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ZERUIS; ville de la Thrace, felon l'Itinéraire d'Antonin, qui la marque fur la route de Dyrrachium à Byzance, en pasfant par la Macédoine & la Thrace. Elle s'y trouve entre Dyma & Plotinopolis, à vingt-quatre milles de chacune de ces villes. Quelques manuscrits portent Zeruim, & Simler lit Zerne. Cette derniere ortographe a porté Ortelius à foupçonner que cette ville pouvoit être celle qu'Etienne le géographe appelle Therne, & ausfi celle que Cédrène nomme Tzerna. Quoi qu'il en foit, la table de Peutinger lit Zirinis, au lieu de Zeruis, & Alting a cru entrevoir, dans Zirinis, des traces de Trajanopolis. Mais Wesfeling croit que Zirinis eft la véritable ortographe; qu'il eft question de la ville Zirinia, qu'Etienne le géographe met dans la Thrace; & que cette ville n'a rien de commun avec Trajanopolis, comme on peut le voir, par l'Itinéraire d'Antonin, & par la table de Peutinger.

ZERYNTHIUM. Voyez APOLLINIS TEMPLUM, No. 1.

ZERYNTHUM ANTRUM. Voy. ZERYN

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Ζήρυνθον ἄντρον τῆς κυνοςφαγε θεᾶς.

Le Scholiaste de Lycophron, Etienne le géographe, & le Lexicon de Phavorinus, mettent cette caverne dans la Thrace. Tite-Live, 4. 38, c. 41, qui connoît Zerynthus, fous le nom d'Apollinis Zerynthi Templum, le place ausfi dans la Thrace, aux confins du territoire de la ville d'Ænus: Eo die, dit-il, ad Hebrum flumen perventum eft. Inde Eniorum fines, præter Apollinis (Zerynthum quem vocant incola) Templum fuperant. Cependant Suidas, & le Scholiaste d'Aristophane, veulent que l'antre de Zerynthe fut dans l'isle de Samothrace. Ovide, l. 1, Trift. Eleg. 9, pourroit dire la même chofe; mais il en parle d'une maniere fi vague, qu'il ne décide

rien:

Venimus ad portus Imbria terra tuos.
Inde levi vento Zerynthia littora nactis

Threiciam tetigit fesfa carina Samon. ZETAPOR ou CENTAPOR, ville de la presqu'isle de l'Inde, en-deçà du Gange. Cette petite ville eft fituée fur la côte de la province de Decan, & prife, par quelques géographes, pour l'ancienne Mandagora.

ZETH ou ZETHA, royaume d'Afrique, dans la Haute-Ethiopie, ou Abysfinie, près du royaume de Nerea, mais plus avant dans la Terre-ferme. Il eft ausfi voifin de ceux de Koncho & de Mahaola. Les Abysfins l'appellent Zesta. * Dapper, Afrique, 1.414

ZETHA. Voyez ZITHA & ZETTA. ZETHIS OU ZETIS, ville de la Carmanie. Pline, 7.6, c. 23, en fait mention. Hermolaus lit Cethis, fur la foi d'un ancien manuscrit ; & Ortelius eft tenté de croire que c'est la véritable ortographe; parce que Pomponius Mela met, dans ce quartier-là, un Aeuve, appellé Cethis; & qu'il eft asfez ordinaire de voir que des villes portent le nom des fleuves, au bord desquels elles font fituées.

ZETTA, ville de l'Afrique propre, felon Hirtius, Bel. Afric. c. 68 & 74, qui dit qu'elle étoit voifine de Vacca. Quelques-uns conjecturent que c'eft la ville de Zella de Strabon; mais leur opinion n'eft fondée que fur le voifinage de ces places. Ortelius la prend pour la ville de Zetha, que Ptolomée, l. 4, c. 3, place à la pointe d'un promontoire de même nom, fur la côte, qui joint les deux Syrthes, entre Hedaphtha & Sabathra; & Mercator dit que le nom

moderne eft Zebi. Enfin, Ortelius foupçonne que ce pourroit être le Municipe Pontezita, de l'Itinéraire d'Antonin. La conférence de Carthage fair mention de Zettenfis.

ZETUNIM, ville de Gréce, dans les Thermopyles, felon Chalcondyle, cité par Ortelius. Ne feroit-ce point la ville Zetunium de Cédrène, & celle de Zitunium de Curopalate?

ZEVAREH, ville de Perfe, fituée à l'extrémité du Défert. Elle fut bâtie par le frere de Roustem Dastan. Elle a, dans fa dépendance, trente villages. *Manuscrits de la Biblioth. du Roi.

ZEUDRACARTA. Voyez ZADRACARTA.

ZEVENAR, ville d'Allemagne, dans le cercle de Weftphalie, au duché de Clèves, à deux lieues de la ville de Doesbourg, vers le Midi, & à trois lieues d'Arnheim, du côté de l'Orient. Cette ville fe trouve enclavée entre la Gueldre-Hollandoife, & le comté de Zutphen.

ZEVERIN ou SEVERINO, ville de la HauteHongrie, fur le Danube, aux confins de la Walaquie, à dix-huit ou vingt lieues de Temeswar. Les géographes font partagés fur le nom que les anciens donnoient à cette ville. Les uns la prennent pour celle de Sornum, & les autres pour celle d'Acmonia. Corneille écrit Zeverinam.

ZEUGIS. Voyez ZEUGITANA.

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ZEUGITANA REGIO. Les anciens ont donné ce nom à une partie de l'Afrique propre, qu'ils divifoient en Zeugitane & en Bizacène. Ils ne nous ont pas marqué les bornes précises, qui féparoient ces deux provinces. Pline dit feulemment que la Zeugitane comprenoit Carthage, Utique Hippone, Diarrithum, Maxulla, Mifua, Clupea & Neapolis; d'où l'on voit qu'elle s'étendoit, d'Occident en Orient, depuis le fleuve Tusca, jusqu'au promontoire de Mercure, où étoient Clupea & Neapolis; mais il ne dit point quelle étendue elle avoit dans les terres. Il paroît qu'elle avoit la Mer Méditérranée, au Septentrion & à l'Orient, la Byzacène au Midi, & la Numidie au Couchant. Quoique la Zeugitane ne fût qu'une partie de l'Afrique propre, ou des terres, qui avoient appartenu à l'ancienne Carthage, Pline, l. 5, c. 4, femble ne connoître que cette contrée, fous le nom d'Afrique proprement dite: A Tusca Zeugitana regio, & qua propriè voca- • tur Africa. Mais on ne peut exclure la Byzacène de l'Afrique propre; car ces deux contrées furent foumifes aux Carthaginois, & ne firent enfuite, pendant long tems, qu'une feule province Romaine. Ethicus, à la fin de fa Cosmographie, au lieu de Zeugitana regio, écrit Zeuges & Zeugis; & dit que Zeuges étoit le nom d'une province; que Bygantium, car c'est ainfi qu'il appelle Byzacium, eft le pays où fe trouve la métropole d'Hadrumete; & que Zeugis eft la province où a été bâtie la ville de Carthage: Zeuges prius non unius loci cognomentum, fed totius Provinciæ fuit, velut in hodiernum ita à prudentibus accipitur. Byzantium eft ubi ejus Metropo lis Civitas Hadrumetus fita eft: Zeugis eft ubi Carthago Civitas constituta eft. On lit, dans Solin, c. 27, Omnis Africa à Zeugitano pede incipit; & Saumaife interprête cette expresfion, à pede, par d limite & explique encore ce pasfage de Pline, A Tusca Zeugitana regio, & quæ propriè vocatur Africa, comme fi Pline avoit voulu faire entendre que la Zeugitane étoit différente de l'Afrique propre, qui n'auroit ainfi commencé qu'aux limites de la Zeugitane, à Zeugitano pede, ou limite. Cellarius, Geogr. ant. l. 4, c. 4, dit que ce pasfage de Pline, où tous les autres ont puifé, Zeugitana regio & quæ propriè vocatur Africa, paroît devoir être interprêté comme fait le pere Hardouin; eademque proprie Africa vocitata, comme l'ont entendu Æthicus, ci-dessus cité: Ifidore de Séville, qui dit, l. 14, Orig. 6. 5: Zeugis ubi Carthago magna, ipfa eft & vera Africa, inter facium & Numidiam fita; Marcianus Capella, où on lit, 1.6, de Africæ prov. Interius Zeugitana regio, quæ propriè vocatur Africa; & Victor d'Utique, qui, dans fon traité de la perfécution d'Afrique, l. 1

confond

confond ces mots : Zeugitane & Proconfulaire, comme des noms fynonymes: Exercitui [Geifericus] Zengitanam vel Proconfularem funiculo hereditatis divifit.

Si nous nous en rapportons à Marius Niger, dit Ortelius, c'eft de la contrée Zeugitane, qu'eft fortie cette espèce d'hommes, que nous voyons errans en Europe, à la maniere des anciens Nomades, & qui font appellés Zingani ou Zingari, dans l'Italie; Ziegeiner, dans la Haute-Allemagne; Egyptenaren, ou Heylieden, c'est-à-dire, Egyptiens ou Payens, dans la Basfe-Allemagne, & que nous appellons Egyptiens, parce qu'ils fe difent chasfés de la petite Egypte. Mais où eft cette petite Egypte, pourfuit Ortelius? Aucun auteur n'a divifé l'Egypte en grande & petite. Le pape, Pie II, dit que ces gens-là font venus d'une contrée, nommée Zogoria, & fituée près du Caucafe. Aventinus les fait venir des confins de la Turquie & de la Hongrie. Philippe de Bergame veut qu'ils foient originaires de la Chaldée. Rhodiginus veut que ce foient les Maurufii, qui furent chasfés d'Afrique, par les Sarrafins. Bellon les croit fortis de la Bulgarie & de la Walachie,' où étoient autrefois les Syginni, nom, qui approche asfez de celui de Ziegeiner. Thevet dit qu'il y en a en Egypte, où les Arabes & les Maures les appellent Rafolheramy, c'eft-à-dire, voleurs. Jean Léon en trouve en quelques endroits de l'Afrique, comme aux confins des royaumes d'Agades & de Nubie. «Il » n'y a lieu en tout le monde, dit Bellon, l. 2, des " fingularités obfervées, c. 41, qui foit exempt de ces » gens, que nous nommons de faux noms Egyp> tiens ou Baumiens: car mêmement étant entre la » Materée & le Caire, nous en trouvions de gran» des compagnies, & ausfi le long du Nil, en plu» fieurs villages d'Egypte, campés desfous des palmiers, qui étoient ausfi-bien étrangers en ce pays » là, comme ils font aux nôtres. Et pour ce que leur » origine eft de Wallachie ou Bulgarie, ils favent » parler plufieurs langues, & font chrétiens. Les » Italiens les nomment Singuani. Ils ont privilége » des Turcs, qu'il eft loifible aux femmes Singua»nes de fe prostituer publiquement à tous, tant aux » Chrétiens, comme aux Turcs mêmes, & ont une » maifon dedans Pera, fauxbourg de Constantino»ple, avec plufieurs chambres, où chacun peut en"trer librement, fans que la justice Turquoife leur » puisfe rien dire. Et pour le moins, il y a une » douzaine de femmes, qui fe tiennent ordinaire»ment leans ».

L'histoire nous apprend que ces gens-là commencerent à fe faire voir en Europe, vers l'an 1417. Ils vivent dans une grande mifére. On les voit partout avec un habit étranger. Ils fe difent chrétiens, quoiqu'ils n'en pratiquent guéres les œuvres; car ils font grands voleurs, & font profesfion de deviner, par l'inspection des mains; ce qui contribue beaucoup à les faire fubfister, une infinité de femmes & d'enfans ayant la demangeaifon de fe faire dire la bonne avanture. Ils choifisfent parmi-eux un chef, à qui ils obéisfent. Ils ont une langue particuliere, dont ils ufent entr'eux, & que perfonne autre n'entend. Aventinus cependant asfure avoir remarqué que c'étoit la langue des anciens Venedes.

1. ZEUGMA, ville de la Dace, felon Ptolomée, 1.3, c. 8. Rithaimerus & Althamerus veulent que ce foit préfentement Claufemburg. Lazius la place à Zazfebes, autrement Mulenbach. Si cette ville Zeugma eft, comme il y a quelque apparence, le lieu, nommé Pons Augusti, dans la table de Peutinger, il faut chercher cette ville au bord du Rhabon, aujourd'hui la riviere de Maros, ou au bord de la Sargetia, à quinze milles de Sarmategte, ou plutôt Sarmategetufe, capitale de la Dace.

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2. ZEUGMA, ville de Syrie, dans la Commagébord de l'Euphrate, entre Samofate & Europus, avec un pont, qui avoit occafionné fon nom; car Zeue, fignifie un Pont. Strabon, l. 16, p. 749, après avoir décrit la Commagéne, dit que c'eft où fe trouvoit, de fon tems, la Zeugma, ou le pont de l'Euphrate, c'est-à-dire, ce pont fi célebre & fi Tome VI.

fréquenté des Romains, qui vouloient pasfer dans les contrées orientales. Pline, l. 5, c. 45, qui met Zeugma à foixante & douze milles de Samofate, le compte au nombre des villes que l'Euphrate arrofoit: Item Zeugna, LXXII, millibus pasfuum à Samofatis, tranfitu Euphratis nobile; ce qui fait voir qu'il y avoit une ville de même nom, fituée du côté de la Syrie. Le même auteur s'explique encore plus clairement: car il dit avoir appris que dans la ville de Zeugma, fur l'Euphrate, on voyoit la chaîne de fer, dont Alexandre le grand s'étoit fervi, pour joindre le pont, qu'il avoit jetté fur le fleuve. Pline n'eft pas le feul, qui fasfe Alexandre fondateur de ce pont. DionCasfius, .40, p. 128, dit que ce pont eft appellé Zeugma, depuis l'expédition d'Alexandre, qui traverfa l'Euphrate dans cet endroit: Crasfo autem Euphratem apud Zeugma [ fic enim ab Alexandri expeditione, quod ibi flumen transmifit, adpellatur] tranfeunti.... On trouve, dans Etienne le Géographe, que Zeugma eft une ville de Syrie, fur l'Euphrate, dans le lieu où Alexandre fit pasfer fon armée, fur un pont joint avec des chaînes; Zeyμa Tónis Zuplas ἐπὶ τῷ Ευφράτη, ο Αλέξανδρος ζέυξας αλύσεσι διεβίβασε τα orarinsda: & Lucain paroît avoir eu la même pensée, lorsqu'il a donné à Zeugma l'épithéte de Pellæum, 1.8, v. 235.

Tot meritis obftricta meis, nunc Parthia ruptis
Excedat claustris vetitam per fæcula ripam,
Zeugmaque Pellæum.

Malgré ces autorités, il n'eft guéres posfible de se
perfuader qu'Alexandre le grand ait bâti ce pont, &
que ce foit dans ce lieu, qu'il ait fait pasfer l'Eu-
phrate à fon armée. D'un côté, Arrien, Z. 3, p. 168,
écrit qu'Alexandre, étant arrivé à Thapfacus, y
trouva le pont de Darius rompu, le répara, & y fit
pasfer fon armée; d'autre part, cette route conve-
noit beaucoup mieux à Alexandre qui venoit
d'Egypte, & alloit chercher Darius, qui fe trou-
voit du côté de Babylone. Il n'eft pas posfible de fe
figurer qu'Alexandre , pour traverser l'Euphrate,
ait remonté jusques dans la Commagéne, dans le
tems qu'il avoit à Thapfacus, & près de lui, un
pont, abandonné par l'ennemi. On ne fauroit même
prouver, par le témoignage d'aucun ancien, qu'Ale-
xandre ait jamais été dans la Commagene. D'ailleurs,
Plutarque, Florus, Tacite & Ammien Marcellin,
ont parlé de la ville & du pont de Zeugma, fans tou-
cher aucunement cette prétendue circonstance du
pasfage d'Alexandre. Du reste, on ne doit pas con-
clure de-là, que la ville de Zeugma & fon pont
foient des ouvrages peu anciens. Il y a apparence
que la fondation de l'un & de l'autre doit être pla-
cée peu de tems après la mort d'Alexandre: car Pli-
ne, l. 5, c. 24, remarque que' Seleucus fonda Zeug-
ma, célebre par fon pasfage fur l'Euphrate, & Apa-
mée, qui étoit de l'autre côté du fleuve, & fut join-
te à la premiere de ces villes, par le pont: Zeugma
LXXII. millibus pasfuum à Samofatis; tranfitu Eu-
phratis nobile. Ex adverfo Apamiam Seleucus, idem
utriusque conditor Ponte junxerat. Polybe, l. 5, c. 43,
& Strabon, l. 16, mettent, fur l'autre bord du fleu-
ve, vis-à-vis de Zeugma, un lieu fortifié, nommé
Seleucie, & non Apamée; mais peut-être ce lieu
porta-t-il le nom de Seleucus, fon fondateur, &
celui de fa femme; peut-être ausfi la forteresse étoit-
elle double; ce qui put occafionner les deux noms.
put
*Cellar. Géogr. ant.

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c. 12.

Paufanias, l. 10, c. 29, fait la fondation du pont de Zeugma beaucoup plus ancienne qu'aucun autre auteur. Après avoir dit que Bacchus, qui faifoit voile avec de plus grandes forces que Théfée, lui enleva Ariadne, il ajoute: & fi je ne me trompe, c'est le même Bacchus, qui, le premier, pousfa fes conquêtes jusques dans les Indes, & qui jetta le premier un pont fur l'Euphrate, à l'endroit où depuis on a bâti une ville, qui, pour conferver la mémoire de cet évenement, a été nommée Zeugma. On y voit encore un cable, fait de farment & de rameau de lierre,

Aaa

dont on dir que Bacchus fe fervit, pour attacher le pont aux deux rives du fleuve.

ZEUGMINUM, nom, que Nicétas Choniate dit qu'on donnoit autrefois à la forteresfe, que de fon tems on appelloit Sirmium. Voyez SIRMIUM & SCORDISCI.

ZEVIOT ou TEVIOT: les Anglois nomment ainfi cette chaîne de montagnes, qui fert de borne entre l'Angleterre & l'Ecosfe. * Del. de la Gr. Br. p. 1112.

ZEUXIMA: les historiens du Japon font mention d'un roi de Zeuxima; & la relation Hollandoife, qui nous donne la description de la Corée, & dont nous avons parlé, à l'article de cette péninfule, nous apprend que les Japonnois de Zeuxima trafiquent en Corée; cependant ce royaume n'eft marqué dans aucune carte du Japon; mais bien un royaume ou province d'Idzumo, la plus occidentale de la partie du Nord de la grande isle Nipon, & vis-à-vis de la Corée; ce qui peut faire juger qu'Idzumo & Zeuxima font la même province. Ces changemens & ces variations de nom, font asfez ordinaires au Japon.

ZEY, petit torrent d'Allemagne, dans l'archevêché de Mayence, anciennement Ciana. Il pasfe par la ville de Mayence, & va fe perdre dans le

Rhin.

ZEYBO, ville de l'Amérique feptentrionale, dans l'isle Hispaniola, autrement Saint Domingue, fur la côte méridionale, entre Salvaleon & Coluy, environ à vingt lieues de la ville de S. Domingo, vers l'Eft, & vers l'isle de Saora.

ZEZARO, ZEZERO ou ZZZERE. Voyez ZE

ZERE.

ZEZERE, riviere de Portugal, anciennement Ozecarus. Elle prend fa fource dans la province de Beira, au Midi, & près de Guarda, d'où elle entre dans l'Estremadoure, & y arrofe Pedragan; après quoi, elle va fe perdre dans le Tage, près de Punhete. Elle s'y jette avec une telle roideur, qu'elle coupe l'eau de ce fleuve, jusqu'au bord oppofé, & conferve fes eaux, fans mélange, environ l'espace de mille pas; ce qu'on reconnoît à fa couleur de verd obfcur, au lieu que l'eau du Tage eft blanchâtre. Les principales rivieres, que reçoit le Zezere, font: le Nabaon ou Naban, & la Pera. * Del. de Portugal, p.722,737,738 & 740.

ZEZIL, IZLY, ou, felon quelques-uns, GIGLUA. Voyez IZLI.

ZEZZAN, ville de l'Arabie - Heureufe. Davity, Arabie, la met à une petite distance de la ville d'Imbo, & asfez proche de l'isle de Ca

maran.'

1. ZIA, Isle de l'Archipel, fituée, par fon bout feptentrional, à quatre lieues, à l'Cueft quart au Nord-oueft, de l'isle de Jura, qu'on nomme autrement Trava, à cinq lieues, au Midi, de l'isle d'Eubée, connue aujourd'hui fous le nom de Négrepont, dont elle fut féparée, par un coup de mer, fuivant le témoignage de Pline, à fix lieues, au Sud-Oueft, quart à l'Queft, du cap Nord-Ouest de l'isle d'Andros, & à trois petites lieues d'Allemagne, ou à cinq milles d'Italie, à l'Orient, & au Sud-Eft quart à l'Eft, de l'isle de Macronifi, autrement Ifola Longa. Strabon la place tout près de l'isle d'Hélene ou de Macronifi; mais Pline l'en éloigne de cinq mil les. Elle s'étend en longueur du Sud-Ouest au NordEft, & peut avoir trente milles d'Italie de circuit. Elle est beaucoup plus petite que celle de Macronifi. La côte occidentale s'étend à peu-près vers le Septentrion, depuis fon extrémité méridionale, jusqu'au port, ou jusqu'à ce qu'on ait l'isle de George d'Arbore, à quarre lieues Oueft-Sud-Oueft; mais enfuite, le rivage fe recourbe du côté de l'Orient, & s'étend Nord-Eft quart au Nord. On compte trentefix milles de Thermic à Zia, quoiqu'il n'y en ait pas douze de cap-en-cap.*Dapper, Descr. de l'Archipel, p. 264.

,

L'isle de Zia, eft celle que les anciens Grecs appelloient Ceos, & par abréviation, Cos, & qui fut nommée, par les Latins, Cea ou Cia, felon Pline.

On lui donne encore aujourd'hui le nom de Cea ou Zea; & il y en a même qui l'appellent Cios & Cianos. Les Grecs l'avoient nommée auparavant Hydrusfa, c'est-à-dire, abondante en eau, à caufe qu'elle en eft bien pourvue. Pline remarque, après Aristote, que le nom d'Eyárusfa n'étoit pas particulier à cette isle, puisque l'isle de Tenos avoit été ainfi appellée, & pour la même raifon. Dans la fuite, on la nomma Ceos ou Cea, de Céus, fils du géant Titan.

Aristée, fils d'Apollon & de Cyrène, affligé de la mort de fon fils Actéon, quitta la ville de Thèbes, à la perfuafion de fa mere, & fe retira dans l'isle de Ceos, alors inhabitée. Diodore de Sicile, 7.4, dit qu'il fe retira dans l'isle de Cos; mais il y a apparence que ce nom étoit commun à la patrie d'Hippocrate, & à l'isle de Keos ou Ceos, & Cea: car Etienne le géographe a employé le nom de Kos, pour Keos; fi ce n'eft une faute de copiste, ausfi-bien que dans Diodore de Sicile. Quoi qu'il en foit, l'isle de Ceos devint fi peuplée, qu'il fut ordonné que ceux qui pasferoient foixante ans, boiroient de la ciguë, pour le faire mourir, afin que les autres trouvâsfent de quoi fubfister dans le pays. Cependant ce pays étoit cultivé avec le dernier foin, comme il paroît, par les murailles qu'on avoit bâtics, jusqu'à l'extrêmité des montagnes, pour en foutenir les terres. A la vérité, on ne faifoit pas grand cas de la vie, dans cette isle. Strabon rapporte que les Athéniens leverent le fiége d'Ioulis; parce qu'ils apprirent qu'on avoit réfolu de faire mourir les enfans d'un certain âge. Tournefort, Voyage du Levant, t. 1, p. 126. Servius in Virgil. Geogr. 1, Strab. l. 10.

*

Cette isle devoit être incomparablement plus grande, fi Pline, (7.2, c. 92, & l. 4, c. 12 ) a été bien informé des changemens qui lui font arrivés. Autrefois, fuivant cet auteur, elle tenoit à l'isle d'Eubée: la Mer en fit deux isles, & emporta la plus grande partie des terres, qui regardoient la Bootie. Tout cela s'accommode asfez avec la figure de Zia, qui s'allonge du Nord au Sud, & fe rétrecit de l'Eft à l'Ouest. Peut-être que ce fut l'effet du débordement du Pont-Euxin, dont a parlé Diodore de Sicile.

De quatre fameufes villes, qu'il y avoit dans Ceos, il ne reste que Carthée, fur les ruines de laquelle eft bâti le bourg de Zia; c'eft de quoi l'on ne fanroit douter, en lifant Strabon & Pline. Ce dernier asfüre

que

Poeesfe & Caresfus furent abîmées; & Strabon écrit que les habitans de Poeesfe pasferent à Çarthée, & ceux de Caresfus à Ioulis. Or, la fituation d'Ioulis eft fi bien connue, qu'on n'en peut douter. Il ne reste donc plus que Carthée, remplie encore d'une infinité de marbres casfés, ou employés dans les maifons du bourg de Zia. Voyez l'article fuivant.

En prenant la route du Sud-Sud-Eft du bourg de Zia, on arrive aux restes fuperbes de l'ancienne ville d'Ioulis, connue, par les gens du pays, fous le nom de Polis, comme qui diroit la ville. Ces ruines occupent une montagne, au pied de laquelle les vagues fe viennent brifer; mais, du tems de Strabon, éloignée de la Mer d'environ trois milles. Caresfus lui fervoit de port. Aujourd'hui, il n'y a que deux méchantes cales, & les ruines de l'ancienne citadelle font fur la pointe du cap. Dans un lieu plus enfoncé, on distingue le temple, par fes débris. La plûparr des colomnes ont le fuft, moitié lisfe, moitié cannelé, du diamêtre de deux pieds moins deux pouces, à cannelures de trois pouces de large. On descend à la Marine, par un bel escalier, taillé dans le marbre, pour aller voir, fur le bord de la cale, une figure fans bras & fans tête. La draperie en eft bien étendue; la cuisfe & la jambe font bien articulées. On croit que c'est la ftatue de la déesfe Nemefis; car elle eft dans l'atitude d'une perfonne qui pourfuit quelqu'un. Les restes de la ville font fur la colline, & s'étendent jusques dans la vallée où coule la fontaine Ioulis, belle fource, d'où la place avoit pris fon nom. On ne fauroit guéres voir de plus gros quartiers de marbre, que ceux qu'on avoit employés à bâtir les murailles de

cette ville. Il y en a de plus de douze pieds de longs. Dans les ruines de la ville, parmi les champs, femés d'orge, on trouve, dans une chapelle Grecque, le reste d'une inscription, fur un marbre cas é, où on lit encore: Louid, accufatif d'is; le mot de rés s'y trouve deux fois. On alloit de cette ville à Carthée, par le plus beau chemin qu'il y cut peut-être dans la Gréce, & qui fubfiste encore l'espace de plus de trois milles, traverfant les collines à mi-core, foutenu par une muraille couverte de grands quartiers de pierre plate grifâtre, qui fe fend ausfi facilement que l'ardoife, & dont on couvre les maifons & les chapelles dans la plupart des isles. Ioulis, comme dit Strabon 1. 10, fut la patrie de Simonide, poëte lyrique, & de Bacylide, fon coufin. Erafistrate, fameux médecin, & Ariston, le Péripatéticien, nâquirent ausfi dans cette isle. Les marbres d'Oxford nous apprennent que Simonide, fils de Leoprepis, inventa une espèce de mémoire artificielle, dont il montroit les principes à Athènes, & qu'il descendoit d'un autre Simonide, grand poëte, ausfi fort estimé dans la même ville, & dont il eft parlé dans l'époque 50. Un de ces Simonides inventa ces vers lugubres, que l'on chantoit aux enterre

mens.

Après la défaite de Casfius & de Brutus, MarcAntoine donna, aux Athéniens, Cea, Egine, Tenos, & quelques autres isles voifines. Il eft hors de doute que Cea fut foumife aux empereurs Romains, & pasfa dans le domaine des Grecs. Je ne fais en quelle année elle fut annexée au duché de Naxi; mais Pierre Juftiniani & Dominique Michel s'en em parerent, fous Henri II, empereur Latin de Constantinople. Le pere Sauger, Histoire des Ducs de l'Archipel, a remarqué que pendant les guerres des Vénitiens & des Génois, Nicolas Carceiro, neuviéme duc de l'Archipel, s'étant déclaré pour les premiers, Zia, qui étoit de fa dépendance, fut asfié gée par Philippe Doria, gouverneur de Scio. La garnifon, qui n'étoit que de cent hommes, fe rendit à discrétion dans la citadelle du bourg. Du Cange, Histoire de Constantinople, 1.3, qui rapporte cette expédition, à l'an 1553, a cru que l'isle de Zia appartenoit aux Génois; mais il vaut mieux s'en tenir au pere Sauger, qui a examiné, fur les lieux, les archives de Naxie. Zia fut enfuite rendue aux ducs de l'Archipel, qui la conferverent jusqu'à la déca dence de leur état. Jacques Crispole, le dernier duc, la donna en dot à fa foeur Thadée, femme de JeanFrançois de Sommerive, huitiéme & dernier feigneur d'Andros, dépouillé par Barberousfe, fous Solyman II. * Du Cange, Hift. de Constantinople,

1.2.

L'isle de Zia eft asfez bien cultivée à préfent, & fes champs font fertiles. On y nourrit de bons troupeaux; mais on y recueille peu de froment, beaucoup d'orge, asfez de vin, plus de foie qu'à Thermie, & beaucoup de Velani; c'eft ainfi qu'on appelle le fruit d'une des plus belles espéces de chêne, qui foit au monde; les Grecs nomment cet arbre, Veladina. Il y a ausfi, dans cette isle, ausfi-bien que dans celle de Thermie, le long des chemins, une belle espéce de bouillon blanc, à feuilles ondées, cotonneufes & blanches, bien différent de celui qui vient en Provence & en Languedoc. On trouve encore dans cette isle, du plomb, femblable à celui de Siphanto, & principalement au-delà du monastere de Sainte-Marine. On voit, dans ce quartier-là, de la craye, asfez femblable à celle de Briançon. D'ailleurs, Zia manque d'huile & de bois. Le gibier y abonde, furtout, les perdrix & les pigeons; mais fouvent les habitans n'ont ni poudre ni plomb, pour les tuer.

Il n'y a que cinq ou fix familles du Rit Latin, dans Zia. Leur églife eft pauvre, & desfervie par un vicaire, à qui l'évêque de Tine ne donne que quinze écus par an, encore faut-il qu'il les aille chercher à Tine: car on ne connoît pas les lettres de change dans ce pays. L'évêque Grec eft asfez riche, & toute l'isle eft pleine de papas & de chapelles. On compte cinq monasteres de ce Rit: S. Pantaleon, Sainte

Anne, la Madona d'Episcopi, Daphni & SainteMarine, où l'on fait voir, comme une merveille du pays, une ancienne tour cairée, batie de gros quarz tiers de pierre ordinaire, coupés obliquement fur les côtés, pour ne pas trop les racourcir, en les équarrisfant, & taillés à face de diamans. L'air les a fort endommagés; mais, à parler franchement, cette piéce n'ett pas fort digne d'admiration. Au-desfous de Sainte-Marine, en allant à la Mer, coule un petit ruisfeau; ce pourroit bien être l'Elixus, qui pasfoit à Caresfus.

Les bourgeois de Zia s'attroupent ordinairement, pour filer de la foie, & s'asfeyent fur les bords de leurs terrasfes, afin de laisfer tomber le fufeau jusqu'au bas de la rue, qu'ils retirent enfuite, roulant le fil. De Tournefort & fa compagnie trouverent l'évêque Grec en cetté posture, qui demanda quels gens ils étoient, & leur fit dire que leurs occupations étoient bien frivoles, s'ils ne cherchoient que des plantes & de vieux marbres; mais il eut, pour réponfe, que l'on feroit plus édifié de lui voir, à la main, les œuvres de faint Chryfostôme ou de faint Bafile, le fufeau.

que

Les capots de poil de chèvre, que l'on travaille dans cette isle, font fort commodes: l'eau ne les perce pas facilement. Cette étoffe n'eft d'abord qu'une espéce de toile fort lâche; mais elle s'épaisfit & devient fort ferrée, en fortant de chez les ouvriers, qui la foulent avec les pieds, fur le fable de la Mer encore mouillé; après qu'elle eft bien amollie & fouple, on l'étend au foleil, avec des contrepoids de pierre, de peur qu'elle, ne fe ride trop promptement: ces fils fe rapprochent peu-à-peu, & fe ferrent les uns contre les autres, de maniere que toute l'étoffe fe rétrecit également.

Pline & Solin, fon compilateur, asfurent que les étoffes de foie furent inventées dans cette isle; mais il eft aifé de montrer que ce fut dans celle de Cos, la patrie du fameux Hippocrate. Le même Pline, l. 16, c. 27, a remarqué que l'on cultivoit, dans Zia, les figuiers avec beaucoup de foin; ce que l'on fait encore aujourd'hui.

Le pain d'orge & les figues féches font la principale nourriture des payfans & des moines de l'Archipel; mais il s'en faut bien que fes figues foient ausfi bonnes que celles que l'on féche en Provence, en Italie & en Espagne. La chaleur du four leur fait perdre toute leur délicatesfe & leur bon goût.

Avant notre départ de Zia, ajoute de Tourne◄ fort, nous montâmes fur la tour du monastere de S. Pantaleon, où nous fimes la ftation géographique fuivante:

Macronifi & le Cap-Colonne restent à l'Ouest-
Nord-Ouest.

Guidaronifi & Porto - Leone d'Athènes à
l'Ouest.

Saint George d'Albora & Hydra, à l'Ouest-
Sud-Ouest.

Engia ou Egina, entre l'Ouest & l'Ouest-Sud-
Ŏueft.

Thermie, entre le Sud & le Sud-Sud-Eft.
Serpho & Siphanto, au Sud.

Milo, entre le Sud & le Sud-Sud-Ouest.
Syra, à l'Eft-Sud-Eft.
Andros, au Nord-Est.
Caristo, au Nord-Nord-Est.
Joura, à l'Eft.

Tine, entre l'Eft & l'Eft-Sud-Est.
Le Cap Skilli, à l'Ouest.
Négrepont, au Nord.

Le Port Raphti, au Nord-Ouest.

On compte de Zia au Port-Colonne, dix-huit milles; au cap d'Oro, quarante milles ; & du cap d'Oro, au Cap-Colonne, foixante milles.

Le Port de Zia a fon entrée entre l'Ouest-NordOueft, & le Nord-Ouest. Il eft bon pour les plus gros vaisseaux & pour les plus grandes flottes. Le bon mouillage eft à droite, & la fontaine, pour faire aiguade, n'en eft pas loin. A gauche, eft la rade, ap

pellée le Cul de Bauf, propre feulement pour les petits bâtimens. Il y a, fur le rivage, quatre chapelles, fituées en différens endroits. C'eft où l'on couche ordinairement.

2. ZIA, bourg de Gréce, dans l'isle de même nom. Ce bourg, bâti fur les ruines de l'ancienne Carthée, eft ausfi fur une hauteur, à trois milles du port de l'isle de Zia, au fond d'une vallée défagréable. C'est une espéce de théâtre de deux mille cinq cens maifons, bâties par étages & en terrasses, c'està-dire, que leur couvert et tout plat, comme par

âpres, jusqu'à dix-neuf mille neuf cent quatre-vingtdix-neuf; car fi on y ajoutoit encore un âpre, ce leroit le revenu d'un Zaim. Les autres s'appellent Teskeretis, qui obtiennent leurs provifions du Beglerbeg de leur pays: leur revenu eft depuis trois mille âpres, jusqu'à fix mille.

Les Zaims font obligés de fervir dans toutes les expéditions de guerre, avec leurs tentes, où il doit y avoir des cuifines, des écuries, & d'autres appartemens proportionnés à leurs biens, à leur qualité; & pour chaque fomme de cinq mille âpres de revenu, qu'ils reçoivent du Grand-Seigneur, ils font obligés de mener avec eux,

tout le Levant; mais asfez fort, pour fervir de rue:e mener avec eux, à l'armée, un cavalier, qui por

cela n'eft pas furprenant, dans un pays où il n'y a ni charettes ni carrosfes, & où l'on ne marche qu'en escarpins. Sur la gauche, eft une citadelle abandonnée, où foixante Turcs fe défendirent glorieufement, contre l'armée Vénitienne, avec deux fufils feulement, restes des armes à feu, échappées du naufrage, qu'ils venoient de faire. Ils ne fe fûsfent même pas rendus, fi l'eau ne leur avoit pas manquée. Parmi des marbres, confervés chez des bourgeois, le nom de Gymnafiarque fe trouve dans deux inscriptions fort maltraitées; & l'on y voit un bas-relief, en demi-bosfe, où la figure d'une femme eft repréfentée, avec une belle draperie. La ville de Carthée s'étendoit dans la vallée, qui vient à la Marine. Ony voit encore plufieurs marbres, fur-tout une inscription de quarante & une lignes, transportée dans la chapelle de faint Pierre. Le commencement de cette inscription manque ; & la plus grande partie des lettres eft fi effacée, qu'on n'y peut déchiffrer que le nom de Gymnafiarque.

ZIAMETS & TIMARS. On entend, par ces deux mots, de certains fonds de terre, dont les Turcs ont dépouillé le clergé, la noblesfe & les particuliers des pays, qu'ils ont conquis fur les Chrétiens. Ces fortes de terres ayant été confisquées au profit du Grand-Seigneur il lés a destinées à la fubfistance d'un cavalier de la milice, appellé Zaim ou Timariot. Le Ziamet ne différe du Timar, que parce qu'il eft d'un plus grand revenu: il n'y a point de Ziamet, qui vaille moins de vingt mille aspres de rente; ce qui eft au-desfous, n'a que le titre de Timar. Besquier dans fes remarques fur l'état préfent de l'empire Ottoman, dit: Zaim, fignifie, en Arabe, un Répondant, qui s'engage pour un ou pour plufieurs autres: un Seigneur, un Commandant, qui conduit un certain nombre d'hommes, dont il eft le maître. Il dérive Timar du Grec, T, qui fignifie honneur; parce que ces récompenfes fe donnoient, pour honorer la vertu des foldats. Les Grecs appelloient ces marques d'honneur, Tua, en Grec corrompu, & appelloient ceux qui en étoient honorés, Tiμsploto, ou Tiμapútas. * La Guilletiére, Athénes, anc. & mod. p. 361.

Les Zaims & les Timariots font comme les barons, en certains pays, & peuvent être comparés à ces officiers, que les Romains appelloient Decumani. Le Zaim n'a de revenu, que depuis vingt mille apres, jusqu'à quatre-vingt dix-neuf mille neuf cent dix-neuf; un âpre de plus, feroit le revenu d'un Beglerbeg

Il y a deux fortes de Timariots; les premiers font appellés Teskerelu, & reçoivent les provifions de leurs terres, de la cour du Grand-Seigneur. Ce nom leur a été donné, parce que Teskereh fignifie un mémoire, un billet; & comme la fyllabe lu, s'ajoute, par les Turcs, aux noms fubftantifs, pour en former des adjectifs; ainfi, Teskerelu, ou Teskereh-lu, fignifie celui qui eft en posfesfion d'un Timar, par un billet, ou par un ordre de la Porte, ou du GrandSeigneur. Leur revenu eft depuis cinq ou fix mille

te le nom de Gebelu. Ce mot fignifie porteur de cuirasfe, Cuiras fier; car Gebeh ou Tchebeh, veut dire une cuirasfe. Ainfi, un Zaim, qui a trente mille âpres de revenu, doit être accompagné de fix cavaliers: un, qui en a quatre-vingt-dix mille, doit être accompagné de dix-huit cavaliers, & de même des autres, à proportion de leur revenu. Chaque Zaim prend le titre de Kilit ch, c'est-à-dire, épée. C'est pourquoi, lorsque les Turcs font le compte des forces, que les Beglerbegs peuvent mener à l'armée, pour le fervice de leur prince, ils ne s'arrêtent qu'aux Zains & aux Timariots feuls, qu'ils appellent autant d'épées, fans compter ceux qui les doivent ac◄ compagner.

Les Timariots font obligés de fervir avec des tentes plus petites que les Zaims, & d'être fournis de trois ou quatre corbeilles, pour en donner une à chaque homme, qui les accompagne; parce qu'outre qu'ils doivent combattre, ausfi-bien que les Zaims, il faut encore qu'ils portent de la terre & des pierres, pour faire des batteries & des tranchées. Les Timariots doivent mener un cavalier avec eux, pour chaque fomme de trois mille âpres de revenu, qu'ils ont, de même que les Zaims, pour chaque fomme de cinq mille âpres. Les Zaims & les Timariots font dispofés par régimens, dont les colonels font appellés Alai-Begler, mot qui vient apparemment de l'Arabe Ala ou Alai, qui fignifie celui qui eft au-dessus des autres, & du mot Turc, Beg, qui veut dire Seigneur, dont le pluriel fait Begler; de forte que les Alai-Begler font les principaux chefs ou les fupérieurs des Zaims & des Timariots, c'eft-à-dire, leurs colonels. Ces colonels font foumis à un bacha, ou à un fangiag-beg, & celui-là, à un begler-beg. Lorsque les Zaims & les Timariots marchent, ils ont des drapeaux, appellés Alem, & des tymbales, nommées Tabl.

Ces deux ordres militaires ne font pas feulement destinés à fervir fur terre; mais on les oblige quelquefois à fervir dans l'armée navale, où on les appelle Deria Kaleminde, & où ils font, fous le commandement du capitan-bacha, ou amiral. Il eft vrai que les Zaims font fouvent dispenfés de fervir fur Mer en perfonne, moyennant la fomme à laquelle ils font taxés fur les livres des feigneurs ; & de cet argent, on leve d'autres foldats; mais les Timariots ne fe peuvent jamais exempter de fervir en perfonne, avec toute la fuite que le revenu de leurs terres les oblige de mener avec eux. Pour ce qui eft cu fervice fur terre, ni les Zaims ni les Timariots ne s'en peuvent jamais dispenfer; & il n'y a point d'excufe, qui puisfe pasfer pour légitime à cet égard. S'il y en a de malades, il faut qu'ils fe fasfent portes en litière ou en brancard. S'ils font encore enfans, on les porte dans des corbeilles ou dans des paniers : on les accoutume ainfi, dès le berceau, à la fatigue, au péril & à la discipline militaire. Voici une liste des Ziamets & des Timars, qui fe trouvent dans l'empire Ottoman, fuivant les registres de la Porte:

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