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onne entrerent alors dans la ville pour venger cette mort, & firent périr un grand nombre de Maganerfi, qui étoient les ennemis des Gatti. Il y eut encore en cette occafion un grand nombre de maifons pillées & ruinées. Mais trois ans après, les Urfins, qui protégeoient les Maganerfi, étant entrés dans la ville, en chasferent les Gatti. Ils y commirent tant de meurtres, & les deux partis s'acharnerent fi fort les uns contre les autres, qu'ils ne faifoient quartier à perfonne. On remplit de carnage cette ville infortunée; on en détruifit la plus grande partie. Ces malheurs ont été fi fréquens, que c'eft une efpece de miracle que cette ville fe foit pû relever, & qu'elle foit encore aujourd'hui dans l'état qu'on la voit. Ils n'ont cesfé que quand elle s'eft entierement foumise aux papes, fes véritables feigneurs, dont le gouvernement fage & pacifique a réparé les défordres caufés par les guerres inteftines. Les Citoyens chasfés & répandus de tous côtés font revenus s'y établir. On a rebâti les édifices publics & particuliers, on a donné des bornes à l'ambition de la noblesse, & en la mettant hors d'état de troubler la tranquillité publique,en fe foulevant contre fes fouverains. Le gouvernement de la ville de Viterbe eft toujours confié à un prélat, qui a un lieutenant & les autres officiers nécesfaires. Il connoît de toutes les affaires civiles & criminelles, & les juge définitivement, fauf l'appel à la rotte de Rome, ou à l'auditeur du pape. Il y a, outre cela, un confeil de ville pour la police, auquel on a laisfé quelque ombre d'autorité, que la cour & le gouvernement augmentent, ou diminuent à leur volonté. Le gouverneur prélat a un palais fort commode. Les prélats qui roulent dans les gouvernemens, ce qu'on appelle la Via longhara, pour arriver au cardinalat, font obligés de faire figure, pour faire honneur à leur prince & à leur charge. Il faut qu'ils ayent un équipage convenable, un carosfe à fix chevaux, qu'ils foient toujours en état de recevoir les cardinaux, & les prêtres, qui pasient dans leur gouvernement. Il faut qu'ils le traitent, & qu'ils fe gardent bien d'oublier le plus petit point du cérémonial. Cependant les appointemens qu'ils reçoivent de la cour, font fort modiques, & quelques foins qu'eux & leurs lieutenans puisfent prendre de faire valoirleur greffe, & quelqu'économie qu'ils obfervent dans leur dé penfe ordinaire, cela ne fuffiroit pas, s'ils n'y mettoient beaucoup du leur. Heureux, fi dans le cours de leur carriére il ne fe trouve point quelque défaut qui les mettent à Sedere, c'eft-à-dire, qui leur caufe, ou une révocation, ou une difcontinuation des emplois qui faifoient leurs efpérances.

pas

Quelquefois il n'y a point de Troupes réglées à Viterbe, & par conféquent, point de gouverneur des armes Ily a feulement quelques mortes-payes qui gardent le château apellé la Rocca. Ce palais a été la demeure des Papes, qui s'y font retirés, quand ils n'étoient tout-à-fait les maîtres à Rome. Quelquesuns y font morts. On voit dans la cathédrale les tombeaux magnifiques de Jean XXII, & d'Alexandre IV, aux Cordeliers celui d'Adrien V, & aux Dominicains de Gradi, celui de Clément IV. On montre à côté de la cathédrale une fort grande falle, dans laquelle on a tenu quelques conclaves.

La cathédrale, qui eft asfez grande, eft bâtie dans le goût gothique. Ordinairement c'eft un cardinal qui eft pourvû de cet évêché, auquel on a uni celui de Tofcanelle, & le titre de celui de Civita-Vecchia, dont pourtant l'évêque de Viterbe ne parle pas dans fes qualités : il fe contente de fe dire évêque de Viterbe & de Tofcanelle. Quoi qu'il en foit,l'évêché de Viterbe avec fes réunions,ne vaut pas plus de 3000 écus. Il y a dans la ville deux couvens de Capucins, un de conventuels de S. François, un de Recollets, deux de Carmes, un de Minimes, deux d'Augustins, un de Servites, un de l'ordre du bienheureux Pierre Pifan. Le nombre des monaftéres de religieufes eft encore plus confidérable. Il y en a de toutes efpéces. On conferve dans celui des cordeliers le corps de Sainte Rofe de Viterbe, religieufe du

même ordre. On dit qu'il est tout entier dans une chapelle obfcure: la chásfe qui le renferme eft garnie de crystaux, au travers defquels, & à l'aide de quelques bougies, ceux qui ont la vue bonne, voyent le vilage & les mains; le tout fort fec & fort noir. L'églife de ce monastére eft asfez grande, bien bâtie & fort propre. Celle des religieufes de S. Dominique eft petite, mais d'un très-bon goût. Toutes les religieufes de ce Monastére, font filles de condition, quoiqu'il n'y ait fur cela aucune ordonnance particuliere qui oblige de faire des preuves de nobleste, mais feulement un ufage immémorial qui s'y obferve, avec la derniere exactitude. Ce Monastere eft riche: il eft fous la jurisdiction du géneral de l'Ordre, & du provincial de la province Romaine. Il y a un autre Monastere de religieufes de S. Dominique, où l'on reçoit les filles qui ne font pas nobles. Leur maiton eft belle & riche. Outre une commanderie de Malthe, dont l'église est dédiée à Sainte Marie in Carbonara, il y a un Monastere de religieufes du même ordre, dont l'église est dédiée à Sainte Lucie.

La ville eft partagée en feize paroisfes, dont la cathédrale en eft une, & la plus coufidérable. Quatre de ces paroisfes, y compris la Cathédrale, font collégiales. Il y a nombre de chapelles, de confrairies, & d'hôpitaux appartenans à ces confreres & à différens corps de métiers. Il y en a pour les orphelins, pour les enfans expofés, pour les malades, pour les convalefcens, pour les vieillards & pour les incurables Auffi peut-on dire, qu'il y a beaucoup de piété & de charité dans cette ville.

Les fontaines publiques font en grand nombre. La plus belle eft dans la place de la porte de Sainte Lucie, à côté de la Roca. Il y en a dans toutes les autres places ; & quoique bien inférieures à celles dont il vient d'être parlé, elles feroient honneur même à Paris. Toutes celles de Viterbe font de deffeins différens & bien exécutés. Elles font entretenues avec foin, & formées en jets d'eau, qui, en tombant dans les baffins variés, font des cafcades agréables, qui tombent enfin dans le baffin le plus bas, d où l'eau fe répand continuellement dans les rues. Il y a, outre les fontaines, trois ruisfeaux assez confidérables qui pasfent dans la ville & qui fervent à une infinité d'ufages.

Les environs de Viterbe font auffi très-bien arrofés; ce qui ne contribue pas peu à rendre tout le terrein extrêmement fertile. Ces ruisfeaux ou petites rivieres s'appellent en Italien l'Efcalido, le Gelido, le Rivo Ofcuro, le Rivo Urcerio, l'Alcione, le Rofeno, l'Atlao, l'Albiano, le Vesfano, le Catenace, le Vejano, & quantité d'autres moins confidérables, avec des fontaines dont les eaux font bonnes & très-claires. Ces petites rivieres font extrêmement poisfonneuses; & les poisfons qu'elles nourisfent ont un goût merveilleux. On trouve au Sud-oueft, environ à un mille de Viterbe, des aux chaudes dont on fe fert avec fuccès dans différentes maladies. La plus confidérable de ces fontaines bouillantes s'appelle le Bolicane. On la nommoit autrefois Aqua Caja, ou peut-être Aqua Calida. Elles font en effet fi chaudes qu'elles cuifent les viandes qu'on y plonge, & qu'elles les confument entiérement, fi on les y laisfe un peu trop long-tems.

Les vignes du territoire de Viterbe produifent de très-bons vins. Le froment y eft excellent; l'orge, l'avoine, le ris, les pois, les fèves, les lentilles; en un mot toutes forres de grains & de légumes y viennent en perfection. Il y a quantité de meûriers & d'oliviers; on y fait beaucoup de foye & d'huile. Il y a des fruits de toutes efpèces & en quantité, ils ne le cédent guére à ceux de Naples ; en un mot, il n'y manque rien de ce qui peut enrichir un pays par le commerce, & de ce qui fert à la vie, à la délicatesfe & au luxe,

La plus belle maifon de campagne des environs de Viterbe eft à un mille ou environ au Nord-eft du couvent de la Quercia, dont je parlerai un peu plus bas. Elle appartient au duc de Lanti, & elle s'appel

le Bagnaja. Le cardinal Gambra la fit bâtir & y fit de prodigieufes dépenfes. Les appartemens font trèsbeaux & distribués d'une maniere ingénieufe. Il y a de très belles Peintures, des ftatues antiques. Les jardins font grands, magnifiques, bien entretenus; & on voit dans les viviers de très-beaux & de trèsbons poisfons.

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On trouve, à près de deux milles de la ville de Viterbe, une hauteur asfez confidérable, au travers de laquelle on a taillé un chemin étroit ou deux charettes ne pourroient pasfer de front, & tout auprès de la ville on voit une belle allée d'arbres qui conduit au couvent de la Quercia. Cette allée a un mille de longueur : le chemin en eft beau, bien entretenu. L'avant-cour de ce lieu célebre eft formée par des maifons occupées, dans le tems des foires, par des marchands de toute efpéce, qui s'y rendent de tous les états du pape & du grand duc, & qui y font un commerce confidérable. Ces maifons ne font point habitées tout le reste de l'année. On a donné à cette églife le nom de Notre-Dame de la Quercia ou du Che ne,à caufe d'une image merveilleufe de la Sainte Vier ge, qui y eft une fource féconde d'une infinité de miracles qui s'y font tous les jours. Cette image étoit fur une grande toile, attachée fur un chêne au milieu d'un bois, & rendoit un grande clarté pendant la nuit: ce qui ayant été rapporté à l'évêque, il fit construire une chapelle qui couvroit tout le chêne ou la fainte image repofoit. On dresfa un autel au pied de cet arbre, & l'on choifit les religieux de S. Dominique pour avoir foin de ce lieu, & pour célébrer les faints mysteres. La quantité de miracles qui s'y faifoient tous les jours, y attira bien-tôt les peuples de tous les environs, & enfuite ceux de toute l'Italie. Il fallut bâtir une églife plus confidérable, & un couvent pour loger les religieux qui la desfervoient. Cette églife eft grande & très-belle. La grande nefeft accompagnée de deux collatéraux, féparés par des colonnes de pierre rude, trés-bien travaillées. Les arcades font en plein ceintre & portent une architrave, une frise & une corniche, avec tous les ornemens qu'on y peut mettre fans confufion. La nef & les collatéraux font voûtés, & les chapelles, qui font des deux côtés, peuvent pasfer pour belles. Le chœur où les religieux font l'office eft derriere la chapelle qui renferme le chêne où la fainte Image fut trouvée. Il eft à prefent fec, & la devotion des Pélerins l'a fort maltraité en le coupant. On conferve à prefent le tronc avec plus de foin, & fi on en donne à quelques perfonnes, c'eft en petite quantité. L'églife eft pleine de vœux. On ne fe contente pas de les repréfenter en tableaux ; on voit de tous côtés des figures de carton grandes comme nature, qui reprefentent les gens qui ont reçû des graces fingulieres. Les vœux de carton n'étoient pas les feuls qui ornoient cette églife. La piété de fidéles fembloit s'être épuifée, tant on voit d'argenterie & d'ornemens d'or, enrichis de pierreries autour du tableau. Mais cette églife a été dépouillée de ces richesfes. On trouva un matin que des voleurs étoient entrés avec une échelle par une fenêtre & qu'ils avoient tout emporté. On regrete, fur-tout, une large bordure d'or maffif, couverte de diamans, & d'autres pierreries qui étoient autour du S. Tableau. On fit de grandes perquifitions fans pouvoir rien découvrir. Le couvent de la Quercia eft grand; il n'a pas été bâti tout d'un coup, & il eft aifé de s'en appercevoir. Cependant la maifon eft très-logeable. Il y a toujours noviciat & étude, & beaucoup de confesfeurs. C'est une communauté de plus de foixante religieux. Elle eft riche, les cloitres & les cours, les offices & les jardins ont des fontaines & des jets d'eau. Avec tout cela les Domi- nicains ont à l'autre côté de la ville un autre couvent plus agréable, nommé Notre-Dame de Gradi.

Ce couvent eft auffi hors de la ville, près de la porte Romaine. On l'appelle Notre-Dame de Gradi, ou des degrés, à caufe du nombre confidérable de degrés qu'il faut monter, pour arriver à la porte de l'églife & à celle du couvent. Il y a un hôpital où l'on reçoit tous les pèlerins qui vont à Rome, ou qui en

viennent. On n'eft obligé que de leur donner deux repas, & de les coucher une nuit, à moins qu'ils ne foient malades. L'églife de ce couvent eft plus ancienne & plus grande qne celle de la Quercia ; mais elle n'eft pas fi belle. Il y a dans le couvent une bibliotheque nombreuse & bien choifie. On y conferve entre les manufcrits les minutes de Jean Anius, de cette maifon, & mort à Rome, fous le pontificat d'Alexandre VI, à la fin du quinziéme fiécle, étant alors maître du facré palais. Il étoit favant dans les langues grecque, hébraïque & chaldaïque, & trèsverfé dans l'antiquité. Le couvent de Gradi eft riche, & toujours rempli d'un nombre confidérable de religieux, appliqués aux devoirs de leur état & à l'étude. Il en eft forti de fort grands hommes.

2. VITERBE, lieu de France, dans le haut Lan guedoc, diocèfe & recette de Lavaur, à deux lieues à l'Orient de cette ville. Il y a dans ce lieu un château fur l'Agouft.

VITERBIUM, ville d'Italie, dans le patrimoine de Saint Pierre, aujourd'hui Viterbo, & en françois Viterbe. Voyez ce mot. Biondo ne croît pas que ce foit une ville fort ancienne; il ne lui donne que fix cens ans d'ancienneté, encore, dit-il, que dans ce tems-là ce n'étoit qu'un petit village château appellé Viturvium, Cluvier qui dit que Viterbe pourroit être l'ancien Fanum Voltumna de Tite-Live.

ou

VITFLEURS, VITTEFLEURS, ou VILLEFLEURS, bourg de France, dans la Normandie, au pays de Caux, fur la riviere de Paluel, à quatre lieues de Fécamp, à deux de Valmont, & de S. Valery, & à une lieue & demie de la mer. Il a un titre de baronie avec haute-juftice. On y tient marché le famedi, & fa paroisfe porte le titre de S. Martin. * Corn. Dict Mémoires dresfés fur les lieux en 1703.

La baronie de Vitfleurs comprend treize paroisfes en feigneurie & patronage, favoir Vitfleur, Baluel, S. Riquier, Ingouville, S. Valery, Manneville, Pleine-Séve, Velles, la Gaillarde, S. Pierre le Petit, S. Pierre le Vieux, S. Aubin & Tourville fur Scie. Ces treize paroisfes font de l'exemption de Fécamp, dont l'abbé eft baron de Vitfleur. VITHUNGI. Voyez JUTUNGI. VITHYA, Voyez BITHYÆ.

1. VITIA, contrée de la Médie, ou du moins voifine de la mer Cafpienne & de l'Arménie, felon Strabon, l. 11, p. 508, qui dit que les Ænianes de Theffalie fortifiérent dans cette contrée une ville qu'ils nommérent ENEIANA. Il ajoute qu'on y montroit des armes à la maniere des Grecs, auffi-bien que des vafes d'airain & des fépulcres.

2. VITIA. Strabon, l. 11, p. 531, dit que quelques Enianes de Thesfalie bâtirent une ville de ce nom aux environs de la Médie. Ne feroit-ce point la même que ce géographe nomme plus haut Eneiana & qu'il place dans la Vitie? de forte que Vitia auroit été un nom commun à la ville & à la contrée. Voyez l'article précedent. Xylander croit que le mot Vitia, Osiria, eft un mot corrompu.

VITII, peuple que Strabon, l. 11, p. 514, nomme parmi ceux qui habitoient fur le bord de la mer Cafpienne, & à la page 508, il nomme ce peuple ou KeviVTIO; mais la premiere ortographe eft apparemment préférable, puifque le pays s'appel loit Oria.

Κουιτιοι,

VITICINORUM OPPIDUM. Voyez VIDICINORUM OPPIDUM.

1. VITILO, VITOLO, ou VITULO, riviere de la Morée, dans le Brazzo di Maina. Cette petite riviére prend fon cours du nord oriental au midi occidental, & fejette dans la mer de Sapienza, où elle forme un port auquel elle donne fon nom.

2. VITILO, VITOLO, ou VITULO, ville de la Morée dans le Brazzo di Maina, à l'embouchure de la riviére de même nom, au fond d'un port ou petit Golfe, qui fait partie de celui de Coron. Sophien croit que c'eft la ville Bityla des anciens. Voyez ce mot, & celui de BITYLO.

VITIS, fleuve d'Italie, dans la Cifpadane: Pline, l. 3, c. 15, le met entre le Sapis & l'Anemo

au voifinage de Ravenne. C'est le même fleuve que Tite-Live, l. 5, c. 35, nomme Utens, & qu'il donne pour borne aux Senones, du côté du nord. Tum Se nones recentiffimi advenarum ab Utente Flumine ad Efim fines habuere. Cluvier & Cellarius prétendent qu'il faut lire Utens dans Pline au lieu de Vitis. Le nom moderne de ce fleuve eft,felon Cluvier,le Montone qui coule à Ravenne.

VITODURUM, ou VITUDORUM, lieu de la gaule Belgique, dans l'Helvétie, felon la table de Peutinger, qui le marque entre Fines & Vindonisfa,

dans cet ordre :

Fines
Vitudorum
Vindonisfa

M. P. XXII. Leg. M. P. XXIV. Leg.

Ce lieu eft oublié dans l'itinéraire d'Antonin; & quoiqu'aucun manuscrit n'en faffe mention, le nombre des milles qu'ils marquent entre Ad Fines & Vindonisfa fait voir qu'il y a une lacune, ou que du moins le nombre des milles doit être augmenté. Vi todurum de la table de Peutinger tombe précisément à Winterthur. Voyez WINTERTHOUR.

VITOUARD, ruisfeau de France, dans la basfe Normandie. Il prend fa fource au village de Roz, & fe perd dans la mer à Douvre, près de la Délivrande. On dit de ce ruisfeau ce qu'on a dit du Jourdain; favoir que fon débordement eft une marque de la ftérilité de l'année. Le favant Huet remarque que Girardus Cambrenfis a connu ce torrent; mais qu'il s'eft trompé en ce qu'il a dit, que le débordement eft un figne de fertilité.* Piganiol, Defcr. de la France, t. 5, p. 268.

1. VITRAC, bourg de France, dans le Périgord, élection de Sarlat.

2. VITRAC, bourg de France, dans l'Auvergne, élection d'Aurillac.

1. VITRAY, bourg de France, dans la Touraine, élection de Loches.

2, VITRAY, paroisfe de France, dans le Bourbonnois, élection de Montluçon, à fix lieues de la ville de ce nom. Cette paroisfe eft entourée de la forêt de haute-futaye de Tromay, qui appartient au Roi, & dans laquelle les habitans profitent de la glandée. Ils y ont auffi leurs pacages par abonnement. Les terres produifent du feigle & de l'avoine.

VITRE, ville de France, dans la Bretagne, fur la Vilaine, à cinq ou fix lieues au Nord-eft de Ren nes. C'est le fiége de la premiere baronnie de Bretagne, & la feconde ville du diocèfe de Rennes. Elle députe aux états de la Province, qui y ont été même quelquefois affemblés. Il y a à Vitré un chapitre fondé en 1266, par André, baron de Vitré, & un prieuré d'hommes de l'ordre de S. Benoît, fous le titre de Sainte Croix. La ville eft grande & asfez bien peuplée. Les ducs de la Trimouille font propriétaires de cette baronnie, qui leur eft venu par la maison de Laval Montfort, dont ils ont époufé l'héritiere, & acquis les droits par ce mariage. Cette ville étoit connue dès le commencement du douziéme fiécle, puifqu'alors Geofroy de Vendôme, & Amelin évêque de Rennes en font mention dans leurs lettres, par lefquelles on voit que le Seigneur de Vitré étoit déjà un homme puisfant & distingué; il s'appelloit André, & avoit époufé Agnès, fille de Robert comte de Mortain, frere uterin de Guillaume le conquérant. Du même André defcendoit en ligne directe masculine André feigneur de Vitré, qui époufa Constance de Bretagne, de la maifon royale de Dreux. Il eut une fille qui hérita de fon frere André feigneur de Vitré, mort fans enfans; ainfi elle apporta cette feigneurie à fon mari Gui VII, Seigneur de Laval, fous le régne de S. Louis. *Longuerue, Defcr. de la France, t. 87, p. 2. Piganiol, Descr. de la France, t. 5, p. 219.

Les toiles de Vitré fe fabriquent dans les paroisfes, qui font à trois lieues à la ronde de Vitré. Ce font de grosfes toiles de chanvres, qui demeurent écrues fans blanchir. On les envoye en Angleterre pour l'ufage des colonies que les Anglois ont en Amérique. Elles font propres à faire de petites voi

les de navire. On en envoye auffi en Espagne, où elles fervent à l'emballage des marchandifes fines qui en fortent. Ce commerce rapporte environ 40 ou 50 mille livres par an. La ville de Vitré a un commerce qui lui eft particulier. Les femmes & les filles de toute condition y font des bas, des gans de fil, qui s'envoyent par tout, même en Espagne & aux Indes. Il s'en débite par an pour environ vingt-cinq mille livres.

VITRICIUM, ville des Alpes, felon l'itinéraire d'Antonin, qui la marque fur la route de Milan à Vienne, en prenant par les Alpes Graïennes. Il la place entre Eporedia & Augufta Prætoria, à vingt & un milles de la premiere de ces villes, & à vingtcinq milles de la feconde. La table de Peutinger convient avec l'itinéraire d'Antonin, pour la pofition de ce lieu, que les géographes modernes prennent pour Vereggio, ou Verezo fur le Doria ou Doire. Au fieu de Vitricium, quelques manufcrits de l'itinéraire d'Antonin, portent Vitricum, & d'autres lifent Vitridium. C'est le Bitricium de l'anonime de Ravenne.

1. VITRY nom commun à plufieurs villes, bourgs & villages du royaume de France. Hadrien de Valois, Notit. Gal. p. 602, conjecture que ce mot VITRY, Victriacum, ou Vitriacum, vient de quelque verrerie. Il pourroit venir auffi de quelque victoire gagnée, ou de ce que la légion Romaine, dite Victrix, ou victorieufe, a demeuré en garnifon dans le lieu.

2. VITRY, château de France, dans la forêt de Biére, en Gâtinois, en latin, Vietriacum Caftrum. Le Pere Daniel l'appelle Vitry en Brie. C'eft dans ce château que mourut Henri I, roi de France. Il ne refte plus aucune trace de ce nom dans la forêt de Fontainebleau, finon une Croix, qu'on appelle la Croix de Vitry. Le château de Fontainebleau eft vraisemblablement élevé fur les ruines de celui de Vitry. Mabill. Notit. Gal. p. 283.

*

3. VITRY, ancien château de France, dans la forêt d'Orléans, en Gâtinois. Helgald, dans la vie du roi Robert, dit qu'il fonda le monastére de faint Médard à Vitry, in Victriaco Caftro. On ne fçait fi ce même roi fit auffi bâtir le palais de Vitry: il eft du moins très-certain qu'il aimoit le féjour de l'Orléan nois. Ce n'eft plus qu'un village, fitué entre Marolle, Ingrande & les Bordes. Plufieurs anciens monumens de l'histoire de France, font mention de ce lieu. Vitry aux Loges, dans la même forêt, en est une dépendance. * Atlas de Blaeu.

VITRY-LE-BRULÉ, ancienne ville, & à préfent village de France, dans la Champagne, fituée fur la riviere de Saulx, à demi-lieue de Vitry-leFrançois. Elle portoit le titre de comté, & les comtes du Perthois y faifoient leur réfidence. Grégoire de Tours dit que cette ville avoit été bâtie par Carkon, qui la nomma de fon nom Carkonne; d'où vient qu'elle eft appellée en latin Carkonia, & qu'il y établit fa demeure. Les Romains, s'étant rendus maîtres des Gaules, rebâtirent & augmenterent la ville de Carkonia; où la légion Victrix, ou victorieuse, eut fon quartier; & ils la nommerent Victoria, dont on a fait enfuite Victoriacum, d'où eft pris le nom moderne, qui eft Vitry. De Longuerue, Defcr. de la France, part. 1, p. 40, prétend que, quoique le nom latin de Vitry, qui eft Victoriacum, & qu'on a corrompu en Vitriacum, paroisfe ancien, on n'en trouve rien avant le dixième fiecle. C'eft alors feulement, dit-il, qu'on trouve ce château de Vitry, Victoriacum Castrum, propè Castrum Pontione, auprès de la maifon royale de Pontion. L'églife de la paroisfe fut dédiée à faint Menge Memmius, premier évêque de Châlons. Le roi Robert, fit bâtir magnifiquement cette églife, dont on peut juger par les restes. On tient, par tradition, que ce roi y a porté la chape pendant le fervice divin. D'autres prétendent qu'elle a été bâtie par les comtes de Champagne, ainfi qua l'églife collégiale de Notre-Dame, les églifes des prieurés de fainte Geneviève, de faint Thibaud, & de fainte Croix, la léproferie & l'abbaye de faint Jacques. Il paroît qu'en 955, le territoire de Vitry

étoit

étoit encore du domaine royal; mais fous Lothaire, tout cela fut aliéné & abandonné par les rois. Les archevêques de Rheims eurent la feigneurie de Vitry, qu'ils donnerent en fief aux comtes de Troyes ou de Champagne, qui furent vasfeaux de l'églife de Rheims, pour Vitry, comme pour plufieurs autres lieux. On le voit par les bulles d'Alexandre III, & par celle d'Innocent III, dont Marlot rapporte cet extrait, au fecond tome de la métropole de Rheims : Feodum quoque quod ab Ecclefia Remenfi Comes Cama paniæ habere dignofcitur, confirmamus, pro quo tibi [à l'archevêque de Rheims ] tenetur ligium homa gium facere, videlicet Vitriacum [Vitry] Virtutum [Vertus] Regitestum [Rhétel] Castellionem [Châtillon fur Marne] Sparnacum [Epernay] Rouciacum Fimas, Branam [ Braine] & Comitatum Castelli in Portiano [Château Porcien] cum Castellaniis eorum. Cette bulle eft adresfée à l'archevêque Guillaume de Champagne, oncle maternel de Philippe-Auguste; & ce droit fut confervé à l'églife de Rheims, jusqu'à la réunion de la Champagne à la couronne. *Baugier, Mem. Hift. de Champagne, t. I, p. 327. Flodoard. ad an. 952.

Ce pays, l'un des plus agréables du royaume, eft otné de bocages, de fontaines, de rivieres, de châteaux, de villages, de bois, de prés, de vignes, &c. Au milieu de la place publique, on voit une croix de pierre, érigée en mémoire d'un événement, rapporzé à l'an 1317. Les Juifs, qui avoient une fynagogue en cette ville, furent accufés d'avoir voulu empoifonner les puits & les fontaines, pour faire mourir les Chrétiens. Quarante, qui furent emprisonnés pour ce fujet, réfolurent de prévenir, par leur mort, le fupplice qu'on leur destinoit. Un jeune homme d'entr'eux, leur rendit ce fatal fervice, & du linge des morts, fit une corde, pour fe couler en bas de la prifon; mais il fut arrêté par une grille de fer, qui lui casfa la cuisfe. Il fut pris & brûlé vif, avec tous les corps des autres, au même endroit où cette croix eft élevée.

On a découvert, en 1656, l'endroit qui fervoit de cimetiere à cette légion Romaine, dite Victrix, ou victorieufe, qui donna fon nom à cette ancienne ville. Ce cimetiere fut découvert, en faifant un nou veau vignoble à cent pas des remparts de Vitry-leFrançois. Il étoit fur la riviere de Marne. On en tira quantité de tombeaux de pierre, dans lesquels on Trouva des haches Romaines, des javelots, des da gues, des lampes & des vaisseaux, fervant aux liqueurs aromatiques. Il y avoit, dans l'un de ces fépulchres, les osfemens de deux corps, & ces lettres Romaines fur le flanc: CENSORINI Č. R.

ne,

Au reste, Vitry étoit une des principales places de cette province, dans le douziéme fiécle, lorsque Thibaud, comte de Chartres, de Blois, de Meaux & de Troyes, prit les armes contre le roi Louis le Jeu qui attaqua & prit de force cette ville, où il mit le feu, qui confuma le château ; & un grand nombre de perfonnes furent brûlées, comme l'asfure le Chroniqueur de Gemblours, auteur contemporain, en quoi il différe de Guillaume de Nangis, & d'autres écrivains plus modernes, qui marquent cet événement en l'année 1143. Vitry fut, à caufe de cette defolation, nommé le Brûlé; & il n'a jamais pu recou vrer fon premier état.

Cette ville a encore été fujette à d'autres ravages. Jean de Luxembourg, s'étant armé avec le duc de Bourgogne & les Anglois, contre Charles VII, roi de France, brûla Vitry, avec plus de foixante villages. Le troifiéme défastre de cette ville, fut lorsque Charles-Quint la fit brûler & ruiner par fes troupes, en 1544, parce que le feigneur de Brisfac, qui y étoit logé, incommodoit les fourageurs de l'armée de l'Empereur, qui la commandoit en perfonne, devant S. Dizier. Brisfac avoit abandonné cette ville, & s'étoit retiré avec fes troupes, à Châlons. La paix étant faite, François premier réfolut de rétablir Vitry, & de le fortifier; mais comme on remarqua que la ville étoit commandée au couchant, par une montagne asfez haute, il la fit rebâtir, à une demi-lieue plus loin, fur la Marne, au village de Montcontour; Tom. VI.

ce qui donna lieu à la nouvelle ville dont il est parlé dans l'article fuivant. Voyez PERTHES & PERTHOIS. Baugier, Mém. Hift. p. 331.

Outre le feigneur dominant, il y avoit encore à Vitry, un Châtelain héréditaire. On fçait qu'au commencement du douziéme fiécle, un Châtelain de Vitry époufa Mahaud, héritière du comté de Rhétel. L'aîné de leurs enfans, nommé Guitier, fut comte de Rhéthel; & le cadet, appellé Henri, fut Châtelain de Vitry. Ce fut de lui que descendirent, par mâles, les autres Châtelains de Vitry, dont le dernier. fut Robert, qui mourut fous le regne de faint Louis: après quoi, la châtellenie fut réunie au domaine de Champagne. Hadrien de Valois, & quelques autres, veulent que le lieu, nommé Victuriacum, par Grégoire de Tours, & où fut pris le Rebel Munderic, qui fe difoit parent des rois François, du tems de Thierry, fils du grand Clovis, foit le même lieu que Vitry en Perthois; mais plufieurs auteurs n'en con... viennent pas; & en fuivant Aimoin, qui vivoit, il y a plus de fept cens ans, il place en Auvergne le lieu nommé Victuriacum, où fut pris Munderic. * Longuerue, Descr. de la France, part. I, p. 40.

VITRY-LE-CROISÉ, bourg de France, dans la Champagne, élection de Bar-furAube.

VITRY-LE-FRANÇOIS, ville de France, en Champagne, fur la Marne, à fept lieues de Châlons, en remontant vers la fource de cette riviere. On l'appelle Vitry-le-François, parce que François I, qui la fit bâtir, lui donna fon nom & fa devife pour armes, qui font une Salamandre entre des flâmes avec ces mots: Nutrifco & extinguo: ainfi on devroit l'appeller en latin, Victoriacum Francifci, & non pas Victoriacum Francium, que l'ufage femble avoir établi. Cette ville a fuccédé à Vitry en Perthois, comme on l'a vu dans l'article précédent. Les habitans de l'ancienne ville allerent s'établir dans la nouvelle, & François I, y transféra toutes les jurisdic-. tions qui étoient dans l'autre. Henri II, y fit bâtir, fur la grande place, le Palais, dans lequel elles tiennent aujourd'hui leurs féances, & où eft ausfi la chambre de l'hôtel-de-ville. Cette ville eft carrée, d'une grandeur médiocre, bâtie fur une petite éminence, d'une plaine qui va en pente, en descendant imperceptiblement fur la riviere de Marne. Elle eft aujourd'hui très-peuplée, & fait un très-gros commerce, particulierement en grains; ce qui la rend très-riche. Elle eft fermée de terrasfes, avec huit bastions, fans maçonnerie, entourés de fosfés d'eau vive, dans l'un desquels eft le couvent des Récolets. Cette ville eft propre & bien bâtie, quoique les maifons n'y foient que de bois. Ses places font belles & larges pour la plupart. La place, qui eft au centre, eft une des plus fpacieufes qui foient en aucune autre ville. C'eft fur cette place qu'eft la paroisfe, qui eft en même-tems une collégiale. Henri II la fit bâtir feulement de bois, & la dota, dans l'intention que fes revenus feroient employés, après les charges acquittées, à en bâtir une de pierre, qui eft à préfent fort avancée. Il fit ausfi bâtir la halle, dans l'endroit destiné pour les marchés. Il y avoit autrefois, derriere les Récolets, une citadelle, qu'on a démolie, pour des raifons d'Etat, & dont on voit encore quelques reftes.* Bauger, Mém. Hift. p. 331.

Le Chapitre de Vitry-le-François eft compofé de quatre dignités, le doyen, le tréforier, le chantre, le fous-chantre, & de quinze chanoines, dont quatorze font nommés par le roi, & le quinziéme, par le chapitre de l'églife cathédrale de Châlons. Le revenu des dignités eft d'environ fix cens livres, & celui des chanoines d'environ quatre cent cinquante. Ce chapitre, qui eft de fondation royale, eft curé primitif de la paroisfe. Henri, comte de Champagne, commença la fondation en 1180, par celle de deux chapelains, qu'il établit dans fon château de Vitry en Perthois. Ils furent confirmés en 1205, par la comtesfe Blanche, qui, en 1212, établit un collége de chanoines, au nombre de cent; ce qui fut confirmé par le comte Thibault, fon fils, roi de Navarre, en 1222, & autorifé par les bulles du pape Alexandre III.

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La même comtesfe Blanche avoit pourtant depuis réduit le nombre des chanoines à quarante; & enfin, Francois I, les a réduits à feize.

Il y a, outre cela, à Vitry un collége des peres de la Doctrine Chrétienne, qui enfeignent les humanités & la Philofophie; & qui prennent des Penfionnaires. Ils furent établis au mois d'Avril en 1665 par Vialart, évêque de Châlons, qui leur donna douze cens livres de rente für l'hôtel-de-ville de Paris; & la ville de Vitry leur donna pareille fomme à prendre fur les octrois. Le couvent des Minimes,compofé de douze religieux, eft très-bien bâti. Il fut fondé en 1610, par Côme Clauffe, évêque de Châlons; & l'on a uni à ce couvent le prieuré de fainte Croix de Vitri-le-brûlé. Ces religieux jouisfent d'environ trois mille livres de rente. Les Récollets, qui font au nombre de vingtquarre religieux, furent établis en 1612. Les religieufes de la Congrégation, font au nombre de cinquante. La maifon des dames Régentes a été établie & fondée par Vialart, évêque de Châlons. Il y a enfin deux hôpitaux, l'un fervi par quatre religieux de la Charité, & fondé, vers l'an 1676, par feu Morel, maître de la chambre aux deniers: on y compte dix lits fondés. L'autre hôpital, eft l'hôpital-général, érigé par lettres-patentes du roi, du mois de Septembre 1686.

On trouve à Vitry un maître particulier des eaux & forêts, un bailliage, un préfidial créé en 1551, & régi par fa coutume particuliere, un grenier à fel du département de Châlons, & une châtellenie pour les domaines du roi. La Marne, qui commence à être navigable à Vitry, est un grand avantage pour les habitans, qui s'en fervent, pour transporter leurs bleds à Paris. On la pasfe fur un pont.

VITRY-SUR-LOIRE, paroisfe de France, dans la Bourgogne, bailliage & recette de Bourbon-Lancy, à deux lieues de la ville de ce nom, près de la Loire, avec titre de baronnie. Les fiefs, qui font dans cette paroisfe, fe nomment Fraife, Finge, Fon dys, & Ambry, & font mouvans de la feigneurie de Vitry.

VITRY-SUR-SEINE, bourg de l'ifle de France, élection de Paris. Ce bourg eft bien peuplé.

VITRY-SUR-LA-SCARPE, Victoriacum, ancienne bourgade de France, dans la province d'Artois, fur la riviere de Scarpe, à deux lieues de Douai. Ce lieu eft remarquable, pour avoir été le féjour de plufieurs princes, de la premiere race des rois de France. Grégoire de Tours, parle de ce lieu en plufieurs occafions. Jonas, dans la vie de faint Colomban, & Hairulfe, l'appellent Château-Public, Villam Publicam. Sigebert, roi d'Austrafie, y fut poignardé, par des asfasfins que Frédegonde avoit envoyés. Il venoit d'y recevoir l'hommage de tous les feigneurs du royaame de Soisfons. C'eft en ce même endroit que Chilperic fit élever le jeune Clothaire, de peur que fa vie ne fût expofée à de grands dangers dans un autre lieu. * Mabill. de Re Diplom. I. 4, p. 359, Le P. Daniel, Histoire de France, tome 1, P. 158.

VITSENHAUSEN. Voyez WITZEHAUSEN.
VITTARI. Voyez UTTARI.

VITTEAUX, ville de Françe, dans la Bourgogne, recette de Semur, fur la riviere de Braine, dans un pays de montagnes. Cette petite ville a un grenier å fel & une mairie. C'eft la vingt-quatriéme des villes qui députent aux Etats de Bourgogne. Quoiqu'elle n'ait pas plus de mille habitans, elle ne laisfe pas d'avoir un couvent de Minimes, des Urfulines, & un Hôpital. Dans les montagnes, qui l'environnent, on trouve une espéce de marbre noir, mêlé de blanc. Outre la Braine, il pasfe à Vitteaux, un ruisfeau, qui vient de Masfigny, & caufe de grands dommages après les pluies; ce qui contraint les habitans de faire des digues, pour les oppofer à ce torrent. Il y a plufieurs chapelles dans l'églife paroisfiale; fçavoir, celle de faint Michel, de trois cens livres de revenu; celles de faint Jacques & de fainte Magdelaine, qui peuvent valoir cent cinquante livres; celles de tous les Saints, des Ferranes & de fainte Anne, de deux cent quatre livres; enfin, la

chapelle de fainte Catherine, de quatre-vingt livres de revenu.

1. VITTORIA, ville d'Espagne, dans la petite province d'Alava, fur la route de Miranda à Tolofa. Cette ville, la plus confidérable de la province, jouit du titre de Cité, depuis l'an 1431. Quelques-uns même difent qu'elle eft la premiere de Castille, & comptent la province d'Alava pour une partie de ce royaume. Quoi qu'il en foit, Vittoria eft fituée au bout d'une belle vallée : elle a une double enceinte de murailles, dont l'une eft antique, & l'autre moderne: mais du reste, il n'y a aucune fortification. La principale place eft entourée de l'hôtel-de-ville, des couvens de faint François & de faint Dominique, & de plufieurs maifons asfez bien bâties. Au milieu elle eft ornée d'une fort belle fontaine. Ce qui acheve de rendre cette ville agréable, ce font les beaux arbres dont les grandes rues font bordées. La ville eft partagée en deux parties. Il y a la Ville-Neuve & la Vieille-Ville. Tout le monde quitte cette derniere, pour aller demeurer dans l'autre. On y trouve de fort riches marchands. Leur commerce fe fait à Bilbao, ou à Saint Sébastien: il confifte, pour la plus grande partie, en marchandifes de fer. Il s'y fait ausfi quelque trafic de laine & de vin; mais le grand commerce confiste en lames d'épée, qu'on y fabrique en grande quantité. On y tient même un étalon, auquel on les mefure toutes, quand elles font faites, pour voir fi elles font de la longueur qui eft marquée par l'ordonnance. Outre le grand nombre de marchands, qui s'y trouvent, à caufe du commerce, la fituation agréable, & la beauté du lieu, y attire ausfi beaucoup de noblesfe, qui fe fait un plaifir de venir demeurer dans un fi beau féjour. * Délices d'Espagne, p. 94.

La ville de Vittoria doit fa fondation à Don Sanche, roi de Navarre, qui, après avoir conquis la province d'Alava, fur les Maures, bâtit cette ville en mémoire de la victoire qu'il avoit remportée fur les Infidéles. Quelques-uns ajoutent qu'il eut en vue ausfi d'élever un rempart contre le roi de Castille, qui auroit pû lui disputer fa conquête.

2. VITTORIA, ville de l'Amérique, dans la Terre-ferme, au nouveau royaume de Grenade, dans l'audience de Santa-Fé, entre Caramanta & Mariquita, à cinquante lieues, au Nord-Quest, de Santa-Fé. On appelloit ordinairement cette ville, Vittoria de los Remedios. On tient que fon territoire abonde en mines de divers métaux. * De l'Isle, Atlas. De Laet, Desc. des Indes oc. 1. 9, c. 6.

3. VITTORIA, abbaye d'hommes, ordre de Citeaux, dans la Basfe - Carinthie, au diocèfe de Gurck.

VITUDURUM ou VITUDORUM. Voyez VITO

DURUM.

VITULARIA-VIA, chemin d'Italie: Cicéron en parle, au troifiéme livre de fes Epîtres, ad Q. Fratrem, Epist. 1. Ex eo loco [ Manliano] recta Vitularia via profecti fumus in Fufidianum fundum.

VITULI-INSULA, Isle de la Grande-Bretagne, felon Bède, qui dit que dans le pays on la nomme Seolefeu. Il ajoute, que c'eft un lieu tout environné de la Mer, excepté du côté de l'Occident, qu'il y a une entrée, de la largeur d'un jet de fronde: Locus undique mari circundatus, præter ab Occidente, ubi habet ingresfum amplitudinis jactus funda. Au Midi de Chichester, la Mer d'une part, & deux bayes des deux autres côtés, forment une petite presqu'Isle, nommée SELSEY, au lieu de SEALESEG; ce qui fignifie l'Isle des Veaux Marins. Elle n'eft peuplée aujourd'hui, que de villages; mais anciennement on y voyoit fur le rivage oriental, & vers la pointe de la baye, une ville, nommée ausfi Solfey, qui fut longtems florisfante, ayant eu des évêques depuis le feptiéme fiécle, jusqu'au regne de Guillaume le conquérant. Elle fut ruinée par quelque inondation de l'Océan, & le fiége épiscopal fut transféré à Chichester: il n'y reste plus rien que les mafures, qu'on peut voir lorsque la Mer eft basfe; mais lorsqu'elle eft haute, elle les couvre entierement. On fait cas des huitres qui fe pêchent dans ce quartier. * Dél, de la Gr. Br.p.811.

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