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rangée d'arbres, & un canal. Pour ce qui eft des maifons, elles font généralement mieux bâties & plus riantes à Zulpha, qu'à Ispahan.

tres,

avec

On regarde l'établissement des Arméniens, auprès d'Ispahan, comme une des plus grandes marques de la bonne conduite de Cha-Abas I. du nom. Les Arméniens ayant bien établi leur nouvelle colonie, d'auà leur exemple, fortirent de Tauris, d'Erivan & de divers autres lieux, & vinrent s'habituer à Zulpha Le nombre des habitans de cette nouvelle ville, s'eft accru encore depuis, par quelques autres Chrétiens de diverses fectes, comme Jacobites, Cophtes & Nestoriens, qui demeuroient auparavant dans les fauxbourgs d'Ispahan. Le roi voulut qu'ils eusfent ausfi leur quartier de l'autre côté de la riviere, les Arméniens; & comme il ne fe trouvoit point de maifon, pour les loger, il leur permit de prendre au-desfous de Zulpha, vers le Couchant d'Hiver, en tirant le long de l'eau, autant de terre qu'il leur en étoit nécesfaire, pour des maifons & pour des jardins. Cha-Abas, en tirant les Arméniens du pays, ne leur rendit pas un fi mauvais office qu'on pourroit fe l'imaginer. Ils n'étoient tous que de pauvres laboureurs, qui ne favoient alors ce que c'étoit que le négoce, & qui, dans une province frontiere, étoient Louvent maltraités des Turcs & des Perfans. Depuis ce tems, ils font devenus riches: ils ont même cet avantage, fur tous les autres Chrétiens d'Orient, qu'ils posfedent des terres & ont de belles franchifes, le roi ne permettant pas qu'on leur fasfe la moindre injustice, ni qu'aucun Mahométan demeure à Zulpha. Ils ont le privilége d'être ausfi bien couverts que les Perfans, & d'avoir, comme eux, à leurs chevaux des brides d'or & d'argent. Leurs femmes font ausfi très-richement habillées, & portent des brocards de Venife, & d'autres précieufes étoffes, que l'on fait en Europe. Le roi nomme celui qu'il lui plaît d'entre les Arméniens, pour être leur chef, & les gouverner fous l'autorité royale. On l'appelle Kelonter; & c'est lui qui eft leur juge, dans les différends qui leur peuvent furvenir, & qui les taxe, pour faire la fomme qu'ils doivent payer tous les ans au roi.

Leur langue eft vulgaire ou littérale: la vulgaire eft fue de tous les Arméniens; mais la littérale eft pour la religion, & n'eft fue que par les eccléfiastiques. Ils écrivent, comme nous, de la gauche à la droite, & ont des caracteres particuliers, depuis environ quatre cens ans. Ils ont trois langues, qui leur. font comme naturelles, & néanmoins fort différentes. L'Arménienne, qui eft celle de leur ancienne patrie, & qu'ils ont confervée de pere en fils; la Perfanne, qui eft celle du pays où ils demeurent préfentement; & la Turque, qu'ils ont ausfi héritée de leurs ancêtres, & dont ils fe fervent le plus dans le commerce. Pour ce qui eft des femmes, elles ne parlent guéres d'autre langue que l'Arménienne, parce qu'elles n'ont aucun commerce avec les Etrangers, & qu'elles fortent rarement. Il y a quelques Arméniens, qui parlent ausfi Italien, & même François; ce qu'ils apprennent dans les voyages qu'ils font en Europe.

Il y a, à Zulpha, environ quinze ou feize, tant églifes que chapelles d'Arméniens, entre lesquelles il faut compter deux monasteres de filles. Ils ont un archevêque & plufieurs évêques, avec leurs moines. On trouve ausfi à Zulpha des Augustins, des Carmes, des Capucins & des Jéfuites, c'eft-à-dire, deux ou trois perfonnes, au plus, de chacun de ces ordres religieux. Les Jéfuites, qui font venus les der. niers, n'ont, dans Zulpha, qu'une petite maison; mais leur jardin eft d'une asfez grande étendue. Quelque petit que foit le nombre de ces religieux, il eft encore plus grand que celui de leurs paroisfiens: car dans tout Ispahan & dans tour Zulpha, à peine trouvera-t-on cinq ou fix perfonnes, qui fasfent profesfion de la religion Romaine, foit parmi les Francs venus d'Europe, foit parmi les Francs nés en Perfe. Pour ce qui eft des Arméniens, ils font fi attachés à la leur, qu'ils ne veulent pas même entendre parler d'aucune autre ; & l'on a reconnu, en divers rems, que c'étoit l'intérêt feul, qui en portoit quelques Tom. VI.

uns à feindre qu'ils en vouloient embrasfer une autre.

Quand une femme de Zulpha accouche quinze ou vingt jours, & même deux mois avant la fête de Noel, on differe le baptême de l'enfant, jusqu'à cette fête, pourvu que l'enfant ne foit pas malade, auquel cas, on le porteroit à l'églife, pour le faire baptifer, fans cérémonie. Autrement, dans toutes les villes & tous les villages, où il y a des Armé niens, & où il paste une riviere, ou bien où il y a un étang, on couvre de tapis deux ou trois batteaux plats, & on y dresfe une espéce d'autel. Le matin du jour de Noël, dès que le foleil fe leve, tout le clergé Arménien, tant celui du lieu, que celui du voifinage, fe rend fur ces batteaux, vêtu des ornemens eccléfiastiques, avec la croix & la banniére. On trempe la croix par trois fois dans l'eau, & à chaque fois on y jette de l'huile fainte. Après cela, on lit la liturgie ordinaire du baptême, & l'évêque ou le prêtre prenant l'enfant, le plonge dans l'étang ou dans la riviere, jusqu'à trois fois, en difant les paroles ordinaires: Je te baptife au nom du Pere, &c. Le roi de Perfe fe trouve ordinairement à cette cérémonie, quand il eft à Ispahan; & il fe rend à cheval au bord de la riviere, avec les grands de fa cour. La cérémonie achevée, il fe rend à Zulpha, au logis du Kelonter, chez lequel le diner eft préparé. A l'isfue du repas, on apporte au roi le préfent qu'on lui fait toujours dans ces rencontres, & qui, d'ordinaire, eft quelque galanterie, qui vient d'Europe, & qui ne vaut guéres moins de quatre à cinq mille écus. Quand ils n'ont rien de galant à lui préfenter, ils mettent pareille valeur, dans un basfin, en ducats d'or, & l'offrent au roi avec de grandes foumisfions. Ils font ausfi des préfens à quelques feigneurs & aux eunuques, qui font à fa fuite, fans compter ce qu'ils envoyent à la mere du roi, fi elle exifte encore aux fultanes, fes femmes, & à fes fœurs.

ZULPTCH ou ZULCH, ville d'Allemagne, dans la dépendance de l'électorat de Cologne, & enclavée dans le duché de Juliers. Elle eft fituée fur la petite riviere de Nasfel, qui fe jette dans l'Ersft; & elle fe trouve à quatre lieues, au Midi, de Juliers, & à égale distance, à l'Occident, de Bonn. On croit que c'eit le Tolbiacum des anciens. * Jaillet, Atlas.

ZULTZ, ville de Siléfie, dans la principauté d'Oppelen, entre le petit Glogaw, au Sud-Eft, & Steinaw, au Nord-Ouest.

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ZUM-STAEG, lieu de la Suisfe, dans le canton d'Uri, au pied du mont Saint Gothard, près de Syllinen. Quoique les Cartes ne marquent le mont Saint Gothard que fort loin de Syllinen, cependant tous les habitans du pays en comptent le commencement dès le lieu nommé Zum-Staeg, c'est-à-dire, d la Montée, & qui eft au pied de la montagne, trois lieues d'Altdorff, & à une petite lieue de Syllinen. Ce chemin eft un pasfage fort important, pour entrer en Italie. * Etat & Délices de la Suisfe, t. 2, p. 410.

ZUM-WASSER ou WASSERG MEIND, Communauté de Suisfe, au Tockenbourg, dans la province fupérieure, au Thour-Thal. Cette communauté ne comprend que le feul village de Neslau, avec un certain nombre de maifons léparées. * Etat & Délices de la Suisfe, t. 3, p. 317.

ZUMAIA, ville d'Espagne, dans le Guipuscoa, près de l'Océan, fur la rive gauche de la Viole, qui la baigne avant que de fe jetter dans la Mer. * Délices d'Espagne, p. 85.

ZUMAQUE, vallée de l'Amérique méridionale, au Pérou, au-delà des Cordelieres, qui bornent la province de Quixos, du côté du Nord. Gonzales Pizarre étant parti de Quito, & ayant pasfé les montagnes de la Cordeliere, entra dans cette vallée, qui eft à cent lieues de Quito, felon le rapport des géographes. Il y trouva des vivres & des rafraîchisfemens en abondance, & y demeura deux mois, au bout desquels il enpartit, avec foixante bons foldats, pour aller découvrir le pays de la Canelle. * Relat. de la riviere des Amaz.par le P.d'Acugna, c.3.

Ddd

ZUMI, peuples de la Germanie: Strabon, 1.7; p. 290, les compte parmi les peuples qui furent fubjugués par Maraboduus.

ZUMMENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Numidie. Felix eft qualifié Zummenfis Episcopus, dans la conférence de Carthage, No. 114. Il eft dé claré abfent, pour caufe de maladie; & fon adverfaire donatiste, fe nommoit Silvanus.

ZUNDERT, village des Pays-Bas, au BrabantHollandois, dans la baronie de Breda. Ce village & celui de Rysbergen, ne forment qu'un feul tribunal. Le premier eft asfez confidérable on l'appelle le grand Zunder, pour le distinguer du petit Zunder, qui n'en eft qu'à une petite demi-lieue. Près de Rysbergen, il y a un moulin à eau, fur la riviere de Vegreyle. Jeanne, duchesse de Brabant, engagea, en 1387, pour la fomme de mille francs de France, le village de Zundert, avec ceux de Haagje, Sprundel & Nispen, à Jean de Polanen; & de puis ce tems-là, tous ces villages ont été unis à la baronie de Breda. Cependant, comme cette princes fe avoit ftipulé pour elle & fes héritiers, qu'en rembourfant cette fomme de mille francs, ces villages feroient réunis à fon domaine, Charles II, roi d'Espagne, fit offrir, en 1664, ce remboursement au prince d'Orange; mais les offres ne furent point acceptées, parce que la baronie de Breda étoit alors fous la domination des états-généraux, à qui Philippe IV avoit cédé, par le traité de Munster, tout le Brabant-Hollandois. Le hameau de Vernhout est une dépendance de Zundert, & n'en eft éloignée que d'une demi-lieue. Ce hameau eft une feigneurie particuliere, qui a un fchout, un fecrétaire & un receveur des domaines. * Janiçon, Etat préfent des Prov. Un. p. 198.

ZUNGRA, lieu fortifié, dans la Cilicie, felon Ortelius, qui cite Nicetas.

ZUPHONES. Voyez NOMADES. ZUR-KIRCHEN, village du pays des Grifons, dans la Ligue-Haute ou Grife, au val de Saint Pierre, dans la dépendance de la communauté de Lugnitz. Il fe trouve, dans ce village, des bains femblables à ceux de Cumbels- Baiden. * Etat & délices de la Suisfe, t. 4, p. 16.

ZURARA, ville de Portugal, dans la province d'Entre-Douro & Minho. Cette petite ville, fituée fur la rive gauche de la riviere d'Ave, vi-à-vis de Villa-da-Conde, fe trouve à quatre lieues de Porto., C'eft une place de peu d'importance.* Délices de Portugal, p.705.

ZURDES, château de France, dans la Provence, & qui appartient aujourd'hui à l'évêque de Sisteron. Ce château fut bâti par le comte Guillaume, qui y joignit une belle églife, en reconnoisfance d'une faveur du ciel, qui l'avoit préfervé, en ce lieu, de tomber entre les mains des Sarrafins. Il reçut, à tems, un fecours confidérable, avec lequel il les défit en 963.

ZUREND, ville de Perfe, dans la province de Kerman. Les géographes du pays, felon Tavernier, Voyage de Perfe, 1.3, la marquent à 73 d. 40'. de longitude, & à 35 d. 13'. de latitude. Il fe fait, dans cette ville, de très-belle poterie, qui furpasfe la fayence; & il s'y trouve ausfi quantité d'Anna, qui eft une couleur rouge, dont les Perians fe rougisfent les ongles, ce qu'ils estiment un grand ornement. Ils en rougisfent ausfi, par parade, le devant des chevaux, la queue & le desfous du ventre, jusqu'au lieu où touche l'éperon. On en fait de même aux chevaux du roi ; mais on y ajoute une petite bordure dentelée tout au tour, & qui va en portes, comme celles de nos anciennes couronnes ducales; ce qu'il ne feroit pas permis de faire aux chevaux des particuliers.

ZURENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la province Proconfulaire, felon la conférence de Carthage, N°. 133, où l'on voit que Trifolius, Episcopus Aborenfis, après avoir fouscrit pour lui, fouscrivit pareillement pour Paulinus Zurenfis, qui étoit préfent; mais qui ne favoit pas écrire, ni peut-être lire: car il eft dit, litteras nesciens.

1. ZURICH, canton de la Suisfe, & celui qui a le premier rang entre les cantons. Il eft borné, au Nord, par le Rhin, qui le fépare du canton de Schaffhoufe & du pays de Kletgaw; a l'Orient, par le Thourgaw & par le comté de Toggenbourg; au Midi, par le canton de Schwitz; & à l'Occident, par celui de Zug, & par les provinces libres. Le territoire de ce canton, fait partie du pays des anciens Tigurini, qui, plufieurs années avant que Jules-Céfar commandât dans les Gaules, avoient défait l'armée Romaine, & tué le conful Lucius Casfius, qui la commandoit, & fon lieutenant Pifon, qui avoit été conful. Les mêmes Tigurini fe joignirent aux Cimbres & aux Teutons, & furent du nombre des Helvé· tiens, que Célar battit & contraignit de retourner dans leur pays. La plupart veulent qu'ils ayent pris leur nom d'une ville, nommée Tigurum; mais ce nom n'eft employé que par des écrivains modernes qui fe font imaginés que Zurich a été appellé Tigurum; ce que l'on n'a jamais dit, ni dans la premiere ni dans la moyenne antiquité. Le pays des Tigurini, appellé anciennement Pagus Tigurinus, s'étendoit jusqu'au lac de Constance; & les anciens y marquent deux villes; l'une, appellée Forum Tiberii ; & l'autre, Arbor-falix, qui eft Arbon. Il y en a qui y ajoutent Vitodurus; & fous les fils de Constantin, on y bâtit Constance. * Etat & délices de la Suisfe, t. 2, p. 2, Longueruë, Description de la France, part. 2, p. 253.

Sous les rois François, le Pagus Tigurinus s'ap pella Durgau ou Turgau: car Turig ou Turreg, aujourd'hui Zurich, étoit, comme on voit dans les patentes des Carlovingiens, fitué dans le pays de Turgau, in Pago Durgogenfi, & dans le duché d'Allemagne, in Ducatu Allamannico; ce qu'on lit dans une charte de Louis le Germanique, datée de la vingtiéme année de fon regne, dans la France orientale, & rapportée entiere, par Guilliman.

Ce pays, qui avoit on comte, fous les rois & les ducs, étoit divifé en plufieurs territoires, que l'on appelloit ausfi Pagi ou pays. Le territoire des environs de Zurich, étoit nommé Zuricgou ou Zuricgauge, comme on le voit, dans un acte daté de la trente-feptiéme année du roi, Louis le Germanique, un Jeudi, le 3 de Décembre 865. Cet acte eft dans la collection Allemannique de Goldaft, No. 18. Mais au nombre 37, le même auteur rapporte un autre acte, dans lequel le pays eft nommé Turgau, Pagus Durgauve, & la contrée de Zurich eft appellée Situs. Ce qui eft certain, c'est que le nom de Turgau vient de la riviere de Thur, laquelle traverse le pays de ce nom d'un bout à l'autre; ce qui n'a aucun rapport, ni avec les Tigurini, ni avec la ville de Turig ou Zurich. Il eft certain ausfi, par cette charte de Louis le Germanique, que l'on avoit commencé à prononcer Zurige, pour Turige, fuivant la coutume Teutonique, où l'on change le T en Z.

Les descendans des anciens Tigurini ont foutenu, dans tous les fiécles, la réputation de gens de cœur; & peut-être eft-ce autant pour cette raifon, que pour la puisfance, la grandeur & la richesse de leur ville, que les autres cantons leur ont cédé le premier rang, quoique Zurich foit entrée la derniere dans l'alliance des cantons Suisfes. Les habitans ont fait tout leur posfible, pour donner à leur ville le titre de Métropole de toute la Suisfe. Mais le corps Helvétique s'eft constamment opposé à cette vaine prétention, & n'a jamais pasfé au canton de Zurich, que le titre de premier entre les égaux. C'eft toujours le premier député de Zurich, qui préfide aux diétes: il propofe les matieres qui doivent y être débattues; il recueille les voix, formé les réfolutions, & fait toutes les autres fonctions de préfident d'une asfemblée. Ce canton ne préfide pas aux diétes feulement, mais en tous les tems & en tous les lieux : car c'est lui, qui a le foin de convoquer les diétes, en écrivant des lettres circulaires aux cantons, pour les informer des raifons pour lesquelles on les asfemble. Cepens dant, pour que la ville de Zurich ne puisse se dire la Métropole de la Suisfe, on a laissé à chaque canton la liberté de former une asfemblée générale. La régle

eft telle dans ce point. S'il furvient une affaire, qui exige une diéte des treize cantons, celui qui la demande, s'adresse au fénat de Zurich, pour demander que tous les cantons foient convoqués; & s'il y a une nécesfité presfante de former une telle asfemblée, chaque canton, à la rigueur, la peut convo

quer.

Les députés de Zurich, dit Stanian, dans fa relation de la Suisfe, expédient, à la levée des diétes, l'Abscheid, ou recès, que l'on envoye à tous. les cantons, & qui contient les réfultats de leurs délibérations: ainfi, ils font ausfi-bien les fecrétaires que les préfidens de ces asfemblées; & ils portent toujours la parole, quand les députés des cantons font envoyés pour complimenter, ou pour traiter avec le ministre d'un prince étranger. Mais il y a eu du changement fur cet article. Ce que dit Stanian, étoit fort ordinaire avant la paix commune de 1712. C'étoit le fecrétaire du bailliage de Bade, qui expédioit l'Abscheid, ou recès; mais les Réformés s'étant apperçus que cette place de fecrétaire étoit fouvent remplie par des gens peu capables, ou qui étoient de la religion catholique, ils fourçonnerent la fincérité de ces fecrétaires, du moins pour les chofes qui concernoient la religion: ausfi fut-il arrêté, par le traité de paix, dont il vient d'être lé, qu'il y auroit à l'avenir deux fecrétaires, dont le premier feroit de Zurich ou de Berne, & le fecond, de la religion catholique; qu'ils figneroient les actes conjointement; & que, lorsque l'asfemblée feroit finie, ils les liroient aux députés, qui les approuveroient, afin qu'il ne s'y pût trouver ni différence, ni fausfeté, ni autre pareil inconvénient.

par

Enfin, il faut remarquer que la ville de Zurich eft comme la chancellerie de toute la Suisfe; que c'eft par cette raifon, que toutes les lettres des fouverains y font portées.

Le terroir du canton de Zurich eft mêlé de montagnes & de campagnes, qui toutes rapportent quelque chofe pour l'ufage de la vie. Il eft fertile en bons grains, & les lacs & les rivieres y font riches en poisfons. On y voit quantité de vignobles; mais le vin y eft verd: cependant on peut le garder trente ans, fans qu'il fe gâte, & plus on le garde, plus il s'adoucit. Cette apreté du vin, vient du voifinage des Alpes, dont les neiges, qui croisfent perpétuellement, refroidisfent beaucoup l'air, & empêchent que les raifins ne puisfent mûrir. On conte, à cefujer, qu'un ambasfadeur de France s'étant fait montrer, à Zurich, entr'autres curiofités, la cave de la ville, dit qu'il n'avoit jamais vu tant de verjus à la fois. L'illustre Suheuchzer remarque, dans un esfai, qu'il a donné, de l'histoire naturelle de la Suisfe, qu'en quelques endroits de ce canton, comme à une lieue & demie de la ville, près de Regenstorff, & d'un petit lac, nommé Catzenfée, il fe trouve une certaine terre, dont on pourroit, en cas de befoin, faire de la tourbe.

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2. ZURICH, ville de la Suisfe, & capitale d'un canton de même nom, en Latin, Tigurum. C'eft une des plus confidérables villes de la Suisfe, pour fa beauté, pour fa puisfance, & on pourroit ajouter pour fon ancienneré, s'il y avoit quelque fondement à faire, fur ce que difent les annales du pays, que la ville de Zurich fut bâtie cinq ans après Tréves, & qu'ayant été ruinée par Attila, elle fut rétablie par Thuricus, fils de Theodoric, roi des Goths, d'où elle prit le nom de Thuricum, qu'elle mettoit autrefois fur la monnoie, & qui a produit le nom de Zurich. Mais on a vu, dans l'article précédent, qu'aucun ancien n'a connu la ville Tigurum.

Quoi qu'il en foit, on peut dire qu'elle eft dans une fituation tout-à-fait agréable, fur le penchant de deux collines, à l'issue d'un beau grand lac, qui dégorge la riviere de Limmat, & partage la ville en deux parties inégales, jointes enfemble, par deux grands ponts de bois. Le plus grand, qui eft vers le milieu de la ville, près de l'hôtel-de-ville, eft fi large, qu'il fert de promenade & de lieu à tenir le marché des fruits & des herbages; l'autre, placé plus haut, eft tout convert; de forte qu'on peut s'y

promener commodément, & y être à l'abri des injures de l'air. Sur le premier, on a un aspect fort agréable car on peut porter la vue fur les deux côtés de la ville, que l'on voit en perfpective; & d'un côté, fur le lac; & de l'autre, fur le cours de la riviere. *Etat & délices de la Suisfe, t. 2, p. 5.

Les rues de Zurich font propres, les maifons asfez bien bâties, fans être magnifiques. La ville eft fortifiée à la moderne, avec de larges fosfés, revêtus de pierre de taille. Entre les bâtimens publics, qu'on voit dans la grande ville, qui eft à la droite de la Limmat, le plus confidérable eft le grand temple, qu'on nomme Groff-Munster, ou le temple de faint Felix & faint Regula, à caufe de ces deux martyrs de la légion Thébaine, dont on croyoit que les os y étoient enfévelis, & pour lesquels les anciens habitans avoient une grande vénération. La ftructure de ce temple eft asfez fimple. Ses deux tours font ce qu'il y a de plus remarquable. Celle où font les cloches, eft couverte de cuivre. On y voit, au-dehors, taillée en pierre, la figure d'un cavalier à cheval, & qui doit être celle de Rupert, duc de Suabe, fondateur de cette églife. A l'autre, ausfi en dehors, on voit la ftatue, en pierre, de Charlemagne, avec une couronne dorée, en mémoire de ce qu'il avoit enrichi cette églife.

Autrefois cette églife étoit desfervie par un chapitre de chanoines, fondé par Clovis III, roi de France. Quand la ville de Zurich embrasfa la réfor mation, on retint le nom & les rentes des chanoines; de forte que le doyen & le chapitre y font toujours corps. Ils posfédent, fur ce pied, les mêmes biens, qu'ils posfédoient avant la réformation, & ils ont de quoi vivre largement: ausfi font-ils chargés d'un grand travail; car le moins qu'ils prêchent, c'eft une fois le jour; & asfez fouvent ils prêchent deux ou trois fois. Quelques-uns de ces chanoines font pasteurs, d'autres profesfeurs, & d'autres administrateurs de cette églife ou des pauvres. C'eft-là, que l'on voit le collége & les auditoires publics, où l'on enfeigne les humanités, les langues favantes, la philofophie & la théologie. C'eft-là encore, que fe trouve une vieille bibliothéque, asfez riche en manuscrits, parmi lesquels on remarque une grande bible latine, écrite fur du parchemin, & que l'on dit être un préfent de Charlemagne. On y voit ausfi un grand nombre de lettres de Bullinger, & celles que quelques autres grands-hommes lui ont écrites. Elles font toutes reliées enfemble, & font plufieurs volumes in-folio.

La maifon de ville eft dans le même quartier Elle fut bâtie à neuf en 1694, au bord de la limmat, fur les fondemens de l'ancienne, qui furent trouvés bons & folides. On n'a rien épargné de ce qui étoit capable de l'embellir. L'édifice eft d'une belle fymmétrie, & de belles pierres de taille, très-bien travaillées. Le portail, où l'on monte, par un perron de quatre ou cinq marches, eft construit de marbre noir, & fes colomnes repofent fur des bazes de fontes, Au-desfus, on lit cette inscription:

DEO

ET

PATRIE SAC. HÆC CURIA JUSSU

ET AUSPICIIS

S. P. Q. T.

É FUNDAM. EXTR. ET COND. EST ANNO CHR. MDCXCIV. ET SEQQ.

Tout ce que l'art & l'industrie des fculpteurs en pierre & en bois, des peintres & des ouvriers en plâtre, étoit capable de produire, a été employé à l'ornement de cet édifice. Dans le premier vestibule, on voit deux grands tableaux, qui repréfentent toutes les espéces de poisfons du lac & de la Limmat; & fi l'on entre dans les chambres, on trouve divers autrès-beaux tableaux, & des lustres magnifiques, chargés de très-belles figures, qui repréfentent les héros des républiques anciennes, & ceux de la Suisfe. Les deux chambres, où s'asfemblent les confeils,

ont chacune un beau grand fourneau à couronne, à la mode du pays, de très-belle brique blanche, d'ouvrage de Wintherthour, & où l'on voit plufieurs figures emblématiques, avec les plus célebres batailles des anciens Suisies, qui ont procuré ou asfuré leur liberté.

Près du pont d'en haut, eft une églife, nommée Wasferkirck, c'eft-à-dire, l'églife de l'eau, parce qu'elle est au bord de l'eau. On y a mis une bibliothéque publique, richement fournie: au-desfus, on a bâti une falle, qui tient toute la longueur & la largeur du temple, & dont on a fait le cabinet des raretés. Il est très-bien fourni. On y voit une quantité furprenante de diverfes merveilles de la nature & de l'art, rangées dans un bel ordre, & distribuées dans des espéces de garderobes. Il y a ausfi de grandes cartes du canton de Zurich, & de quelques autres, & qui passent pour être très-exactes. Elles font faites à la main. A quelques pas de-là, on trouve, fur la riviere, une machine fort ingénieufe, pour fournir de l'eau à la ville. Ce font de grosfes roues, comme des roues de moulin, & que l'eau fait tourner. Elles font garnies de fceaux de cuivre, qui, en tournant, puifent l'eau de la riviere, & la vuident dans des canaux, d'où elle eft portée dans des fontaines, fur le pont auquel ces roues font attachées; & de-la, elles coulent dans diverfes maifons particulieres.

Dans la petite ville, qui eft fur la Limmat, on voit le temple, nommé Frawen-Munster c'est-àdire, le Moustier des Dames, parce que c'étoir une abbaye royale de dames ou de religieufes nobles, fondée en 853, par Louis le Germanique, fils de Louis le Débonnaire, qui y établit, pour premiere abbesfe, fa fille Hildegarde, & donna, à cette abbaye, le droit de battre monnoye, d'avoir jurisdiction fur la ville, de nommer le préfident & tous les asfesfeurs du tribunal de justice, & divers autres droits, avec de grands biens. Louis le Germanique ne fe réferva que le haut-domaine, la fouveraineté & la protection ou avouerie du monastere de Thureg ou Turic, que l'on prononçoit Zuric; & ce nom de Turich, fe trouve dans les actes les plus anciens. A Hildegarde fuccéda une autre fille de Louis, nommée Berthe. Ce fut elle, qui obtint de fon frere l'empereur, Charles le Gros, le droit de battre monnoye: de forte qu'il reste encore quelques anciennes piéces, où l'on voit ces mots: Moneta Turicenfis. Le 30 de Novembre 1524, l'abbesfe, nommée Catherine, fille de Jean Wernher, baron de Zemberen, feigneur de Mefskirch & de Wildestein, remit tous les droits de tous les biens de cette abbaye entre les mains des magistrats, les priant de la réformer, & d'employer les revenus à la gloire de Dieu, & au foulagement des pauvres. Les magistrats ne firent ufage de cette cesfion, qu'en 1526, où l'on commença à battre monnoye, pour la premiere fois, au nom de la ville; & on établit un nouveau tribunal, pour administrer la justice au même nom. Ce monastere, dont les revenus font entre les mains d'un administrateur, a été converti en un collége de charité, où l'état entretient un certain nombre de pauvres écoliers, qui font nourris, vêtus & enfeignés gratis. Le temple, où l'on voit encore la ftatue de la premiere abbesfe, Hildegarde, avec celle de Berold, fon chapelain, fert à former les asfemblées de la paroisfe, & celle d'une petite église Françoife, que l'on a recueillie à Zurich. * Longuerue, Defc. de la Fr. part. 2, p 254.

A quelque distance du Frawen-Munster, eft le temple paroisfial de faint Pierre, dont on a rebâti le clocher tout à neuf, il y a peu d'années, parce qu'il avoit été brûlé par le feu du ciel. Près de ce temple, il y a une très-belle place, qu'on appelle Lindenhof, c'eft-à-dire, la cour des tilleuls. Elle a été ainfi nommée, parce qu'elle eft route plantée de cette espéce d'arbres, fous lesquels on fe promene à l'ombre en Eté, & où l'on jouit d'une agréable fraicheur. Mais ce qu'il y a encore de plus beau, dans cette place, c'eft fon élevation: car comme elle occupe le haut d'une colline fort élevée, au bord de la Limmat, on ya la vue de toute la ville & des campagnes voifi

nes, qui font une très-belle perfpective. Autrefois, au lieu de cette place, il y avoit une forteresse, qui commandoit toute la ville, & qui étoit la réfidence des gouverneurs du pays, du tems des rois Francs de la premiere & de la feconde race, & des empereurs Allemands.

A l'un des bouts de la ville, on voit l'arfenal. On compte l'arfenal de Zurich pour le mieux fourni de toute la Suisfe. Dans l'un de ces bâtimens, on montre la figure de Guillaume Tell, habillée & armée à l'ancienne mode Suisfe. On y conserve fon arbaléte, avec laquelle il abbattit la pomme de desfus la tête de fon fils, en 1307. Enfin, on y voit l'épée & les gantelets de Lewemberg, le chef de payfans rebelles, qui oférent asfiéger Berne, vers le milieu du dernier fiécle, & battirent cette ville avec des canons de bois.

Il n'eft pas posfible de détailler tous les édifices confidérables de Zurich; cela nous meneroit trop loin. Il y a cinq églifes paroisfiales, où l'on prêche ordinairement, la grande églife, l'églife des dames, ou Frawen-Munster; l'églife de faint Pierre, celle des Dominicains, & celle d'Oetembach ou de l'Hôpital. Il ne faut pas néanmoins oublier de remarquer que tout joignant l'église des Dominicains, il y a un vieux grenier, où l'on garde du bled de l'année 1540, qu'on appelle communément le chaud Eté, à cause des chaleurs excesfives, qu'il y eut dans tout le cours de cette année. Ce bled fe conferve fi bien, qu'on en peut faire encore aujourd'hui d'asfez bon pain, pourvû qu'on ait foin de le tremper vingt-quatre heures dans l'eau, avant que de s'en fervir. Du reste, il y a un autre grenier public, au bord de la riviere, qui eft toujours très-bien fourni.

On voit encore en partie, à Zurich, cette fimplicité & cette candeur des anciens Suisfes, & leur humanité envers is étrangers: la vertu & la piété paroistent régner parmi les habitans, mais fans faste & fans éclat. On peut même dire, à la louange de ce canton, que dans le tems du changement de religion, il furpasfa fes alliés en défintéressement: car il convertit en ufages pieux les revenus des églises; c'eft ce qui fait que l'on voit de toutes parts un fi grand nombre d'hôpitaux, tous bien rentés.

Chacun fait que la ville de Zurich renonça à la religion catholique - Romaine en 1524, & qu'elle embrasfa la réformation d'Ulric Zuingle, ce fameux réformateur de la Suisfe. Depuis ce tems, on a entretenu, à Zurich, une accadémie ou collége, où l'on enfeigne la théologie & quelques autres fciences, & qui a toujours fourni de favans hommes, entr'autres, les Bullingers, les Stuckius, les Lavaters, les Hospinians, les Hottingers, les Heideggers, & plufieurs autres, dont il feroit trop difficile de faire l'énumération.

Les habitans de Zurich pasfent pour être fort curieux; ils aiment le travail, font industrieux; & il n'y a point de ville, dans la Suisfe, où l'on trouve plus de monumens dans l'histoire du pays: ceux qui ne font pas gens de lettres, s'appliquent au négoce : leur principale manufacture eft celle du crêpon, qui pasfe pour le plus beau qui fe voie ; ils l'envoient par-tout, par le moyen de la Limmat, qui fait la communication avec le Rhin, par le moyen de l'Aare, dans laquelle elle fe jette à 6 ou 7 lieues de-là. Les femmes de Zurich font fort réfervées en public, mais d'un commerce asfez aifé à la maison: on distingue les filles d'avec les femmes, en ce que les premieres portent, fur la tête, une espéce de touffe, ou de noeud de rubans, qui eft la marque de leur état. Les hommes y font affables, officieux, fidéles, religieux à tenir ce qu'ils ont promis: & dans la guerre, ils ont autrefois donné des preuves de leur valeur; ils imiterent le canton de Lucerne, & fe firent eux-mêmes canton, en 1351. Leur ville étoit impériale, & n'avoit jamais fait partie de la maifon d'Autriche ; cependant à fon occafion, il s'alluma une guerre entre les Autrichiens & les cartons: elle avoit déja fait alliance avec les cantons d'Uri & de Schwitz, dès l'an 1251; & quoique Albert, archiduc d'Autriche, eut en général fait beau

coup de mal à tous les Suisfes, &, en particulier, à ceux de Zurich, il n'avoit néanmoins jamais pu les détacher de l'empire. Plufieurs autres archiducs avoient ausfi tenté la même chofe inutilement, employant toutes fortes de moyens, pour la ranger fous leur obéisfance: voici ce qui fut caufe qu'elle entra dans la confédération. Les nobles du voifinage s'étant unis avec un troupe de bandis, pour piller les villes & les opprimer, les bourgeois de Zurich s'alliérent avec les villes de Constance & de S. Gall, & avec la ville & l'évêque de Basle; avec ces alliances, ils devinrent respectables aux nobles, qui n'oferent plus les attaquer à force ouverte. Jean de Hapsbourg tâcha feulement de furprendre leur ville, par le moyen de quelques intelligences fecretes, qu'il avoit prati quées; mais il n'y réusfit pas: fon desfein fut éven té la même nuit que les nobles & les bandit; devoient l'exécuter. Les bourgeois fe tinrent fur leurs gardes, & plufieurs des auteurs de la conspiration y furent tués. Albert & Othon d'Autriche formerent, là-desfus, le projet de faire le fiége de Zurich, & commençoient déja à mettre des troupes fur pied, lorsque les bourgeois, qui voyoient n'avoir aucun fecours à attendre de l'empereur, entrerent dans l'alliance des quatre cantons, en 1351. Albert voyant la ville de Zurich entrée dans l'alliance des quatre cantons, en fut fi irrité, qu'il s'empara, fous ce prétexte, de Rapperfchwyl, & asfiégea enfuite Zurich, avec une puisfante armée; mais Agnés, reine de Hongrie, princesfe aarcite, fe rendit médiatrice, & entreprit de ménager un accommodement entre fon frere & les Suistes. Albert ne voulut point recevoir les conditions que fa fœur lui propofa; il en faifoit tous les jours de nouvelles, que l'on ne pouvoit fe réfoudre à accepter; de forte que les chofes vinrent dans un état qui fit juger aux Suisfes qu'il en faudroit nécesfairement venir aux mains: ils prirent les devans, & s'emparerent les premiers du pays, qui forme aujourd'hui le canton de Glaris, & l'admirent dans leur alliance.

La forme du gouvernement, fous lequel eft aujourd'hui la ville de Zurich, avoit été établie dès l'an 1336: elle tient de l'Aristocratie & de la Démocratie; & c'est apparemment ce qu'a voulu infinuer l'auteur des délices de la Suisfe, en difant que ce gouvernement eft Aristocratique, mais asfez libre. « La ville, continue-t-il, eft partagée en trei»ze tribus ; une des nobles, & douze de bourgeois: » on prend de chacune de ces tribus, un certain » nombre de perfonnes, pour compofer le petit» confeil, qui eft de 55 membres, & le grand-con» feil, qui est de 200, & en qui réfide la fouveraine» té chaque tribu bourgeoife fournit douze per"fonnes pour le grand-confeil, & trois pour le pe"tit; mais la tribu des nobles a le privilége d'en » fournir dix-huit pour le premier, & fix pour le " fecond; après quoi, pour rendre ce dernier complet, on prend encore fix autres perfonnes dans » les tribus, où l'on croit trouver le plus de gens » de mérite ». Ce calcul n'eft pas juste, & le raifonnement eft obfcur: il falloit dire que le grand & le petit-confeil compofent ensemble le nombre de deux cent douze membres; que le grand eft formé de cent foixante-deux perfonnes, & non de deux cent: car les douze fujets, que fournit chaque tribu, joints aux dix-huit de la tribu des robles, ne font que cent foixante-deux membres; d'ailleurs, le petit-confeil n'eft pas non-plus de cinquante-cinq perfonnes car les trois, que fournit chaque tribu, les fix de la tribu des nobles, & les fix perfonnes de mérite, choifies indifféremment dans toutes les tribus, ne font que le nombre de quarante-huit, qui, avec les cent foixante-deux du grand-confeil, compofent en tout deux cent dix membres, ausquels, fi l'on ajoute encore les deux bourgue-mestres, on trouvera les deux cent douze membres des deux confeils: il faut néanmoins remarquer que le nombre de confeillers de la république excéde fouvent celui de deux cent douze, parce que les bourguenestres, & quelques autres officiers de l'état, font admis dans les confeils, lorsqu'ils ont fini le tems

de l'exercice de leurs charges: ces confeils ont à leur tête deux chefs, qui font les chefs de tout l'état, & que l'on appelle bourgue-mestres : le petit-confeil eft partagé en deux bandes, dont chacune, avec un bourgue-mestre à la tête, gouverne tour-a-tour pendant fix mois. Outre ces asfemblées, il y en a encore plufieurs autres, établies pour le bien de la police, & pour l'administration de la justice; mais je n'entrerai pas dans ces détails.

Le canton de Zurich eft d'une étendue confidérable; &, après celui de Berne, il n'y en a point de plus grand dans la Suisfe.

L'auteur des délices de la Suisfe, dit que le canton de Zurich eft compofé de trente-cinq bailliages ou gouvernemens, dont il y en a dix-fept, qui font gouvernés par des baillifs, qu'on y envoie, qui font obligés d'y réfider, & que, pour cette raifon, l'on appelle Exterieurs, & dix-huit Intérieurs, ainsi nommés, parce qu'ils font gouvernés par des feigneurs du confeil étroit de Zurich, qui réfident dans la ville, faifant toujours les fonctions de fénateurs, & qui vont de tems-en-tems administrer la justice: les premiers, ajoute-t-il, font Kybourg, Gruningen, Eglifeau, Regensberg, Grifenfée, Andelfingen, Knonaw, ou la province-libre, Wedifchweyl, Lauffen, Hegy, Sax ou Forsteck, Flach, Alticken, Weinfelden, Pfin, Steineck, Neuferen: Les autres font: Altitetten, Regenstorff, ou Alten-Regensperg, Bulach, Neu-Ampt, ou le Nouveau Gouvernement, où eit Stadel, &c. Rumlang, Schwamendingen & Dubendorff, Hongg, Horgen, Wollishofen, Wiedikon, Stafa, Manedorff, Meilen Ehrlibach, Kuffnacht, Wipkingen, Birmenstorff, Urdorff & Wettfchwyl: la plupart de ces derniers, ne font que des villages.

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Le Lac de Zurich eft long d'environ neuf lieues, & fa plus grande largeur d'une lieue. Il s'étend du Septentrion au Midi, & tant foit peu du côté de l'Orient, principalement à fa partie fupérieure. Il fait à peu-près la figure d'un arc, & eft formé par la Lint, qui y entre au-desfous de Grinaw, & en fort à Zurich, fous le nom de Lindmatt, ou Limmat. Il eft partagé en deux parties, par une langue de terre, qui s'y avance confidérablement, formant une espéce de promontoire, fur lequel eft fituée la ville de Rapperfchwyl. La partie, depuis l'embouchure de la Lint, jusqu'à Rapperfchwyl, s'appelle le Lac Supérieur; & l'autre, depuis Rapperfchwyl, jusqu'à Zurich, fe nomme le Lac inférieur, ou le Lac de Zurich. Ce lac eft abondant en diverfes fortes de poisfons, dont quelques-unes font même inconnues ailleurs. On voit la figure de chaque espéce, repréfentée dans deux grands tableaux, au premier vestibule de la maifon de ville de Zurich. Du côté occidental du lac, s'éleve le mont Albis, qui eft assez haut; & du côté de l'Orient, on voit une chaîne de montagnes, moins hautes, plus cultivées, & de meilleur rapport. Du reste, les deux rives du lac font garnies de vignobles, de belles prairies, de jardins, de bosquets, de maifons de plaifance, qui, entremêlées de quelques chaumieres, font une variété des plus agréables, fur-tout du côté qui regarde le Soleil levant, parce que les vins y font meilleurs que du côté oppofé au Soleil couchant, où ils font toujours un peu verds.

ZURINAS, peuples de l'Amérique méridionale,' au pays des Amazones, à la droite de la riviere de ce nom, entre la riviere des Omopaleas, ou des Curiguéres, & celle de Parana-Miri, autrement la petite riviere. Ces peuples, ainfi que les Caupunas, font les hommes les plus adroits & les plus curieux, que l'on connoisfe dans le pays, pour les ouvrages de la main. Ils font des fiéges en forme d'animaux, avec tant de délicatesfe, & qui font fi commodes, que l'invention humaine n'en fauroit trouver de meilleurs. Ils font des Estolicas, qui font leurs armes ordinaires, d'un bâton fort délié, avec tant d'adresfe, qu'on ne doit pas s'étonner fi les autres rations du pays fouhaitent d'en avoir; & ce qui eft admirable, d'un morceau de bois, le plus grosfier, ils en tirent une figure du relief fi au naturel, & avec tang

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