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TARONNE, petite riviere de France, en Sologne, ainti nommée parce qu'elle tarit affez fouvent; elle vient des étangs qui font au-detlus de Chaumont; descend par l'étang de la Motte dans celui de Ville-Comte, & dans celui de Gué- Malon; puis entre dans le Beu

vron.

TARONTO, lac de l'Amérique feptentrionale, dans la Nouvelle France, au nord du lac de Frontenac, & à l'orient de celui des Hurons, dans lequel il fe décharge par plufieurs

ouvertures.

TAROPECZ ou TOROPECZ, ville de l'Empire Rusfien, dans le duché de Rescow, aux confins de la Lithuanie, & du duché de Smolensko, fur les bords d'un lac qui la met à couvert des courfes en tems de guerre; elle a un château, & eft à dix huit milles polonois de Viclikicuki.

TAROS. Voyez TIRISCUM.

TAROSIA, ville épiscopale, fous la métropole de Sergiopolis, felon Ortélius, qui cite Guillaume de Tyr.

TAROUCA (S. Jean de), abbaye d'hommes, ordre de citeaux, en Portugal, dans la province de Beyra, au diocèle de Laniego. Elle a été fondée l'an 1122. TAROULA, nom d'une des trois fortereffes que les Portugais avoient élevées dans l'ifle Tidor, l'une des Molaques. Elle étoit bâtie au fommet d'une montagne, près de la ville où fe tient le roi; elle étoit beaucoup plus forte par fon atliette que par les ouvrages de l'art. * Davity, Ifles Moluques, p. 762.

TAROZA ou CAROSA, fiége épiscopal que la notice des patriarchats d'Antioche & de Jerufaleni met fous la métro pole de Théodofiopolis.

TARPÆUM ou TARPAUS-MONS, nom qu'Etienne le géographe donne au mont Tarpeïn ou Capitolin. Voyez CAPITOLE.

TARPE, ville d'Italie, felon Etienne le géographe, qui donne ce nom à la ville que les anciens ont appellée SATURNIA. Elle étoit fur le mont Tarpein ou Capitolin. Voyez SATURNIA & CAPITOLE.

TARPEIUS. Voyez CAPITOLE. TARPETES, peuples d'Afie, fur le Pont - Euxin, dans la Sarmatie Afiatique, felon Strabon, l. 11, pag.

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2. TARPHE, fontaine qu'Etienne le géographe met dans le pays des Locres Epicnémidiens, au voifinage de la ville Pharyge.

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TARPODIZUM. Voyez PARPODIZUM. TARQUINIA. Voyez TARQUINIENSES. TARQUINIENSES, peuples d'Italie, dans la Toscane, c'est ainsi que Pline, l. 3, c. 5, nomme les habitans de la ville, que Tite-Live, l. 1, c. 34 & 47, nomme TARQUI& Ptolomée TARQUINA, L. 3, c. 1. Juftin, . 20, c. 1, dit qu'elle tiroit fon origine des Grecs. Elle devint enfuite colonie romaine, & entin un fiége épiscopal: un de fes évêques eft nommé Apuleius Tarquinienfis dans un decret du pape Hilaire ; mais cet évêché a été uni à celui de Corneto. Le nom moderne de cette ville eft la Tarquinia, & par corruption la Taquina.

On a trouvé en travaillant dans les environs de Corneto, les anciennes fépultures de la ville Tarquinia. Ces fépulcres ou ces grottes font à mi-côte de la colline, fur laquelle étoit cette ville. On fait feulement par tradition, qu'elle avoit été en cet endroit ou dans un lieu peu éloigné, & c'étoit tout ce qui s'en étoit confervé. La découverte de ces grottes fit trouver quelques autres monumens, qui ne laisferent plus lieu de douter, qu'elle n'eût été réellement en cet endroit. Ces grottes font creufées dans la montagne. Ce font pour la plupart des chambres de dix à douze pieds en quarré, fur neuf à dix de hauteur. Les portes font au milieu des côtés oppofés, & font une enfilade. Les ouvertures ou portes étoient fermées d'un mur inoins épais que ceux qui féparoient ces cellules les unes des autres. On voyoit dans quelques-unes des reftes de peintures, c'eft-à-dire, du rouge, du bleu, du noir, qui fembloient marquer des

compartimens plutôt que des figures, car l'humidité avoit presque tout effacé.Chaque cellule avoit deux grands bancs ou relais taillés, & ménagés dans la montagne, ou faits de briques d'environ quatre pieds de large fur toute la longueur de la cellule c'étoit là qu'on étendoit ces corps morts. On a trouvé fur les bancs les gros offemens qui ont échapé à la longueur du tems. On a trouvé sur les mêmes bancs, & à côté des corps, des armes que la rouille avoit presque confommées, comme des épées larges & longues, des fers de pertuifanes de plus de deux pieds de longueur, & de fept à huit pouces de largeur, & fort épais; des lames de couteaux ou de poignards grandes & fortes, mais tellement mangées & cariées par la rouille, qu'elles ne pouvoient fe tenir droites. Il fembloit qu'elles fuffent de filigramme, pour les manches : il n'étoit plus question des hampes. On n'y trouva aucune inscription.* Labat, Voyage d'Italie, t. 5.P.33.

Ce qu'on a rencontré de plus entier & en plus grande quantité, ce font des vales de terre de toute espéce. Quelques uns étoient aux pieds, & d'autres à la tête des corps, c'étoient des coupes, des buyes ou cruches à une ou deux anfes, des foucoupes, & aux bas des bancs, il y avoit des fourneaux, des pots affez gros, de grands vafes & autres ufterfiles de ménage. Toute cette poterie étoit fort entiere; on en a trouvé dans toutes les cellules que l'on a ouvertes. A la vérité, ces piéces & particulierement celles qui étoient vernillees, étoient couvertes d'une espèce de talque blanchâ tre, qui en couvroit toute la fuperficie fans endommager le vermis, ni la couleur : car la plupart de ces vafes étoient couverts d'un vernis noir avec des ornemens rouges allez bien travaillés. Les buyes étoient d'une terre blanche fi lége re, que le moindre fouffle les ébranloit, quoiqu'il y en eût qui pouvoient contenir deux pintes. Tous ces ouvrages étoit faits au tour, les anfes des buyes étoient ajoutées, auffi-bien que quelques ornemens qui les couvroient, l'entrée en étoit faite à gaudrons. Les fourneaux qu'on a trouvés dans ces cellules font de la même figure que ceux que l'on fait encore aujourd'hui en Italie, en France, en Espagne & autres pays. Pour de l'or & de l'argent on n'en a pas trouvé dans ces cellules. Soit que le pays ne fût pas alors riche en ces métaux, foit que ce ne fût pas la coutume pourtant trèsancienne, comme on le voit par les fépulcres de David & de Salomon, foit que les ouvriers qui ont ouvert ces cellules fe foient faifis de ce qu'ils ont trouvé, & qu'ils ayent été affez lages pour n'en rien dire, il eft certain qu'on n'en a point eu de connoiffance, à la réferve d'un feul anneau : on le croyoit d'or, & il paroiffoit tel fur la pierre; mais ayant été fondé avec le burin, on trouva qu'il n'étoit que de cuivre couvert de deux feuilles d'or, ou d'une fort épaille. Il n'étoit pas rond comme font ordinairement les anneaux, mais ovale; il avoit un pouce dans fon plus grand diame tre, & étoit gros comme les plumes de corbeau, dont on fe fert à deffiner. La montagne Tarquinia eft à préfent un bois, où il n'eft pas aifé de rien découvrir qui puifle faire conoître quelle grandeur ni quelle forme cette ville avoit Ceux qui eurent la commiflion de la ruiner s'en acquitterent bien fidelement.

TARQUINIENSIS-LACUS. Voyez SABBATUS.

TARQUINPOLE, village de Fiance, dans la Lorrai ne, au diocèle de Metz, où le peuple croit qu'un Tarquin avoit bâti une ville à deux lieues & demie de Marfal, au milieu de l'étang de Linde; mais c'eft une tradition mal fondée, fuivant de la Sauvagere, qui marque dans fa disfertation fur le briquerage de Marfal, imprimée en 1740,

que

dans les anciens titres de 1339, 1344, 1394 & même 1629, il est écrit Telkem Paul, Tacampach, Techenpul, Techemphul, & que les payfans prononcent aujourd'hui Taquenpole; cependant il croit que ce mot a dû être formé de deux mots allemans qui fignifieroient, lieu où l'on a couvert un marais: lieu où l'on a pratiqué une chauffée fur le marais. Il le prouve atfez bien, & fur-tout que la fin de ce mot, quoique différemment écrit, fignifie un endroit marécageux, ou un pilotis pratiqué dans un endroit aquatique. Quoi qu'il en foit, on voit en ce lieu des débris des murs d'une très grande épaiffeur, l'emplacement d'un gros château & revêtu d'une chaullée romaine. Il eft vraisemblable que c'étoit une place forte des anciens Gaulois, qui aimoient fort à fe cantonner dans les marécages, & que les Romains leur ont fuccédé. On y voit des reftes d'inscriptions de cet derniers, entre autres d'un Monianus Magnus, & plufieurs

figures en partie mutilées. On y découvre auffi de tems en tems des médailles romaines, des morceaux de colonnes de mai, dit de la Sauvagere; toutes ces antiquités fe trouvent anéanties par d'ignorantes mains, qui n'en connoiffent que

la matiere.

phe.

1. TARRA, ville de Lydie, felon Etienne le géogra2. TARRA, ville qu'Etienne le géographe met près du mont Caucafé.

3. TARRA, ville de l'ifle de Créte, felon Etienne le géographe. Paufanias, l. 16, c. 16, connoît auffi cette ville; mais il écrit TARRHA au lieu de TARRA..

4. TARRA, montagne de l'ifle de Créte, felon Platar que, cité par Ortelius; mais Plutarque écrit TARA au lieu de TARRA.

TARRABENI, peuples de l'ifle de Corfe. Prolomée, l. 3, c. 2, qui les place au midi des Cervini, & au couchant de l'ifle, les met au nombre de ceux qui habitoient par bourgades. Le territoire qu'ils occupoient eft appellé Bafilica Paefe, par Léander.

TARRACHINA ou TARRACINA. Voyez ANXUR. TARRACINA, fleuve d'Italie, felon Tite-Live, L. 24,

C. 44:

TARRACON. Voyez TARRAGONE. TARRACONENSIA JUGA. Sidonius Apollinaris, 1.9, Epift. 12, ad Orefium, donne ce nom à ces montagnes d'Es pagne, dans l'Arragon, où l'on trouve une montagne de fel fi pur, qu'il a Kacidité naturelle du fel, & une douceur fi agréable, que l'on n'a point craint de la comparer à celle du

miel.

TARRAGA. Voyez TARRAGENSES. TARRAGENSES, peuples de l'Espagne citérieure ; ils étoient alliés des Romains, felon Pline, l. 3, c. 3. Leur ville eft nommée Tarraga par Ptolomée, l. 2, c. 6, qui la place dans les terres & la marque dans le pays des Vascones. On la nomme aujourd'hui TARREGA; elle eft dans la Catalogne, à fix lieues de Lerida, en allant à Barcelone.

TARRAGONE, ville d'Espagne, dans la Catalogne, fur la côte, environ à fept milles au nord-eft-quart-de-nord de la pointe de Salo, entre deux rivieres, le Gaya & le Francoli. Elle fut bâtie par les Phéniciens, (*) & non par le prétendu Tubal, comme quelques antiquaires fe font efforcés de le perfuader, & fut appellée Tarcon, d'où les Latins ont formé Taraco & les Espagnols Tarragona. Ayant été détruite, les Scipions la réparerent & en hrent une très belle place d'armes (b) contre les Carthaginois. Ils en firent leur réfidence ordinaire, & on croit qu'ils font enterrés auprès des anciennes murailles. Quelques tems après on y établit un confeil ou une affemblée pour rendre la juftice dans tout le district de cette ville. Augufte s'y trouvant dans la vingttroifiéme année de fon regne, lui donna le titre d'Augufta. Il y reçut divers ambaffadeurs, entr'autres ceux des Indes & ceux de Scythie; & ce fut à Tarragone qu'il rendit ce fameux édit dont S. Luc parle, & dans lequel il ordonnoit le dénombrement de l'univers. Anciennement elle étoit fi puisfante, fi riche & fi confidérable, que dans la répartition qui fut faite de l'Espagne, les Romains donnerent fon nom à la plus grande partie de ce vafte continent, en l'appellant TARRACONNOISE. Ses anciens habitans furent les premiers qui bâtirent un temple à Auguste, qui fut le premier à faire des plaifanteries fur cette balle flatterie : les députés de cette ville lui ayant dit qu'il avoit cru un palmier fur fon autel, il leur répondit: C'eft une preuve que vous facrifiez fouvent deffus. Ce temple d'Augufte fut rétabli par Adrien. L'empereur Antonin le Pieux aggrandit le port de Tarragone en 150. Cette ville étoit environnée de murailles bâties de gros quartiers de pierres, & fon port étoit garni d'un grand mole, dont on voyoit encores les ruines il n'y a pas long tems. Les Maures la prirent en 719, & la raferent jusqu'aux fondemens. Elle demeura abandonnée jusqu'en 1038, que le pape Urbain II ordonna à don Bernard, archevêque de Tolede, de la peupler de rechef & d'y rétablir le fiége épiscopal. Le pape la donna enfuite à Raimond Beranger, comte de Barcelone, & celui ci la céda à S. Oldegaire, évêque de Barcelone, qui en fut déclaré archevêque par une bulle du pape. Il fit réparer l'église cathédrale. Suivant une tradition, cette églife avoit été bâtie par l'apôtre faint Jacques, qui s'embarqua à Tarragone, pour retourner à Jerufalem, &laiffa dans la premiere de ces villes S. Agathodore fon

disciple, pour premier évêque. En 1151, Tarragone retourna fous l'obéillance de Raimond, dernier comte de Catalogne. L'archevêque. Bernard Cor la lui avoit rendue. En 1641, les François mirent le fiége devant cette ville. Les habitans firent une belle défenfe, & tinrent jusqu'à ce que l'armée espagnole fût venue à leur fecours, & cût obligé l'ennemi à le retirer. On découvre dans cette ville & aux environs beaucoup de monumens anciens comme des médailles, des inscriptions & des mafures de quelques bâtimens qui paroillent avoir été magnifiques, & entr'autres d'un cirque où le faifoient les courfes des chevaux dans une place appellée aujourd'hui, la plaça de la Fuente, & d'un théâtre qui étoit en partie taillé dans le roc, & en partie bâti de gros quartiers de marbre, dans Fendroit où eft à préfent l'églite de Notre-Dame du Miracle. Aujourd'hui Tarragone eft dans la même fituation fur une colline, dont la pente s'étend infenfiblement jusqu'au rivage de la mer. Son port n'eft pas des meilleurs, à caufe des rochers qui embarrallent le fond & qui en défendent l'entrée aux gros vaiffeaux. Elle a une bonne enceinte de murailles, ouvrage des Maures, & eft encore défendue par des baftions & divers autres ouvrages réguliers à la moderne, garnis de plufieurs pièces de canon pointées vers la mer, pour empêcher les corfaires & autres ennemis d'en approcher. La ville n'eft ni fi grande, ni fi peuplée qu'elle l'étoit anciennement; car, quoique fes murailles ayent asfez d'enceinte pour contenir deux mille maifons, on n'y en compte qu'environ cinq cents presque toutes bâties de groffes pierres de taille quarrées. Il s'y fait un grand commerce, & le terrein y produit en abondance du grain, de très bon vin, de l'huile, du lin, & on y nourrit quantité de troupeaux. Elle eft honorée d'un fiége archiepiscopal, tellement ancien, qu'il dispute la primatie à celui de To. léde, & d'une univerfité allez renommée. La cathédrale qui porte le nom de fainte Thécle, mérite d'être vue, aufli bien que l'églife de Notre-Dame du Miracle, dont une partie a été bâtie & ornée des pierres & des marbres qu'on a tirés du débris de cet ancien théâtre dont j'ai deja parlé; on y voit un ordre religieux qu'on ne voit guères ailleurs. ils s'appellent les frerés du fang très-pur de Chrift & de Marie; leur habit eft presque femblable à celui des capucins. Comme cette ville eft bâtie fur une hauteur, on y jouit d'un air pur & d'une vue charmante. D'un côté on voit la mer, de l'autre on découvre une vafte campagne, fertile, bien cultivée & bien peuplée, couverte d'un grand nombre de bourgs & de gros villages, qui font un des plus beaux paysages du monde. Tarragone a produit Paul Óro-, fe, hiftorien eccléfiaftique fort ellimé des favans, A la vérité les Portugais s'efforcent de prouver qu'il étoit natif de Braga en Portugal, tout ce que nous avons de plus pofitif fur l'antiquité de léglife de cette ville, c'eft qu'en 260, un nommé Fructuofus, qui a été mis dans le catalogue des Saints, en fut évêque, & que dans le onzième fiécle le pape Urbain II envoya le pallium à celui qui la gouvernois en ce tems; ce qui fait voir clairement elle ne conferva pas le caractère primatial pour lequel il s'éleva tant de disputes, du moins depuis ce tems elle a joui de celui de métropolitaine. Pierre II, roi d'Arragon, obtint du pape Innocent III, en 1204, que fes fuccelleurs feroient couronnés à Sarragoce, par l'archevêque de Tarragone, ce qui s'obferva jusqu'en 1318, que l'églife de Sarragoce fut élevée à la dignité de métropole. Après que la ville de Tarragone eut éré rétablie par l'expulfion des Maures, qui occuperent la Catalogne près de quatre cents ans, Bernard Fort fonda le chapitre de la métropolitaine au mois de novembre 1154, & dom Bernard Beranger, comte de Barcelone, confirma cette fondation. Ce chapitre eft composé d'onze dignités, qui font le grand archidiacre, l'archidiacre de Villafau, l'archidiacre de S. Laurent, le facriftain, le chantre, le prieur, le doyen, le thréfo rier, l'infirmier, l'hospitalier, l'archidiacre de S. Fructuofo, de vingt-quatre chanoines, de vingt-quatre prébendiers & de foixante-neuf bénéficiers. Le diocèle s'étend fur cent quatre-vingt-dix-fept paroilles, fur deux abbayes, fur trois prieurés & fur deux commanderies. L'archevêque jout de vingt mille ducats de revenu, & a pour fuffragans les évêques de Barcelone, de Tortofe, de Lerida, de Vich, d'Urgel, de Girone, d'Elne & de Solfone.

que

Entre la pointe de Salo & Tarragone, il y a un enfoncement & une plage de fables vers le milieu de laquelle fe Ggggg iij

trouve une petite riviere & quelques grandes maifons aux environs. La ville eft fituée à une petite portée de canon de la mer. Au-devant de la ville, il y a quelques demitunes & quelques redoutes de côté & d'autre, & fur le bord de la mer on voit une tour à fix côtés, pour défendre le mouillage; elle eft armée de trois piéces de canon. Il y a vis-à-vis cette tour un petit mole, qui s'avance droit dans la mer, environ foixante-dix toifes, lequel n'eft propre que pour les débarquemens & pour mettre de moyennes barques à couvert des vents d'eft; du côté de l'oueft de ce mole, il y a quelques maifons de pêcheurs; on y peut faire de l'eau dans des jardins, qui font environ cinq à fix cents toifes vers l'oueft, où il y a une petite riviere avec un pont & quelques grandes maifons au bord de la mer. On mouille ordinairement vers le fud oueft du mole à la petite portée du canon, par huit à neuf braffes d'eau, fond de fable fin; mais ce mouillage n'eft guères bon, à moins que les vents ne foient à la terre. (a) Vayrac, Etat préfent de l'Espagne, l. 1, p. 126. (b) Silva, Poblac. de Espana, p. 244. TARRAS, ville de l'ifle de Sardaigne, fur la côte occidentale de l'ifle. Prolomée, l. 3, c. 3, la marque entre le port Coracodes & l'embouchure du fleuve Thyrfus. Simler dit que c'eft la ville Tharros que l'itinéraire d'Antonin place fur la route de Tibuli à Sulci, entre Corni & Othoca, à dix-huit milles du premier de ces lieux, & à douze milles du fecond. Au lieu de Tharros, quelques manuscrits portent Tharbos, & d'autres Tharpos. Le nom moderne eft Large, felon Marius Niger.

TARRATE, contrée du royaume d'Ethiopie ou d'Abisfinie, au royaume de Tigré. Davity, Etats du grand Negus, p. 489, dit que le pays des Tarrate eft au nord de Caxumo, & contient le grand monaftère de l'Alleluya, un autre nommé Abbagarima, dont les lettres d'Ethiopie parlent avec tant d'avantage, le lieu d'Angeba, qui a un béténégus ou palais royal, où perfonne ne peut demeurer s'il n'eft lieutenant de roi; Agro honoré pareillement d'un bérénégus, & Angugui..

TARRAUBE, bourg de France, dans le bas. Armagnac, éléction de Lomagne.

TARREGA, ville d'Espagne, dans la Catalogne, (a) à fix lieues de Lérida, fur la route de cette ville à Barcelone. Elle est bâtie fur une colline près de la riviere Cervera, & entourée d'une muraille. Les Romains la peuplerent plufieurs années avant l'ére vulgaire, (b) & alors on la nommoit TARRAGA.Voyez ce mot. Dans la fuite les Maures s'en emparerent; mais dom Raymond Beranger comte de Barcelone, la leur enleva en 1163, il la fit rebâtir & la fortifia. C'est aujourd'hui le chef-lieu d'une viguerie. Son territoire abonde en bled, vin, huile, bétail, gibier & poillon. (a) Jaillot, Atlas. (b) Silva, Poblac. de Espana, p. 251.

TARRICINENSIS RESPUBLICA. On trouve ce nom fur une médaille rapportée dans le tréfor de Goltzius. Ortelius foupçonne que TARRICINENSIS eft là pour TARRACINENSIS; dans ce cas il feroit queftion de la ville de

TERRACINE.

TARRON ou TARRUM, ville de la Mauritanie Célarienfe. Prolomée, l. 4, c. 2, qui la marque dans les terres, la place entre Turaphilum & Garrha.

TARSA. Etienne le géographe donne ce nom à un village bien peuplé, au voifinage de l'Euphrate, à quinze ftades de ce fleuve, & à cent cinquante ftades au-deffous de Samofate.

TARSATICA, ville de l'Illyrie, felon Ptolomée, l. 2, c.7, & Pline, l. 3, c. 27. Dans l'itinéraire d'Antonin, cette ville eft nommée Tarfaticum ou Tharfaticum, & marquée fur la route d'Aquilée à Siscia, en paffant par la Liburnie, entre ad Titulos & ad Turres, à dix fept milles du premier de ces lieux, & à vingt milles du fecond. On croit communément que c'eft aujourd'hui la ville de Fiume, dans la Carniole.

TARSCHIZ, nom d'un château de la province de Khoraffan. Il étoit occupé par des brigands ou affaffins de la faction des Mohedah ou Ismaëlites de Perfe; mais le fultan Tacash Khan, les en chaffa, & extermina leur race. *D'Herbelot, Biblioth. orientale.

TARSE. Voyez TARSUS & THARSIS.
TARSEA. Voyez TARSUS.

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TARSIANA, ville de la Carmanie. Elle étoit dans les terres entre Chodda & Alexandria, felon Ptolomée, l. 6, c. 8. Au lieu de Tarfiana, le manuscrit de la bibliotheque palatine lit TARUANA.

TARSIATÆ. Voyez TARSIA I.
TARSICUM-MARE. Voyez THARSIS

1. TARSIUM, ville de la baffe Pannonie, felon Ptolomée, l. 2, c. 16, qui l'éloigne du Danube, & la marque entre Baffiana & Sirmium. C'eft la ville de Tarfum ou Tarfus d'Aurelius Victor, Epitom. p. 51 & 56, qui dit que les empereurs Tacite & Maximin y finirent leurs jours.

2. TARSIUM ou TARSIA, promontoire de la Carmanie ou de la Perfe. Arrien, in Indicis, n°. 37, dit qu'il entroit fort avant dans la mer.

Il

TARSIUS, fleuve de l'Afie mineure, dans la Troade: traversoit la contrée appellée Zeleja, & il y ferpentoit tellement, qu'on le paffoit vingt fois en fuivant le grand chemin.

TARSOK, ou TUERSOCK, Ou TUERIOGK, petite ville de Moscovie, dans le duché de Tuere.

TARSOU, nom moderne de la ville de Tarfe. Voyez
TARSUS.

TARSU. Voyez ZEPHYRIUM PROMONTORIUM.
TARSUM. Voyez TARSUS, no. 2.

TARSURA, fleuve de la Colchide. Arrien, dans fon périple du Pont-Euxin, met l'embouchure Tarfuras entre celles des deux fleuves Singames & Hippus, à cent vingt ftades du premier de ces deux fleuves, & à cent cinquante ftades du fecond.

On croit que Tarfura s'appelle aujourd'hui Ochums, riviere de la Mingrelie.

1. TARSUS, ville d'Afie, dans la Cicile. Il eft difficile de donner l'origine de cette ville. Tous les anciens qui en ont parlé, l'ont mêlée de fables. Etienne le géographe écrit que c'eft une colonie des Argiens. Quoi qu'il en foit, il eft conftant que la ville de Tarfe étoit très-ancienne, & qu'elle avoit été fondée par les Grecs, ou du moins qu'elle avoit été augmentée par une colonie grecque, & que fes habitans excellerent dans l'étude des belles-lettres, de la philofophie, & de toutes les fciences qui étoient cultivées chez les Grecs; puisque Strabon ne craint point de dire qu'ils furpafferent en cela Athénes, Alexandrie, & toutes les autres académies du monde : Tantum his hominibus [Tarfenfibus ] ftudium rerum philofophicarum & disciplinarum omnium quas encylias vocant, inceffit, ut & Athenas & Alexandriam, & fi quis alius locus ubi philosophia & humaniorum artium fchola funt, fuperaverint. * Cellarius, Geogr. ant. l. 3, c. 6.

Le Cydnus traversoit la ville de Tarfe, felon le témoignage de Denys le Périégéte, de Strabon, de Pomponius Mela, de Pline, d'Arrien & d'Ammien Marcellin. Strabon ajoute que cette ville étoit très-peuplée, fort puiffante, & foutenoit avec éclat fa dignité de métropole. Pline l'appelle ville libre: elle l'avoit apparemment été anciennement comme colonie grecque, & Pline nous apprend qu'elle jouiffoit auffi de fa liberté fous les Romains. Quelques uns croient qu'elle mérita auffi les priviléges de colonie par fon grand attachement à Jules-Céfar, & que ce privilége communiqua à tous les citoyens la qualité de citoyens Romains. Saint Paul, qui étoit né à Tarfe, jouissoit

TARSEIUM, ville qu'Etienne le géographe, qui cite de ce droit par fa naiffance. D'autres foutiennent que Polybe, place près des colonnes d'Hercule.

Tarfe étoit feulement ville libre, & non colonie romaine

du tems de faint Paul, parce que l'on ne remarque dans les médailles aucun veftige de ce titre de colonie romaine avant le regne de Caracalla, ou d'Héliogabale; & qu'ainfi le privilége de citoyen romain n'appartenoit pas à l'apôtre fimplement comme citoyen de Tarfe, mais par quelque droit particulier, que fon pere & fes aïeux avoient acquis.

Prolomée place cette ville dans les terres, & Pline dit qu'elle étoit loin de la mer, procul à mari; cependant Strabon remarque qu'il n'y a pas plus de cinq ftades de Tarfe à l'embouchure du Cydnus: Indè [ à Tarfo ] non plura quam quinque ftadia funt ad Cydni oftia. Un li petit espace auroit-il engagé les anciens géographes à mettre cette ville dans les terres, & à la dire éloignée de la mer, procul à mari? Il faut que ce paffage de Strabon foit corrompu. Il avoit fans doute écrit výzora, quinquaginta. Cette conjecture eft d'autant mieux fondée, que les voyageurs modernes mettent la ville de Tarfe, aujourd'hui appellée TARSOU, à fix milles de la mer.

Lucas, dans fon voyage de l'Afie Mineure, dit qu'elle n'eft qu'à huit licues d'Adana. On paffe fur un beau pont de pierres, & la riviere qui coule deffous fe nomme Merihafa ou Synduos. Quand on est arrivé aux démolitions, on entre d'abord par une grande porte encore entiere, faite de grofles barres de fer quarrées, de vingt pouces d'épailleur fur chaque côté, & elles ont chacune près de trente pieds de hauteur. Les abords de Tarfe font toutes en ruines: le peu qui refte, & où il y a des habitans, ne mérite pas que l'on en parle. Les Grecs n'y ont pour églife qu'une chaumiere, dont la vue fait affez connoître leur indigence. L'églife des Arméniens eft paffablement belle. Ils racontent que c'eft faint Paul qui l'a fait bâtir. On y voit une pierre de marbre qu'ils prétendent être celle où les apôtres étoient affis lorsque JESUS-CHRIST leur lava les pieds. Ils difent encore que le vendredi faint il fort de cette pierre une grande abondance d'eau, dont ils rempliffent plufieurs vales, & ils ajoutent que cette eau guérit un grand nombre de maladies. Les habitans de Tarfe affurent que c'eft chez eux qu'eft mort le prophéte Daniel, & on montre une mosquée, fous laquelle on prétend qu'il eft enterré. Les Turcs y ont mis, fur une grande tombe un cercueil de bois, qu'ils réyérent, & ils le font voir à ceux qui vont à Tarfe comme une rareté. Ce cercueil eft toujours couvert d'un drap noir en broderie. On détruifit en 1705 les anciennes murailles de la ville, pour y bâtir des camps & des maisons. Tarse n'eft pas peuplée, parce que la pefte y eft presque toujours Ce n'eft pas que l'air y foit mauvais ; mais la malpropreté des habitans eft extrême: ils n'ont aucun foin de faire ôter les immondices de leur ville. A juger de Tarfe par les anciennes enceintes, elle avoit plus de quatre lieues de tour. Lucas prétend que c'est dans les tremblemens de terre qu'il faut chercher la caufe de fa deftruction. On y voit des édifices renversés, dont les fondemens semblent fortir de terre, c'est-à-dire, que le haut eft en bas, & le bas en haut. Il ajoute qu'il n'y vît qu'une petite inscription : elle parle d'un certain Europe, qu'elle marque avoir été gouverneur ou général. Autour de ces démolitions croiffent en plufieurs endroits fous terre de petites racines femblables à des œufs de pigeon, & que l'on appelle en turc taupalac. Ces racines font un peu plates, & ont en même tems de petits rejet tons déliés comme des cheveux. On attribue à ces racines des vertus admirables. L'opinion commune eft qu'il y a de grands tréfors cachés fous les ruines de Tarfe, & cela peut fort bien être, fi cette ville a été renverfée par un tremblement de terre. Une ville fi célébre devoit abonder en richeffes.

2. TARSUS, ville de Bythynie, felon Etienne le géographe, qui la nomme auffi TARSEA.

3. TARSUS, contrée de la Bithynie. C'est Etienne le géographe qui en fait mention.

4. TARSUS. Ifidore donne ce nom à un lieu de l'Inde. TARTA, mot corrompu par Corneille: il faut lie TATTA. Voyez TATTA.

TARTANE, (la) petite anfe de l'Amérique feptentrionale, dans la Martinique, à la partie méridionale de la Caravale.

TARTANIUS AMNIS, fleuve dont il eft fait mention dans un fragment de l'hiftoire de Saluftre. Il femble que ce fleuve étoit aux environs de la Bithynie,

TARTARES, peuples qui habitent une grande partie du continent de l'Afie. Ils occupent tout le nord de l'Afie, & font partagés préfentement en trois nations différentes; 1°. les TARTARES, proprement dits; 2° les CALLMOUCKS; 3°. les MOUNG ALES. Quoique les autres peuples païens, qui , qui font disperfés par toute la Sybérie, & fur les bords de la mer Glaciale, descendent des Tartares, on ne les confidere pas aujourd'hui comme en faifant partie, mais comme des peuples fauvages : & fi l'on en trouve quelques-uns de plus civilifés vers les frontieres des Callmoucks & des Moungales, il faut les confidérer plutôc comme des branches nouvellement féparées de ces deux nations, que comme faifant partie des anciens habitans de la Sibérie. Les TARTARES proprement dits, font tous profeffion du culte mahométan, quoiqu'il y en ait quelques branches dont la religion paroît tenir beaucoup plus du paganisme que du culte de Mahomet. Ils font fubdivifés de rechef en plufieurs branches, dont les plus confidérables font les Tartates USBECKS, qui habitent entre le pays de Charafs'm & les états du grand Mogol, au nord-eft de la Perfe: les Tartares de Chiva, qui font compris ordinairement fous le nom de Tartares Ufbecks, & habitent le Charafs'm, aux environs des embouchures des rivieres d'Amú & de Khefell; les KARA-KALLPAKKS, qui habitent les bords de la riviere de Sirr, àd'eft de la mer Caspienne, & au nord des Tartares de Chiva; la CASATSCHIA ORDA, qui habite aux environs de la riviere de Jemba, au nord-eft de la mer Caspienne; les TARTARES DE NAGAY, qui habitent entre la riviere de Wolga & celle de Jaick, au nord de la mer Caspienne; les TARTARES BACHKIRS, qui habitent vers le pied des montagnes des Aigles, à l'eft de la riviere de Wolga; les TARTARES d'UFFA, qui habitent dans le royaume de Cafan, au nord des Baschkirs, entre la riviere de Wolga & les montagnes des Aigles; les CIRCASSES, qui habitenc à l'oueft de l'embouchure de la riviere de Wolga, & au nord oueft de la mer Caspienne; les TARTARES DAGHESTANS, qui habitent au fud des Circaffes, & à l'oueft de la mer Caspienne; les TARTARES KOUBANS, qui habitent fur les bords de la riviere de Kouban, entre le Palus Méotides & la mer Noire, au pied des montagnes du Caucafe; les TARTARES DE LA CRIMÉE, qui habitent dans la presqu'ile de la Crimée, & fur les bords du nord des Palus Méotides, & de la riviere de Don & celle de Boryfthène; les TARTARES DE BUZIACK, qui habitent entre la riviere de Boryfthène & le Danube, à l'ouest de la mer Noire. Tous ces Tartares Mahometans, font ordinairement d'une taille médiocre, mais bien renforcée : ils ont le teint fort bafané, les yeux bien coupés, noirs & vifs, mais le tour du vifage fort large & affez plat, avec un grand nez aquilin; enforte qu'on les peut diftinguer aux traits du vilage des Callmoucks & des Moungales. Leurs habillemens font différens, felon les différens pays qu'ils occupent : ceux qui habitent aux frontieres de Perfe & des Indes, imitent l'habillement de ces nations; les autres, qui habitent vers les frontieres de la Ruffie, le mettent à peu près comme les Ruffes; & ceux enfin qui habitent vers les frontieres des Turcs, fe conforment beaucoup à la maniere de s'habiller de cette nation. On peut dire en général que tous les Tartares Mohométans ne vivent quafi que de ce qu'ils peuvent voler fur leurs voifins, auffi-bien en tems de paix qu'en tems de guerre, en quoi ils font bien différens des Callmoucks & des Moungales, qui, quoique païens vivent tranquillement du produit de leurs troupeaux, & ne font de mal à perfonne à moins qu'on ne leur en faffe. * Hiftoire générale des Tartares, p. 7 & fuiv.

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Tous les Tartares prétendent être iffus de Turck, fils aîné de Japhet ; & comme ils fuppofent que Japhet, avant que de mourir, le défigna pour être, après lui, chef de toute fa famille, il fe croient d'une extraction bien plus noble que les peuples voifins, qu'on croit descendre des autres fils de Japhet. Du moins il eft certain qu'ils ont toujours porté le nom des Turcs, jusqu'à ce que ZingisKhan ayant rangé toutes les tribus de cette nation fous fon obéiffance, le nom des Turcs a infenfiblement fait place à celui des Tartares, fous lequel nous les connoiffons à préfent. Mais ils l'on confervé entr'eux, & prétendent qu'aucune autre nation n'a droit de le porter que la leur. Ils ont pris ce nom d'un des fils jumeaux d'Alingé-Khan, ap

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pellé Tatar. Tatar donna fon nom à une feule tribu, & c'est d'elle que les étrangers ont emprunté le nom de Tatars qu'ils donnent maintenant à toute la nation turque. Il eft impoffible de dire pofitivement à quelle occation cela eft arrivé cependant il paroît que nous devons l'ufage de ce nom, dans l'étendue où on le prend à préfent, aux miffionnaires neftoriens, que nous favons avoir étendu fort loin, dans les neuf & dixiéme fiécles, leurs converfions du côté du Tangut, & des autres provinces fituées à l'eft de ce royaume, qui étoient occupées alors par les différentes branches de la tribu des Tartares, & par les alliés de cette tribu; & comme ces miffionnaires prétendoient donner une grande idée au monde de l'avantage qui revenoit au chriftianisme, ils ne manquoient pas de vanter la puillance des princes Tartares, aux cours des quels ils avoient accès, leur attribuant des empires, des inres & des richeffes, qui ne fubfiftoient que dans leur imagination; mais ils n'avoient garde de dire que les Mogoules, chez lesquels ils n'avoient point d'accès, avoient des princes du moins auffi puiffans que ceux des Tartares; peut être qu'ils n'avoient aucune connoillance diftincte de cette branche fi confidérable de la nation turque, qui habitant pour lors au nord de la tribu des Tartares, pouvoit être regardée par eux, pofé qu'ils en euffent quelque connoillance, comme un peuple fauvage & barbare. Quoi qu'il en foit, il y a apparence que le monde, prévenu par les infinuations de ces mifionnaires, fe fit infenfiblement une habitude de donner le nom de Tartares à tous les peuples qui habitoient dans l'Afie fepten trionale, & qu'elle étoit établie du tems de l'invafion de Zingis-Khan dans l'Afie méridionale; car quand on fçut que ce prince des Mogoules étoit en même-tems fouverain des Tartares, on crut auffi que tous les peuples de ces quartiers étoient des Tartares. Les Chinois, qui ne fe mettent guère en peine de ce qui fe paffe chez leurs voifins, ne fe font accoutumés de donner le nom de Tartares à toute la nation turque en général, que parce qu'ils n'en connoiffoient que la feule tribu des Tartares qui habitoit fur leurs frontieres, & avec laquelle ils avoient aflez fouvent des démêlés..

Les Tartares, tant Mahométans, que Callmoucks & Moungales, prennent autant de femmes légitimes qu'ils veulent, & y ajoutent fouvent un grand nombre de concubines, qu'ils choififfent d'ordinaire parmi leurs esclaves. Les Tartares Mahometans obfervent quelques degrés de parenté, dans lesquels il leur eft défendu de fe marier; & les Calmoucks & les Moungales, à l'exception de leurs meres naturelles, n'obfervent aucune proximité de fang dans leurs mariages. Les enfans qui naiffent des femmes légitimes ou des concubines, font également légitimes & habiles à hériter de leurs peres; toutefois avec cette réfervation, que fi le pere a été khan ou chef de quelque tribu, les fils iffus des femmes légitimes lui fuccédent toujours préférablement à ceux qui font nés des concubines; cela s'entend fi long-tems que la violence ou l'intrigue n'en dispofe pas autrement.

Tous les Tartares font accoutumés de tirer la même nourriture des chevaux que nous tirons des vaches & des bœufs : ils ne mangent communément que de la chair de cheval & de brebis, rarement de celle de bœuf ou de vache, qu'ils n'eftiment pas à beaucoup près fi bonne. Le lait de jument leur fert aux mêmes ufages que le lait de vache à nous, & on affure que le lait de la jument eft bien meilleur. Outre cela, il eft à remarquer que quafi par toute la grande Tartarie, les vaches ne fouffrent abfolument point qu'on leur tire le lait, elles en nourriflent à la vérité leur veaux ; mais d'abord qu'on les leur ôte, elles ne fe laiffent point approcher pour le faire traire, elles perdent même inceffamment le lait dès qu'elles ne voient plus leurs veaux; en forte que c'eft une espéce de néceffité qui a introduit l'ufage du lait jument chez les Tartates. Ils favent tirer de ce lait une eau-de-vie en le faifant aigrir d'une certaine maniere pendant deux nuits, enfuite ils le mettent dans un pot de terre, qu'ils ont foin de bien boucher par-tout, & après y avoir mis un tuyau, ils le font paffer au feu, & cette eau-de-vie n'eft pas moins bonne ni moins claire que celle que nous diftillons de nos grains; mais il faut pour cet effet qu'elle foit pallée deux fois au feu: ils donnent le nom d'Arack à cette eaude-vie, à l'exemple des Indiens leurs voifins, qui appellent

toutes leurs liqueurs fortes de ce nom.

Tous les Tartares en général aiment la boiffon ; & lorsqu'ils peuvent avoir des liqueurs forces, ils en boivent jusqu'à ce qu'ils tombent par terre ; en quoi ils différent extrê mement du refte des Orientaux, qui ont généralement l'yvrognerie en horreur.Lorsque les Tartares veulent le réjouir entr'eux, ils apportent chacun autant de boiffon forte qu'ils en peuvent ramafler, & boivent nuit & jour, fans bouger de la place, jusqu'à ce que le tout foit confumé. Les Tartares Mahométans font obligés par les devoirs de leur culte, d'y apporter plus de ménagement que les Tartares païens ; & c'eft pour cette raifon qu'on ne remarque pas tant ce défaut aux Tartares Ufbecks, de la Crimée & de Budziack, qu'aux autres qui vivent fous la protection de la Ruflie, & qui ne font que des Mahometans à gros grain, en quoi il y a apparence que le climat, où les premiers habitent, bien plus doux que celui des autres, leur eft d'une grande aide; car nous voyons que par une inclination naturelle, tous les peuples qui habitent vers le nord font adonnés aux boiffons fortes. C'est par cette raifon que les Espagnols & les Italiens font moins adonnés à la boifon que les Allemands & les Anglois, ceux-ci moins que les Polonois, les Danois & les Suédois, & ces derniers moins que les peuples de la Novégue, de la Finlande & de la Ruffie. La même proportion a encore lieu dans la grande Tartarie, où les Tartares Ufbecks & les Callmoucks, qui habitent dans le Tangut,.font moins adonnés à ce vice que les Moungales & les Callmoucks qui habitent au nord de la Chine & des états du grand Mogol, & que les autres Tartares Mahométans, qui habitent au nord de la mer Caspienne, & ces derniers bien moins que les Tartares qui habitent dans la Ruffie & la Sibérie, ce qui ne peut provenir que d'un tempérament & d'un fang plus froid dans ces nations, à mesure qu'elles habitent plus vers le Pole.

Tous les Tartares aiment encore beaucoup le tabac : ils fument tous, grands & petits, hommes & femmes, avec excès. Cette paffion de fumer eft fi grande chez les Toungous, les Oftiakes, les Samoyédes & autres peuples païens de la Siberie, que pour ne pas perdre la fumée du tabac ils l'avalent, ce qui les fait tomber, après en avoir tiré quelques bouchées, dans de grandes convulfions qui leur durent un quart d'heure, plus ou moins, felon le tempérament des perfonnes; puis étant revenus à eux, ils jettent pour l'ordinaire une grande quantité de pituite, ce qui déchargeant beaucoup leurs eftomacs chargés de mauvaises nourritures que ces peuples font accoutumés de prendre, leur fert d'une excellente médecine.

Ils ont une maniere tout-à-fait finguliere de combattre, en laquelle ils font fort habiles. En allant à l'action ils fe partagent fans aucun ordre ni rang en autant de troupes qu'il y a de tribus ou de hordes particulieres qui compofent l'armée, & en cette forte ils vont charger les ennemis la lance à la main, chaque troupe ayant fon murfa ou chef particulier à la tête. Ils ne fe battent qu'à cheval, & n'ont point l'ufage de l'infanterie. L'arc & la féche font leurs meilleures armes, dont ils tirent avec tout autant, & même plus d'adresse en fuyant qu'en avançant, & c'est pour cela qu'ils ne cherchent point d'en venir aux coups de main avec leurs ennemis, à moins de quelque grand avantage, trouvant mieux leur compte à les harceler de loin, en quoi la vitelle de leurs chevaux leur eft d'un grand fecours; car le plus fouvent lorsqu'on les croit abfolument en déroute, ils ne manquent pas de venir tomber fur leurs ennemis avec plus de vigueur qu'auparavant, & pour peu qu'on fe foit preffé à les pourfuivre fans garder l'ordre néceffaire en cette occafion, on court de terribles risques avec eux.

Tous les Tartares en général, de quelque pays ou religion qu'ils puiffent être, ont une exacte connoiffance des Aimacks ou Tribus, dont ils font fortis, & ils en confervent foigneufement la mémoire de génération en génération. Quoique même par la fuite du tems une telle tribu vienne à fe partager en diverfes branches, on ne laiffe pas de de compter toujous ces branches d'une telle tribu; en forte qu'on ne trouvera jamais un Tartare, quelque groffier qu'il puitfe être d'ailleurs, qui ne fache de quelle tribu il eft. Chaque tribu ou chaque branche féparée d'une tribu a fon chef particulier, pris dans la tribu qui prend le nom de Murfa, & c'est proprement une espéce de majorat, qui doit tomber réguliérement d'aîné" en aîné dans la postérité du premier

fondateur

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