale on voit la fontaine figurée par trois gradins, revêtus de marbre avec des panneaux de différentes couleurs, couronnés d'une cimaife pour dégorger des nappes d'eau en tout leur pourtour. Sur le troifiéme s'éleve une espece de piedestal, fur lequel eft pofée une figure de Latone élevant les bras en haut, pour implorer Jupiter Apollon & Diane, fes enfans font près d'elle fur les trois gradins & dans le baffin, autour du premier, font divifés en symétrie plus de cinquante effets d'eau par des grenouilles entieres & figurées avec corps d'hommes, têtes & pattes de grenouilles de métal bronzé, de couleur d'or, repréfentans les payfans de Lycie, qui lancent des eaux fur le groupe de Latone, fans s'entremêler ni faire de confufion. Ces figures, tant de marbre que de métal, font de Marfys. Au-delà des gradins s'éleve à chaque bout une groffe gerbe d'eau à trente pieds de hauteur.

:

Cette troifiéme terraffe a quatre à cinq pieds d'élévation fur le parterre qui eft au-deffous, & cinquante de largeur : elle fe termine à des focles visà-vis ceux des extrémités des côtés de la Nymphe à la coquille & du Gladiateur. On y descend par le milieu de la ligne circulaire, qui forme l'ovale où eft le baffin, par une rampe douce de la largeur de l'allée du milieu, qui a foixante-fix pieds, & divife les deux parties du parterre en quarante-cinq toiles chacune, fur vingt-cinq. Ces parties font à l'Angloife par compartimens de tapis de gazon, avec des enroulemens, palmettes & d'autres piéces figurées au milieu il y a un baffin rond de douze toifes de diamétre, ayant un grouppe de payfans de Lycie de la métamorphofe, d'où fort une gerbo d'eau de même hauteur que celles du baffin de Latone; le tout eft orné de quatorze vafes de marbre blanc, fur des focles de même. Les deux premiers aux angles du perron qui descend du parterre d'eau, font d'un excellent deffein, par du Goulon & de Drouilly. Les quatre autres, fur la feconde terraffe, ont été faites à Rome d'après l'antique, par Grimault, & autres étudians capables. Les quatre, aux angles de la place ovale du basfin de Latone, font copiés d'après des vases antiques de la vigne Borghefe & de celle de Médicis. Les deux autres, aux côtés de l'allée du milieu des parterres, font de Cornu : l'un représentant un facrifice de Diane; l'autre une Bacchanale. Et les deux derniers, aux angles d'en bas de la même allée, font l'un de Hardy, orné dans le basrelief d'un jeune Mars fur un char tiré par des loups & des génies de guerre; l'autre de Prou, ausfi d'un Mars asfis fur des trophées, couronné par des génies de guerre.

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Toute cette grande partie de jardin fe termine par une allée de treize toifes de largeur, entre les bouts des piéces de parterre & les paliffades des bosquets Dauphin & de la girandole, qui font audelà. La partie du milieu, ouverte de quarantecinq toifes, & renfoncée de feize, forme une place

qui fait la tête de l'allée royale de vingt-deux toifes d'ouverture dans les angles il y a des pans formés par les paliffades. Contre celles de l'allée traverfante d'après les angles de la place, faifant face aux parterres, on voit dix termes, dont cinq de chaque côté. Le premier, à droite de la place, eft un Hercule, tenant des pommes de la main gauche, par le Compte. Le fecond eft une Bacchante, tenant un tambour de basque, par de Dieu. Le troifiéme eft un Faune, couronné de pampre de vigne, tenant une grappe de raifin, dont il fait fortir du vin qu'il reçoit dans une taffe, par Houffeau. Le quatriéme eft Diogène, fameux Philophe, par l'Espagnandel : & le dernier qui termine ce côté, eft une Cérès couronnée de fleurs champêtres, tenant d'une main une guirlande, de l'autre une gerbe de bled: elle eft de Poulletier.

A gauche, près l'angle de l'allée royale, eft une Circé, par Magniere: Platon tenant la médaille de Socrate fon maître, qui a une flâme fur fa tête, par Rayolée un Mercure, tenant de la main gauche une bourfe, de l'autre un caducée, par Vaucleve le quatriéme une Pandore, par le Gros: le dernier et le fleuve Achelous, par Maziere.

Dans la place, au bout de cette grande étendue qui fait la tête de l'allée royale, on voit quatre grouppes fur des piedestaux larges & élevés, dont deux de chaque côté : le premier à droite repréfente Cinna, Petus & Aria fa femme mourante, en préfentant à fon mari, qui la foutient, le poignard qu'elle s'eft enfoncé dans le fein, copiée d'après l'antique qui eft dans la vigne Ludovifir, par I'Espingola. L'autre dans le fond, à l'angle du pan coupé, tepréfente Perfée, qui délivre Androméde: il a des ailes fur la tête, & d'autres à fes pieds, qui lui furent données par Mercure : on le voit qui la détache du rocher, accompagné de petits amours, qui défignent le motif de l'entreprife; il eft du célébre Puget. A l'autre angle, du côté gauche, c'eft Milon de Crotone; il eft debout, près d'un tronc de chêne, faifant des efforts pour retirer fa main prife dans la fente qu'il avoit faite en le voulant féparer en deux; les deux côtés s'étoit refferrés, les coins étant tombés un lion l'attaque & le dévore: ce morceau eft de Puget. Le quatriéme eft Caftor & Pollux, freres; ils font repréfentés faifant un facrifice à la Terre. On voit la Terre dans un coin, ayant une couronne murale fur la tête, tenant un ceuf dans la main, défignant que Caftor & Pollux en étoient fortis. Ce grouppe a été copié par Coifevox, d'après un marbre antique. Il y a deux grands vafes de chaque côté, placés entre les grouppes, ornés de festons & de fleurs champêtres ils font de Herpin.

L'allée royale, de vingt-deux toifes entre les bosquets, a cent foixante & dix toifes de longueur jusques à la tête de la place d'Apollon: elle eft plantée de deux rangs d'arbres très-hauts, à douze pieds des paliffades dans le milieu il y a un grand tapis de gazon, de douze toifes de largeur: on voit fix figures & fix grands vafes fur des piedestaux, & de grands focles qui décorent chaque côté. Ces ornemens de fculpture font placés entre les arbres fuivant leur alignement. En descendant par le côté droit on trouve d'abord un vafe enrichi de fleurs, par Herpin enfuite une ftatue, repréfentant la Fourberie, tenant un masque d'une de fes mains, avec un renard à fes pieds; par le Compte, fur un deffein de Mignard: un Jupiter antique, un Jupiter antique, trouvé à Smirne, restauré par Granier: enfuite deux vafes, dont le premier eft orné de cornes d'abon. dance, par Barrois l'autre eft décoré de pampre, de lierre, par Drouilly. On voit après l'empereur Commode en Hercule, tenant un petit enfant dans fes bras, par Jouvenet. La Vénus de Médicis, copiée d'après l'antique, par Fremery: deux autres vafes fuivent le premier uni, orné de fleurs de foleil, par Legeret. Le fecond uni fans ornemens, par Arcis. Deux figures, dont l'une repréfente Cypariffe, qui careffe un cerf qu'il aimoit : elle eft de Flamand: l'autre est Artémife reine de

Carie, tenant la coupe où étoient les cendres de fon mari, qu'elle eft prête d'avaler. Cette figure fut commencée par le Fevre, & finie par Desjardins. Un vafe orné de branches de laurier & de chêne, par Hardy, termine ce côté.

En remontant le côté gauche par le bas, il y a un pareil vafe oppofé, par Hardy: enfuite deux figures; la premiere eft Achille, dans le moment qu'il eft reconnu par Uliffe, par Vigier; la feconde eft une Amazone, tenant une hache d'armes, par Buret. La premiere des deux figures qui font après, eft uue Didon, par Poulletier: la feconde un Faune qui porte un chevreuil fur fes épaules, copiée par Flamand d'après l'antique, dans le palais de la reine Christine à Rome. Les deux figures fuivantes repréfentent, l'une Vénus fortant du bain, avec une drapperie qui lui couvre la moitié du corps: elle a été faite par le Gros d'après le Torfe, qui eft à Richelieu. La feconde eft la Fidélité, qui tient un cœur dans fa main, & a un chien à ses pieds, par le Fevre.

Cette grande allée royale eft terminée par une demi-lune, qui fait la tête de cette vaste étendue, où eft le grand baffin d'Apollon, qui a cent cinq toifes de largeur, fur cent de longueur, depuis le bout de l'allée jusqu'au bord du grand canal qui eft en face. Au-devant de cette demi-lune, formée par les charmilles, font de gros marronniers très-élevés, depuis les angles de l'ouverture de l'allée où l'on voit deux grouppes de marbre fur de grands piedestaux. Celui qui eft à droite, en entrant dans la place, repréfente Aristée qui lie Prothée, tenant un bâton de berger, & ayant deux veaux marins près de lui, comme Pafteur de Neptune; il eft de Selods: l'autre qui eft à gauche eft Ino & Melicerte fon fils, debout, fur des flots: elle tient un aviron; ce grouppe eft de Gravier : & dans les intervalles des marronniers il y a huit termes, dont quatre de chaque côté. Ceux qui font après le grouppe de Prothée font la nymphe Sirinx, qui tient des rofeaux, par Maziare un Jupiter, par Clairon: Junon, par le même enfin Vertumne, Dieu du Printems, par le Hongre; il y a auffi la ftatue d'un Sénateur, ayant près de lui un petit coffre appellé Capfa: on trouva cette figure à Langres, fans tête: on y en a rapporté une qui fe trouva chez M. de la Vrilliere: elle lui convient fort; on ne fçauroit affurer fi c'eft celle de la ftatue. Les quatre autres termes du côté d'Ino font Pomone, par le Hongre: un Bacchus, qui porte des raifins, par Raon le Printems, par Arcis & Maziere, tenant une guirlande de fleurs, d'une beauté finguliere : enfin le dieu Pan, portant une peau de Panthere & tenant un filet d'une main & un bâton de Pâtre de l'autre ; il eft de Maziere: enfuite c'eft une ftatue antique de Brutus, qui fymétrife avec le Sénateur de l'autre côté.

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:

Le baffin d'Apollon dans cette place, dont le centre eft à trente-trois toifes du bout de l'allée royale, eft dans l'allignement d'une grande allée, de quinze toifes de largeur, le long du mur qui fait la clôture de ce qu'on appelle le jardin décoré, & qui le traverfe de chaque côté de la demilune, jusqu'au chemin du côté de Trianon à droite, & jusqu'à celui de la la Ménagerie; ces allées font fermées à chaque bout par des grilles de toute la largeur. Le baffin a foixante-cinq toifes fur quarantecinq: il forme un carré long par des angles qui rachetent des parties circulaires dans les quatre faces; au milieu eft un masfif qui figure une Ifle travaillée de terraffes & de flots; dans le centre on voit Apollon monté fur un char attelé de quatre fiers courfiers qu'il guide la proportion de la figure eft de onze à douze pieds: il y a quatre Dauphins, quelques Baleines, & quatre Tritons, difpofés fur les bords qui s'élancent vers l'eau, & y jettent avec rapidité des effets qui accompagnent une groffe gerbe, qui s'éleve de la tête du char à cinquante - fept pieds de hauteur on en voit deux autres plus petites dans le baffin qui montent jusqu'à la hauteur de quarante-fept pieds: tout ce

:

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morceau eft de métal bronzé en couleur d'or, par
Baptifte Tuby, d'après les deffeins de le Brun.
Des deux côtés de la place, jusqu'à la tête du
canal, entre de gros marronniers, devant les palis-
fades de charmilles, font douze ftatues de marbre,
dont fix de chaque côté. La premiere, à droite,
eft Augufte, belle & antique la feconde un Or-
phée jouant du violon, ayant le chien Cerbere à
fes pieds; c'eft une moderne de Franqueville: la
troifiéme eft un Apollon antique la quatrième,
une femme, auffi antique, qui repréfente l'abon-
dance la cinquième, Antinous qui a été restau- lage, orné d'architecture
:
ré & la fixiéme, un Titus antique. Du côté
gauche, font un Sénateur, enfuite une Agrippine,
une Junon, trouvée à Smirne, une Victoire; la
cinquième, Titus; & la derniere, un Hercule : ces
fix ftatues font antiques.

l'autre, l'amour tenant entre fes mains un peloton
de fil, auquel Efope femble remontrer que le pe
loton eft inutile fans la fageffe, pour fortir du la-
byrinthe d'inconvéniens qu'il caufe. La premiere de
ces deux figures est de le Gros; la feconde de Tuby,
peintes avec des carnations & des draperies au na-
turel. En fe promenant dans toutes ces différentes
allées, on rencontre dans les angles & dans d'au-
tres places, trente-neuf fontaines, représentant cha-
cune une des fables. Dans un rond, vers le milieu
de ce bosquet, on voit un grand cabinet de treil-
chargé de plufieurs

Le jardin décoré, fervant aux promenades, fe termine au bout de cette place d'Apollon, & y eft fermé par de grandes grilles, depuis la tête des murs de la ceinture qui aboutiffent à cette place, jusqu'à la tablette de la piéce qui fait la tête du canal, derriere les marronniers & les paliffades de la droite. Au-delà du mur, qui ferme ce côté, eft un grand espace clos avec plufieurs bâtimens bas qui ne fe voyent point; ils font destinés pour les Matelots, les Gondoliers, les Calfats, Constructeurs, & autres perfonnes affectées au fervice & entretien des petits bâtimens qui fervent aux promenades & aux fêtes qui fe donnent fur le canal. Il y a même un grand magafin où on tient tous les ornemens très-riches de ces petits bâtimens marins, les habits des Matelots & des Gondoliers, qui font magnifiques, &c.

il

Pour fuivre l'ordre que nous nous fommes propofé, nous paffons dans une allée qui prend du baffin de la piramide au parterre du nord, en s'étendant jusqu'à la pareille allée de ceinture, de l'autre côté de la tête du canal. Ces deux allées font coupées par deux autres qui traverfent le jardin en largeur, avec des grilles aux extrémités; P'une eft fur le chemin de Trianon, l'autre fur celui de la Ménagerie. La premiere traverfe à l'allignement du bout du parterre, l'autre paffe dans le milieu de l'allée royale, vis-à-vis la chauffée qui fépare les deux piéces d'eau de l'Ifle royale; y a quatre baffins aux carrefours de ces allées en longueur on les appelle les quatre faifons; ils font entourés de gros cordons de marbre rouge de Languedoc. Le premier de l'allée à droite, en descendant, eft de forme octogone, & il y a un masfif au milieu, fur lequel eft une Cérès, repréfentant l'Eté, affife fur des gerbes, tenant la faucille, & autour des enfans qui fe jouent avec des fleurs qui croiffent dans les bleds, la terraffe en eft pleine; le tout eft de Regnaudin. Dans le fecond, de forme ronde, on voit une Flore ou le Printems; la figure eft à demi-couchée, avec de pareils accompagnemens qui font des effets d'eau, par Baptifte Tuby. Dans l'allée gauche, eft le troifiéme basfin de forme octogone; la troifiéme faifon y eft représentée fous la figure de Saturne, environné d'enfans, qui portent tous les attributs qui conviennent à l'Hiver, il est de Girardon. Le quatriéme baffin eft rond; on y voit un Bacchus repréfentant l'Automne au milieu de petits Satyres portant les at:ributs, par Marfy. Toutes ces figures & ces ornemens, avec les attributs, font de métal bronzé en couleur d'or, d'après les deffeins de le Brun. De chaque baffin s'éleve une gerbe d'eau de dix-huit à vingt pieds de hauteur.

Le premier bosquet, qu'on voit en commençant la marche, eft le labyrinthe, il y a quatre grilles aux angles pour y entrer & en fortir; il eft compofé d'une infinité d'allées entrelaffées, bordées de petits treillages d'appui, renfermant les bois. En entrant par la porte de l'Orangerie, on vcit dans une grande niche de treillages, garnie de rocailles, dans le bas plufieurs effets d'eau ; & aux côtés fur des piedestaux de pareille rocaille. Deux ftatues repréfentant, l'une, le fameux Efope;

oifeaux de toute espéce, qui jettent de l'eau fur un rocher de rocailles, qui s'éleve du milieu du baffin; le long de ce rocher on voit quantité d'animaux à quatre pieds, qui jettent auffi de l'eau contre les oifeaux. Dans le dernier baffin qu'on voit à la porte de fortie, du côté du mail, il y a plufieurs cannes fur un tuyau tournant qui circulent pouffées par les eaux ; elles font fuivies par un chien barber qui abboye.

En fortant de ce bosquet par la porte, vis-à-vis la fontaine de Saturne, on entre dans celui de la falle du bal qui joint la fontaine de Latone; il a quelquefois fervi à cet ufage dans les belles faifons; il eft de forme ovale & de vingt-cinq toifes de longueur, fur vingt de largeur, il eft bordé, en entrant dans une espece d'amphithéâtre, de plufieurs rangs de banquettes de gazon les unes fur les autres, au haut desquelles on a pratiqué plufieurs niches dans la charmille, dans l'une desquelles on voit un beau grouppe de marbre qui repréfente Papire & fa mere, fculpté par Carlier, d'après l'antique qui eft à la vigne Ludovifir à Rome. Cet amphithéâtre, divifé en trois parties, eft soutenu par quatre rampes de marbre de Languedoc, au droit des paffages qui fervent d'entrée : on a mis dans le haut quatre vafes de métal doré, ornés de bas-reliefs qui repréfentent des bacchanales, avec le triomphe de Neptune & de Tetis. Le fond eft occupé par un amphithéâtre, compofé de plufieurs baffins de coquillages, qui fe fuccédent en nappes les uns aux autres, interrompus d'espace en espace, par quatre goulettes de marbre de Languedoc, avec des bouillons en gradations; dans le haut de ces goulettes il y a autant de vafes de métal doré, ornés de têtes de bacchantes; de mufles de lion, avec des festons. Toutes ces eaux tombent dans le bas, dans un baffin en chêneau, formant plufieurs contours, entourés de rocailles & bordés de gazon.

On paffe enfuite dans le bosquet de la girandole, qui fymétrife avec le Dauphin; ils font tous deux aux côtés de l'allée royale, font chacun traverfés d'une allée diagonale, qui prend depuis un des des pans de la place, au bout des parterres de Latone; l'une eft dirigée au baffin de Bacchus, l'autre à celui de Flore. Dans le milieu de chaque bosquer il y a un baffin rond de vingt-quatre pieds de diamétre, avec une gerbe qui s'éleve à vingtfept pieds. Le reste eft par allées, divifant plufieurs formes; on y voit à chacun un Faune antique, douze termes différens.

&

De ce bosquet on va à l'ifle royale, qui a pris ce nom d'une petite ifle qui étoit autrefois au milieu de la grande piéce d'eau. L'espace, renfermé par les palliffades des bois qui l'environnent, a cent cinquante toifes de longueur, fur foixante-dix-huit de largeur; divifé fur la largeur par une chauffée de huit toifes qui la traverle au droit de l'allée où eft la fontaine de Bacchus, & fépare les deux piéces d'eau qui y font. Celle, au-deffous de la chauffée, a quatre vingt-dix toifes, fur foixante, & fe termine par le bout, en portion circulaire. Les allées des côtés de cette grande piéce font plantées d'arbres, dans les intervalles desquels font des charmilles, formant des tremeaux & des arcades, dont le haut monte à la tête des arbres; elles font fermées par des paliffades d'appui, dans le bas. Ces arcades laiffent une contre-allée derriere; elles font, outre les lignes des côtés, le contour de la

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