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portion circulaire d'en bas. La tête de la grande piéce d'eau, le long de la chauffée, eft en glacis de gazon, pour gagner la hauteur à laquelle on arrive des allées par des rampes douces. Toute la partie au-deffus fe termine pareillement par une autre portion circulaire, formée par les charmilles fans arbres ni arcades; on y a percé cinq allées qui rendent à celles du pourtour. Dans cette partie haute on voit l'autre piéce d'eau de quarantehuit toifes le long de la chauffée, fur trente de profondeur, terminée pareillement par une portion circulaire, comme les charmilles. On apperçoit au bas, dans les angles de la grande partie, deux ftatues de marbre blanc, de huit à neuf pieds de proportion; l'une de l'Hercule Farneze, copiée à Rome pat Cornu, & la Flore, par Raon, d'après les antiques. Sur des piedestaux, proportionnés à ceux de la tête d'enhaut, on a placé deux grands vafes portés fur des focles de marbre; l'un de le Fevre l'autre de Legret. Dans les charmilles circulaires il y a, dans des niches renfoncées quatre ftatues antiques; la premiere, de Julia Méza, fœur de Julie, femme de l'Empereur Severe; la feconde, une Venus fortant du bain; la troifiéme eft de Jupiter Stator; & la quatrième, Julia Domna, fille de Baffien, Prêtre du Soleil. Dans la grande piéce d'eau s'élevent cinq gerbes, dont celle du milieu eft plus forte que les autres; il y en a quatre à distance convenable, qui montent jusqu'à quarante-fept pieds de hauteur. Il y en a deux autres dans la piéce fupérieure, qui montent à quarante-deux.

On paffe enfuite à la galerie appellée des marronniers; il faut obferver qu'elle a été changée; c'étoit autrefois deux lignes de ftatues fur des piedestaux, avec des jets d'eau entre deux, qui fe déchargeoient dans les bouts des deux baffins, comme dans des gouffres ; à préfent ce font deux lignes de marronniers de chaque côté, qui fe terminent dans les extrémités en demi-cercle. Dans des niches renfoncées dans des charmilles, derriere les lignes des marronniers, font deux ftatues antiques de marbre blanc fur des piedestaux, dont l'une repréfente Antinous, l'autre Méléagre, avec huit bustes de chaque côté, élevés fur des guênes de marbre, fçavoir Hercule, Déjanire, Alexandre, Cléopatre, Cefar, Numa, Marc-Aurele & Venus: ces morceaux font auffi dans des renfoncemens. A côté de quatre bancs, aux extrémités de la piéce, on trouve deux baffins ronds avec des bordures de marbre; ils ont chacun un pied en confoles, richement orné, qui porte un basfin d'une pièce ausfi de marbre, fur lequel eft placée une ftatue antique debout, dont l'une repréfente une Mufe, l'autre une Dame Romaine, avec un bouillonnement qui fort de deffous leurs pieds, lequel remplit le baffin fupérieur, & fe décharge en nappe tout au pourtour dans le baffin bas.

En fortant de cette galerie, on va par une allée qui conduit à la fontaine de la colonnade, qui eft dans le même bosquet, ou à un angle qu'elle fait vis-à-vis l'entrée ; dans un renfoncement en niche, il y a une ftatue antique de Bacchus des mieux confervée, & bien restaurée. Cette fontaine de la colonnade eft un rond parfait de vingt-fix toifes de diamétre, entouré de paliffades avec des treillages qui renferment une maniere de péristile circulaire; a quatre entrées; il eft décoré de trente-deux colonnes, dont huit dans chaque quart de cercle, fçavoir deux de brêche violette à chaque entrée douze de marbre rouge de Languedoc, douze autres de bleu Turquin, divifées également dans chaque partie; elles ont vingt pouces de diamétre, fur quatorze pieds de hauteur: elles font portées fur des focles, & leurs chapiteaux font ioniques de marbre blanc; fur ces chapiteaux s'élevent des ceintres d'arcades à chaque intervalle, ornés de leurs archivoltes, avec des têtes de Nymphes, de Nayades ou de Silvains à leurs clefs: entre les archivoltes, dans les triangles qu'elles forment, font de petits bas-reliefs d'enfans grouppés, repré

fentans les jeux & les amours, qui font de Maziere, de Gravier, de le Hongre, de Coifevox, & de le Comte. Toute cette face circulaire, audeffus des arcades, eft couronnée d'une corniche architravée du même ordre, au-deffus de laquelle eft un focle taillé d'ornemens de postes, ayant de petits pilastres à l'applomb de chaque colonne, qui porte chacun un vafe terminé par une pomme de pin.

A un module & demi de distance du focle des colonnes, font derriere autant de pilastres carrés de marbre de Languedoc, avec les mêmes bafes & les mêmes chapiteaux, couronnés chacun d'un imposte comme une corniche qui reçoit un amortiffement en forme de piliers butant au droit & derriere chaque deffus de colonne. Toute cette architecture, la plus belle & la plus étudiée qui fe puiffe faire dans ce genre, eft de marbre blanc, excepté les colonnes & les pilastres. Entre les foales des pilastres de derriere regne la bordure du chaineau refouillée dans le marbre qui s'étend en largeur du même module & demi en faillie au-delà des focles des colonnes, entouré d'une pareille bordure fur l'allée circulaire, fablée au-dedans de la piéce. Au milieu de ce chaineau à l'applomb de chaque arcade, font vingt-huit basfins élevés fur des pieds ornés de trois confoles, d'où fortent autant de jets qui s'élevent à feize pieds; en retombant ils forment des nappes qui fe répandent dans le chaineau : le tout eft ausfi de marbre blanc.

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De cette fablée au-dedans de la colonnade, on descend cinq marches de même marbre, dans un platfond au-deffus, dans le centre duquel eft un piedestal rond de cinq pieds de diamètre, élevé fur deux gradins: on y voit un grouppe de trois figures, qui repréfente l'enlevement de Proferpine par Pluton, que Cyanne fa chere compagne veut retenir. Dans le corps de ce piedestal, entre la corniche & la bafe, regne un bas-relief des fujets de cette fable. Ce grouppe & ce bas-relief font de Girardon.

De la fontaine de la colonnade, on traverse l'allée royale pour entrer dans celles des dômes. La forme de cette piéce eft circulaire; elle a feize toifes de diamètre entre les paliffades foutenues de treillages, une allée haute circule parallelement, & dans les deux côtés il y a des renfoncemens que forment la charmille où on voit à chacun un petit Temple de quinze pieds carrés en dedans, ouvert dans les quatre faces, avec deux colonnes d'ordre ionique fur des piedestaux à chaque ouverture, qui en font huit, dont quatre de marbre de Ginet, & quatre de Rance. Les pilastres grouppés, avec intervalles aux encoignures extérieures, fe retournent en dedans, & forment quatre pans aux angles; le tout eft couronné d'un entablement de l'ordre avec architrave, frize & corniche, paffant en platebande fur les colonnes. La principale face eft ornée d'un fronton; le tout eft de marbre blanc veiné les bafes & les chapiteaux des colonnes & des pilastres font de bronze doré au feu, ainfi que les armes de France pofées fur des trophées dans le timpan : il y a auffi des chûtes de trophées, repréfentant les armes de diverfes nations entre les pilastres des encoignures du dehors, & aux quatre pans des angles du dedans ; l'intérieur de ce temple eft décoré dans le haut d'une corniche avec un ceintre en coupole. Au-deffus de l'entablement, par dehors, il y a un focle auffi de marbre par pilastres & compartimens portant le dôme, qui fe réduit en amortiffement, enrichi de plufieurs ornemens, & terminé par un grouppe d'enfans pofé fur des trophées, le tout de métal doré ; & dans les renfoncemens des trois parties formées, entre les piedestaux des colonnes. L'allée circulaire, le long des paliffades, eft bordée d'une balustrade, dont les pilastres, les appuis & les focles font de marbre blanc; les balustres font de marbre de Languedoc. Comme cette allée eft plus haute qu'une feconde au-deffous, à laquelle on descend par des marches; cette hauteur en dedans eft revêtue de marbre blang

par des panneaux & des pilastres ornés de moulures couronnés de cimaife, dans lesquels & aux pilastres de la balustrade on voit quarante-quatre basreliefs, taillés & fculptés par Girardon & Mazelines. Dans des niches, obfervées dans les treillages de la charmille de la ceinture d'en haut, il y a huit ftatues fur des piedestaux. La premiere en entrant à droite eft une Nymphe de Diane, qui porte fes filets & careffe fa levrette, par Flamand; Flore par Magniere; Amphytrite ayant une écreviffe fur fa main, faite d'après le modele d'Anguier; Avion jouant de la lyre, par Raon; Ino, tenant un aviron, par Rayol, le point du jour, fous la figure d'un jeune homme tenant un flambeau, ayant un hibou à fes pieds, par le Gros; Galathée, figure gracieufe, par Baptifte Tuby; & la derniere, le berger Arcis, du même.

Descendu au-deffous eft le baffin octogone de la fontaine, entouré d'une balustrade, qui regne le long de la petite terraffe au pourtour; le focle & l'appui font de marbre de Languedoc : les pilastres & les balustres font de marbre blanc. On a pratiqué fur l'appui une goulette interrompue de distance en distance par des bouillons d'eau bas, qui forment de petites nappes. Au milieu du baffin il y en a un rond de marbre blanc d'une piéce posté fur un pied orné de trois confoles, du centre duquel s'éleve un fort jet à foixante & dix pieds, lequel fe trouvant noyé par un gros bouillon au pied, retombe, en produifant une eau qui reffemble à des perles, ce qui eft un effet produit par le bouillon noyé qui divife les parties; cette eau fe répand en nappe autour du baffin où eft le jet : cette fontaine eft très-magnifique.

Dans le même bosquet eft Lancelade, de figure octogone, fur un carré de vingt-fix toifes; elle eft environnée d'une ceinture de paliffades, le long de laquelle regne une allée haute de trois toifes de largeur, avec un glacis de gazon pour descendre dans le platfond renfoncé en miroir, dans le milieu du platfond on voit un basfin rond de foixantedix pieds de diamétre, entouré d'une allée baffe. Le Géant y paroît accablé dans une maffe de roches, que lui & fes compagnons avoient amaffé fur le mont Pelion; ce qui paroît de la figure, en métal doré, est d'une grandeur extraordinaire: la tête en est très-belle; & de fa bouche ouverte fort un gros jet, qui s'éleve à foixante & dix-huit pieds de hauteur; d'entre les doigts des mains, & de plufieurs féparations des rochers, s'élancent des effets d'eau qui bouillonnent & fe répandent dans le basfin.

En fortant par le bas de ce bosquet, on entre, en traverfant l'allée de Flore &z de Cérès, dans un antre où eft la fontaine de l'Obélisque; elle eft dans un espace de cinquante-cinq toifes de long, fur trente-fix de large c'étoit autrefois la falle du Confeil ou des festins. Elle étoit arrangée par des fontaines dans des basfins ronds, avec un petit canal peuplé de bouillons d'eau, qui renfermoit une planimerie avec des compartimens de plates-bandes à fleur. On laiffoit au milieu une place où on dresfoit des tables; on traversoit ce petit canal en deux endroits par des pontons de cuivre, que la force des eaux faifoit avancer & retirer par le moyen des resforts; il n'en reste plus préfentement que des paliffade du pourtour de la même forme. Dans le milieu il y a un carré de vingt-fix toifes à pans dans les angles, bordé d'un petit canal de neuf pieds, au-delà duquel font des glacis de gazon, qui entourent une partie élevée où eft le basfin de la fontaine qui a environ dix-huit toifes.

Dans le milieu, on voit le monstrueux effet d'eau, qui a bien quinze pieds de diamètre par le bas, & s'éleve en pointe à foixante-quinze pieds: il forme en retombant une piramide réguliere.

Dans les quatre faces des gazons rampans on voit des cascades de cinq toifes par le haut, qui s'évafent circulairement dans le bas avec des gradins, les uns fur les autres, revêtus de plomb, & peints de couleur blanche, qui fe répandent en nappes

qui bouillonnent en murmurant dans le petit canal du bas.

De ce bosquet on traverfe celui de l'étoile, par une allée qui paffe au milieu, dirigée à celui du théâtre : ce bosquet eft coupé par différentes autres allées, dont quatre aux angles, menent à une tournante circulairement, & de là à une feconde à cinq pans, dont les angles conduisent à une place ronde, au milieu de laquelle étoit un basfin où on voyoit autrefois une fontaine appellée la montagne d'eau, dirigée aux cinq allées des angles des pans, ce qui formoit l'étoile qui a donné le nom à ce bosquet; la cinquiéme branche fervoit d'entrée, & les quatre autres étoient ornées au bout chacune d'un jet d'eau dans un basfin, contre la paliffade, qui s'élevoit d'un petit grouppe d'enfans. Toutes ces fontaines ont été fupprimées; il n'y en a plus dans ce bosquet: on y a placé dans la premiere un buste de Jupiter, dont la tête eft antique; on la croit de Phidias, le reste eft de Girardon: il eft pofé fur une colonne d'albâtre oriental d ordre ionique. Les trois autres font un Ganimede, copié d'après l'antique par Joly; une Venus de Medics ; une Livie femme d'Augufte, pareillement copiées.

On paffe de là au bosquet du théâtre, par une ouverture vis-à-vis l'allée qui traverfe le bosquer de l'étoile; on y trouve un basfin renfoncé de trente pieds de diamétre, au milieu duquel on voit une terraffe en forme d'ifle, chargée de plantes d'eau, avec quatre entans jouants enfemble; fur les côtés il y en a deux autres qui femblent nager; le tour de métal doré entre les enfans s'éleve un gros bouillon d'eau à la hauteur de quarante-fix pieds. On tourne enfuite à gauche dans une allée qui conduit à une autre dans la falle qui fait l'espace du théâtre en s'étendant fur trente toifes de profondeur fur vingt-cinq de largeur. L'entrée eft en ligne circulaire; on y abborde dans un parterre fable, environné de banquettes de gazon les unes fur les autres, au haut desquelles font des arbustes formant des arcades comme des loges où il y a des basfins de rocailles fur des focles de même, avec des bouillons d'eau. Cette partie eft terminée par un chaineau avec une bordure de rocaille: au-delà de fa largeur on voit un revêtement d'autres rocailles fines, élevé pour foutenir la tête du théâtre qui est au-deffus, d'où tombe une nappe d'eau dans le chaineau d'en bas, qui paroît marquer un orchestre ce chaineau reçoit la décharge de toutes les eaux fupérieures. La place du théâtre fe termine circulairement dans trois parties du cercle; trois rayons d'allées s'enfoncent dans les bois, en fe rétreciffant dans le fond, pour marquer la perspective: le point pour les voir d'un coup d'œil, avec le théâtre qui eft fur le devant, c'eft dans le parterre audeffous de l'orchestre. Aux côtés de ces quatre allées, enfoncées en perspective, on trouve quatre niches, dans lesquelles il y a quatre fontaines rustiquement travaillées de rocailles, fur lesquelles on voit des grouppes de deux enfans chacun, de métal doré, dont deux jouent avec une écreviffe, deux avec un griffon; ils font de Honfeau: deux autres fe jouent avec un cigne, & les deux derniers avec une lire; ils font de le Hongre. Dans les bouts de ces allées renfoncées, qui femblent faire la décorarion, on apperçoit trois autres grouppes entre des rocailles; celui du milieu repréfente Jupiter asfis fur un aigle pofé fur un globe, il eft de le Gros; celui qui eft à droite eft un jeune Mars pofé fur un lion qui terraffe un loup, il eft de Desjardin; & le troifiéme, à gauche, eft Plutus fur un Cerbere asfis fur des caffettes renversées; il est de Mailon. Ces allées font en pentes; on y trouve dans le milieu des rigoles bordées de rocailles, & traversées par d'autres qui arrêtent l'eau qui y coule, & forment de petites nappes qui bouillonnent: de ces rigoles, revêtues de plomb, fortent différens effets d'eau.

En fortant par la même entrée, & en parcourant les allées à pans de la ceinture, on rencontre plufieurs grouppes & plufieurs figures de marbre blanc;

comme le fatyre Marfias, qui montre à Olimpe à jouer du fifflet à fept tuyaux, copié à Rome d'après l'antique au Palais Ludovifir, par Goy; un Bacchus par Couftou le jeune; un buste de Junon, qui fut trouvé à Befançon. Vis-à-vis le bout d'allée, par lequel on fort à l'angle du bosquet de la piramide, on voit un beau terme, repréfentant Jupitet; cette piéce avoit été transportée en 1546 à Befançon, Far les ordres du cardinal Granvelle, Louis XIV, après avoir conquis la Franche-Comté, le fit apporter à Versailles dans ce bosquet; il a été restauré par Drouilly, qui en a fait la gaine, la drapperie, & un aigle qui eft au-deffus de la bafe.

En venant du bosquet, du côté du parterre du nord, on entre dans les bains d'Apollon; c'eft une espece de falle d'environ vingt toifes en carré, entouré de treillages & de paliffades : le fond en eft occupé par trois grandes niches, formées par les treillages. Dans celle du milieu, fur une maffe élevée, revêtue de marbre, recouverte d'un terrein mêlé de plantes, travaillées pardevant en panneaux de glaçon, on a pofé le grouppe d'Apollon chez Thetis, asfis au milieu de fix Nymphes de cette Déeffe, lesquelles s'empreffent de le fervir des trois qui font fur le devant il y en a deux à fes pieds, qui s'apprêtent à les lui laver, & à les esfuyer; la troifiéme eft debout, dans une attitude noble & gracieufe, d'une main elle tient un basfin, & de l'autre un petit vafe avec lequel elle verfe des eaux de fenteur fur les mains d'Apollon; les drapperies de ces Nymphes font d'une légereté fans égale,& d'une fineffe qui laiffe voir au travers tous les charmes & toutes les graces de la nudité: les figures d'Apollon & de ces trois nymphes font de Girardon, Les trois qui font derriere font debout; celle du milieu prend foin des cheveux d'Apollon, & les deux autres tiennent des vafes remplis d'esfences; ces trois figures, qui font de Regnaudin, font entierement vêtues, mais d'une drapperie légere qui laiffe voir le corps. Ces fept figures font fi bien concertées, qu'on n'y peut rien defirer, & qu'elles forment un tout enfemble parfait.

A droite, fur une maffe revêtue de même & en terraffe, il y a un grouppe de deux des courfiers d'Appollon, qui font abbreuvés par deux Tritons, dont l'un baiffe la tête pour boire; ils font de Guerin. Au côté gauche font deux autres chevaux de Marfy; rien n'eft au-deffus de ce grouppe que la nature même: L'un des chevaux ferre les oreilles & mord la croupe de l'autre qui fe cabre, & un des Tritons leve un bras plein de force & de mouvement. Ils font couverts de baldaquin pour les garantir des influences de l'air; celui du milieu eft plus grand que les autres : ils font portés chacun fur quatre colonnes en forme de balustres ronds, très-ornées, avec des chapiteaux.

Dans des renfoncemens, que forment les treillages fur les côtés, on a mis des bancs de marbre blanc; dans le fond, en entrant vis-à-vis les grouppes, il y a des marches de gazon qui montent à une estrade circulaire, dans le milieu de laquelle eit une grande table ronde de marbre blanc, d'une feule piéce, portée fur des pieds en confoles, qui font ausfi de marbre entourés dans la moitié fupérieure d'un banc auffi.de marbre porté fur des confoles.

Des bains d'Apollon on arrive au bosquet des trois fontaines, qui eft le long de l'allée d'eau; il a pris ce nom de fa divifion en trois parties: à faire jouer ces effets d'eau féparément, ils formeroient chacun ailleurs une magnifique fontaine, & le tout enfemble fournit un grand objet : c'eft de tous, celui qui doit le plus à l'art: l'espace contient foixante toifes en longueur fur quinze de largeur; il n'eft entouré que de paliffades avec des treillages, & au pied des banquettes de gazon. On y voit un baffin rond à la tête d'en haut dans un carré de dix toifes, d'où fort une gerbe par plus de trois cent tuyaux qui s'éleve à vingt-deux pieds; comme elle eft la plus élevée, on descend dans le deffous par deux rampes, entre lesquelles il y a une cascade par nappes, qui retombent les

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y a

unes dans les autres. Dans une autre partie il
un baffin carré, dont les jets forment par les cô-
tés un berceau. Entre les jets on voit toute la par-
tie qui eft au-deffus; il eft terminé par une autre
rampe au milieu, qui fépare deux autres cascades
en basfins, qui retombent les uns dans les autres
avec des bouillons d'eau. Lorsqu'on eft descendu
dans le bas on trouve un baffin octogone de dix
toifes en carré, au milieu duquel on voit un effet
qu'on appelle la fleur de lys : le jet du milieu s'é-
lance à foixante & quinze pieds, & les huit au-
tres s'élevent en fe recourbant comme pour en faire
les branches; c'eft dans cette partie baffe qu'il faut
voir la fontaine à caufe des dégradations les unes
fur les autres : tous les baffins font entourés de ro-
cailles fines.

C'eft du bas qu'on va par une allée qui conduit à la place du Dragon, pour paffer devant l'allée d'eau, d'où par un autre côté oppofé on entre dans le bosquet de l'Arc de triomphe: il a cinquante toifes de longueur. A l'entrée dans un renfoncement circulaire, on trouve une belle fontaine où eft la France, figurée par une ftatue vêtue d'une mante royale, ayant un coq fur fon casque, & un foleil, qui étoit la devife de Louis XIV fur fon bouclier; elle et affife dans un char pofé fur des gradins de marbre blanc, ornés d'architecture, & couronnés de cimaife, environnée d'attributs & de trophées d'armes. Elle eit accompagnée de deux figures, dont l'une eit appuyée fur un lion qui repréfente l'Espagne; & l'autre, affife fur un aigle, qui repréfente l'Empire: on voit au milieu un Dragon à trois têtes fur le dernier degré, qui femble expirer, pour marquer la désunion de la triple alliance. Tous ces ornemens & toutes ces figures, de métal doré, font de Tuby, Coyfevox & Prou: le Dragon jette un grand effet d'eau, lequel avec d'autres, tombe de gradins en gradins dans un basfin bas entouré d'une bordure de marbre.

Dans cette place du bas, à droite & à gauche, on trouve deux fontaines, dont l'une de la victoi re, parce qu'elle y eft repréfentée fur un globe, orné de trois fleurs de lys, entre des trophées d'armes, & les attributs des quatre parties du monde; elle tient une couronne de laurier d'une main, & de l'autre une ralme; presque à fes pieds eft une coquille, du milieu de laquelle s'éleve un jet d'eau paffant à travers la couronne, lequel en retombant forme une nappe qui fe répand dans une parfaitement belle cuve de marbre d'Egypte, d'où s'éleve un gros bouillon, qui forme une feconde nappe qui la couvre entierement & retombe en bas dans un baffin entouré d'une bordure de marbre: la figure & les ornemens font de métal doré, par Mazelines. L autre fontaine à gauche repréfente la gloire, avec les attributs convenables, de la même ordonnance, par Coyfevox: elles font toutes deux des deffeins de le Brun. Au côté de chacune contre les paliffades, il y a deux piedestaux de marbre noir, fur lesquels font les chiffres du Roi, entou rés de guirlandes de laurier: ils portent des fcabellons de marbre blanc, ornées de bas-reliefs d'une grande beauté, avec des baffins au-deffus, d'où fortent des bouillons d'eau.

De cette partie, on monte à une feconde par trois marches de marbre, dont la partie du milieu eft arrondie dans une espace de dix toifes au-desfus à droite & à gauche, on s'affied fur deux bancs, aux côtés desquels on a pofé des piedestaux avec de pareils fcabellons & de pareils basfins; & comme cette partie eft rampante, on y a pratiqué deux goulettes de marbre blanc, arrêtées de distance en distance par des chûtes, pour que l'eau qui y entre du haut, faffe de petites nappes dans le bas : & fe dégorge par des têtes de Dauphin dans un gouffre.

Enfuite on trouve une place qui s'élargir à quatre pans dans les angles, au droit desquels font des piramides à trois faces, pofées fur des piedestaux de marbre de Languedoc : elles font garnies aux encoignures avec des armures de fer, revêtues

de métal doré. Sur la hauteur on découvre plufieurs petits baffins horifontaux, armés par le devant d'une bande de métal auffi doré, à travers lesquels paffe au milieu un tuyau, qui s'éleve jusqu'à la qui s'éleve jusqu'à la pointe, & produit un bouillon, lequel tombe de baffin en baffin, en formant des nappes rampantes qui fe fuccédent en s'élargiffant; ce qui produit un effet piramidal, dont l'eau paroit en beau crystal. Entre deux piramides il y a, au milieu de chaque côté, un buffet avec un fcabellon de marbre blanc, qui porte un baffin, d'où releve un bouillon: chaque buffet, en forme de table à une certaine hauteur, a au-deffus huit gradins en piramide, bordés d'ornemens de métal doré à jour, d'où descendent des nappes fucceffives, dont la derniere tombe dans un baffin bas, entouré d'une bordure de marbre.

C'eft dans un renfoncement, à l'endroit le plus élevé de la pièce, qu'eft l'arc de triomphe, dans un chaîneau en forme de baffin, arrondi pardevant vis-à-vis chaque portique: il eft foutenu d'un revêtement de marbre de différentes couleurs dans toute la face: on y a placé plufieurs attributs de métal doré. Cet arc triomphal s'éleve de ce baffin en trois portiques, féparés par des pilaftres carrés d'ordre ionique, couronnés d'un entablement & d'un grand fronton audeffus. Toute cette décoration eft percée à jour par des fers, revêtus d'ornemens de métal doré, qui en font la richeffe: fur les rampants du fronton on voit fept baffins, un au milieu, accompagné de trois à droite & à gauche, à chacun defquels il y a un bouillon: ils fe dégradent fuivant la pente, & l'eau en retombe dans des coquilles qui forment des nappes; & en paffant à travers tous les fers & les métaux de la décoration, forme l'arc en eau telle qu'elle eft. Sous chacun des portiques s'éleve un jet, qui, en retombant dans le baffin, forme avec les autres eaux une grande nappe par-deffus le revêtement, & plufreurs autres, qui fe fuccedent de gradins en gradins, dont la derniere retombe dans un baffin qui occupe toute la face, & qui eft entouré d'une bordure de marbre. Les gradins inférieurs font garnis de plufieurs bouillons d'eau divifés en fymétrie. C'eft la derniere fontaine qu'on montre lorfque le Roi ordonne de faire jouer les eaux.

Ces jardins font du fameux M. le Nôtre. La décoration de la colonnade, le changement de l'obélifque, celle des bains d'Apollon, & toutes les belles formes piedeftaux, auffi bien que des vafes modernes, font de M. Manfard, premier Architecte.

Comme le grand canal eft une fuite du jardin, & s'y présente fans en faire partie, étant dans ce qu'on appelle le petit parc, féparé du jardin par une clôture, nous le décrivons en entrant dans le détail de ce petit parc, deftiné pour les promenades en caléches & à cheval, ou lorfque le Roi veut fe délaffer à tirer du gibier.

A l'extrémité de la grande place où eft le baffin d'Apollon, on a pratiqué une piece d'eau qui fert de port pour ranger les chaloupes, yolles, gondolles, &c. Cette piéce a foixante toifes en carré: elle eft fermée de trois côtés, qui ont les quatre angles coupés par des lignes circulaires. Deux de ces angles réduifent le côté ouvert à trente-deux toifes, qui font la largeur du canal dans cette partie : le bout fe termine en face par une grande pièce d'eau de cent quatre-vingt toiles de longueur, fur quatrevingt-dix de largeur: deux pans en joignent l'entrée pour s'élargir, & elle finit par deux lignes circulaires, avec des oreilles, pour laiffer la tête droite de la largeur du canal.

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Depuis la tablette de la premiere piéce d'eau, bout de la derniere, on compte huit cent toifes de largeur: vers le milieu deux branches d'un autre canal, de quarante toifes de largeur fur quatre cent foixante-quatre de longueur, d'une extrémité à l'autre, le traverfent à droite & à gauche. Les quatre angles, avec les oreilles dans le milieu, où fe fait le partage, forment des portions circulaires, qui font un efpace d'eau carré de cent toifes. Les deux bouts de ces branches fe terminent en demi-cercles.

Tout ce pourtour eft bordé d'une tablette de pierre en cordon à fleur de terrain. On entre enfuite dans une allée de treize toifes, foutenue par une autre de fix, plantée de deux lignes de grands arbres: elle fait les mêmes contours jufques aux pans de la grande piéce du bout; & depuis ces pans elle regne dans les côtés de cette grande piece avec quatre rangs de grands arbres, décrivant au deffus au bout qui la termine deux portions circulaires, paralleles à celles de la tête, jusques à une grande avenue au milieu, qui a trente-deux toifes de largeur comme le canal: la contre-allée de chaque côté le prolonge jufques à trois cent toifes à la grande grille, où aboutiffent les murs de la clôture du petit parc. Cette même avenue fe continue dans le grand parc jufques auprès de Villepreux, qui eft à plus d'une lieue de distance. Toutes ces allées, qui bordent le canal, en reçoivent d'autres, qui traverfent des bois qui le joignent, & s'étendent dans le petit

parc.

Au bout de la branche du canal à droite, au-delà du chemin qui y paffe, on voit un baffin, dont la face eft entre quatre pilliers, qui portent des vafes à côté de deux grilles, lesquelles forment deux rampes douces pour monter aux jardins de Trianon: il y a vingthuit toifes de longueur de l'une à l'autre des rampes. Le baffin eft placé dans un renfoncement circulaire en fer à cheval: la décoration eft en pierre rampante le long des degrés, ornée de pilafttes & de grandes tables taillées en glaçons, & couronnée d'une plinte d'architecture, avec une balustrade auffi de pierre: dans ce baffin il y a une fontaine de fix effets d'eau, dont trois gerbes s'élevent au-deffus des baluftrades. Au bout de l'autre branche du canal, en prenant gauche, au-delà de l'allée tournante, on trouve un grand glacis pour monter à un terrain plus haut, qui a foixante & dix-huit toifes de largeur, fur quatrevingt de profondeur, jufques à une entrée de la Ménagerie par ce côté, qui eft fermé par les allées de grands arbres qui accompagnent les flancs du canal. Au-deffus du premier glacis de gafon on arrive fur une place revêtue de murs de terraffe, qui fe terminent en portion circulaire dans le fond, pour foutenir la partie au-deffus. Dans le centre de cette place on trouve un grand baffin rond de vingt-quatre toifes de diametre; la gerbe du milieu s'éleve à plus de trente pieds.

à

La principale entrée de la Ménagerie n'eft pas par le bout de cette branche du canal, mais par l'avenue du chemin qui vient de Verfailles, le long des murs de la clôture des jardins: on traverse enfuite une place plantée d'arbres, qui conduit à une grille, entre deux pavillons, par où on arrive dans la cour, qui a vingc toifes de longueur, fur quatorze de largeur.

Le bâtimeat n'a rien que de fimple: il y a deux pavillons faillans, chacun de deux croifées. Dans un renfoncement, entre deux autres croifées, on trouve une ouverture de neuf pieds de largeur, aux côtés de laquelle on voit deux grandes urnes de marbre pofées fur des focles: elles ont été fculptées par Jouvenet.

Par cette ouverture on monte une rampe de feize degrés, qui mene à un palier, d'où on entre dans deux petits appartements hauts, & dans un fallon octogone, qui eft au milieu d'une feconde cour pareille, de vingt-quatre toifes de diametre: on communique à ce fallon par une petite galerie.

Les fept côtés de cette cour octogone font fermés avec des grilles : le bâtiment eft dans le huitiéme: chaque angle eft orné d'un pilier de pierre dans chaque intervalle : il y en a deux taillés en gaînes, terminées par des corps de termes à deux faces, qui repréfentent différens fujets de la métamorphofe. Au droit de fix de ces grilles, on entre dans autant d'autres cours de différentes formes elles font fermées de murs qui tendent aux rayons de l'octogone, avec des treillages couverts de verdure, & des allées qui partagent des piéces de gazon, entre lefquelles on voit un baffin où il y a un jet à chacun : ces petites piéces d'eau font pour l'ufage des oifeaux ou des animaux que l'on tient dans ces

cours

cours. Les loges pour les enfermer font dans le fond

ou dans d'autres cours derriere.

La feptiéme grille donne l'entrée à une grande baffe-cour de cinquante-fix toifes de longueur, fur trent-deux de largeur: la fortie en eft fur le chemin: elle eft entourée de bâtimens pour un ménage de campagne, avec le logement du Concierge & des différentes perfonnes qui fervent à l'entretien de cette Ménagerie.

Venons au petit bâtiment à l'ufage du Roi : le bas n'est appliqué qu'à des falles, pour tenir les Gardes, quand Sa Majesté ou Monfieur le Dauphin y viennent. Lorsqu'on eft monté fur le palier qui eft au haut de la rampe, on trouve deux portes à droit & à gauche, qui conduifent à deux petits appartemens, dont l'un eft pour l'été, & l'autre pour l'hiver. En face de la rampe il y a une autre grande porte, par où on entre dans une petite galerie, qui communique au fallon octogone.

Ces deux petits appartemens ont été ainfi arrangés en 1698 pour Madame la Ducheffe de Bourgogne, après qu'elle fut arrivée en France,& avant fon mariage. Ils font compofés chacun de cinq piéces, dont la plus grande n'a que quize pieds de largeur: elles font toutes revêtues de menuiferie délicate, avec des ornemens de fculpture, & proportionnés à la grandeur de ces piéces. La plus grande partie eft dorée à fond d'or bruni, brillant. Le dedans des panneaux & les platfonds font peints de grotefques en coloris, & de rehauffé d'or de fujets différens & particuliers à chaque piéce, fur les deffeins & fous la conduite d'Audran, par les plus habiles en ce genre. Les cheminées font des marbres les plus rares, ornés de bronzes dorés au feu, avec des glaces. Il y a auffi des tremeaux avec des glaces dans des parties de lambris. On ne met point de lits dans aucune de ces piéces. Tous les meubles font proportionnés & convenables aux places, & d'une magnificence qui répond aux décorations. On y voit des tableaux des plus grands maîtres.

Ces deux appartemens ont chacun un petit degré particulier qui monte à des logemens dans la manfarde: un des deux eft ovale, percé à jour au milieu, & tout de pierre de liais, très-artiftement travaillé les rampes circulaires fe foutiennent en l'air, & font ornées de fculpture. Il y a une balustrade de fer doré elle paffe pour un chef-d'œuvre.

:

Le fallon octogone qui eft au milieu de la feconde cour, eft au plein-pied des appartemens ; il a vingthuit pieds de diametre, & il eft percé de fept croifées, dont une dans chaque pan: elles fortent toutes fur un balcon en faillie, qui tourne dans l'étendue de fon pourtour. On voit les fept cours fermées de grilles, où font les oifeaux & les animaux rares. Ce fallon devoit être décoré, ainfi que fa communication, dans le même goût, & avec la même magnificence que le refte. Les deffeins en ont été faits par Hardouin Mansard, premier architecte : l'exécution en fut interrompue par les guerres qui font furvenues. On l'a blanchi, & on y a fait une corniche au pourtour, fous un cintre en calotte. Le comble, en forme de dôme, eft terminé par une lanterne. Dans les tremeaux des angles on a attaché beaucoup de tableaux dans des cadres, où font peints au naturel différens animaux curieux par les plus excellens peintres dans

ce genre.

On a pratiqué fous ce fallon une grotte voûtée, revêtue dans tout fon pourtour, & à fa voûte, de rocailles fines, employées avec art: elles font diftribuées par panneaux & par contours de formes différentes on y monte plufieurs effets d'eau ingénieux. Elle eft percée à fon pavé, ainfi que dans toutes fes parties, de petits tuyaux imperceptibles, qui font comme une pluie fine, qui furprend ceux qui s'y trouvent enfermés. Tous les pavés de la cour octogone font garnis de jets, qui s'élancent pareillement en vapeurs d'eau. Le tout eft fort amufant.

Parlons à préfent du potager du Roi, qui eft enfermé dans le petit parc. Ce potager eft ifolé. Sur deux de fes côtés il eft féparé de la ville par deux rues, Les deux autres font le long de l'allée, à quatre Tome VI.

rangs d'arbres, de la ceinture de la pièce des Suiffes & le bout fur des terres vagues. Ce potager a cent cinquante-huit toifes de longueur d'un fens, fur cent trente-cinq de l'autre, qui font quatre cens årpens dans une clôture. Son entrée principale, par où le Roi y arrive, eft fur l'allée à quatre rangs d'arbres. Il y a une grille entre deux pilliers de pierre, dont la porte eft des plus zichement ornée, avec un couronnement, où font les armes de France : elle conduit à une petite avenue de trente pieds de largeur. Le grand jardin, qui eft au milieu de l'efpace, a cent toifes de longueur, fur quatre-vingt-cinq de largeur: il eft entouré d'une terraffe de fix toifes, revêtue de murs, couronnés d'une tablette de pierre: on en defcend dans le jardin par quatre grands perrons. Les murs qui environnent cette grande partie, & qui la féparent des autres jardins qui l'environnent, font garnis avec des treillages pour des efpaliers. Le jardin bas eft divifé en feize carrés plantés de légumes, avec des plates-bandes d'arbres fruitiers en buillons. Il y a dans le milieu un grand bailin, de vingt toifes de diametre, avec une groffe gerbe.

&

Les quatre côtés font entourés de vingt-trois autres jardins, féparés les uns des autres par des murs, avec des portes de communication: les terraffes de la grande partie ont des rampes d'efcaliers qui y def cendent. Deux de ces jardins, qui en occupent fix petits, font destinés à une figuerie & à une meloniere. Ils font tous garnis de treillages & d'efpaliers autour des murs. Les petits font auffi cultivés en légumes: dans un de ces jardins il y a des retraites. couvertes, à l'abri des injures du temps, où on éleve des fruits & des légumes précoces, par le moyen de degrés de chaleur qu'on y procure, pour donner au Roi des nouveautés dans les faifons qui ne les produifent pas.

Au bout de la rue qui en porte le nom, du côté de la piéce des Suiffes, on voit une maifon affez grande, avec une baffe-cour; le tout fert à loger le maîtreJardinier, & ceux qui travaillent fous les ordres. Il y a auprès un petit jardin, dans lequel on éleve des fleurs curieufes, dont on garnit les corbeilles dans lefquelles on porte les fruits au Roi.

Le long de cette maifon eft la ferre de la figuerie: elle a fa face fur le jardin où on range les caiffes quand on les expofe au grand air: elle a vingt-quatre toifes de long, fur cinq de largeur: comme ce jardin eft bas, la ferre, qui est à son plein-pied, eft voûtée. Au-deffus on trouve une galerie de pareille grandeur: on y monte de la terraffe du grand jardin par un perron. Cette galerie eft ornée d'une corniche & ceintrée par le haut.

Quoique le bâtiment du grand commun du Roi ne foit pas du corps du château, il eft néanmoins à propos d'en donner une idée, comme fervant à loger un très-grand nombre des Officiers de la Maifon du Roi. Ce bâtiment eft ifolé de quatre rues, par lefquelles on peut y entrer; mais la principale face eft fur la rue de la Surintendance: celle à droite eft fur la rue qui conduit au portail des Recollets; celle à gauche, vis-à-vis le derriere de l'avant-cour; la qua→ triémme eft fur la rue des Recollets, à la place d'ar. mes. Deux des faces ont quarante-deux toifes; les deux autres en ont chacune quarante. Tout le bas eft employé pour les cuifines & les Officiers qui ont bouche à cour. Il y a une fontaine dans le milieu de la cour. La chapelle qui y eft, a fes chapelains particuliers, qui la deffervent. Outre ces appartemens, il y a un très-grand nombre de logemens. Les décorations extérieures font en pierres de taille, & les panneaux font de brique dans les treme aux : les combles font décorés de lucarnes revêtues de plomb.

Le grand parc renferme tout par une clôture de murs, qui ont près de dix lieues communes de tour, & qui forment la derniere enceinte. Ce parc s'étend jufques à près de deux lieues en quelques endroits : on y trouve fept à huit villages, avec des chemins publics qui ont des portes & des pavillons pour lo ger les Suiffes qui les gardent, afin d'ouvrir le paffage. On y voit auffi des châteaux, qui appartiennent

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