de benedictins qui fut fécularisée en 1612. Il est composé d'un abbé & de vingt-quatre chanoines, qui font obligés de faire preuve de noblesse de trois quartiers du côté paternel, & d'autant du côté maternel. L'abbé seul à la jurisdiction & correction, qui, en fon absence appartiennent au chapitre. Il doit être prêtre, & porte le camail & le rochet par tout où il va en habit d'église; & il a la croix pectorale dans ses cloitres. Il officie dans son église avec la mitre & la croffe; & il a la collation de toutes les dignités, & de tous les offices du chapitre, avec lequel il confére alternativement les canonicats. Ila, outre cela, 1a collation de fix prieurés, & d'un prieuré de filles, qui est à Sainte Colombe-lez-Vienne. Le chapitre de S. André est composé de religieux de S. Benoît nonréformés, & l'Abbé est commendataire, & confére tous les offices claustraux, & les places monacales. S. Sévere est le troisieme chapitre de Vienne. Ses revenus sont très-modiques, & il n'est composé que de quatre chanoines & du curé. Les canonicats ne fe résignent point. Lorsqu'ils vaquent, le chapitre les remplit. C'est dans cette église que se rendent les archevêques de Vienne, lorsqu'ils veulent prendre possession de leur archevêché. Le chapitre de la cathédrale s'y rend aussi, & reçoit sur le grand Autel le ferment que fait l'archevêque, de maintenir & observer tout ce qui eft contenu dans les transactions passées entre le chapitre & les précedens archevêques. Après ce ferment, on l'habille pontificalement, & on le conduit en procession à la Métropolitaine, où il est instalé. Il y a dans le diocèse deux autres chapitres, qui étoient autrefois des monastéres de bénédictins, & dont le titre Abbatial est uni à l'archevêché. Le premier est le chapitre de SaintChef, à sept lieues de Vienne. Il fut fondé vers le milieu du fixieme fiécle, & fécularisé sous le regne de François I, en 1535, par le pape Paul II I. Pour pouvoir obtenir un de ces canonicats il faut être habitué dans cette Eglife; & pour être reçu habitué, il faut faire preuve de noblesse de quatre quartiers du côté paternel, & d'autant du côté maternel. L'archevêque de Vienne confére, en qualité d'abbé, tous les canonicats; mais il ne peut les donner qu'à des habitués. Le théologal & le capiscol ne font pas obligés d'être gentilshommes. L'abbé jouit de douze mille livres de revenu, & le doyen de quatre mille livres. Le chapitre de S. Bernard de Romans étoit aussi un monastére de Bénedictins, fondé dans le huitieme fiécle par S Bernard, archevêque de Vienne. Il y a plus de deux cens ans qu'il est sécularifé. S. André le haut de Vienne, abbaye de filles, ordre de S. Benoit, reconnoît S. Léonien pour son fondateur. Il y a eu autrefois cent religieuses; mais il fut détruit par les Vandales. Ermengarde, femme du roi Raoul, obtint de ce prince, qu'il feroit rétablir ce monastere. Aujourd'hui on n'yreçoit que des filles nobles, sans pourtant les obliger à faire des preuves. Il y a à Vienne plusieurs autres églises & couvens. On remarque le fauxbourg de Sainte Colombe, qui est au-delà du Rhône; il est fauxbourg de la ville, & cependant du Lyonnois. On y voit une affez haute tour qui commande au pont. L'archevêché est une maison affez commode. A côté de ce palais, est la Salle des Clémentines, ainsi nommée des constitutions qu'on y fit pendant la tenue du concile général, auquel le pape Clément V présida, M. de Moléon dit que cette falle aujourd'hui sert à ferrer le foin d'une auberge. L'abbaye de S. Pierre est ancienne; elle est environnée de solides murailles. La voûte de la nef n'est que lambrissée : celle du cœur est peinte & foutenue par deux colonnes fort élevées. On n'enterre dans cette église que les archevêques de Vienne, & on voit ici de même, que dans les autres églises de Vienne, & ailleurs dans la ville, une quantité surprenante d'inscriptions antiques. Chorier a recueilli celles qui avoient été découvertes jusqu'à lui, & celles qui l'ont été depuis, se trouvent dans le voyage littéraire de deux religieux bénedictins, & dans le voyage liturgique de Mr. de Moléon. Le quinzième concile général futassemblé à Vien ne en 1311 par ordre de Clément V, l'ordre des Tem pliers y fut aboli. Il y a à Vienne une fabrique d'ancres tant pour les galéres, que pour les vaisseaux du roi, & une manufacture pour mouliner & dévidet les soies. Des ouvriers allemands avoient donné lieu à l'établissement d'une fabrique de fer blanc à Vienne ; mais elle ne subsiste plus, quoiqu'elle méritât beaucoup d'attention. Il se fait aussi dans cette ville un commerce de vins. Le bailliage de Viennois comprend les bailliages particuliers de Vienne, de Grenoble, de Saint Marcellin, & la jurisdiction royale des Romans. Le bailli est d'épée, & la justice se rend par un vicebailli, ou lieutenant-general. Les dehors de Vienne le long du Rhône sont agréables, & forment un beau coup d'œil. A quatre ou cinq pas de la ville, hors de la porte d'Avignon, on trouve une pyramide antique, qu'on appelle l'Eguille. Elle est sur une voûte carrée, foutenue pan quatre pilliers, & qui a vingt ou vingt-quatre pieds de haut. La pyramide est à peu près de la même hauteur, & le tout est de pierres fort dures & grandes, fans aucun ciment. Il n'y a aucune inscription; ce qui fait qu'on ne peut pas assurer pour quel usage ce monument a été érigé. Il y a néanmoins apparence que c'eit le tombeau de quelque Romain. Au 48 degré 14 minutes de latitude, & au 34.32 de longitude. 4. VIENNE, ville d'Allemagne, la capitale de l'Autriche, à la droite du Danube dans l'endroit où la petite riviére de Vienne, qui lui donne son nom, se jette dans le Danube. Cette ville fituée à fix milles des frontières de Hongrie, & à dix a l'ouest de Presbourg est ancienne, & a été connue autrefois sous les noms d'Ala Flaviana, Caftra Flaviana, Flavianum, Juliobona, Vindobona & Vindum. Elle peur en quelque façon être regardée aujourd'hui comme la capitale de l'Allemagne, les empereurs depuis plusieurs fiécles y ayant établi leur résidence ordinaire. La ville de Vienne environnée de murailles, de bastions, de fossés, de contrescarpes, n'a pas l'agrément de ces villes, dont les avenues charment par, la variété des jardins, des maisons de plaisance & des autres ornemens extérieurs, qui font les fruits de l'entiére fécurité que porte la paix avec soi. Vienne cependant à des fauxbourgs d'autant plus agréables, qu'ils sontrebâtis tout à neuf; le dernier fiége n'ayant fait que des masures de tout ce qu'ils pouvoient avoir de beau. On peut dire qu'il n'y a qu'un fauxbourg du côté du midi, tout ce qu'on a rebâti autour de la ville, d'une rive du Danube à l'autre, à la droite de ce leuve, n'étant qu'une suite d'édifices qui ne pou roit faire qu'un même fauxbourg, entre lequel & la ville, il y a une grande esplanade nécessaire dans toutes les villes de guerre, pour voir les approches de l'ennemi, & pour pouvoir l'écarter Les murailles de la place font en affez bon état; mais les fossés & les contrescarpes paroissent manquer d'entretien, & quelques endroits même des murailles manquent de parapets. Il y a un autre fauxbourg au septentrion de la vil le dont il est séparé par un bras du Danube, & an autre bras de ce fleuve en fait une ifle. Sijamais quelque ennemise logeoit dans ce fauxbourg, il pourroit étrangement incommoder la ville, à laquelle il fait face dans toute sa longueur; outre que le bras du Danube, qui coule entre deux, est très-petit. Ce fauxbourg n'a aucunes fortifications. On a projetté plusieurs fois de le fortifier, & on a même quelquefois commencé à mettre la main à l'œuvre, comme on en voit quelques marques; mais on s'est toujours arrêté. Si on fait abstraction des fauxbourgs, on trouvera que la ville de Vienne n'est pas grande ; & on n'y voit point de grandes rues. La rue qui aboutit à la Cour n'est ni plus grande, ni plus large que les autres. Il y a quelques places, & celle du marché neuf est la plus belle, à cause des bâtimens nouveaux, ou renouvellés qui l'environnent. On voit plusieurs palais affez beaux ; entr'autres celui du Prince de Leichtenstein, qui est bâti sur un dessein affez grand & magnifique; mais il est estropié d'un côté, étant borné par une autre maison que le Prince n'a jamais pu acheter, & qui appartient aux comtes de Staremberg. Sans cette contiguité, le palais de Leichtenstein feroit libre, & feroit face de tout côtés sur la rue. Mais il lui manqueroit encore un jardin; tout l'espace dont il peut difpofer étant un petit entre deux, qui empêche qu'il ne touche la muraille de la ville. Le prince Eugéne a aussi fait bâtir un Palais, où malgré la petitesse du terrein, on ne laisse pas de voir regner le bon goût de ceux qui en ont donné le deffein. Les généraux Caprara & Rabutin en ont de même fait bâtir chacun un. Il y a encore à Vienne d'autres palais, & diverses belles maisons qui font voir la richefsfe & la magnificence de cette cour. Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que dans une capitale qui peut être dite fort bien bâtie, tie, & où l'on voit une grande quantité de Palais & de belles maisons, la cour ou le palais est fort peu de chose. Le bâtiment qui devroit être le plus magnifique & le plus riche de tous, ne répond nullementà la grandeur du maître qui l'habite. Le vieille cour eit pitoyable. Les murailles y font auffi épaisses que celles des plus forts remparts: les escaliers y font pauvres & fans ornemens, les appartemens bas & étroits, avec les platfonds couverts de toiles peintes : les planchers d'ais de sapin tels qu'ils font chez les moindres bourgeois: Enfin le tout aussi simple que s'il avoit été bâti pour des moines. Ajoutez à cela que pour tout jardin, il n'y a qu'un petit enclos fous les fenêtres de l'appartement de l'impératrice, où l'on plante quelques fleurs, & où l'on tient un peu de verdure. Il faut pourtant convenir que les nouveaux appartemens attachez à ce vieux palais, font d'une apparence un peu meilleure, & qu'au moins ils préfentent un affez long aspect de fenêtres; mais les fenêtres ni les portes n'ont rien que la pure ouverture dans les murailles, fans aucun de ces ornemens qui les accompagnent, dans les palais modernes, & dans les cloitres un peu magnifiques, où une des fenêtres feroit souvent honte à toute la façade de la cour de Vienne. On a travaillé depuis quelques années à un théâtre un peu apparent pour les comédies & pour les opéra, à des fales pour une bibliothèque & à un lieu pour le manege des chevaux. La chapelle de la cour de Vienne est une feule voûte d'environ cent pieds de long, où la cour peut à peine se remuer dans certaines cérémonies qu'on a coutume ne d'y faire. Il est vrai qu'il y a près de la cour une église qu'on appelle Aulique, & qui est desservie par des Augustins déchauffés. La cour s'y rend par une longue galerie qui unit cette église au palais, & on y célebre les plus importantes cérémonies. Mais cette église n'est pas de la Cour; & c'est par hazard qu'elle fert à cet usage, parce qu'elle est voisine. On voit à Vienne quelques églises qui peuvent paffer pour belles; mais elles ne font pas en grand nombre. Le dôme, ou l'église Métropolitaine, est d'une architecture gothique, ornée en dehors & en dedans de ces colifichets ou ornemens arabesques de pierre, qui étcient fi fort du goût du vieux tems. Il y a une tour encore plus godronnée que l'église, & dont la fléche jusqu'à la pointe est toute de pierres déchiquetées. Elle a une hauteur considérable; & dans le dernier fiége, Soliman convint d'épargner ce clocher, & de ne le point battre avec son artillerie. Il y a de l'autre côté de l'église une autre tour ou clocher commencé; mais il n'est élevé quejusqu'à la hauteur des murailles de l'Eglife. On dit qu'il fut entrepris en même-tems, ou peu de tems après l'autre; mais que l'architecte de la premiere tour, pour ôter à fon rival le moyen de partager avec lui la gloire de cet édifice, le tua en le faisant culbuter du haut d'une fenêtre en bas. La nouvelle église du second college des Jésuites, car ils en ont trois à Vienne, est d'un dessein hardi & magnifique. Outre fa grandeur qui est considérable, toute la voûte du milieu appuye sur des colonnes torses, qui partagent les chapelles en nombre égal de l'un & de l'autre côté, & donnent un grand jour & une belle ouverture à tout le bâtiment. Le fameux pere Poggi Jésuite, également bon peintre & bon architecte, a peint tout le grand berceau, ou la voûte du milieu, de même que plusieurs autels, qui font admirer l'adresse de son pinceau. Ce qu'il y a de particulier dans la peinture de cette voûte, c'est que, regardée d'un certain endroit de l'église, elle représente si naturellement une coupe, ou Cuppola, felon le langage des Italiens, qu'on la croiroit réelle, effective & exauffée sur la voûte. L'église du premier ou du grand collége des mêmes religieux n'a rien de remarquable que la richesse & la propreté des autels qui, pour la plupart ont été bâtis par des Seigneurs particuliers. Au devant de la porte de cette églife, & fur une place assez grande, il y a une colonne de bronze qui soutient une figure de la fainte Vierge, de même métal avec le ferpent à ses pieds, en figne de son immaculée conception. Sur le piedestal qui porte la calonne, il y a quatre anges aussi de bronze, en attitude de combattans contre quatre monftres, figures apparemment du péché, pour montrer que la fainte Vierge en a été délivrée. Mais cesstatues sont si peu proportionnées, qu'on prendroit presque les anges même pour des monitres, vu leur grosseur démesurée. On fait dans cerrains jours de l'année des dévotions publiques au pied de cette colonne, & l'on bâtit une espéce de tente de bois, où l'empereur & la famille impériale, qui affittent à ces exercices de piété, se placent hors de la foule. Cette colonne, à ce que quelques uns croyent, fut dressée à l'honneur de la fainte Vierge, en action de graces de la délivrance d'une peste. On voit un autre monument de la piété de la maison impériale, pour une semblable occafion. C'est la pyramide dreffée en l'honneur de la fainte Trinité, dans la place du marché-neuf. Cette pyramide est de marbre blanc furmontée d'un grouppe de nuées, sur lequel font les trois personnes de la fainte Trinité, en figures de bronze doré. La statue de l'empereur Léopold, en posture de suppliant, à genoux, & les yeux tournés contre les personnes facrées, est au pied de la pyramide. Sur les trois faces de ce monument, qui est triangulaire, on lit des infcriprions latines qui témoignent, au nom de l'empereur, fa reconnoiffance & ses actions de graces, pourladélivrance de la peste en 1579. Ces inscriptions furent composées par l'empereur Léopold lui-même. La pyramide & fon piedestal sont environnés d'une balustrade de même marbre. Les dominicains, les augustins, les bénédictins; & les cordeliers ont des églises dans la ville; mais elles n'ont rien de remarquable. Celle des auguftins, déchauffés cependant est appellé Aulique, & fert pour les fonctions de plus grand éclat, quand la cour veut y assister. Le cloître des récollets y est en fi grande vénération, que pour ne point chagriner ces religieux, & pour ne leur point causer la moindre peine, il est défendu de la part du souverain aux propriétaires des maisons qui leur font opposées, de hauffer leurs bâtimens, ni d'ouvrir des fenêtres qui les regardent. C'est tout le contraire de ce qui se pratique ailleurs, où les religieux ayant des couvens voifins des maisons des séculiers, se privent euxmêmes de la vue. Les capucins, contre l'usage ordinaire de leur ordre, font dans la ville; & c'est dans leur église, qui à quelques ornemens près, est semblable aux autres de leur institut, qu'est la chapelle où l'on enterre les princes de la maison impériale. Il ya dans Vienne une université fondée en 1365 par Alber III, archiduc d'Autriche, & dont les chaires font engrande partie occupées par les peres jésuites. Le reste est occupé par des professeurs féculiers. L'édifice oùfont les écoles est si mal construit, qu'on est étonné que tant d'empereurs qui ontaimé les lettres, n'aient point fait construire un plus beau théâtre pour les muses. Enrécompenseil y a une bibliothèque publique, qui est d'un grand usage pour les pauvres gens qui veulent étudier. Elle a été fondée, suivant l'inscription qui est sur la porte, par un certain Vindag, qui ayant commencé & continué ses études par le secours de quelques bienfaiteurs, arriva au bonnet de docteur; : & enfuite, s'étant exercé dans la profession d'avocat, obtint une charge de confeiller de la chambre. Il acquit dans cette place de figrandes richesses, qu'il put établir sa famille, & fonder cette bibliothèque. Le nombre des livres de cette bibliothèque n'est pas fort grand. La plupart même consistent en livres classiques & de jurisprudence. Il y a un bibliotécaire fonde; mais cette place est de peu de rapport. Comme on passe de la bibliothéque dans la maison des dominicains à laquelle elle est attachée, il sembleroit que ces religieux devroient avoir quelque inspection tant fur le lieu que fer les livres; cependant on assure qu'ils ne fauroient faire voir que le fondateur la leur ait accordée. Avec le tems ils s'en font rendus les maîtres. Ils en disposent absolument du moins pour leur usage particulier; car ils retiennent la clef de la porte inférieure, qui communique avec leur maison, tandis que le bibliothécaire n'a que la clef de la porte qui donne sur la rue. La ville est pleine de maisons à café, où les nouvellistes s'assemblent, comme ailleurs, pour lire la gazette, & discourir des affaires du tems; mais il n'est pas croyable combien eft grande la liberté qu'on se donne dans ces réduits, où on déchire fans aucun égard, la conduite des généraux & des ministres, & quelquefois celle de l'empereur même. On voit un arcenal affez bien fourni d'armes & de canons; mais on ne voit point d'académie pour les cadets. Il y a de quoi s'étonner que tant d'autres pratiques beaucoup moins importantes, ayent été imitées de la France, & qu'on n'ait pas suivi celle-ci, qui est la source des plus grands avantages qu'on obtient à la guerre. L'empereur ne manque, ni de foldats, ni d'officiers; mais de foldats disciplines, & d'officiers instruits de leur profeffion, & particuliérement de bons ingénieurs. Il n'y a point non plus de maison pour les invalides, ce qui fait que l'on voit par les rues & aux portes des églises, mandier une grande quantité de soldats estropiés. Outre le manege de la cour qui ne sert qu'aux pages de la famille impériale, il y en a un autre affez beau & spacieux, dans un fauxbourg, & relégué ainsi hors de la ville, où demeurent cependant ceux qui en ont précisément besoin; aussi ce manege est-il peu fréquenté. On affure qu'il y avoit autrefois, dans l'académie de Vienne, des maitres pour tous les exercices corporels, & pour les mathématiques, l'histoire, la géographie, même la philosophie, quoique cette science soit plus du reffort des colléges que des académies. Les casernes des foldats font sur les murailles de la ville, assez bien bâties & affez nombreuses; mais elles ne font pas toutes occupées par des foldats, & le reste sert de retaite à des gargotiers & à des femmes débauchées. Le plus beau & le plus vaste de tous les fauxbourgs de Vienne est celui de Léopoldstad, au feptentrion de la ville. Les auttes occupent tous les autres côtés & font rangés autour, presque sans aucune séparation entr'eux; de forte qu'ils paroissent n'en faire qu'un, qui entoure en forme d'arc toute la ville. Tous, comme je l'ai déjà dit, ont été rebâtis depuis le dernier fége, & la plupart pouroient paffer pour de jolies villes. La Favorite-neuve, car la vieille étoit dans le fauxbourg de Léopoldstad, donne le nom à 1 un de ces fauxbourgs. Ons imagineroit, en entendant parler d'une maison impériale, de voir un palais bâti avec la derniere magnificence; mais ce bâtiment n'est ni grand ni élevé. Il y a quelques appartemens assez bien meublés; cependant on ne se douteroit jamais que c'est la maison de plaisance d'un grand empereur. Ce prince y passe néanmoins une grande partie de l'été, & il faut que les ministres s'y rendent tous les jours. Les princes de Mansfeld ont fait bârir un palais beaucoup plus magnifique, & d'un dessein infiniment plus hardi que la Favorite. On ne fait comment ils ont pu obtenir l'agrément pour le faire bâtir dans le lieu où il est, entre la ville & les fauxbourgs, & point hors de la portée du canon. Le bâtiment est d'une belle idée & d'un bon goût. La façade vers la ville est ornée d'un bel ordre de coIonnes. Il y a un magnifique perron à l'entrée. La plate-forme qui fert de toit au corps du logs du mi lieu, est entourée d'une balustrade de marbre, & on admire une belle distribution de grandes fenê tres qui donnent le jour à l'édifice de tous les côn tés. Les vastes jardins tracés derriére & aux côtés du palais, achèvent d'orner ce palais. Un feigneur de la maison de Mala-Spina, ayant, après le fiege de Vien ne, acheté tout le terrein, & fait rebatir seul un fauxbourg tout entier, la ville n'a pas jugé à propos de lui en laisser la propriété; & par le remboursement de toute la dépense, elle eft entrée en poffeffion de ce fauxbourg, où il y a quelques édifices pour le service du public. Il y a un autre fauxbourg appellé Saint Ulric, & qui n'est pas en trop bonne réputation. Les priviléges accordés à un abbé de la ville, au monaf tére duquel ce fauxbourg appartient en propre, en écartant l'inspection & l'usage de la justice ordinaire, font cause qu'il s'y commet des défordres & des dé bauches. On voit encore un autre fauxbourg, ou, fi l'on veut, un village presque attaché à la ville: il se nomme Hernals. Près de l'église est un sépulchre bâti dans la forme & avec les mesures de celui de Notre-Seigneur. Le chemin qui y conduit de la ville, est semé de chapelles, où les mysteres de la passion font représentés. Le peuple ne manque pas de les vi fiter affez souvent; & il arrive aussi souvent ici, comme ailleurs, que le prétexte de la dévotion couvre un véritable libertinage que favorisent les lieux écar tés qui se trouvent fur la route. Au reste, ces chapelles ne méritent nullement d'être comparées pour la structure, la richesse & le goût, aux chapelles de cette forte qu'on voit en plusieurs endroits de l'Italic. Ce ne font que de fort petites niches, où le mystere est representé avec trois ou quatte figures en relief, dans un espace qui ne met personne à couvert. , La ville de Vienne est mêlée de toutes fortes d'étrangers, Italiens, Allemands, Bohémes, Hon grois, François, Lorrains, Flamands & Savoyards, qui, presque tous, font le négoce, ou travaillent à différens métiers. Cette diversité eft cause qu'il n'y a pas grande union entr'eux. La jaloufie des nations, qui se portent envie l'une à l'autre, empêche la confiance réciproque, qui ne tient à autre liaison qu'au commerce, & à la nécessité de pourvoir aux besoins de la vie. Les hommes ne sont pas à Vienne sujets à la folle dépense en habits. La cour, à laquelle la plupart tiennent par quelque endroit & où il faut paroître en noir, leur ôteroit les occasions de se faire honneur decette pompe, s'ils en avoient l'entêtement; & hors de quelques rencontres de cavalcades, ou de Fêtes à la cour, dans lesquelles ils font obligés de paroitre avec éclat, ils ont moyen tout le reste de l'année de rétablir, par leur épargne, les défordres que la vanité de leurs femmes font à leurs finances. Ce ne iont pas les feules femmes de qualité qui donnent dans ces excès: celles de la moindre condition ne leur cédent point sur ce chapitre; & il y a une émulation entr'elles à qui fatisfera mieux son panchant à cet égard. En général le peuple de Vienne est dévôt presque jusqu'à l'excès. Il n'y a pas une heure dans le jour où l'on ne trouve à l'église cathédrale des troupes de personnes qui prient Dieu, même à haute voix, sous la direction d'un prêtre, gagé pour présider à ces prié res, & pour les régler. On dit que le fiége de Vienne inspira cette dévotion extraordinaire aux bourgeois. Le transport qu'on a fait de Hongrie à Vienne, d'une Image de Notre-Dame, peinte assez grosfiérement, sur une planche d'environ deux pieds de longueur, & qu'on dit avoir versé des larmes en Hongrie, avant les dernieres révolutions, contribue beaucoup à ce concours du peuple à l'église cathédrale. Cette image y eft exposée fur le grand-autel; & les miracles qu'on dit que Dieu y opére tous les jours, par l'intercesfion de la sainte Vierge, font fi fréquens, que les murailles de cette partie de de l'églife, qui lui eft voifine, font toutes chargées jusqu'aux voûtes, qui font très-hautes, de tableaux ou de mémoires, en argent & en peinture, des bienfaits & des guérisons qu'on assure y avoir reçus. Tous les matins, & ordinairement jusqu'à deux heures après midi, on voit dans cette église une quantité prodigieuse de prêtres qui y difent la messe. 1 Le Chapitre de cette cathédrale n'est pas nombreux; la noblesse n'est point une qualité requise pour être chanoine, comme en beaucoup d'autres églites d'Allemagne. La premiere fondation n'étoit que pour un college d'une église particuliere, & elle est devenue cathédrale par l'érection d'un évêché, qui n'a guére plus de deux fiécles, & qui enfin a été élevée à la dignité archiepiscopale en 1721. L'église est dédiée à faint Etienne, premier martyr. La ville de Vienne, quoique dans une agréable fituation, se trouvant dans un endroit où le Danube se partage en cinq branches, & forme plusieurs isles couvertes de bois, ne jouit pas cependant d'un air bien fain, L'air, ou la qualité du climat sous lequel Vienne est bâtie, est, selon le proverbe particulier, ou venteux, ou venimeux, Vienna vel ventofa, vel venenofa. En effet, on remarque presque pendant toute l'année que les vents s'y font sentir d'une maniere si vive, & avec tant de fracas, qu'on a de la peine à marcher dans les rues. Quant à la malignité de l'air, qui devroit être corrigée par les vents, il est difficile d'en deviner la cause, n'y ayant point de marais aux environs, ni mines de foufre ou de bitume, qui puisse causer cette infection. Il y en a néanmoins qui croyent que le mauvais air eft caufé par la quantité de boues & des ordures, qui remplissent les rues presque toute l'année; car, quoiqu'il y ait des charrettes obligées à les emporter, la négligence avec laquelle elles s'acquittent de ce devoir, fait que les rues font presque toujours fort sales. Les Turcs se mirenten campagne en 1683, avec une puissante armée, & s'avancerent jusques devant Vienne, qu'ils commencerent à asfiéger le 14 de Juillet. Les efforts terribles avec lesquels ils attaquerent pendant deux mois cette place, qui se ressentoit encore des ravages qu'une cruelle peste y avoit faits en 1679, la réduifirent aux dernieres extrémités. Le grand-vifir étoit en personne à ce fiége. Le nombre de ses trou- troupes montoit à près de cent cinquante mille hommes, & l'on n'avoit point vu, depuis un fiécle, de fi grands préparatifs contre la chrétienté. Mais si la ville de Vienne fut attaquée vigoureusement, elle fut encore mieux défendue par le comte de Staremberg, quien étoit gouverneur, & par quantité de braves, de divers endroits de l'Europe, qui s'y étoient jettés. Cette résistance, fortifiée du secours du Ciel, que l'on imploroit de toutes parts, donna le tems à Jean III. du nom, roi de Pologne, de joindre vingt-quatre mille hommes de ses troupes à l'armée impériale, que commandoit le prince Charles de Lorraine, & d'accourir, conjointement avec les troupes de Bavière, de Saxe & de Franconie, au secours de cette ville. Les Chrétiens prirent leur marche par la montagne de Kalemberg, & allerent attaquer les Infidéles qui étoient au bas. A la vue de l'avantage qu'on remporta fur eux, les assiégés firent une vigoureuse sortie, & taillerent en piéces tout ce qui se trouva dans les travaux & dans les lignes. Le grand-visir se sauva des premiers vers le chemin de Luxembourg, & abandonna ses richesses, ses munitions, fon cheval de bataille, & fa tente, où le roi de Pologne reposa pendant la nuit. Ce coup heureux arriva le 12 de Septembre 1683. L'on a établi à Vienne deux manufactures nouvelles, l'une de porcelaine, l'autre d'étoffes de foie, dans le goût de celle de Lyon. 5. VIENNE, bourg de France, dans la Champagne, élection de sainte Menehould, aux frontières du duché de Bar, à deux lieues de sainte Menehould, & à sept lieues de Verdun, sur l'Aisne. Ce bourg est séparé en deux parties, dont l'une s'appelle Vienne-laVille, & l'autre, Vienne-le-Château. VIENNENSIS-GALLIA. Voyez GAULE. VIENNOIS, pays de France, compris dans le Dauphiné, & qui prend son nom de la ville de Vienne, sa capitale. Ce pays est borné au Septentrion, par la Bresse & par le Bugey, dont il est séparé par le Rhône: il confine à la Savoye du côté de l'Orient: il touche du côté du Midi au Valentinois: & le Rhône le baigne à l'Occident. C'est un des plus grands bailliages du Parlement de Grenoble. Il comprend les bailliages particuliers de Vienne, de Grenoble, de faint Marcellin, & la jurisdiction royale de Romans. Le bailli est d'épée. Le Viennois a eu autrefois des seigneurs particuliers, qui possédoient le plat Pays, & qui ont pris dans la suite le nom de Dauphins. Voyez VIENNE. VIENS, baronie de France, dans la Provence, viguerie d'Apt. 1. VIERÇO, ou VIERZI, contrée d'Espagne, au royaume de Léon, vers les confins des Asturies, avec une bourgade qui lui donne son nom. C'est proprement une vallée, qui s'étend le long de la riviere de Tuerta. Cette contrée est abondante en toutes fortes de commodités & de vivres. Davity, Royaume de Léon, prétend que Ponferrada est la capitale; mais dans ce cas il faudroit étendre cette contrée jusqu'aux confins de la Galice. * Jaillot, Atlas. 2. VIERÇO, ou VIERZO, bourgade d'Espagne, dans la Catalogne, au diocèse de Lerida, selon Baudrand, qui dit que c'est l'ancien Vergium-Castrum de Tite-Live. Il ne l'asfure pourtant pas; & il convient que les géographes ne s'accordent pas fur la position de cette ancienne place. VIERGE, (Fontaine de la) fontaine de la Palestine. Quand on a passe la valée de Jofaphat, dit le Pere Nau, dans son voyage de la Terre-Sainte, 1.3, c. 13. on trouve au bas du Mont de Sion une fontaine, nommée la fontaine de la Sainte-Vierge, parce que la mere de Dieu a bu autrefois, à ce qu'on dit, de l'eau de cette fontaine, & qu'elle s'en est servie pour laver le linge de Notre-Seigneur & le sien; mais on n'en rapporte aucune preuve. Les Chrétiens visitent cette fontaine avec dévotion; & les Mahométans même la révérent. Ils ont pavé de belles pierres un lieu voisin, & y ont élevé un Oratoire à leur façon, c'est-à-dire, une petite niche tournée au Midi. Ils obligent les Chrétiens à leur payer une petite piéce d'argent, pour leur permettre de descendre à cette fontaine ; mais c'est un droit ufurpé, qu'on ne leur paye que quand on est le plus foible, ou qu'on ne veut pas faire une querelle pour peu de chose. On y descend par un escalier d'environ vingt dégrés, au bas duquel on trouve un petit rond d'eau, & comme un canal naturel, qui s'avance profondément sous terre. L'eau n'y est ni abondante ni fort bonne, à en juger au goût. Elle est pourtant potable, & on en boit. Cette fontaine est assez vraisemblablement celle qu est nommée, dans Esdras, la fontaine du Dragon. Je sçai bien qu'Adrichomius met cette fontaine loin de là, au bas de la montagne du Calvaire, & qu'il dit quede son tems, elle y couloit encore; mais c'est ce qui ne se voit point. Néhemias en parle comme d'une fontaine qui n'étoit pas fort éloignée de la porte de la vallée; ce qui convient assez bien à la fontaine de la Vierge, qui se trouve dans la vallée de Jofaphat, au pied du mont de Sion, & à fon Orient. VIERGES. (Les) On donne ce nom à douze ou treize petites Isles de l'Amérique septentrionale, qui s'étendent au Levant de l'Isle de S. Jean de PortoRico, sur la hauteur de dix-huit dégrés au Nord de la ligne. On les distingue en grandes Vierges & en petites. Virgo Gorda, qui est au Nord-ouest de l'Isle de Saba, eft haute & ronde, & fituée au commencement des petites Vierges. Ces Isles font fort hautes, & dénuées d'arbres. On les croyoit autrefois fort périlleuses, à cause des bancs & des basses; mais les canaux profonds, qui les entrecoupent, ayant été reconnus, ont fait cesfer cette erreur. Il y a de fort bons mouillages, capables de mettre plusieurs flottes en sureté. Les Espagnols les visitent assez souvent pour la pêche. On y trouve aussi une infinité d'oiseaux de terre & de mer. Il y a fi peu de bon terroir dans ces Isles, qu'après l'avoir visité, on n'a pas cru qu'il méritât qu'on y envoyât des habitans pour le cultiver. * De Laet, Descr. des Indes occid. 1. 1, c. 18. Rochefort, Hist. des Antilles. VIERLINXBECK, village des Pays-Bas, ar Pays de Cuyck, sur le bord de la Meuse. Il y a dans ce village un bac, pour passer dans la Gueldre Prusfienne. Ce village, avec les hameaux d'Overloon, de Groeningen & de Northeym, forme un tribunal de sept Echevins. Il y a une église protestante, dont le Ministre ne prêche souvent qu'à sa famille, & à celle de fon Lecteur. A un quart de lieue de ce village, il y a le château de Macken, dont le maître prend le titre de Seigneur de Macken; mais il n'a pas de plus grandes prérogatives que les autres, qui possédent des biens nobles. Cependant ce château est fort ancien, & l'on prétend qu'il étoit le séjour des Seigneurs de Vierlinxbeck, qui possédoient alors tout le haut-bailliage, séparé du reste de la seigneurie de Cuyck, qui étoit proprement réduite au bas-bailliage. On ignore quand & comment le pays de Cuyck fut partagé en ces deux différentes seigneuries. Tout out ce qu'on sçait, c'est qu'en 1403, Udon de Boye se qualifioit Seigneur de Vierlinxbeck, de Maashees & de Holthees, comme on le peut voir par un privilége daté de la même année, accordé aux habitans, & qui se trouve dans les archives de la ville de Grave. On ignore pareillement quand & comment cette feigneurie a été réunie à celle de Cuyck. Le dernier Seigneur de Macken, qui portoit le nom de Vander Boeye, prétendoit descendre de cet Udon de Boye, dont il vient d'être parlé; mais on n'en a aucune preuve certaine. Cette famille est présentement éteinte, & il n'en reste plus que quatre filles, héritiéres de la Terre de Macken, qui est un bien trèsconfidérable, enclavé dans la jurisdiction de Vierlinxbeck. Il y a dans ce dernier village un moulin à eau, où les habitans de Maashees, Holthees, Macken, Groeningen, Northeym & d'Overloon, font obligés d'aller faire moudre leurs grains. * Janiçon, Etat présent des Provinces-Unies, t. 2, p. 46. VIERRADEN, ville d'Allemagne, au cercle de la Basse-Saxe, dans la Marche de Brandebourg, vers les confins de Pomeranie, sur la Welse, dans l'endroit où cette riviere entre dans celle de l'Oder, entre Stendelichen & Schwet. Vierraden a été souvent une pierre d'achopement pour les princes de Brandebourg & de Pomeranie. L'an 1302, Othon, duc de Sterrin, défit dans une bataille les Margraves de Brandebourg, Othon, Jean & Valdemar, dans les environs de cette ville. En 1468, l'électeur de Brandebourg s'en rendit maître, par la trahison d'un Meunier; & il la garda huit ou dix ans, jusqu'à ce que Wratislas, duc de Pomeranie, la reprit, par le moyen de Henri de Lindstetten: l'électeur la regagna d'abord après, parce qu'il n'y avoit qu'une foible garnifon. Dans l'accord qui se fit entre ces deux maisons, en 1479, Vierraden demeura à l'électeur de Brandebourg. Cette ville fut après spécifiée dans le Traité de la fuccesfion de famille entre les deux maisons: il y fut dit que cette ville retourneroit au domaine des ducs de Pomeranie, au cas que la famille mâle des Margraves vint à s'éteindre. Ce Traité, du confentement des maisons de Saxe & de Hesse, fut confirmé en 1573, par l'Empereur, qui régla, outre cela, que toutes les fois que les vassaux du territoire de Vierraden, & des autres lieux mentionnés dans le Traité, rendroient hommage à l'électeur de Brandebourg, ils feroient de même serment de fidélité au duc regnant de Pomeranie. Cette ville a souffert beaucoup dans les guerres du dernier fiécle. Les Suédois s'en emparérent, ainsi que du château, en 1637. * Zeyler, Topogr. Marg. Brand. p. 117. VIERUEDRUM, promontoire de la GrandeBretagne. Ptolomée, l. 2, c. 5, le place entre le promontoire Taruedum, ou Orcas, & le promontoire Veruvium.Unmanuscrit, consulté par Ortelius, porte Ουϊεδρος', au lieu de Ouισμος δρον. Le nom moderne est Hoya, felon Buchanan, & Dungisby, selon Camden. Je ne croirois presque ni l'un ni l'autre. Il semble, en comparant la carte dressée sur Ptolomée, & les cartes modernes, que le promontoire Vieruedrum doit être un cap entre Hoya & Dungisby. 1. VIERZON, Brivodurum, Virzo, Virzio, Virizio, Virzonum, ville de France, dans le plus fertile & le plus agréable canton de la province de Berry, fur les bords des rivieres d'Evre & de Cher. C'est sans doute cette agréable situation qui a donné lieu à l'inscription qu'on voit sur une de ses portes, & dans l'une des vitres de l'église paroisfiale. ganiol, Desc. de la France, t. 5, p. 460. * Pi Virzio villa virens, aliunde pauca requirens, La principale église porte le nom de faint Pierre; & le château, dont il ne reste plus que quelques mafu res, fut ruiné par le roi d'Angleterre en 1 192. Outre l'église de saint Pierre, il y a à Vierzon des Capu cins, des Religieuses hospitaliéres, qui desfervent l'Hôtel-Dieu; des Chanoinesses du faint Sépulchre, de l'ordre de faint Augustin, & une maladrerie réunie au College, pour entretenir deux maîtres, qui ont soin de montrer, l'un le latin, & l'autre à lire & à écrire. Ils ont chacun deux cens livres de revenu. Cette ville étoit un petit château dans le dixieme fiécle sous le regne du roi Raoul, lorsqu'on y tranf féra les bénédictins de Dovere, dont le monastere avoit été ruiné par les barbares, ce qui fut fait du consentement de Thibaut comte de Chartres, à qui Vierzon appartenoit, aussi bien que le comté de Sancerre. Elle en fut détachée depuis, & poffédée par des seigneurs particuliers dès le douzieme fiécle. Ces seigneurs portoient le titre de comte, ce comté parvint par différentes alliances au connétable de Bourbon, sur qui François I. le confisqua & le réunit au Domaine. * Longuerue, Descr. de la France, part. 1, p. 128. Les habitans de Vierzon font les plus laborieux & les plus industrieux de la province. Les uns font le commerce de bois, d'autres travaillent aux draps. & aux ferges de Berry. Il y avoit autrefois plusieurs cordonniers qui envoyoient leurs fouliers à des marchands de Paris qui les vendoient aux halles ; mais un incendie qui en 1615, consuma soixantecinq maisons, a ruiné la plupart de ces artisans, & la difficulté des tems les a empêché de se rétablir. Il y a trois foires à Vierzon: la premiere le mercredi d'après la pentecôte, la seconde le 29 de Juin, la troisieme le lendemain de la Saint Barthelemi; & tous les samedis on y tient un marché. * Piganiol, Descr. de la France, t. 6, p. 438. 2. VIERZON, brivodurum, virzonum, abbaye de France dans le Berry, au Diocèse de Bourges dans la ville qui lui donne fon nom. C'est une abbaye. d'hommes, de l'ordre de Saint Benoit, dédiée à Saint Pierre. Elle a fuccédé, comme on le voit dans l'article précedent, à l'ancienne abbaye de Dovere, en latin Dovera ou Devera. Quoique quelques-uns ayent attribué la fondation de cette abbaye à Radulphe, Rodolphe ou Raoul, archevêque de Bourges, il y a des preuves qu'il l'enrichit plutôt de nouveaux bienfaits qu'il ne la fonda; & il y a tout lieu de conjecturer qu'elle est plus ancienne, & qu'elle fut d'abord fondée par Charlemagne, ou du moins par fon fils Louisle Débonnaire, entre les années 781, &814. Lorsqu'elle fut ruinée par les barbares, plusieurs chanoines de l'église de Bourges la firentrebâtir dans le château de Vierzon qui étoit au voisinage. Elle prit de-là le nom de Vierzon. Là celle qui resta à Dovere, devint une de ses dépendances, qui ne confitte plus aujourd'hui qu'en une petite chapelle où l'on ne dit la messe qu'une fois l'an. L'abbaye de Vierzon a été unie à la congrégation de Saint Maur en 1671, & elle vaut en tout trois mille livres de revenu, dont il y en a la moitié pour l'abbé. VIESSOIX, bourg de France dans la Normandie, au levant & élection de Vire. VIESTI, en latin Bestia ou Vestia, ville d'Ita lie au Royaume de Naples, dans la Capitanate, fur le bord de la mer, au pied du Mont-Gargan. Cette pauvre ville a été, à ce qu'on croit, bâtie des ruines de l'ancienne Merinum, dont elle a l'évêché depuis l'an 1000. Cet évêché eft fuffragant de Manfredonia. * Commainville, Table des évéchés. Quelques uns prennent aussi cette ville pour l'ancienne Apenestæ. VIETRI, bourgade d'Italie, au Royaume de Naples, dans la principauté citérieure, à une demi-lieue de la ville de Salerne. Le tremblement de terre arrivé en 1694, la renversa presque entiérement. Il y en a qui croyent que Vietri a été bâtie des ruines de l'ancienne Marcina. 1 |