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Il y a dans la ville de Valenciennnes une juftice royale appellée la Prevôté-le-Comte, un magiftrat, la justice de l'abbaye de Saint Jean, une juftice des Traites, le magiftrat de la Halle-Baffe, un confeil particulier, & un conseil général.

La Prevôté-le-Comte, c'est-à-dire, la Prevôté ou Juftice du comte de Valenciennes, eft une justice royale, compofée d'un lieutenant général, de quatre confeillers, d'un avocat & d'un procureur du roi, dont les charges ont été érigées en offices héréditaires par édit du mois de Mars 1693. La jurisdiction de ce tribunal s'étend fur les vingt-quatre villages de la prevôté, & connoît des cas royaux dans la ville de Valenciennes. L'appel des jugemens de ces officiers eft porté au parlement de Douay; le prevôt eft outre cela chef de la Juftice criminelle dans la ville, où il fait les fonctions de femonceur, & en fon abfence fon lieutenant tient fa place.

Le magiftrat eft compofé d'un prevôt, d'un lieutenant & d'ouze échevins, qui font nommés tous les ans par le gouverneur de la ville, & par l'intendant de la province, de deux confeillers-penfionnaires, d'un greffier civil,d'un greffier-criminel,qui eft auffi procureur de la ville, & d'un greffier des werps ou nantiffemens. Les offices de ces derniers ont été créés héréditaires, ainfi que celui de tréforier ou maffard de cette ville, qui ont tous été vendus au profit du roi. Le magistrat connoît en premiere inftance de toutes les affaires contentieufes civiles, & de la police de la ville, & par appel des jugemens rendus par le magistrat de la halle-baffe. Če dernier magistrat eft compofé d'un prevôt, d'un mayeur, de treize échevins, & de vingt hommes de condition, qui tous enfemble décident de tout ce qui regarde la draperie, & font nommés tous les ans par le magiftrat de la ville. Le magiftrat de Valenciennes nomme auffi les cinq Apaifeurs ou pacificateurs de querelles particulieres, qui ne méritent point de peine afflictive; car quant aux autres affaires criminelles, c'eft le magistrat qui en prend connoiffance. Il en jugeoit autrefois en dernier reffort; mais aujourd'hui on en appelle au parlemement de Douay. Le confeil particulier a l'administration des affaires de la ville qui ne regardent point la justice. Il eft compofé d'un magiftrat & de vingt-cinq bourgeois. Le confeil général, ou grand confeil, eft compofé de deux cens perfonnes, & il ne s'y peut rien décider qu'il n'y en ait cent au moins, & que les affaires n'ayent paffé auparavant au confeil: c'eft le magiftrat de la ville qui a le droit de l'affembler, ce qu'il ne fait que pour des affaires extraordinaires, qui regardent le bien public. La juftice de l'abbaye de Saint Jean eft compofée d'un mayeur, de fept échevins & d'un greffier. Cette jurisdiction, qui n'eft que fonciere, féodale, & pour le cas de haute juftice, s'étend fur le quartier de la ville de Valenciennnes, nommé la Tannerie.

Ibeft à remarquer que la ville de Valenciennes eft le chef de la châtellenie de Bouchain, de plufieurs villages, de celle d'Ath, de la prevôté du Quesnoy, & de quelques terres enclavées dans la châtellenie de Lille, & dans le Cambrefis. La juftice dans tous ces endroits appartenoit autrefois au magiftrat de Valenciennes, qui y conferve encore le droit d'y faire des réglemens, & de juger. l'appel des jugemens rendus dans les justices des lieux qui font actuellement fous la domination du roi.

Il y a à Valenciennes des manufactures d'étoffes de laine, camelots & bouracans; de toiles fines, qu'on

nomme batifte. Ces étoffes & ces toiles paffent en France, en Efpagne & jufques dans les Indes.

Valenciennes a un gouverneur, un lieutenant de roi, un major, deux aides-majors & un capitaine des portes. La citadelle a fon gouverneur particulier, un lieutenant particulier, un major, un aidemajor, & un capitaine des portes.

VALENDAS, Valendanum, village du pays des Grifons, dans la Haute-Ligue, & de la dépendance de la communauté d'Ilantz, au bord oriental du BasRhin. Il y a près de Valendas une fontaine d'eau bitumineufe.* Etat & Délices de la Suiffe, t. 4, p. 17. 1. VALENGIN, comté joint à celui de Neuchâtel, compris parmi les alliés de la Suiffe, dont ces deux comtés occupent une partie des quartiers occidentaux. C'étoit autrefois un fief mouvant du comté de Neuchâtel, & il a eu fes feigneurs de différentes maifons. Après plufieurs révolutions, il fut vendu à Marie de Bourbon, veuve de Léonor, Duc de Longueville, pour la fomme de foixante & dix mille écus d'or. Ce comté tire fon nom d'une ville, felon de Longuerue; mais plutôt d'un petit bourg d'une vingtaine de maifons, qui eft dans une fituation extraordinaire, dans un vallon étroit & raboteux, entre de hautes montagnes & des rochers, à une lieue au-deffus de Neuchâtel, par un chemin extrêmement rude, où en divers endroits on marche au bord d'un précipice, au pied duquel coule le Seyron, ou Syon, torrent qui paffe à Neuchâtel. Les anciens comtes de Valengin avoient dans ce bourg un château bâti fur un rocher, & il fubfifte encore en partie. Les dépendances de ce comté confiftent en cinq grandes vallées, favoir a

:

Le Val de Ruz, Le Locle,

.

La Sagne, Les Brenets,

Chaude-Fond.

*Etat & Délices de la Suiffe, t. 3, p. 244.

2. VALENGIN, bourg de Suiffe, & le cheflieu du comté auquel il donne fon nom. Voyez l'article précédent.

VALENSES, ou VIOMENSES, Peuple d'Italie, dont il eft fait mention dans la vię MS. du Pape Zacharie, citée par Ortelius. Ce peuple étoit entre Rome & Ravenne.

VALENSOLE, bourg de France, dans la provence viguerie de Mouftiers, au couchant de Riez. Ce bourg a droit de députer aux affemblées générales de la province. Il y a un couvent d'Auguftins établi depuis l'an 1600. & un couvent d'Urfulines. On croit que Saint Mayeur, abbé de Cluni, étoit né à Valenfole.

VALENTANO, bourg d'Italie, au duché de Caftro, environ à deux milles au midi occidental du lac de Bolfena. C'étoit autrefois une ville épiscopale appellée Verentanum, ou Verentum. De là vient Verentani populi, de Pline. * Magin, carte du duché de Caftro.

1. VALENTIA, colonie de la gaule Narbonnoife. Ptolomée, l. 2, c. 10. la donne aux peuples egalauni. Pline, l. 3. c. 4, la met chez les Cavares. Mais Cellarius, Geogr. antiq. l. 2, c. 2. croit que la ponctuation eft fautive dans cet endroit de Pline, & qu'au lieu de in Méditerraneo Colonia Arelate Sextanorum, Beterræ Septimanorum, Araufio Secundanorum. In agro Cavarum Valentia, Vienna Allobrogum, il faut lire avec de Valois, p. 581. Araufio Secundanorum in agro Cavarum, Valentia, Vienna Allobrogum. En effet on ne fauroit donner au pays des Cavares une fi grande étendue. L'Itinéraire d'Antonin marque cette ville fur la route de Milan à Lyon, entre Augufta & Urfola, à vingt-deux milles du premier de ces lieux, & à égale diftance du fecond. C'eft aujourd'hui la ville de Valence. Saint Ambroise, Épift. 27. pour la diftinguer des autres villes de même nom, l'appelle VALENTIA GALLORUM.

2. VALENTIA, contrée de la grande Bretagne, felon Ammien Marcellin, l. 28, c. 3. Les Pictes, les Ecoffois & quelques autres peuples s'étant jettés fur

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la province Romaine, fous l'empire de Valentinien I, ce prince envoya contre eux Théodofe l'ancien, qui repouffa ces peuples, s'empara d'une partie de leurs terres, & fit conftruire deux forts fur l'Ifthme, qui fépare les deux mers, afin de les tenir plus éloignés. Par là les terres des Romains fe trouverent augmentéés d'un grand pays, dont Théodofe fit une cinquieme province à laquelle il donna le nom de Valentia, pour faire honneur à Valentinien. Ce pays faifoit partie du royaume des Pictes, qui par ce moyen fe trouva confidérablement diminué. Cette province comprenoit la meilleure partie de l'Ecoffe: auffi cette invafion nouvelle irrita tellement les Calédoniens, que jamais ils ne cefferent depuis de harceler les Romains & les Bretons leurs fujets. Tant que l'empire Romain eut affez de force pour fe foutenir leurs efforts furent inutiles; mais d'abord qu'il vint à chanceler, c'est-à-dire, dès le commencement du cinquieme fiecle, les Calédoniens, revenant à la charge, avec une nouvelle fureur, franchirent toutes les barrieres qu'on leur avoit oppofées, & firent de grands ravages dans la province des Romains. Ceuxci les repoufferent quelquefois ; mais ayant affez à faire chez eux, il fe retirerent dans la province de Valence, & bâtirent de groffes pierres la muraille que l'empereur Severe avoit élevées deux cent trente ans auparavant, entre l'embouchure de la Tyne & celle de l'Eden.

3. VALENTIA, ville du Pont, felon la notice des dignités de l'Empire, Sect. 27, où on lit, Cohors prima Theodofiana Valentia.

4. VALENTIA, ville de l'Espagne Tarragonnoife: Ptolomée, l. 2, c. 6. qui la donne aux Contestains, la marque dans les terres. Cependant Pline,l. 3, c. 3. la met dans le pays des Edetains, à trois milles de la mer, & lui donne le titre de colonie. C'eft aujourd'hui la ville de Valence, capitale d'un royaume de même nom. Ortelius cite deux auteurs, qui difent que cetre ville fut d'abord appellée ROMA, d'un ancien roi d'Espagne appellé Romus. Il y a dans le tréfor de Goltzius une médaille avec ces mots. COL. JUL. VAL. qui pourroient s'entendre de cette ville, en les expliquant par COLONIA JULIA VALENTIA. Annius in Manethon. P. Ant. Beuterus in Hisp. Chron.

5. VALENTIA, ville d'Espagne. Le conful Junius donna cette ville avec des terres aux foldats qui avoient combattu fous Viriatus. Cette Ville, felon Mariana, étoit fur le Minho; & fon nom s'eft confervé jusqu'à préfent. C'est aujourd'hui Valença, ville de Portugal, dans la province de Tra-los-montes, fur la rive gauche du Minho, vis-à-vis de Thuy. * T. Livii Epit. l. 55, de reb. H ft. 1. 3, c. 7.

6. VALENTIA, Voyez VIBO.

7. VALENTIA, ville d'Italie, dans la Meffapie, ou la Calabre. L'itinéraire de Jérufalem la marque entre Clipia & Civitas Briniefi, à treize milles du premier de ces lieux, & à onze milles du fecond. Au lieu de VALENTIA, un Manuscrit porte VALENTIO; car c'eft apparemment le Balentium de la Table de Peutinger, le Baletium de l'Anonyme de Ravenne, le Balefum de Pline, l. 3, c. 11. & le Valetium de Pomponius Mela, l. 2, c. 4. Ce lieu auquel quelquesuns donnent le nom de ville, étoit à l'embouchure du fleuve Paclius, à la droite, felon la table de Peu tinger, & à la gauche, felon Cluvier.

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8. VALENTIA, ville de l'isle de Sardaigne. Ptolomée, l. 3, c. 3. marque dans les terres une ville nommée VALERIA Quanspía; mais il rend lui-même ce nom fufpect, en plaçant dans le même quartier un reuple appellé VALENTINI Ovanstvo; & d'ailleurs le nom de Valentia fubfifte encore préfentement dans l'isle, au milieu des terres, en tirant un peu vers l'orient. C'en eft affez pour faire conjecturer que lé nom de cette ville étoit VALENTIA & non VALERIA. Les habitans de cette ville étoient fans doute les VALENTINI de Pline, l. 3, c. 7. 1.

VALENTIANE, nom de la ville de Valenciennes, dans le Hainaut, fur le bord de l'Escaut. Cluvier a écrit VALENTINIANÆ, au lieu de VALENTIANÆ, parce qu'il s'étoit imaginé que les foldats

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du

nommés VALETINIANENSES, dans la notice des dignités de l'empire, tiroient leur nom de cette ville pour y avoir été en garnifon. Mais Cellarius, Geogr. ant. l. 2, c. 3. prétend que c'eft une erreur. Ces foldats, dit-il, ne prirent pas le nom du lieu où ils étoient en garnifon, mais celui du prince Valentinien qui les avoit établis. Pour confirmer fon fentiment,' il ajoute que dans la même notice, ces foldats furnommés Valentianenfes, font joints avec les Gratianen fes & les Honoriani, qu'on ne peut pas dire avoir été ainfi nommés d'aucun lieu où ils ayent été en garnifon. Le nom de cette ville dans l'hiftoire moyen âge (car Cellarius regarde fon origine comme fort incertaine ) n'étoit pas VALENTINIANÆ, mais VALENTIANÆ; & il lui avoit été donné par un fondateur nommé Valens, Sigebert dit ad an. 1006. que l'empereur Henri affiégea Caftrum Valentianis, fitum in Marchia Francia & Lotharingia.De Valois rapporte les lettres du Roi Clovis III. données à Valencien nes, Valentianis. Eginhard, ad an. 771, dit que le roi Charles tint une affemblée générale in Villa Valentiana. Longuerue n'eft pas du fentiment de Cellarius: il veut, comme Cluvier, que les Soldats nommés Valentinianenfes ayent pris leur furnom de cette ville que le fondateur de Valenciennes foit Valentinien I, ou fon plus jeune fils; & que le nom de VALENTIANÆ foit corrompu de VALENTINIANÆ. Voyez VALENciennes.

1. VALENTIN, maifon de plaifance du roi de Sardaigne, dans le Piémont, fur le bord du Pô,au-deffus de Turin. On y va de cette ville par une grande allée couverte & longue d'un demi-mille. La maifon eft fituée fur une éminence voifine de la riviere, quoiqu'elle paroiffe en plaine du côté de Turin. L'endroit qui re garde le Pô, a une vue admirable. On entre à droite & à gauche dans une très-longue enfilade de chambres, qui toutes font ornées de tableaux des plus fameux maîtres d'Italie. On monte au fecond étage par un fort beau degré, qui conduit d'abord dans un grand fallon enrichi de peintures, & l'on va encore de là dans un grand nombre d'autres chambres de. plein pied, garnies comme les premieres. Des deux côtés de la cour font deux jardins affez beaux, de l'un defquels on entre dans un grand parc, coupé d'allées, & où l'on voit une grande quantité de daims blancs. Corn. Dict. Mém. & plans géographiques. A l'oppofite du Valentin, fur l'autre bord du Pô, il y a une vigne qu'on appelle VIGNE DE MADAME. Ce n'eft qu'un grand corps de logis, double, fort commode, que madame royale Chriftine de France a fait bâtir. On descend enfuite dans la VIGNE DE LA PRINCESSE MARIE: cell-ci eft petite, mais fort enjolivée. Les jardins fur-tour en font très-beaux..

*

2. VALENTIN, (le) Maifon de plaifance, dans le Dauphiné, près de la ville de Valence. Il y a un très-beau parc, fort propre pour la chaffe. Le château eft fitué au milieu du parc. L'efcalier eft beau & conduit dans un grand appartement, dont les voûtes font charmantes. * Piganiol, Desc. de la France, t. 4, p. 59.

VALENTINE, ville de France, dans le haut Languedoc, près de la rive droite de la Garonne, vis-a-vis Saint Gaudens, au diocèse de Cominges élection de ce nom. On croit que Philippe le Bel ayant acheté plufieurs terres du comte de Lomagne, fit bâtir la ville de Valentine, joignit toutes fes terres enfemble, les mit de la province de Languedoc, & les fépara de la Guienne qui étoit occupée par les Anglois. C'eft de là que ces paroiffes, quoiqu'éloi gnées du Languedoc, gnées du Languedoc, en font partie; c'eft auffi par la même raifon, que l'évêque de Cominge a droit d'entrer aux états du Languedoc. On voit à Valentine un refte de colonne de marbre qui prouve que du temps des Romains, ce lieu étoit un pofte confi-. dérable. Il ne l'eft pas moins aujourd'hui, puifque c'eft un paffage pour entrer en Catalogne & en. Aragon.

Je ne fai fur quel fondement Hubner, géogra phe d'ailleurs eftimable, s'eft avifé de mettre un évêché à Valentine.

1. VALENTINI. Voyez VALENTIA. N 8.

2. VALENTINI, peuple d'Italie, dans la Calabre, felon la plupart des édit. de Pline, L3, c. 11. Ortelius s'étoit imaginé que ce Peuple avoit pris fon nom de la ville, Vibo Valentia. Mais le pere Hardouin ayant vû que les manuscrits portoient Valentini, a jugé qu'il falloit lire Uxentini, parce que Ptolomée place dans ce quartier une ville nommée Uxentum.

VALENTINIANOPOLIS. Il eft fait mention de cette ville dans le concile de Chalcédoine, dans celui d'Ephèfe, & dans le quatrieme fynode Romain. Ortelius croit qu'elle étoit dans l'Afie mineure. Il eft parlé auffi de cette ville dans la vie de Saint Chrifoftome, fcripta per Georg. Alex. Patriarch. où Eufebe eft dit évêque de Valentinianopolis, & des lieux appellés CELUIANE, ou peut-être CILBIANE. Voyez CILBANUM.

VALENTINOIS, pay , pay de France, dans le Dauphiné, borné au feptentrion par le Viennois, à l'orient par le Diois, & par le bailliage des baronnies au midi par le Tricaftinois, & à l'occident par le Rhône, qui le fépare du Languedoc, comme l'Ifere le fépare du Viennois. Les peuples du Valentinois font appellés par Pline, Segovellauni, par Ptolomée, Segalauni, & dans la notice de l'Empire, Segolauni. Quelques-uns croyent que Plancus, dans une lettre à Ciceron, a fait mention de ces peuples, en parlant de Gellius & de fes freres, qu'il dit être Segauviani, qui eft le nom d'un peuple, qu'on foutient avoir été corrompu, & qu'on corrige Segolauni; ce qui paroît affez probable, parce que les gens dont il eft fait mention en cet endroit, étoient Gaulois, & de la province Romaine.

Du temps des rois, Conrad & Rodolphe, les premiers comtes de Provence, fe rendirent propriétaires du Valentinois, & de tous les pays qui font au midi de l'Ifere jusqu'à la Méditerranée. Du temps de Rodolphe, tout ce qui eft entre l'Ifere & la Durance vint au pouvoir du comte de Touloufe, qui portoit le titre de marquis de Provence; & les villes avoient leurs comtes qui relevoient de ce marquis.

On ne ne fait pas les noms des premiers comtes du Valentinois & du Diois; mais on affure feulement, que

fous le regne de Phillippe Augufte, & vers la fin du douzieme fiecle, une femme nommée Philippe, étoit Comteffe du Valentinois. Dans ce temps-là, Raymond V,comte de Toulouse, & marquis de Provence, donna le Diois l'an 1189. à un feigneur nommé Aymar de Poitiers, dont on ne fçait pas l'origine. Il obtint du même comte Raymond le comté de Valentinois, ce qui l'obligea à tenir fidélement fon parti durant la guerre des Albigeois. L'hiftorien Pierre de Vaux de Cernay, fait plufieurs fois mention de ce comte Aymar, qui eut pour héritier fon fils Guillaume. Les mâles de cette race jouirent toujours des comtés de Valentinois & de Diois, jufqu'à Louis de Poitiers, qui les vendit l'an 1404. à Charles VI, roi de France & dauphin, moyennant cent mille écus d'or; & charles de Poitiers confentit au transport qu'on avoit fait au roi de ces comtés, fur lesquelles ce feigneur de Poitiers avoit des prétentions.

Louis, feigneur de Saint Vallier, fils de Charles de Poitiers, renouvella fes prétentions, & força à main armée le vieux comte Louis de Valentinois, à l'inftituer fon héritier univerfel l'an 1416. Le feigneur de Saint Vallier força le dauphin Charles, de lui remettre les comtés de Valentinois & de Diois; mais les Dauphinois s'étant oppofés avec tous les officiers royaux, à l'ordonnance du dauphin, le feigneur de Saint Vallier céda l'année 1423, toutes fes prétentions, moyennant fept. mille florins de rente qui furent réduits l'an 1426, à cinq mille livres de rente en fonds de terre.

Le duc de Savoye avoit auffi des prétentions fur le Valentinois fondées fur le teftament du comte Louis de Poitiers. Le duc les ceda à Louis, alors dauphin, l'an 1446, & le dauphin quitta au Duc l'hommage de la baronnie de Faucigny, qui relevoit du Dauphiné. Ainfi ces comtés de Valentinois & de Diois furent incorporées au Dauphiné. Louis XII, l'an 1498, au commencement de fon regne, démembra du Dauphiné le Valentinois & le Diois; il en fit

un duché qu'il donna en pleine propriété à Céfar Borgia, fils naturel du Pape Alexandre VI, tant pour lui que pour fes héritiers; mais Céfar ayant embraffé le parti des ennemis de la France, le même roi, révoqua fon don. Céfar avoit laiffé une fille nommée Louife, qui avoit époufé claude de Bourbon, baron de Buffet, qui prétendit que le duché de Valentinois lui appartenoit, & fit diverfes pourfuites, qui furent terminées par une transaction paffée fous Charles IX. en 1573, par laquelle le baron de Buffet renonça à fon droit, moyennant quarante mille francs qui lui furent payez.

Henri II. donna à Diane de Poitiers fa maîtreffe, le titre de ducheffe de Valentinois, avec le revenu du duché, durant la vie.

Louis XIII. donna en pleine propriété, au prince de Monaco, qui s'étoit déclaré du parti de la France, & avoit reçu, garnifon françoife, plufieurs grands domaines, & entr'autres le duché de Valentinois érigé en Pairie. Cette donation fut faite, parce que le roi d'Espagne confisquoit, ou devoit confisquer fur Honoré de Grimaldi, prince de Monaco, des terres qui lui appartenoient dans le royaume de Naples, & dans le duché de Milan.

Le duché de Valentinois fut déclaré duché femelle, par une déclaration donnée à S. Germain-enLaye le 26 de Janv. 1643, regiftrée le 6 Fév. fuivant. Louife-Hippolyte Grimaldi, fille aînée d'Antoine, prince de Monaco, & de Marle de Lorraine, ayant été mariée en 1715. à François-Léonor Goyon de Matignon,le duché-pairie lui a été cedé;& ce feigneur a obtenu des lettres patentes du mois de Décembre 1715, enregistrées le deux de Septembre 1716, par lefquelles il lui a été permis de fe faire recevoir pair de France au parlement de Paris, où il prêta ferment le 14. Décembre 1716.

Il y a dans le duché de Valentinois une fénéchausfée divifée en vice-fénéchauffée de Valence, vicefénéchauffée de Creft, & vice-fénéchauffée de Montelimart. Les villes les plus confidérables de ce duché font:

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VALEPONGA, ville d'Espagne : l'itinéraire d'Antonin la marque fur la route de Laminium à Tolede, entre ad Putea & Urbiaca, à quarante milles du premier de ces lieux; & à vingt milles du fecond. Un manuscrit porte Valebiniga, & un autre Valle longa. Ortelius foupçonne que ce pourroit être le lieu nommé Vallis-Ibana, dont il eft parlé dans la vie de l'empereur Louis le Débonnaire; mais Weffeling n'en convient pas.

VALERA, village d'Espagne, dans la Caftille nouvelle, au voifinaage de Mérida, à une lieue de Frexenal. C'eft près de Valera que font les ruines de l'ancienne Nertobriga. * Délices d'Espagne, p. 115. 1. VALERIA, ville de l'Ile de Sardaigne. Voyez. VALENTIA, n. 8.

2. VALERIA, ville de l'isle de Corfe, felon les exemplaires latins de Ptolomée, 1. 3, c. 2, qui lui donnent le titre de colonie ; mais le texte grec porte Axépia, Alteria. Voyez ce mot.

3. VALERIA, contrée de la Germanie, & qui comprenoit une portion de la Panonie. Elle eft appellée Valeria Panoniæ,par Ammien Marcellin, 1. 28, c. 4.& Valeria Pannoniorum par S. Ambroife,1. 2,de Fide, & on lui donne ordinairement un de ces deux furnoms pour la diftinguer d'une autre province

appellée auffi Valerie en Italie. Galere Maximien avant abattu des forêts immenfes, & fait écoulerle lac Peifo (Neufidler-zée) dans le Danube, donna à cette province le nom de fa femme Valerie, fille de l'empereur Dioclétien, comme nous l'apprennent Aurelius Victor, & Ammien Marcellin. La Valerie de Pannonie étoit renfermée, entre le Da nube & la Drave, felon Sextus-Rufus.

4. VALERIA, ou VALERIA CELTIBERORUM, ville de l'Espagne Tarragonnoife. C'étoit, felon Ptolomée, 1.2, c. 6. une des villes des Celtiberes. Ses habitans font nommés Valerienfes, par Pline, 1. 3, c. 3. qui les met au nombre des colonies. Ortelius, fondé, je ne fai fur quelle médaille, veut donner à cette ville le titre de Colonia Julia Valeria. Mais outre que ni le P. Hardouin, ni Vaillant ne connoiffent point cette médaille, il y a grande apparence que l'inscription Col. Jul. Val. eft la même qu'il a expliquée dans un autre endroit, par Colonia Julia Valentia. Vafæus cependant, dit que cette Ville fut anciennement appellée Colonia Julia Valeria, & que c'eft aujourd'hui la ville de Cuença, fur le Xu car; mais, felon Saint Ambroife Moralès, Valeria n'eft pas Cuença même, mais un bourg nommé aujourd'hui Valera la Veja, fur le même fleuve, à fept lieues de Cuença. Dans le neuvieme concile de Tolede Stephanus fe qualifie Valerianus Episcopus. Elle étoit bâtie fur une coline. Du temps des rois Goths, cette ville étoit riche & puiffante; mais elle fut ruinée par les Maures, & Cuença s'eft élevée de fes débris. D'autres difent que fes ruines ont fervi à conftruire les trois Villages appellés Valera Quemada, Valera de Suzo, & Valera la Veja. Ils font dans la nouvelle Caftille, fur le Xucar, à fix lieues de Cuença, où l'on a transferé l'évêché de l'ancienne Valeria. Délices d'Espagne, p. 354.

5. VALERIA, province d'Italie: Paul diacre, De Geftis Longob. c. 20, dit que la Valerie étoit la treizieme province d'Italie, que la Nurfie lui étoit annéxée, & qu'elle étoit entre l'Umbrie, la Campanie & le Picenum. Il ajoute qu'il croit qu'elle comprenoit auffi le pays des Marfes, & leur lac appellé Fucinus. Ce qui fonde, dit-il, cette conjecture, c'eft que les anciens n'ont point fait mention du pays de ces peuples, en donnant le nom des provinces de l'Italie.

6. VALERIA, ville d'Italie: Strabon, 1. 5, p. 238. la place dans le Pays Latin, fur la voie Valé

rienne.

7. VALERIA, château du Vallais, près de la ville de Sion, fur une montagne. C'eft la demeure des chanoines de Sion, qui ont tout auprès l'églife de S. Pierre, où ils font plus fouvent l'office, qu'à la cathédrale de Notre-Dame. Sur la même montagne eft le château Turbel ou Tourbillon, dans lequel l'évêque fait fa demeure en Eté. * Longuerue, Descr. de la France, part. 2. p. 305.

8. VALERIA, ville d'Italie, dans l'Abbruzze ultérieure, au duché de Marfi. Elle eft remarquable pour avoir été la patrie du pape Boniface IV, qui obtint de l'empereur Phocas le Pantheon de Rome, & le changea en une églife, appellée préfentement Notre-Dame de la Rotonde. Il fut élevée au pontificat le 18. de Septembre 607, & mourut le 7. de Mai 615. On voit fon épitaphe dans l'Eglife de S. Pierre,

où il fut enterré.

VALERIA - AUGUSTA, Voyez au mot AuGUSTA, l'article AUGUSTA-VALERIA.

VALERIA-BACCARUM, lieu de la feconde Mafie. La notice des dignités de l'Empire, Sect. 29, le compte au nombre des garnisons de cette pro

vince.

VALERIA-ZABDENORUM, lieu de la Méfopotamie, felon la notice des dignités de l'Empire, Sect. 26, qui le compte au nombre des garnifons de cette province.

VALERIA-VIA. Voyez, au mot VIA, l'article VIA VALERIA.

VALERIANA-VILLA, Vopiscus parle de cette maifon de campagne, in Aureliano. C'est la même que Ciceron appelle P. Valerii Villa, Gabriel Barri

dit qu'elle étoit dans le Brutium, auprès de la ville de Rhegium.

VALERY, ou VALLORI, Valeriacum; château de France, dans le Gatinois, à deux lieues de la riviere d'Yone, au couchant, & à cinq lieues de Montereau, au midi. Ce fut Catherine de Luftrac, veuve du maréchal de Saint-Andrée, qui dans l'efperance d'époufer Louis de Bourbon, premier du nom, prince de Condé, lui donna la terre de Valleri, avec les meubles magnifiques, dont le château étoit orné. Depuis ce temps-là les princes de Bourbon-Condé, ont choifi Valery pour le lieu de leur fépulture. Il y a près de ce château un bourg de même nom, & qui eft affez confidérable. * Piganiol, Descr. de la France, t. 3, p. 102. VALETIUM. Voyez BALESIUM.

1. VALETTE, (la) Valetta, abbaye d'hommes, en France, de l'ordre de Citeaux, dans le Limoufin, au diocèfe de Tulles, fur la rive gauche de la Dordogne, quatre lieues au-deffus d'Argentac, & à fix lieues de Tulles, au levant d'hiver, entre Maurillac, qui n'eft pas loin de la Dordogne, & Argentac. Le monaftere, nommé vulgairement le Prestre, & autrement Doumis foutro ; c'eft-à-dire en patois Auvergnac, la Maifon d'au-dessous, n'eft éloignée que de deux lieues de la Valette, qui y eft foumife. Begon fut le pere Abbé des religieux du prestre, mais à la follicitation de Geraud, évêque de l'églife de Limoges, il paffa à la Valette en 1145. Cette abbaye fut fondée en 1143. l'abbé jouit de deux mille cinq cens livres de revenu, & les religieux de quinze cens livres.

2 VALETTE, (la) ville de France, dans l'Angoumois, à quatre lieues au midi d'Agoulême. Cette petite ville eft le chef-lieu d'un duché-pairie, érigé en 1622. en faveur du duc d'Epernon. Il y a treize paroiffes & quarante fiefs, qui en dépendent. Cette terre appartient aujourd'hui à madame la maréchale de Noailles; mais le titre de duc eft éteint. Ce lieu s'appelloit auparavant Villebois.

3. VALETTE. (la cité de la) C'eft la plus grande des trois parties, qu'on entend communément fous le nom général de ville de Malte. Les Italiens l'appellent Terra nuova, & les François Villeneuve. Elle tient le premier nom de fon fondateur. Jean de la Valette, grand-maître de Malte, après que les Turcs eurent levé le fiege de l'ifle levé le fiege de l'ifle, réfolut d'en rétablir les fortifications, & de conftruire une nouvelle Forte reffe dans la presqu'ifle qui fépare les deux forts. On avoit remarqué durant le fiege, que la mieux fituée de toutes les fortifications de Malte, étoit le fort de Saint Elme: il étoit comme la clef des deux ports; le grand-maître, fans abandonner le foin des autres places, forma le deffein d'agrandir ce fort, d'y ajouter de nouveaux ouvrages, & de conftruire fur la même langue de terre une ville revêtue de toutes les fortifications que l'art pourroit inventer, & d'y transporter enfuite le couvent & la réfidence des chevaliers. Pour réuffir dans cette entreprife, il falloit de grands fecours, qu'on ne pouvoit esperer que des principaux fouverains de la Chrétienté. Le grand maître envoya des ambaffadeurs au pape, aux rois de France, d'Espagne & de Portugal, & à différens potentats d'Italie, pour leur repréfenter que ce n'é toit pas affez d'avoir fauvé Malte dans la derniere occafion, par une courageufe réfiftance, fi, pour se maintenir dans l'ifle, on ne rétabliffoit promptement les fortifications des places que l'artillerie des infi deles avoit ruinées. Ces miniftres étoient chargés de leur communiquer le deffein de la Valette, pour la construction d'une nouvelle ville, & de leur demander en même-temps les fecours néceffaires pour commencer un fi grand ouvrage. Le pape promit quinze mille écus; le roi de France cent quarante mille li vres, dont il affigna le payement fur les dixmes. de fon royaume; Philippe II, roi d'Espagne, quatrevingt-dix mille livres; le roi de Portugal trente milles Cruzades ; & la plupart des commandeurs de l'ordre, par un autre défintéreffement, fe dépouillerent de leurs biens, & même de leurs meubles, les plus précieux, dont ils firent paffer la valeur à Malte.

Le grand-maître, foutenu de ces fecours, fit venir des ingénieurs & des ouvriers de différens endroits de l'Italie ; & après qu'on eut pris les alignemens néceffaires, ce prince, en habit de cérémonie, accompagné du confeil, & fuivi de tous les chevaliers, fe rendit au mont Sceberras, où il mit la premiere pierre de la cité nouvelle, & fur laquelle on avoit gravé en latin le décret du confeil, conçu à peu près en ces temes: L'Illuftriffime & Révérendiffime Seigneur, Frere Jean de la Valette, Grand-Maitre de l'Ordre Hospitalier, & Militaire de Saint Jean de Jerufalem, confiderant tous les périls ausquels fes Chevaliers &fon peuple de Malte ont été exposés par les infideles au dernier fiecle, de concert avec le Chef de P'Ordre, & pour s'oppofer à de nouvelles entreprises de la part des barbares, ayant formé le deffein de conftruire une ville fur le Mont Sceberras, aujourd'hui Jeudi vingt-huit du mois de Mars 1566, après avoir invoqué le Saint nom de Dieu, & demandé l'interceffion de la Sainte Vierge ja mere, & de Saint Jean-Baptifte, Patron titulaire de l'Ordre, pour attirer la bénédiction du Ciel fur un ouvrage fi important, le Seigneur GrandMaître en a pofé la premiere pierre, fur laquelle on a gravé fes armes, qui font de gueule au lion d'or, & la

d'un tuyau, ou conduit, on la peut faire couler pardeffus le bord des vaiffeaux, jufques dans les fatailles, qu'on remplit ainfi en peu de temps.

Cette ville a trois portes, dont l'une a fon iffue vers le bord de la mer & fur le port: on l'appelle porta del Monte. Les deux autres font du côté de terre; l'une s'appelle porta Réale ; & l'autre porta Boulcheria ; à caufe qu'elle eft tout près de la boucherie. Il y a fept Eglifes. La principale ou la cathédrale, eft celle de faint Jean, patron & protecteur de l'Ordre, & on y garde la main droite de ce Saint. Les autres Eglifes font celles de faint Auguft n, de faint Dominique, de Santa Maria Jefus, de San-Paulo, de la Madona de Carmine, le Collegio de Jefu, & de la Madama de la Vittoria.

la Valette. * parfon ordre, a été nommée la Cité de gieux de fon auberge: mais comme il ne tire pas fuf

Malte, 1. 14.

Vertot, Histoire de l'Ordre de

Pour conferver à la poftérité la mémoire d'un événement fi confidérable, on jetta dans les fondemens un grand nombre de médailles d'or & d'argent, qui représentoient cette nouvelle ville, avec cette inscription: MELITA RENASCENS, Malte renaiffante; & à l'exergue, on avoit mis l'année & le jour de fa fondation.

L'on vit tout le monde s'empreffer à l'envi de travailler à ce grand ouvrage; le chevalier au milieu d'un riche & d'un pauvre habitant rangeoit les pierres, & fourniffoit du fecours aux ouvriers: le grandmaître les animoit tous par fa préfence, & fouvent par fon exemple. Lorsque l'argent manquoit pour payer les ouvriers, il faifoit frapper de la monnoie de cuivre, à laquelle il attachoit une différente valeur, felon la grandeur différente dont elle étoit taillée. D'un côté on voyoit deux mains entrelaffées, qui fe touchoient, & de l'autre les armes de la Valette écartelées, avec celles de la religion, & pour légende ces mots latins: NON AES SED FIDES; Faites moins attention au métal qu'à la parole inviolable qu'on vous donne de le reprendre. En effet, on ne manquoit jamais, fi-tôt qu'on avoit reçu de l'argent, de retirer cette monnoie; & par cette exactitude la confiance parmi le peuple s'établit fi folidement, que le travail ne fut jamais, ni discontinué, ni même ralenti.

La cité de la Valette eft bâtie fur un roc, dans un lieu affez rude & élevé, qui fépare le port de Marfa Muffeto, du grand port, ou Marza. Elle eft fituée fur une presqu'isle, ou péninfule battue des flots de la mer par trois endroits, & comme féparée du refte de l'isle par un grand foffétaillé dans le roc. Sur la pointe ou l'extrémité du même rocher, eft placé le château appellé Saint Elme. C'eft une belle & forte place, entourée de foffés taillés dans le roc, & défendue de bons bastions, & par plufieurs autres ouvrages à la moderne. Le dedans eft orné de rues belles, grandes, longues & droites. Les principales font Strata Réale, ou la grande rue, & Strata Mercanti, la rue des mar chands. Les maifons font hautes & bâties de pierres de taille, au nombre d'environ deux mille; & leurs toits font en plate-forme, à la maniere des orientaux. Chaque maifon étoit autrefois pourvue d'une bonne citerne, pour recevoit l'eau de pluie ; mais les étrangers fe fervent aujourd'hui pour la plus grande partie, de l'eau d'une fort belle fontaine, fituée près de la porte del Monte, au bord de la mer, où elle eft portée par des aqueducs de huit lieues de longueur. Cet ouvrage eft dû aux foins du grand-maitre Alof de Vignacour, qui trouva heureusement cette invention, & y fit travailler au grand avantage, tant des habitans que des étrangers, dont les vaiffeaux font à la rade devant la ville; car en ouvrant dans la cité un robinet, l'eau fort tout près du rivage; & par le moyen

Il y a fept palais qu'on nomme auberges, & oùpeuvent manger tous les religieux, foit chevaliers, ou freres fervans, tant les profès que novices des fept langues. Les commandeurs qu'on fuppofe affez riches pour fubfister des revenus de leurs commanderies ne s'y préfentent guere: chaque chef ou pilier de l'auberge y occupe un appartement confidérable. Le tréfor de l'Ordre lui fournit une fomme, foit en argent, foit en grains, ou en huile, pour les alimens des relififamment du tréfor pour fubvenir à cette dépenfe, il y fupplée de fes propres fonds, & cela toujours avec honneur, parce que ceux qui tiennent auberge ont droit à la premiere dignité vacante dans fa langue. Si l'auberge eft vacante par la mort, ou la promotion du pilier à une dignité fupérieure, le plus ancien chevalier de la langue y entre à fa place. Il eft indifférent s'il eft commandeur ou fimple chevalier, il fuffit qu'il foit le plus ancien de fa langue, qu il ne doive rien au tréfor; & en cas qu il poffede des biens de l'ordre, qu'il ait fait fes amélioriffemens & le papier terrier, qu'il ait dix ans de réfidence au couvent, enfin, qu'en vertu de fon droit d'ancienneté, il ait requis la dignité vacante, qui, toute onéreufe qu'elle eft, ne laiffe pas d'être recherchée, parce qu'elle fert toujours de paffage à une autre, qui par fes revenus dédommage amplement des frais qu'on a faits. Ces auberges font:

Bergia di Provence,
Bergia de Auvergne, ou
Alvernia,
Bergia de France,
Bergia di Italia,
Bergia di Aragon,
Bergia di Alemagna,
Bergia di Caftilia,

II

L'auberge de Provence. L'auberge d'Auvergne. L'auberge de France. L'auberge d'Italie. L'auberge d'Aragon. L'auberge d'Allemagne. L'auberge de Caftille.

y avoit autrefois l'auberge d'Angleterre, Bergia di Angliterra; mais elle eft préfentement abolie.

On voit outre cela plufieurs couvens, comme ceux de fainte Urfule, de fainte Catherine & dés Repenties. Le palais du grand-maître, eft entre le château de S. Elme & l'églife de faint Jean. On y remarque une grande & belle falle, où le Grand-maitre tient ordinairement fon confeil, & où s'affemblent fes confeillers, ou chevaliers grand-croix, pour déliberer des affaires: on l'appelle pour cette raifon la falle des affemblées. Sur le derriere du palais on remarque deux têtes de marbre de demi bas relief, placées dans la muraille, & plus grandes que le naturel. Sur l'une on lit ces mots : ZENOBIA ORIENTALIS DOMINA, & fut l'autre PENTESILEA, Elles furent trouvées à Malte l'an 276. Il y a dans ce quartier une place ou marché, où les payfans portent vendre fur leurs ânes toutes fortes de fruits & de grains, des oifeaux, des moutons, moutons, des chevres, des pourceaux, &c. En été à caufe des grandes chaleurs, on tient le marché avant le lever du foleil, & il commence auffi à finir à mesure que le foleil fe couche.

Près du château faint Elme, eft un hôpital, ou Hôtel-Dieu. C'eft un bâtiment d'une structure magnifique, fur-tout depuis l'agrandiffement qui y fut fait en 1664. Chaque malade y a fa petite chambre à part, dans une grande fale de trente pas de long, & de dix de large, où elles font angées lune à côté de

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