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& d'autre, & qu'ils demeureront indépendans. Quelquesuns d'entr'eux ont des terres qu'ils labourent, d'autres ont des pâturages où ils engraillent des beftiaux : quelques-uns ont auffi beaucoup de brebis. Ils font en général fort adonnés au brigandage. Quelques-uns ont des fufils, d'autres des mousquets à meche, d'autres des arcs & des fleches, mais ils ont tous en général de bons fabres. Comme ils font indépendans, ils ne payent rien à perfonne. Ils font continuellement des courfes dans la Géorgie & la Circaflie, où ils enlevent hommes, beftiaux, & hommes qu'ils vendent aux Tartates de Crimée & aux Cubans, qui viennent chez eux toutes les années pour les acheter. Ce font enfin des barbares fi fauvages & fi groffiers, que la plupart ne connoiffent pas même le pain. Les plus proches voifins du Dagiftan ont autrefois obéi au schamhall, partie par crainte, partie par argent, & il fe fervit d'eux dans fa révolte contre la Ruffie. Il eft impoffible de donner une jufte notion de ce pays, perfonne n'ayant ofé le parcourir. Quand un étranger arrive dans quelques-uns de leurs villages, une des filles de celui chez qui il loge, deflelle fes chevaux, le conduit dans une chambre, lui donne à manger & à boire, lui tient compagnie la nuit, & cela tant qu'il demeure chez fon pere. Lorsque l'étranger eft prêt à partir, la même fille felle fes chevaux, & lui remet fon bagage qu'elle a toujours gardé fcrupuleufement. Quelqu'un qui refuferoit d'accepter ces complaifances, pafferoit pour un groffier. Description des peuples occidentaux de la mer Caspienne, par M. Garber, officier dans ces pays, au fervice de la Ruffie.

*

TAUMIERS, en latin Taumerium, bourg de France, dans le Bourbonnois, à deux lieues de Dunleroy, à huit de Bourges, à treize de Moulin & à trois de Saint Amand au diocèle de Bourges, élection de Saint-Amand. Les terres font fertiles en feigle, avoines, prés, pâcages, forêts & bois taillis. Il y a une maladerie de peu de revenu, une ancienne églife d'un couvent de bénédictins, fous le titre de prieuré de Fonguesdon, à la collation du prieur de Souvigni; il vaut quatre cents livres.

&

TAUNAIS. Voyez TAURICA CHERSONNESUS. TAUNTON, ville d'Angleterre, dans Sommerfetshire, fur la rive droite du Taw, dans l'endroit où cette riviere en reçoit deux autres petites, l'une à la droite, l'autre à la gauche, à quelques lieues au-deffous de Wellington. Cette ville qui députe au parlement & qui a droit de marché, eft jolie & dans une fituation agréable. Ina, roi des Saxons orientaux, y bâtit un château bâtit un château que fa femme Defburge fit rafer, après en avoir challé Eadbricthe, roi des Saxons méridionaux, qui s'en étoit emparé. Le pays des environs eft agréable: on y voit de charmantes prairies, de beaux jardins, & un grand nombre de maifons de campagne. *Blaeu, Atlas.

TAUNUS. Voyez TAURUS. 5. TAVOGA, petite ifle de la mer du fud, dans la baye de Panama.

TAVOLARO on TOLARE, ifle fur la côte orientale de la Sardaigne, à l'embouchure du golfe de Terra Nova, entre le cap de Sardo au nord, & celui de Cavallo au midi. C'eft l'Hermaa infula de Ptolomée, l. 3, c. 3.* Carte marine de la Sardaigne, chez van Keulen.

TAUORMINA ou TAORMINA, anciennement Tauromenium, ville de Sicile, dans le val Démone, (a) fur la côte orientale de l'ifle, entre le golfe de Saint-Nicolas au nord di Caftel-Schifo au midi. Elle eft fituée au milieu de la descente d'une montagne, qui, dans cet endroit, avance dans la mer entre deux golfes; ce qui rend cette place d'une affiette très-forte, n'y ayant outre cela qu'une feule porte pour y entrer. (6) Le chemin qui y conduit & qui eft taillé dans le roc, eft d'une garde facile. Quoique la montagne, au pied de laquelle bat la mer, ne falfe aucun abri à la rade qui lui fert de port mal affuré, on ne laiffe pas d'y charger tous les ans quantité de bled qui croît aux environs de la ville. Tauormina eft adoffée contre une chaîne de plufieurs montagnes qui regnent de ce côté-là jusqu'à Meffine, qui n'en eft éloignée que de vingt milles, & d'une autre montagne qui s'étend vers le milieu de lifle. Il y a dans la ville une fontaine affez belle, & une place de . peu d'étendue. Les rues qui font très-étroites font juger que c'est une ancienne ville. Elle a eu le titre de colonie, & l'on y voit encore quelques ruines du fameux temple d'Apollon, où les habitans confultoient l'oracle lorsqu'ils

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tin.

TAURANIA, ville d'Italie, dans la Campanie. Elle ne fubfiftoit déja plus du tems de Pline, l. 3, c. 5. Il fe pourroit faire que ce feroit de la même ville, dont parle Etienne le géographe : Taupavín és "Iranías. Il est fait mention dans Pomponius Méla, l. 2, c. 4, d'une ville nommée Taurinum, & dans Strabon, l. 6, p. 254, d'une contrée appellée Tauriana; mais tout cela n'a rien apparemment de commun avec la TAURIANA de Pline, quoique Cafaubon ait cru le contraire. Le Taurinum de Pomponius Méla, & la Tauriana Regio de Strabon étoient dans le Brutium, au lieu que Pline marque la ville de Tauriana dans la Campanie.

TAURAS, ville de l'Arménie, felon Cédréne, & TARAS, felon Curopalate. Ortélius, par qui ces deux autents font cités, croit que ce pourroit être une ville des Taurantes ou Taurauntes.

TAURASIA, ville d'Italie, dans la Gaule Transpadane, felon Appien, de bell. Annibal. p. 146. On croit communément que c'eft de la ville de Turin, dont il entend parler.

TAURASINI CAMPI, plaine d'Italie, dans la Sabine, au voifinage de la ville Maleventum, felon TiteLive, l. 4, 6. 20. Le même auteur appelle dans un autre endroit, l. 40, c. 38, cette plaine Taurafinorum Ager, & il dit qu'on y transporta des Liguriens. Comme dans ce dernier endroit les manuscrits de Tite-Live varient, & portent Tauraninorum pour Taurafinorum, on a été tenté de croire que les deux paffages de Tite-Live étoient corrompus, & qu'il falloit lire Arufini Campi & Arufinorum Ager; d'autres qui s'en tiennent à Tauraninorum Ager, croient qu'il eft queftion du territoire de la ville TAU

RANIA.

TAURAUNTIUM REGIO, contrée de l'Arménie. C'est Tacite, Annal. l. 14, c. 24, qui en fait mention. Au lieu de Taurauntium, quelques exemplaires portent Taurantium. Cette contrée étoit entre Artaxate & Tigra

nocerta.

TAURCA, peuplade de Bérebéres, en Afrique, au royaume de Tunis. Elle eft, au-dedans du pays, & fon circuit eft de plus de vingt. lieues. Cette contrée abonde en dattes & en froment, quoique les terres foient un peu légeres & fablonneufes. Ces Bérebéres font gens groffiers, qui viven fous des cabanes de palmiers, ou dans des hutes faites de branchages. Ils font de la même tribu que ceux de Mecellata, & relevent aujourd'hui du Turc, dont ils fecouerent autrefois le joug. En 1567, ils fe révolterent en même tems que ceux de la campagne de Tachore : mais Méhamet Bay & Chaloque, gouverneurs, l'un d'Alexandrie, & l'autre de Tripoli, marcherent contre eux avec leurs troupes, & après quarante jours d'attaque, fans qu'ils euffent pu pénétrer dans le pays, ces Bérebéres fe rendirent, en fe foumettant de payer trois mille ducats, & de mettre bas les armes. Comme ils font fort pauvres, cette fomme, quelque modique qu'elle foit, eft quelque chofe de dur pour eux.* Marmol, t. 2, l. 6, c. 56.

TAUREAU, (l'ifle du) ifle de France, dans la Bretagne, au diocèfe de Tréguier. Elle eft fituée à l'embouchure de la riviere de Morlais. Il y a dans cette ifle un fort, qui défend l'entrée de la riviere, & qu'on nomine le château du

Taureau...

TAUREDUNUM-CASTRUM, château du Valais, fur une montagne, près du Rhône, felon Grégoire de Tours, hift. l. 4, c. 31. Belleforêt & Corneille, trompés par la reffemblance du nom, ont dit que Tauredunum Caftrum étoit la ville de Tournon, dans les Cévennes; mais ils n'ont pas fait attention que ce château devoit être au-detlus de Genéve, & par conféquent bien loin des Cévennes. Une ancienne chronique met Tauredunum Tome V. Iiiiiij

Caftrum, ou Mons Tauretunenfis, pofitivement dans le Vallais. Hoc anno, dit cette chronique, Mons validus Tauretunenfis in territorio Valenfi ita fubitò ruit ut Caftrum tui vicinus erat, & vicos cum omnibus habitantibus oppresfiffet, &c. Cette chronique ajoute que par la chute de cette montagne, le lac de Genéve fe déborda tellement, qu'il renverfa plufieurs anciens villages, qui étoient bâtis fur fes bords, & un grand nombre d'églifes; que le pont de Genève en fut emporté, ainfi que les moulins; & qu'il entra dans cette ville une fi grande quantité d'eau, que plufieurs perfonnes furent fubmergées. Ce défaftre eft rapporté plus au long dans Grégoire de Tours. Marius Aventicenfis, ad ann. 563.

TAUREI PALESTRA, lieu de l'Attique. C'eft Lucien, in Parafito, qui en parle.

TAURENTINUM, felon Strabon, l. 4, p. 180, & TAUROENTA CASTELLUM, felon Céfar, I. 2, Bell. civ. 6. 4, lieu de la Gaule, fur le bord de la mer Méditerranée, au voifinage de Marfeille. L'itinéraire d'Antonin, qui écrit Taurentum, marque ce lieu entre le port Telo Martius, & celui de Carfici Citharifta, à douze milles du premier, & à dix-huit milles du fecond. On croit que c'eft aujourd'hui le port de Toulon. Ptolomée, 1. 2 c. 10, l'appelle Tauroentium, & il femble que ce foit le Taurois d'Etienne le géographe.

Taurentinum, qui eft le même que Taurentum, ne fauroit être Toulon; car Taurentum eft diftingué par Antonin, par Prolomée, &c. de Telo Martius, qui eft indubitablement Toulon.

TAURESIUM, ville de la Dardanie Européenne, au delà du territoire de Duras, proche du fort de Bédériane, felon Procope, Edif. l. 4, c. 1. C'eft de cette ville, ajoute til, d'où Juftinien, le réparateur de l'Empire, a tiré fa naiffance. Illa fit clorre d'une muraille en quarré, éleva quatre tours aux quatre coins, & fonda, tout proche, une ville très-magnifique qu'il nomma la Premiere Juftinienne.

TAURI, peuples de la Sarmatie Européenne, felon Tacite, annal. l. 12. Euftathe dit qu'ils habitoient la péninfule appellée la Courfe d'Achille. Ces peuples font auffi connus fous le nom de Tauroscythes. Leur pays eft nommé, TAURINIA par Etienne le géographe, in voce, & Suidas leur donne une ville, qu'il appelle TAURIO.

TAURIA, ifle de la mer Méditerranée. L'itinéraire d'Atonin la marque entre Carthage, furnommée Spartaria, ou Carthage la Neuve, & Céfarée de Mauritanie. Il ajoute que cette ifle étoit à foixante-quinze ftades de l'ifle del Erreur.

TAURIANA REGIO, contrée d'Italie, dans la Lucanie, au-dellus du pays des Turii, selon Strabon, l. 6, P. 254.

TAURIANUM, ville d'Italie, chez les Brutiens, felon Pomponius Mela, l. 2, c. 4, & Pline, lib. 3, c. 5. Quelques exemplaires de ce dernier portent TAROENUM pour TAURIANUM. On voit encore les ruines de cette ville auprès du village de Palma. Elle étoit voifine du port d'Orefte, appellé aujourd'hui Porto- Ravagliofo.

TAURIANUS SCOPULUS, rocher d'Italie, chez les Brutiens. Ptolomée, l. 3, b. 1, le marque fur la côte de la mer de Tyrrhéne, entre la ville Tempfa & le golfe Ippo niates. On nomme aujourd'hui ce rocher Pietra della Nave, ou fimplement Nave.

TAURICA CHERSONNESUS. Voyez au mot QUERSONNESE l'article QUERSONNESE TAURIQUE.

TAURINI, peuples d'Italie, au-delà du Pô par rapport à la ville de Rome. Pline, l. 15, c. 10, & Prolomée, 1.3, c. 1, en font mention. Ce dernier, qui les place fous les Salafii, leur donne quatre villes ; favoir,

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vient d'une montagne, à côté de Feltin, paffe fous le ponts de Taurion, de Bourganeuf, de Marat, de SaintMartin-le-Vieux & de Saint-Prie, & fe jette dans la Vienne, près de Saint-Léonard.

TAURIS, ou TABRITZ, ville de Perfe, capitale de la province d'Adherbigian, qui fait partie de l'ancienne Médie, à 374 so' à l'ouest de la ville d'Ardevil. Elle eft à l'abord de la Turquie, de la Moscovie & de la Perfe. Quelques-uns la prennent pour l'ancienne ECBATANE, capitale de l'empire des Médes; mais ECBATANE eft aujourd'hui la ville d'AMADAN. Voyez AMADAN; & Tauris eft la Gabris de Ptolomée. Les tables arabiques de Nallirreddin & d'Ulug-Beg, lui donnent 82d de longitude, & 384 de latitude feptentrionale. L'on attribue la fondation de cette ville à Zebeidah, femme de Haroun Al Raschid, cinquième khalife de la race des Abbatlides, qui la fit bâtir l'an de l'hégire 175. L'an 144 de la même hégire, fous le khalifat de Montavakkel, le dixième des Abbasfides, un tremblement de terre général dans toute l'Afie, la ruina presqu'entierement; mais elle fut rétablie peu après: mais fous le regne de Caïm, vingt-fixiéme khalife Abbaflide, elle fut encore renversée par un tremblement de terre, & plus de quarante mille perfonnes fe trouverent enfévelies fous les ruines. On atfure qu'un célébre aftronome, nommé Aboa Thaer, avoit prédit ce malheur. Elle fut encore rétablie l'an 434 ou 435 de lhégire. L'an 795 de la même époque, Tamerlan prit & faccagea la vile de Tauris, fur le fultan Ahmed Ben Scheikh Avis, de la race & dynattie nommée Ilkhanienne, qu'il avoit abandonnée, fur la nouvelle qu'il avoit eue que Tamerlan s'en approchoit. Cette même ville fut aufli prife par Soman, l'an 955 de l'hégire, fur Schah Thamafb, roi de Perfe, qui en avoit fait jusques là fa capitale, &• qui transféra fon fiége à Cazbin. L'an 992, Morad Ben Selim, qui eft Amurat, troifiéme fultan des Turcs, reprit la même ville, que Soliman avoit abandonnée ; & le général de fon armée, nommé Osman Pascha, y fit fortifier le château, avec une fi grande diligence, que Mohammed Khodabendeh l'Aveugle, roi de Perfe, après avoir battu les Turcs, ne put s'en rendre le maître; mais les Perfans, s'en étant emparés depuis, y font demeurés paisibles, en vertu des traités qu'ils ont faits avec les Turcs.

La ville de Tauris eft fituée au bout d'une plaine, & environnée de montagnes de trois côtés ; elle jouit d'un air auffi inconftant qu'Erivan. La montagne la plus éloignée n'en eft qu'à une lieue, & il y en a une qui touche la ville, presque au nord, n'en étant féparée que par une petite riviere. Une autre, appellée Scheinkaie, dont l'eau eft affez bonne, court au milieu de Tauris; elle a trois ponts, qui n'ont qu'une arche chacun, pour pafler d'un côté de la ville à l'autre. Quelquefois cette riviere, qui ordinairement eft petite, inonde la ville, & y cause beaucoup de dégats. Le circuit de Tauris eft de trente milles, à cause des jardins & des places, qui y font en grand nombre. Un jefuite François, dans fa relation de Tauris, l'égale à Rome en grandeur. Je croirois que Tauris l'emporte; elle contient deux cents cinquante mille habitans ; & outre fes maifons, qui font peu habitées, elle renferme quantité de jardins & de chanips; elle n'a point de murailles, & fes maifons font toutes bâties de briques cuites au foleil. Les maifons des particuliers n'ont pour la plupart qu'un étage; quelques-unes en ont deux ; le toit eft en terralle, & au-dedans, elles font voûtées & enduites de terre détrempée avec de la paille bien hachée, qu'on blanchit après avec de la chaux. Les mosquées font très-belles, & revêtues de briques peintes en maniere de porcelaine, & qui, ajustées enfemble, repréfentent plufieurs lettres & plufieurs figures.

On voit à Tauris plufieurs reftes de beaux édifices (a) autour de la grande place & au voifinage, & on laifle tomber en ruine quatre ou cinq belles mosquées, d'une grandeur & d'une hauteur prodigieufe; la plus fuperbe fe trouve en fortant de la ville, hors d'Ispahan. Les Perfans

Ces peuples habitent aujourd'hui le Piémont. Voyez l'abandonnent & la tiennent immonde, comme une mosTAURISCI.

TAURINIA. Voyez TAURI. TAURINUS SALTUS. Tite-Live, l. 5, c. 34, donne ce nom a un endroit des Alpes par où pafferent les Gaulois pour pénétrer en Italie.

TAURION, petite riviere de France, dans la Marche,

quée d'hérétiques, ayant été bâtie par les Sounnis, fećtareurs d'Omar. C'eft un grand bâtiment, d'une très-belle ftructure, & dont la façade, qui eft de cinquante pas, est relevée de huit marches au - deffus du rez-de-chauffée. Les murs font revêtus par dehors de briques vernillées, & par dedans, ils font ornés de belles peintures à la mores

foutenue par douze arcades, trois de chaque côté ; celles du côté des portes du couchant & du levant font égales, mais les autres font plus grandes ; dans le haut, il y a à chaque angle quatre balcons féparés. Les deux côtés de la niche font revêtus de deux belles tables de marbre transparent; à gauche, il y a une chaire où l'on monte par quinze marches; le pavé n'eft couvert que de méchantes nattes, parce que les Perfans méprifent cette mosquée, comme les autres ouvrages des fectateurs d'Omar. Derriere cette mosquée, du côté du feptentrion, il y a un beau jardin rempli de toutes fortes d'arbres, & dans le voilnage, on voit un autre bâtiment orné en dehors de la même maniere, mais qui tombe en ruine. On le nomme le Lieu des Eaux, parce que les Perfans y lavent leurs morts. Allez près de la grande place, il y a une églife d'Arméniens ruinée : ils difent que fainte Hélene y envoya une partie de la vraie Croix. On voit encore dans ce quatier une mosquée, qui fut autrefois une églife dédiée à faint Jean-Baptifte, & on croit qu'une de fes mains y a été confervée long-tems. Les capucins ont une maifon affez commode, & une églife, où ils font le fervice divin en toute liberté. (a) Tavernier, Voyage de Perfe, 1. I C. " 4. () Gemelli Carreri, Voyage autour du monde, t. 2, p. 25. Le maidan ou la grande place eft fi vafte, qu'il y pourroit tenir trente mille hommes en bataille. Pendant le jour cette place eft pleine de petites hutes, où l'on vend toutes fortes de denrées. Sur les trois heures après midi les marchands fe retirent, & font remplacés par des charlatans, qui amulent le public. Le marché aux chevaux fe tient encore dans cette place. Tous les foirs quand le foleil fe couche, & tous les matins quand il fe leve, il y a des perfonnes gagées, pour faire pendant une demi-heure un concert de trompettes & de tambours. Elles fe rangent à un côté de la place, dans une gallerie un peu élevée. Cela fe pratique auffi dans toutes les villes de gouverne ment en Perfe.

que, & d'une infinité de chifres & de lettres arabes en or & en azur. Des deux côtés de la façade, il y a deux minarets ou tours fort hautes. Quoiqu'elles ayent peu de groffeur, on a cependant pratiqué un escalier en dedans. Elles font auffi revêtues de ces briques verniffées : ornement qu'on donne en Perfe à la plupart des beaux édifices. Chacune de ces tours eft terminée en boule, taillée en turban, de la maniere que le portent les Perfans. La porte de la mosquée n'a que quatre pieds de large, & est taillée dans une grande pierre blanche & transparente, de vingt-quatre pieds de haut, fur douze de large, ce qui paroît beaucoup au milieu de cette grande façade. Du veftibule de la mosquée, on entre dans le grand dôme de trente fix pieds de diamètre, foutenu de douze pilliers en dedans, & de feize en dehors: tous ces pilliers font d'une belle hauteur, & ont fix pieds en carré. En bas, une ba luftrade regne autour, avec des portes pour paffer d'un côté à l'autre. Le pied de chaque pillier de la baluftrade, qui eft de marbre blanc, eft creusé en petites niches au rez du pavé de la mosquée, pour y mettre fes fouliers, qu'on laiffe toujours pour y entrer. Ce dôme eft revêtu par dedans de carreaux d'un beau vernis de plufieurs couleurs, avec quantité de fleurons, de chiffres & de lettres, & d'autres moresques en relief; le tout fi bien doré & ajusté avec tant d'art, qu'il femble que ce ne foit qu'une piéce & un pur ouvrage du cifeau. De ce dome, on paffe dans un autre plus petit, mais plus beau en fon espéce. Il y a au fond une grande pierre de la nature de celle de la façade, blanche, transparente & taillée comme une porte, mais qui ne s'ouvre point. Ce dôme n'a pas de pilliers; mais à la hauteur de huit pieds, il est tout de marbre blanc, & on y voit des pierres d'une longueur & d'une largeur prodigieufe. Toute la coupe eft un émail violet, où font peintes toutes fortes de fleurs. Le dehors de ces deux dômes eft couvert de briques verniffées, avec des fleurons en relief. Sur le premier, ce font des fleurons à fond verd, & fur le fecond des étoiles blanches à fond noir : ces diverfes couleurs frappent agréablement la vue. Près de la porte par où l'on va du grand dôme à l'autre, on voit à gauche une chaife de bois de noyer fimplement travaillée : elle eft appuyée contre le mur, eft élevée de fix marches & n'eft point couverte. Il y a à main droite une autre chaife de même bois & d'un aflez bel ouvrage, couverte d'un petit dais, & appuyée auffi contre le mur; une petite balustrade regne à l'entour, & on y monte par quatre marches. Vers le midi de la mosquée, il y a deux grandes pierres blanches transparentes, que le foleil, quand il donne deffus, fait paroître rouges; & même quelque tems après qu'il eft couché, par le moyen de la réverbération, on peut lire au travers de cette pierre, qui eft une espéce d'albâtre que l'on trouve dans le voifinage de Tauris. Vis-à-vis de la mosquée, de l'autre côté du chemin, on voit une grande façade, qui refte feule d'un bâtiment qu'on a laillé ruiner. C'étoit la demeure du fchcc-iman ou grand prêtre. Il y avoit de grands bains, qui font auffi détruits; il y en refte encore quelques-uns, mais ce font les moins beaux qu'on a eu foin d'entretenir. Dans la grande place de Tauris & aux environs, il y a divers édifices publics, comme une affez belle mosquée, un collége & un château, qui tombent en ruine, & qu'on néglige, parce qu'ils ont fervi aux Sounnis fectateurs d'Omar. On n'épargna ni le tems ni la dépenfe pour bâtir cette mosquée, qui eft près de la place publique. Elle a une belle façade de briques, travaillée avec art, & chargée de bas reliefs de marbre, fculptés à la maniere d'Italie, pleins d'oifeaux, de fruits & de fleurs de toutes fortes. La porte eft d'un feul morceau de marbre blanc. On entre par cette porte dans une espéce de cloître (b) ou cour carrée; de-là, on paffe fous une voute à trois rangs, qui eft à côté de la mosquée, fans aucun ornement; enfuite, on trouve deux petites portes, qui font au bout & par lesquelles on entre dans la mosquée, dont la façade eft ornée de deux tours de même ouvrage. La mosquée confifte en un grand dôme tout incrufté de marbre blanc, avec des arabesques d'or & d'azur, & d'autres ornemens peints, représentant des fleurs en quelques endroits, & des grotesques en d'autres. La niche, où peu de perfonnes vont faire leurs prieres, eft du côté de la place; les portes font fur les côtés, & chacune répond à chaque cloître qu'on y a bâti. La haute galerie de la mosquée eft

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En fortant de Tauris, du côté du nord, près de la ville, il y a une montagne qui n'en eft féparée que par la riviere; elle s'appelle Einali Zeinali; & il y avoit autrefois audeffus un bel hermitage d'Arméniens que les Mahométans ont converti en mosquée. Au bas de la montagne on voit une mosquée, qu'on laiffe tomber en ruine, auffi-bien qu'un monaftere, qui eft un peu plus loin, fur le bord d'un précipice: près de cet endroit, il y a deux caves où l'on voit quelques fépultures & des colonnes de marbre couchées par terre. Il y a auffi dans la mosquée quelques tombeaux des anciens rois des Médes; & ce qui en refte montre affez que l'ouvrage étoit beau. Sur la route de Tauris à Ispahan, environ à une demi-lieue des derniers jardins de la ville, entre plufieurs coupes de montagnes, qu'on laille fort près à main droite, & fur la plus haute, où jamais il n'y eut d'eau, & où même il eft impoffible d'en conduire, on voit un pont de cinquante pas de longueur dont les arches font fort belles, mais qui peu à peu tombe en ruine. Ce fut Mollah qui le fit bâtir. On fçut, par propre aveu, qu'une pure vanité lui avoit fait entreprendre cet ouvrage, fachant que Cha-Abas I du nom devoit venir à Tauris. Le roi y vint en effet, & voyant fur le haut de cette montagne un pont, qui ne pouvoit être utile à quoi que ce fut, il demanda qui étoit celui qui avoit fait faire cet ouvrage, & quel étoit fon deffein. Le mollah, qui étoit allé au devant du roi, & qui fe trouva près de lui quand il fit cette demande, dit qu'il n'avoit fait bâtir ce pont, qu'afin que ce prince en venant à Tauris s'informât de celui qui l'avoit fait faire. Ainfi le mollah n'avoit eu en cela d'autre ambition, que d'obliger'le roi à parler de lui.

fon

A une lieue de Tauris, au couchant d'été, on trouve au milieu d'un champ une groffe tour de brique appellée Kan- Hazun; elle a environ cinquante pas de diamétre, & quoiqu'à demi- ruinée, elle eft encore très-haute. Il femble que c'étoit le donjon de quelque château, & il rette encore autour de hautes murailles. On ne fait par qui cette tour a été bâtie, mais plufieurs lettres arabes qui font fur la porte, font juger que c'eft un ouvrage des Mahométans. En 1651, il y eut à Tauris & aux environs un grand tremblement de terre: plufieurs maifons en furent renverfees, & cette tour fe fendant de haut en bas, il en tomba une partie, dont le dedans fut rempli. J'ai dit plus haut qu'outre la petite riviere qui coule dans Tauris, il en paffe Iiiii iij

une autre au nord, entre la ville & la montagne. Celleci eft plus grande, & on y voit un affez beau pont de pierres. Tout auprès eft une fépulture couverte d'un petit dôme, & où les Perfans difent que la fœur d'Iman-Riza eft enterrée. Ce tombeau eft en grande vénération dans le pays. La riviere qui paffe fous le pont vient des montagnes du nord, & fe va rendre dans le lac de Roumi, à treize ou quatorze lieues de Tauris: on l'appelle Aggi-fon, c'eltà-dire, eau amere, parce que fon eau est très-mauvaise, & qu'il ne s'y trouve aucun poitlon. Il en eft de même du lac, qui a environ quinze lieues de tour, & dont l'eau eft comme noire. Ce lac prend fon nom d'une province & d'une petite ville appellée Roumi : elle n'eft éloignée de Tauris que de dix à onze lieues. Au midi du lac, fur le chemin qui mene à une petite ville nommée Tohoriam, on voit un côteau qui s'abaille infenfiblement, & dont le doux penchant forme un terrein uni, où bouillonnent plufieurs fources. Elles s'étendent à mesure qu'elles s'éloignent du lieu où elles commencent à fe montrer. La premiere terre qui fe leve fert à faire de la chaux : celle qui eft au deffous eft proprement une pierre fpongieufe & percée, & qui n'eft bonne à rien; & celle qu'on trouve après comme un troifiéme lit, eft cette belle pierre blanchâtre & transparente, au travers de laquelle on voit le jour comme au travers d'une vitre, & qui étant bien taillée fert d'ornement aux maifons. Cette pierre n'eft proprement qu'une congélation des eaux de ces fources, & il s'y eft trouvé quelquefois des reptiles congelés.

Il y a près de Tauris un village où l'on dit que le fils de Tobie vint avec l'Ange, & où il époufa Sara. La riviere qui eft voifine de cet endroit, eft affez particuliere: fix mois de l'année elle eft douce, & les autres elle eft falée, ce qui fait fans doute que dans chaque quartier il y a des caves profondes de cinquante à foixante marches, où l'on va puifer l'eau que l'on y fait venir. La riviere eft presque grande comme la Seine dans les fix mois qu'elle eft falée; ce qui vient apparemment de ce que les torrens d'eau qui fe jettent dedans pallent par des terres qui font toutes de fel;ccla eft d'autant plus probable que l'on voit des montagnes qui font toutes de fel.

L'air de Tauris eft bon & fain; l'hiver y eft affez long, parce que la ville eft expofée au nord, & que fur les montagnes qui l'environnent il y a des neiges neuf mois de l'année. Le vent y eft toujours gros le matin & le foir. Les Perfaus ne fouffrent point que les chrétiens fortent lorsqu'il pleut, parce qu'ils s'imaginent que fi un Perfan touchoit un chrétien mouillé, le premier deviendroit immonde. Les vivres font à bon marché: le pays eft très abondant en toutes choses néceffaires à la vie. Les légumes s'y donnent presque pour rien; auffi la ville de Tauris eft-elle une des mieux peuplées de la Perfe.Il s'y trouve une infinité de marchands, & de toutes fortes de marchandifes, particulierement des foies qu'on y apporte de la province de Guilan & autres lieux. Il s'y fait un grand trafic de chevaux, qui y font bons & à bon marché. Le vin, l'eau-de-vie, & généralement tous les vivres n'y font pas chers, & l'argent y roule plus qu'en aucun autre lieu de l'Afie. Plufieurs familles arménienes qui s'y font établies, ont acquis du bien dans le trafic qu'elles entendent bien mieux que les Perfans. Le grand trafic de Tauris rend cette ville renommée par toute l'Afie, & elle a un commerce continuel avec les Turcs, les Arabes, les Géorgiens, les Mingreliens, les Perfans, les Indiens, les Moscovites & les Tartares. Ses bazars qui font couverts, font toujours remplis de très-riches marchandifes; & il y en a de particuliers pour les artifans. La plupart font forgerons, les uns font des fcies, les autres des haches & d'autres des limes & des fufils pour battre le fer. Il y en a auffi qui font des cadenas pour les ferrures, les Levantins n'en ont que de bois. On y voit des tourneurs qui fourniffent les lieux circonvoifins de tours à filer & de berceaux, & quelques orfévres qui ne s'appliquent guère qu'à faire de méchantes bagues d'argent; mais il y a quantité d'ouvriers en foie, qui font de belles étoffes, & il y en a plus de ceux là que de toutes autres fortes d'artifans. C'eft encore à Tauris. que se fait la plus grande partie des peaux de chagrin qui fe confument en Perfe; & il s'y en confume une grande quantité, n'y ayant perfonne, à l'exception des payfans qui n'ait des bottes & des fouliers de chagrin. Ces peaux fe font de cuir de cheval, d'âne; mais celui qui fe fait du cuir de l'âne a le plus beau grain.

1.

1. TAURISCI, peuples de la Pannonie, felon Strabon, lib. 7, p. 314, & Pline, lib. 3, c. 25. Ce font aujourd'hui les habitans de la Styrie, appellée Stiermarck en allemand. Stier dans cette langue fignifie la même chofe que Taurus en latin; de forte que Stiermarik ne veut dire autre chofe que les limites des Tauri. Strabon remarque que quelquesuns donnoient aux TAURISCI les noms de Ligurisca & de Taurifta.

2. TAURISCI, peuples des Alpes, qu'Etienne le géographe confond avec les TAURI; & il ajoute que ces peuples font nommés TERISCI par Eratofthéne, & TROI par quelques autres. Selon Polybe, 7. 2, no. 15, les Taurisques n'habitoient pas loin de la fource du Rhône. Ce font ces mêmes peuples, qui, du tems de Céfar, inspirerent aux habitans de l'Helvétie le deffein de paffer en Italie, & de s'emparer de ce pays abondant en vins & en fruits fi excellens. Ils furent les premiers des Gaulois Celtiques, & même du canton de Zurich, dont ils faifoient alors partie, qui entreprirent cette grande expédition, & qui oferent ellayer de forcer les paffages des Alpes. Leurs descendans les Taurisques modernes font les habitans du canton d'Uri. * Etat & délices de la Suiffe, t. 2, p. 405.

TAURISTE. Voyez TAURISCI I.

1. TAURIUM, ville de Péloponnéfe, felon Polybe, 4, cité par Ortélius, qui dit qu'Antigonus s'en étoit rendu maître. Je crains cependant qu'Ortelius n'ait pris le nom d'un général pour le nom d'une ville, nommée Taurium dans Polybe.

2. TAURIUM. Ortélius croit trouver une ville de ce nom dans Suidas, qui, felon lui, la donne aux Tauro-Scythes, & ajoute que la lune y étoit adorée. On ne trouve point de ville du nom de Taurium dans Suidas: on y lit feulement le mot Taupian, Taurione, épithète donnée à Diane, adorée chez les Tauro-Scythes, & ainsi appellée, ou parce qu'elle préfidoit aux troupeaux, ou parce que Diane étant la même que la lune, fon char étoit fuppofé tiré par des taureaux.

TAURIUS. Voyez HYLICUS.

TAURO ou TORO, petite ifle fur la côte méridionale de la Sardaigne, à l'orient d'été de la pointe méridionale de l'ifle Palma de Sol, & au midi occidental du cap Tavolaro. Carte de la Sardaigne, chez Van Keulen.

TAURO CASTRO ou HEBRAO CASTRO, petite ville de la Gréce, dans la Livadie, vis-à-vis de l'ifle de Négrepont, dans l'ifthme d'une presqu'ifle qui borne la plaine de Marathon au-delà du marais au nord, où la côte fait un promontoire confidérable. C'étoit l'ancienne ville Rhamnus, & ce ne font aujourd'hui que des ruines. Cent pas au-deffus fur une éminence, on voit les débris du temple de la déelle Némefis. Il étoit quarré & avoit quantité de colonnes de marbre, dont il ne refte que des pièces. Il y a vis à-vis dans l'ifle de Negrepont le village de Difto, & un peu plus bas au midi dans la même ifle, un port nommé Porto Bufalo. Le temple de Némefis étoit fameux dans toute la Gréce, & Phidias l'avoit rendu plus recommandable par la ftatue de Nemefis qu'il y fit. Strabon dit pourtant qu'Agoracritus Parien l'avoit faite; mais que cet ouvrage ne cédoit pas à ceux de Phidias. * Wheler, Voyage d'Athènes, t. 2, l. 2. Spon, Voyage de Négrepont, t. 2, p. 184.

TAURO-CILICIA. On trouve ce nom dans faint Chryfoftôme, epift. 125, qui fans doute veut défigner par-là la partie de la Cilicie voifine du mont Taurus.

TAUROCINI, peuples d'I alie, dans la grande Grece, au voifinage de la ville Rhegium, felon Probus le Grammairien, in vita Virgilii, qui cite les origines de Caton. Ces peuples tiroient leur nom du fleuve TAUROCINIUM, fur le bord duquel ils habitoient.

TAUROCINIUM, fleuve d'Italie, dans la grande Grece, felon les origines de Caton, citées par Gabriel Barri, qui dit que le nom moderne eft CALOPINACO. Ce fleuve s'appelle aujourd'hui REZZO felon Léander.

1. TAUROENTIUM. Voyez TAURENTINUM. 2. TAUROENTIUM. Voyez TAURIANUM. TAUROIS, ville de la Gaule, felon Etienne le géogra phe, qui dit qu'elle avoit été bâtie par les habitans de Marfeille. Voyez TAURENTIUM.

TAUROMENIUM, ville de Sicile, dans la Péloriade, fur la côte. Pline, l. 3, c. 8, qui en fait mention, lui donne

le titre de colonie, & ajoute qu'on la nommoit auparavant Naxos. L'itinéraire d'Antonin la nomme Tauromenium Naxum. C'eft qu'après la ruine de Naxos les habitans furent transportés à Tauromenium, comme le dit Diodore de Sicile, l. 14, p. 282, & l. 16, p. 411. La ville de Tauromenium étoit fituée fur le Mont-Taurus ; & celle de Naxos avoit été bâtie fur la pente de cette montagne du côté du midi. Au lieu de Tauromenium, quelques manuscrits de Pline portent Taurominium ; & les habitans de cette ville font quelquefois appellés Tauromenitani, & quelquefois Taurominitani. Ciceron, Orat. Frument. cap. 6, qui donne à cette ville le titre de confédérée, écrit Tauromenitana civitas; & Silius

Italicus, l. 14, D. 257, fuit l'autre ortographe:

Taurominitana cernunt de fede Charybdin.

On lit fur une médaille de l'empereur Tibere ces mots COL. AUG. TAUROMEN. Le nom moderne eft TAVORMINA. Voyez ce mot, & l'article fuivant.

TAUROMINIUS, fleuve de Sicile, felon Vibius Sequefter, qui le marque entre Syracufe & Meffine, & ajoute qu'il avoit donné fon nom à la ville Tauromenium. Ce fleuve eft l'Onobala d'Appien, Bel. Civ. l. 5, & c'est aujourd'hui le Cantara.

TAURON, lieu de France, dans la Marche, diocèse de Limoges, élection de Gueret. Il eft compofé d'environ quatorze cents habitans. C'est une paroiffe fituée en pays des montagnes; terres pierreuses, bonnes à feigle, bled noir, petite avoine & raves; les pâcages & foins y font maigres; on y fait un petit commerce de beftiaux. Il y a plufieurs bois dans lesquels les habitans font des fabots & quelques charrettes ; ils ne font pas fort commodes.

1. TAUROPOLION, temple d'Artémide, ou Diane, dans l'ifle de Samos, felon Etienne le géographe.

2. TAUROPOLION, Strabon, l. 14, c. 639, dit que dans l'ifle d'Icarie il y avoit un temple de ce nom confacré à Diane.

TAUROPOLIS, ville de la Carie, felon Etienne le géographe & Porphyrogenéte. Ortélius dit qu'on l'appelle préfentement Staureopoli.

TAURORUM PENINSULA. Voyez au mot QUERSONNÉSE, l'article QUERSONNESE-TAURIQUE.

TAUROSCYTHE, TAURO-SCYTHE OU TAURI SCYTHE, peuples qui faifoient partie des Tauri, & qui habitoient au voisinage de la péninfule appellée la Course d'Achille. Prolomée, l. 3, c. 5, & Pline, l. 4, C. 12, fixent la demeure des Tauro-Scythes dans ce quartier.

TAURUNUM, felon Pline, l. 3, c. 25, & TAURURUM, felon Ptolomée, l. 2, c. 16, ville de la baffe Pannonie à l'embouchure de la Save dans le Danube. On l'appelle aujourd'hui ALBA-GRÆCA, ou BELGRADE, en allemand Grichisch-Weiffeinburg. La notice des dignités de l'Empire, fedt. 57, fait mention de cette ville auffi bien que l'itinéraire d'Antonin & la table de Peutinger.

Dans les endroits où le mont Taurus laiffe des ouvertures & des paffages, on leur donne le nom de Portes ou de Pyles. Il y a les Portes Arméniennes, les Portes Caspiennes & les Pyles de Cilicie.

Les anciens ont encore donné d'autres noms à cette montagne, ou plutôt à fes diverfes branches. Quelques-unes font nommées,

1. TAURUS, montagne d'Afie & la plus grande que nous connoiffions. On lui a donné ce nom à cause de sa grandeur & de fa hauteur, la coutume des Grecs étant d'appeller Taupe Tauri, ce qui étoit d'une grandeur démefurée. Quelques-uns mettent fon commencement dans la Lycie, & d'autres dans la Carie & d'autres dans la Pamphylie, & ne la terminent qu'à l'extrémité la plus orientale de l'Afie. Le plus grand nombre, & entr'autres Strabon, l. 1 & l. 14, Pomponius Mela & Pline, l. 1, c. 5, font commencer cette montagne au promontoire Sacrum ou Chelidonium, quoiqu'elle traverse toute la Carie jusqu'à la Pérée; mais fes branches de ce côté-là n'ont paru apparemment, ni affez hautes, ni affez larges pour mériter le nom de Taurus. On l'a nommée diverfement, felon les diverfes contrées & les divers peuples où elle jette un grand nombre de branches; ou, comme Pline le remarque, dans tous les pays où elle s'étend elle prend des noms nouveaux. Voici ceux qui ont été connus de cet ancien auteur.

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Pline dit que ces diverses branches du Taurus étoient appellées en général monts Cérauniens par les Grecs. Pomponius en comprend la plus grande partie fous ce nom, & ilen. donne de particuliers à quelques branches, comme Amazonicus, Caspius, & Coraxicus.

2. TAURUS. On comprend proprement fous ce nom cette partie du mont Taurus, qui fépare la Pamphylie & la Cilicie de la petite Arménie & la Cappadoce des deux premieres de ces contrées. Les modernes connoiffent ce mont Taurus, proprement dit, fous les noms de CANIBEL, BACRAS, GIULICH, CARAMA & CORTHESTAN. La partie qui approchoit le plus de l'Euphrate étoit appellée par habitans du pays Munzzarum & Maurum, felon Zonare, Cédrène & Curopalate. * Ortelii Thefaur.

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3. TAURUS, promontoire de l'ifle de Sicile. Il est marqué par Ptolomée, l. 3, c. 4, fur la côte orientale, entre l'embouchure du fleuve Alabus & celle du Pantachus. On l'appelle aujourd'hui Cabo di fanta Croce.

4. TAURUS ou TAURUS SCYTHICUS, montagne de Scythie, felon Jornandès, de reb, Getic. c. 7, qui donne ce nom à la branche du mont Taurus qui s'étend aux environs des Palus Méotides de la mer Caspienne & de la mer septentrionale. Hérodote & Denys le Périégete placent cette montagne au voifinage du Cherfonnése Taurique.

5. TAURUS, montagne de la Germanie, felon Tacite, Annal. l. 1, c. 56 & l. 12 c. 28. Il y en a qui ont douté fi cette montagne étoit en deça ou au-delà du Rhin; mais Spener, notit. Germ. ant. l. 2, c. 3, a fait voir qu'elle devoit être au-delà du fleuve à l'oppofite de la ville de Mayence, & qu'on la nommoit aujourd'hui der Heyrich & die Hobe. Il ajoute néanmoins qu'il inclineroit affez pour le fentiment qui veut que ce foit la montagne appellée aujourd'hui Dyns ou Dunsberg jourd'hui Dyns ou Dunsberg, & qui fe trouve dans la Heffe, près de Gieffen. Pomponius Mela, . 3, c. 3, connoît auffi une montagne nommée Taurus, dans la Germanie. Il dit qu'elle eft très-haute, mais il n'en défigne point la fituation. Il y en a qui prétendent qu'au lieu de TAURUS, il faut lire TAUNUS, tant dans Tacite que dans Pomponius Mela; & c'est ainsi qu'écrit Spener.

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6. TAURUS, montagne d'Ethiopie, felon Ortélius qui cite Agatarchide & Diodore de Sicile; il ajoute que Strabon décrit deux montagnes de ce même nom dans la même contrée.

7. TAURUS, fleuve de l'Afie Mineure, au voisinage de la Pamphylie, felon Tite-Live, L. 38, c. 15.

8. TAURUS, fleuve de Péloponnése. Athénée, cité par Ortélius, dit que ce fleuve étoit voifin de la ville de Trazene. Helyche, in voce, Taupov Пaua l'appelle ÆGI

TAURUS.

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