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qu'il y ait dans les montagnes de l'Arragon. Elle eft fituée entre des montagnes prodigieufement hautes; inacceffible en hiver à caufe des neiges & des glaces; mais fort agréable dans le retour de la belle faifon. On trouve parmi ces rochers quantité de gibier & de volaille, des hevres & des chamois, des perdrix, des canards & des pigeons fauvages. La riviere du Gallego & une autre petite nommée Agua Lempeda, y donnent d'excellent poiffon, fur-tout des truites & des barbeaux. Les campagnes font riches en bons pâturages, où l'on nourrit jusqu'à trente mille bêtes: on y trouve encore quantité de fimples & de bonnes herbes d'un grand ufage dans la médecine. Elle comprend onze villages, dont les principaux font Sallent, Particola, Pueyo & Lanuça. Le village de Sallent eft le premier & le plus confidérable de tous, dans une fituation extrémement élevée au bord du Gallego, à une lieue au-deffous de la fource de cette riviere. C'est un lieu de grand pallage, à caufe du voifinage de la France; & dans le printems & l'été il y a toujours grand abord de monde. Près de ce village on voit une cascade merveilleufe de la petite riviere d'Agua Lempeda, qui tombe de fort haut dans le Gallego avec un fracas étrange. De Sallent on a deux routes pour entrer dans la principauté de Bearn; l'une par la vallée d'Aspe, & l'autre par celle d'Offeau. La premiere qui eft au couchant, eft plus belle, plus courte & plus commode, & conduit le long d'une petite riviere nommée la Gave d'Aspe, à NotreDame de Sarrans ou Serrans, qui eft à fept lieues de Sallent; l'autre qui eft à l'orient, conduit par le port de PeyreLongue, & par Aigues Caudes, le long d'une autre riviere nommée la Gave d'Offeau à Laruns, premier village de Béarn, qu'on rencontre fur cette route. Ces deux routes aboutiffent l'une & l'autre à Oleron.

1. TENACERIM ou TENASSERIM, riviere des Indes, au royaume de Siam; c'eft la feconde riviere du royaume. Elle descend des montagnes d'Ava, & elle eft d'une affez grande étendue; mais la navigation en eft difficile, parce qu'elle eft pleine de rochers & de troncs d'arbres, contre lesquels les meilleurs bateaux vont affez souvent fe brifer, fi les mariniers ne prennent pas bien leurs melures pour les éviter. La rapidité de fon cours, quand ils la montent, les fatigue extrêmement, auffi croyent - ils avoir beaucoup avancé, quand en un jour ils ont fait trois ou quatre lieues. * De l'Ife, Atlas. Gervaife", Hift. du Royaume de Siam,

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3. TENACERIM ou TENASSERIM, ville des Indes, au royaume de Siam, dans la province de Tenacerim, près de la côte du golfe de Bengale, fur une riviere qui lui donne fon nom. Tenacerim eft fameuse par fon antiquité, & fort connue de tous les navigateurs ; elle appartenoit autrefois, avec toute la province dont elle eft la capitale, aux rois d'Ava, fur lesquels les Siamois la prirent il y a environ deux cents ans. Elle eft fituée dans une profonde vallée, où elle eft arrofée feulement d'un côté par la riviere qui porte fon nom. Ses habitans, qui font en grand nombre, font presque tous étrangers; le langage de Bramé & d'Ava y eft encore aujourd'hui plus en ufage que le fiamois, qui n'y eft presque point entendu. Autrefois les plus riches marchandifes de Bengale & de Mafulipatam s'y trouvoient en abondance, & s'y donnoient à bon compte : le bled même éwit affez commun; mais depuis quelques années il s'en faut beaucoup que cette ville foit autant marchande. Les Européens ne laiffent pas pourtant d'y trouver tout ce qui Leur peut être néceffaire pour le plaifir & pour la commo. dité de la vie. Il eft vrai que les pluies font plus fortes dans cette province que dans aucun autre endroit du royaume; mais les inondations n'y durent qu'un mois, ou fix femaines au plus, & il femble qu'elles n'arrivent que pour rafraîchir l'air, & rendre la terre plus fertile. Le gouverneur porte le titre de vice-roi, & ce gouvernement eft un des plus beaux appanages de la couronne de Siam. Il ne faut pas moins de fix femaines pour y aller de la ville capitale par les chemins ordinaires; mais il y en a un autre qui eft caché dans de grandes forêts, & qui n'eft connu que du roi, qui l'enfcigne à ceux qu'il y envoye en fecret, pour les affaires preffantes du royaume. Les voyageurs les plus réfolus n'y vont point par ces chemius ordinaires fans le mettre en danger

d'y perdre la vie; car ils y rencontrent fouvent des tronpeaux d'éléphans fauvages & de tigres, dont ils ont bien de la peine à fe défendre.

TENADASSA. Voyez TANADASSA.

TENEA, bourgade de Gréce, près de Corinthe, felon Suidas, in Eudamon. Voyez TENEA.

TENAGUS, lieu de la Sufiane, fur la côte du golfe Perfique. Ptolomée qui lui donne l'épithete d'Arenosus le mac que près de l'embouchure du fleuve Oroates.

TENAILLE, Tanneium, abbaye de France, dans la Saintonge, fur le chemin de Saintes, à Bordeaux; elle eft de l'ordre de faint Benoît, fille de Font-Douce, & fous l'invocation de la fainte Vierge. La chronique de Maillefais place fa fondation fous l'an 1115 ; mais on attribue fon premier établiffement à Guillaume de Conchamp de Con campo, premier abbé de Font-Douce. Elle a été fouraife au monaftère de Dalon; elle compte au nombre de les bienfaiteurs les anciens feigneurs de Pons, de Barbezieux & d'Archiac.

TENAN, province la plus orientale du royaume de Tunquin. Dampier, dans fon voyage autour du monde, dit tom. 3, p. 28, que cette province a la Chine au fud- eft, Tifle d'Aynam & la mer au fud & au fud-oueft ; & la pro vince de l'Eft au nord-ouest. Tenan n'eft qu'une petite province, qui rapporte principalement du riz.

TENARA, lieu des Indes, fur la route de Golconda, à Mallipatan ou Mafulipatan, entre Golconda & Jatenagar, à douze coffes de cet endroit, & à quatre de Golconda. Tenara eft un beau lieu, où l'on voit quatre fort belles mai. fons, accompagnées chacune d'un grand jardin. Celle qui eft à gauche le long du grand chemin, eft incomparablement plus belle que les trois autres. Le tout eft bâti de pierres de taille à double étage, où il y a de grandes galeries, de belles fales, & de belles chambres. Devant la face du logis il y a une grande place carrée, à peu près comme la place royal de Paris. A chacune des trois autres faces on voit un grand portail, & de côté & d'autre une belle plateforme, relevée de terre d'environ quatre ou cinq pieds, & très-bien voutée ; c'eft où les voyageurs de qualité ont accoutumé de prendre leur logement. Au-deffus de chaque portail il y a une grande balustrade & une petite chambre pour les dames. Quand les gens de quelque confidération ne veulent pas être dans les logis, ils peuvent faire dresser leur tentes dans les jardins, & on ne peut loger que dans trois de ces maifons; car pour celle qui eft la plus belle & la plus grande, elle n'eft que pour la reine. Quand elle n'y est pas, on peut la voir & s'y aller promener : le jardin est trèsbeau, & il y a quantité de belles eaux. Tout autour de la place font de petites chambres destinées pour les voyageurs, & tous les jours vers le foir on leur fait l'au mône de pain, de riz, ou de légumes qu'on leur fait cuire, & pour les idolâtres qui ne mangent rien de ce que d'autres ont apprêté, on leur donne de la farine pour faire du pain, & un peu de beurre; car dès que leur pain eft cuit en maniere de galette, ils le frottent de côté & d'autre de beurre fondu.* Tavernier, Voyage des Indes, l. 1, c. 11, p. 119.

pauvres

TENARUS, montagne de la Laconie, felon Vibius Se quefter. Les meilleures éditions portent TANARUS, & c'est ainfi qu'il faut écrire.

TENBYE, ville d'Angleterre, en Penbrockshire, fur la côte au nord de la pointe de Ludfol. Elle eft jolie & alfez forte, & renommée pour l'abondance du poiffon qu'on y prend. C'eft pour cela, felon Cambden, que les Gallois l'appellent Tenby y Piscoid. L'Huid, qui eft du pays, la nomme d'Ybeghyftor, qui veut dire la même chofe. * Blaew, Atlas.

TENCE. Voyez TENSE.

TENCTERI, peuples de la Germanie. Les Cattes les ayant chaffés de leur premiere demeure, ils furent errans pendant trois ans, & vinrent enfin s'établir fur le Rhin, à la droite de ce fleuve, dans le pays des Ménapiens. Drufus les fubjugua, & (b) ils devinrent alors amis du peuple Romain. Il paroît qu'ils habitoient vis-à-vis de Cologne, dont ils étoient féparés par le Rhin. Tenceteri, dit Tacite, Hift. 1. 4, c. 64, discreta Rheno gens ; il foufentend ab Ubiis ou Agrippinenfibus. Le nom de ces peuples eft différemment écrit dans les auteurs anciens. Les uns lifent Tenteri, les autres Tenchteri, Tanchari, Tenterides, Tingri ou Tencha teri. (2) Cafar, 1.4, c. 4. (°) Die Cassius, 1. §42P. 544.

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2. TENDE, comté du Piémont, dans les Alpes. Il eft borné au nord par la province de Coni, à l'orient, partie par la province de Mondovi, partie par les terres de la feigneurie de Genes; au midi par le comté de Nice, & à l'occident par celui de Beuil. Ce comté a été poffédé par la maifon de Lascaris, illue des empereurs de Conftantinople, du côté maternel. Jean, comte de Vintimille & de Tende, fils de Guillaume Pierre Balbo, comte de Vintimille, & d'Eudoxe de Lascaris, fille de l'empereur Théodore le jeune, prit le nom & les armes de Lascaris, en 1285, à caufe d'Eudoxe fa mere. Anne, fille unique de Jean-Antoine, dernier comte de Tende, époufa en lecondes noces René, comte de Savoie, fils naturel de Philippe, duc de Savoie; & en confidération de ce mariage, fon pere lui fit donation de tous fes biens, en 1501. De ce mariage fortirent Claude de Savoie, comte de Tende, & Honoré, marquis de Villars. En 1562, Emanuel Philibert, duc de Savoie, déclara, par lettres-patentes du 2 de janvier, Claude & fes descendans, capable de fuccéder aux états de Savoie en leur rang, fi la ligne directe venoit manquer. Honoré de Savoie, fon fils, étant mort dix ans après, fans laiffer d'enfans, Honoré, marquis de Villars, fon coufin, fut fan héritier. Celui-ci n'eut qu'une fille nommée Henriette, qui époufa en fecondes noces Charles de Lorraine, duc de Mayenne, & qui échangea avec Emanuel Philibert, duc de Savoye, le comté de Tende & les feigneuries de Marro & de Prela, avec tous les droits qu'elle avoit fur les comtés de Vintimille & d'Oneille, pour les feigneuries de Mirebel & de Santernay en Brefle, & celle de Loyettes, qui furent érigées en marquifat, fous le titre de Mirebel. On trouve dans ce comté le lac des Merveilles, la montagne du Chat, le col de Tende, Rocca Borbon & le mont Torragio. Ses villes ou bourgs, font:

à

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1. TENEBIUM, village d'Egypte, felon Nicétas, cité par Ortélius.

2. TENEBIUM, lien voifin de la Lydie & de la Cilicie, ou plutôt dans la Cilicie même. Diodore de Cicile en fait mention, & dit que dans toute l'Afie, il n'y en a pas un autre qui lui foit comparable en beauté.

TENEBRES, (le pays des ) pays dans la partie feptentrionale de la grande Tartarie, felon Marco-Paulo, 7.1, c.44, qui le place à l'extrémité du royaume de Caidu. Ce pays, ajoute-t-il, a été ainfi nommé, parce que la plus grande partie de l'hiver le foleil n'y paroît point, à cause de l'épaiffeur des brouillards. On n'y a point de nuit en été ; & l'on y trouve quantité d'hermines, de vairs, de martes & de renards, qui ont des peaux très- fines. L'obscurité eft favorable pour les prendre. Les habitans du pays font beaux & grands, mais pâles & groffiers d'esprit, & vivent en bêtes. Ils transportent en été, dans les pays voi fins, les peaux des animaux qu'ils ont tués pendant l'hiver. Ils les vendent, & ces fourrures vont jusqu'en Ruffie. Ils ne reconnoiffent aucun roi, & n'ont même aucun prince chez eux.

TENEBRIUM, promontoire de l'Espagne Tarragonnoife. Prolomée, l. 2, c. 6, le donne aux peuples Ilercaones. ›C'est aujourd'hui, à ce qu'on croit, Cabo de Alfaques.

TENEBRIUS-PORTUS, port de l'Espagne Tarragonnoife, felon Ptolomée, qui le marque chez les peuples lercaones, près du promontoire Tenebrium.

1. TENĖDOS, ifle de l'Afie mineure, aujourd'hui la Natolie, dont elle eft féparée par un canal affez large. Elle ett fituée fur la côte de la province Aidin-zic ou petite Aidine, vis-à-vis des ruines de Troie. * De l'Ifle Atlas.

Tous les anciens auteurs conviennent que cette ifle, qui fe nommoit Leucophris, fut appellée Tenedos, du nom de Tenès ou Tennès, qui y mena une colonie. Diodore de Sicile dit que Tenès fut un homme illuftre par fa vertu ; il étoit fils de Cycne, roi de Colone, dans la Troade; & après avoir bâti une ville dans l'ifle de Leucophris, il lui donna le nom de Tenedos. * Tournefort, Voyage du Levant, t. I, p. 151.

Rien n'a rendu cette ifle plus fameufe dans l'antiquité que le fiége de Troye. Virgile a raison de dire que Tenedos étoit à la vue de cette puiffante ville, & il fuppofe que les Grecs, qui feignirent d'en lever le fiége, fe cacherent dans un port de l'ifle. Elle devint miférable après la deftruction de Troye, & fut obligée, comme remarque Paufanias, de fe donner à fes voifins, qui avoient bâti la ville d'Alexandrie far les ruines de Troye. Cette ifle fut une des premieres conquêtes des Perfes, qui, après la défaire des Ioniens à l'ifle de Lada, vis-à-vis de la ville de Milet, fe rendirent maîtres de Scio, de Lesbos & de Tenedos. Elle fe rangea du parti des Athéniens contre les Lacédémoniens, puisque Nicoloque, qui fervoit fous Antalcidas, amiral de Lacédémone, ravagea cette ifle, & en tira des contributions, malgré toute la vigilance des généraux Athéniens, qui étoient à Samothrace & à Thaffe. Les Romains jouirent de Tenedos dans leurs tems, & le temple de cette ville fut pillé par Verrès: il emporta la ftatue de Tennès, fondateur de la ville, & Cicéron remarque que toute cette ville en fut dans une grande confterna

tion.

Tenedos eut le même fort que les autres ifles fous les empereurs Romains & Grecs. Les Turcs s'en faifirent da bonne-heure, & la poffèdent encore aujourd'hui ; ils la nomment Bosciada : elle fut prife par les Vénitiens en 1616, après la bataille des Dardanelles ; mais les Turcs la reprirent presque auffi-tôt. Strabon donne à cette ifle quatre-vingts ftades de tour, c'est-à-dire, dix milles : elle en a bien dix-huit, & feroit affez arrondie, fi ce n'eft qu'elle s'allonge vers le fud-eft. Cet auteur détermine la diftance de la terre ferme à onze stades, qui valent mille trois cents foixante-quinze pas, quoiqu'on compte environ fix milles. Pline en a mieux jugé; car il l'éloigne de douze milles & demi de l'ancienne Sigée, qui étoit fur le cap Janillaire : il marque pour l'éloignement de Lefbos à Tenedos cinquante milles. Le vin muscat de cette ifle eft le meilleur du Levant.

Dumont dit, dans fes voyages, qu'un Grec lui dit à Tepedos, qu'à l'extrémité feptentrionale de l'ifle, il y avoit un tombeau très ancien, qu'on croyoit être celui de Marpefie, reine des Amazones, qui ayant été bleffée dans un combat, alla mourir à Tenedos. Le Grec ajouta que fous le regne de Bajazeth, pere de Selim, quelques bachas ayant fait creufer fous ce tombeau, y trouverent une planche d'or affez grande, fur laquelle on avoit écrit en lettres grecques le nom & l'épitaphe de cette reine. Les habitans prétendent avoir le tombeau d'Achille, que presque tous les écrivains mettent au promontoire Sigée. Baudran ne lui donne que feize milles de tour. Pline,, 1. 9 dit qu'elle fut nommée Phénicie & Lyrneffe.

> 6.31,

2. TENEDOS, en latin Tenedos, ville de l'ifle de même nom, fur la côte orientale, au. pied d'une montagne, eft el toute ouverte & allez grande; fes maifons s'étendent au bas de la colline & fur le bord de la mer; fon port eft trèsbon, & capable de contenir de grandes flottes; ce port eft défendu par un château, bâti fur un écueil, qui commande auffi la ville où les Turcs tiennent garnifon. Cette ville eft vis-à-vis de l'entrée du détroit des Dardanelles, dont elle eft éloignée de dix-huit milles ; il y avoit anciennement près de cette ville un tombeau dédié à Neptune, fort célébre: elle eft bien peuplée de Turcs & de Grecs, fur-tout des derniers.

TENEGUENT, fortereffe d'Afrique, dans les états du roi de Maroc, au royaume de Tafilet, près de SugulMmmmm iij

meffe. Marmol, Numidie, l. 7, c. 22, qui parle de cette forterefle, dit que les habitans de la province de Sugulmefle la bâtirent, après que leur ville capitale eut été détruite. Quelques-uns lui donnent environ mille maifons, & d'autres feulement cinq ou fix cents habitans, parmi lesquels il y a quelques artisans & quelques mar

chands.

TENEHOA, province du royaume de Tunkin, au couchant de Rokbo; elle a la province de l'oueft au nord, Aynam à l'oueft, & la mer au fud. Cette province eft un pays bas, abondant principalement en riz & en bétail. On fait un grand négoce de poiffon, comme on fait généralement fur toutes les côtes de la mer. * Dampier, Voyage autour du monde, t. 3, p. 29.

TENENDEZ, montagne d'Afrique, au royaume de Maroc. C'est une grande montagne de l'Atlas, qui regarde le midi; c'eft pourquoi, quelques-uns ne la comprennent point dans la province d'Escure; mais d'autres l'y mettent, parce qu'elle eft de la Barbarie. Elle est bien peuplée de Bérebéres, qui font farouches, mais braves, & qui fe piquent fort de nobleffe. Ils ont quantité de petits barbes, très-légers & très-vigoureux. Le pays ne porte point de froment, mais quantité d'orge; & les habitans ont grand nombre de gros & menu bétail. Le fommet de la montagne eft couvert de neige durant toute l'année. Il y a beaucoup de nobleffe, qui a un chef pour la gouverner. Il n'y a dans toute la montagne ni ville ni bourgade fermée, mais plufieurs villages fort peuplés; car bien que le pays foit froid, il ne laifle pas d'être abondant en pâturages, & l'âpreté de la montagne, qui eft fort roide, fert affez de défense aux habitans. Les feigneurs de cette mon. tagne & de celle de Tenfit, auffi bien que ceux de la province de Dara, étoient tous parens, & on les nommoit les Mezuares; mais leurs divifions donnerent lieu au chérif de fe rendre maître de leurs pays. Ils auroient été capables de lui réfifter, s'ils euffent été bien d'accord. Ils lui donnent encore aflez de peine par leurs fréquentes révoltes. *Marmol, Royaume de Maroc, l. 3, č. 75, p. 123,

124.

TENERAND, bourg de France, dans la Saintonge, au diocèse de Saintes, de l'élection de Saint-Jean-d'Angely.

TENERICUS, champ de la Bootie, au voifinage du lac de Copaïs. Strabon, l. 9, p. 412, 413, & Paufanias, 1.9, c. 26, en parlent. Il tiroit fon nom du poëte Tenerus; fils d'Apollon & de Melia.

1. TENERIFFE, ifle d'Afrique, & l'une des Canaries. C'est la Nivaria de Pline. Son nom eft compofé de Tener, qui dans la langue des habitans fignifie neige, & d'Iffe une montagne. Elle a l'ifle de Salvages au nord, la grande Canarie à l'orient méridional, l'ifle de Gomére au midi occidental, & l'ifle de Palme à l'occident feptentrional. Souchy de Rennefort, hift des Indes orient. 2 part. l. 1, c. 2, donne à l'ifle de Teneriffe dix-huit lieues de longueur, & huit de largeur. La principale fortereffe, qui en garde l'abord, & qui eft fituée à 28d de latitude, eft compofée de quatre baftions, & commande auffi fur un bourg nommé Santa-Crux. Vers le nord, en côtoyant la mer on trouve trois fortins, & au midi un fort, en forme de tour. En allant à la ville, on rencontre deux petits forts quarrés, & toute la défenfe de cette ville n'eft que dans la difficulté de les paffer. Cette ville fe nomme LAGONE OU LAGUNA, autrement SAN CHRISTOVAL DB LA LAGUNA. Voyez ce mot. Il y a quatre maifons de religieux, qui font maifons de religieux, qui font des dominicains, de faint François, de faint Diego & des auguftins; deux monafteres de filles, & deux églifes paroifliales. A deux lieues au-deffus de Lagone, il fort d'une montagne une-groffe fontaine, ombragée d'une haute futaie fort épaiffe. Les côteaux font remplis d'orangers, de citronniers & de grenadiers. Au pied de la montagne eft un hermitage, par les côtés duquel l'eau descendue avec impétuofité, s'affemble au deffous, dans un canal, & coule tranquillement l'espace d'une lieue & demie dans la plaine. Cette eau eft enfuite conduite, pendant une demilieue, par un aquéduc, jusqu'à deux cents pas de la ville, dont les habitans fe fourniflent de cette eau. Les beftiaux font abrevés dans un lac voifin, qui eft fur une montagne, entourée d'autres montagnes plus hautes, qui la bordent. Le bled que l'on recueille dans cette ifle reffemble au bled de Turquie : le vin de Malvoifie s'y trouve en

abondance; la pipe coute ordinairement vingt ducats, & les droits de fortie dix-fept reaux: ainfi, elle revient à quatre-vingt neuf livres de France, & contient quatre cents quatre-vings pintes de Paris. L'argent eft fort commun dans cette ifle, les marchands étrangers y font trèsbien leur compte. Les épées, piftolets, couteaux, peignes, habits, manteaux longs, noirs & gris, chapeaux à grands bords, toiles & rubans, tout cela y eft d'un fort bon débit. Presque toute l'ifle eft entourée de montagnes inacceffibles. On trouve dans cette ifle beaucoup de foufre minéral, qu'on transporte en Europe. Il y croît une plante appellée Legnan, par les infulaires. On en porte une grande quantité en Angleterre, où l'on s'en fert au lieu de régliffe. Il y a auffi des abricotiers, des pêchers & autres arbres fruitiers, qui portent deux fois l'année ; des poiriers & des amandiers, dont le fruit a une couverture mince & tendre, & des limons, nommés prefiados par les Espagnols; c'est-à-dire, gros ou pleins, parce qu'ils en ont d'autres petits enfermés fous leur écorce. On y trouve des cannes de fucre, un peu de coton, des pommes de coloquinte & d'autres fruits de plufieurs espéces. Le rofier y fleurit à Noel; mais les tulipes ne s'y plaisent pas. Il croît au bord de la mer une herbe à feuilles larges : les chevaux qui en mangent en meurent presque toujours, quoiqu'aucun autre animal ne s'en trouve incommodé. On a vu à Teneriffe des tuyaux de bled chargés de quatre-vingts épis, & cependant ils n'y croiflent pas bien haut. Il y a eu des années qui ont produit une fi abondante récolte, que chaque muid de bled en a rapporté cent trente. On y trouve des ferins, des cailles, des perdrix plus groffes que les nôtres, des ramiers, des tourterelles, des corneilles, & de tems à autres on y voit quelques faucons qui y paffent des côtes de Barbarie. Quant aux poiffons, il y a le cherna, poiffon fort large & très-bon, des meros, des dauphins, des écreviffes de mer qui n'ont point de pieds, des moules & des clacas. Le clacas eft un poiffon à coquille, il eft fort rare & croît dans les rochers; on en trouve d'ordinaire cinq ou fix dans une feule & grande coquille, au coin de laquelle ils montrent quelquefois leur tête. C'est par-là qu'on les tire, après avoir élargi un peu davantage, & rompu ces ouvertures avec une pierre. Il y a auffi une autre espéce de poiffon qui reffemble à une anguille; il a fix ou fept queues d'environ un pied, qui s'uniffent toutes à une feule tête & à un corps de même longueur que ces queues. L'ifle de Teneriffe eft remplie de fontaines & de fources d'eau fraîche, qui a le gout de lait; mais parce qu'à Lagone elle n'eft pas fi claire que dans les autres endroits, on la fait paffer au travers d'une certaine espéce de pierre fpongieufe taillée en maniere de baffin, pour l'éclaircir. Les vignes qui produifent le plus excellent vin de Canarie, croiffent toutes dans l'espace d'une lieue aux environs du rivage de cette ifle. Celles qu'on plante à une distance plus éloignée, n'ont pas le même fuccès, & fi l'on porte du même plant dans quelqu'autre de ces ifles, il n'y produit point de fruit. * De l'Ifle, Atlas.

Corneille dit qu'un homme de beaucoup d'esprit qui y a paffé vingt ans en qualité de marchand & de médecin, en s'attachant avec beaucoup d'exactitude à la bien connoître, a jugé que cette ifle, dont le fond eft extraordinairement chargé de foufre, étoit autrefois en feu, & qu'elle fauta tout-à-coup en l'air, ou toute entiere, ou du moins en fa plus grande partie; que plufieurs montagnes. compofées de grands quartiers de pierres & de rochers noirs & brulés, entaffés les uns fur les autres, telles qu'on les voit de tous côtés aux environs de cette ifle, & furtout en fa partie méridionale, avoient été comme vomies des entrailles de la terre dans le tems de ce grand embrafement; & que le plus grand monceau de foufre s'étant trouvé environ au centre de l'isle, avoit élevé le pic à la hauteur où l'on voit à préfent cette montagne. Il ajoute que quiconque fera une férieuse attention fur la fituation & l'arrangement de ces rochers, ne pourra s'éloigner de cette penfée; puisqu'ils font dispofés de telle forte près de trois ou quatre lieues aux environs du pic, & dans un tel ordre l'un au-deffus de l'ordre, presque jusqu'au pain de fucre, qu'il faut néceffairement le repréfenter que tout le fond venant à s'enfler & à crever en même tems par l'agi- · tation & par le foule vement des ruiffeaux & des torrens de foufre contenus dans fon fein, dans ce bouleversement univerfel de l'ifle, les uns s'arrêterent & s'affermirent au plus

haut par deffus tous les autres, & formerent le pic, & les autres roulerent & fe renverferent par leur propre pefanteur, se venant ranger plus bas, où ils formerent d'autres monceaux moindres par dégrés que le précédent à mefure qu'ils s'en éloignoient, principalement au côté du fudQuest: car il a de celui du pic presque jusqu'au bord de la mer de grands monceaux de ces pierres & rochers brulés entaffés les uns fur les autres. C'est là qu'on voit encore aujourd'hui les véritables fonderies, ou les lits des ruis feaux de foufre qui couloient de toutes parts dans ces contrées de l'ifle, qui ont fi fort confumé & defféché ce terroir, qu'il ne peut produire que des ronces; mais au côté feptentrional du pic, il n'y a point, ou fort peu de ces pierres, d'où ce médecin conclut que le feu fit fon plus grand effort, & se déchargea plus qu'ailleurs, vers le côté qui eft au fud-oueft. Il dit de plus, que beaucoup de mines de divers métaux fe découvrirent & fagterent en l'air en même tems. Aufli y a-t-il plufieurs de ces rochers brulés, qui semblent une malle de terre & de fer mêlés enfemble, d'autres d'argent & quelques-uns de cuivre, fur-tout dans un endroit de ce quartier du fud oueft, appellé Azulejos, qui eft une montagne fort haute. Il y a là une grande quantité de terre d'un bleu clair, mêlée avec des pierres bleues couvertes d'une rouille jaune, comme celle du cuivre ou du vitriol. Outre plufieurs petites fources d'eau vitriolée, qui lui ont fait conjecturer qu'il y avoit eu une mine de cuivre, on y trouve aufli des eaux nitreufes, & des pierres pleines de falpêtre, & couvertes d'une rouille de couleur de fafran, & qui a le gout de fer.

L'an 1704, il y eut dans cette ifle un des plus épouvantables tremblemens de terre dont on ait jamais entendu parler. Il commença le 24 de décembre, & en trois heures de tems on en fentit vingt-neuf fecouffes affez violentes. Elles augmenterent tellement le 27, que la frayeur fut générale, & le peuple fit des proceffions & des prieres publiques dans la campagne. Le 31, on découvrit une grande lumiere du côté de Monja, vers les montagnes Blanches. La terre s'y étant ouverte, il s'y étoit formé un volcan, qui jetta tant de pierres, qu'il s'en forma deux montagnes allez hautes; en forre que les matieres combuftibles qui en allumerent plus de cinquante feux aux environs, fortirent.Cela dura jusqu'au sde janvier de l'année fuivante. Enfuite l'air fut obscurci par des cendres & de la fumée, & la terreur fut fort augmentée lorsque fur le foir on vit plus d'une lieue de pays tout en feu. C'étoit l'effet d'un autre volcan qui s'étoit ouvert avec plus de trente bouches à la circonférence d'un quart de lieue du côté d'Oroctova. Il fe forma en même tems un torrent de foufre & d'autres matieres bitumineufes, du côté de Guimar, & il en fortit un pareil de l'autre volcan; cependant les fecouffes continuant avec la même violence, renverfoient les maifons & les édifices publics de Guimar. Le 2 de février, un autre volcan s'ouvrit près de ce lieu, dont l'églife fut presque entierement renversée. Les premieres nouvelles que l'on reçut à Cadix de ce tremblement de terre, portoient qu'il n'étoit pas encore ceffé le 23 du même mois.

ve, il faut qu'elle ne s'étende pas au-delà de la moyenne région de l'air. Bernh Varenius, Geogr. générale, l. 1,

C. 10.

Dans l'hiftoire de la compagnie royale de Londres, pu bliée en anglois par Thomas Sprat, on voit une relation de quelques marchands qui ont eu la curiofite de monter jusqu'au lommet de cette montagne. Ils partirent d'Oratava, l'un des ports de l'ifle, fitué au côté feptentrional a deux lieues de l'Océan, & marcherent depuis minuit jusqu'à huit heures du matin qu'ils arriverent au fommet de la premiere montagne que rencontrent ceux qui vont vers le pic. Enfuite ils pallerent par divers endroits fablonneux, au travers de plufieurs hautes montagnes qui étoient nues, rafes, découvertes & fans arbres, ce qui leur fit endurer une fort grande chaleur, jusqu'à ce qu'ils fuffent arrivés au pied du pic, où ils trouverent de grandes pierres qui fembloient être tombées du plus haut de la montagne. Sur les fix heures du foir ils commencerent à grimper le pic; mais à peine curent-ils fait une fieue, que le chemin fe trouvant trop rude pour y faire paffer leurs montures, ils les laifferent avec quelques-uns de leurs valets. Comme ils s'avançoient toujours vers le haut, l'ua d'entr'eux fe fentit tour-à-coup faifi de frillons de fiévre, avec flux de ventre & vomillement. Le poil des chevaux qui étoient chargés de leur bagage, étoit hériffé comme la foie des pourceaux. Le vin qui pendoit dans des bouteilles au dos d'un cheval, étoit devenu fi froid, qu'ils furent contraints d'allumer du feu pour le chauffer avant d'en boire, quoique la conftitution de l'ait fut affez chaude & tempérée. Après que le foleil fut couché, il commença à faire fi froid par un vent qui fe leva, qu'ils s'arrêterent entre de groffes pierres fous un rocher, où ils firent un grand feu toute la nuit. Sur les quatre heures du matin ils recommencerent à monter, & étant arrivés une lieue plus haut, un des leurs à qui les forces manquerent, fut contraint de demeurer à un endroit où les rochers noirs commencent. Les autres pourfuivirent leur voyage jusqu'au pain de fucre, où ils rencontrerent de nouveau du fable blanc, & étant parvenus aux rochers noirs qui font tout uni comme un pavé, il leur fallut encore marcher une bonne heure pour grimper jusques au plus haut du pic, où enfin ils arriverent. L'air s'y trouva moins vaporeux & moins étouffant qu'au bas de la montagne. Il étoit pourtant rempli de vapeurs chaudes & vaporeufes qui leur rendirent le vifage extrêmement rude. Il n'apperçurent dans toute cette route aucun changement notable dans l'air. Ils eurent fort peu de vent; mais il fouffloit avec tant de violence au fommet du pic, qu'à peine pouvoient-ils fe tenir debout. Ils dînerent là, & reconnurent que leurs liqueurs fpiritueufes étoient presque devenues infipides, & qu'au contraire leur vin étoit plus fpiritueux. Le fommet où ils étoient n'a pas plus d'une aune & un quart de large. Il eft au bords d'un puits nommé Caldera, qui peut avoir de largeur une portée de mousquet, & à peu près cent aunes de profondeur. Ce puits eft fait en forme de quille, creux en dedans comme une chaudiere, & couvert de tous côtés de petites pierres lâches, mêlées avec du fable & du foufre d'entre lesquelles s'élevent diverfes vapeurs de chaleur & de fumée. On ne fauroit remuer ces pierres qu'il n'en forte de très-nuifibles vapeurs. Ils penserent étouffer pour en avoir voulu tirer une de la place, tant il s'éleva fubitement de ces vapeurs. Ces pierres étoient fi chaudes, qu'il leur étoit impolfible de les manier. Ils ne descendirent pas plus de cinq ou fix aunes dans le puits, à caufe que leurs pieds glif foient; quoiqu'il y en ait qui fe font hazardés à descendre jusqu'au fond. Ils ne virent rien de remarquable, qu'une espèce de foufre clair & transparent qui étoit attaché comme du fel au deflus des pierres. Ils découvrirent du fommet du pic de la grande Canerie à quarante lieues de là, l'isle de Palme à dix-huit, & celle de Gomer à fept. Le trajet de mer qui eft entre deux, ne leur paroiffoit que d'un quart de lieue. Dès que le foleil fe montra fur l'horizon, l'ombre du pic ne fembla pas feulement couvrir toute l'ifle & la grande Canarie, mais aufli la mer jusqu'aux bords, où le fommet du pain de fucre ou du pic paroiffoit vifiblement s'élever en haut, & lancer fon ombre jusques dans l'air même. Le foleil ne fut pas fort élevé, que les nuées qui remplirent l'air deroberent à leur vue & la mer & toute l'ifle, à la réferve des fommets des montagnes fituées plus bas que le pic auquel elles paroilloient attachées. Ils trouverent plufieurs belles & bonnes fontaines, qui fortoient la plupart du

Les perfonnes de qualité, dit Souchu de Rennefort, p. 273, font fort civiles à Teneriffe, & le menu peuple, comme dans toute l'Espagne, eft extrêmement fier & peu laborieux. L'artifan, toujours l'épée au côté, ne peut s'asfujettir à garder sa maison : il est fi fainéant, qu'il aime mieux vivre de légumes & de racines, que de prendre la peine de chaffer, quoique le gibier foit fort commun. Les femmes ne regardent que d'un ail par une petite ouverture qu'elles font à leur voile.

Le PIC DE TENERIFFE est une montagne de cette ifle. Les Maures l'appellent Elbar, les Espagnols & les Por tugais el Pico de Terraira, & les autres Européens la nomment le Pic de Teneriffe ou le Pic des Canaries. On le regarde comme la plus haute montagne du monde, & fon fommet qui a quarante-fept mille huit cents douze pieds de hauteur, s'éleve tellement au deffus des nues, que quand le ciel eft ferein, on le peut voir de foixante milles en mer; d'autres difent de quarante lieues, & Corneille avance qu'on le voit de foixante. On n'y monte qu'aux mois de juillet & d'Août, parce que le refte de l'année cette montagne eft couverte de neige, quoiqu'on n'en voye jamais dans l'ifle de Téneriffe, ni dans les autres ifles Canaries. Quoique le pic de Teneriffe s'éleve vifiblement au deffus des nues, cependant comme la neige y tombe & s'y confer

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fommet & s'élançoient fort haut comme des jets d'eau naturels. Ils descendirent par le chemin fablonneux jusqu'au pied du pain de fucre; & comme il eft presque droit à niveau, ils curent bientôt parcouru tout ce chemin. Ils rencontrerent en cet endroit une caverne d'environ douze aunes de profondeur & de dix-huit de largeur. Elle reflembloit à un four & avoit une ouverture en haut de plus de dix aunes de diamètre. Ils descendirent par-là avec une corde que leurs valets tenoient ferme. Au milieu du fond de cette caverne étoit un puits rond plein d'eau, comme un gouffre auffi large que l'ouverture d'en-haut, & à peu près de fix toifes de profondeur. Ils jugerent que cet eau provenoit des neiges, qui, en fe fondant, couloit le long des rochers. Toute la hauteur du pic de bas en haut en droite ligne, eft eftimée communément de deux lieues & demie. Dans toute cette route on ne trouve ni arbriffeau, ni feuille, ni herbe; mais feulement des pins & une certaine plante garnie d'épines, comme la ronce qui croît parmi ce fable blanc. A côté du lieu où ils pafferent la nuit, eft encore une autre plante dont les branches ont huit pieds de hauteur, & un demi d'épaifleur. Elles font dispofées en carré vis-à-vis l'une de l'autre, & par ce moyen forment quatre coins, à chacun desquels il y a une branche qui s'éleve en haut comme un jonc. Au bout des tiges croillent de petits grains ou baies Touges, qui étant preflées rendent un lait vénimeux. Ce fuc exprimé fur la peau de quelque bête, en fait tomber le poil aulli-tôt. Cette plante eft répandue par toute l'ifle, & on la croit une espèce d'Euphorbum.

2. TENERIFFE, ville de l'Amérique méridionale, dans la terre-ferme, au gouvernement de fainte Marthe, dans les terres, fur la rive droite de la riviere appellée rio grande de la Madalena, au-deffous de Tamalameque, & à quarante lieues de la ville de fainte Marthe, en tirant au fud-oueft. Le chemin pour aller de Teneriffe à la ville de fainte Marthe eft fort difficile par terre, mais on peut aller allez commodément d'une de ces villes à l'autre par la grande riviere de la Magdeléne, en faifant le refte du chemin par mer. * De Ifle, Atlas. De Laet, Description des Indes occidentales,

1.8, c. 20.

TENESIS, contrée de l'Ethiopie, fous l'Egypte, dans les terres. Strabon, l. 16, p. 770, dit qu'elle étoit habitée par des Egyptiens proscrits par Pfammitichus, & qu'on appella par cette raifon Sebrites, Sebrita, c'est-à-dire, étrangers. Ces peuples avoient une reine à laquelle obéisfoit l'ifle de Meroé, qui étoit voifine de la Tenefis, & qui étoit formée par le Nil. Cafaubon doute fi la ville Tenupfis de Pline, l. 6, c. 30, n'étoit point dans cette contrée, & fi les habitations de cette ville qu'il nomme Semberrita, ne font point les Sebrita de Strabon.

On croit que cette ville Tenupfis eft la Dangala du royau me de Sennar.

TENEVILLE, bourg de France, dans le Bourbonnois, au diocèle de Nevers, élection de Moulins. C'eft une paroiffe à huit lieues de Moulins, & à cinq de l'Allier, pays de monticules, terres douces à feigle d'affez bon rapport; les foins font affez abondans, les pâcages étendus & bons, le profit des beftiaux qu'ils engraiffent, affez confidérable, étant à portée presque de toutes les foires; peu de vignes; plufieurs étangs.

1. TENEZ, province d'Afrique, au royaume de Trémécen. Elle a au levant celle d'Alger, au couchant celle de Trémécen, le mont Atlas au midi, & la mer Méditerranée au feptentrion, depuis l'embouchure du Chilefou de Cartena, jusqu'à celle de l'Açafran. Tout ce pays abonde en bled & en troupeaux; il y a cinq villes dont la capitale porte le nom de la province, & a été fujette aux rois de Trémécen. Quand Mahamet Bénizeyen mourut, il laifla trois fils, dont l'aîné Abu Abdali fuccéda à la couronne, & les deux conjurerent contre lui. La conjuration découverte, le fecond nommé Abu Zeyen fut long-tems prifonnier, jusqu'à ce que Barberouffe le délivra & enfuite le fit prendre. Le troifiéme qui s'appelloit Abu Yahaia s'enfuit à Fez, & à la faveur de Hamet Oataci, il fe rendit maître de ce pays, où il regna plufieurs années & prit le titre de roi de Tenez. Après fa mort fon fils Bu Abdila lui fuccéda, qui fut perfécuté de Barberouffe jusqu'au point de le contraindre à paffer en Caftille avec la famille & un de fes freres, pour demander du fecours à Charles-Quint, & comme on tardoit à l'expédier, il retourna à Oran, croyant que le marquis de Comares travailloit pour lui. Sur ces entrefaites Dieu lui inspira

de fe faire chrétien & fon frere de même, de forte qu'ils retournerent en Caftille, où ils furent baptifés & leur état demeura aux Turcs: c'eft une des dépendances d'Alger qui rapporte le plus de revenu. Marmol, Royaume de Trémécen, l. 5, c. 30.

*

d

2. TENEZ, ville d'Afrique, au royaume de Trémécen, capitale de fa province. Elle eft fituée fur la pente d'une montagne à demi-lieue de la mer, à mi-chemin d'Oran & d'Alger. Ptolomée lui donne 11a 30' de longitude, & 33° 30' de latitude, & la nomme Lagonte. Elle eft enfermée de murs, & a une fortereffe avec bonne garnifon, où le commandant qu'on envoie d'Alger fait la demeure. Les Arabes de cette contrée font belliqueux & fe piquent d'honneur & de bravoure; auffi ont-ils fouvent aidé les habitans à fe défaire de leurs gouverneurs Turcs qui les tyrannifent beaucoup. Ceux de la ville font grofliers & ruftiques, quoiqu'ils ayent grand commerce avec les étrangers, parce qu'on transporte d'ici à Alger & ailleurs du bled & de l'orge, dont toute la contrée eft fertile de même qu'en pâturages. Les abeilles y rapportent beaucoup de miel & de cire. Vis-à-vis de la ville il y a une iflette ou les vaiffeaux fe mettent à l'abri pendant la tempête, quand ils ne peuvent demeurer au port. Le cadet Barberoufle prit cette ville après la mort de fon frere aîné, & depuis elle a toujours été aux Turcs. Le pere Hardouin & la plupart des géographes croyent qu'elle occupe la place de Céfarée de Mauritanie. Voyez Césarée 8.

3. TENEZ ou TENEX, ville des états du Turc, en Egypte, dans la partie de cette contrée appellée Elbechrie ou Beheyra, à l'eft de Damiette, felon Davity, états du Turc en Afrique, p. 348. Burchard appelle cette ville Taphnis & la prend pour la Tanais de l'écriture fainte. Elle a un golfe ou lac qui eft pris par Pinet pour le lac Sirbon de Ptolomée. Niger dit que les mariniers l'appellent Stagnone on Barathra, & ceux du pays Bayrena, mais Pigafet prétend qu'on le

nomme le golfe de Damiette; & Muntegazze, dans fon voyage, l'appelle Barera. Ce lac reçoit l'eau d'une petite branche qui part du grand bras du Nil du côté de l'eft.Il eft extrêmement dangereux à caufe du fable mouvant qui s'y trouve, qui fe haulle ou se baiffe, quelquefois plus, quelquefois moins.

TENEZA, petite ville d'Afrique, au royaume de Maroc. Elle eft dans une fituation avantageufe. Les anciens Africains la bâtirent fur la pente d'une montagne du grand Atlas, à trois lieues de la riviere d'Ecifelmel, vers le levant. Tout le pays qui eft entre cette riviere & la ville, eft une plaine où on recueille quantité de froment & d'orge, & où l'on nourrit quantité de gros & de menu bétail. C'eft pour cela que la plupart des habitans de la ville font des laboureurs & des gens de la campagne. Ils font braves & grands ennemis des Arabes, qui par le paffé les incommodoient par leurs courfes. * Marmol, Royaume de Maroc, 1. 3, c. 35, P. 46.

.TENEZONE, bourgade des Grifons, dans la ligue de la Caddée, en latin Tinnetio. Cette bourgade, avec Rovena, Als-Molins & la vallée Falera, forme la premiere des cinq parties qui compofent la communauté d'Oberlax. * Etat & délices de la Suiffe, t. 4, p. 52.

1. TENG, ville de la Chine, dans la province de Quangli, au département de Gucheu, cinquième métropole de la province. Elle eft de 64 51' plus occidentale que Pekin, fous les 24d7 de latitude. * Atlas Sinenfis.

2. TENG, ville de la Chine, avec fortereffe, dans la province de Honan, au département de Nanyang, feptiéme métropole de la province. Elle eft de d 42' plus occidentale que Pekin, fous les 33d 40′ de latitude.

3. TENG, ville de la Chine, dans la province de Xantung, au département 'd'Yencheu, feconde métropole de la province. Elle eft de od 36 plus occidentale que Pekin, fous les 35d 46' de latitude.

1. TENGCHENG, fortereffe de la Chine, dans la province d'lunnan, au département de Langkiu, cité de la province. Elle eft de 174 30' plus occidentale que Pekin, fous les 25d 45' de latitude.

2. TENGCHENG, montagne de la Chine, dans la province de Xantung, au territoire de Tengcheu, cinquième métropole de la province. Elle eft au nord de cette métropole, & fameufe par la victoire que Hanfinius y remporta fur le roi Ci. * Atlas Sinenfis.

TENGCHEU,

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