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prenoit fon nom de la fontaine de Gehon, qui a fa source en cet endroit, & qui coule de l'Occident au Midi pour aller se jetter dans le torrent de Cédron. *2 Par. 33, 14.

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VALLÉE GRASSE, (La) Vallis Pinguium. C'est la vallée qui est au pied & aux environs de la ville de Samarie. Ce pays étoit fort gras & fort fertile. Samarie étoit assise sur la hauteur qui commandoit cette vallée: In vertice vallis pinguissima. * Ifai. 28, 1, 4.

VALLÉE DE JEPHTAEL, vallée de la Palestine. Elle prenoit apparemment son nom de la ville de Jephtael, frontiere de Zabulon. On n'en fait pas au vrai la fituation. * Jofue, 19, 14

14, 27.

VALLÉE DE JEZRAEL. C'est la même que la VALLÉE D'ESDRELON, ou le GRAND-CHAMP, qui s'étend de l'Orient à l'Occident depuis Scythopolis jusqu'au pied du mont Carmel.

VALLÉE ILLUSTRE, (La) vallée de la Palestine, près de Sichem. C'est la même que la vallée de Moré. L'Hébreu porte Elon-Moré; c'est-à-dire, le Chêne, ou la Chenaye de Moré. * Genef. 12, 6. VALLEE INFÉRIEURE. Voyez BORMIO. VALLÉE INTERIEURE. Voyez BORMIO. VALLEE DE JOSAPHAT. On l'entend ordinairement de lavallée où coule le torrent de Cédron, à l'Orient & au Midi de Jérusalem. Voyez JOSA

PHAT.

VALLÉE DU LAC DE JOUX. Le mont Jura s'élargit considérablement en certains endroits, & renferme dans son sein diverses vallées qui font cenfées être de la Suiffe. Il y en a trois entre autres, qui font partie du bailliage de Romain - Motier, dans le canton de Berne, savoir celle du lac de Joux, celle de Vaulion, & celle de Vallorbe. La premiere est la plus grande. Elle tire fon nom d'un Lac de deux lieues de longueur, & de demi-lieue de largeur, lequel en occupe le milieu. Elle a environ quatre lieues de long, & deux de large. Elle eft bordée de toutes parts; mais fur-tout du côté de la Bourgogne, de grands bois & de hautes montagnes, avec des défilés, qui en font le rempart le plus affuré. Cette vallée est fort peuplée, & renferme huit ou dix villages, qui font trois grandes paroisses, dont les noms font:

L'Abbaye, Le Chenit, Le Lieu.

Celle qui porte le nom d'abbaye doit fon nom & son origine à une ancienne abbaye, qui étoit bâtie au bord du lac, dont l'église fubfiste encore, & qu'on croit avoir été fondée dans le fixieme fiecle par faint Loup, hermite. Etat & délices de la Suiffe, t. 2. p. 300. & fuiv.

Cette vallée, étant fort élevée, & dans le sein des montagnes, ne peut être très-fertile. Il n'y vient aucun fruit, & l'on n'y peut femer que de l'orge & de l'avoine; mais le lac fournit du poiffon en abondance. La montagne donne abondamment du pâturage, & les habitans suppléent au reste par leur industrie. En général on remarque, que les gens des montagnes font plus actifs & plus industrieux ✗, & par-là plus à leur aife que ceux du plat pays, qui semblent avoir plus d'avantage. Il n'y avoit autrefois qu'une seule paroisse & un seul ministre dans toute cette vallée; mais les habitans s'étant multipliés confidérablement, les Bernois ont aussi multiplié les églises, & ont établi trois ministres. Dans ces quartiers du mont Jura, comme dans tous les autres de la même montagne, qui dépendent du canton de Berne, les hommes vont en tout temps au temple, avec le fufil & la bayonnette, comme prêts incessamment à combattre; & pendant le fervice Divin, ils ont leurs fufils entre les jambes, ou bien ils les mettent à des rateliers plantés exprès dans un coin du temple. Ils en usent ainsi, parce qu'ils font fur la frontiere de Bourgogne, & qu'ils se défient des Bourguignons, qui se sont déclarés souvent ennemis des Bernois & de leurs sujets, & entr'autres dans la guerre de 1712.

Ilya a diverses chofes dans cette vallée qu imé

ritent l'attention des curieux. A une portée de canon du village de l'abbaye on voit fortir, du pied d'un rocher, une riviere toute formée, large d'une toise, & profonde d'un pied ou deux, felon les temps, & qui, après avoir fait jouer les marteaux d'une orge, va se perdre dans le lac. A une lieue du même village, dans un coin de la montagne, on voit une profonde caverne d'une toise ou deux de diametre, & au fond de laquelle on entend une riviere fouterraine couler avec un grand bruit. Au reste, quand je parle de toise, j'entens celle de Suiffe, qui est de dix pieds. Mais ce qui est le plus remarquable, c'est le lac même. On ne voit ni d'où il vient, ni où il va. Il est comme partagé en deux lacs par un canal étroit, que l'on paffe fur un grand pont de bois; & à demi-lieue au-dessous de ce pont, le lac se perd dans la terre, par un grand trou qu'on 'peut voir. On croit communément qu'il va par des fouterrains jusqu'à Vallorbe, où il fort une groffe riviere, toute formée, d'un rocher, & que c'est-là l'origine de l'Orbe.

VALLÉES DES LARMES. C'étoit apparemment, dit Dom Calmet, la même que la VALLÉE DES PLEURES, OU DES PLEURANS OU DE BOCHIM. Voyez Judic. 2, 1. & 2, & 2. Reg. 5, 23. & les articles BOCHIM OU CLOTHMON. Cette vallée étoit au midi de Jérusalem. * Pfalm. 83, 7.

VALLÉE LEVONTINA. Voyez LEVONTINA.
VALLEE LUVINO. Voyez BORMIO.

VALLEE DE MAMBRE, près d'Hébron. Voyez
HEBRON.

VALLÉE DE MATTEN, vallée de Suiffe, dans le haut Vallais, au département de Fischbach. Elle aboutit aux frontieres du duché de Milan, à quatre ou cinq lieues de Fisp où elle commence. On y trouve deux chemins pour passer dans ce duché, & on y voit quelques bons villages, entr'autres:

Matt,

Gaffen,
Test ou Dæsch, Stalden
Terminem.

* Etat & délices de la Suisse, t. 4, p. 183.

VALLÉE DES MONTAGNES, (LA) Vallis Montium. C'est ainsi que le prophete Zacharie appelle les vallées qui étoient autour de Jérusalem, & où les habitans de cette ville se sauverent dans leur dernier malheur, lorsque la ville fut affiegée par les Romains. * Zach. 14, 3.

VALLEE DE MORE, près de Sichem. Elle eft auffi nommée la VALLÉE ILLUSTRE, dans la Genefe, c. 12, ν. 6.

VALLÉE DE LA MULTITUDE DE GOG, (La) ou le CIMETIERE DE L'ARMEÉ DE GOG; c'é toit apparemment, dit Dom Calmet, la vallée de Jezrael, dans laquelle nous croyons que l'armée de Cambyse fut défaite, après la mort de ce Prince Voyez l'article GOG, & le commentaire de Dom Calmet fur Ezechiel, c. 39, 11, 15.

VALLÉE DES OUVRIERS, vallis Artificum, vallée de la Palestine, en Hebreu, Ge-harafim. On la place sur le Jourdain, dans la tribu de Benjamin.

*

1. Par. 4, 14. & 2. Esdr. 11, 35.

VALLEE DU RAISIN, vallis Botri: voyez

NEHEL-ESCHOL.

VALLÉE DES RAPHAIM ou VALLÉE DES GEANS. Voyez RAPHAЇМ.

VALLÉE DU ROI. Voyez SAVÉ.

:

VALLÉE DES ROSEAUX, vallis Arundinis vallée de la Palestine: l'hébreu lit la vallée ou le torrent de Kanna. Elle n'étoit pas loin de la mer Morte ou de Taphna. * Jofue, 16, 8. & 17,9.

VALLÉE DE SALINES. Voyez SALINES, 4. VALLÉE DE SASS, vallée de Suiffe, dans le haut Vallais. Voyez l'article FISCHBACH. 3.

VALLÉE DE SAVÉ, autrement la VALLÉE ROYALE. Voyez SAVE.

VALLEE DE SEBOIM. Seboïm étoit une des quatre villes qui furent confumées avec Sodome par le feu du ciel. La vallée de Seboïm, dit Dom Calmet, Dist. étoit donc sur la mer Morte; mais

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On n'en fait pas la fituation. Peut-être que dans la suite on rétablit Seboim. Voyez 2, Esdras, 11, 34. ainsi que Sodome. Quelques-uns prennent Seboim ou Tzeboim, dans un sens génériqne, pour des ferpens, des bafilics ou des hyenes. * Reg. 13, 18. Genes. 10, 18, 19. Ita, Chald. Heb. Vatab.

VALLÉE DE SENNIM, (La) où demeuroit Haber ou Heber le Cinéen. Cette vallée étoit dans la Galilée, aux environs de Sennaa & de Cadès de Nepthali. * Judic. 4, 11.

VALLÉE DES TENTES, (La) convallem Tqbernaculorum. L'Hébreu, dit Dom Calmet, porte la vallée de Socoth. Cette vallée étoit au-delà du Jourdain , & aux environs de la ville de Socoth. Le Pfalmiste met la vallée de Socoth pour tout le pays au-delà du Jourdain. * Pfalm. 59, 6, & 107,8. VALLEE DE TEREBINTHE, (la) ou Saül étoit campé avec l'armée d'Ifrael, lorsque le géant Goliath vint insulter les troupes des Hébreux. Cette vallée étoit au midi de Jérusalem, vers Soco & Azeca. On peut aussi donner le nom de vallée de Térébinthe à la vallée de Mambré, à cause du Térébinthe sous lequel Abraham reçut les trois Anges. Voyez TEREBINTHUS. * I Reg. 17, 2.

VALLEE DE VISION, (la) dans le style prophétique & figuré, fignifie Jerufalem. Elle eft nommée vallée par antiphrafe, parce qu'elle est située sur une montagne; & on lui donne le surnom de vifion, parce qu'elle est le sujet de la prophétie d'Ifaïe, ou parce que le temple de Jerufalem fut bâti sur le mont Moria, qui est la montagne de Vifion. * Ifai, 22, 1, 5. Genef. 22, 14.

VALLÉE DES VOYAGEURS ou DES PELERINS, vallis Viatorum ad orientem maris. Nous croyons, dit Dom Calmet, que cela marque le grand chemin qui étoit au pied du mont Carmel , pour aller de la Judée, de l'Egypte & du pays des Philistins, dans la Phénicie; & réciproquement de la Phénicie, dans le pays des Philiftins, dans la Judée & dans l'Egypte. Ce chemin étoit à l'orient de la Méditerranée. * Ezech. 39,11.

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VALLÉES (les quatre) pays de France en Gafcogne, généralité d'Auch. Il contient les vallées de Magnoac, Aure Neste & Barouse. Castelnan de Magnoac en est la Capitale, & le lieu où se tiennent les affemblées générales du pays. Il est de fubvention, fait un médiocre Don gratuit tous les ans au Roi, & jouit de beaucoup de privileges. Ce pays étoit libre autrefois, & fe donna au roi de France, à condition qu'il le maintiendroit dans ses privileges, & qu'il ne pourroit l'aliéner à moindre Seigneur qu'à lui, à moins que ce ne fût au Pape. Il y a environ 40. ans que le Roi ceda le pays des quatre vallées à M. le duc d'Antin, en échange de quelques terres. Les habitans de ce pays se plaignirent: mais on leur répondit que le Roi ne les avoit point aliénés eux, mais feulement leur domaine. Ce pays est entre le Comminges, le Bigore, & les Pyrenées, fur la frontiere d'Espagne. Sa partie qui est dans les Pyrenées fournit les plus beaux marbres que nous ayons en France, & toutes ses rivieres roulent de l'or. * Mémoires dressés fur les lieux.

VALLEMAGNE, vallis magna, bourg de France, dans le bas Languedoc, recette de Montpellier. Il y a dans ce lieu une abbaye d'hommes de l'ordre de Citeaux, fondée en 1150. Elle est sous le titre de Notre-Dame, & l'Abbé jouit de dix mille livres

de rente.

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France, dans la Provence, viguerie & recette de Sifteron, fur la rive gauche de la Durance.

VALLERS, bourg de France, dans la Touraine, élection de Tours, au fud-ouest, duquel il est situé. Ilya à Vallers des eaux minérales. C'est une paroiffe qui dépend de l'archidiacre de Tours. On y voit une chapelle dédiée à Notre-Dame, pour laquelle les Tourangeaux ont beaucoup de dévotion.

VALLI, peuples d'Afie. Pline, 1. 6, c. 11, dit qu'ils habitoient fur les monts Gordiens, près des portes Caucafiennes, qui étoient dans ces montagnes.ム

VALLIERE, (la) duché de France, dans l'Anjou, élection de Baugé, près d'un étang, dont se forme la riviere de Fare, qui tombe dans le Loir, aux confins de l'Anjou & de la Touraine. Voyez VAUJOUR.

VALLIS, lieu de l'Afrique propre. L'Itinéraire d'Antonin le marque sur la route de Carthage a Cirta, entre Sicilibra & Coreva, à quinze milles du premier de ces lieux, & à vingt milles du fecond. Son nom lui pouvoit venir de sa fituation auprès de quelque retranchement. Holsten a cru que cette ville étoit le même siege epifcopal que la notice des évêchés d'Afrique appellé Uil tanus ou VL litanus; mais il n'y a nulle apparence à cela. Le fiege Ullitanus étoit dans la Numidie, & Vallis ou Vallitanus dans la Proconfulaire. Voyez VALLITANUS.

VALLIS-ALBA, lieu de la Phénicie, felon la notice des dignités de l'Empire, fect. 23, où on lit: Cohors prima Julia lectorum valle Alba.

VALLIS-CARINIANA, lieu de la Pannonie: l'Itineraire d'Antonin le marque fur la route de Sopiana à Acincum, entre Ponte Sociorum & Corfium ou Gorfium, à trente milles du premier de ces lieux, & à égale distance du second. Lazius, 1. 12, reip. Rom. au lieu de Cariniana, lit Carmiana, & dir que ce lieu se nomme aujourdhui babiloza Carettina. VALLIS DOMITIANA, lieu de la baffe Moefie: Pitineraire d'Antonin le marque sur la route d'Arrubium à Nicomédie, entre Salmorude & ad Salices, à dix-sept milles du premier de ces lieux, c' à vingt-fix milles du second.

رو

VÄLLIS-REGIA. Voyez SAVÉ.

VALLITANUS, fiege épiscopal d'Afrique, dans la province Proconsulaire. Bonifacius eft qualifié episcopus plebis Vallitanæ par la conférence de Carthage, No. 135. Surquoi Dupin remarque que S. Optat, 1.2, fait mention d'un autre Boniface, évéque des Donatistes à Rome, & qu'il nomme, Billitanus episcopus. L'itinéraire d'Antonin & la table de Peut utinger marquent vallis dans la Proconfulaire. Dupin ajoute que Reftitutus, appellé episcopus plebis Vallitanæ, fouscrivit en 525. au concile de Carthage fous Boniface. Voyez VALLIS.

VALLORBE ou VAL-ORBE, vallée de Suisse, dans le canton de Berne, dans le mont Jura, près de la vallée du lac de Joux, dont elle est séparée par une haute montagne. Il y a dans cette vallée un village aussi appellé VALLORBE. L'un & l'autre tirent leur nom de la riviere d'Orbe qui y fort d'un rocher toute formée. * Etat & délices de la Suiffe, t. 2, p. 304.

VALLUM ANTONINI PII, retranchement ou muraille élevée par l'empereur Antonin Pie, dans la Grande-Bretagne, pour arrêter les incursions des Calédoniens. On n'est pas d'accord fur l'endroit où fut fait ce retranchement. Camden prétend qu'il paf foit par la ville de Bramenium, aujourd'hui Brampton: & felon la carte du pere Briet, il commençoit auprès de Berwick, à l'embouchure de la Twede, & entroit dans les terres vers le fud-oueft, en fuivant à peu près les mêmes limites qui séparoient l'Ecoffe de l'Angleterre.

VALLUM ou MURUS ADRIANI. Dans la cent vingt-quatrième année de JESUS-CHRIST, l'empereur Hadrien passa dans la Grande-Bretagne, pour y appaiser un foulevement, & après avoir battu les rebelles, il y fit tirer pour la premiere fois, dit Spartian, in Hadriani vita, c. 11. une muraille de quas

tre-vingt milles de longueur, pour empêcher les peuples sauvages du Nord de se jetter sur les sujets des Romains. Cette muraille ou ce retranchement tenoit toute la largeur de l'Isle, depuis une mer jusqu'à l'autre; c'est-à-dire, depuis le bord de la Tyne, au voisinage de New-Castle, jusqu'au bord de l'Eden, près de Carlisle, dans le Cumberland, & de Carlisle jusqu'à la mer. L'auteur des délices dela Grand-Breragne, p. 1140, dit: l'historien qui nous apprend cette circonstance, ne marque pas en quel endroit étoit cette muraille; mais les Écoffois ne doutent nullement que ce ne fût entre les golfes de Glotta & de Bodotria, dans les mêmes endroits où Agricola avoit mis des garnisons quarante ans auparavant ; & ils sont perfuadés que c'est la même muraille, dont il reste des vestiges affez confiderables, entre les golfes dont il vient d'être parlé, qui font ceux de la Cluyd & du Forth. Mais n'en déplaise à cet auteur, & même aux Ecoffois, il paroît que c'est le mur de Severe, qui doit être placé entre ces deux golfes, & non celui d'Adrien; car Spartien, in Hadriani vita, c. II. dit positivement que le mur de Severe fut bâti bien loin au-delà de celui d'Adrien. D'ailleurs, fi le mur de ce dernier avoit été entre les golfes de Cluyd & de Forth, il n'auroit pas eu quatre-vingt mille pas de longueur, mais feulement trente deux mille, mesure qu'Aurelius Victor, epitom. hist. Augusta, & Eutrope, in Severo, 1.7, c. 19, donnent au mur de Severe. Quoiqu'il en soit, les restes de ce grand & merveilleux ouvrage font voir qu'il étoit digne véritablement de la puissance des Romains. D'abord Adrien ne le fit faire que de gazon; mais dans la suite on l'a bâti de gros quartiers de pierre. Cette muraille étoit haute de quinze pieds, & en quel-. ques endroits large de neuf, comme on le peut encore voir par les débris qui en restent. Elle comprenoit un espace d'environ cent mille de longueur à travers des plaines, des vallées, des montagnes & des forêts: de forte qu'elle devoit avoir coûté des peines & des dépenses infinies. Elle étoit flanquée de tours, à la distance de mille pas, les unes des autres; & tour du long on avoit bâti une infinité de bourgs & de châteaux. Les Anglois l'appellent the Picts wall, c'est-à-dire la muraille des Pictes. A Walvic, que l'on croit être l'ancienne Gallana, on voit des vestiges d'anciennes fortifications, & par ticulierement les ruines d'une grande forteresse. Près de cet endroit la Tyne coupe la muraille, passant par une voûte qu'on eut soin d'y construire, & à quelque distance de la muraille les deux Tynes se joignent, pour ne faire plus qu'une seule riviere.

VALLUM SEVERI. L'empereur Sévere étant aussi paffé dans la Grande-Bretagne avec ses deux fils, environ l'an deux cent sept de Jesus-Christ, repoufsa les Calédoniens; & pour les empêcher de revenir dans la province des Romains, il fit élever une muraille qui tenoit toute la largeur de l'isle, d'une mer à l'autre, entre les golfes de Glotta & de Bodotria, aujourd'hui les golfes de Cluyd & de Forth. Cette muraille, ou plutôt ce retranchement, puisque Spartien & les autres auteurs anciens lui donnent le nom VALLUM, fut apparemment forcée par les Calédoniens; car sous l'empire de Dioclétien, Carausius, qui dans la suite se fit proclamer empereur, dépouilla les Calédoniens de leurs terres, & alla rétablir les bornes de l'empire Romain entre les golfes de la Cluyd & du Forth; & foixante ans après, ou environ, Théodose, pere de l'empereur Théodose le Grand, réduifit en forme de province tout le pays qui est entre l'Angleterre & les deux golfes en question. Il l'appella Valentia, du nom de l'empereur; & pour en afsurer la possession aux Romains, il rétablit la muraille de l'empereur Sévere entre les mêmes golfes. Ce pays est la meilleure partie de l'Ecoffe: auffi cette invasion nouvelle irrita tellement les Calédoniens, qu'ils ne cesserent de harceler les Romains & les Bretons leurs sujets. Tant que l'empire Romain eut affez de force pour se foutenir, les efforts des Calédoniens furent inutiles; mais d'abord qu'il vint à chanceler, ces peuples franchirent la barriere qu'on leur avoit opposée, & firent de grands

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ravages dans la province des Romains; de forte que ceux-ci bâtirent de pierre le mur d'Adrien, & abandonerent à l'ennemi la Province Valentia. Voyez l'article précedent.

On apperçoit encore aujourd'huidesrestes de cette muraille, appellée communément la muraille de Sévere, & on en voit le commencement entre Abercorn & Queensberry, dans le voisinage d'Edimbourg. Elle paroît derriere Abercorn, & s'étendoit de là vers l'occident par les provinces de Sterling & de Lenox, jusqu'au golfe de la Cluyd: il en reste encore des vestiges en plusieurs endroits ; & les habitans l'appellent Grames-Dik. Elle coupoit le Kelwin, près de Bridstoun, & s'avançoit de là droità l'occident l'espace de neuf à dix milles, jusqu'à Kilpatrick, sur la Cluyd. Elle étoit bordée d'un foffe à fond de cuve, qu'on avoit tiré tout du long sur le côté du Nord. Les Romains s'étoient contentés de la pousfer jusqu'à Kilpatrick, parce qu'en cet endroit le canal de la Chuyd pouvoir fervir d'un assez bon rempart, ayant un mille de largeur. * Délices de la Gr. Br. p. 1214. & fuiv.

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VALLUM-STILICONIS, ou MURUS-STILICONIS, nom d'une muraille, ou d'un retranchement, qu'on croit que Stilicon fit tirer dans la Grande-Bretagne, le long du rivage, dans un espace d'environ quatre milles, depuis l'embouchure du Darwent, jusqu'à celle de l'Elne, pour défendre ces côtes, contre les irruptions des Scots ou Ecoffois, qui fortoient de l'Irlande, pour se jetter fur ce pays-là. On rapporte à ce sujet ces vers de Claudien., où i fait parler la la Grande-Bretagne en ces termes:

Me quoque vincis pereuntem Gentibus...
Munivit Stilico, totam cum Scotus Hibernam
Movit, & infesto spumavit remige Thetis.

En effet, on voit encore dans ce quartier quelques pans de murailles anciennes.

VALMONT, bourg de France, dans la Normandie, au pays de Caux, avec château, châtellenie, haute justice & abbaye. Ce bourg est situé sur une riviere de fon même nom, à dix lieues de Rouen, au nord-ouest, entre le Havre & faint Valeri. C'est le titre d'une grande & riche seigneurie. Le château, élevé fur la croupe d'une montagne, eft grand, trèsbien bâti, flanqué de fix groffes, logeables, & hautes tours, avec fofles & pont-levis. Au-dedans il y a une cour, de grands bâtimens logeables, dont la façade du fond, portée sur un corridor, est ornée de de différens écuffons, au milieu desquels on voit celui de la Salamandre du roi François I, avec des FF. & des HH. On y trouve une belle chapelle. Une agréable avenue d'arbres, plantés sur la côte, se termine à ce château assis près d'un bois. L'abbaye des grands Bénédictins de Valmont, où il n'y a plus que, trois religieux, fut fondée en 1161. ou 1169, par Nicolas d'Estouteville. Le chœur de fon église, dédiée à Notre-Dame, est beau & bien orne; mais la nef n'a rien que de commun. La croisée du milieu de cette église, & la chapelle de la Vierge, derriere lo chœur, font affez propres. Le bourg, l'abbaye, & l'église paroissiale, qui est fous l'invocation de NotreDame, sont fort resserrés entre deux côtes couvertes de bois. On y tient marché le mercredi, & deux, Foires par année; l'une à la faint Jacques, & l'autre à la saint Nicolas. Le commerce des habitans confiste. en toiles; & la petite riviere qui coule par le bourg, y fait tourner deux moulins. * Corn. Dict. fur des mém. dressés fur les lieux en 1703.

Cette petite riviere a sa source à un demi quart de lieue au-dessus de l'abbaye, au pied d'une côte couverte d'un bois, un peu au-dessous de la petite église paroissiale de saint Ouen au Bosc, & arrose les paroisses de Roumesnil, Bec-Cauchois, Vast-Crist, Colville, faint Valeri & faint Benoît. Au-dessus de. faint Valeri, elle reçoit une autre riviere, qui a fa source très-abondante au pied de l'église paroissiale du Bec de Mortagne, & qui prend ensuite son cours par les paroisses de Bigneville, Memoulins, Granceville & Saint-Ouen; & après que cette riviere s'eft

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mêlée à celle de Valmont; ces deux rivieres, qui n'en font plus qu'une, entrent dans le gros bourg de Fescamp, qu'elles traversent, aussi-bien que le marais, qni est au-dessous, avant que de paffer par les écluses de la chauffée du port, au fortir duquel elles vont se décharger dans la mer.

VALMONTONE, bourg d'Italie, dans la campagne de Rome, avec château. Il est bâti sur une montagne, à sept milles au midi de Palestrine. Quelques-uns ont cru que c'étoit la Labicum des anciens; mais j'aime mieux croire, avec Holstenius, que c'est la Colonna.* Magin, carte dela campagne de Rome. VALNA, Ou VAENA, ville d'Espagne, au royaude Cordoue, au midi du Guadalquivir, dans le voifinage de la commanderie de Porcunna. Cette ville, peu considérable, quoiqu'assez grande, appartient aux ducs de Sexi. Elle est bâtie sur une haute montagne. A un quart de lieue de Valna, on voit une très-belle forêt plantée de citronniers, d'orangers, de datiers & d'oliviers. Comme des voyageurs Allemands passoient autrefois par cette ville, les habitans ayant appris de quelle nation ils étoient, allerent courant après eux, & criant qu'ils feroient rencherir le vin. Bandrand croit que Valna a été appellée Ulia, par les anciens. * Délices d'Espagne, p. 411.

VALOGNE, ou VALOGNES, ville de France, dans la basse Normandie, au diocèse de Coutances, sur un petit ruisseau, à trois lieues de la mer. Ce lieu, qu'on appelle en latin Valoniæ, dit de Longuerue, Descr. de la France, part. 1, p. 79, n'est pas fort ancien, & fon origine est très-incertaine. C Cependant Piganiol de la Force, affure dans sa description de la France, t. 5, p. 416, qu'on dit qu'elle a été bâtie fur les ruines de l'ancienne ville d'Alauna, & ajoute qu'on y voit encore les vestiges d'un grand amphithéâtre, & ceux de plusieurs bains publics. Valogne avoit un château, ou une forteresse qui fut démolie en 1689. Il y a deux paroisses dans cette ville, & plufieurs jurisdictions. On y trouve bailliage, vicomté, mairie, sénéchauffée, fiége des traites, & maîtrises des eaux & forêts. La collégiale de cette ville se nomme faint Malo, & est un chapitre assez diftingué, Le couvent des Cordeliers est remarquable à cause du tombeau de Louis de Bourbon, comte de Rouffillon, amiral de France. On voit encore dans cette ville un couvent de Capucins, une abbaye de Bénédictines, un hôpital général, ou Hôtel-Dieu, d'ancienne fondation, & un séminaire.

Le commerce de l'élection de Valogne est aujourd'hui très-peu de chose. Il y avoit autrefois dans cette ville une manufacture de draps, & on y trafiquoit même plusieurs autres marchandises; mais les marchands ayant été surchargés de taille, se sont presque tous retirés ailleurs, & le commerce est tombé.

1. VALOIRE, abbaye de France, dans la Picardie. Cette abbaye, qui est de l'ordre de Citeaux, fut fondée par Guy, comte de Ponthieu, en 1138. Quatre ans après les religieux furent transférés à Balance, d'où ils font venus s'établir à Valoire sur l'Authie. Jeanne, reine de castille, de Toléde & de Léon, a été enterrée dans cette ahbaye.

2. VALOIRE, vallée de France, dans le Dauphiné, en latin Vallis aurea. Le nom de vallée d'or lui a été donné à cause de sa grande fertilité. Elle s'étend d'orient en occident, du côté du Rhône, quatre lieues plus bas que la ville de Vienne.

1. VALOIS, pays de France, dans la Picardie, mais dans le gouvernement militaire de l'isle de France. Il est borné au nord, par le Soiffonnois, à l'orient par la champagne, au midi par la Brie, & par l'isle de France, & à l'occident par le Beauvoisis. Ce pays de Valois, autrefois comté, & aujourd'hui duché, ne s'appelloit pas en latin Comitatus Valefienfis, comme le nomment les modernes, mais Comitatus Vadensis, à cause d'un lieu ou château nommé Vadum, en françois , où demeuroient ses comtes, & qui est situé entre Crespy & Villers-Cotteretz. Le comté de Valois a eu toujours ses seigneurs depuis le dixieme fiecle; & étant tombé en quenouille, il vint au comte de Vermandois, dont la fille épousa Hugues, fils de Henri I, roi de France.

Cent ans après, ces comtés de Vermandois & de Valois étant core tombés en quenouille, Elifabeth épousa Philippe d'Alface , comte de Flandre, qui n'ayant pas eu d'enfans de cette princesse, ces comtés furent réunis à la couronne par Philippe Auguste. Le roi Philippe le Hardi donna ce comté en partage à fon fils Charles, pere de Philippe VI, dit de Valois, qui réunit fon patrimoine à la couronne. Aujourd'hui le duché de Valois est possédé par la maison d'Orléans, Monfieur, frere unique du roi Louis XIV, l'ayant eu en apanage. Le Valois est un uni, ilabonde en grains; mais il a principalement pays affez beaucoup de bois & de belles forêts. * Longuerue, Descr. de la France, part. 1, p. 21.

2. VALOIS, Valefiæ, bourgade du duché de Lor raine, au diocèse de Toul. C'est un anexe de Mattexey. Son église est sous le titre de saint Léonard. Il y a une chapelle fous le nom de Sainte Croix, & un hermitage, sous l'invocation de fainte Barbe.

3. VALOIS, (les trois) tres Valefii: ce font trois hameaux du Duché de Lorraine, au diocèse de Toul, office de Darney. Ces trois hameaux forment une pa roiffe, dont l'église est dédiée à faint Michel. Le cha pitre de Remiremont est patron de la cure, qui se donne au concours. Le curé a toute la menue dixme, & un tiers de la grosse. Le chapitre a le reste. Le hameau du Pont dépend de cette paroiffe.

1. VALON, fleuve de la Mauritanie Tingitane: Ptolomée, 1.3, c. 1, place fon embouchure entre les villes Ting's & Exilissa, c'est-à-dire, environ au milieu de la côte du détroit de Gibraltar.

2. VALON, bourg de France, dans le bas Languedoc, diocèse de Viviers.

VALONE, (la) ville de l'empire Turc, dans l'Albanie, avec un château & un grand port ou golfe, près des montagnes de la Chimere. Elle fut prise en 1690. par les Vénitiens, qui l'abandonnerent quelque temps après, & ruinerent ses deux châteaux, qui servoient de défense au petit golfe de cette ville. La Valone est à soixante & dix milles d'Otrante, l'Orient; & elle a un archevêque grec. On croit que c'est l'Aulon, dont parle Ptolomée, 1. 3, с. 13.

vers

VALPARAYSO, abbaye d'hommes, ordre de Citeaux, en Espagne, dans le royaume de Léon, au diocèse de Zamora.

VALPARISSO, ou VALPARAISO, bourgade, ou ville de l'Amérique méridionale, au Chili, sur la côte de la mer du sud, dans une coulée affez petite, avec un port célebre.

Le pere Feuillée parle ainsi de Valparisso: cette ville est située dans un vallon au fond d'un golfe, & au pied de hautes montagnes, qui contribuent aux grandes chaleurs qu'on y reffent. Elle eft divisée en haute & basse ville; la basse est sur le bord de la mer, où l'on voit plusieurs magasins qui fervent à renfermer toutes les denrées qu'on apporte du dedans des terres, pour en charger les navires, qui viennent de Lima, & d'autres endroits de la côte, & pour y décharger les marchandises qu'on y transporte de Lima, qui con fistent en toiles, étoffes, & plusieurs autres choses qu'on y transporte d'Europe à Porto-Bello, & qu'on fait passer sur des mules par terre à Panama, où les vaisseaux de Lima les vont prendre. Ces vaisseaux les distribuent dans tous les ports du Pérou & du Chily, ce qui est nécessaire à ceux qui habitent dans les terres, n'ayant chez eux ni toile, ni foie, etant défendu, sous peine de la vie, de semer ni chanvre, ni lin, ni planter de mûriers: défense qu'ont fait les Rois d'Espagne pour assujettir ces peuples; car s'ils avoient tout ce qui leur est nécessaire à la vie, ils pourroient facilement se révolter, & fecouer le joug. Vers le milieu de la basse ville, on voit un couvent d'Augustins, & deux petites rivieres, qui descendent des montagnes : les eaux en font excellentes; leur équilibre avec mon aréometre, dit Fresier, étoit dedeux onces, trois drag. dix-sept grains, poids des meilleures eaux. Dans la haute ville est la paroisse, desservie par quelques prêtres. A l'extrémité de la ville, du côté de l'est, on voit le couvent des religieux de l'ordre de S. François, dont l'église est affez belle. Les habitans de la ville ne font pas riches, & le commerce leur est d'un grand secours pour les besoins de la vie. De cent cinquante fenilles qu'il Peut y avoir, à peine s'en trouve-t-il trente de blancs; Le reste n'est que de noirs, de mulâtres & de métifs.

François Dracq, Anglois de nation, dit dans son voyage autour du monde, qu'étant entré dans la mer du fud, il aborda premierement à Vilparisso, où il surprit un navire Espagnol chargé de riches marchandises, parmi lesquelles il trouva, dit-on, douze mille cinq cens liv. d'or de Baldivia. Ses foldats y brûlerent dix à douze maisons, & un chapelle, que les premiers fondateurs de cette ville y avoient bâtie. Elle essuiale même malheur quelque-temps après; George Spilbergue, vice-amiral de la flotte des Provinces-Unies, étant entré dans la baie de Valparisso, où il ne trouva qu'un seul navire, les habitans eux-mêmes y mirent le feu, ainsi qu'à leurs cabanes qu'ils avoient nouvellement construites, & se retirerent dans les campagnes.

Pourentrer dans le PORT DE VALPARISSO, il faut, en doublant la pointe de ce nom, ranger de près une baffe, qui se fait appercevoir en dedans, à demicablure de terre, afin de gagner au vent; cette basse eft fort saine; car un vaisseau Espagnol en approche à la longueur d'une chaloupe près, sans toucher. Lorfqu'on s'en éloigne trop, on eft obligé de louvoyer long-temps pour gagner le mouillage. En donnant fond avant la pointe de Valpariffo, au nord-ouest quart de nord, la batterie blanche à l'ouest-sud-ouest, & le cap de Concon, au nord quart de nord-est, on a vingt-sept braffes d'eau, fond de vase grife, tirant sur la couleur d'olive. Les vaisseaux Espagnols, qui chargent ou déchargent à Valparisso, se mettent ordinairement si près de terre, qu'ils ont trois ancores à fec, amarrées à des pierres, ou à des corps morts: & à cette distance, ils ont encore huit à dix braffes d'eau. Cette maniere de mouiller est très - bonne, parce qu'en été, régulierement tous les jours, il vient sur le midi des bises de sud-ouest, & de sud, fi fortes, qu'elles font dérader les meilleures ancres. Il faut néanmoins prendre garde à une baffe, qui est à une cablure de terre, affez près de la batterie qu'on appelle Caftillo-Blanco, fur laquelle il n'y a que treize à quatorze pieds d'eau de basse mer, outre que la mer marne jusqu'à fix ou sept pieds. Au reste la baie est fort saine: on peut louvoyer & mouiller par-tout depuis cinquante brasses jusqu'à huit. Il faut seulement prendre garde en portant la bordée du côté des Siete Hermanas, c'est-à-dire, de l'est, de ne pas s'approcher de terre plus de deux cablures & demie, visà-vis une coulée traversée par un grand chemin rougeâtre; il y a dans cet endroit une baffe fur laquelle il ne reste que deux brasses & demie d'eau. On ne mouille ordinairement que dans le coin de la rade, qui eft au-devant de la forteresse, pour la commodité du commerce, & pour la sûreté des navires. Cette rade ne vaut rien du tout, en hyver, parce que les vents du nord, qui entrent sans résistance par l'ouverture, y rendent la mer si mâle, qu'on y a vu quelquefois des navires jettés à la côte. Les vents de sud n'y font guere moins forts en été; mais comme ils vient par-dessus les terres, il n'y a point de mer, & en cas qu'ils faffent dérader les navires, ils ne les jettent qu'au large.

Il y a dans la fortereffe un gouverneur d'armes; c'est ainsi qu'on diftingue cet officier du président du Chili, qu'on appelle simplement gouverneur. Quoique le gouverneur d'armes releve du président, il ne le reconnoit que sous le nom de capitaine général du Chili. Le fort qu'il commande est de peu de conféquence, foit pour être mal fait, foit parce que la rade qu'il défend est voisine d'autres anses, qui ont les mêmes commodités que celle-ci. Telle est celle de Quintero, qui eft fans défense, & n'en est éloignée que de cinq lieues. Il est vrai que celle de Valparisso, comme la plus près de la capitale, est aussi la plus fréquentée du Chili; & c'est pour cette raison qu'on a voulu la mettre à couvert des insultes des Anglois & des Hollandois, qui ont souvent fait des courses far ces côtes. Autrefois il n'y avoit qu'une petite batterie à fleur d'eau; mais depuis environ cinquante

ans, on a bati la grande forteresse, au pied de la haute montagne. Elle est située sur une éminence de moyenne hauteur, coupée vers le sud-eft & le nordest, par deux coulées qui forment deux foffés naturels de vingt à vingt-cinq toises de profondeur, abaifsée presqu'au milieu de la mer: aussi est-elle tout-à fait séparée des éminences voisines, qui font un peuplus hautes. Du côté de la mer, elle est naturellement escarpée a n'y pouvoir monter que très-difficilement, & du côté de la terre, ou de la haute montagne, elle est défendue par un foffé, qui traverse d'une coulée à l'autre, & retranche ainsi l'enceinte de la fortereffe, approchant un peu du carré. La situation du terrein n'a pas permis qu'on y fit une fortification réguliere: ce ne font proprement que des murs de retranchement, qui suivent le contour de la hauteur, quine se flanquent que peu, & souvent point du tout. Sur le milieu du pan, qui est au-dessus de la bourgade, il y a un petit redan de sept toises de face avec sa guérite. Le côté oppofé, qui est au-dessus de la coulée saint Augustin, n'est défendu que par le flanc d'un demi-bastion, qui fait un angle mort, & dont la face tire une défense trop oblique. Le côté de la montagne est composé d'une courtine de vingt-fix toises, & de deux demi-bastions de vingt toises de face, & d'onze de flanc; de forte que la ligne de défense n'est que de quarante-fix toises. Toute cette partie est bâtie de briques, & élevée de ving-cing pieds de haut, sur une berme. La profondeur du foffe est d'environ dix pieds, & fa largeur de trois toises vers les angles saillans, d'où il tire sa défense à l'angle de l'épaule. Il est creusé dans du rocher pourri, que l'on a un peu escarpé aux deux bouts pour le rendre inaccessible par les coulées. Les parapets n'ont que deux pieds & demi d'épaiffeur ; & le reste du contour de la place n'est que d'une maçonnerie de moilon aussi foible. Il n'y a de rempart que du côté de terre pour couvrir la fortereffe, & l'empêcher d'être vue de la montagne, qui s'éleve en pente douce; mais malheureusement les flancs font batus à revers: la courtine & les faces, en enfilades, par les éminences voisines, à la portée du mousquet; de forte qu'il est très-aifé de les rendre inutiles. Au pied du haut fort joignant la bourgade, est une batterie de neuf piéces de canon, élevée de treize, sur un quai de même hauteur, d'où l'on peut le battre, mouillage à fleur d'eau ; mais outre qu'elle ne tire aucune défense par son plan, elle est foudroyée de tous les environs. On l'appelle Castillo-Blanco, parce qu'on l'a blanchie pour la faire voir de loin. Derriere cette batterie, font la porte, l'escalier & la rampe, qui conduit de la bourgade à la forteresse, par un chemin couvert d'un pan de mur, & plus haut par un boyau, dont l'épaulement ne couvre point la porte du corps de la place, qu'on découvre entierement de la rade. Du côté de la montagne, au milieu de la courtine est une autre porte, où faute de pontlevis & dormant, on monte en grimpant du foffé. C'est par-là qu'on fait passer le canal, qui conduit l'eau qu'on tire de la coulée de faint Augustin, pour le haut fort. On peut le couper facilement, & la garnison ne pourroit en avoir d'autre que celle d'un ruifseau qui coule, du fond de la coulée de faint François, par le milieu de la bourgade. On voit par-là combien peu seroit redoutable la fortereffe de Valparisso, dès qu'on auroit mis pied à rerre, comme on le peut faire de beau temps à cette plage, qui est au fond de la rade, dans le lieu nommé l'Almendrad, où l'artillerie ne peut presque point incommoder. presq

Sur la batterie baffe, il y a neuf piéces de canon de fonte, à dix-huit livres de balle, poids d'Espagne, & il n'y en a que deux qui puiffent battre à l'embarquement de l'Almendrad qui en est éloigné de près de demi-lieue. Sur le haur fort il y en a cinq de fix à douze livres de balle, & deux petits obus, qui font en tout feize piéces de fonte.

Selon le capitaine Woodes Rogers, dans son voyage autour du monde, tome 2. fupplément, page 67; on peut compter dix lieues du pont de Concon a celui de Valpariffo. Dans le premier, on trouve un banc fur lequel la mer brife ; & pour y entrer, on doit

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