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Balnea poft decimam lasso, centumque petuntur
Quadrantes, &c.

de huit cents, & Pline le jeune, l. 4, epift. 8, dit qu'ils s'é- a fait illufion à cette forte d'exaction, quand il a dit toient augmentés à l'infini: Que nunc Roma ad infinitum auxere numerum. Les empereurs les firent d'abord bâtir pour leur ufage particulier, enfuite il les abandonnerent au peuple & en firent bâtir pour lai. Outre les Thermes où l'on ne payoit rien, il y en avoit d'autres qui fe donnoient à ferme, & de plus les principaux citoyens avoient des bains particuliers chez eux.

Ces Thermes étoient accompagnés de divers édifices & de plufieurs piéces & appartemens. Il y avoit de vastes réfervoirs où fe raffembloit l'eau par le moyen des aqueducs; des canaux qu'on avoit ménagés fervoient à faire écouler les eaux. Les murailles des réservoirs étoient fi bien cimentées, que le fer avoit de la peine à rompre la matiere employée à la liaifon des pierres. Le pavé des Thermes comme celui des bains, étoit quelquefois de verre, le plus fouvent néanmoins on y employoit la pierre, le marbre, ou des piéces de rapport qui formoient un ouvrage de marqueterie de diffé. rentes couleurs.

La description des Thermes de Dioclétien qui nous a été donnée par André Baccius, fournit une idée compiette de la grandeur & de la magnificence romaine dans ces fortes d'ouvrages; on y voit entr'autres un grand lac dans lequel on s'exerçoit à la nage; des portiques pour les promenades, des bafiliques où le peuple s'affembloit avant que d'entrer dans le bain, 'ou après en être forti, des appartemens où l'on pouvoit manger, des vestibules & des cours ornées de colonnes, des lieux où les jeunes gens faifoient leurs exercices, des endroits pour se rafraîchir, où l'on avoit pratiqué de grandes fenêtres afin que le vent y pût entrer aifément; des lieux où l'on pouvoit fuer, des bois délicieux plantés de planes & autres arbres; les endroits pour l'exercice de la courfe, d'autres où on s'affembloit pour conférer enfem·ble, & où il y avoit des fiéges pour s'affeoir; des lieux où l'on s'exerçoit à la lutte; d'autres où les philofophes les thé teurs & les poëtes cultivoient les fciences par maniere d'amufement; des endroits où l'on gardoit les huiles & les parfums ; d'autres où les lutteurs fe jettoient du fable l'un fur l'autre, pour avoir plus de prife fur leurs corps qui étoient frottés d'huile.

L'ufage des Thermes, comme celui des bains, étoit très. ancien à Rome. Les peuples de l'Afie en donnerent l'exemple aux Grecs, & ceux-ci le transmirent aux Romains, qui avoient des Thermes avant que les médecins Grecs euflent mis le pied à Rome : époque que l'on rapporte à l'an 535 de la fondation de Rome, fons le confulat de L. Emilius & de M. Licinius. Homere, Odyss., v. 248, compte l'ufage des Thermes, ourpa Opa, au nombre des plaifirs honnêtes de la vie.

Semper autem nobis conviviumque gratum, Citharaque,
Chorique,

Veftesque mutatoria, lavacraque calida & cubilia.

Plaute décrit dans les deux vers fuivans les exercices auxquels on formoit la jeuneffe dans les Thermes.

Ibi curfu, luctando, hafta, disco, pugilatu, pila, Saliendo, fefe exercebant magis quam fcorto aut faviis. C'étoit une des fins qu'on s'étoit propofées dans l'établiffement des Thermes. Par ces exercices on augmentoit la force des jeunes gens, on leur donnoit de l'adrefle & on les inftruifoit dans les fciences. Une autre vue que l'on avoit eue, c'étoit la confervation de la fanté, & peut-être la volupté y entra-t-elle auffi pour quelque chose.

que

J'ai déja dit qu'il y avoit des Thermes où l'on entroit librement & fans qu'il en coutât rien, & que dans d'autres il falloit payer; du refte la fomme l'on donnoir étoit modique; on en étoit quitte pour la plus petite piéce de monnoie, comme Juvenal le remarque dans fa fixiéme fatyre:

Cadere Sylvano porcum, & quadrante lavari.

Cette piéce pourtant ne fuffifoit pas lorsqu'on venoit trop tard, c'est-à-dire, après les dix heures, il falloit alors payer, felon le caprice des perfonnes prépolées, pour le fervice des Thermes. Martial, l. 10, épigr. 70,

Les Ediles avoient inspection fur les Thermes, & fous eux étoient plufieurs miniftres inférieurs, de forte que l'ordre y regnoit, malgré l'entiere liberté que l'on y trouvoit. Il n'y avoit aucune diftinction pour les places.

D'abord les bains des hommes & des femmes n'étoient point communs : mais cette indécence arriva fous les mauvais empereurs. Cependant les endroits où chaque sexe se baignoit étoit féparé. Agrippine, mere de Néron, fit faire un bain, destiné uniquement à l'ufage des femmes; elle fut imitée par d'autres. L'empereur Adrien ordonna que les bains des femmes fuffent féparés de ceux des hommes.

Le fignal pour venir aux bains & pour en fortir, fe donnoit au fon d'une cloche; s'y l'on s'y rendoit un peu tard, on couroit risque de n'avoir que de l'eau froide pour fe baigner; c'est ce que fignifient ces deux vers de Martial, . 14, epigr. 163.

Redde pilam : fonat as Thermarum; ludere pergis?
Virgine vis fola, lotus abire domum.

L'heure pour entrer dans les Thermes, étoit, felon Pline, l. 3, c. 1, la huitiéme heure du jour en été, & la neuviéme en hiver. Martial, l. 14, epigr. 8, femble dire la même chofe dans ce vers.

Sufficit in nonam nitidis octava Palaftris.

Et Spartien, in Adriano, nous apprend que l'empereur Adrien défendit qu'on fe mît dans le bain en public avant la huitiéme heure. Galien, De fanitate tuenda, l. 5, rapporte qu'un certain philofophe nommé Primigène, étoit attaqué de la fiévre le jour qu'il manquoit de le baigner. L'ufage des bains étoit quelquefois interdit, fur-tout à l'occafion d'un grand deuil ou d'une calamité publique, comme nous le voyons dans Tite-Live & dans Suétone. S. Clément d'Alexandrie, Pedag. l. 3, c. 5, dit que les nobles faifoient porter aux bains des draps de toiles trèsfines, & des vafes d'or & d'argent fans nombre, tant pour l'ufage du bain que pour celui du boire & du manger. Entr'autres uftenfiles, on s'y fervoit de petites étrilles d'or ou d'argent. C'est à quoi Perse fait allusion, quand il dit:

I, puer & frigiles Crispini ad balnea defer..

Les malades, au lieu d'étrilles, fe fervoient d'éponges. On pratiqua des Thermes à Rome & dans les principales villes de l'empire. La lifte en feroit trop longue; d'ailleurs j'en ai parlé fous les articles auxquels ils appartien

nent.

THERMEUSIS, ifle de la mer Egée, felon Ortélius, qui cite Pline. On trouve effectivement le mot Thermeufim dans quelques exemplaires de Pline, l. 4, c. 12, mais c'est un mot corrompu, comme le pere Hardouin l'a remarqué dans les manuscrits qu'il a confultés, & qui au lieu de Thermeufim, Irrhefiam, lifent Thermeus (Sinus) Irrhefiam. Ainfi il eft queftion du golfe Thermeus, & nullement d'une ifle nommée Thermeufis.

1. THERMIA. Voyez PHLIUS.
2. THERMIA. Voyez. THERMIE.

THERMIDA, ville de l'Espagne Tarragonnoife. Pro-
lomée, l. 2, c. 6, la donne aux Carpétains. Au lieu de
Thermida, le manuscrit de la bibliotheque palatine porte
Thermeda. C'est aujourd'hui Rajas. Voyez ce mot.

THERMIDAUA, ville de la Liburnie. Elle eft placée dans les terres par Ptolomée, Z. 2, c. 17. Magin lit Thermidana pour Thermidana.

THERMIE ou THERMIA, ifle de l'Archipel, l'une des Cyclades, entre l'ifle de Zia au nord & celle de Serfante au midi. Tou rnefort, Voyage du Levant, t. I, p. 125, la met à vingt-cinq milles de Syra, de cap en cap; mais, ajoute-t-il, il y a plus de quarante milles d'un port à l'au tre; car, pour entrer dans le canal de Thermie, il faut faire presque le tour de la moitié de Syra. On ne compte, par la même raifon, que douze milles de Thermie à Zia, Vuuuu iij

quoiqu'il y en ait bien trente-fix milles d'un port à l'autre. Le voifinage de Thermie à Zia, ne permet pas de douter que Thermie ne foit l'ifle de Cythnos, puisque Dicæarque, de ftatu Gracia, la place entre Céos & Sériphus. Il en fortit un grand peintre, qu'Euftathe, ad Dionyf. Perieg. appelle Cydias, & les anciens, fuivant Etienne le géographe & Julius Pollux, eftimoient les fromages de Cythnos: c'eft encore dans cette ifle que fut rejetté par la tempête le faux Néron, esclave, grand joueur de luth & grand muficien, accompagné d'une troupe de gens de fa forte, armés & de fa forte, armés & foulevés, comme Tacite, Hift. l. 2, c. 8, nous l'apprend. L'ifle de Thermie n'eft pas escarpée comme la plupart des ifles de l'Archipel, fon terroir eft bon & bien cultivé: on y recueille peu de froment, beaucoup d'orge, affez de vin & de figues pour les habitans; mais fort peu d'huile. On prétend que la foie de cette ifle eft auffi bonne que celle de Tine; il eft vrai qu'elle s'y vend fans coque, au lieu qu'à Tine, on y en laiffe beaucoup. Celle de Thermie vaut ordinairement un écu la livre, quelquefois cent fols, & même jusqu'à deux écus, ce qui apporte un profit confidérable au pays. Le refte du négoce y confilte en orge, en vin, en miel, en cire, en laine; le coton fe travaille dans l'ifle, pour l'ufage des habitans: on y fait ces voiles jaunes dont les femmes des ifles fe couvrent la tête; c'eft une espéce de gaze affez jolie. Il y a à Thermie une fi prodigieufe quantité de perdrix, qu'on en porte des cages remplies dans les ifles voisines, où elles ne se vendent que deux parats, c'est-à-dire, trois fols la pièce: mais on y voit peu de lapins & point de liévres: pour du bois, il n'en faut point parler, on n'y brule que du chaume. Les habitans de cette ifle font tous du rite grec, excepté dix ou douze familles latines, dont la plûpart font des matelots François, qui n'ont qu'une pauvre chapelle dans la maifon de campagne du conful. L'évêque Grec y eft fort à fon aife, & a plus de quinze ou feize églifes dans le feul village de Ther. mie. La principale eft dédiée au Sauveur, fort jolie & bâtie tout au haut du lieu. La plupart des monaftères font abandonnés, excepté deux fous le nom de la Vierge, & autant fous celui de S. Michel Archange.

Le principal village de Thermie en porte le nom; l'autre, qui n'eft pas fi grand, fe nomme Silaca; les deux en femble contiennent fix mille ames. Les habitans de toute l'ifle, payent ordinairement mille écus pour la capitation, & pour la taille réelle on leur fait payer environ fix mille écus. Le port de Saint-Erini, à deux milles du village, eft commode pour les vaiffeaux marchands, de même que celui de S. Étienne, qui eft du côté de Silaca : celui-ci regarde le fud-fud-eft; mais l'entrée du premier eft entre le nord-nord-eft & le nord-est.

Outre les puits qui font aux environs des villages, l'ifle ne manque pas de fources : les plus remarquables font les eaux chaudes dont l'isle a tiré fon nom. Ces eaux font dans le fond d'un des culs-de-fac du port, au nord-eft à droite en entrant. La principale fource bouillonne au pied de la colline, dans une maifon où l'on va laver le linge, & où les malades viennent fuer; les autres fources fortent à quelques pas de-là par petits bouillons, & forment un ruiffeau qui va fe rendre dans la mer, d'où l'on croit que toutes ces eaux viennent parce qu'elles font falées. Elles blanchiffent l'huile de tartre, & ne caufent aucun changement à la solution du fublimé corrofif. Les anciens bains étoient au milieu de la vallée. On y voit encore les reftes d'un réservoir bâti de briques & de pierres, avec une petite rigole, , par le moyen de laquelle l'eau du gros bouillon fe diftribuoit où l'on vouloit. On trouve auffi dans cette ifle les ruines de deux anciennes villes Hebreo Caftro & Paleocaftro. HEBREO-CASTRO, ou la Ville aux Juifs, eft au fud-oueft fur le bord de la mer, & fur le penchant d'une montagne, auprès d'un port où il y a un petit écueil. La magnificence & la grandeur de fes euines frapent & annoncent que c'étoit une puiffante ville, & celle même dont Dicæarque, de ftatu Gracia, a fait mention. Parmi ces ruines on remarque trois belles cavernes creusées à pointe de cifeau dans le roc, & enduites de ciment, pour empêcher que les eaux de la pluie ne s'écoulaffent par les fentes: les reftes des murailles bâties de gros quartiers de pierres de taille en zig-zac, & comme en pointe de diamant, font conjecturer que ce font les ruines de l'ancienne citadelle. On n'y découvre aucune inscription qui donne le nom de la ville. On remarque auffi un fort beau tombeau de mar

bre, presqu'à moitié enterré, & orné de bas-reliefs. Il y
a aufli quelques autres tombeaux de pierres du pays; c'est
un méchant granit qui fe délite facilement. Il refte un terme
de marbre aflez maltraité, dont la draperie paroît fort
belle. PALEO-CASTRO eft dans un autre quartier de l'ifle,
& n'eft pas fi ruinée que Hebreo.Caftro; mais on n'y trouve
ni marbres, ni aucuns reftes de magnificence. En récom-
penfe on y obferve de très belles plantes, fur-tout un ar-
bufte, dont le bois eft recherché par les Turcs,
, pour faire
les poignées des fabres. On prétend que l'on compte encore
dans cette ville cent une églifes, parmi lesquelles il y a,
à la vérité, plufieurs chapelles. Tournefort fit avec fon
cadrand univerfel les
cadrand univerfel les remarques fuivantes :

Serpho eft au fud de Thermie.
Serphopoula au fud-eft.

Siphanto entre le fud-eft & le fud-fud-eft.
Le Milo refte du fud au fud-fud-oueft.

Le nom de THERMIE vient du grec OEPMOE, qui fignifie Chaud. De THERMIA, on a fait par corruption FERMIA & FERMINA.

THERMISSA. Voyez DIDYME 1.

THERMITZA, lieu fortifié aux environs de Theffalonique, & dans la Macédoine apparemment. C'est Cédréne qui en parle. Ortélias dit que Gabius, interpréte de Curopalate, nomme ce lieu Therbitza.

1. THERMODON, Heuve de la Cappadoce. Ptolomée, 1.5, c. 6, marque fon embouchure dans le PontPolémoniac. Ce fleuve eft fameux, fur- tout chez les poëtes, parce qu'ils vouloient que les Amazones habitasfent fur les bords. Virgile, Æneid. l. 11, v. 659, en a parlé,

Quales Threicia quum flumina Thermodontis
Pulfant, & pictis bellantur Amazones armis.
Properce, lib. 3. Eleg. 14, dit :

Qualis Amazonidum nudatis bellica mammis
Thermodonteis turba lavatur aquis.

Et Valerius Flaccus, I. 4. Argonaut. verf. 600.
Quid memorem, quas Iris aquas, quas torqueat Ancon?
Proxima Thermodon hic jam fecat arva: memento.
Inclyta Amazonidum, magnoque exorta Gradivo
Gens ubi.

Dans les livres latins, dit Cellarius, Geogr. ant. l. z c. 8, le nom de ce fleuve fe trouve fouvent augmenté d'une fyllabe, & on lit Thermodoon pour Thermodon. Il ne décide pas que ce ne foit une faute, il fe contente de dire: cette orthographe n'eft pas la meilleure, verum minus rectè : car, ajoute-t-il, les Grecs écrivent conftamment la feconde fyllabe par un, pdv; ce qui empêche qu'en latin on ne puiffe lire Thermodoon; parce que par-là la feconde fyllabe deviendroit breve.

2. THERMODON, fleuve de Scythie. L'auteur du livre des fleuves & des montagnes dit que ce fleuve le nommoit auparavant Cryftallus. Ortélius croit que ce fleuve Termodon eft le même que le précédent; & il dit qu'Euftate a penfé la même chose.

THERMOPOLIS, ville aux environs de l'Illyrie, felon Ortélius, qui cite Procope, Perfic. lib. 2.

THERMOPYLES ou PYLES, paffage de foixante pas de largeur, entre la Phocide & la Theffalie. Divers lacs, outre la mer de Locride & le mont Oeta, embarralfoient encore cette espéce de défilé, que Philippe nommoit la Clef de la Grece.* Les Phocéens, voulant avoir une barriere facile à garder, contre leurs implacables ennemis les Theffaliens, bâtirent une muraille aux Thermopyles, unique voie qui conduifoit de Theffalie en Phocide. Les ouvertures laillées dans cette muraille, pour ne pas entierement boucher le chemin, s'appellerent Пa, Portes; à quoi quelques bains chauds d'alentour firent ajouter precí chaudes, & de ces deux mots fe fit le mot de THERMOPYLES. Quoiqu'on donne communément foixante pas de largeur à ce pallage, il y a des endroits où une voiture peut à peine paffer; ce qui a fait qu'Erodote, 1.7,6. 166, a appellé ce détroit apatitos mourn. Il ajoute que la montagne, qui forme le paffage des Thermopyles, du côté de l'occident, eft très escarpée, & que la mer inonde une partie du chemin du côté de l'orient. C'eft près de ce défilé qu'on

faifoit en certains jours les affemblées de toute la Grece. Leonidas premier de ce nom, roi des Lacédémoniens, de la famille des Agides, défendit, avec trois cents hommes feulement, le pallage des Thermopyles, contre une armée effroyable de Perfes, conduite par leur roi Xerxès. Cette multitude n'ébranla point le courage de Léonidas, & quelqu'un lui ayant dit que le foleil feroit obscurci des fléches des Perles: Tant mieux, dit-il, nous combattrons à l'ombre. Il fut tué avec tous les fiens à cette bataille, qui se donna le même jour que celle d'Artémife. L'empereur Juftinien pourvut particulierement à la défense des Pas des Thermopyles. Il étoit autrefois ailé, dit Procope, Edif. lib. 4,c. 2, de fe rendre maître des montagnes voifines, parce qu'elles n'étoient fermées que de foibles murailles. Juftinien les rehauffa & en doubla les creneaux. Il fit la même chose à un vieux château qui n'avoit pas été bien bâti par le passé, & il y fit conduire de l'eau, dont il avoit grand befoin. Il fit encore fortifier plufieurs autres pas, où il n'y avoit auparavant ni muraille, ni défense. Il est étonnant que, quoiqu'il y eût plufieurs pas, presque tous ouverts, & par où des chariots pouvoient paffer, l'empereur des Perfes néanmoins n'en découvrit qu'un feul, des plus étroits, qui lui fut montré par des délerteurs. En effet, la mer qui bat le pied des montagnes, & les torrens qui en descendent avec violence, avoient tellement élargi les chemins, qu'on n'esperoit pas pouvoir joindre des roches que la nature avoit féparées. La difficulté de l'entreprise étoit caufe que l'on s'abandonnoit à la fortune, au lieu de commencer le travail, & que l'on fe perfuadoit être en fureté, parce que les ennemis ne connoilloient pas affez le pays. De tous les ouvrages que Juftinien fit élever dans une infinité d'endroits de l'Empire, ceux qu'il fit faire aux Thermopyles, lui acquirent, à plus jufte titre, la gloire d'avoir furpallé en vigilance tous les princes qui l'avoient précédé. La mer obéit à fes defleins: elle fe retira, pour céder à l'induftrie des ouvriers qu'il employoit, & pour leur laifler pofer des fondemens à l'endroit même qu'elle couvroit auparavant de fes vagues; mais après avoir uni des forêts, qui étoient éloignées l'une de l'autre, après avoir joint la mer aux montagnes, il fit faire au-dedans de la muraille divers petits forts, afin que fi elle étoit prife, les foldats commis à fa défense euflent une retraite. Il fit bâtir des greniers, pour ferrer les grains, & des réfervoirs, pour contenir l'eau; & y mit une garnifon de mille foldats. Outre cela, il n'y avoit point de ville à l'entour dont il n'eût pris un foin particulier. Quand on va d'Illyrie en Grece, on rencontre deux montagnes, qui en s'approchant forment un pas très-étroit. Il en fort une fontaine, qui produit un petit ruilleau; mais lorsque la pluie tombe en abondance, il s'y amaffe un torrent. Les barbares pouvoient entrer par cet endroit dans les Thermopyles & enfuite dans la Grece. Il avoit autrefois été fortifié, d'un côté par la ville d'Héraclée, & de l'autre par celle de Myropole, qui en eft proche; mais comme le tems avoit ruiné les fortifications de ces deux villes, Juftinien les répara, & éleva un mur très-folide, par le moyen duquel il joignit les extrémités des montagnes, & en boucha l'entrée. De-là, il arriva que le torrent battoit le pied du mur, jusqu'à ce qu'il s'élevât au-deffus, & fe perdit. Juftinien pourvut auffi à la fureté de toutes les villes qui étoient au dedans des Thermopyles, en faifant réparer leurs murailles. Il confidéra que les Barbares, qui faifoient continuellement des courfes aux environs des Thermopyles, fe modéreroient un peu eux-mêmes, quand ils fauroient que leurs peines feroient inutiles, & quand ils verroient qu'il ne leur ferviroit de rien d'avoir paflé le mur, puisqu'ils trouveroient enfuite des villes bien fortifiées, & dont ils ne fe pourroient rendre maîtres, fans efluyer auparavant les fatigues de plusieurs fiéges. * Toureil, Remarques fur la I Philip. pag. 18.

THERMUS, bourgade de l'Etolie, felon Polybe, l. 5, n°.7, & Etienne le géographe. C'eft le même lieu que Strabon nomme THERMA.

THERMUTIACUS, fleuve d'Egypte, felon Ptolomée, 1.4, 6. 5. Quelques exemplaires portent Thermuthiacus; & le manuscrit de la bibliotheque palatine lit Phermuthiacus. THERMYDRA. Etienne le géographe dit qu'on donnoit ce nom à un port d'une certaine ville de l'ifle de Rhodes; & il ajoute que le nom national eft THERMYDRENSIS. Sur cela, Berckelius remarque qu'Apollodore, l. 2, ap

pelle ce port THERMYDRA; & que, felon Diodore de Sicile & Vitruve, les Rhodiens avoient deux ports, l'un grand & l'autre petit.

THERMYDRUS-MONS, montagne dont fait mention Lycophron, cité par Ortélius.

THERNE, ville de Thrace, felon Etienne le géographe. Ortélius dit qu'il y a une médaille ancienne fur laquelle on lit ce mot Θερναίοι. Voyez ZERNA.

THEROGONUS, colline de l'Inde, au voifinage du fleuve Hydaspes, affez près du mont Eléphant. C'eft l'auteur du livre des fleuves & des rivieres qui en parle. THERON. Voyez P:OLEMAIS.

THEROTHOE. Voyez TROGLODYTES.

THERSA ou THERZA. D. Calmet, Dict. dit: ville de la Paieftine, dans la tribu d'Ephraim, qui fut le fiége des rois d'Israël, ou des dix tribus, depuis Jeroboam, fils de Nabat, jusqu'au régne d'Amri, qui acheta la montagne de Séméron, & y fit batir la ville de Samarie, qui fut dans la fuite capitale de cet état. Jofué tua le roi de Therfa. Manahem, fils de Gafi de Therfa, fit mourir Sellum, ufurpateur du royaume d'Israël, qui régnoit à Samarie; mais la ville de Therfa lui ayant fermé les portes, il en fut fi indigné, qu'il lui fit reffentir les plus terribles effets de fon indignation, IV Reg. 15, 14, 17. Voyez Joseph, antiq. I. 9, c. 11. Jofué, 12, 24.

THERSARA, ville de l'Affyrie. Prolomée, l. 6, c. la marque dans les terres. Au lieu de Therfara, le manuscrit de la bibliotheque palatine lit THESARA.

THERSITÆ, peuples qu'Etienne le géographe, qui cite Polybe, met dans l'Ibérie, autrement dans l'Espagne. Polybe, l. 3, no. 33, connoît en effet les Therfita. Il dit qu'ils furent du nombre de ceux qu'Annibal fit paffer en Afrique.

THERUINGI, peuples qui habitoient une partie de la Dace, au-delà du Danube, du tems d'Eutrope, l. 8, c. 2. Ammien Marcellin fait mention de ces peuples en plus d'un endroit ; mais quelques exemplaires portent Teruingi, & d'autres Terungiti. Il y a apparence que ce font les mêmes que les Teruigi. Voyez TERUIGI.

THESARĂ. Voyez THERSARA.

THESBON, THESBÉ OU THISBÉ, ville de la Palestine, au pays de Galaad, au-delà du Jourdain, & la patrie du prophéte Elie, qui en prit le nom de Thefbite, Elias Thesbites. Saint Epiphane de vitis prophetarum, dit que Thefbé étoit dans le pays des Arabes, parce que de fon tems le pays au-delà du Jourdain appartenoit aux Arabes. Jofeph Antiq. l. 8, c. 5, appelle cette ville Thesbon. * III Reg. 17, 1.

THESCUS, ville du Cherfonnéfe de Thrace, felon Agathias, l. 5, cité par Orcélius. Procope, Ædif. 1, 4, fait auffi mention de cette ville, & il la nomme Thescon.

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من

THESEI-ARA ou THESEI-SAXUM, lieu du Péloponnéfe, fur le chemin qui conduifoit de Trazene à Hermione. Paufanias, . 2, c. 32 & 34, dit que ce lieu s'appella d'abord l'autel de Jupiter Sthénien; mais qu'il changea de nom lorsque Thefée en eut enlevé l'épée & la chauffu e d'Egée, qui étoient cachées fous la roche fur laquelle étoit l'autel. Cette roche eft nommée Colurea par Callimaque, & Thefei-Saxum par Paufanias.

THESPANIS, fleuve de la Sarmatie Afiatique; fon embouchure eft marquée par Ptolomée, l. 5, c. 9, entre celle du Rhombitus & la ville Azara. Au lieu de Thespanis, le manuscrit de la bibliotheque palatine porte Theophanius.

THESPIA ou THESPIE; car ce nom, felon Strabon, s'écrit de ces deux manieres. C'étoit une ville de la Béotie, au pied du mont Hélicon, du côté du midi, fur le bord du golfe Chryfaus. Paufanias, Bæot. c. 26, dit auffi qu'elle étoit au pied de l'Hélicon; mais elle y étoit de façon qu'elle regardoit auffi le mont Cithéron. Le périple de Scylax, Hérodote & Etienne le géographe, Tite-Live & Pline parlent auffi de cette ville. Ce dernier, /. 4, c. 7, en fait une ville libre. Dans quelques exemplaires de l'itinéraire d'Antonin le nom de Thespia eft corrompu en celui de Teftia. Cet itinéraire la marque fur la route de l'Epire, de la Theffalie & de la Macédoine, en fuivant la côte, & il la place entre Phocides & Megara, à quarante milles du premier, & à égale diftance du fecond. Les Thébains victorieux fous Epaminondas, faccagerent Thespie, & n'en épargnerent que les temples. Athenes recueillit les

Thespiens qui eurent le bonheur d'échapper à la fureur du foldat. Ceux-ci avoient été de tout tems fi dévoués aux Athéniens, qu'autant de fois, c'est-à dire, de cinq en cinq ans, que les peuples de l'Attique s'affembloient dans Athé nes, pour la célébration des facrifices, le héraut ne manquoit pas de comprendre les Thespiens, dans les vœux qu'il faifoit à haute voix pour la république. On célébroit a Thespie une fête folemnelle en l'honneur des mufes ; & pendant cette fête, on faifoit des jeux, qui étoient appellés mufées. Il y en avoit aufli d'autres qu'on nommoit Erotidies, à l'honneur de Cupidon ; & on propofoit des prix, non-feulement aux muliciens, mais encore aux athlétes. Thespie a été la patrie de Corinne, dame grecque, célépre par le grand talent qu'elle avoit pour la pocfie. * Athé née, l. 15, 6. 5.

THESPIÆ, ville de la Theffalie, dans la Magnéfie, felon Pline, l. 4, c. 9, & Etienne le géographe. Cependant le pere Hardouin remarque que les manuscrits qu'il a confultés portent Irefie au lieu de Thespia.

THESPIUS, fleuve de Béotie. c'eft Hefyche qui en fait mention. Ortelius foupçonne qu'Héfyche donne ce nom au Telmifus, parce qu'il arrofoit la ville de Thespie.

THESPROTIA, felon Etienne le géographe, & THESPROTIS, felon Thucydide, l. 1, p 32, petite contrée de l'Epire. Le périple de Scylax appelle les habitans de cette contrée Thesproti, & la met au midi de la Chaonie. A l'orient, ils avoient l'Ambracie & le lac Ambracius, & la mer au midi. Hérodote, l. 8, c. 46, les dit voifins des Ambraciotes. Dans la fuite, les Caffiopenfes ayant été féparés des Thesprotes, le pays de ces derniers cut des bornes plus étroites.

THESPROTUS. On trouve ce mot dans Properce,.1, Eleg. 11.

Et modo Thesproti mirantem Subdita regno. Ortélius dit que Ferdinand, Libel. de Puteolis. Lofredi juge que Properce entend parler d'une colline d'Italie, au voifinage de la ville de Bayes, & qu'on nomme encore aujourd'hui TRISPETE; mais Parchafius, in Epift. croit que Thesproti pourroit être corrompu pour te Protei.

THESSALI. Pline, L. 7, c. 57, remarque que les Theffaliens, auxquels on avoit donné le nom de Centaures, habitoient au pied du mont Pélion, & qu'ils avoient inventé la maniere de combattre à cheval. Je ne crois pas, dit le pere Hardouin, qu'il faille entendre ce mot de combattre des batailles, que les hommes fe livrent les uns aux autres; car l'usage de fe battre à cheval, eft plus ancien, fans doute, que l'invention dont Pline attribue la gloire aux Theffaliens. Je croirois plus volontiers, continue le pere Hardouin, qu'il feroit queftion des combats contre les taureaux à la chaffe fur le mont Pélion; ce qui, felon Palaphatus, cap. de Centaur. leur fit donner le nom de Centaures.

1. THESSALIE. Par ce mot on entend tantôt une grande contrée de Grece, & tantôt une partie de cette contrée, appellée communément la THESSALIE PROPRE, & quelquefois THESSALIOTIDE.

2. THESSALIE, (la) prise en général, s'étend, felon Strabon, à l'orient, depuis les Thermopyles jusqu'à l'embouchure du Pénée; au midi, elle eft bornée par cette chaine de montagnes, qui prend depuis le mont Oeta jusqu'au mont Pindus; au couchant elle a les Etoliens, les Acarnaniens & les Amphiloques. Du côté du nord fes bornes font moins connues; fi néanmoins on tire de l'embouchure du Pénée une ligne paralléle au mont Oeta & Pindus, on aura à peu près les limites du côté du feptentrion. En effet le Pénée ne fervoit pas de bornes entre la Macédoine & la Theffalie; ce n'étoit qu'à fon embouchure qu'il féparoit ces deux contrées. Quant à ce que Strabon dit que le Pénée couloit au milieu de la Theffalie, on ne doit pas prendre cette expreffion à la rigueur, non plus que quand Pomponius Méla, l. 2, c. 3, dit que le Pénée fépare la Theffalie de la Phthiotide, ou quand Ptolomée dit qu'il fépare la Theffalie de la Pelasgiotide. Ces auteurs n'entendent parler alors que d'une partie de cette contrée ou de la Theffalie propre, appellée Theffaliotide par Strabon. Pline, L. 4, C. 7, remarque que ce pays changea fouvent de nom, fuivant les différens rois qui le gouvernerent. On le nomma ÆMONIA, PEL ASGICUM, HELLAS, THESSALIA, ARGOS & DRYOPIS. C'est là, ajoute Pline, que nâquit le roi

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Et fi on veut joindre la MAGNÉSIE, on aura une cinquiéme partie; car quoique Strabon la diftingue de la Theflalie, elle y a été comprise par plufieurs auteurs.

Avant la guerre de Troye, Pelias, & après lui Jason, fils d'Efon, furent rois d'lolcos, ville de la Theffalie: Jafon & fon fils Pirithoüs, fe rendirent maîtres d'une partie de cette contrée qui eut plufieurs petits rois en ce tems-là, comme Achille, fils de Pélée, prince de la Phthiotide, Euripile, qui pollédoit une partie de la Magnéfie, Protefilas, Philoctete & Phoenix, gouverneur d'Achille. Après cela les Theffaliens fecouerent, pour la plûpart, le joug de leurs princes, ne firent qu'un feul corps, & le gouvernerent par une affemblée folemnelle, qu'on appelloit Pylaïque. Ils ne laiffoient pas d'avoir encore quelques rois du tems de la guerre de Péloponnéfe. Dans ce tems Fharfalus, roi des Theffaliens, chalsa Oreste, fils d'Echecratides, qui fut contraint de quitter la Thesfalie, pour fe retirer à Athenes. Vers ce même tems une partie de la Theffalie étoit fous la domination des Thraces, & ceux qui avoient confervé leur liberté, favori foient plus les Athéniens que les Lacédémoniens. Tandis qu'une partie de cette province vivoit ainfi libre, Jason ufurpa la ville de Phérès, & perfuada aux Theffaliens de fe rendre maître de la Grece. Il devint leur chef, & enfuite leur feigneur & leur tyran. Cette puiffance fe nommoit Tagon ou Tageie. Jafon fut tué par fes freres Polydor & Polyphron, la troifiéme année de la cent deuxième olympiade. Après ce meurtre, Polyphron fe défit de Polydore, & régna feul une année : enfuite il fut empoifonné par fon frere Alexandre, qui régna douze ans, & fut plus méchant que les trois autres. Les Thelfaliens, fecourus par les Thébains, taillerent fes troupes en pièces, fous la conduite de Pélopidas, & Alexandre fe vit obligé de rendre leurs villes, & de garder feulement celle de Phérés. Il ne put éviter les embuches que lui tendirent fa femme Thèbe, & fes freres Lycophron & Tyfiphon, qui après fa mort devinrent tyrans. Les Alévades, qui étoient les principaux nobles de Thefalie, envoyerent prier Philippe, pere du grand Alexandre, de les affranchir de la tyrannie : il les en délivra dans la quatrième année de la cent cinquième olympiade; & les eut toujours pour amis depuis ce tems. Ils l'affifterent lui & fon fils Alexandre dans toutes leurs guerres. Il eft vrai que Philippe, lorsqu'il eut rendu la liberté aux Theffaliens, fe les affujettit, & s'empara de leurs mines. Alexandre le Grand fut auffi reconnu pour prince de la même nation. La Theffalie, comme unie à la Macédoine, eut la même fortune, & fut foumife avec elle par

les Romains.

On donnoit communément le nom de cavalerie aux troupes des Theffaliens, parce qu'ils avoient d'excellens cavaliers. La Theffalie étoit fi abondante en bons chevaux, qu'elle mérita les épithetes Excerpes & Eviños. On prétend même qu'on lui doit l'invention de les dompter. C'est pourquoi, dans les anciennes médailles, la Theffalie, & particulierement Lariffe, fa capitale, ont pour fymbole un cheval qui court ou qui paît. Le fameux Bucéphale étoit Theffalien. Au refte, les Theffaliens étoient naturellement perfides, & n'ont jamais démenti leur caractère, une trahifon s'appelloit vulgairement un tour de Theffaliens Dcoration to propere; & pour faulle monnoie, on difoit monnoie de Thellalie, iar vua. Euripide dit, qu'Etéocle, dans fon commerce avec les Theffaliens, avoit appris la fourberie & la mauvaise foi. Quelques gens rapportent l'origine de ces proverbes à l'infidélité de Jafon envers Médée. Si les Theffaliens favoient fi bien trahir, les Theffaliennes n'étoient pas moins habiles en magie, Que n'ai-je à mes gages une forciere de Theffalie, dit Strepfiade dans Ariftophane, & que ne puis-je par fon moyen faire defcendre la lune en terre? Et Horace, parlant d'une forciere fameufe, dit:

Qua fidera excantata voce Theffalâ Lunamque calo deripit.

La

La Grece, mais particulierement Athenes, avoient fou vent éprouvé la perfidie des Theffaliens, & dans de grandes occafions. Ceux-ci, non contens d'avoir appellé Xerxès, n'eurent pas honte de fe joindre à Mardonius, après la bataille de Salamine, & lui fervirent de guides pour envahir l'Attique. Une autre fois, au plus fort du combat, entre une armée d'Athenes & une de Sparte, ils abandonnerent tout-à-coup les Athéniens leurs alliés, & fe rangerent du côté des ennemis. Ils étoient autrefois fort guerriers, & c'est encore aujourd'hui une nation brave. Les Turcs difent que c'eft un peuple téméraire & désespéré, que fi on leur fait le moindre mal, ils trouvent toujours l'occasion de s'en venger ; que plufieurs Turcs y ont perdu la vie. * Ed. Brown, Voyage de la Theffalie, p. 93.

Les Theffaliens, ou les habitans de la JANNA; car c'est ainfi que leur pays fe nomme préfentement, comme nous l'avons dit à l'article Janna, font aflez bien faits; ils ont presque tous les cheveux & les yeux noirs, & le vifage frais; leurs femmes font belles. Les Macédoniens, au contraire, font d'une complexion bien plus groffiere, parce qu'ils vivent dans un pays où il y a beaucoup de montagnes. Les habitans de la Morée, ou autrement du Péloponnéfe, qui font encore plus vers le midi, paroiflent presque tout noirs. Il y a encore préfentement dans ce pays de très-bons chevaux, de grands buffalos, qu'on croit être les meilleurs de la Grece, après ceux de Santa Maura, en Epire. Il y a de très-grandes & de très-belles tortues, qui font d'une couleur jaune & noire, qu'on regarde comme un manger fort délicat. On a dans ce pays des figues très groffes & très-délicates; les melons y font encore extrémement gros, & d'un fort bon goût; les grenades, les citrons, les oranges s'y trouvent en abondance, les vignes font baffes, & ne font point foutenues ; les branches en font fort grandes, les grapes font très-belles, & le raifin a le meilleur gout du monde; le vin de ce pays eft fort délicat ; mais il n'y en a guères qui ne conferve toujours le goût d'une certaine boillon qu'ils appellent boracho. Ils plantent du tabac, & l'eftiment meil

La PELASGIOTIDE,

leur que celui qu'on leur apporte des pays étrangers, parce qu'il eft plus fort & plus piquant. Les campagnes font touttes couvertes de fefamum & d'arbres de coton, qui demeurent toujours fort petits, & font cependant fort agréables & la vue; il y a dans ce pays quantité d'amandes & d'olives. Les callebaffes qu'on voit dans les haies, avec leurs grandes fleurs jaunes, joint à la verdure perpétuelle des chênes, rendent les chemins fort agréables. C'est dans ce pays que croît l'arbre qu'on appelle ilex coccifera, dont on fait la confection d'alkermes. C'eft auffi fur les hautes montagnes qui font en ces quartiers, qu'on trouve l'asclepias & l'hellebore ; & dans les campagnes toutes remplies de pierres, il croît des plantes qu'on appelle carduus, globofus, cyftus, de la lavande, de la marjolaine, du romarin, & toutes fortes d'au tres plantes de cette maniere. Les planes font même fi beaux en Macédoine, qu'on peut s'y mettre deffous à couvert du foleil. C'eft pourquoi il ne faut pas s'étonner, fi Hyppocrate trouva Démocrite affis fous une plane proche d'Adera, en Macédoine. Ils font fort fouvent des faulfes avec de l'ail. Les oignons y font plus gros que deux ou trois des nôtres, & ont un meilleur goût; ils fortifient même l'eftomac, & l'odeur n'en eft point du tout défagréable. On en fert à la collation, & on ne fait point de difficulté d'en manger avec du pain. On y trouve un certain fruit qu'ils appellent Patlejan ou Melanzan, lequel approche de la figure d'un melon & d'un concombre, dont ils font un fort bon plat, en ôtant tous les pepins, & le rempliffant de bonnes herbes, comme de marjolaine & de thim.

Lariffa,
Scotufa,
Gonnus ou Gonufa,
Peneus, fluv.

Atrax,

Pamifus, fluv.

Il s'eft donné plufieurs batailles très- célébres dans la Theffalie, & il s'y en fut donné une des plus grandes, dont on ait entendu parler, fi les Grecs avoient accepté le défi de Mardonius, général des Perfes, qui leur envoya dire de fortir de leurs places, & qu'il leur livreroit bataille dans la Theffalie, où il y avoit des campagnes affez belles, & qui avoient affez d'étendue pour y pouvoir faire voir leur valeur.

Le pere Briet, qui divife la THESSALIE en cinq parties, en donne la description fuivante : Larizzo,

Selampria,

Pontignamaranta,

Titarello.

Divifion de la THESSALIE.

Titarefius, fluv.

Gomphi,

Tricca ou Trica,

Tricala

Pheca,

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