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les voyages de ce pays-la; ajoutez ce paffage d'Eufebe Odpseis it to ICúpes, Tharfis ex quo Iberi; Tharfis de qui font venus les Ibériens ou les Espagnols; vous trouvez une fuite de convenances qui rendent moins étranges les diverses opinions qui placent Tharfis, ou dans la Méditerranée, ou au voisinage de cette mer.

tale d'Afrique ne manque point de tout cela, & il n'eft pas néceffaire d'aller bien loin, ni jusqu'au coin de la Guinée, pour en trouver; encore moins de faire le tour de l'Afrique. Les Phéniciens de la Bétique avoient foin de fe fournir d'une marchandise, qu'ils voyoient que la flotte combinée de Hiram & de Salomon emporteroit avec plai fir; & le terme de trois ans, qui s'écouloit d'un voyage à l'autre, étoit bien affez long pour les amasser, au lieu où la flotte abordoit, fans qu'elle cut la peine de les aller chercher ailleurs qu'à Tharis.

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Il ne faut qu'une feule Tharfis, dira-t-on, la plupart des auteurs, dont j'ai rapporté le fentiment, le fouhaitent ainfi. Il eft ailé de les fatisfaire, pourvu qu'ils conviennent qu'il a pu arriver au nom de Tharfis la même chofe qu'au mot Indes. C'étoit le nom particulier d'un fleuve; enfuite d'une contrée en deçà & au-delà du Gange, & encore aujourd'hui le mot d'Indes eft devenu commun à des pays très-différens les uns des autres. Il peut en avoir été de» même de Tharfis ; Tharfe & la Cilicie ont pu être les premiers effais de la navigation phénicienne. Le nom de Tharfis aura fans doute pris de-là fon origine dans la langue hébraïque. Si l'on a lu ce que nous avons dit à l'article GRÉCE, on aura de la dispofition à croire que ces mêmes Hébreux, qui nommoient Javan les habitans de la Gréce, à caufe de Javan, pere des Ioniens, ont pu appeller Tharfis la Cilicie & les Ciliciens descendus de Tharfis. On a fait voir à l'article de Carthage, que vers le tems de Jofué, les Phéniciens étoient paflés en Afrique. Des vaiffeaux, qui rafoient la côte de Phénicie, & enfuite celle de Cilicie, arrivoient aifément à l'ifle de Candie & aux autres ifles, qui font au midi de la Morée, de-là, ils ne perdoient point la vue des terres, pour cotoyer la Gréce, la côte méridionale d'Italie & celle de Sicile, à la pointe occidentale, de laquelle ils touchoient presque aux côtes d'Afrique, où étoit leur colonie de Carthage. De-là, en fuivant cette côte, ils trouvoient le détroit de Gibraltar. Je ne dis rien là qui ne foit conforme aux témoignages de l'antiquité & à la plus faine géographic. Ce voyage de Cilicie, de Carthage & du détroit, a pu être appellé le voyage de Tharfis, parce que Tharfis étoit le premier

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terme.

A l'égard de Tharfis en Espagne, la différence qu'il y a entre ce nom & celui de Tarteffus, ne doit point faire de peine ; car les Phéniciens peuvent avoir changé le premier en, c'est-à-dire, l's en t, comme on a dit l'Aturie pour l'Affyrie, la Batanée pour le pays de Bafan; peut-être aufli n'ont-ils rien changé à ce nom. Polybe rapportant les conditions d'un traité fait entre les Romains & les Carthaginois, dit: Il ne fera point permis aux Romains de faire des prifes au-delà de Maftia & de TARSEIUM, ni d'y aller trafiquer, ni d'y bâtir des villes. Iapsïov Tarseium, felon Etienne le géographe, eft une ville auprès des Colonnes d'Hercule. Le nom de Tharfis eft bien reconnoissable en celui de Tharfeium. Auffi Goropius, Hispan. 1.5; c. 7, Grotius, in III Reg. c. 10, v. 28, Pineda, de rebus Salom. l. 4, c. 14, Emmanuel Sa, in Paralip. l. 2, c. 9, v. 21, & Bochart, Phaleg. l. 3, c. 7, & Chanaan, l. 1, c. 34, n'ont-ils fait nulle difficulté d'allurer que c'étoit le même nom & le même lieu.

Des marchandifes que l'on apportoit de Tharfis.

Après avoir rapporté Tharfis en fa place, malgré les illufions de quelques critiques; voyons fi l'on y trouvoit les marchandifes, dont il eft dit que la flotte de Tharfis fe chargcoit en revenant. Ces marchandifes étoient de l'argent en maffe, ou en lame, la chryfolite, de l'yvoire, des finges, des perroquets & des esclaves Ethiopiens, c'eftà-dire, des Négres. Il n'y a nulle difficulté fur l'argent. Le pays où nous mettons Tharfis, c'eft-à-dire, la Béthique, en produifoit alors en abondance, comme on l'a vu par le témoignage d'Ariftote & d'Hérodote. Il n'y en a pas davantage fur les chryfolites. Pline parlant de cette pierre dit: Bocchus auctor eft & in Hispania repertas quo in loco cryftallum dicit ad liberamentum aqua puteis depreffis erutam, chryfoliton XII pondo à fe vifam. Ce témoignage eft bien fuffifant. Un pays qui produifoit des chryfolites du poids de douze livres, à douze onces la livre, comme étoit celle des anciens, ne devoit pas être ftérile de cette forte de pierre.

Les Phéniciens avoient des établiffemens au-delà du détroit vers la Nigritie. Ils étoient fur les flottes de Salomon; ils favoient bien comment lui procurer de l'yvoire, des finges, des Négres & des perroquets. La côte occiden

دو

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M. Huet réfute ce fentiment de cette maniere, après avoir fuppofé que les vaiffeaux destinés pour Tharfis devoient, chemin faisant, paller par Ophir, il ajoute : « II eft facile de juger, par ce qui vient d'être dit, combien » Bochart, & ceux de qui il avoit adopté le fentiment, fe font trompés groflierement en plaçant Tharfis dans la » Bétique, puisqu'on ne fauroit prouver qu'elle produise » aucune des marchandifes que l'écriture dit que ces vais» feaux apporterent. Il leur feroit auffi inutile de prétendre » qu'il y avoit dans les villes de la Bétique des foires & des marchés, où l'on pouvoit acheter ces fortes de mar» chandifes que l'on y portoit des pays éloignés ; car il feroit ridicule de penfer que les Ifraelites & les Phéniciens » partis d'un port de la mer Rouge, euffent côtoyé les » rivages de l'Afrique, fans s'y arrêter, pour aller en Es» pagne chercher des marchandises que les Espagnols eux» mêmes tiroient de l'Afrique. » Ce ridicule n'eft donc qu'au cas que ces vailleaux de Tharfis partiffent de la mer Rouge, doublaffent le cap de Bonne-Espérance, & vinsfent à la Bétique par l'Océan le long de l'Ethiopie, de la Guinée, de la Nigritie, &c. jusqu'au détroit ; en ce cas, il étoit plus naturel qu'ils priffent eux-mêmes fur les lieux, les finges, les Négres & les perroquets; mais ce tour de l'Afrique n'étant qu'une chimére, le ridicule ceffe. On ne doit pas s'étonner que les Israëlites & les Phéniciens prisfent dans la Bétique des marchandises qu'ils n'avoient pas trouvées fur leur route, étant venus par la Méditerranée. Il fuffit qu'au premier voyage ils ayent témoigné quelque goût pour ces marchandifes, pour en trouver en abondance au voyage fuivant; fans qu'ils fuffent réduits à les aller chercher eux-mêmes. Or, je dis que les vailleaux de Tharfis alloient par la Méditerranée. La prophétie de Jonas & celle d'Ezechiel le marquent. Ils ne partoient point d'Afiongaber ni de la mer Rouge, & les deux passages dont on abuse pour le prouver ne le difent point. On les a affez examiné dans cet article, pour se dispenfer de le faire encore ici. Jonas ne veut point aller en orient où eft Ninive, il s'enfuit vers Tharfis à l'occident, cela eft naturel. Les marchands de Tharfis viennent aux foires de Tyr, rien de plus facile à concevoir dès que Tharfis eft dans la mer Méditerranée, ou près du détroit de Gibraltar. Le paffage de Judith ne fe peut expliquer de l'Afri

que

occidentale. Holoferne n'alla point de ce côté-là. Le Reges Tharfis & infula de David y vient auffi mal. Réduifons à un petit nombre de propofitions ce que nous avons tâché de faire voir dans cet article.

Il n'y avoit qu'une Tharfis proprement dite, que l'on connût d'abord; favoir Tharfe, & les environs connus enfuite fous le nom de Cilicie.

Les Phéniciens, vers le tems de Jofué, ayant fait des établiflemens en Afrique, leurs vaiffeaux fréquenterent le port de Carthage.

Cette navigation les mena peu à peu vers le détroit de Gibraltar, & leur fir découvrir le pays de Tharfis en Espagne; c'eft de cette Tharfis, du détroit, ou des environs, que Salomon tiroit tant d'argent, d'yvoire, &c.

La Tharfis d'Holoferne eft la Tharfis de Cilicie & ne peut être l'Arabie. C'eft auffi celle du pfeaume, où il eft parlé des rois de Tharfis & des ifles.

Pour aller à Tharfis, on s'embarquoit à Joppé comme Jonas, ou à Tyr, fur les vaiffeaux des marchands dont parle Ezechiel.

Les paffages que l'on cite du livre des Rois & des Paralipoménes, pour en conclure que la flotte de Tharfis partoit d'Afiongaber, ne le difent point, & il eft plus naturel & plus raifonnable d'entendre, dans les paroles même de l'écriture, une diftinction réelle entre ces deux flottes & ces deux voyages, que de donner lieu à une contradiction dont on ne fait comment fortir.

THARSOUS, nom que les Arabes & les Turcs donnent

ala ville de Tharfe en Cilicie. Elle a produit quelques auteurs furnommés Al-Tharfouffi, à caufe de la naiffance qu'ils avoient prife dans cette ville.* D'Herbelot, Bibliot. orientale.

THARSUS. Voyez TARSUS & THARSIS.

donner une fatisfaction convenable aux habitans d'Abdera. Egeo Ledivivo, p. 467.

*

THAT, château du Sugeftan. Dans l'année 393 de l'hégire, dit d'Herbelot, dans fa bibliotheque orientale, au mot Mahmod, Mahmoud, fils de Sebecteghin, premier

THASARTE, lieu de l'Afrique propre. Voyez TA- fultan de la dynaftie des Gaznevides, entreprit de réduire

SARTA.

THASBALTE. Voyez TASBALTENSIS. THASIA, ville de l'Afrique propre. Prolomée, l. 4, c. 3, la marque avec les villes qui étoient entre la ville Thabraca & le fleuve Bagradas.

THASIE, contrée de l'lbérique, felon Pline, l. 6,

c. 10.

THASKEND, nom d'une ville du Turqueftan où de la grande Tartarie. Il eft forti de cette ville des perfonnages illuftres, qui ont porté le furnom de Tasch kendi.

THASPIS. Voyez TESPIS.

THASUS, ifle fur la côte de la Thrace, à l'oppofite de l'embouchure du fleuve Neftus. La plupart des géographes écrivent THASUS, mais Polybe & Etienne le géographe difent THASSOS, & Pline THASSUS. Thafus, fils d'Agenor, roi des Phéniciens, paffe pour avoir demeuré plufieurs années dans cette ifle, & pour l'avoir peuplée : il lui donna fon nom. L'ifle fut enfuite augmentée d'une nouvelle colonie grecque qu'on y avoit menée de Paros. Ce qui la rendit confidérable entre les autres ifles dans la mer Egée; mais elle tomba fous la nomination des Cénitiens & des Entriens ou des Aivapor, comme Hefychius les appelle. Ces peuples s'y étoient rendus de la Thrace ou des confins de l'Afie. Hérodote fait une mention particuliere de ces peuples. A la fin les Athéniens s'en rendirent les maîtres; ils la dépouillerent entierement de fa liberté, en défarmerent les habitans, & pour les tenir plus aifément dans la fujétion, ils les accablerent de continuels impôts. Les Athéniens en furent dépoflédés par les Macédoniens, & ceux ci par les Romains. Thafus eluya enfuite le gouvernement tyrannique de plufieurs ufurpateurs, & à la fin, elle fut contrainte de fubir le joug de la domination turque. Mahomet Il s'en empara dès l'an 1453. Elle fut traitée d'abord avec la derniere rigueur ; mais dans la fuite, les Turcs mêmes y établirent un négoce; ce qui y attira de rechef de nouveaux habitans. Cette ifle contient encore aujourd'hui trois bourgs fort peuplés, & mis par des fortifications en état de défenfe. On donne même au plus grand de ces bourgs le nom de ville de THASO. Les deux autres bourgs retiennent en quelque ma niere leurs anciens noms, l'un eft appellé Ogygia ou Gifi, & l'autre Etira ou Tyrra. Le commerce y ature un grand nombre d'étrangers, on voit aborder en tout tems dans le port de la ville quantité de bâtimens, fur-tout de Conftantinople, qui y portent un gain confidérable. Le terroir de cette ifle eft fertile, & abonde en toutes chofes néceffaires à la vie. Les fruits particulierement font délicieux, & il y a un excellent vignoble, célébré déja dès le tems de Varron; & Virgile, Georg. l. 2, v. 91, en parle ainfi :

Sunt Thafia vites, funt & Mareotides alba.
Pinguibus ha terris hábiles, levioribus ille.

Cette ifle a encore plufieurs mines d'or & d'argent, & des carrieres d'un marbre très-fin. Pline, remarque que ces mines & ces carrieres rapportoient beaucoup dès le tems d'Alexandre le Grand. Les empereurs Ottomans ne les ont pas laiffées en friche. Selim I entre autres, & Soliman II en ont tiré un profit confidérable. Le fultan Amurath fit creufer avec beaucoup de fuccès dans la montagne qui eft vers le feptentrion de l'ifle, vis-à-vis de celle de Neflo; mais au bout de cinq mois on discontinua ce travail, parce qu'on en avoit perdu la veine, Les habitans de l'ifle de Thafo avoient fait une alliance étroite avec ceux de la ville d'Abdera, à deffein de fe mettre à couvert des incurfions des Sarrazins & d'autres peuples barbares de l'Afie; mais ils les abandonnerent dans leurs preffants befoins, lorsque ces barbares vinrent avec une armée ravager toute la côte méridionale de la Thrace. Après leur départ ceux d'Abdere s'étant remis, penferent aux moyens de fe venger des Tharfiens qui avoient manqué à la foi promife; ils aborderent pour cet effet à l'impourvu dans cette iflé, & firent tout leur poffible pour s'en rendre les maîtres. Les peuples voifins prirent part à cette guerre, & obligerent les Thafiens à

Khalaf, qui n'étant que gouverneur du Segeftan y tranchoit du fouverain, & avoit même fortifié le château de That, comme s'il eut voulu s'y maintenir par la force; mais il n'eut pas plutôt appris la venue de ce prince, qu'il alla audevant de lui, lui porta les clefs de fa fortereffe & le reconnut pour fon fultan.

THATES. Voyez THAPSIS.

THATICES. Voyez METACOмPSO.

THAU. (L'étang de) étang en France, fur les côtes de Languedoc. Cet étang eft nommé Taurus par Avienus, & Laterra par Pline. Il s'étend presque de l'eft à l'oueft environ douze bonnes lieues au midi du diocèfe de Montpellier, & d'une partie de celui d'Agde. On lui donne dans le pays les différens noms d'étang de Frontignan, de Maguelone & de Peraut, que l'on emprunte de gros lieux qui font fur fes bords. On donne ordinairement celui de Frontignan à la partie orientale. Cet étang fe débouche dans le golfe de Lyon par le Grau de Palavas, ou paffage de Maguelone, & par le port de Cette, où commence le fameux canal royal de Languedoc.

THAUANA, ville de l'Arabie heureufe. Prolomée 6, c. 7, la marque dans les terres. Le manuscrit de la bibliotheque palatine lit Thabane, au lieu de Thauana. 1. THAUBA, ville de l'Arabie heureufe, & dans les terres, felon Prolomée. Au lieu de Thauba, le manuscrit de la bibliotheque palatine porte Thabba.

2. THAUBA, ville de l'Arabie déferte. Ptolomée, l. 5, c. 19, la marque aux confins de la Mélopotamie. THAUBASIUM, lieu d'Egypte. Par la pofition que lui donne l'itinéraire d'Antonin, ce lieu devoit être au voifinage des marais de l'Arabie. Il eft marqué fur la route de Serapiu à Pelufe, entre Serapia & Sile, à huit milles du premier de ces lieux, & à ving-huit milles du fecond. Ortélius foupçonne que ce pourroit être le même lieu que la notice des dignités de l'Empire appelle Tuabafteum, & qu'elle place dans l'Auguftamnique. Je crois, dit Ortélius, que c'eft auffi le Theubatum de faint Jérôme.

THAUMACI. Strabon, l. 6, p. 434, met THAUMACL au nombe des villes de la Phthiotide; & Tite-Live, 2. 32, c. 4, dit qu'en partant de Pyle & du golfe Maliacus, & pasfant par Lamia, on rencontroit cette ville fur une éminence tout près du défilé appellé Cale. Il ajoute que cette ville dominoit fur une plaine d'une fi vafte étendue, que l'on ne pouvoit en voir l'extrémité, & que c'eft cette espéce de prodige qui étoit l'origine du nomi Thaumaci. Etienne le géographe prétend néanmoins que ce fut Thaumacus fon fondateur qui lui donna fon nom. Ce feroit un fait dif ficile à vérifier, ou du moins il faudroit aller chercher des preuves dans des tems bien reculés, car cette ville fubfiftoit du tems d'Homére, Iliad. B. v. 716.

Οἱ δ' άρα Μηθώνην καὶ Θαυμακίην ἐνέμοντου Qui vero Methonen & Thaumaciam habitant. Pline, l. 4, 6.9, nomme auffi cette ville Thaumacia ou Thaumacie, & la met dans la Magnéfie; je ne fais fur quoi fondé. Phavorin, Lexic. dit qu'il y avoit une ville nommée Thaumacia dans la Magnéfie, & une autre de même nom fur le golfe Maliacus; il pourroit bien multiplier les êtres. Ce qu'il y a de certain, c'eft que la ville de Thaumaci de Tite-Live étoit dans les terres.

THAUN, Dumnus, petite ville d'Allemagne, dans la partie du Palatinat qui eft à la gauche du Rhin, au comté de Spanheim, dans l'endroit où la riviere du Nahe reçoit celle de Simmeren. * Jaillot, Atlas.

THAUREN. Corneille qui cite Joly, voyage de Munster, dit que c'elt un lieu fameux dans l'évêché de Liége, à une lieue de la ville de Mafeich; il ajoute : On y voit une célébre & riche abbaye de chanoineffes de fort ancienne fondation, qui peuvent fe marier de même que celles de Mons en Hainaut, excepté l'abbeffe, dame très-considérable, qui a jurisdiction fur beaucoup de terres & de villages, & qui peut faire battre monnoie d'or & d'argent .Elle a des chanoines & des chapelains pour faire le ferviçe divin,

& il n'y a que les filles de comtes, de barons & des gentilshommes diftingués, qui puiflent être reçues dans cette abbaye.

Je ne connois point d'abbaye dans l'évêché de Liége nommée THAUREN; il y en a une que toutes les cartes nomment THORN, & c'eft apparemment celle dont Joly & Corneille entendent parler. Elle eft fituée au comté de Horn, à une lieue d'Allemagne, au nord de la ville de Mafeich, fur le bord de la riviere Ytterbeeck, un peu au-desfus de l'endroit où elle fe jette dans le Rhin.

THAURIS, ifle de la mer d'Illyrie, felon Hirtius, De bell. Alexandr. Il y a des exemplaires qui lifent TAURIS fans aspiration.

THAUTIRENORUM, nom d'un peuple; il fe trouve fur une médaille rapportée dans le tréfor de Goltzius. THAXTED, bourg d'Angleterre, dans le comté d'Essex, affez près de la fource de la riviere Chelmer, à la gauche de cette riviere. Thaxted a droit de marché. * Blaeu, Atlas.

THEA, ville de la Laconie, felon Etienne le géographe, qui cite Philochorus; il ajoute que les habitans de cette ville font les Theenfes de Thucydide.

THEACHI, THEACO ou THIAKI, ifle de la mer Ionienne. Cetre ifle, dit le pere Coronelli, Desc. de la Morée, 2. part. p. 157, a presque autant de nom qu'il y a d'auteurs différens qui en ont fait la description. Elle eft appellée Itaca par Strabon & par Pline, Nericia par Porcacchi & par Denys l'Africain, val di Compagno par Niger, val di Compare par Sophien ; les Grecs d'à préfent la nomment Thiachi, les Turcs Phiachi, & communément on la nomme Cefalonia picciola, Céfalonie la petite. Elle regarde Céphalonie, dont elle eft féparée par le Guiscardo, qui eft un canal très-profond de la longueur de vingt milles, large de cinq & de trois dans l'endroit le plus relferré. La figure de cette ifle eft irréguliere; elle eft plus longue que large, & fa côte qui eft de quarante milles de circuit, a plufieurs ouvertures & enfoncemens; on y trouve plufieurs ports qui font d'une grande commodité pour y prendre du bois pour le chauffage; mais de tous ces ports celui de VATHI eft la meilleure tenue, d'unabri affuré, d'un grand fond, & il peut recevoir un plus grand nombre de vaiffeaux. Il y en a deux qui font de peu inférieurs à celui-ci favoir, GIDACHI & SARACHINICCO; les autres font fi peu commodes & de fi mauvais mouillage, qu'ils ne méritent pas qu'on en parle. On prend aflez communément cette ifle pour l'ancienne Itaque, patrie d'Ulyffe. La mémoire de Pénélope fa femme qui y faifoit fon féjour pendant fon abfence, y eft demeurée dans une telle vénération à caufe de fa chafteté, que les habitans respectent certaines ruines que l'on prend pour les reftes de fon palais. Cette ifle avoit autrefois une ville que Plutarque appelle ALALCOMENE ; il n'y a plus que quelques villages, dont les principaux font Vathi, Oxoi. Les habitans font au nombre de quinze mille; une bonne partie confifte en des gens qui font fortis par banniffement ou autrement, des ifles de Zante, de Corfou & de Céfalonie.

Les citadins de Céfalonie élifent chaque année un fujet auquel ils donnent le titre de capitan de Theacchi; mais il ne peut entrer en charge fans le confentement des recteurs, qui font obligés de fe transporter chaque année dans l'ifle au mois de mars pour y faire la vifite; du refte, l'autorité de cet officier ne s'étend qu'à connoître des caufes & à prononcer fur les différends qui peuvent furvenir entre les particuliers. André Morofini, fils de Pierre, qui fut provéditeur de Céfalonie en 1622, affure que cette ifle fut enlevée par les confédérés de Michel, fils de l'empereur Paléologue, des mains de cet empereur après qu'il l'eut prife lui-même fur Charles Tocco, napolitain de nation. Tocco étoit porté de fi bonne volonté envers la république, qu'il renvoyoit aux Vénitiens, comme à fes juges fupérieurs, les appellations de toutes les causes, tant criminelles que civiles.

THEAKIKI, riviere de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle France. Elle prend fa fource dans une grande prairie qu'on trouve fur la droite, en remontant la riviere de Saint-Jofeph, après y avoir marché environ cinq ou fix quarts de lieue. Cette fource eft une espéce de mare, qui communique avec plufieurs autres de différentes grandeurs, & dont la plus grande n'a point cent pas de circuit. On donne à la prairie le nom de prairie de la tête de Bauf,

parce qu'on y a trouvé, dit-on, une tête de bœuf d'une grandeur énorme. Le Theakiki au fortir de fa fource eft fi étroite, a fi peu d'eau, & fait tant de détours, qu'on n'y peut naviger qu'avec un petit canot d'écorce, qui eft même à tout moment en danger de fe crever. Elle s'élargit enfuite un peu, & devient affez profonde. Après cent lieues de cours on rencontre fur la droite en descendant une autre riviere qui n'eft guères en cet endroit qu'un ruisseau, & qui porte le nom de riviere des Illinois, parce qu'il y a eu des Illinois qui ont habité vers fa fource, qui n'eft pas loin de celle de Chicagou, laquelle fe décharge dans le fond du lac Michigan. Après la jonction du Theakiki avec la riviere des Illinois, il perd fon nom, & cetre riviere conferve le fien, parce qu'en la descendant on rencontre encore plufieurs villages illinois. Les voyageurs corrompent le nom de Theakiki, & difent Teakiqui. Le véritable nom vient du mot Theak, qui fignifie Loup dans la langue des Mahingans, lesquels ont habité fur. les bords de cette riviere, & qu'on appelle la nation du Loup. * Journal du pere de Charlevoix.

THEÆNÆ. Voyez THANA.

THEAME, ville de la Babylonie. Prolomée, l. 6, c. 20, la marque aux confins de l'Arabie déferte. Au lieu de Theame le manuscrit de la bibliotheque palatine porte Thelme.

THEANGELA, ville de la Carie, felon Pline, l. 5, c. 29, & Etienne le géographe. Le pere Hardouin remarque que l'hiftorien Philippe eft furnommé Otaystλtus par Athiénée, 1.6, p. 271, qu'on lit dans Plutarque, in Alexand. xapes Eyes pour tayfas, & dans Strabon,/. 13,p.611,

Συνάγελα pour Θεάγγελα.

THEANI, peuples dont fait mention Pline le jeune dans une de fes lettres Epift. lib. 10, ad Trajanum. Il paroît que ces peuples habitoient au voifinage de Bithynie. Ne seroit-il point queftion, dit Ortélius, des Tiani habitans de Tios? mais il ajoute qu'il lui femble que quelque autre auteur met des peuples nommés Theani aux environs de la Troade.

THEANUM, nom d'un fleuve d'Italie, felon Orofe, 7.5, c. 18.

THEARUUS. Voyez TEARUS.

THEATE, TEATE A OU TEATE, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans l'Abruzze citérieure, érigée en métropole par le pape Clément VII. Elle a donné le nom aux Théatins, parce que Jean-Pierre Caraffe, l'un des fon dateurs de leur ordre, & depuis pape fous le nom de Paul IV, ayant été évêque de Chieti ou Theate, & ayant renoncé à cette dignité pour le faire religieux, le peuple qui étoit accoutumé à l'appeller l'évêque Théatin lui conferva ce nom, qui pafla enfuite à ces religieux. Voyez TEATEA & CHIETI qui eft la même chose. * Baillet, Topog. des Saints, p. 481. Hiftoire du clergé féculier & régulier, t. 3, p. 102.

THEATIA. Voyez THYATIRE.

THEAUA, ville de l'Espagne Tarragonnoife. Prolomée, l. 2, c. 6, la marque dans les terres. Moralés croit que c'eft aujourd'hi Tivica, village de la Catalogne, au nord de Tortofe, & non loin de la rive droite de l'Ebre.

THAUREMETS, petit peuple de l'Amérique feptentrionale, dans la Louifiane, fur la route que tint le fieur de la Salle, pour aller de la baye de Saint-Louis aux Cénis, & dont il traverfa le pays avant que de paller lạ Maligne.

1. THEBÆ, ville de la haute Egypte, à la droite du Nil. C'eft une très-ancienne ville qui donna fon nom à la Thebaï. de, & qui le pouvoit disputer aux plus belles villes de l'univers. Ses cent portes chantées par Homere, Iliad. 1, v.381, font connues de tout le monde, & lui firent donner le furnom d'Hecatonpyle pour la diftinguer des autres Thébes. On la nomma auffi Diospolis, c'est-à-dire, la ville du Soleil : Poft Apollinis urbem, dit Strabon, l. 17. Theba funt, nunc Diospolis vocatur. Pline, l. 5, c. 11, rapporte la même chofe : Celebratur Diospolis magna, eadem Theba, portarum centum nobilis fama. Quoiqu'on la trouve appellée quelquefois Diospolis ou Diospolis magna, pour la diftinguer des autres villes qui portoient le nom du Soleil ; cependant elle conferva encore fon ancien nom, car dans l'itinéraire d'Antonin elle eft fimplement nommée THEBA. Elle eft marquée dans cet itinéraire à la droite du Nil, entre Contra Laton & Vicus Apollonos,

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Apollonos, à quarante milles du premier de ces lieux & à vingt-deux niilles du fecond. La plus grande partie de la ville de Thébes étoit à la droite du Nil, où tous les anciens placent cette ville; il y en avoit néanmoins, felon Strabon, une certaine partie à la gauche du fleuve, & c'eft où étoit le Memnonium ou le palais & la ftatue de Memnon : Nunc vicatim habitatur, pars verò fita eft in Arabia, ubi ipfa urbs eft, pars etiam in Peraa feu trans fluvium ubi Memnonium eft.

La ville de Thébes étoit peuplée à proportion de fa gran deur; & Pomponius Mela, 7. 1, c. 9, a dit qu'elle pouvoit faire fortir, dans le befoin, dix mille combattans par chacune de les portes. Les Grecs & les Romains ont célébré fa magnificence & fa grandeur, encore qu'ils n'en euffent vu en quelque maniere que les ruines.

On a découvert dans la Thébaïde (on l'appelle maintenant le SAYD) des temples & des palais encore presque entiers, où les colonnes & les ftatues font innombrables. On y admire fur-tout un palais, dont, dit M. Rollin, Hift. des anciens Egyptiens, les reftes femblent n'avoir fubfitté que pour effacer la gloire des plus grands ouvrages. Quatre al lées à perte de vue & bornées de part & d'autre par des fphinx d'une matiere auffi rare que leur grandeur eft remarquable, fervent d'avenues à quatre portiques, dont la hauteur étonne les yeux. Encore ceux qui nous ont décrit ce prodigieux édifice n'ont-ils pas eu le tems d'en faire le tour, & ne font pas même affurés d'en avoir vu la moitié, mais tout ce qu'ils ont vu étoit furprenant. Une fale, qui apparemment faifoit le milieu de ce fuperbe palais, étoit foutenue de cent vingt colonnes de fix braffes de groffeur, grandes à proportion, & entremêlées d'obélisques que tant de fiécles n'ont pu abattre; la peinture y avoit étalé tout fon ⚫art & toutes les richeffes; les couleurs mêmes, c'est-à-dire, ce qui éprouve le plutôt le pouvoir du tems, fe foutiennent encore parmi les ruines de cet admirable édifice, & y confervent leur vivacité, tant l'Egypte favoit imprimer un caractère d'immortalité à tous les ouvrages. Strabon, l. 17, p. 805, qui avoit été fur les lieux, fait la description d'un temple qu'il avoit vu en Egypte, presque entierement femblable à ce qui vient d'être rapporté. Le même auteur, en décrivant les raretés de la Thébaïde, parle d'une ftatue de Memnon, qui étoit fort célébre & dont il avoit vu les reftes; on dit que cette ftatue, lorsqu'elle étoit frappée des premiers rayons du foleil levant, rendoit un fon articulé: en effet, Strabon entendit ce fon, mais il doute qu'il vînt de la ftatue. Voyez NAASSA. * Voyage de Thevenot.

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Le nom de cette ville de Thébés ne fe trouve pas dans le texte de la vulgate, & on ignore quel nom les anciens Hébreux lui donnoient. Bochart, Phaleg. l. 4, C. 27, prétendu que c'étoit la ville de No- Ammon, dont il eft allez fouvent parlé dans les prophétes, (a) & que l'on traduit ordinairement par Alexandrie: mais dom Calmet, dans fon commentaire fur Nahum, a entrepris de montrer que No Ammon fignifie plutôt la ville de Diospolis, dans la baffe Egypte. S. Dorothée le Thébain, (b) anachoréte dans la baffe Egypte, étoit né à Thébes, dans la haute Egypte. (2) Ezechiel, 30, 14. Nabum. 3, 8. Jerem. 46, 25. (b) Baillet, Topog. des faints, p. 481.

2. THEBÆ, ville de Grece, dans la Bootie, fur le bord du fleuve Ismenus, & dans les terres : ceux du pays la nomment Thive, & non pas Stiva ni Stives; (2) mais ce qui fait que les étrangers prennent le change, c'eft leur ignorance de la langue; lorsqu'ils entendent prononcer Stiva, ils croient que c'eft le nom de Thébes, au lieu que I's n'eft que l'article is abrégé. Ainfi tis Twva fignifie à Thébes, de même que les Grecs difent s'tin Co pour eis tin Co. C'est la même erreur qui a fait appeller Conftantinople par les Turcs Stinbol ou Stanbol, parce que les Grecs, quand ils parlent d'aller à Conftantinople, fe fervent de cette expreffion s'tin polin, c'est-à-dire, à la ville. Thebes, felon Paufanias, in Baot. & Etienne le géographe, fut ainfi nommée de Thébé, fille de Prométhée. Cette ville fameufe par fa grandeur & par fon ancienneté, l'étoit encore par les disgraces & par les exploits de fes héros. (b) La fin tragique de Cadmus, fon fondateur, & d'Oedipe, l'un de fes rois,qui tous deux transmirent leur mauvaise fortune à leurs descendans ; la naiffance de Bacchus & d'Hercule; un fiége foutenu avant celui de Troye, & divers autres événemens hiftoriques ou fabuleux, la mettoient au nombre des villes les plus renommées; cependant les

que

Thébains paffoient pour ftupides. On difoit en proverbe, esprit, oreille de Thebes. Pindare & Plutarque, deux Bootiens, avouent la groffiéreté des gens de leur pays. Horace, dans fon art poëtique, dit : Gardez-vous bien de faire parler un Argien comme un Thébain ; & Cicéron, de Fato, écrit: L'air fubtil d'Athénes forme des hommes fubtils : l'air épais de Thebes forme des hommes épais. Les Thébains avoient même eu la lâcheté de trahir la Grece, & de fe joindre à Xerxes, roi de Perfe, action qui les décria d'autant plus que le fuccès ne la juftifia point. (c) Cet événement les jetta dans un étrange embarras. Ils eurent peur que, fous prétexte de venger une fi noire perfidie, les Athéniens leurs voifins, dont la puiflance augmentoit de jour en jour, n'entrepriffent de les affujettir. Réfolus de parer le coup, ils rechercherent l'alliance de Lacédémone, qu'ils devoient moins redouter, quand il n'y auroit eu que la raison de l'éloignement. Sparte dans cette occafion fe relâcha de la févérité. Elle aima mieux pardonner aux partisans des barbares , que de laiffer périr les ennemis d'Athénes. Les Thébains, par reconnoiffance, s'attacherent aux intérêts de leurs protecteurs; & l'on peut dire durant la guerre du Péloponnéfe, ils n'eurent point de meilleurs, ni de plus fidéles alliés. Ils ne tarderent pas toutefois à changer de vues & d'intérêts. Sparte, toujours ennemie de la faction populaire, entreprit de changer la forme de leur gouvernement, & après avoir furpris la citadelle de Thébes, dans la troifiéme année de la quatre-vingt-dix-neuviéme olympiade, après avoir détruit ou diffipé tout ce qui réfistoit, elle dépofa l'autorité entre les mains des principaux citoyens, qui, la plupart agirent de concert avec elle. Pélopidas, à la tête des bannis, & avec le fecours d'Athénes, rentre fecretement dans Thèbes au bout de quarante ans, extermine les tyrans, chaffe la garnison lacédémonienne, & remet fa patrie en liberté. Jusques-là Thèbes unie, tantôt à Sparte, tantôt avec Athénes, n'avoit jamais tenu que le fecond rang, fans que l'on foupçonnât qu'un jour elle occuperoit le premier. Enfin, les Thébains fe crurent trop ferrés dans leurs anciennes limites. Ils refuferent de figner la la paix ménagée par Athénes, pour faire rentrer les villes grecques dans leur pleine indépendance. Les Thébains vouloient qu'on les reconnut pour les chefs de la Bootie. Ce refus les expofoit à l'indignation du roi de Perfe, qui pour agir plus librement contre l'Egypte révoltée, avoit ordonné à tous les Grecs de pofer les armes, & foulevoit en outre contre eux Athénes, Sparte & la Grece entiere qui ne foupiroit qu'après le repos. Toutes ces confidérations ne les arrèterent pas. Ils rompirent avec Athénes, attaquerent Platée, & la raferent. Depuis la bataille de Marathon, où les Platéens, poftés à l'aile gauche de Miltiade, avoient signalé leur zéle & leur courage, les Athéniens ne célébroient point de fêtes où le héraut ne formât des vœux communs pour la prospérité d'Athénes & de Platée. (d) Les Lacédémoniens crurent alors que Thèbes, délaiflée de fes alliés, étoit hors d'état de leur tenir tête. Ils entrerent avec une puffante armée dans le pays ennemi, & y pénétrerent bien avant. Tous les Grecs regarderent alors Thébes comme perdue. On ne favoit pas qu'en un feul homme elle avoit plus d'une armée. Cet homme étoit Epaminondas. Le danger commun décela fon mérite : on l'arracha de la folitude pour le mettre à la tête des armées. Dès que ce fage parut, il fit bien voir que la philofophie fuffit à former des héros; & que la plus grande avance pour vaincre fes ennemis. c'eft d'avoir appris à fe vaincre foi-même. Epaminondas, au fortir de fa vie privée & folitaire, battit les Lacédémoniens à Leuctres, & leur porta le coup mortel dont ils ne fe releverent jamais. Ils perdirent quatre mille hommes, avec leur roi Cléombrote, fans compter les bleffés & les prifonniers. Cette journée fut la premiere où les forces de la nation grecque commencerent à le déployer. Les plus fanglantes défaites jusqu'alors ne coutoient guères plus de quatre ou cinq cents hommes. On avoit vu Sparte d'ailleurs fi acharnée contre Athénes, racheter d'une trève de trente années huit cents de fes citoyens qui s'étoient laillés enveloper. On peut juger de la confternation des Lacédémoniens, lorsqu'ils fe trouverent tout d'un coup fans troupes, fans alliés, & presque à la merci du vainqueur. Les Thébains fe croyant invincibles fous leur nouveau général, traverferent l'Attique, entrerent dans le Péloponnéte, pasferent le fleuve Eurotas, & allerent affiéger Sparte. Toute la prudence & le courage d'Agéfilas ne la fauverent que Tome V. Ttttt

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difficilement, du propre aveu de Xénophon. D'ailleurs, Epaminondas appréhendoit de s'attirer fur les bras toutes les forces du Péloponnéfe, & plus encore d'exciter la jaloufie des Grecs, qui n'auroient pu lui pardonner d'avoir pour fon coup d'ellai détruit une fi puillante république, & arraché, comme le difoit Leptines, un œil à la Grece. Il fe borna donc à la gloire d'avoir terraffé des fuperbes, en qui le langage laconique redoubloit la fierté du commandement; & de les avoir, ainfi que lui même s'en vantoit, réduits à la néceffité d'allonger leurs monofylAabes; mais il perpétua le fouvenir de fa victoire par un monument de justice & d'humanité. Ce fut le rétabliffement de Mefféne, dont il y avoit trois cents ans que les Lacédémoniens avoient chaffé ou mis aux fers les habitans. Il rappelle de tous côtés les Mefféniens épars, les remet en poffeffion de leurs terres, qu'un long exil leur faifoit regarder comme étrangeres, & forme de ces gens raflemblés une république, qui depuis l'honora toujours comme fon fecond fondateur. Il n'en demeura pas là: ce grand homme fi retenu, fi modéré pour lui-même, avoit une ambition fans bornes pour fa patrie; non content de l'avoir rendue fupérieure par terre, il vouloit lui donner fur mer une même fupériorité; fa mort renverfa ce beau projet que lui feul pouvoit foutenir. Il mourut entre les bras de la victoire à la bataille de Mantinée, & felon quelquesuns de la main de Gryllus, fils de Xenophon. Les Thébains, malgré la perte de leur héros, voulurent fe maintenir où il les avoit placés ; mais, comme dit Juftin, leur gloire naquit & mourut avec Epimanondas. (a) Spon, Voyage de Gréce, t. 2, p. 52. (b) De Toureil, Préface hift. fur la I. Philippique, &c. p. 49. (c) Hérodote, .Lib.7, 8 & 9. Xenophon, Hift. Græc. lib. 7. (d) Ibid. Lib. 6. J'ai déja dit que Cadmus, fils d'Agénor, étoit tenu pour le premier fondateur de cette ville. Varron, dere Ruftiqua, lib. 3, cap. 1, attribue fa fondation au roi Ogigès. Quoi qu'il en foit, on dit affez communément que Cadmus bâtit cette ville, lorsqu'après avoir inutilement cherché Europe fa fœur, enlevée par Jupiter, il n'ofa plus retourner vers fon pere. Amphion, roi de Thébes, l'entoura de murailles, & perfuada par fon éloquence les peuples qui habitoient la campagne & les rochers de venir habiter dans fa ville. Cela fit dire aux poëtes qu'Amphion avoit bâti les murailles de Thébes au fon de fa lyre, qui obligeoit les pierres à le fuivre, & qu'elles venoient d'elles-mêmes fe placer où il falloit. Alexandre le Grand la fit rafer. L'éloignement de ce prince & un faux bruit de fa mort, avoient inspiré aux Thébains une audace qui les perdit. Ils égorgerent la garnison macédonienne qu'ils avoient dans leur citadelle. L'attentat ne demeura pas, long-tems impuni. Le jeune roi furvint avec une telle diligence, qu'à fon arrivée les Thébains n'en peuvent croire leurs propres yeux, & s'aveuglent au point qu'à l'inftigation de leurs chefs, ils négligent de profiter du tems qu'il leur donne de fe repentir. Alexandre attaque donc leur ville, qui ne lui coute que trois jours de fiége, la faccage, la détruit, maffacre fix milles de fes habitans, enchaîne ou vend le refte. Il y en a qui veulent qu'Alexandre ait traité fi féverement les Thébains à la follicitation de leurs voifins, avec qui ils avoient eu la guerre depuis long tems. Ce qu'il y a de constant, c'est que Thèbes ne s'en eft jamais bien pu relever. Strabon dit que de fon tems elle étoit réduite à un village peu confidérable. Ovide , par une expreffion poëtique, dit qu'il n'en reftoit que le nom. Paufanias, qui vivoit après eux, fait néanmoins mention de plufieurs ftatues, de temples & de monumens qui y étoient; mais il feroit préfentement bien difficile d'en pouvoir juftifier quelque chofe, la ville étant réduite à ce qui n'étoit autrefois que la fortereffe nommée, nommée Cadmée, dont les murailles & quelques tours carrées qui y reftent font fort antiques. Elle eft fur une éminence d'environ une lieue de tour. En y arrivant, dit Spon, nous paffâmes un petit ruiffeau qui coule le long des murailles; & ce doit être la riviere d'Ifmenus, que d'autres, avec plus de raifon, n'appellent qu'une fontaine. Wheler, Voyage d'Athénes, t. 2, p. 82, après avoir remarqué que Thèbes ou Thiva eft à 38d 22′ de latitude, comme Vernon l'a obfervé, ajoute: Elle eft entre deux petites rivieres, l'une au levant & l'autre au couchant. Je prendrois, pour fuit-il, la premiere pour l'Ismenus, & la feconde pour Dirce: car je ne comprens pas ce qui oblige Spon à être d'une autre opinion; puisque Pau

fanias, après avoir décrit les côtés du nord & de l'eft de la porte Pratida, vers la Chalcide, recommence à la porte Neitis, & après avoir remarqué quelques monumens qui y font, paffe cette riviere de Dirce, & va delà au temple de Cabira & de Thespia, ce qui eft au couchant de la ville. Il ajoute que la riviere Ismenus eft hors de la ville, à main droite de la porte Homoloides, & pafle proche d'une montagne appellée auffi Ismenus; ce qui ne répond point du tout au couchant, mais bien au levant. La figure de la fortereffe eft ovale; & tout ce qui eft renfermé dans les murailles eft beaucoup mieux bâti & plus élevé que ce que l'on bâtit aujourd'hui dans le pays. On croit qu'elle a une lieue & demie de tour, & qu'il y a trois ou quatre cents habitans. Les Turcs qui en font la moindre partie y ont deux mosquées, & les chrétiens y ont plufieurs églifes, dont la cathédrale s'appelle Panagia Chryfaphoritza. On n'y voit rien de remarquable que quelques fragmens d'anciennes inscriptions parmi les carreaux du pavé. On trouve deux kans dans cette ville. Au lieu de trois à quatre cents habitans, Spon en met trois à quatre mille, en y comprenant les fauxbourgs, dont le plus beau eft celui de faint Théodore, où il y a une très-belle fontaine, qui vient d'un réfervoir fur le chemin d'Athènes. C'eft ce ruiffeau que Spon prend pour le Dirce des anciens. * Spon, Voyage de Grece, t. 2, p. 53.

On voit vers le chemin de Négrepont le lieu d'où l'on tire la matiere dont on fait les pipes à fumer du tabac.Ceux qui jugent qu'il y a de cette matiere dans un endroit, en achetent le terroir du vayvode, & y font creufer à quinze ou vingt pieds de profondeur, & de la largeur d'un puits ordinaire. Enfuite ils y font descendre des gens qui tirent une terre fort blanche qui s'y trouve; elle eft molle comme de la cire. On la travaille, ou fur le lieu même, ou dans les boutiques avec un couteau; & enfuite on les façonne avec des fers, pour en faire des bottes de pipes à la turque, c'est-à-dire, fans manche, parce qu'on y ajoute de grands tuyaux de bois. Cette terre, ainfi figurée, s'endurcit à l'air, fans la faire cuire; & avec le tems elle devient aussi dure que la pierre. La plus pefante eft la meilleure & la moins fujette à fe caffer. Les moindres fe vendent cinq aspres la pièce, & les plus belles neuf & dix. Les meilleures & les moins fragiles font les plus groffes.

La notice épiscopale de Nilus Doxapatrius, appello cette ville Theba Gracia, & en fait une province eccléfiastique avec trois évêchés qu'elle ne nomme point. Il paroît par la notice de l'empereur Andronic Paléologue le Vieux, que Thébes étoit une métropole fous le patriarchat de Conftantinople, & que du cinquante-feptiéme rang elle palla au foixante-neuviéme. Dans la même notice, elle eft comptée parmi les villes qui avoient changé de nom, Baotia, nunc Theba.

3. THEBÆ, ville de la Macédoine, dans la Phthiotide. Ptolomée, l. de. Prolomée, l. 3, c. 13, la nomme Theba- Phthiotidis : elle eft appellée Theba-Phthiotidis, & Theba-Phthiotides par Strabon, L. 9, p. 431 & p. 434; Theba-Phthia, par Polybe, leg. 6, & par Tite-Live, l. 32, c. 33, qui dans un autre endroit dit, Theba Phthiotica, & Theba Theffalia par Pline, l. 28, c. 7. Ptolomée, l. 4, c. 8, la place entre celle de Sperchia & l'embouchure du fleuve Sperchius; en quoi, dit Cellarius, geogr. ant. l. 2, c. 13, où l'auteur ou fes copistes fe font trompés; car qui doute que la ville Sperchia tiroit fon nom du fleuve fur lequel elle étoit fituée; au lieu que, fi on s'en rapportoit à Ptolomée, elle s'en trouveroit éloignée, puisqu'il met la ville de Thébes entre deux. Strabon la met au-deffous de la campagne appellée Crocius, & à cent ftades de la ville d'Alos, & par conféquent vers les confins de la Pththiotide du côté du feptentrion. Quoi qu'il en foit, il eft certain que cette ville de Thébes étoit fur la côte de la mer, car les habitans fe plaignent dans Tite-Live, . 39, c. 25, de ce que ce que Philippe de Macédoine leur avoit ôté leur commerce mariti me. Ce même roi établit une colonie à Thèbes, dont il changea le nom en celui de Philippopolis. * Polybius, l. 5, c. 100,

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4. THEBÆ ou THEBE LUCANA, felon Pline, I. 3, C. 11, & THEBA ITALIA, felon Etienne le géographe, ville d'Italie, dans la Lucanie. Elle ne fubfiftoit plus du tems de Pline, qui dit que fa destruction étoit rapportée par Caton, dans les origines.

5. THEBÆ ou THEBA CORSICA, nom que Pline, 1.4.

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