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Si nous nous en rapportons à Dapper, l'air du Zanguebar eft mal fain, & les fruits n'en font pas bons; parce que le terroir eft bas, marécageux & tout entrecoupé de lacs & de rivieres. Ses habitans font des Négres au poil court & frifé. Ils portent une robe de drap, ou de toile peinte, qui leur pend de la ceinture au bas, & les plus confidérables fe parent de peaux de bêtes à longues queues, qui traînent à terre, par derriere. Les Négres de la côte fe tiennent mieux que ceux du plat pays; mais tant eux, que ceux des Isles voifines vivent de fruits fauvages, de la chair des bêtes farouches, & du lait de leurs troupeaux. Les Arabes Beduines, qui demeurent dans les quartiers de Zanguebar, les plus éloignés de la Mer, ont beaucoup de bétail, qu'ils tirent des Caffres. Pour fuppléer aux grains & aux alimens, dont le pays eft dénué, la nature a placé, dans le pays, quantité de mines d'or, par le moyen desquelles, les habitans fe peuvent fournir de toutes les chofes nécessaires à la vie. Les Négres de la TerreFerme font idolâtres; mais la plupart des Infulaires font Mahométans, isfus d'Arabes, qui furent bannis de leur patrie, parce qu'ils étoient de la fecte d'Hali.

ZANGUIZARA, baye des Indes orientales, fur la côte du royaume de Vifiapour. Entre l'embouchure de la riviere Halewacko & le Havre ou la Rade, à une lieue de l'embouchure de la riviere de Halewacko; mais elle eft incomparablement meilleure à quatre lieues de-là, dans la baye de Zanguizara. * Mandesto, Voyage aux Indes or. 1. 2.

ZANG-WON-HAB, affreufe montagne de la Chine, dans la province de Quanton, au département de Xaocheu. Elle eft voifine de la petite ville d'Ingte, qu'elle domine. * Atlas Sinenfis.

ZANHAGA, ZENEGA ou SENEGAL, défert d'Afrique, dans l'Ethiopie occidentale. C'eft la premiere habitation des déferts de la Libye, vers le Couchant; car elle commence à l'Océan, & occupe tout l'efpace, qui eft entre le cap de Nun & la riviére de Niger, que les Portugais nomment Senega, & les François, Senegal; & qui fépare les Blancs d'avec les Négres. Cette grande contrée a, au Levant, le défert de Tegafa; l'Océan, au Couchant; Nun & Dara, au Septentrion; & au Midi les Benays & les Gelofes, avec les royaumes de Gualata, de Meli & de Tombut. Sur cette côte, à foixante & dix lieues du cap de Nun, il y a un autre cap, qu'on appelle Bojador, où les Portugais s'arrêtérent longtems, avant de pasfer outre, lorsqu'ils alloient à la découverte de cette côte: car la Mer fe recourbe, en cet endroit, de fort loin, & tire vers le Nord, plus de quarante lieues, à l'égard de la côte, qui demeure derriere; c'eft ce qui lui a fait donner le nom de cap de Bojador. A la tête du cap, il y a un reflux, qui les rechasfoit, vers le même endroit, plus de fix lieues; & comme il y a des courans, les bancs de fable faifoient fauter l'eau, du'ne maniere extraordinaire; ce qui épouvantoit fi fort les matelots, qu'ils n'ofoient y aborder. Gilles Zagnez, Portugais, fut le premier, qui, en 1433, doubla ce cap, par l'ordre de l'Infant DonHenri, & lui donna le nom qu'il porte aujourd'hui. Trentelieues, plus loin, le long de la côte, & la Plage, qu'on nomme los Ruvios, à caufe de la mul

titude de fes poisfons, & douze lieues au-delà, on trouve la Plage, qu'on apelle des Chevaliers, à caufe de deux chevaux, qu'on y débarqua. Douze lieues, encore plus loin, la Mer fait, dans la terre, un long canal, qu'on appelle la riviere d'Or; parce qu'avec quantité d'or de Tibar, on y racheta quelques Maures, qui avoient été pris par les Portugais; & ce fut le premier or de ce quartier-là, qu'on vit en Portugal. Douze lieues plus loin, eft la baye, qu'on nomme de Gonçale de Sintre. De-là, on va au port du Cavalier; & vingt-huit lieues au-delà, eft le cap blanc, qu'Antoine de Gonçale, & Tristan, gentilhomme Portugais, découvrirent en 1441. Ce cap eft au vingtiéme d. de latit. C'est en cet endroit que la côte prend une autre route, en faifant un golfe, vers lequel tire le courant de l'eau. Le village d'Anterote donne fon nom à toute cette côte, qui s'étend jusqu'à la riviere de Senega. Douze lieues, par-delá ce cap, font fept rochers, battus de vents & de vagues. Ils avoient, autrefois, chacun un nom particulier; mais on les appelle tous aujourd'hui, Arguin, à caufe d'un fort de ce nom, qu'Alfonfe roi de Portugal, fit bâtir, fur l'une de ces Isles découvertes, en 1443, par le fameux Tristan.* Dapper, Afrique, p. 215.

Le défert de Zanhaga eft habité par les Berveches, les Ludays, les Duleyus, les Senegues, & quelques Arabes. Ils enlevent les troupeaux, & les échangent contre des dattes. Les Arabes de BeniAmir courent quelquefois ce pays; mais leur principale demeure eft entre le cap de Nun & Tagaoft. Ce défert eft fi fec, qu'on ne trouve de l'eau,, que de trente en trente lieues, encore eft-elle falée & amére. On la tire de certains puits, fort profonds, particulierement en allant de Sugulmesfe à Tombut, où l'on fait foixante & dix lieues, à travers le défert, fans trouver d'autre eau, que celle du puits d'Azaoat, & enfuite, celle d'un autre puits, qu'on nomme Araoan, & qui eft à foixante lieues de Tombut. Le pays eft plat, & mal aifé à reconnoître, parce qu'il n'y a ni bois, ni montagne, ni maifon, ni riviere, qui puisse fixer: ainfi, il est bien difficile de ne pas s'y égarer. On s'y conduit, par les vents, par les étoiles, par le vol des corbeaux & des vautours, qui fuivent les lieux habités, à caufe des charognes, & les endroits où il y a des troupeaux. En un mot, le terroir eft fi chaud & fi fec, que dans le défert d'Araoan, on trouve deux tombeaux, fur lesquels font gravées quelques lettres, qui marquent que ceux qui y font enterrés, font, l'un, un riche marchand, qui donna, à un voiturier, dix mille ducats, pour une cruche d'eau, & l'autre, de ce même voiturier, qui mourut de foif, ausfi-bien que le marchand. Les naturels du pays vivent, la plus grande partie de l'année de partie de l'année, du lait de leurs troupeaux, & mangent de la chair de gazelles, & de quelques autres bêtes, qu'ils chasfent.

Les Zenegues fe piquent d'être les plus anciens du pays, & par conféquent les plus nobles. Auffi fontils plus puisfans que les autres. Ils ont régné le long du Niger, & prétendent que les rois de Tombut viennent d'eux. Voyez SENEGAL.

ZANHAGIENS, tribu de Bérébéres, en Afrique, fur la côte de la Barbarie. Les Africains prétendent que ceux des Bérébéres, qui ont habité les premiers la Barbarie, étoient isfus de la tribu des Sabéens, qui vinrent s'y établir, fous la conduite du roi Melek-Ifriqui; que cette tribu, s'étant multipliée, fe partagea en cinq autres, qui furent célebres, fous les noms de Zanhagiens, de Muçamudins, de Zenetes, d'Haoares & de Goméres, d'où il fortit 600 familles, qui formerent ausfi des tribus ; la plupart, fous les mêmes noms, & distinguées des premieres, par le pays, qu'elles habitoient; & les autres, fous des noms différens. Voyez ZENEGUES & ZIS. * Laugier de Tasfy, Histoire du Royaume d'Alger, p. 65.

ZANÍ ou TZANI, peuples des environs de la Colchide. Lorsqu'on va d'Arménie en Perfarménie, dit Procope, Bel. Perfici, l. 1, c. 14, de la trad. de Coufin, on a, au côté droit, le mont Taurus, qui

s'étend jusqu'en Ibérie & en d'autres pays voifins. Il ya, au côté gauche, un long chemin, dont la pente eft douce, & de hautes montagnes, qui font couvertes de neige, en toutes faifons. C'eft de ces montagnes, que le Phase tire fa fource, & d'où il va arrofer la Colchide. Ce pays a été de tout tems habité par les Tzaniens, appellés autrefois Saniens, peuple barbare, & qui ne dépendoit de perfonne. Comme leur terre étoit ftérile, & leur maniere de vivre fauvage, ils ne fubfistoient que de ce qu'ils pilloient dans l'empire. L'empereur leur donnoit, chaque année, une fomme d'argent, afin d'arrêter leurs courfes; mais, fe fouciant fort peu de leurs fermens, ils ne laisfoient pas de venir jusqu'à la Mer, & de voler des Arméniens & des Romains. Ils faifoient de promptes & de foudaines irruptions, & fe retiroient ausfi-tôt dans leur pays. Quand ils étoient rencontrés à la campagne, ils couroient risque d'être battus; mais l'asfiéte des lieux étoit telle, qu'ils ne pouvoient être pris. Sylla, les ayant défaits, par les acheva de les conquérir, par fes caresfes. Ils adoucirent, depuis, la rudesfe de leurs mœurs, en s'enrôlant parmi les Romains, & en les fervant dans les guerres. Ils embrasferent même la religion chrétienne. Ils font appellés Zanni, par Agathias, 7.5, qui les place fur le Pont-Euxin, aux environs de Trapezunte.

armes,

la

ZANIA, ville de la Médie. Ptolomée, l. 6, c. 21, dans les terres.

marque

1. ZANOÉ, ville de la Palestine, dans la tribu de Juda, felon Jofué, c. 5, v. 56. Esdras compte, parmi ceux qui s'employerent á rebâtir Jérufalem, Hanun & les habitans de Zanoé, qui bâtirent les portes de la vallée. Ce furent eux, qui bâtirent cette porte, qui y mirent les deux battans, les ferrures & les barres, & qui refirent mille coudées, des murailles jusqu'à la porte du fumier. Jofué dit que cette ville étoit dans les montagnes; ainfi, elle étoit différente de celle qui fait l'article fuivant. Il y a apparence que ces deux villes furent bâties par Icuthiel, pere de Zanoé, & peuplées par leur postérité. 1, Par. c. 4, v. 18.

2. ZANOE, ville de la Palestine, dans la tribu de Juda. Jofué, c. 15, c. 15, v. 34, qui en parle, la compte au nombre des villes, qui étoient dans la plaine.

ZANTE, Isle de la Mer Ionienne, au Couchanr de la Morée, dont elle eft éloignée d'environ quinze lieues. Cette isle, fituée à cinq lieues, au Midi, de celle de Céphalonie, & à 36 d. 30'. de latit. n'a pas plus de quinze lieues de circuit; mais, en récompenfe, elle eft une des isles les plus agréables & les plus fertiles, qu'on puisfe voir. Elle s'appelloit anciennement Zacynthus: les Grecs l'appellent encore Zacynthus; les Italiens, Zante; & les Anglois, Zant. Wheler dit, dans fon voyage de Dalmatie & de Gréce, avoir vu une médaille, qui repréfentoit la tête de quelque Divinité, & fur le revers de laquelle étoit un trépied d'Apollon, & au-dessous, un foleil rayonnant, avec ce mot, autour: ZAKY

NOION. Boterus a eu raifon de l'appeller l'isle d'or,

à caufe de fa fertilité & de fa beauté.

L'isle de Zante eft gouvernée par un provéditeur Vénitien. Elle a un très-bon port, quoique le vent de Nord-Eft y regne un peu. Le port, qui eft au Midi, n'eft dangereux, que pour ceux qui ne le connoisfent pas. Entre ces deux ports, regne un long promontoire, du côté de l'Orient, & fur lequel il y a une haute montagne, appellée Madonna di Scopà caufe d'une églife, qui eft bâtie desfus, & où y a une image, que l'on dit miraculeufe. Outre la ville, qui porte ausfi le nom de Zante, on compte jusqu'à cinquante villages; les noms des principaux font:

po,

il

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La Ville de Zante peut contenir vingt à vingt-cinq mille ames. Elle s'étend le long de la côte, & regarde le Couchant. Elle n'eft point murée; mais elle a, fur une éminence, une forteresfe, asfez bien munie de canons. Si cette forteresfe lui fert pour fa défenfe, elle l'incommode confidérablement, par la réverbération des rayons du foleil, qui y caufe une chaleur extrême en Eté. L'éminence, fur laquelle la forteresse eft bâtie, abonde en plufieurs fources d'excellente eau, très - fraîche, qui, quoiqu'elles fortent les unes à vingt pas de la Mer, les autres encore à une moindre distance, font cependant ausfi hautes que la furface de la Mer; ce qui fuffit, pour réfuter l'opinion commune, qui veut que ces fontaines viennent de la Mer. Mais elles tirent leur origine des hautes montagnes, comme la fontaine de Grundinero tire la fienne de la montagne de Madonna di Scoppo. Les maifons de la ville, font bâties de pierres de taille, & basses, à caufe des tremblemens de terre, qui y arrivent ordinairement une fois ou deux par semaine, tous les Printems, & qui ébranlent tellement les murailles, qu'elles font presque toutes remplies de fentes. Cependant ces blemens de terre, ne caufent pas de grands dommages.

par.

trem

La langue Italienne eft presqu'ausfi commune à Zante, que la Grecque. Il y a néanmoins très-peu de gens du Rit Latin, quoiqu'ils ayent un évêque, qu'on leur envoye de Venife. Celui des Grecs gouverne ausfi l'isle de Céphalonie, & s'y tient le plus fouvent. Spon, Voyage de Dalmatie & de l'Archipel, qui eft, en quelque façon, contredit Wheler, dans la relation duquel on lit ce qui fuit: « Les » habitans de Zante font profesfion de la religion » Grecque; mais leur doctrine eft fort latinifée, » quoiqu'ils haïsfent extrêmement l'églife Romaine. » Ils ne reçoivent point d'évêque, mais un proto"papa, & ils relevent de l'évêque de Céphalonie. » Il y a cependant un évêque Latin, qu'on a de la » peine à leur faire recevoir civilement. Il y en étoit » arrivé un nouveau, depuis peu, lorsque j'y étois,

& on avoit commandé aux prêtres Grecs de l'ac »compagner jusqu'à l'églife cathédrale, qui eft dans » la forteresfe, lorsqu'il fit fon entrée publique. Il » fut accompagné par quelques ordres de Moines, » qui chantoient à fon entrée, felon l'ufage des La»tins; mais les Grecs, qui le fuivoient, fe mocéglifes, au-dehors & au-dedans de la ville. Les plus » quoient de lui ». Ils ont quantité de petites belles de toutes, font: l'Hagia-pando, ou l'églife de tous les Saints, fituée dans la place, qui conduit au Mole; l'églife de faint Nicolas, fituée fur le Mole eft fort remplie d'offrandes des mariniers. Au-desfus de la ville, en allant à la forteresfe, il y a, à maindroite, une églife, appellée S. Hélie, dans une place charmante, environnée d'orangers, & remarquable, par le tombeau de Cicéron, que quelques-uns veulent qu'on y ait trouvé, avec une inscription, qui parloit de lui & de Tertia Antonia, fa femme. A la pointe, qui regarde Céphalonie, il y a une petite églife Grecque, appellée Santa Veneranda, & dont les Anglois fe fervoient autrefois, pour enterrer leurs morts; mais depuis quelques disputes, qu'ils ont eues avec le papa, on leur a changé la place de leur cimetière, qui eft à préfent à un mille ou deux de la ville, dans une petite églife, fituée dans une plaine, derriere la forteresse.

Zante eft préfentement la principale isle, d'où

porte

viennent les raifins, appellés de Corinthé, & qui ont pris leur nom de la fameufe ville de Corinthe qui les fournisfoit autrefois; car on ne les y cultive plus. Depuis que les Chrétiens ont été déposfédés de la Grèce, & que le Turc a bâti deux châteaux aux bouches du golfe de Lepante, il ne permet pas aux grands vaisfeaux d'entrer dans le golfe, de peur de quelque furprife; & que, fous prétexte d'aller chercher des raifins de Corinthe, on ne fasfe quelque infulte. On fait venir néanmoins de ces raifins, fur la côte du golfe même, & à Vostitfa, & on les à Patras, où il en croît ausfi. Ces trois lieux en peuvent fournir la charge d'un vaisfeau médiocre. Vis-à-vis de Patras, dans le pays des anciens Etoliens, il y a un village, nommé Anatolico, bâti, comme Venife, dans un marais, & peuplé d'environ deux cens feux. Ses habitans y cultivent, dans la terre-ferme du voifinage, le raifin de Corinthe, qui y réusfit merveilleufement. Il eft beau & bon, & deux fois plus gros que celui de Zante: ils en peuvent charger, avec ceux du village de Mesfalongi, un grand vaisfeau. Ce raifin ne vient pas fur des buisfons, comme des grofeilles rouges & blanches, quoiqu'on le croye ordinairement, mais fur des vignes, comme l'autre raifin, excepté que les feuilles font un peu plus épaisfes, & que la grappe eft un peu plus petite. Il n'a aucun pepin, & eft, à Zante, noir. Il croit dans une très belle plaine, de douze milles de long, & de quatre ou cinq de large, à l'abri des montagnes, qui bordent les rivages de l'isle. Cette plaine eft féparée en deux vignobles, où il y a quantité d'oliviers; de cyprès & de maifons de plaifance, qui, avec la forteresfe & la croupe du mont di Scoppo, préfentent un aspect parfaitement beau. On vendange ordinairement ces raifins, dans le mois d'Août, lorsqu'ils font mûrs. On en fait des couches fur la terre, jusqu'à ce qu'ils foient fees; & après qu'on les a rasfemblés, on les nettoye, & on les apporte dans la ville, pour les mettre dans des magafins, qu'ils appellent des Seraglio. Quand on le met en barril, pour l'envoyer en quelque lieu, des hommes fe graisfent les jambes, & le presfent avec les pieds nuds, afin qu'il fe conferve mieux, & qu'il ne tienne pas tant de place. Le millier pefant, revient, à ceux qui l'achetent, environ à vingtquatre écus, quoique le premier achat ne foit que de douze écus; mais il y a de gros droits. On fait quelquefois, par curiofité, du vin de ce raifin. Il eft ces pendant trop violent; & il pourroit pasfer pour de bonne eau-de-vie. Les Anglois ont à Zante un comp toir, conduit par un conful & cinq ou fix marchands, pour le commerce de ce raifin: les Hollandois y ont un conful & un ou deux marchands; & les François n'y ont qu'un commis. Les Anglois y font le principal

commerce.

Une autre curiofité de l'isle de Zante, c'eft une fontaine de poix noire. Elle n'eft qu'à trois ou quatre lieues de la ville, & fort du pied d'une haute montagne, dans le fond du golfe, environ à cent pas de la Mer. Elle fort de la terre avec une belle eau claire, & par morceaux ou pelotons gros comme le doigt, & quelquefois gros comme une noix. Elle ne s'éleve pas préfentement au-desfus de l'eau ; mais il n'y a pas longtems qu'elle le faifoit, à ce que dit Wheler, qui femble contredit par Spon, qui dit que la poix demeure au fond, par fa pefanteur; mais que quand on en tire, il en tombé toujours fur la térre, avec laquelle on fait comme une croute, dont le desfous fe creufe par l'eau de la fontaine; ce qui eft caufe que la terre des environs tremble fous les pieds comme quand on marche fur une planche qui n'eft as forte. Quoiqu'il en foit, cette poix, par fa couleur, resfemble à l'autre poix, mais elle a l'odeur plus forte, & Wheler conjecture qu'elle approche de l'huile d'ambre. Elle eft d'abord molle; mais elle s'endurcit au foleil. On en tire tous les ans aux environs de cent barrils, & elle eft très-bonne à calfeutrer les vaisseaux, quand on la mêle avec du gou

dron..

Outre les raifins de Corinthe, qu i fontexcellens હૈ manger étant frais, il y a Zante d'autres raifins

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qui donnent de bon vin, quoique très-fort. On fait ausfi du muscat en quantité, & qui eft délicieux; mais il ne peut fupporter la Mer. On fait de même beaucoup d'huile, & elle eft excellente; mais il est défendu aux étrangers d'en transporter, de même que du vin. Tout ce que les habitans en peuvent épargner, eft envoyé à Venife. Les melons de Zante ne cedent point à ceux d'Espagne. Il y en a de deux fortes, de blancs & de jaunes. Les blancs, c'est-àdire, ceux qui ont le dedans d'un blanc pále, font au-dehors de couleur verte, & on diroit qu'ils font parfumés avec de l'ambre gris. Ils font courts & ronds comme une boule. Les côtes ne font point ouvragées, mais unies & polies. Les jaunes font comme les blancs, pour la figure; mais ils différent en bonté. On a ausfi les plus belles pêches qu'on puisse voir: elles pefent ordinairement huit à dix onces, & quelques-unes vont jusqu'à quinze & à feize. La chair en eft ferme. Il y a des citrons, des orangers, des figues, des limons, & fur-tout une forte de limons très-gros, avec une écorce fine, remplis d'un jus aigre & excellent, fans pépins.

ZANTO, bourgade de la Basfe-Hongrie, entre Strigonie & Albe-Royale, à cinq lieues de chacune de ces villes. On la prend pour l'ancienne Ofones de l'Itinéraire d'Antonin. * Baudrand, Dict.

ZANTOCH, ville de la Grande-Pologne, dans le palatinat de Posnonie, aux confins de la nouvelle Marche de Brandebourg, fur la rive feptentrionale du Notecz, au-desfous de Nackel. Elle doit fon origine à un château, qui a été le fujet de plufieurs guerres, dans le onzième fiécle, entre les Poméraniens & les Polonois. Dlugoff. 338. De l'Isle, Atlas.

ZANZIBAR, Isle de la Mer des Indes, fur la côte du Zanguebar, vis-à-vis de la terre de faint Rafael, entre l'isle de Pemba & celle de Moufia, dont elle eft féparée, par les Basfes de faint Roch. Cette isle, qui a titre de royaume, peut être à huit lieues de la terre-ferme. Elle produit beaucoup de ris & de mil, & quantité de cannes de fucre. Ses fo rêts ont des citronniers très-hauts, dont les fleurs répandent de loin une odeur très-agréable. Elle abonde en fources d'eau douce, & doit être fort ri che, puisque Ravasco, Portugais, dans l'espace de deux mois, qu'il pasfa aux environs, prit vingt navires de ces Infulaires, & qui étoient chargés de beaucoup de marchandifes, & montés de plufieurs piéces de canon. Leur roi, dès que les Portugais commencerent à paroître dans ces quartiers-là, promit de payer tous les ans, à celui de Portugal, un certain poids d'or. Sanut réduit ce tribut à cent mitigals d'or, & à trente moutons, qu'un capitains Portugais y devoit aller prendre. La plupart des habitans fuivent la religion de Mahomet. * D'Anville Carte de l'Ethiopie orientale. Davity, Afrique.

ZAO, ou PROMONTORIUM ZAO, promontoire de la Gaule Narbonnoife, felon Pline, l. 3, c. 4, dont voici le pasfage: Promontorium Zao: Citharista Portus. C'eft ainfi, dit le pere Hardouin, que lifent tous les manuscrits, au lieu que les exemplaires imprimés portoient Promontorium Citharista, Portus, ou Promontorium Zaocitharista, ou Zaoportus. Ce promontoire s'appelloit ausfi Citharista, comme le port: car on lit, dans Ptolomée, 72, c. 6, of Kitapisos To äxpor. C'eft préfentement le Cap Sicie près de Toulon; & le port Citharista eft aujourd'hui le Port de Saint George, ou le Port de Toulon.

ZAOIT ou ZAUIT BEN GIARBU, ville d'Afrique, dans la Barbarie, au royaume de Tunis, dans la province de Tripoli, asfez près de la ville de ce nom, et à quelque distance de la Mer. Zaoit-benGiarbu n'eft point fermée de murailles. Il y demeure quelques Morabites, qui vivent comme des religieux. Autour de la ville, ce font de grandes allées de palmiers; mais il n'y vient point de bled, & l'on n'y recueille qu'un peu d'orge, parce que ce font tous fablons. Les feigneurs Mahométans ont cette ville en estime, à caufe des Morabites, qui y font leur retraite. * Marmol, Desc. d'Afr. t. 2, p. 571.

ZAORAT ville d'Afrique, fur la côte de la Barbarie, au royaume de Tunis, dans la province de Tripoli. C'eft felon Marmol, Descr. d'Afrique, t. 2, p. 561, une petite ville, fituée à dix-fept lieues de l'is'e de Gelves, du côté du Levant. Elle eft fermée de méchantes murailles, & habitée par de pauvres gens, qui font de la chaux & du plâtre, qu'ils portent vendre à Tripoli, ou qui s'adonnent à la pêche, ou qui vont en courfe avec les vaisfeaux Turcs. Cette ville a été fondée par les Africains, & étoit autrefois fort peuplée, à caufe d'un port, où l'on abordoit de tous côtés pour le commerce. Prolomée lui donne 41 d. 15'. de longit. & 31 d. 30'. de latit. & la nomme Pofidon Portus. Elle fut ruinée, la premiere fois, par Occuba, avec Tripoli. Elle a été encore ruinée plufieurs fois depuis. Les Turcs la posfedent aujourd'hui ; & les gouverneurs de Tripoli la chargent de tant d'impôts, que fes habitans font fort miférables; ausfi n'eft-elle plus, préfentement, que comme un méchant village.

ZAOVIAS, ville d'Afrique, dans l'empire de Maroc, au pied des montagnes de même nom, felon Corneille, qui cite de la Croix, Relat. de l'Afrique, t. 2. Les montagnes de Zaovias, ajoute-t-il, tiennent à celles d'Itata; & la riviere de Sero, qui y prend fa fource, & fe rend dans le fleuve de Marbea, pasfe par la ville. Ce fleuve reçoit ausfi les rivieres d'Oumana, Derna, Louet de Leibit, & les fleuves de Tadela & de Tafaut, & va fe décharger dans la Mer, à Azamor. Le Tafaut, depuis Louet de Leibit, ou riviere des Noirs, qui n'a pas moins de rapidité que le Rhône, fait la féparation du royaume de Maroc, de celui de Fez. Il y a un pont fur ce fleuve, entre Derna & Oumana, avec un château, que Mouley Ismael, aujourd'hui roi de Maroc, y fit faire, pour la conservation de ce pont, que les Barbares avoient coutume de rompre, lorsqu'il leur prenoit envie de fe révolter. Ce pays eft le plus miférable du royaume.

ZAPAORTENON. Voyez APAVORTENE. ZAPARDIEL, riviere d'Espagne, au royaume de Léon. Elle arrofe Medina del Campo; & coulant au Nord, elle fe rend dans le Duero.

ZAPAVORTENE REGIO, contrée d'Afie, felon Pline, 1.6, c. 16; mais le pere Hardouin, fur la foi de tous les manuscrits, qu'il a confultés, lit APAVORTENE. Voyez ce mot.

ZAPETRA, ville, que Cédrène & Curopalate femblent mettre dans l'Arménie, aux environs de la ville de Samofate. * Ortel. Thef

ZAPHAD. Voyez HEPHAD.

ZAPOROGES, peuples compris parmi les Cofaques, & fur lesquels il reste encore au roi de Pologne une ombre de fouveraineté. Ils habitent dans les isles, qui font aux embouchures du Borysthène, & font fous le commandement d'un général de leur nation. Ce font gens féroces & fauvages, mais fans barbarie ni cruauté; rudes & fort impolis, mais braves, & de cette bravoure, qu'on peut appeller une valeur véritable. Ils font vêtus d'une peau de mouton, & vivent d'herbes & de lait. Comme le Borysthène a des cataractes, ainfi que le Nil, & des rochers & chûtes d'eau, qui interrompent fon cours, les Zaporoges, qui vont dans la Mer Noire, par ce fleuve, portent leurs batteaux fur leurs épaules, quand ils arrivent à ces détroits impraticables, & les remettent à l'eau, au-delà des cascades. Ils alloient autrefois pirater jusques dans le Bosphore, & dans les fauxbourgs de Constantinople; & ce fut le fujet des plaintes, que les Turcs commencerent à faire à la république de Pologne, fous le regne de Sigismond; mais enfin, après plufieurs ambasfades inutiles, ils mirent les Polonois dans une femblable nécesfité de fe plaindre, & boucherent le pasfage aux Zaporoges, en fe rendant maîtres des deux forts, qui font à l'embouchure du Borysthène, & en y en ajoutant deux autres dans une isle, qui eft au milieu du canal, vis-à-vis des anciens. Corn. Dict. Mém. du Chevalier de Beaujeu.

ZAPOTECA, province de l'Amériqué feptentrionale, dans la Nouvelle-Espagne. Elle s'érend,

du Midi au Nord, depuis la province de Guaxaca, jusqu'au golfe de Méxique. Elle est toute montueufe & pierreufe, & ne cede en rien, pour la grandeur, à celle de Misteca, ni à aucune autre du voifinage, pour la fertilité du terroir. Ses habitans étoient autrefois fort cruels. Ils avoient des guerres conti nuelles avec les Montagnards des environs, qui s'appelloient Mixes. La principale bourgade de cette province, étoit anciennement Teozapoltan. Leur cacique y demeuroit. Ils n'étoient autrefois couverts que de peaux: depuis, ils ont appris à porter des habits d'étoffe, à couper leurs cheveux, & à porter des chapeaux. * De Laet, Descr. des Indes occid. 1.5, 21.

ZAPUATAN, province de l'Amérique feptentrionale, dans la partie de la Nouvelle-Espagne appellée la Nouvelle-Galice, près de la Mer du Sud. De Laet dit, dans fa Description des Indes occid. 1.6, c. 5, que Nunno de Gusman, après avoir bâti, en 1531, la ville del Espiritu Santo, nommée aujourd'hui Compostelle-la-Neuve, partit avec fa troupe de Chiametlan, entra premierement dans la province de Piaftla, d'où il pasfa dans celle de Za puatan, où il trouva beaucoup plus de femmes que d'hommes, ce qui donna le commencement à cette fable, qu'elle étoit habitée par des Amazones. De la province de Zapuatan, continuant toujours fa route, il arriva enfin à une grande riviere, fort peuplée d'habitans, le long de les rivages, & à laquelle il donna le nom de Rio de la Sal.

ZAR, Zarnium ou Fons Beata Maria, abbaye d'hommes, ordre de Citeaux, dans la Moravie.

1. ZARA, ville des Moabites. Jofeph, Ant. l. 13, c. 23, dit qu'Alexandre Jannée prit cette ville. Le même auteur, Bel. Jud. l. 1, c. 2, paroît mettre une autre ville, nommée Zara, dans la Palestine, aux environs de Joppe: car il dit que Simon s'empara des villes de Zara, de Joppe & de Jamnia. Mais Reland a remarqué que dans cet endroit, il faut lire Gazara, au lieu de Zara, comme cela paroît, par le livre des antiquités Judaïques du même Jofeph, 7. 13, c. 11, par quelques manuscrits de la verfion de Rufin, & par le premier livre des Machabées, où il eft dit, c. 14, v. 34, que Simon a fortifié Joppe fur la côte de la Mer, & Gazara, qui eft fur la frontiere d'Azot, où les ennemis demeuroient aupara

vant.

2. ZARA, ville d'Afie, aux environs de l'Arménie. L'Itinéraire d'Antonin la marque fur la route d'Arabislum à Satala, entre Eumea & Dagolasfum, à dix-huit milles du premier de ces lieux, & à vingt milles du fecond. Dans une autre route, qui prend de Céfarée à Satala, Zara fe trouve entre Camifa & Dag las fum. Simler croit que c'eft la ville Sauriana de Ptolomée.

3. ZARA ou ZAHARA, eft le nom que les Arabes donnent à la Libye: il fignifie Defert. Les mêmes Arabes divifent cette contrée en trois parties, nommées:

Cehel, Zahara, Asgar.

Par le premier de ces noms, ils entendent les quar tiers fablonneux; par le fecond, les pierreux; & par le troifiéme, les marécageux.

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La divifion, la plus commune, felon les géographes, continue Dapper, fe fait en dix provinces ou déferts, dont quelques-uns font asfez peuplés: les quartiers de Nun, qui font du resfort de la Libye, & qu'il compte apparemment pour deux; le défert de Senega ou Zanhaga, Tegaza, Zuenziga, Hayr ou Terga, Lempt, Berdoa, Serte & Alguechet. Mais Cluvier met Lempta, Hayr, Zuenziga, Zanhaga, Terga & Berdoa dans le Biledulgerid, & resferre le Zara entre le royaume de Gaoga & celui de Gua

lata.

Les bords du fleuve Senega font les plus peuplés à caufe du commerce qu'on y fait avec les Négres Mais dans les autres quartiers, les habitations font rares & fort éloignées les unes des autres, parce que le pays eft extrêmemenr chaud & fec, & qu'on y

fait, dans plufieurs endroits, fept ou huit journées de chemin, fans y trouver d'eau; de forte que les marchands, qui vont de Fez à Tombut ou Telenfin, au royaume d'Agadez, font obligés d'avoir des chameaux, qui ne portent que de l'eau. Il eft vrai qu'on trouve quelquefois des puits d'eau falée, qu'on a murés, par dedans, d'os de chameaux, & font couverts de la peau de ces animaux, de peur que le fable ne les comble. Mais on s'expofe beaucoup, quand on entreprend ces fortes de voyages, dans une autre faifon que l'Hiver, fur-tout fi l'on compte de rencontrer ces puits: car il s'éleve, en Eté, des vents fi violens, qu'ils accablent les voyageurs fous le fable, & changent fi fort la fituation des lieux, que ceux qui en échappent, ne fauroient rencontrer une goutte d'eau, pour étancher leur foif, quelque peine qu'ils prennent à creufer. Tout le reméde qu'ils ont, c'eft de tuer promptement leurs chameaux pour boire l'eau qu'ils ont dans le ventre: car quand un chameau boit, il boit pour douze ou quinze jours. Le voyage eft encore plus dangereux, lorsqu'il ne pleut pas en Eté. La fécheresse en eft plus grande, & les vents font plus véhémens. Mais quand il pleut depuis la mi-Août, jusqu'à la fin de Novembre, ou jusqu'au mois de Février, ce qui arrive quelquefois, les pâturages font abondans, & on ne manque alors ni d'eau, ni de lait.

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En général, le terroir du Zara eft fort ftérile: les montagnes, rudes & escarpées, ne portent que des épines & des buisfons. Ses quartiers les plus fertiles, ou les moins ftériles, produifent feulement quelque peu d'orge & quelques dates. Les habitans ne tirent du fecours que de leurs chameaux, de leurs adimnaims & de leurs autruches. Ils fe nourrisfent de la chair de ces animaux, ainfi que du lait, que donnent les femelles des chameaux & des adim-naims. Ces derniers font des animaux domestiques de l'Afrique. On peut les regarder comme une espéce de moutons. Ils font de la grosfeur d'un âne médiocre, & ont les oreilles longues & pendantes. La laine en eft bonne; mais elle eft courte. Les femelles ont des cornes, & les mâles n'en ont point. Ils font doux & asfez forts, pour porter un homme pendant quelque tems. Il y a une très-grande quantité de ferpens & de fauterelles, qui volent à travers des déferts, comme des nuées, & y confument tout ce qui y reste de verdure. Les habitans du pays font de deux espéces des : Pâtres, qui errent dans les campagnes, & qui ne favent que voler, piller, tuer, aller à la chasfe; & des Berébéres, qui ont des demeures fixes, & qui font doux, affables, bons amis, fidéles dans le commerce, & civils envers les étrangers. Les hommes font maigres, & ne vivent pas fi longtems que les autres peuples d'Afrique, quoique l'air du pays foit fi fain, qu'on y amene des malades de Barbarie, pour fe remettre, & que les habitans du pays jouis-, fent ordinairement d'une fanté parfaite, jusqu'à l'âge de foixante ans. Les femmes ont de l'embonpoint, & fur-tout le fein très-gros. L'un & l'autre fexe a le teint bazanné, & un grand penchant aux plaifirs de l'amour. Les Pâtres Arabes vont tout nuds; mais ceux qui ont un peu de modestie, s'enveloppent le corps d'une pièce de gros drap, qui les couvre à peine à moitié. Quelques-uns portent fur la tête une espéce de turban, fait d'un morceau de drap noir & plié à peu-près comme la coëffure des femmes de Molcuere en Frife; mais ceux qui font à leur aife, fe vêtent d'une longue robbe de coton bleu, à manches larges, qu'on leur apporte de la Nigritie. Quand ils veulent voyager, ils montent des chameaux, & leur mettent la felle entre la bosfe & le cou; ils leur percent les narrines, où ils pasfent une bride. avec laquelle ils les gouvernent; mais pour les piquer, ils fe fervent d'un aiguillon, au lieu d'éperons. Ils couchent fur des nates de jonc, & leurs tentes ne font couvertes que de drap, fait de poil de chameau, & d'une certaine laine, qui croît entre les dates. Ils ne favent ce que c'eft que police: la volonté de leur chef, eft l'unique loi qu'ils fuivent, & leur langue, qui tient de l'ancien Africain, eft ru

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de. Leur religion n'eft qu'un Mahométisme grosfier.

Le Zara ou Sara, comme écrit de l'Isle, s'étend, felon ce géographe, d'Occident en Orient, depuis le royaume de Senega ou de Zanhaga, jusqu'au pays de Berdoa, & fe trouve renfermé entre la Barbarie & le pays des Bérébéres, au Nord, & la Nigritie au Midi. Il partage ce vaste pays en trois parties inégales. Dans la plus occidentale, il met, vers le Nord, partie des Barbus, Arabes, les Cerem, les Zorgan les Zorgan, les Garfa, les Esgué, tous Arabes.. Vers le milieu du pays, il place les Guanziga, Zuenziga ou Guanaferis, avec le royaume de Soudan; vers le Midi, il marque le pays de Gordon, où l'on fait quelquefois neuf journées, fans trouver d'eau, le défert d'Azarad, le défert de Ghir, le défert de Tegaza, & à l'Occident, le pays de Tagazel, avec les Arabes, appellés Oulets de Line. La partie, qui occupe le milieu du Zara, comprend le défert de Hayr, où il y a des puits de bonne eau, & vers le Midi, le pays Terga, qui eft fort tempéré, & produit de bonnes herbes. Enfin, dans la troifiéme partie, qui eft à l'Orient, il met, vers le Nord, partie des Sobair Arabes, avec les Sahit, ausfi Arabes; vers le milieu du pays, le défert d'Igidi, le pays des Lumptunes, ou des Lemta, d'où font fortis les Morabites, nommés Almoravides, par les historiens, avec le pays de Caour, & celui des Hembrun Arabes. Le défert des Lumptunes & les Yahays Arabes occupent la partie méridionale.

4. ZARA, anciennement JADERA, ville des états de Venife, dans la Dalmatie, au bord de la Mer, dont elle est toute environnée, & le chef-lieu d'un comté, auquel elle donne fon nom. Nicolas Doglioni dit qu'elle fut fondée par Jader, l'un des descendans de Noé, à la feptiéme génération, environ deux mille ans avant Jefus-Chrift. Ce qu'il y a de certain, c'est que les plus anciens géographes parlent de Zara, comme d'une ville confidérable, & capita-; le de la Liburnie. On trouve en effet, dans Vegece, la Liburnic, qui eft une partie de la Dalmatie, dépend de la ville de Zara.

que

Cette ville archiepiscopale eft aujourd'hui la mieux fortifiée de toutes les places maritimes, que posfede la république de Venife. Elle eft fituée dans une Peninfule, qui s'avance dans la Mer, & qui est devenue une isle, par le moyen des fosfés, qu'on a creufés dans l'Ifthme, qui attachoit, du côté de l'Orient, la Péninfule au continent de la Dalmatie. Les fosfés regnent ainfi d'une Mer à l'autre, & fe, remplisfent d'eau aux marées hautes. Le port eft au Nord, bien asfuré par la ville, qui lui fert comme de mole, pour le défendre des vents du Midi, qui, font les feuls qui pourroient l'incommoder : car il est bordé par le continent, à l'Orient, au Nord & au Nord occidental. Son entrée eft à l'Ouest, où il y a deux bastions ronds, avec une batterie de canons. Du côté de l'Orient, la ville de Zara eft fortifiée de trois bastions, commandés par une forte citadelle,. dont les fosfés font taillés dans le roc, qui regne. dans tout le voifinage, & qui empêche qu'on ne, puisfe employer la mine pour l'attaquer. Ses bastions, ainfi que fes demi-lunes & fes contrescarpes font contreminés & revêtus de pierres de taille. Les trois bastions de la ville, du côté de l'Orient, font réguliers, & ne fe trouvent féparés de la citadelle, que par un fosfé large & profond. Il n'y a point de hauteur aux environs, qui commande ni la ville, ni la forteresfe. Tout cela fait que Zara passe, à juste titre, pour le boulevart de la république de ce côté. Ladislas, roi de Naples, (Hift. & Descr. du royaume de Hongrie, 1688, p. 325,) fous l'obéisfance de qui elle étoit, la vendit aux Vénitiens, en 1409. Bajazet II, la leur enleva, en 1498, & les Vénitiens la reprirent. Ils l'ont confervée depuis, & le Turc, pendant la guerre de Candie, n'approcha jamais de Zara, fans y recevoir de la confufion.

Dans les églifes de Zara, on voit d'excellentes piéces de peinture, de la main de Tintoret, de Palma & de Titien. Dans l'églife de S. Simeon, audesfus de l'autel, eft un corps faint, apporté de

Judée.

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