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de benedictins qui fut fécularisée en 1612. Il eft compofé d'un abbé & de vingt-quatre chanoines, qui font obligés de faire preuve de nobleffe de trois quartiers du côté paternel, & d'autant du côté maternel. L'abbé feul à la jurisdiction & correction, qui, en fon abfence appartiennent au chapitre. Il doit être prêtre, & porte le camail & le rochet par tout où il va en habit d'églife; & il a la croix pectorale dans fes cloitres. Il officie dans fon églife avec la mitre & la croffe; & il a la collation de toutes les dignités, & de tous les offices du chapitre, avec lequel il confére alternativement les canonicats. Il a, outre cela, la collation de fix prieurés, & d'un prieuré de filles, qui eft à Sainte Colombe-lez-Vienne. Le chapitre de S. André eft compofé de religieux de S. Benoît nonréformés, & l'Abbé eft commendataire, & confére tous les offices clauftraux, & les places monacales. S. Sévere eft le troifieme chapitre de Vienne. Ses revenus font très-modiques, & il n'eft compofé que de quatre chanoines & du curé. Les canonicats ne fe refignent point. Lorfqu'ils vaquent, le chapitre les remplit. C'est dans cette églife que fe rendent les archevêques de Vienne, lorfqu'ils veulent prendre poffeffion de leur archevêché. Le chapitre de la cathédrale s'y rend auffi, & reçoit fur le grand Autel le ferment que fait l'archevêque, de maintenir & obferver tout ce qui eft contenu dans les tranfactions paffées entre le chapitre & les précedens archevêques. Après ce ferment, on l'habille pontifica lement, & on le conduit en proceffion à la Métropolitaine, où il eft inftalé. Il y a dans le diocèfe deux autres chapitres, qui étoient autrefois des monaftéres de bénédictins, & dont le titre Abbatial eft unià l'archevêché. Le premier eft le chapitre de SaintChef, à fept lieues de Vienne. Il fut fondé vers le milieu du fixieme fiécle, & fécularifé fous le regne de François I, en 1535, par le pape Paul II I. Pour pouvoir obtenir un de ces canonicats, il faut être habitué dans cette Eglife; & pour être reçu habitué, il faut faire preuve de nobleffe de quatre quartiers du côté paternel, & d'autant du côté maternel. L'ar chevêque de Vienne confére, en qualité d'abbé, tous les canonicats; mais il ne peut les donner qu'à des habitués. Le théologal & le capifcol ne font pas obligés d'être gentilshommes. L'abbé jouit de douze mille livres de revenu, & le doyen de quatre mille livres. Le chapitre de S. Bernard de Romans étoit auffi un monaftére de Bénedictins, fondé dans le huitieme fiécle par S Bernard, archevêque de Vienne. Il y a plus de deux cens ans qu'il eft fécularifé.

S. André le haut de Vienne, abbaye de filles, ordre de S. Benoit, reconnoît S. Léonien pour fon fondateur. Il y a eu autrefois cent religieufes; mais il fut détruit par les Vandales. Ermengarde, femme du roi Raoul, obtint de ce prince, qu'il feroit rétablir ce monaftere. Aujourd'hui on n'y reçoit que des filles nobles, fans pourtant les obliger à faire des

preuves.

Il y a à Vienne plufieurs autres églifes & couvens. On remarque le fauxbourg de Sainte Colombe, qui eft au-delà du Rhône; il eft fauxbourg de la ville, & cependant du Lyonnois. On y voit une affez haute tour qui commande au pont. L'archevêché eft une maifon affez commode. A côté de ce palais, eft la Salle des Clémentines, ainfi nommée des conftitutions qu'on y fit pendant la tenue du concile général, auquel le pape Clément V préfida, M. de Moléon dit que cette falle aujourd'hui fert à ferrer le foin d'une auberge. L'abbaye de S. Pierre eft ancienne; elle eft environnée de folides murailles. La voûte de la nef n'eft que lambriffée celle du cœur eft peinte & foutenue par deux colonnes fort élevées. On n'enzerre dans cette églife que les archevêques de Vienne, & on voit ici de même, que dans les autres églifes de Vienne, & ailleurs dans la ville, une quantité furprenante d'infcriptions antiques. Chorier a recueilli celles qui avoient été découvertes jufqu'à lui, & celles qui l'ont été depuis, fe trouvent dans le voyage littéraire de deux religieux bénedictins, & dans le voyage liturgique de Mr. de Moléon.

Le quinzième concile général fut affemblé à Vien

ne en 1311 par ordre de Clément V, l'ordre des Tem pliers y fut aboli.

Il y a à Vienne une fabrique d'ancres, tant pour les galéres, que pour les vaiffeaux du roi, & une ma nufacture pour mouliner & dévidet les foies. Des ouvriers allemands avoient donné lieu à l'établiffement d'une fabrique de fer blanc à Vienne; mais elle ne fubfifte plus, quoiqu'elle méritât beaucoup d'attention. Il fe fait auffi dans cette ville un commerce de vins.

Le bailliage de Viennois comprend les bailliages particuliers de Vienne de Grenoble de Saint Marcellin, & la jurisdiction royale des Romans. Le bailli eft d'épée, & la justice fe rend par un vicebailli, ou lieutenant-géneral.

Les dehors dé Vienne le long du Rhône font agréables, & forment un beau coup d'œil. A quatre ou cinq pàs de la ville, hors de la porte d'Avignon, on trouve une pyramide antique, qu'on appelle l'Eguille. Elle eft fur une voûte carrée, foutenue par quatre pilliers, & qui a vingt ou vingt-quatre pieds de haut. La pyramide eft à peu près de la même hauteur, & le tout eft de pierres fort dures & grandes, fans aucun ciment. Il n'y a aucune infeription; ce qui fait qu'on ne peut pas affurer pour quel ufage ce monument a été érigé. Il y a néanmoins apparence que c'eit le tombeau de quelque Romain. Au 48. degré 14 minutes de latitude, & au 34. 32 de longitude.

4. VIENNE, ville d'Allemagne, la capitale de l'Autriche, à la droite du Danube dans l'endroit où la petite riviére de Vienne, qni lui donne fon nom, fe jette dans le Danube. Cette ville fituée à fix milles des frontiéres de Hongrie, & à dix à l'ouest de Presbourg eft ancienne, & a été connue autrefois fous les noms d'Ala Flaviana, Caftra Flaviana, Flavianum, Juliobona, Vindobona & Vindum. Elle peut en quelque façon être regardée aujourd'hui comme la capitale de l'Allemagne, les empereurs depuis plufieurs fiécles y ayant établi leur réfidence ordinai re. La ville de Vienne environnée de murailles, de baitions, de foffés, de contrefcarpes, n'a pas l'agré ment de ces villes, dont les avenues charment par la variété des jardins, des maifons de plaifance & des autres ornemens extérieurs, qui font les fruits de l'entiére fécurité que porte la paix avec foi. Vienne cependant à des fauxbourgs d'autant plus agréables, qu'ils font rebâtis tout à neuf; le dernier fiége n'ayant fait que des mafures de tout ce qu'ils pouvoient avoir de beau. On peut dire qu'il n'y a qu'un fauxbourg du côté du midi, tout ce qu'on a rebâti autour de la ville, d'une rive du Danube à l'autre, à la droite de ce fleuve, n'étant qu'une fuite d'édifices qui ne pou roit faire qu'un même fauxbourg, entre lequel & la ville, il y a une grande efplanade néceffaire dans toutes les villes de guerre, pour voir les approches de l'ennemi, & pour pouvoir l'écarter Les murailles de la place font en affez bon état ; mais les follés & les contrefcarpes paroiffent manquer d'entretien & quelques endroits même des murailles manquent de parapets.

Il y a un autre fauxbourg au feptentrion de la ville dont il eit féparé par un bras du Danube, & an autre bras de ce fleuve en fait une ifle. Sijamais quelque ennemi fe logoit dans ce fauxbourg, il pourroit étrangement incommoder la ville, à laquelle il fait face dans toute fa longueur; outre que le bras du Danube, qui coule entre deux, eft très-petit. Ce fauxbourg n'a aucunes fortifications. On a projetté plufieurs fois de le fortifier, & on a même quelquefois commencé à mettre la main à l'œuvre, comme on en voit quelques marques; mais on s'est toujours arrêté.

Si on fait abstraction des fauxbourgs, on trouve ra que la ville de Vienne n'eft pas grande ; & on n'y voit point de grandes rues. La rue qui aboutit à la Cour n'eft ni plus grande, ni plus large que les autres. Il y a quelques places, & celle du marché neuf eft la plus belle, à caufe des bâtimens nouveaux, ou renouvellés qui l'environnent. On voit plufieurs palais affez beaux; entr'autres celui du

:

, pour

Prince de Leichtenstein, qui eft bâti fur un deffein jour & une belle ouverture à tout le bâtiment. Le affez grand & magnifique; mais il eft eftropié d'un fameux pere Poggi Jéfuite, également bon peintre côté, étant borné par une autre maifon que le Prin- & bon architecte, a peint tout le grand berceau, ou ce n'a jamais pu acheter, & qui appartient aux com- la voûte du milieu, de même que plufieurs autels, qui tes de Staremberg. Sans cette contiguité,le palais de font admirer l'adreffe de fon pinceau. Ce qu'il y a de Leichtenstein feroit libre, & feroit face de tout cô- particulier dans la peinture de cette voûte, c'est tés fur la rue. Mais il lui manqueroit encore un jar- que, regardée d'un certain endroit de l'églife, elle din; tout l'efpace dont il peut difpofer étant un pe- repréfente fi naturellement une coupe, ou Cuppola, tit entre deux, qui empêche qu'il ne touche la mu- felon le langage des Italiens, qu'on la croiroit réelle, raille de la ville. Le prince Eugéne a auffi fait bâtir effective & exauffée fur la voûte. L'églife du premier un Palais, où malgré la petiteffe du terrein, on ne ou du grand collége des mêmes religieux n'a rien de laiffe pas de voir regner le bon goût de ceux qui en remarquable que la richeffe & la propreté des autels ont donné le deffein. Les généraux Caprara & Rabu- qui, pour la plûpart ont été bâtis par des Seigneurs tin en ont de même fait batir chacun un. Il y a enco- particuliers. Au devant de la porte de cette églife, re à Vienne d'autres palais, & diverfes belles mai- & fur une place affez grande, il y a une colonne fons qui font voir la richeffe & la magnificence de de bronze qui foutient une figure de la fainte Viercette cour. Ce qu'il y a d'étonnant, c'eft que dans ge, de même métal avec le ferpent à fes pieds, en une capitale qui peut être dite fort bien bâtie, & où figne de fon immaculée conception. Sur le piedeftal l'on voit une grande quantité de Palais & de belles qui porte la calonne, il y a quatre anges auffi de maifons, la cour ou le palais eft fort peu de chofe. bronze, en attitude de combattans contre quatre Le bâtiment qui devroit être le plus magnifique & monftres, figures apparemment du péché le plus riche de tous, ne répond nullement à la gran- montrer que la fainte Vierge en a été délivrée. Mais deur du maître qui l'habite. Le vieille cour eit pi- ces ftatues font fi peu proportionnées, qu'on prendroit toyable. Les murailles y font auffi épaiffes que celles prefque les anges même pour des monitres, vu leur des plus forts remparts: les efcaliers y font pauvres groffeur démefurée. On fait dans certains jours de & fans ornemens, les appartemens bas & étroits, l'année des dévotions publiques au pied de cette coavec les platfonds couverts de toiles peintes les lonne, & l'on bâtit une efpéce de tente de bois, où planchers d'ais de fapin tels qu'ils font chez les moin- l'empereur & la famille impériale, qui affiitent à ces dres bourgeois: Enfin le tout auffi fimple que s'il exercices de piété, fe placent hors de la foule. Cette avoit été bâti pour des moines. Ajoutez à cela que colonne, à ce que quelques uns croyent, fut dreffée pour tout jardin, il n'y a qu'un petit enclos fous les à l'honneur de la fainte Vierge, en action de graces fenêtres de l'appartement de l'impératrice, où l'on de la délivrance d'une pefte. plante quelques fleurs, & où l'on tient un peu de verdure. Il faut pourtant convenir que les nouveaux appartemens attachez à ce vieux palais, font d'une apparence un peu meilleure, & qu'au moins ils préfentent un affez long afpect de fenêtres; mais les fenêtres ni les portes n'ont rien que la pure ouverture dans les murailles, fans aucun de ces ornemens qui les accompagnent, dans les palais modernes, & dans les cloitres un peu magnifiques, où une des fenêtres feroit fouvent honte à toute la façade de la cour de Vienne. On a travaillé depuis quelques années à un théâtre un peu apparent pour les comédies & pour les opéra, à des fales pour une bibliothèque & à un lieu pour le manege des chevaux. La chapelle de la cour de Vienne eft une feule voûte d'environ cent pieds de long, où la cour peut à peine fe remuer dans certaines cérémonies qu'on a coutume d'y faire. Il eft vrai qu'il y a près de la cour une églife qu'on appelle Aulique, & qui eft deffervie par des Auguftins déchauffés. La cour s'y rend par une longue galerie qui unit cette églife au palais, & on y célebre les plus importantes cérémonies. Mais cette églife n'eft pas de la Cour ; & c'eft par hazard qu'elle fert à cet ufage, parce qu'elle eft voifine. On voit à Vienne quelques églifes qui peuvent paffer pour belles; mais elles ne font pas en grand nombre. Le dôme, ou l'église Métropolitaine, eft d'une architecture gothique, ornée en dehors & en dedans de ces colifichets ou ornemens arabefques de pierre, qui étcient fi fort du goût du vieux tems. Il y a une tour encore plus godronnée que l'églife, & dont la fléche jufqu'à la pointe eft toute de pierres déchiquetées. Elle a une hauteur confidérable; & dans le dernier fiége, Soliman convint d'épargner ce clocher, & de ne le point battre avec fon artillerie. Il y a de l'autre côté de l'églife une autre tour ou clocher commencé; mais il n'eft élevé quejusqu'à la hauteur des murailles de l'Eglife. On dit qu'il fut entrepris en même-tems, ou peu de tems après l'autre; mais que l'architecte de la premiere tour, pour ôter à fon rival le moyen de partager avec lui la gloire de cet édifice, le tua en le faifant culbuter du haut d'une

fenêtre en bas.

La nouvelle églife du fecond collége des Jéfuites, car ils en ont trois à Vienne, eft d'un deffein hardi & magnifique. Outre fa grandeur qui eft confidérable, toute la voûte du milieu appuye fur des colonnes torfes, qui partagent les chapelles en nombre égal de l'un & de l'autre côté, & donnent un grand

On voit un autre monument de la piété de la maison impériale, pour une femblable occafion. C'est la pyramide dreffée en l'honneur de la fainte Trinité, dans la place du marché-neuf. Cette pyramide eft de marbre blanc furmontée d'un grouppe de nuées, fur lequel font les trois perfonnes de la fainte Trinité, en figures de bronze doré. La ftatue de l'empereur Léopold, en pofture de fuppliant, à genoux, & les yeux tournés contre les perfonnes facrées, eft au pied de la pyramide. Sur les trois faces de ce monument, qui eft triangulaire, on lit des infcriprions latines qui témoignent, au nom de l'empereur, fa reconnoiffance & fes actions de graces, pour la délivrance de la pefte en 1579. Ces infcriptions furent compofées par l'empereur Léopold lui-même. La pyramide & fon piedestal font environnés d'une baluftrade de même marbre.

gran

Les dominicains, les auguftins, les bénédictins, & les cordeliers ont des églifes dans la ville; mais elles n'ont rien de remarquable. Celle des auguftins, déchauffés cependant eft appellé Aulique, & fert pour les fonctions de plus grand éclat, quand la cour veut y affifter. Le cloître des récollets y eft en fi de vénération, que pour ne point chagriner ces religieux, & pour ne leur point caufer la moindre peine, il est défendu de la part du fouverain aux propriétaires des maifons qui leur font oppofées, de hauffer leurs bâtimens, ni d'ouvrir des fenêtres qui les regardent. C'est tout le contraire de ce qui fe pratique ailleurs, où les religieux ayant des couvens voifins des maifons des féculiers, fe privent euxmêmes de la vue. Les capucins, contre l'ufage ordinaire de leur ordre, font dans la ville; & c'est dans leur églife, qui à quelques ornemens près, eft femblable aux autres de leur inftitut, qu'eft la chapelle où l'on enterre les princes de la maifon impériale.

Il ya dans Vienne une univerfité fondée en 1365 par Alber III, archiduc d'Autriche, & dont les chaires font en grande partie occupées par les peres jéfuites. Le refte eft occupé par des profeffeurs féculiers. L'édifice oùfont les écoles eft fi mal conftruit, qu'on eft étonné que tant d'empereurs qui ont aimé les lettres, n'aient point fait conftruire un plus beau théâtre pour les mufes. Enrécompenfe il y a une bibliothèque publique, qui eft d'un grand ufage pour les pauvres gens qui veulent étudier. Elle a été fondée, fuivant l'infcription qui eft fur la porte, par un certain Vindag, qui ayant commencé & continué fes études par le fecours de quelques bienfaiteurs, arriva au bonnet de docteur ;

& enfuite, s'étant exercé dans la profeffion d'avocat, obtint une charge de confeiller de la chambre. Il acquit dans cette place de fi grandes richeffes, qu'il put établir fa famille, & fonder cette bibliothèque. Le nombre des livres de cette bibliothèque n'eft pas fort grand. La plupart même confiftent en livres claffiques & de jurifprudence. Il y a un bibliotécaire fondé; mais cette place eft de peu de rapport. Comme on paffe de la bibliothéque dans la maifon des dominicains à laquelle elle eft attachée, il fembleroit que ces religieux devroient avoir quelque infpection tant fur le lieu que fer les livres ; cependant on affure qu'ils ne fauroient faire voir que le fondateur la leur ait accordée. Avec le tems ils s'en font rendus les maîtres. Ils en difpofent abfolument du moins pour leur ufage particulier; car ils retiennent la clef de la porte inférieure, qui communique avec leur maifon, tandis qne le bibliothécaire n'a que la clef de la porte qui donne fur la rue.

La ville eft pleine de maifons à café, où les nouvelliftes s'affemblent, comme ailleurs, pour lire la gazette, & difcourir des affaires du tems; mais il n'eft pas croyable combien eft grande la liberté qu'on fe donne dans ces réduits, où on déchire fans aucun égard, la conduite des généraux & des miniftres, & quelquefois celle de l'empereur même.

On voit un arcenal affez bien fourni d'armes & de canons; mais on ne voit point d'académie pour les cadets. Il y a de quoi s'étonner que tant d'autres pratiques beaucoup moins importantes, ayent été imitées de la France, & qu'on n'ait pas fuivi celle-ci, qui eft la fource des plus grands avantages qu'on obtient à la guerre. L'empereur ne manque, ni de foldats, ni d'officiers; mais de foldats difciplinés, & d'officiers inftruits de leur profeffion, & particuliérement de bons ingénieurs. Il n'y a point non plus de maison pour les invalides, ce qui fait que l'on voit par les rues & aux portes des églises, mandier une grande quantité de foldats eftropiés. Outre le manege de la cour qui ne fert qu'aux pages de la famille impériale, il y en a un autre affez beau & fpacieux, dans un fauxbourg, & relégué ainfi hors de la ville, où demeurent cependant ceux qui en ont précisément befoin; auffi ce manege eft-il peu fréquenté. On af fure qu'il y avoit autrefois, dans l'académie de Vienne, des maitres pour tous les exercices corporels, & pour les mathématiques, l'hiftoire, la géographie, même la philofophie, quoique cette fcience foit plus du reffort des colléges que des académies. Les cafernes des foldats font fur les murailles de la ville, affez bien bâties & affez nombreuses; mais elles ne font pas toutes occupées par des foldats, & le refte fert de retaite à des gargotiers & à des femmes débauchées. Le plus beau & le plus vafte de tous les fauxbourgs de Vienne eft celui de Léopoldftad, au feptentrion de la ville. Les auttes occupent tous les autres côtés & font rangés autour, prefque fans aucune féparation entr'eux; de forte qu'ils paroiffent n'en faire qu'un, qui entoure en forme d'arc toute la ville. Tous, comme je l'ai déjà dit, ont été rebâtis depuis le dernier fége, & la plupart pouroient paffer pour de jolies villes. La Favorite-neuve, car la vieille étoit dans le fauxbourg de Léopoldstad, donne le nom à I un de ces fauxbourgs. Ons imagineroit, en entendant parler d'une maison impériale, de voir un palais bâti avec la derniere magnificence; mais ce bâtiment n'eft ni grand ni élevé. Il y a quelques appartemens affez bien meublés ; cependant on ne fe douteroit jamais que c'est la maifon de plaifance d'un grand empereur. Ce prince y paffe néanmoins une grande partie de l'été, & il faut que les miniftres s'y rendent tous les jours. Les princes de Mansfeld ont fait bâtir un palais beaucoup plus magnifique, & d'un deffein infiniment plus hardi que la Favorite. On ne fait comment ils ont pu obtenir l'agrément pour le faire bâtir dans le lieu où il eft, entre la ville & les fauxbourgs, & point hors de la portée du canon. Le bâtiment eft d'une belle idée & d'un bon goût. La façade vers la ville eft ornée d'un bel ordre de colonnes. Il y a un magnifique perron à l'entrée. La plate-forme qui fert de toit au corps du logs du mi

lieu, eft entourée d'une balustrade de marbre, & on admire une belle diftribution de grandes fenê tres qui donnent le jour à l'édifice de tous les cô tés. Les vaftes jardins tracés derriére & aux côtés du palais, achévent d'orner ce palais. Un feigneur de la maison de Mala-Spina, ayant, après le fiege de Vien ne, acheté tout le terrein, & fait rebâtir feul un fauxbourg tout entier, la ville n'a pas jugé à propos de lui en laiffer la propriété ; & par le rembourfement de toute la dépenfe, elle eft entrée en poffeffion de ce fauxbourg, où il y a quelques édifices pour le fervice du public. Il y a un autre fauxbourg appellé Saint Ulric, & qui n'eft pas en trop bonne réputation. Les priviléges accordés à un abbé de la ville, au monaf tére duquel ce fauxbourg appartient en propre, en écartant l'infpection & l'ufage de la juftice ordinaire, font caufe qu'il s'y commet des défordres & des dé bauches. On voit encore un autre fauxbourg, ou fi l'on veut, un village prefque attaché à la ville: il fe nomme Hernals. Près de l'églife eft un fépulchre bâti dans la forme & avec les mesures de celui de Notre-Seigneur. Le chemin qui y conduit de la ville, eft femé de chapelles, où les myfteres de la paffion font repréfentés. Le peuple ne manque pas de les vifiter affez fouvent; & il arrive auffi fouvent ici, comme ailleurs, que le prétexte de la dévotion couvre un véritable libertinage que favorifent les lieux écartés qui fe trouvent fur la route. Au refte, ces chapelles ne méritent nullement d'être comparées pour la ftructure, la richeffe & le goûr, aux chapelles de cette forte qu'on voit en plufieurs endroits de l'Italie. Ce ne font que de fort petites niches, où le myftere eft reprefenté avec trois ou quatte figures en relief, dans un efpace qui ne met perfonne à couvert.

La ville de Vienne eft mêlée de toutes fortes d'étrangers, Italiens, Allemands, Bohêmes, Hon grois, François, Lorrains, Flamands & Savoyards qui, presque tous, font le négoce, ou travaillent à différens métiers. Cette diverfité eft caufe qu'il n'y a pas grande union entr'eux. La jaloufie des nations qui le portent envie l'une à l'autre, empêche la confiance réciproque, qui ne tient à autre liaison qu'au commerce, & à la nécesfité de pourvoir aux befoins de la vie. Les hommes ne font pas à Vienne fujets à la folle dépenfe en habits. La cour, à laquelle la plupart tiennent par quelque endroit, & où il faut paroître en noir, leur ôteroit les occafions de fe faire honneur de cette pompe, s'ils en avoient l'entêtement; & hors de quelques rencontres de cavalcades, ou de Fêtes à la cour, dans lesquelles ils font obligés de paroitre avec éclat, ils ont moyen tout le reste de l'année de rétablir, par leur épargne, les désordres que la vanité de leurs femmes font à leurs finances. Ce ne font pas les feules femmes de qualité qui donnent dans ces excès: celles de la moindre condition ne leur cédent point fur ce chapitre; & il y a une émulation entr'elles à qui fatisfera mieux fon panchant à cet égard. En général le peuple de Vienne eft dévôt presque jusqu'à l'excès. Il n'y a pas une heure dans le jour où l'on ne trouve à l'églife cathédrale des troupes de perfonnes qui prient Dieu, même à haute voix, fous la direction d'un prêtre, gagé pour préfider à ces priéres, & pour les régler. On dit que le fiége de Vienne inspira cette dévotion extraordinaire aux bourgeois. Le transport qu'on a fait de Hongrie à Vienne, d'une Image de Notre-Dame, peinte asfez grosfiérement, fur une planche d'environ deux pieds de longueur, & qu'on dit avoir verfé des larmes en Hongrie, avant les dernieres révolutions, contribue beaucoup à ce concours du peuple à l'églife cathédrale. Cette image y eft expofée fur le grand-autel; & les miracles qu'on dit que Dieu y opére tous les jours, par l'intercesfion de la fainte Vierge, font fi fréquens, que les murailles de cette partie de l'églife, qui lui eft voifine, font toutes chargées jusqu'aux voûtes, qui font très-hautes, de tableaux ou de mémoires, en argent & en peinture, des bienfaits & des guérifons qu'on asfure y avoir reçus. Tous les matins, & ordinairement jusqu'à deux heures après midi, on voit dans cette églife une quantité prodigieufe de prêtres qui y difent la mesfe.

Le Chapitre de cette cathédrale n'eft pas nombreux; la noblesfe n'eft point une qualité requife pour être chanoine, comme en beaucoup d'autres églites d'Allemagne. La premiere fondation n'étoit que pour un college d'une églife particuliere, & elle eft devenue cathédrale par l'érection d'un évêché, qui n'a guére plus de deux fiécles, & qui enfin a été élevée à la dignité archiepiscopale en 1721. L'églife eft dédiée à faint Etienne, premier martyr.

La ville de Vienne, quoique dans une agréable fituation, fe trouvant dans un endroit où le Danube fe partage en cinq branches, & forme plufieurs isles couvertes de bois, ne jouit pas cependant d'un air bien fain, L'air, ou la qualité du climat fous lequel Vienne eft bâtie, eft, felon le proverbe particulier, ou venteux, ou venimeux, Vienna vel ventofa, vel venenofa. En effet, on remarque presque pendant toute l'année que les vents s'y font fentir d'une maniere fi vive, & tant de

faint Marcellin, & la jurisdiction royale de Romans. Le bailli eft d'épée. Le Viennois a eu autrefois des feigneurs particuliers, qui posfédoient le plat Pays, & qui ont pris dans la fuite le nom de Dauphins. Voyez VIENNE.

VIENS, baronie de France, dans la Provence, viguerie d'Apt.

1. VIERÇO, ou VIERZI, contrée d'Espagne, au royaume de Léon, vers les confins des Asturies, avec une bourgade qui lui donne fon nom. C'eft proprement une vallée, qui s'étend le long de la riviere de Tuerta. Cette contrée eft abondante en toutes fortes de commodités & de vivres. Davity, Royaume de Léon, prétend que Ponferrada eft la capitale; mais dans ce cas il faudroit étendre cette contrée jusqu'aux confins de la Galice. * Jaillot, Atlas.

marcher dans les rues. Quant à on a de la peine à drand, qui dit que c'est l'ancien Vergium-Castrum

la malignité de l'air, malignité de l'air, qui devroit être corrigée par les vents, il eft difficile d'en deviner la caufe, n'y ayant point de marais aux environs, ni mines de foufre ou de bitume, qui puisfe caufer cette infection. Il y en a néanmoins qui croyent que le mauvais air eft caufé par la quantité de boues & des ordures, qui remplisfent les rues presque toute l'année; car, quoiqu'il y ait des charrettes obligées à les emporter, la négligence avec laquelle elles s'acquittent de ce devoir, fait que les rues font presque toujours fort fales.

Les Turcs fe mirent en campagne en 1683, avec une puisfante armée, & s'avancerent jusques devant Vienne, qu'ils commencerent à asfiéger le 14 de Juillet. Les efforts terribles avec lesquels ils attaquerent pendant deux mois cette place, qui fe resfentoit encore des ravages qu'une cruelle peste y avoit faits en 1679, la réduifirent aux dernieres extrémités. Le grand-vifir étoit en perfonne à ce fiége. Le nombre de fes troupes montoit à près de cent cinquante mille hommes, & l'on n'avoit point vu, depuis un fiécle, de fi grands préparatifs contre la chrétienté. Mais fi la ville de Vienne fut attaquée vigoureufement, elle fut encore mieux défendue par le comte de Staremberg, qui en étoit gouverneur, & par quantité de braves, de divers endroits de l'Europe, qui s'y étoient jettés. Cette réfiftance, fortifiée du fecours du Ciel, que l'on imploroit de toutes parts, donna le tems à Jean III. du nom, roi de Pologne, de joindre vingt-quatre mille hommes de fes troupes à l'armée impériale, que commandoit le prince Charles de Lorraine, & d'accourir, conjointement avec les troupes de Baviére, de Saxe & de Franconie, au fecours de cette ville. Les Chrétiens prirent leur marche par la montagne de Kalemberg, & allerent attaquer les Infidéles qui étoient au bas. A la vue de l'avantage qu'on remporta fur eux, les asfiégés firent une vigoureufe fortie, & taillerent en piéces tout ce qui fe trouva dans les travaux & dans les lignes. Le grand-vifir fe fauva des premiers vers le chemin de Luxembourg, & abandonna fes richesfes, fes munitions, fon cheval de bataille, & fa tente, où le roi de Pologne repofa pendant la nuit. Ce coup heureux arriva le 12 de Septembre 1683. L'on a établi à Vienne deux manufactures nouvelles, l'une de porcelaine, l'autre d'étoffes de foie, dans le goût de celle de Lyon.

5. VIENNE, bourg de France, dans la Champagne, élection de fainte Menehould, aux frontiéres du duché de Bar, à deux lieues de fainte Menehould, & à fept lieues de Verdun, fur l'Aisne. Ce bourg eft féparé en deux parties, dont l'une s'appelle Vienne-laVille, & l'autre, Vienne-le-Château.

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VIENNENSIS-GALLIA. Voyez GAULE. VIENNOIS, pays de France, compris dans le Dauphiné, & qui prend fon nom de la ville de Vienfa capitale. Ce pays eft borné au Septentrion, par la Bresfe & par le Bugey, dont il eft féparé par le Rhône: il confine à la Savoye du côté de l'Orient: il touche du côté du Midi au Valentinois: & le Rhône le baigne à l'Occident. C'eft un des plus grands bailliages du Parlement de Grenoble. Il comprend les bailliages particuliers de Vienne, de Grenoble, de

2. VIERÇO, ou VIERZO, bourgade d'Espagne, dans la Catalogne, au diocèfe de Lerida, felon Baude Tite-Live. Il ne l'asfure pourtant pas; & il convient que les géographes ne s'accordent pas fur la pofition de cette ancienne place.

VIERGE, (Fontaine de la) fontaine de la Palestine. Quand on a pasfé la valée de Jofaphat, dit le Pere Nau, dans fon voyage de la Terre-Sainte, l.3, c. 13. on trouve au bas du Mont de Sion une fontaine, nommée la fontaine de la Sainte-Vierge, parce que la mere de Dieu a bu autrefois, à ce qu'on dit, de l'eau de cette fontaine, & qu'elle s'en eft fervie pour laver le linge de Notre-Seigneur & le fien; mais on n'en rapporte aucune preuve. Les Chrétiens vifitent cette fontaine avec dévotion; & les Mahométans même la révérent. Ils ont pavé de belles pierres un lieu voifin, & y ont élevé un Oratoire à leur façon, c'eft-à-dire, une petite niche tournée au Midi. Ils obligent les Chrétiens à leur payer une petite piéce d'argent, pour leur permettre de descendre à cette fontaine; mais c'eft un droit ufurpé, qu'on ne leur paye que quand on eft le plus foible, ou qu'on ne veut pas faire une querelle pour peu de chofe. On y descend par un escalier d'environ vingt dégrés, au bas duquel on trouve un petit rond d'eau, & comme un canal naturel, qui s'avance profondément fous terre. L'eau n'y eft ni abondante ni fort bonne, à en juger au goût. Elle eft pourtant potable, & on en boit. Cette fontaine eft asfez vraisemblablement celle qui eft nommée, dans Esdras, la fontaine du Dragon. Je fçai bien qu'Adrichomius met cette fontaine foin delà, au bas de la montagne du Calvaire, & qu'il dit que de fon tems, elle y couloit encore; mais c'eft ce qui ne fe voit point. Néhemias en parle comme d'une fontaine qui n'étoit pas fort éloignée de la porte de la vallée; ce qui convient asfez bien à la fontaine de la Vierge, qui fe trouve dans la vallée de Jofaphat, au · pied du mont de Sion, & à fon Orient.

VIERGES. (Les) On donne ce nom à douze ou treize petites Isles de l'Amérique feptentrionale, qui s'étendent au Levant de l'Isle de S. Jean de PortoRico, fur la hauteur de dix-huit dégrés au Nord de la ligne. On les distingue en grandes Vierges & en petites. Virgo Gorda, qui eft au Nord-oueft de l'Isle de Saba, eft haute & ronde, & fituée au commencement des petites Vierges. Ces Isles font fort hautes, & dénuées d'arbres. On les croyoit autrefois fort périlleuses, à caufe des bancs & des basfes; mais les canaux profonds, qui les entrecoupent, ayant été reconnus, ont fait cesfer cette erreur. Il y a de fort bons mouillages, capables de mettre plufieurs flottes en fureté. Les Espagnols les vifitent asfez fouvent pour la pêche. On y trouve ausfi une infinité d'oiseaux de terre & de mer. Il y a fi peu de bon terroir dans ces Isles, qu'après l'avoir vifité, on n'a pas cru qu'il méritât qu'on y envoyât des habitans pour le cultiver. *De Laet, Descr. des Indes occid. 1. 1, c. 18. Rochefort, Hist. des Antilles.

VIERLINXBECK, village des Pays-Bas, au Pays de Cuyck, fur le bord de la Meufe. Il y a dans ce village un bac, pour pasfer dans la Gueldre Prusfienne. Če village, avec les hameaux d'Overloon, de Groeningen & de Northeym, forme un tribunal de fept Echevins. Il y a une église fept Echevins. Il y a une églife protestante, dont le

Ministre ne prêche fouvent qu'à fa famille, & à celle de fon Lecteur. A un quart de lieue de ce village, il y a le château de Macken, dont le maître prend le titre de Seigneur de Macken; mais il n'a pas de plus grandes prérogatives que les autres, qui posfédent des biens nobles. Cependant ce château eft fort ancien, & l'on prétend qu'il étoit le féjour des Seigneurs de Vierlinxbeck, qui posfédoient alors tout le haut-bailliage, féparé du reste de la feigneurie de Cuyck, qui étoit proprement réduite au bas-bailliage. On ignore quand & comment le pays de Cuyck fut partagé en ces deux différentes feigneuries. Tout ce qu'on fçait, c'eft qu'en 1403, Udon de Boye fe qualifioit Seigneur de Vierlinxbeck, de Maashees & de Holthees, comme on le peut voir par un privilége daté de la même année, accordé aux habitans, & qui fe trouve dans les archives de la ville de Grave. On ignore pareillement quand & comment cette feigneurie a été réunie à celle de Cuyck. Le dernier Seigneur de Macken, qui portoit le nom de Vander Boeye, prétendoit descendre de cet Udon de Boye, dont il vient d'être parlé; mais on n'en a aucune preuve certaine. Cette famille eft préfentement éteinte, & il n'en reste plus que quatre filles, héritiéres de la Terre de Macken, qui eft un bien trèsconfidérable, enclavé dans la jurisdiction de Vierlinxbeck. Il y a dans ce dernier village un moulin à où les habitans de Maashees, Holthees, Macken, Groeningen, Northeym & d'Overloon, font obligés d'aller faire moudre leurs grains. * Janiçon, Etat préfent des Provinces-Unies, t. 2, p. 46.

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VIERRADEN, ville d'Allemagne, au cercle de la Basfe-Saxe, dans la Marche de Brandebourg, vers les confins de Poméranie, fur la Welfe, dans l'endroit où cette riviere entre dans celle de l'Oder, entre Stendelichen & Schwet. Vierraden a été fouvent une pierre d'achopement pour les princes de Brandebourg & de Pomeranie. L'an 1302, Othon, duc de Stettin, défit dans une bataille les Margraves de Brandebourg, Othon, Jean & Valdemar, dans les environs de cette ville. En 1468, l'électeur de Brandebourg s'en rendit maître, par la trahifon d'un Meunier; & il la garda huit ou dix ans, jusqu'à ce que Wratislas, duc de Poméranie, la reprit, par le moyen de Henri de Lindtetten: l'électeur la regagna d'abord après, parce qu'il n'y avoit qu'une foible garnifon. Dans l'accord qui fe fit entre ces deux maifons, en 1479, Vierraden demeura à l'électeur de Brandebourg. Cette ville fut après fpécifiée dans le Traité de la fuccesfion de famille entre les deux maifons: il y fut dit que cette ville retourneroit au domaine des ducs de Poméranie, au cas que la famille mâle des Margraves vint à s'éteindre. Ce Traité, du confentement des maifons de Saxe & de Hesfe, fut confirmé en 1573, par l'Empereur, qui régla, outre cela, que toutes les fois que les vasfaux du territoire de Vierraden, & des autres lieux mentionnés dans le Traité, rendroient hommage à l'électeur de Brandebourg, ils feroient de même ferment de fidélité au duc regnant de Poméranie. Cette ville a fouffert beaucoup dans les guerres du dernier fiécle. Les Suédois s'en emparérent, ainfi que du château, en 1637. *Zeyler, Topogr. Marg. Brand. p. 117.

VIERUEDRUM, promontoire de la GrandeBretagne. Ptolomée, l. 2, c. 5, le place entre le promontoire Taruedum, ou Orcas, & le promontoire Veruvium.Unmanuscrit, confulté par Ortelius, porte "Ovied pos', au lieu de Oused for. Le nom moderne eft Hoya, felon Buchanan, & Dungisby, felon Camden. Je ne croirois presque ni l'un ni l'autre. Il femble, en comparant la carte dresfée fur Ptolomée, & les cartes modernes, que le promontoire Vieruedrum doit être un cap entre Hoya & Dungisby.

1. VIERZON, Brivodurum, Virgo, Virzio, Virizio, Virgonum, ville de France, dans le plus fertile & le plus agréable canton de la province de Berry, fur les bords des rivieres d'Evre & de Cher. C'eft fans doute cette agréable fituation qui a donné lieu à l'inscription qu'on voit fur une de fes portes, & dans l'une des vitres de l'églife paroisfiale. * Piganiol, Desc. de la France, t. 5, p. 460.

Virzio villa virens, aliunde pauca requirens,
Sylvis ornata, vineis, pratis decorata.

La principale église porte le nom de faint Pierre ; &
le château, dont il ne reste plus que quelques mafu
res, fut ruiné par le roi d'Angleterre en 1192. Outre
l'églife de faint Pierre, il y a à Vierzon des Capu
cins, des Religieufes hospitaliéres, qui desfervent
l'Hôtel-Dieu; des Chanoinesfes du faint Sépulchre,
de l'ordre de faint Augustin, & une maladrerie réu
nie au Collége, pour entretenir deux maîtres, qui
ont foin de montrer, l'un le latin, & l'autre à lire &
à écrire. Ils ont chacun deux cens livres de revenu.
Cette ville étoit un petit château dans le dixieme
fiécle fous le regne du roi Raoul, lorsqu'on y tranf
féra les bénédictins de Dovere, dont le monaftere
avoit été ruiné par les barbares, ce qui fut fait du
confentement de Thibaut comte de Chartres, à qui
Vierzon appartenoit, auffi bien que le comté de
Sancerre. Elle en fut détachée depuis, & poffédée
par des feigneurs particuliers dès le douzieme fiécle.
Ces feigneurs portoient le titre de comte,
parvint par différentes alliances au connétable de
Bourbon, fur qui François I. le confifqua & le réu-
nit au Domaine. * Longuerue, Defcr. de la France
part. 1, p. 128.

ce comté

Les habitans de Vierzon font les plus laborieux & les plus industrieux de la province. Les uns font le commerce de bois, d'autres travaillent aux draps. & aux ferges de Berry. Il y avoit autrefois plufieurs cordonniers qui envoyoient leurs fouliers à des marchands de Paris qui les vendoient aux halles ; mais un incendie qui en 1615, confuma foixantecinq maifons, a ruiné la plûpart de ces artifans, & la difficulté des tems les a empêché de fe rétablir. Il y a trois foires à Vierzon: la premiere le mercredi d'après la pentecôte, la feconde le 29 de Juin, la troifieme le lendemain de la Saint Barthelemi; & tous les famedis on y tient un marché. * Piganiol, Defcr. de la France, t. 6, p. 438.

2. VIERZON, brivodurum, virzonum, abbaye de France dans le Berry, au Diocèfe de Bourges dans. la ville qui lui donne fon nom. C'eft une abbaye, d'hommes, de l'ordre de Saint Benoit,dédiée à Saint Pierre. Elle a fuccédé, comme on le voit dans l'arti cle précedent, à l'ancienne abbaye de Dovere, en latin Dovera ou Devera. Quoique quelques-uns ayent attribué la fondation de cette abbaye à Radulphe, Rodolphe ou Raoul, archevêque de Bourges, il y a des preuves qu'il l'enrichit plutôt de nouveaux bienfaits qu'il ne la fonda; & il y a tout lieu de conjecturer qu'elle eft plus ancienne, & qu'elle fut d'a bord fondée par Charlemagne, ou du moins par fon fils Louis le Débonnaire, entre les années 781, &814. Lorfqu'elle fut ruinée par les barbares, plufieurs chanoines de l'églife de Bourges la firentrebâtir dans le château de Vierzon qui étoit au voifinage. Elle prit de-là le nom de Vierzon. Là celle qui refta à Dovere, devint une de fes dépendances, qui ne confiite plus aujourd'hui qu'en une petite chapelle où l'on ne dit la meffe qu'une fois l'an. L'abbaye de Vierzon a été unie à la congrégation de Saint Maur en 1671, & elle vaut en tout trois mille livres de revenu, dont il y en a la moitié pour l'abbé.

VIESSOIX, bourg de France dans la Normandie, au levant & élection de Vire.

VIESTI, en latin Beftia ou Veftia, ville d'Ita lie au Royaume de Naples, dans la Capitanate, fur le bord de la mer, au pied du Mont-Gargan. Cette pauvre ville a été, à ce qu'on croit, bâtie des ruines de l'ancienne Merinum, dont elle a l'évêché depuis l'an 1000. Cet évêché eft fuffragant de Manfredonia. * Commainville, Table des évêchés.

Quelques uns prennent auffi cette ville pour l'ancienne Apenefta.

VIETRI, bourgade d'Italie, au Royaume de Naples, dans la principauté citérieure, à une demi-lieue de la ville de Salerne. Le tremblement de terre arrivé en 1694, la renverfa prefque entiérement. Il y en a qui croyent que Vietri a été bâtie des ruines de l'ancienne Marcina.

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