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tereffe de la province. Elle eft de 15d 18' plus occidentale que Pekin, fous les 28d 10' de latitude. nenfis.

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TECHEDIA, isle de la mer Egée, felon Pline, 7. c. 12, qui la met au voisinage de celle de Pharmacusa. TECHEVIT, ville ancienne d'Afrique, au royaume de Maroc. Elle eft bâtie dans une plaine environnée de montagnes, à quatre lieues de l'Eufugaguen, du côté du couchant. Elle a des murailles de briques, & eft peuplée de naturels du pays. Les habitans font riches & ont beaucoup de terres, où ils fement de l'orge, & nourriffent des troupeaux. Il y a beaucoup de vergers autour de la ville, qui rapportent quantité de pêches, de noix & de figues que l'on feche. Les habitans font fort honnêtes à l'égard des étrangers, & il y a parmi eux environ trente familles d'artifans Juifs, qui vivent en toute liberté. Les Portugais prirent Techevit en 1514, & après l'avoir pillée y mirent le feu. Les habitans s'étoient fauvés avec leurs femmes & leurs enfans. La ville fut repeuplée incontinent après, & on y vit plus en repos depuis que les Portugais ont toutà-fait abandonné ce pays. * Marmol, Royaume de Maroc, L. 3, c. 9, p. 17.

TECHIROQUEU, lac de l'Amérique feptentrionale, dans la Nouvelle France, felon Corneille, qui ne cite aucun garant. Il ajoute que ce lac eft entre ceux de Frontenac & d'Onneyout, &. qu'il a environ douze lieues de longueur fur une demie de largeur.

TECHTIMITOW, forterelle de Pologne, dans le palatinat de Kiow, fur le bord du Boryfthène. Le roi Etienne donna cette fortereffe aux Cofaques avec toutes les dépendances, & il y joignit un territoire dans le même palatinat, de l'étendue de vingt milles d'Allemagne, pour qu'eux & leur chefs y fixaffent leur demeure, & gardaffent Techtimitow comme une place d'armes Les Colaques y mirent une garnifon nombreufe & leur général en chef y alla demeurer. Ce général étoit le feul que le roi s'étoit réservé le droit de nommer. Les Cofaques choififfoient eux mêmes leurs autres chefs.* Andr. Cellar. Descr. Polon. p. 51.

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TECING, ville de la Chine, dans la province de Chekiang au département de Hucheu, troifiéme métropole de la province. Elle eft de 3d 15 plus orientale que Pekin, fous les 30d 53' de latitude. Atlas Sinenfis.

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TECK, château d'Allemagne, dans le duché de Wirtenberg. Il porte le commencement du nom de Tectofages, venus de la Gaule Narbonnoife.Ce château, qui eft environ à une lieue à l'orient feptentrional de Nirtingen, eft fitué fur une montagne, à une petite diftance du Necker. Il ne refte plus que quelques murailles de ce château.

TECKLENBOURG, château d'Allemagne, dans la Weftphalie, à deux milles d'Ofnabruck & à quatre milles de Munster. Ce château qui est bâti sur une colline, a été pris par quelques géographes pour l'ancienne TECELIA de Ptolomée. Le nom, en effet, a beaucoup de rapport; c'eft dommage que la fituation ne convienne pas également. C'étoit la réfidence des comtes de Tecklenbourg, qui étoient autrefois puissans, & qui poffédoient beaucoup de terres qu'ils alienerent dans la fuite. On prétendoit qu'ils descendoient de Cobbon, un des principaux feigneurs de Weftphalie, qui fut tué en 876, dans une bataille contre les Danois. Le dernier comte de cette famille, nommé Othon, étoit grand-prévôt de la cathédrale d'Ofnabrug. Après fa mort le château de Tecklenbourg paffa avec le comté dont il eft le chef lieu, dans la maifon des comtes de Bentheim. La branche des comtes de Bentheim Tecklenbourg s'éteignit en 1701. La longueur de ce comté eft à peu près de fix lieues du nord au fud, & fa largeur de trois du couchant au levant.* Zeyler, Topog. Weftphaliæ.

TECLA, en latin Tecla. Il y a trois ifles de ce nom dans la mer Orientale, qui font partie des ifles des Larrons; elles s'étendent depuis le trente-quatrième dégré de latitude méridionale, jusqu'au trente, fix ; elles furent découvertes en 1664.

TECLITIUM ou TEGLITIUM, ville de la baffe Mafie. L'itinéraire d'Antonin la marque fur la route de Viminacium, à Nicomédie, en prenant le long du Danube. Elle fe trouve placée entre Candidiana & Doroftoron, à douze milles du premier de ces lieux, & à égale distance du fecond. La notice des dignités de l'Empire,fect. 29, fait auffi mention de cette ville.

TECMANENES, petit peuple de l'Amérique feptentrionale, dans la Louifiane, aux environs de la route que tint le fieur de la Salle pour aller de la baye de S. Louis aux Cenis, avant que de pafler la Maligne.

TECMISSA, nom d'une ville dont fait mention Suidas, qui n'en dit pas davantage, finon qu'il ajoute que le nom national étoit TECMISSENSIS.

TECMON, ville de l'Epire, dans la Thefprotie, felon Etienne le géographe. Tite-Live, l. 45, c. 26, la met pourtant dans la Moloffide.

TECOANTEPEQUE, ville de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle Espagne, au gouvernement de Guaxaca, & aux confins de celui de Soconusco, fur la côte de la mer du Sud. Raveneau de Luffan, Voyage de la mer du Sud, 1688. Corn. Dict. rapporte que la ville de Tecoantepeque eft grande, & a huit fauxbourgs, dont quatre font féparés par une petite riviere fort rapide. Les maisons de la ville font très-belles; les rues font droites & les églifes magnifiques & richement ornées. Il y a une abbaye appellée S. François, & qui pafferoit plutôt pour une forterelle, que pour un monaftère. Elle est bâtie en plate-forme, & commande toute la ville. Les Flibuftiers prirent la ville de Tecoantepeque en 1689; mais la riviere qui commença à fe déborder après qu'ils l'eurent paffée, les contraignit de regagner leurs canots qu'ils avoient laiffés dans la baye.

Le PORT DE TECOANTEPEQUE eft bon pour retirer les. petits vaiffeaux qui trafiquent de Tecoantepeque à Acapulco, Mexique, Realejo, Guatimala & Panama. Les vaiffeaux qui viennent du Pérou à Acapulco, relâchent aussi à Tecoantepeque, quand ils ont le vent contraire. Ce port n'eft point fortifié; de forte qu'en tems de guerre les vaisfeaux anglois & hollandois y abordoient fans trouver la moindre réfiftance, & la rade toute ouverte leur facilitoit la courfe dans tous le pays. Tout le long de la côte de la mer du Sud, depuis Acapulco jusqu'à Panama ce qui fait plus de fix cents cinquante lieues de long, il n'y a point de ports que celui de Tecoantepeque pour Guaxaca, celui de la Trinité pour Guatimala, celui de Realejo pour Nicaragua, & le golfe des Salines pour les petits vailleaux qui vont à Cofta-Rica, & tous ces ports font fans artillerie, & tont ouverts aux pations qui voudroient faire le tour du monde pour s'enrichir; cependant les chofes pourroient avoir changé depuis le tems auquel Thomas Gage écrivoit. Quoi qu'il en foit, le port de Tecoantepeque eft le meilleur de tous ceux du pays pour la pêche ; & l'on rencontre quelquefois fur la route jusqu'à quatre vingts & cent mulets chargés de poiffon falé pour Guaxaca, la ville des Anges & Mexique. * Thomas Gage, Relation des Indes occidentales, t. 1 > 2 part. p. 97.

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On compte quatre lieues des Salines au port de Tecoantepeque, connu auffi fous le nom de Puerto-Ventofo de Tecoantepeque, appellé ainfi à cause que le vent y fouffle avec plus de violence que dans aucun havre de cette côte, qui court eft & oueft. Depuis les falines du cap Bernal jusqu'an golfe de Tecoantepeque, il y a vingt lieues, la terre eft baffe, & il faut courir nord eft & fud oueft. Lorsqu'on traverfe le golfe il faut fe tenir près du rivage, parce que le vent du nord fouffle ici avec violence, & que la haute mer eft alors bien rude; mais il y a un fond de fable pur & de bonnes rades tout le long de cette côte, où l'on peut toujours mouiller en cas de tempête, jusqu'à ce que le beau tems revienne. Depuis les falines jusqu'à la barre de Tecoantepeque, il y a fept lieues eft-fud-eft, & oueft-nord-ouest. La terre eft baffe & l'ancrage eft bon. De cette barre au port de Mufquito, fous le quinziéme dégré de latitude feptentrionale il y a neuf lieues ; & au nord-oueft de ce port, on trouve des bancs qui avancent une lieue en mer. Du port: Ventofo jusqu'à la riviere de Tecoantepeque il y a quatre lieues, & la côte court nord-oueft & fud-eft. Depuis la riviere de Tecoantepeque jusqu'àla barre du port de Mufquito, laquelle court nord-oueft & fud eft il y a huit lieues. Depuis la barre du port Musquito jusqu'à la montagne de Bernal, il y a fept à huit lieues eft-fud-eft, & ouest nordoueft. Depuis le port Bernal la terre commence à baiffer & ne s'éleve point dans le pays, ni le long du rivage. Ce golfe court quarante lieues depuis la terre baffe jufqu'à Guatulco, de l'autre côté de la terre de Tecoantepeque. Il a neuflieues du port de Mufquito au port Bernal, Dans tout ce golfe on peut mouiller près du rivage, à caufe des vents du nord Kkkkk jij

jusqu'au dernier port. Du golfe de Tecoantepeque à la barre d'Eftapa il y a foixante & quinze lieues, & la côte qui eft baffe, court nord-oueft & fud-eft. * Wodes Rogers, Supplément du voyage autour du monde, t. 2,

P. S.

La CAMPAGNE DE TECOANTEPEQUE renferme outre la ville, quatre beaux & riches bourgs, où l'on trouve quantité de vivres & d'excellens fruits. Ces bourgs font, ESTEPEQUE, ECATEPEQUE, SANATEPEQUE & TAPANATEPEQUE. Après qu'on eft forti d'Eftepeque, qui eft le premier, on pafle par un défert de deux journées de chemin, où l'on ne voit que quelques cabanes qu'on y a bâties pour les voyageurs. Elle eft tellement découverte du côté de la mer, que la violence du vent incommode beaucoup les voyageurs, & perfonne n'ofe y demeurer. Cela n'empêche pourtant pas que cette campagne ne foit pleine de bétail & de chevaux, les uns fauvages, les autres domeftiques. On y rencontre fouvent des loups & des tigres; mais on les fait fuir facilement en leur montrant un bâton, ou en criant. Le bourg, appellé Tapanatepeque, eft au pieds des monts Quelenes; & c'eft le plus agréable que l'on voye depuis Guaxaca jusqu'à fes montagnes.

Dampier, Supplément des Voy. autour du monde, II part. t. 5, qui écrit Teguantepeque, dit qu'il y a une riviere de même nom qui prend la fource auprès de celle de Guafickwaln; que les premiers agrès pour les vaiffeaux de Manille furent envoyés par terre de la mer du Nord à celle du Sud le moyen de ces deux rivieres, dont les fources ne font qu'à dix ou onze lieues l'une de l'autre ; & que, quoique le terroir de ce pays foit fort fertile, il n'y a nulle apparence qu'il s'y trouve ni mine d'or, ni mine d'argent, comme quelques-uns l'ont cru.

par

1. TECOLATA ou TETOLATA, ville de la Gaule Narbonnoife. L'itinéraire d'Antonin la marque fur la route de Rome à Arles, en fuivant la voie Aurelienne, & paffant par les Alpes Maritimes. Elle étoit entre Ad Turrem & AquaSextia, à feize milles du premier de ces lieux, & à égale distance du fecond. Simfer a cru que c'étoit aujourd'hui S. Maximin ; mais c'est vouloir deviner au hazard, & ce fentiment ne fauroit se concilier avec l'itinéraire d'Antonin, qui marque feize milles feulement entre Tecolata & AquaSextia, au lieu que l'on trouve vingt-quatre des mêmes milles entre Saint-Maximin & la ville d'Aix. Surita, au lieu de TECOLATA, lit TEGULATA. Voyez TIGU

LIA.

2. TECOLATA. Voyez TIGULIA.

1. TECORT ou TOCORT, royaume d'Afrique, dans la Barbarie, au pays appellé le Gérid. Il a le royaume de Tunis au nord, le royaume de Tripoli & le pays de Gadumé à l'orient, le royaume d'Huerguela au midi, & le pays de Tégorarin à l'occident. Sa capitale lui donne fon nom. * De L'Ile, Atlas.

2. TECORT ou TOCORT, ville d'Afrique, dans la Barbarie. Marmol, l. 7, c. 45, dans fa Numidie, dit que cette ville eft ancienne, qu'elle a été bâtie par les Numides fur une montagne qui a au pied une petite riviere, fur laquelle il y a un pont-levis. Elle eft à cent lieues de Tégorarin, & à cent cinquante de la mer Méditerranée du côté du midi. Elle eft fermée de bonnes murailles de pierres, hormis du côté de la montagne qu'elle eft bordée de rochers hauts & escarpés. Il y a quelques deux mille cinq cents maisons bâties de pierres de taille & de briques, avec un beau temple à la mode du pays, dont la structure eft de grandes pierres carrées. Les habitans font gens honorables & riches en dattes; mais ils manquent de bled & d'orge, quoiqu'on leur en porte de Conftantine en échange de leurs fruits. Ils aiment fort les étrangers, & les logent chez eux fans leur rien demander. Cette ville a appartenu autrefois aux rois de Maroc, puis à ceux de Trémecen, & enfin à ceux de Tunis, à qui elle payoit cinquante mille ducats par an; mais il falloit que le prince allât en 'perfonne les toucher. Il y a plufieurs villages & châteaux dans cette contrée, qui a trente ou quarante lieues d'étendue, & tous les habitans payent contribution à celui qui eft feigneur de la ville, qui, par ce moyen, a plus de deux cents mille ducats de revenu. Le brave Abdala en étant maître avoit une garde de moufque taires à pied & à cheval; mais en voulant prendre des Turcs à fon fervice, il avança fa ruine & celle de fa ville: car quoiqu'il leur dornât de bons appointemens, & leur fit tous les bons traitemens imaginables, ils fe fouleverent

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avec la place, & la rendirent tributaire d'Alger; mais les habitans ne pouvant fouffrir leur tyrannie, se révolterent, & en tuerent autant qu'ils en purent attraper. Salharraes les alla affiéger avec une armée de Turcs & d'Arabes, & les faccagea. Depuis Chérif Mahamet les réduifit fous fon obéiffance. Les Arabes d'Uled Sobayr errent par ces déferts, & les principaux entrent au service des Turcs pour de l'argent, quoiqu'ils ayent quelquefois guerre contre eux. Ils font plus de trois mille chevaux bien équipés & en bon

ordre.

TECOVANAPA, petit port de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle Espagne.

TECPANI, peuples de la baffe Libye. Ils habitoient, dit Ptolomée, l. 4, c. 6, avec d'autres peuples, entre les monts Mandrus & Sagapola. Au lieu de Tecpani, le manuscrit de la bibliotheque palatine porte CECIANI, & Ortélius foutient que c'est une faute.

TECRITE, ville d'Afie, fur le Tigre, au voisinage de la ville de Bagdat. Petis de la Croix, dans fon hiftoire de Timur-Bec, l. 3, c. 33, marque cette ville à 79a de longitude, fous les 34d 30' de latitude.

TECTOSAGES, peuples de la Gaule Narbonnoise. Ils faifoient partie des Volca. Strabon, l. 4, les étend jusqu'aux monts Pyrénées. Volca, dit-il, qui Tectofages vocantur, proximi funt Pyraneo. Ptolomée, l. 2, c. 5, les étend auffi jusques-là, puisque dans le nombre de leurs villes il marque Illiberis & Ruscinon. Samfon, dans fes remarques fur la carte de l'ancienne Gaule, dit que le peuple Volce-Tectofages, occupoit l'ancien diocèfe de Touloufe & celui de Carcaffone, qui font aujourd'hui tout le haut Languedoc & davantage. Le pere Labbe, ajoute til, croit que j'ai trop racourci les limites de ce peuple; mais je ne fais s'il a pris garde que je lui donne l'étendue de l'ancien diocèle de Touloufe, qui eft aujourd'hui divifé en huit, Toulouse, Lombez, Montauban, Lavaur, S. Papoul, Riez, Pamiez, Mirepoix, & que j'y comprens encore celui de Carcaffone; parce que Pline met Carcaffe Volcarum Tectofagum. Il eft vrai, pourfuit Samfon, que je pouvois encore y comprendre le quartier de Narbonne & le Rouffillon, puisque Ptolomée place Narbo, Rufcino, Illeberis, chez les Tectofages; mais les autres auteurs n'en étant point d'accord, je les ai fuivis, & non Ptolomée. Voici les villes que ce dernier donne aux Tectofages:

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Les Tectofages étoient célébres deux cents cinquante ans avant JESUS-CHRIST, lorsque les Gaulois jetterent la terreur dans toute l'Afie jusques vers le mont Taurus comme nous l'apprend Tite-Live. Les plus fameux d'entre eux, qu'on appelloit les Tectofages, s'étendirent jusqu'au fleuve Halys, à une journée d'Angora, qui eft l'ancienne ville d'Ancyre. Ce fleuve eft représenté fur une médaille de Géra, fous la forme d'un vieillard à demi-couché, tenant un rofeau de la main droite; ainsi les Touloufains occuperent la grande Phrygie'jusqu'à la Cappadoce & à la Paphlagonie, & tout le pays où ils s'établirent fut nommé Galatie ou Gallo Grece. Strabon affure qu'ils diviferent leurs conquêtes en quatre parties, que chacune avoit fon roi & fes officiers de juftice & de guerre, & qu'ils n'avoient pas oublié de rendre la juftice au milieu des bois de chênes, fuivant la coutume de leurs ancêtres. Pline fait mention de plufieurs peuples qui fe trouvoient parmi les Gaulois, & qui, peut-être, portoient les noms de leurs chefs: il y a apparence que c'étoient plutôt de gros régimens de la même nation.* Tournefort, Voyage du Levant, tom. 2, pag. 178.

Memnon rapporte que les Gaulois Trocmiens bâtirent la ville d'Ancyre; mais je crois que le paffage de cet auteur est corrompu dans l'extrait que Photius en a laiffé: car outre qu'ils s'étoient établis fur la côte de la Phrygie, Pline dit précisément qu'Ancyre étoit l'ouvrage des Tectofages. L'infcription fuivante qui fe lit fur une colonne enchaflée dans la muraille de cette ville, entre la porte de Smyrne & celle de Conftantinople, ne fait mention que des Tectofages:

Η ΒΟΥΛΗ, ΚΑΙ. Ο. ΔΗΜΟΣ ΣΕΒΑΣΤΗΝΩΝ ΤΗΣΟΣ Α

ΤΩΝ. ΕΤΙΜΗΣΕΝ.

M. KOKKHION, AAEZANΔΡΟΝ, ΤΟΝ ΕΑΥΤΩΝ. ΠΟΛΙΤΗΝ. ΑΝΔΡΑ, ΣΕΜΝΟΝ, ΚΑΙ. ΤΩΝ. ΖΘΩΝ, ΚΟΣΜΙΟΤΗΤΙ, ΔΟΚΙΜΩΤΑΤΟΝ,

Senatus Populusque Sebaftenorum
Tectofagum honor avit
M. Cocceium
Alexandrum
Civem faum
Virum honorabilem
& morum elegantia
Spectabiliffimum.

D'ailleurs, quand Manlius, conful Romain, eut défait une partie des Gaulois au mont Olympe, il vint attaquer les Tectofages à Ancyre. Il y a apparence que ces Tectofages n'avoient fait que rétablir cette ville, puisque long tems avant leur venue en Afie, Alexandre le Grand y avoit donné audience aux députés de Paphlagonie. Il eft furprenant que Strabon, qui étoit d'Amalia, n'ait parlé d'Ancyre que comme d'un château des Gaulois. Tite-Live l'appelle une ville illustre.

Nous voyons encore des TECTOSAGES dans la Germanie, aux environs de la forêt Hercynienne, & Rhenanus croit qu'ils habitoient fur la rive droite de Necker, & que l'ancien château de Teck conferve encore une partie de leur nom. Célar. Bell. Gall. lib. 6, qui a connu ces Tectofages, dit: Germania loca circum Hercyniam filvam, quam Eratostheni & quibusdam Græcis fama notam effe video, quam illi Orciniam appellant, vulgò Tectofages occuparunt. Quelques uns ont prétendu qu'au lieu de vulgò, il falloit lire Volca, & ils le fondent fur l'autorité de Strabon, de Ptolomée, de Pline; mais ces anciens auteurs n'ont mis de Volca Teclofa ges que dans la Gaule Narbonnoife, & non dans la forêt Hercynienne. Cela n'empêche pas néanmoins que les Tectofages de la Germanie ne fuflent fortis des Volca-Tecofages de la Gaule Narbonnoife, comme le dit Céfar.

Ceux qui refterent dans leur patrie furent toujours confidérés jusqu'à la prife de Toulouse par Servilius Cépion, cent fix ans avant l'ére chrétienne. Ils avoient amalle des tréfors immenfes que ce capitaine romain pilla & emporta ; mais la pefte l'empêcha lui & les fiens d'en pro

fiter.

TECUANAPA, petit port de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle Espagne, au gouvernement de Guaxaca fur la côte de la mer du Sud. Ce petit port eft fort par l'embouchure de la riviere d'Ometepec, qui eft navigable jusqu'à une certaine distance. * De Laet, Description des Indes occidentales, l. 5, c. 22.

TECULET, ville d'Afrique, au royaume de Maroc. Elle a été fondée par la lignée de Muçamoda. Elle eft fur la pente d'une montagne, & a un petit port, avec un vieux château nommé Aguz, affez proche de l'embouchure de la Diure, que Ptolomée met à 7d 20' de longitude, & à 31d 40′ de latitude. La place n'eft pas forte, fes murailles ne font que de terre. Les maisons font bâties de même, & fort mal rangées. Il y a quelques anciens édifices faits de pierres & de chaux, avec une grande mosquée, fort belle par dehors & par dedans. Cette ville fut détruite par Abdulmumen, de la race des Almohades, & demeura longtems fans habitans. L'an 1514, Nugño Fernandez, accompagné de Yahaia Ben Tafuf, la faccagea, & envoya en Portugal quantité d'esclaves de l'un & de l'autre fexe. Les chérifs la repeuplerent depuis, & y firent retourner les habitans qui s'étoient fauvés dans les montagnes, & d'autres gens de divers endroits. Il paffe auprès de la ville une riviere de même nom, qui entre dans la mer, près du château d'Aguz, & dont les bords font pleins de jardins & de vergers, dont ils recueillent quantité de noix, figues, pêches & gros raifins de treille, qui font de trèsbon goût. Il y a dans la place des puits d'eau vive, fi fraîche & fi excellente, qu'on la préfére à celle de la riviere, qui d'ailleurs eft fort eftimée. Le peuple eft civil envers les étrangers, & plus riche que ceux de Tedneft, parce que le pays eft meilleur, les plaines en étant très-fertiles. Il y a beaucoup de ruches d'abeilles le long de la pente

de la montagne, d'où ils tirent quantité de cire, qu'ils vendent aux marchands de l'Europe. A l'un des côtés de la ville eft une fynagogue, où il y a plus de deux cents maifons de Juifs, marchands & artifans, qui font plus à leur aife & mieux traités que ceux de Tedneft. La fortereffe de la ville eft une tour fort antique, attachée à la muraille au lieu le plus éminent, & qui commande à toute la place. C'eft là & dans la mosquée où les habitans fe retiroient en cas d'alarmes, comme en des lieux de fureté contre les coups de main.* Marmol, Royaume de Maroc, 1. 3, c. 6, p. 14.

TECUM. Voyez TELIS.

TEDAMENSII, peuple de l'Afrique propre, felon Ptolomée, l. 4, c. 3. Le manuscrit de la bibliotheque palatine porte Damenfii au lieu de Tedamenfii.

TEDANIUM ou TEDANIUS, fleuve de l'Illyrie, & que Pline, l. 3, c. 21, donne pour la borne de la Japygie. Ptolomée, l. 2, c. 17, le nomme Tidanius, mais le manuscrit de la bibliotheque palatine porte Tedanius. L'embouchure de ce fleuve, appellé aujourd'hui Zermagna, eft marquée par Prolomée entre Lopfica & Ortopla.

1. TÉDBŪRY, bourg d'Angleterre, dans la province de Worcester. On y tient marché public. * Etat présent de la G. Bretagne, t. 1.

2. TEDBURI, bourg d'Angleterre, dans la province de Glocefter. On y tient marché public. * Etat préfent de la Gr. Bretagne, t. 1.

TEDELEZ, ville d'Afrique, au royaume de Trémé cen. C'eft la derniere ville de la province d'Alger du côté d'orient. Elle a été batie par ceux du pays fur la côte de la mer Méditerranée, à dix lieues d'Alger. Prolomée la met à 22d de longitude, & à 32d 50' de latitude. Elle est fermée de bonnes murailles, mais les maifons y font fort délabrées. Les habitans font teinturiers ou pêcheurs, d'ailleurs de fort bonnes gens, qui aiment à jouer du luth & de la guitarre; les terres font fertiles en bled & en pâturages. On prend tant de poiffon fur cette côte, qu'ils le rejettent fouvent en mer, parce qu'il ne fe préfente perfonne pour l'acheter. Il y a plus de mille feux, & un château où demeure le commandant établi par le gouverneur d'Alger, d'où cette ville dépend. Caftalo croit que c'eft Jarfath dont parle Ptolomée, & qu'il place dans la Mauritanie Céfarienfe.* Marmol, Royaume de Trémécen, 1.5, c. 44, p. 409.

TEDIASTUM, ville de la Liburnie. Ptolomée, l. 2, c. 17, qui en parle, la place dans les terres, près d'Arucia. Le manuscrit de la bibliotheque palatine écrit Tediaftrum.

TEDIUM, ville de l'Arabie déferte. Elle étoit, felon Prolomée, l. 5, c. 19, au voifinage de la Méfopotamie, près d'Odagana & de Zagmais.

1. TEDLA, province d'Afrique, & la plus orientale du royaume de Maroc. Quoique petite, elle abonde en bled, en huile & en troupeaux ; fes habitans font riches; ceux des montagnes font Bérebéres, de la tribu de Muçamoda, mais les plaines font remplies de deux lignées d'Arabes, qui font chacune plus de neuf mille chevaux, & errent dans les provinces voifines. Celle ci commence vers le couchant à la riviere des Négres, & finit du côté du levant à celle d'Ommirabi. Vers le midi, elle occupe les montagnes du Grand-Atlas, & du côté du feptentrion, elle fait une pointe où ces deux fleuves fe joignent. Sa figure eft triangulaire, & comprend toutes les campagnes qui font entre ces deux rivieres avant leur jonction, car elles féparent après la province de Duquela d'avec celle de Trémécen, & le rendent enfuite dans la mer fous le nom de la riviere d'Azannor. Cette province a été quelque tems du royaume de Fez : elle eft à préfent de celui de Maroc. Les Béniméninis la poflédoient lorsqu'ils étoient maîtres de toute la Mauritanie Tingitane; mais dans le déclin de leur empire, lorsque les royaumes de Fez & de Maroc furent féparés, plufieurs petits tyrans s'en emparerent, & donnerent fujet aux rois de Fez, par leurs divifions, de fe rendre maîtres de cette province. Zarangi Laatar, fon fils Bendorao & Aben Onzar en ont été gouverneurs l'un après l'autre, & celui-ci la rendit, après la défaite de l'aîné des cherifs par le cadet, au vainqueur.* Marmol, Royaume de Maroc, l. 3, c. 79, p. 127.

2. TEDLA on FESSA, ville de Barbarie, dans la

pro

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vince de Tedla, au royaume de Maroc, eft fur la riviere

de Derne.

ou

TEDNEST, ville d'Afrique, au royaume de Maroc, capitale de la province de Hea, bâtie par les anciens Africains de la tribu de Muçamoda, à l'entrée d'une belle pleine. Elle a plus de trois mille habitations, fes murailles font de bois & de carreaux de terre liés avec du plâtre, qui rendent la cloifon plus forte ; les maifons font bâties de même. Elle eft entourée d'une riviere qui prend fa fource peu loin de-là, & dont les bords font remplis d'arbres fruitiers & de toute forte d'herbes potageres. La plupart des habitans font bergers & laboureurs, qui vont travailler & mener leurs troupeaux aux champs. Il y a auffi des cordonniers, tailleurs, charpentiers, ferruriers, quantité d'orfévres Juifs, & des marchands, qui ne vendent que des étoffs fort groffieres, à la façon du pays, on qui trafiquent en toile que l'on apporte de Safi, où les marchands chrétiens la vont échanger contre de la cire & des cuirs. Il n'y a dans cette ville ni bains, ni college, ni hôtellerie. Quand il y arrive un étranger, s'il n'a pas quelque ami pour le recevoir, il s'adreife au maire & aux échevins, qui lui donnent au fort un billet chez un des principaux bourgeois, lequel eft obligé de le loger & de le nourrir pour rien, ce qu'il fait de bon cœur, parce qu'ils font fort charitables, particulierement envers les étrangers, & prendroient pour un affront qu'on leur don nât de l'argent. Il y a un hôpital pour les pauvres paflans, où ils font nourris un jour des aumônes des particuliers. Au milieu de la ville, il y a une grande mosquée bâtie par Jacob Ben Jofeph, roi de Maroc, de la race des Almoravides; mais il y en a encore d'autres moindres, qui ont toutes leurs revenus, tant pour l'entretien de la fabrique que des alfaquis. Il y a plus de deux cents maifons de Juifs en un quartier féparé, où ils vivent felon leur loi, & payent un ducat par tête au gouverneur, fans les levées extraordinaires, dont on fait payer plus à un Juif qu'à dix des plus riches bourgeois de la ville; encore ne leur permet on pas d'avoir en propre ni maifons, ni héritages, ni autre immeuble. Cette ville a été ruinée plufieurs fois, mais fur tout lorsque les Almohades fe rendirent maîtres du royaume de Maroc, & qu'Abdulmumen l'alla afliéger, car ne s'étant pas voulu rendre, il la prit d'affaut, & la ruina de fond en comble, de forte qu'elle ne pouvoit plus fervir que de retraite aux bêtes farouches; mais comme le pays eft fertile & agréable, elle fut bientôt rebâtie & repeuplée. Dans la fuite, elle s'eft rendue illuftre par la faveur des cherifs. Mahomet le pere établit fa demeure dans la ville de Tedneft, & y bâtit un palais fomptueux. L'an 1514, les Portugais obligerent ce cherif de fe *fauver avec fes enfans, & fe renditent maîtres de cette ville. Elle fe fouleva contr'eux, & rentra fous l'obéiffance du cherif Mahomet, qui depuis a été toujours à lui & à fes descendans.* Marmol, Royaume de Maroc, 1. 3,

c. 3, p. 7.

TEDSI, ville d'Afrique, au royaume de Maroc, à douze lieues de Tarudant, du côté du levant ; & de l'autre côté à environ vingt de la mer, & à fept du Grand Atlas, vers le midi. Cette ville, qui a été bâtie par les anciens Africains, eft fort peuplée; elle eft enceinte de vieilles murailles, avec des tours: fon terroir eft grand & abondant en bled & en troupeaux. La riviere de Sus, qui palle à une lieue, a fes bords garnis de quantité de cannes de fucre, avec des moulins pour le préparer; c'eft pourquoi on trouve ordinairement dans la ville plufieurs marchands de Barbarie & du pays des Négres. Les habitans ont beaucoup de douceur & de franchise, & vivent de même que ceux de Tarudant. Il y a un grand quartier de marchands & d'artifans juifs, fort riches: il s'y tient marché tous les lundis, où fe rendent les Arabes & les Bérebéres de ces contrées, avec du bétail de la laine, des cuirs & du beurre, en échange de quoi ils prennent du drap, de la toile, des chauffures, des ferremens, des harnois de chevaux, &c. Il y a au milieu de la ville une grande mosquée, où demeurent plufieurs alfaquis, dont le fupérieur, comme le plus habile, décide des chofes que les autres n'ont pu réfoudre, & eft arbitre des différends qui naiffent touchant leur religion. La ville étoit libre avant que les Bénimérinis s'en emparaffent, & recouvra fa liberté dans le déclin de leur Empire. Elle payoit feulement aux Arabes de la campagne la dixme de fes bleds & de fes

légumes, & fe gouvernoit par fix des principaux habitans qu'on changeoit tous les feize mois. Elle palla volontairement en 1511 au pouvoir des chérifs, qui l'ont rendue fort illuftre, & y ont établi un tribunal, où il y a juges, avocats, notaires, procureurs. Un gouverneur y tient d'or dinaire fa réfidence: enfin, c'eft une des principales viles & des plus riches qui foient de ce côté la du mont Atlas, en tirant vers le midi. Marmol, Royaume de Maroc, 1. 3, c. 27, p. 40.

1. TEFE, bourgade de l'Amérique méridionale, fur le bord méridional de la riviere des Amazones, à l'embochure de la riviere de Tefé, au fud eft de Paraguari. C'eit une des fix millions delfervies par les miflionaires carmes Portugais.

2. TEFÉ, riviere de l'Amérique méridionale. Elle prend fa fourfe dans les montagnes de la Cordeliere, à l'eft de Lima, & prenant fon cours du fud au nord, elle fe rend dans celle des Amazones, entre celles d'Yurva & de Cayamé.* Carte du cours de la riviere des Amazones › Par de la Condamine.

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TEFELSELT ou TIFELSELT, ville d'Afrique, ant royaume de Fez. Elle eft petite & fituée dans une vallée à quatre bonnes lieues de Mahmore, & à trois de l'Océan. On n'y trouve plus que des mafures, qui fervent de retraite aux Arabes. Quelques-uns croient que TEFELSELT eft l'ancienne Tamufiga de Ptolomée. Cette ville a dans fa dépendance, près de la riviere, plufieurs forêts, où le tiennent des lions terribles.* Dapper, Defc. du royaume de Fez, p. 146.

Tefellelt n'eft pas l'ancienne Tamufiga. Ptolomée met dans la Mauritanie Tingitane deux villes à peu près de même nom; favoir, Tamufiga & Tamufida. Tefellelt eft à la place de Tamufida, felon Molet, fuivi de la plupart des géographes. Tamufiga eft, felon le même, la petite ville de Gazola.

TEFEN-SARA, ville d'Afrique, au royaume de Fez. Elle ne fubfifte plus, felon Marmol, Royaume de Fez, 1.4, c. 15, qui dit qu'on en voit feulement les ruines dans une belle & grande plaine, à trois lieues de Salé, au-dedans du pays. On la nommoit Banaffa, & Pline dit qu'on la furnommoit Valentia. Cependant Abdulmalic prétend qu'elle doit fa fondation à un roi des Almohades, fon agrandiflement à un autre de la race des Bénimérinis, & fa ruine à Sayo, du tems de la guerre qu'il eut contre fon oncle. Elle n'a jamais été repeuplée depuis. Ses campagnes font belles; on les laboure & on y éléve des troupeaux. On y voit errer les Arabes d'Ibni-Melic-Sofian, & quelques Chaviens, à qui Sayd les donna pour récompenfe des fervices qu'ils lui avoient rendus dans cette guerre.

TEFETHNE, riviere d'Afrique, au royaume de Maroc. Elle a fa fource au mont Gabelelhadi, & coule dans les plaines de la province de Hea, & arrofe lleufugahen, Tefedgeft & Culcihara, après quoi elle fe divife en deux branches, pour aller fe jetter dans la mer, vis-à-vis du cap & de l'ifle de Magador. * Dapper, Royaume de Maгос, р. 126.

TEFEZARA, ville d'Afrique, au royaume de Trémécen, à cinq lieues de la ville de Trémécen, du côté de l'orient. Marmol, Royaume de Trémécen, l. 5, c. 13, die que c'eft une grande ville qui a été bâtie par les habitans du pays, &que c'eft celle que Ptolomée nomme Aftacilicis. Presque tous les habitans de Tefezara font forgerons, & ils ont plufieurs mines de fer auxquelles ils travaillent. Les terres des environs rapportent beaucoup de bled & fourniffent des pâturages. Cependant le principal trafic du pays confifte en fer, qu'on porte vendre à Trémécen & ailleurs. La ville eft fermée de bonnes murailles qui font très-hautes, & n'a d'ailleurs rien de remarquable.

TEFLIS, TAFLIS OU TIFLIS, ville de Perfe, dans la province de Schirvan ou plutôt dans le Gurgistan, que nous appellons la Georgie, & dont elle eft la capitale. Cette ville eft une des plus belles de Perfe, quoiqu'elle ne foit pas fort grande. Elle eft au 42d quelques minutes de latitude, & au 65 moins quelques minutes de longitude. Sa fituation eft au bas d'une montagne dont le fleuve Kur lave le pied du côté d'orient. Ce fleuve, qui eft le Cyrus des anciens, a fa fource dans les montagnes de Georgie, & fe joint à l'Araxe, vers la ville de Chamaky, à un lieu nommé Paynard, d'où ils fe rendent conjointement dans la mer. La plupart des maifons bâties du côté du

Acuve

giens font mutins & braves, les Perfans n'ofent les pous fer à bout. Tous les clochers des églifes ont des croix à leurs pointes, & plufieurs clochers que l'on fonne. Tous les jours on vend la viande de cochon en public & à découvert comme les autres viandes, & le vin au coin des rues. On a conftruit depuis quelques années une petite mosquée dans la forterefle, joignant le mur qui la fepare de la grande place de Tiflis, pour accoutumer le peuple à la vue des mosquées & des prêtres, qui du haut de l'édifice appellent à la priere. Les Georgiens ne purent empêcher la conftruction de la mosquée, parce qu'ils n'ofoient entrer les armes à la main dans la forterelle où l'on faifoit bonne garde; mais dès que le prêtre monta dellus pour faire la convocation accoutumée & la confeflion de foi, le peuple s'amaffa fur la place, & jetta tant de pierres fur la mosquée, que le prêtre fut contraint d'en descendre bien vite, & depuis cette mutinerie on n'y en a plus

fait monter.

feuve, font fur la roche vive. La ville eft entourée de belles & fortes murailles, excepté du côté du fleuye. Elle s'étend en longueur du midi au feptentrion, ayant une grande fortereffe du côté du midi, fituée fur le penchant de la montagne, & dans laquelle il n'y a que des Perfans naturels, foit pour foldats, foit pour habitans. La place d'armes qui eft au-devant, fert auffi de place publique & de marché. Cette fortereffe eft un lieu d'afyle pour tous les criminels & les gens chargés de dettes. Le prince de Georgie eft obligé de paffer au milieu, lorsqu'il va, felon la coutume, recevoir hors des portes de la ville les lettres & les préfens du roi; parce que, quand on vient de Perfe à Tiflis, on ne peut y entrer que par la forterelle; ce prince n'y palle jamais fans craindre qu'on ne l'arrête, & que le gouverneur n'ait un ordre fecret de se saisir de sa perfonne. Les Perfans ont prudemment établi la coutume parmi les gouverneurs des provinces de leur empire, d'aller ainfi recevoir hors de la ville tout ce que le roi leur envoye; parce que c'eft un moyen facile de fe faifir de leur perfonne Il y a de beaux bâtimens publics à Tiflis. Les bazars' fans peine & fans risque. Cette fortereffe de Tiflis fut font grands, bien bâtis & bien entretenus. Les caravanfebâtie par les Turcs l'an 1576, après qu'ils fe furent ren- rais font de même. Il y a peu de bains dans la ville, parce dus maîtres de la ville & de tout le pays d'alentour, fous le que chacun va aux bains d'eau chaude qui font dans la forcommandement du fameux Mustafa Pacha, leur généra- terefle; l'eau de ces bains eft minérale, fulphurée & trèsLiffime, auquel Simon Can, qui étoit alors roi du pays, chaude. Les magafins font encore bien bâtis & bien entrene put réfifter. Mustafa confeilla à Soliman de faire bâtir tenus; ils font fitués fur une bute proche de la grande diverfes fortereffes en Georgie, fans quoi il ne pourroit place. Le palais du prince fait auffi, fans contredit, un des jamais être fûr du pays; ce que Soliman pratiqua. La plû- plus beaux ornemens de Tiflis. Il y a de grands falons qui part des fortereffes de la Georgie ont été conftruites par donnent fur le fleuve & fur les jardins du palais qui font les Turcs. Mustafa éleva plus de cent canons fur le rempart fort grands. Il y a des volieres remplies de grand nombre de celle-ci, dont il donna le commandement au baffa Ma- d'oifeaux de différentes espèces, un grand chenil & la plus hamet. Il y a quatorze églifes; fix font tenues & font fer- belle fauconnerie qu'on puiffe voir. Au-devant de ce pavies par les Géorgiens : les autres appartiennent aux Armé- lais il y a une place carrée, où il peut tenir près de mille niens. La cathédrale qui s'appelle Sion, est située sur le chevaux; elle eft entourée de boutiques, & aboutit à un bord du fleuve, & toute conftruite de belles pierres de long bazar, vis-à-vis la porte du palais : c'eft une belle perstaille ; c'est un ancien bâtiment fort entier. Il eft compofé pective que la place & la façade du palais, vue du haut de de quatre nefs, & le milieu eft un grand dôme, foutenu ce bazar. Le vice-roi de Caket a un palais au bout de la de quatre gros pilaftres, & couvert d'un clocher; le grand ville, qui mérite auffi d'être vu. Les dehors de Tiflis font autel eft au milieu de la nef oppofée à l'orient; le dedans ornés de plufieurs maifons de plaisance & de beaux jardins : de l'églife eft rempli de plates peintures à la grecque, fai-le plus grand cft celui du prince, il a peu d'arbres fruites depuis peu, & par de fi mauvais peintres, qu'on a toutes les peines du monde à reconnoître ce qu'ils ont voulu repréfenter. L'évêché joint l'églife, le tibilele y demeure; on appelle toujours de ce nom les évêques de Tiflis. Après la cathédrale, les principales églifes des Georgiens font Tetrarchen, c'eft-à-dire, ouvrage blanc, qui a été bâtie par la princeffe Marie & Anguescat, c'est-à-dire, l'image d'Abagare. Les Georgiens appellent Abagare Angues, & tiennent que le portrait miraculeux que la tradition affure qu'il reçut de Jefus-Chrift, a été long-tems en cette églife. On l'appelle auffi l'églife du Catholicos, parce que le palais de ce prélat y eft joint, & qu'il ne va presque jamais ailleurs faire fes prieres, ni officier ; elle eft en parallele à l'évêché. Les Géorgiens avoient encore une belle églife au bout de la ville du côté méridional. Le prince la prit, il y a quelques années, pour en faire un magafin à poudre; à la vérité elle ne fervoit plus, car long-tems avant, la foudre en avoit abattu une partie. Le prince la fit refaire de nouveau, & ce magafin porte toujours fon ancien nom d'église de Metek, c'eft-à-dire, de la rupture. On lui donna ce nom, parce qu'un roi de Georgie la fonda pour pénitence, d'avoir fans fujet rompu la paix avec un prince de fes voilins.

Les principales églifes des Arméniens font Pacha-Vanc, c'est-à-dire, le monaftère du pacha. L'évêque Arménien de Tiflis demeure dans ce monaftère; on le nomme ainfi, à ce que racontent les Arméniens, parce qu'un pacha fugitif de Turquie, qui fe fit Chrétien en cette ville, le fit bâtir. L'églife de Sourph-Nichan, c'est-à-dire, figne rouge, & dans l'usage fainte Croix, celle de Betkem ou Bethlehem; celle de Norachen ou l'Ouvrage neuf, & celle de Mognay. Mognay eft le nom d'un village d'Arméniens, proche d'Irivan, où l'on a gardé long-tems un crâne qu'on affuroit être de S. George, & parce qu'on a transporté une partie de ce crâne en cette église, on lui a donné le nom du lieu d'où on l'a tiré.

Il n'y a point de mofquée à Tiflis, quoiqu'elle foit dans un pays mahométan. Les Perfans ont fait ce qu'ils ont pu pour y en bâtir; mais ils n'en ont pu venir à bout. Le peuple fe foulevoit auffi-tôt, & à main armée abattoit l'ouvrage & maltraitoit les ouvriers. Comme les Geor

tiers; mais il eft rempli de ceux qui fervent à l'embellisfement des jardins, & à y conferver l'ombre & la fraî cheur.

Il y a une habitation de miffionnaires capucins à Tiflis. Le chef des miffions que cet ordre a en Georgie & dans les pays circonvoifins, y fait la réfidence. Il y a environ quatre-vingts ans qu'on les y envoya de Rome. Le nom de médecins qu'ils fe firent donner, & que tout le monde leur donne, les fit bien recevoir par-tour; car la médecine, & furtour la chymie, eft fort eftimée, & très-peu connue dans tout l'Orient. Ils s'établirent premierement à Tiflis, & après à Gory. Chanavas Kan leur donna une maifon en chacune de ces deux villes, avec la liberté d'y faire publiquement l'exercice de leur religion. Ils apporterent à ce prince des lettres du pape & de la congrégation de propaganda fide, & lui firent en leur propre nom de beaux prélens, & à la princeffe, au catholicos, & aux principaux de la cour ; ce qu'ils continuent de faire de deux ans en deux ans. Celui d'entre eux qui fait le mieux la médecine eft auprès de la perfonne du prince, pour entretenir fa protection, qui eft leur unique appui contre les perfécutions du clergé georgien & arménien. On tâche de tems en tems de chaffer ces missionnaires, felon qu'on entrevoit les efforts qu'ils font d'attirer des gens à leur religion; mais comme il n'y a point de médecins & de chirurgiens en Georgie, ils fe rendent nécesfaites par la pratique de la médecine & de la chirurgie que quelques-uns d'entre eux entendent fort bien, & exercent avec grand fuccès. Ils ont permiffion du pape de fe faire payer de leurs cures, de dire la meffe par-tout & avec toutes fortes d'habits, même fans répondant; d'abfoudre de tous péchés; de fe déguifer; d'entretenir chevaux & valets; d'avoir des esclaves; d'acheter & de vendre; de donner & de prendre à intérêt. Ces millionnaires ne font pas néanmoins avec tous ces artifices & ce relâchement des progrès fenfibles fur l'esprit des Georgiens; car, outre que ce peuple eft fort ignorant, & peu occupé du foin de s'instruire, il eft fi entêté, que le jeûne, de la maniere qu'il l'obferve, eft l'effentiel de la religion chrétienne, & qu'il e croit pas que les capucins foient chrétiens, parce qu'ils ont appris qu'en Europe ils ne jeûnent pas comme à Tiflis. Cet incroyable entêtement oblige les miffionnaires à jeûner à la Tome V. LIIII

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