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qui commence ainfi : ΗΚΡΑΤΙΣΙΗ ΘΙΑΤΕΙΡΗΝΩΝ ΒΟΥΛΗ Le très-puissant fénat de Thyatire. Dans la cour d'un des principaux habitans, appellé Mustapha Chelebi, on lit trois inscriptions. Les deux premieres font les jambages du portail de la maifon, & parlent d'Antonin Caracalla, empereur romain, comme du bienfaicteur & du reftaurateur de la ville. Au milieu de la cour de la même maison, on voit un grand cercueil de marbre, où il y a la place de deux corps, & à l'un des côtés l'épitaphe du mari & de la femme qui y avoient été enfevelis, & le nom de Thyatire eft répété deux fois dans cette épitaphe. Dans une colonne qui foutient une galerie du kan, on voit une autre inscription où on lit en grec & en latin, que l'empereur Vespafien fit faire à Thyatire de grands chemins l'année de fon fixiéme

confulat.

Les maisons de THYATIRE, ou plutôt d'AK-HISSAR, (a) ne font pour la plus grande partie que de terre ou de gazon cuit au foleil. On les a bâties fans beaucoup d'artifice & fort balles. Le marbre qui fe trouve dans cette ville n'eft guères employé qu'aux cimetieres & aux mosquées qui font au nombre de fix ou fept, pour quatre ou cinq mille habitans qui négocient en coton. Ils font tous Mahométans, & il n'y a plus en ce lieu ni chrétiens, ni Grecs, ni Arméniens, fi ce n'eft peut-être quelque esclave, ou quelque étranger qui travaille chez les artifans. Il y a une petite mosquée qu'on dit avoir été une église des Grecs. Le minaret eft tout découvert. Voyez dans l'Apocalypfe 11, 18, 19 & fuiv. les menaces qui font faites aux habitans de Thyatire. La ruine de cette ville en eft l'accompliflement. (a) Spon, Voyage du Levant, l. 3.

L'évêché de Thyatire étoit autrefois fuffragant de la métropole de Sardes, maintenant elle est sous celle de Tyr. Saint Carpe en étoit évêque au milieu du troifiéme fiécle. Il fouffrit la mort à Pergame, lieu de fa naiffance, en 251, avec faint Papyle, diacre de fon églife. * Baillet, Topogr. des Saints, p. 436.

THYBARNI ou THYBARNA, peuples de l'Afie mineure. Diodore de Sicile, l. 14, fait entendre que ce peuple habitoit au voisinage de la ville de Sardis ; & Ortélius croit qu'ils tiroient leur nom d'un lieu nommé Thybarra. Voyez

THYBARRA.

THYBARRA, lieu de l'Afie mineure, au voisinage du Pactole. Xénophon, Cyrop. l. 6, nous apprend que c'eft où fe tenoient les affemblées de la baffe Syrie. Ortélius dit que dans l'exemplaire dont il s'eft fervi, on lifoit à la marge Thymbarrha & Thymbraia; & il croit que c'eft le même lieu que Xénophon, dans le livre 7, nomme Thyribarrhis. Etienne le géographe, qui cite Xénophon, écrit THYмBRARA; & Berkelius pencheroit fort à croire que ce feroit la véritable orthographe. Ce qui le détermineroit, ce feroit l'ordre alphabétique que fuit Etienne le géographe.

THYBII OU THIBII, (Ons dans le grec.) Plutarque -Sympoftac. 1. 5, 9.7, dit, fur le rapport de Philarque qu'on donnoit ce nom à un peuple qui habitoit au voisinage du Pont, & qui, par leur regard, par leur fouffle ou

par

des paroles, faifoient maigrir & rendoient malades, non-feulement les enfans, mais encore les perfonnes adultes. C'est le même peuple qui eft appellé THIBII par Pline, lib. 7, c. 2, & le lieu qu'Euftathe nomme Thiba leur appartenoit.

THYBRIS, nom d'un fleuve de Sicile, felon le scholiafte de Théocrite, qui dit que ce fleuve couloit fur le territoire de Syracufe. Servius, in Æneid. l. 8, verf. 322, qui écrit Tybris, lui donne feulement le nom de Foffe, Foffa Siracufana, & ajoute qu'elle fut creufée par les Africains & par les Athéniens, près des murs de la ville, infulter aux habitans; cependant, Ortélius remarpour que qu'on lit Thymbris & non Thybris dans Théo

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rais dont elle eft environnée, & que les Grecs nomment '. Dans la fuite d'Hyele ou d'Helia on fit Velia, comme de Henetus on a fait Venetus. Le nom moderne, felon Barri, eft Gineto ou Thyeto.

1. THYESSOS, ville de la Lydie. Etienne le géographe dit qu'elle tiroit fon nom d'un aubergifte appellé Thyeffus.

2. THYESSOS, ville de la Pyfidie, felon Etienne le géographe. Le nom national étoit Thyeffenfis.

THYGATA, ville d'Afrique. Son évêque eft nommé Alypius dans les canons du concile de Carthage, cités par Ortelius.

THYIA, lieu de la Gréce. Hérodote, l. 7, n°. 178, dit que ce lieu tiroit fon nom de Thyia, fille de Cephiffus, & qu'on y voyoir un temple dédié à cette même Thyia.

THYLE. Voyez TILLE.

THYME. Voyez HYмMAS.

THYMANA. Voyez TEUTHRANIA.

THYMATADA, municipe de l'Attique, dans la tribu Hippothoontide. Suidas écrit Thymoitada, Demofthène Thymatada, & Hefyche Thymiotada.

THYMATERIUM, ville d'Afrique, dans la Libye, environ à deux journées de navigation au-delà des colonnes d'Hercule, felon le périple d'Hannon, p. 2. Le périple de Scylax, p. 55, qui écrit Thymiatirias la marque au-deffus du promontoire Soloentum. C'eft la THYMIATERIA d'Etienne le géographe. Le nom moderne eft Azamor, à ce que foupçonnent Ramufius & Joh. Mariana.

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THYMBARRA THYMBRAIA & THYMBRARA. Voyez THYMBRA.

1. THYMBRA ou THYMBRE. Etienne le géographe dit que c'eft une ville de la Troade, fondée par Dardanus qui lui donna le nom de fon ami Thymbræus. Selon le même géographe, il y avoit un fleuve appellé Thymbrius, & un temple confacré à Apollon Thymbréen.

2. THYMBRA ou TYMBRA, montagne de Phrygie, felon Vibius Sequefter, p. 118.

THYMBRÆUS MONS, montagne de la Troade. Feftus dit que c'eft du nom de cette montagne qu'on avoit donné à Apollon le furnom de Thymbréen.

THYMBRIA, village de l'Afie mineure, dans la Carie. Strabon, lib. 14, p. 636, qui les place à quatre ftades de Myunte, dit qu'il y avoit dans ce village une caverne facrée, nommée CHARONIUM, d'où il exhaloit une vapeur empeftée, qui donnoit la mort aux oifeaux. Ortelius foupçonne que ce village pourroit être celui qu'Etienné le géographe appelle THEMBRIEMUS.

THYMBRIS, fleuve de la Bithynie.

THYMBROS ou ATHYMBROS, fleuve dont parle le grand étymologique cité par Ortélius, qui juge que ce fleuve étoit dans la Carie.

THYMIATERIUM. Voyez THYMATERIUM.
THYMIATICA. Voyez POSSESSIO.
THYMIATIS. Voyez THYAMIS.

THYMIATUM, contrée de la Libye, fur l'Océan Atlantique, felon le périple d'Hannon, p. 5. Il dit que cette contrée étoit pleine de feux, & qu'il en fortoit des torrens de feu qui alloient fe jetter dans la mer, ce que Bochart regarde comme une fable. Voyez PYRRHUS

CAMPUS.

THYMIOTADES & THYMOITADA. Voyez THY

MATADE.

THYMNIAS, golfe de l'Afie mineure, dans la Doride, felon Pline, . 5, c. 28. Pomponius Mela, ¿. 1, c. 15, parle auffi de ce golfe, & met auprès un promontoire de même nom, connu auffi fous celui d'Aphrodifium ou plutôt d'Aphrodisias, comme le nomment Pline & Tite Live.

THYNE, ville de la Libye, felon Etienne le géogra

phe.

THYNIA, contrée, qui, felon Etienne le géographe, prenoit fon nom de celui de les habitans appellés THYNI. Il ne dit point en quel endroit du monde cette contrée étoit fituée, mais Pline, l. 5, c. 32, nous l'apprend; Tenent, dit-il, oram omnem Thyni, interiora Bithyni. Is finis Afia eft, populorumque CCLXXXII. qui ad eum locum à fine Lyda numerantur. Les Thyniens Aliatiques tiroient leur nom des Thyniens de l'Europe, qui habitoient dans la Thrace, felon Strabon, 4.12, p. 541.

1. THYNIAS, lieu de Thrace, chez les Apolloniates, fur le bord du Pont-Euxin. Strabon, l. 7, p. 319, Fragm. Peripl. p. 15, dit que ce lieu étoit au milieu entre Apollonie & les illes Cyanées. Arrien & Ptolomée en font un promontoire; mais ce dernier écrit THINIAS au lieu de THYNIAS. Pline, l. 3, c. 11, écrit à la vérité ce nom par uny; mais il double l's, & il dit THYNNIAS pour THYNIAS. Le nom moderne eft Sagora felon Niger. C'eft ce même lieu qui donne le nom au golfe qu'Ovide, Trift. 1. 1, eleg. 9, appelle THYNNIACUS.

2. THYNIAS ou THYNNI AS, ifle du Pont-Euxin, à l'oppofite de la Bithynie, felon Pline, L. 5. c. 32, qui dit que les Barbares l'appelloient Bithynia. Strabon, l. 12, p. 543, marque cette ifle fur la côte de la Bithynie. Ponponius Mela, l. 2, c. 2, & le périple de Marcian d'Heraclée, p. 69, connoiffent aufli cette ifle. Elle eft nommé Apollonia par Arrien, peripl. 1, p. 13, & Ptolomée nous apprend qu'on l'appelloit aufli DAPHNUSIA.

THYNOS, ville de la Cilicie, felon Pline, l. 5,

6. 27.

C. 4,

2,

1. THYREA, ville de la Phocide. Paufanias, 1. dit que Phocus, fils d'Hormythion mena une colonie à Thyræa, dans le pays appellé depuis Phocide; mais Sylburge, 1.9, c. 17, remarque qu'il faut lire TITHORA ou TITHOREA, comme Paufanias, l. 10, c. 32, luimême lit en deux autres endroits.

2. THYRÆA, ville fituée aux confins des Argiens & des Lacédémoniens, selon Paufanias, l. 8, c. 3, & Strabon, l. 8, p. 376. Ce dernier remarque qu'Homere n'a point nommé cette ville, & que Thucydide la place dans la Cynurie aux confins de l'Argie & de la Laconie. Xylander veut qu'on life THYREA au lieu de THYRAA. Ortélius croit que c'eft la ville Thyraum d'Etienne le géo. graphe, & felon Niger le nom moderne eft Burdugna.

THYRÆI, peuples d'Italie, dans la Japygie. Strabon, 1.6, p. 282, les place entre Tarente & Brindes, dans les terres au milieu de l'Ifthme. Voyez URIA,

THYRÆUM. Voyez THYRÆ A.

THYRAMIS, fleuve de l'Epire, dans la Thesprotie, felon Athénée, . 3; mais Ortélius remarque qu'Hermolaus a averti qu'il falloit lire THYAMIS au lieu de THY

RAMIS.

1. THYREA, isle fur la côte du Péloponéfe; c'eft Hérodote qui en parle. Comme il dit que les habitans d'Hermione la donnerent à ceux de Samos, il femble qu'elle ne devoit pas être éloignée de cette ville. Ortélius croit qu'elle étoit dans le golfe Thyréatique.

2. THYREA. Voyez THURIUM. THYRGANIDES, peuples de l'Attique, felon Hefyche, cité par Ortelius. Suidas écrit Thyrgonida, & en fait un municipe de la tribu Ptolemaïque.

THYRGONIDÆI. Voyez THYRGANIDES.

THYRSAGETÆ. Voyez THYSSAGETÆ.
THYRSUS. Voyez THORSUS.

THYSANUSA, ville de la Carie, felon Pline, l. sa c. 28.

THYSDRUS, ville de l'Afrique propre. Ptolomée, 1.4, c. 3, la marque au nombre des villes qui font au midi d'Adrumetum. Le nom de cette ville eft différemment écrit par les divers auteurs qui en ont parlé. Hirtius, de Bell. Afric. c. 76, dit TISDRA dans deux endroits, c. 36, & une fois TISDRUS. Capitolin, in Maximin. c. 14, & Gordian. c. 7, écrit TYSDRUS, & il ajoute que c'est dans cette ville que Gordien fut élu empereur. Dans l'itinéraire d'Antonin il y a TUSDRUS ou TUSDRUM ; & dans Pline, 5, c. 4. OPIDUM TUSDRITANUM, quoiqu'ailleurs il dife civis Thysdritanus. Selon le pere Hardouin, au lieu de Florentium Tuziritanum, dans Victor d'Utique & au lieu d'Aptum Tuzuritenfem dans la conférence de Carthage, il faut lire Tusdritanum & Tusdritenfem. THYSSA. Voyez THYSSUS.

THYSSAGETÆ, peuples qui habitoient près des Palus Méotides, felon Hérodote, l. 4, n°. 22. Ils étoient voisins des Jyrce. Pomponius Mela, l. 1,6. 19, écrit ThysaGETÆ, & Pline, l. 4, c. 12, THUSSAGETÆ.

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THYSSUS, ville de la Macédoine, aux environs du mont Athos, ou plutôt fur cette montagne même, felon Pline, l. 6, c. 10, & Thucydide, l. 4, p. 124. Hérodote, l. 7, 6. 22, écrit Thyfus, & Strabon, (in Epitom.) Thuffa. THYSTIUM ou THYTIUM, ville de l'Etolie, felon Suidas.

THYSUS. Voyez THYSSUS.

TIABA, ville de la Carie, felon Strabon, l. 12, p. 570, mais Berkelius, in Stephan. in voce äušrafa, & Holtenius, in Stephan. p. 31, ont remarqué qu'il falloit lire TABÆ, & non TIABA.

TIAGAR, ville de l'Arabie heureufe. Elle étoit dans les terres, felon Prolomée, l. 6, c. 7, qui la marque entre Inapha & Appa.

TIAGURA, ville de l'Inde, en deça du Gange. Ptolomée la place à l'orient du fleuve Namadus. Ses interprétes, au lieu de Tiagura, lisent Tiatura.

TIAHUNAČU, province de l'Amérique méridiona❤ le, au Pérou, dans le pays de Collao, avec une ville de même nom, dont Garcillaffo de la Vega parle ainfi dans fon hiftoire des Yncas, l. 3, c. 1. Cette ville eft principalement remarquable par les bâtimens d'une grandeur incroyable qu'on y voit. Le plus admirable de tout ce pays eft un côteau ou tertre fait de main d'homme, & qui eft d'une hauteur furprenante. Les Indiens qui femblent avoir voulu imiter la nature dans la ftructure de cette montagne, y avoient mis pour fondement de grandes mafles de pierres fort bien cimentées, pour empêcher que ces prodigieules terralles entas

THYRI, peuple de la Sérique, felon Pline, l. 6, fées les unes fur les autres ne s'éboulaffent, mais on ignore

6. 17.

THYRIBARRHIS. Voyez THYBARRA. IBAR THYRIDES, c'est-à-dire, les fenêtres. Paufanias, l. 3, c. 25, donne ce nom au fommer du Tenare, qui étoit à trente flades du promontoire Tanarum, & auprès du quel on voyoit les ruines de la ville Hippola. Pline, l. 4, c. 12, donne ce même noin de THYRIDES à trois illes du golfe Afinaus, ifles connues aujourd'hui, dit le pere Hardouin, fous le nom commun de Venetico, à caule du cap voifin appellé capo Venetico. Le nom de THYRIDES fe trouve dans Strabon, l. 8, p. 335, 360 & 362; mais il ne dit point s'il entend par là des illes ou un cap. On lit feulement dans un endroit Thyrides, quod eft in Meffeniaco finu pracipitium fluctibus obnoxium, à Tanaro diftant ftadiis CXXX. Cette diftance fi différente de celle que marque Paufanias, pourroit faire croire que le nom de Thyrides étoit commun à deux endroits de ce quartier du Péloponnése.

THYRIUM, ville de l'Acarnanie. Tite-Live, . 36, c. 12, & Etienne le géographe en parlent. Ce dernier dit qu'on écrit Thirium par un i fimple; ce qui n'a pas néanmoins été obfervé par Polybe qui écrit Oúptor. Le nom national étoit THYRIENSIS.

THYRN, petite riviere d'Angleterre ; elle a fa fource dans la province de Porfolk, dans le quartier de Holt coule près du bourg d'Ailesham, & fe jette dans la Yare.

dans quel deffein ils avoient élevé ce prodigieux bâtiment. D'un autre côté affez loin de là, on voyoit deux grands géans taillés dans la pierre, ils avoient des habits qui traînoient jusqu'à terre, & un bonnêt en tête, le tout ulé par le tems, & fentant l'antiquité. On remarquoit encore dans ce quartier une muraille fort longue, & dont les pierres étoient fi grandes, qu'on ne pouvoit comprendre comment des hommes avoient eu affez de force pour les transporter ; car on remarque qu'il n'y avoit que bien loin de-là des carrieres ou des rochers, d'où l'on pouvoit les avoir tirées; on voit auffi quantité de bâtimens extraordinaires, entre lesquels on remarquoit de grandes portes dreffées en divers lieux, & dont la plupart font en leur entier : ce qu'il y a de plus merveilleux, c'eft qu'elles font presque toutes pofées fur des pierres d'une grandeur énorme, car il y en a qui ont trente pieds de long, quinze de large & fix de front. On ne peut comprendre avec quels outils elles ont pu être taillées; d'ailleurs, il falloit nécellairement qu'elles fuffent incomparablement plus grandes avant que d'être mifes en œuvre. Les Indiens difent que ces bâtimens furent faits avant le régne des Yncas, qui, à l'imitation de ces bâtimens, firent conftruire la fortereffe de Cusco. Ils ont au refte une tradition qui veut que toutes ces merveilles ayent été faites dans une nuit, mais ils ne difent point qui en fut l'architecte. Si l'on confidére ces bâtimens avec attention, on trouvera qu'ils font demeurés imparfaits, & que ce ne font que des commencemens de ce que les fon

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dateurs avoient intention de faire. A cette description que Garcillaffo de la Vega, dit avoir tirée de Pedro de Cieça de Léon, c. 105 ; il ajoute la relation fuivante, qui lui avoit été envoyée du Pérou. Parmi plufieurs antiquités, dit-il, qu'on voit dans une province du pays de Callao, nommée Tiahuanacu, il y en a une qui mérite qu'on en transmette le fouvenir à la postérité. Elle eft près du lac que les Espagnols appellent CHUCUYTA, & dont le véritable nom eft CHUQUIVITU; On y voit des édifices fort grands, & entr'autres une cour de quinze braffes en carré, & de deux étages de hauteur. A un des côtés de cette cour, il y a une fale de quarante-cinq pieds de long, & de vingt-deux de large, couverte de chaume, comme étoient les appartemens de la maifon du foleil à Cusco. La cour dont on vient de ler, les murailles, la fale, le plancher, le toit & les portes, font tous d'une feule pierre qu'on a prife & taillée dans un grand rocher. Les murailles de la cour ont trois quarts d'aune d'épaiffeur ; & quoique le toit de la falle foit de pierres, il femble néanmoins être couvert de chaume; ce qui a été fait afin qu'il imitât mieux la couverture des autres logemens. Le marais ou le lac joint un des côtés de la muraille, & ceux du pays croient que ces batimens font dédiés au Créateur de l'univers. Il y a dans le voisinage quantité d'autres pierres mifes en œuvre, qui repréfentent diverfes figures d'hommes & de femmes, & qui font parfaitement bien travaillées; les unes tiennent en main des vafes, comme fi elles vouloient boire; d'autres font affifes, d'autres debout, d'autres femblent vouloir paffer un ruiffeau, qui coule au travers de ce bâtiment, & d'autres repréfentent des femmes & des enfans, qu'elles ont à leur fein ou à leur côté, ou qui les tiennent par le pan de la robe. Les Indiens prétendent que ce font des hommes qui furent autrefois transformés en ces ftatues, pour les péchés énormes qu'ils avoient commis, & particulierement pour avoir lapidé un homme qui passoit par cette province. TIANE. Voyez TYANA.

TIANO ou THIANO, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la terre de Labour, au couchant de Capoue, dont elle est éloignée de quatre lieues. Cette ville, qui eft ancienne, étoit la capitale des Sidicins. Voyez TEANUM: aujourd'hui ce n'est plus qu'une petite ville : le dôme n'a rien de remarquable, mais on voit un fameux monaftère de religieufes appellé Notre-Dame de Foris; il fut fondé par les Lombards, dans le tems qu'ils étoient maîtres de cette ville. On trouve, au voisinage de Tiano, des eaux minérales, qu'on prétend falutaires pour les gens qui ont la pierre.

Il y avoit anciennement un évêché, qui fut enfuite à Civitare, & enfin reuni à Saint-Severo.

TIANUM. Voyez TEANUM.

TIARE, lieu de l'ifle de Lefbos, au voisinage de la ville de Mitylène. Pline, l. 19, c. 3, dit que ce lieu produifoit une grande quantité de truffes, & Athénée remarque la même chofe.

TIARANTUS, fleuve de Scythie. Hérodote, l. 4, dit qu'il fe jette dans le Danube : dans le pays on le nomme Seretus, felon Peucer, cité par Ortelius, Thefaur.

Cependant, fi le Tiviscum de Ptolomée eft aujourd'hui Tergowitz, comme le penfe le commun des géographes; le fleuve Tiarantus fera aujourd'hui le Jalonicks, que Samfon appelle Launiza: ce fentiment s'accorde avec celui de Mercator, qui prétend que le nom moderne d'Axiopolis eft Flotz. Flotz eft marqué dans nos cartes fur le Jalonitz, vers fon embouchure dans le Danube.

TIARE, ville de la Troade, felon Pline, l. 5, c. 30. Ortélius foupçonne que c'eft le même lieu que TIARÆ. TIARIULIA, ville de l'Espagne Tarragonnoife. Prolomée, l. 2, c. 6, la marque dans les terres, au pays des

Ilercaons.

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TIAUSPA, ville de l'Inde, en- deçà du Gange. Prolomée, l. 7,c. 2, la marque près du fleuve du côté de l'occident, entre Afigramma & Ariftobathra. Au lieu de Tiauspa, les interprétes lifent TIAUSA.

TIBA, colonie d'Afrique, felon Onuphre, qui cite Prolomée. Peut-être ce mot, dit Ortélius, fe trouvoit-il dans l'exemplaire dont s'eft fervi Onuphre; cependant je ne le vois dans aucun de ceux que j'ai confultés ; il fe pourroit faire qu'il y auroit faute dans Onuphre, & qu'au lieu de THIBA, il faudroit lire TICIBA.

TIBAENS, (faint Martin de) abbaye d'hommes, ordre de faint Benoît, en Portugal, dans la province, entre Duero & Minho, au diocèse & à une lieue au couchant de Brague. L'abbé eft régulier, & triennal.

TIBARENI, peuples du Pont, aux environs de la Cappadoce. Pomponius Mela, l. 1, c. 9, Strabon, l. 12, p. 548, & Pline, l. 6, c. 4, en font mention. Ils font appellés TIBRANI par Euftathe, & TIBARI par Eufébe Prap. l. 1. Leur pays touchoit celui des Calybes, & ils faifoient confifter la fouveraine félicité à jouer & à rire. Pintaut a remarqué, fur Pomponius- Méla, que fouvent on écrivoit TIBARANI pour TIBARENI. La contrée qu'habitoient ces peuples eft nommée TIBARANIA ou TIBARENIA par Etienne le géographe. C'eft encore d'eux dont parle Diodore de Sicile, l. 14, fous le nom de TIBARISTRIBUS. Ces peuples étoient fi fort attachés à l'équité qu'ils n'auroient pas voulu attaquer leurs ennemis en guerre, fans les avoir avertis du lieu & de l'heure du combat. Quand leurs femmes avoient mis un enfant au monde, elles fervoient leurs maris, qui fe mettoient au lit, & faifoient les accouchées.

TIBARI, peuples dont parle Eufébe, Prap. l. 1, qui dit que leur coutume étoit de précipiter les vieillards. Ces TIBARI font les mêmes que les TIBARENI. Voyez ce

mot.

TIBARITANUS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la Byzacène, felon la conférence de Carthage, où Victor est qualifié episcopus plebis Tibaritane. * Hardouin, Collect. conc. t. I, p. 1087.

TIBAS, contrée où croiffoit le vin appellé vinum Tibenum, felon Galien; mais il ne dit point où étoit cette contrée. Ortélius foupçonne qu'elle pouvoit être dans l'Asie, où il y avoit un peuple appellé TIBI. Voyez ce mot.

TIBELIUS, lieu d'Afie, au voifinage de la Lafique. Agathias, l. 4, qui dit qu'il y avoit une garnifon dans ce lieu, ajoute qu'il faifoit la borne entre les Mifimiens & les Abfiliens. TIBERIA, ville de Thrace, felon Calliste, cité par Ortélius. Elle devoit fa fondation à l'empereur Tibere dont elle portoit le nom.

1. TIBERIACUM, ville d'Italie, au voisinage de Ra venne. Voyez au mot AD, AD-CABALLOS, dans le pays des Ubiens.

2. TIBERIACUM, ville de la baffe Germanie, felon l'itinéraire d'Antonin, qui la marque fur la route de Colonia-Trajana à Colonia Agrippina, entre Juliacum & Colonia-Agrippina, à huit milles de la premiere de ces villes, & à dix de la feconde. C'est aujourd'hui Bercheim, qui conferve en quelque forte fon ancien nom.

TIBERIADE, ville la Galilée, à l'extrémité méridionale du bord occidental du lac de Génézareth, qu'on appelloit auffi mer de Tibériade de fon nom. (a) On croit que fon nom ancien étoit Cinnereth, Chammath, ou Emath Raccat, ou Recchat; mais Reland, Palaft. t. 2, p. 1037 montre affez bien que cela eft fort douteux, & n'eft fondé que fur ce que la mer de Cinnereth fut depuis nommée mer de Tibériade; ce qui ne prouve point du tout que Cinnereth & Tibériade foient la même chofe; de plus, il remarque que le lot de Nephtali (b) ne commençoit du côté du midi qu'à Capharnaum, (c) qui eft plus feptentrionale que Tibériade; & toutefois Cinnereth, Hemath, & Reccath font du lot de Nephtali. Tibériade n'en peut donc être, puisqu'elle étoit tout au midi du lac de Tibé. riade. (a) Dom Calmet, Di&t. (b) Matth. 4, 13. (©) Josué,

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ville de Sephoris, dont il avoit fait la capitale de la Galilée, Il fit la dédicace de Tibériade dix ans après, deux ans environ avant le baptême de Jefus-Chrift. Il y avoit, aflez près de Tibériade, des bains d'eau chaude, & elle étoit fituée dans un lieu où il y avoit quantité de tombeaux & de corps morts, (a) ce qui étoit tout à-fait contraire aux ufages des Juifs. Cette ville fe trouvoit à trente ftades d'Hippos, à foixante de Gadare, à cent vingt de Scythopolis (5) & à trente de Turichée. S. Epiphane, lib. 1. adverf. haref. P. 127 & 128, remarque que le comte Joseph découvrit du tems du grand Conftantin, dans les archives ou dans le tréfor de Tibériade, l'évangile de S. Jean & les actes des apôtres traduits en hébreu, & qu'avant ce tems, il n'étoit permis à aucun chrétien de demeurer à Tibériade, ni à Capharnaum, ni à Nazareth, ni à Diocéfarée, & que le comte Jofeph ayant obtenu de Conftantin la permis fion d'y bâtir une églife au nom de Jesus-Chrift, il fe fervit d'un grand temple nommé Adrianeum, qui n'avoit jamais été achevé ni confacré; il le fit achever & confacrer pour l'ufage des chrétiens. Lampride nous apprend auffi que les empereurs Alexandre, Sévére & Adrien avoient eu deffein de mettre Jefus-Chrift au rang des dieux, & de lui confacrer des temples: d'où vient qu'encore aujourd'hui, dit cet auteur, on voit dans toutes les villes des temples fans ftatues, que pour cette raifon on appelle des Adriens. Dans la fuite, Tibériade fut érigée en évêché fuffragant de l'archevêque de Nazareth, & cette ville fut le lieu de la naiffance de S. Jofeph de Paleftine. (*) Jofeph, Antiq. l. 18, c. 3. (b) Idem, de vita fua,

p. 1025.

Tibériade, dit le pere Nau, dans fon voyage de la Terre-Sainte, p. 599, a été une ville fort petite, fi l'on en juge par les murailles d'aujourd'hui, qui font en bon état, fort élevées & toutes entieres. Il y a en France des monastères auffi vaftes, & qui la verroit en Europe par le dehors, pourroit penfer que c'en étoit un. Sa figure eft presque carrée, les murailles font fans tours: elles ont feulement leurs créneaux, d'où on pouvoit fe défendre. La grande porte qui eft du côté d'occident eft condamnée, & on n'entre que par une qui eft du côté du midi; peu de gens y demeurent, & l'on n'y voit par-tout que des débris. On trouve néanmoins, fur le bord de la mer un château qui a été bien fort en fon tems, & qui entre beaucoup de bréches a plufieurs chofes entieres. Après cette fortereffe, il y a des ruines qui femblent être d'une grande église; mais cela eft fi peu vifible & fi près de terre, qu'on a peine à s'en appercevoir, à moins d'y faire une particuliere réflexion. L'églife qui eft enfuite près des murailles qui regardent le feptentrion, au bout de la ville & presque fur le rivage, n'eft pas de même; elle n'a rien de ruiné, c'eft une feule nef affez grande. Le prince Tancrede en eft, à ce qu'on croit, le fondateur, &, felon les apparences, c'eft de cette églife que parle Guil Jaume de Tyr, l. 2, c. 13. Elle fut dédiée à S. Pierre, parce que ce fut là que Notre-Seigneur, felon la tradition, apparut à ce faint, & aux autres disciples qui pêchoient, & leur fit connoître fa puiffance par une pêche abondante. Cette églife fut d'abord changée en mosquée. A préfent elle fert d'étable. Les murailles qui environnent aujourd'hui cette ville, ont été bâties, à ce qu'on prétend, par une veuve Juive qui les fit faire, afin que les Juifs qui y étoient alors en aflez grande quantité y demeuraffent, mais il y a long-tems que les extorfions & la tyrannie des Turcs les en ont chaffés, de forte qu'il n'y en a pas un aujourd'hui. Entre ces murailles & le bord de la mer, il a plufieurs palmiers. D'ici l'on a une très-agréable vue fur la mer de Galilée, à côté de laquelle on voit l'Arabie pierreufe; & l'on y remarque aifément l'endroit où le Jourdain fe décharge dans cette mer. * Le Brun, Voyage du Levant, t. 2, p. 323.

Tibériade s'étendoit autrefois plus d'une demi-lieue fur le rivage du lac qui porte fon nom. La largeur étoit beaucoup moindre, étant bornée à son occident d'une haute montagne fort escarpée & presque fans talut, qui l'empêchoit de s'accroître de ce côté. Tout eft plein de belles ruines, qui font connoître fon ancienne beauté. On en voit de continuées jusqu'à un admirable bain d'eau chaude, qui eft encore entretenu, & où l'on va se baigner ; on fent dedans une chaleur extraordinaire caufée par les exhalaifons de l'eau. Il y a dedans deux bassins; l'eau est si chaude dans l'un

qu'il eft impoffible de la fouffrir, celle qui eft dans l'autre eft plus tempérée. La fource de cette eau eft à fix ou fept pas hors de ce bain; elle eft fi chaude & fi bouillante, qu'il n'eft non plus poffible d'y tenir la main, que dans un pot qui bout fur le feu. Son goût eft enfoufré, ferré & falé; elle eft médicinale, & les bains en font tout-à-fait falutaires. Joseph, 44, de Bell. c. 1,& l.s, antiq. c. 4, appelle ce lieu Emaus, & il eft à croire que ces eaux médicinales d'Emaïs, dont parlent Nicéphore & Sozomène, ne font autres que celleslà, car on n'en trouve point à l'Emaus, où Notre-Seigneur fut invité par deux de fes disciples le lendemain de fa réfurrection. Près de cette fource d'eau ardente, il y en a une autre qui ne l'eft pas tant, elle fert à modérer dans le bain l'ardeur de l'autre.

Le LAC DE TIBERIADE, l'ETANG DE TIBERIADE, la MER DE TIBERIADE, tous ces noms fignifient la même chofe que le LAC DE GENESAR OU GENESARETH, ou la MER DE CINERETH ou de CENNERETH, ou fimplement la MER DE GALILEE. Voyez CENNERETH.

Ce fut aux environs de cette ville que Saladin battit Lufignan, & le fit prifonnier vers l'an 1187.

TIBERIANI-CAMPI. Frontin, de Coloniis, p. 114 & 120, donne ce nom à des champs d'Italie, qu'il croit fitués entre Rome & Tivoli. Ils avoient pris le nom de l'empereur Tibere, parce que ce prince les avoit fixés à vingtcinq arpens.

TIBERINA-CASTRA, lieu de la Vindélicie. Lazius, in fua Vienna, dit que c'eft le village de PERINGEN, au voifinage de Dingelfing, dans la balle Baviere.

TIBERINA-INSULA, ifle du Tibre, dans la ville de Rome, felon Vitruve, cité par Ortélius, Suétone la nomme l'ifle d'Esculape, in Claudio, & felon Plutarque, in Publicola, on l'appelloit à Rome life Sacrée & l'ifle des deux Ponts. Voici de quelle maniere il rapporte l'origine du premier nom. Parmi les biens des Tarquins, il fe trouvoit une pièce de terre dans le plus bel endroit du champ de Mars; on la confacra à ce dieu, dont on lui donna le nom; les bleds ne venoient que d'être coupés, & les gerbes y étoient encore. On ne crut pas qu'il fût permis d'en profiter, à caufe de la confécration qu'on venoit d'en faire; mais on prit les gerbes & on les jetta dans le Tibre avec tous les arbres que l'on coupa, lailfant au dieu le terrein tout nud & fans fruit. Les eaux étoient alors fort baffes, & ces matieres ne furent pas portées fort loin, par le fil de l'eau, elles s'arrêterent à un endroit découvert, y prirent racine, arrêterent le limon que l'eau charioit, ce qui forma un amas fi confidérable, qu'il devint une ifle qu'on appelle à Rome l'ifle Sacrée, où il y a divers temples confacrés aux dieux, & plufieurs portiques. On l'appelle en latin, ajoute Plutarque, l'isle des deux Ponts. It y a pourtant des écrivains qui prétendent que cela n'arriva pas lorsque cette pièce de terre de Tarquin fut confacrée à Mars, mais plufieurs fiécles après, lorsque la Veftale Tarquinie lui dédia un champ qui lui appartenoit & qui touchoit à celui de Tarquin.

TIBERINA-REGIO, contrée de la Cappadoce. Il en eft fait mention dans les lettres de S. Grégoire de Nazian ze, citées par Ortélius. C'est dans cette contrée qu'étoit le lieu nommé Arianzus.

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TIBERINI. Voyez TIFERNUM.

1. TIBERIOPOLIS, ville de la grande Phrygie, felon Ptolomée, l. 5, c. 2, & Socrate. Le cinquième concile de Conftantinople l'attribue à la Phrygie Pacatiane, & Sophien l'appelle STROMIZZA.

2. TIBERIOPOLIS, ville de la Bulgarie, fur le bord du Pont-Euxin, felon Leunclavius, qui cite Curopalate. Il ajoute que le nom moderne eft VARNA.

TIBERIS. Voyez ALBULA, THYMBRIS & TYBRE. TIBERON, (cap de) cap de l'Amérique feptentrionale, dans la partie occidentale de l'isle de Saint-Domingue, au midi de celui de Dame Marie, ou Donna Maria. Il a pris fon nom d'une espèce de poisson qu'on y pêche, & qui eft gros comme un chien d'attache.

TIBERTINI. Voyez TIFERNUM & METAURENSES. TIBERVILLE, bourg de France, dans la Normandie, élection de Lifieux. Il y a droit de foire & de marché.

TIBESIS. Voyez PATHISSUS.

TIBET, THIBET OU TOUBET, (a) pays de Tartarie., C'est la partie feptentrionale du royaume de Tangut. Le Tome V. A Aaaaa

Tibet à la Chine à l'eft, à l'oueft le Mogol, & au fud un coin du Mogol, & les états du roi d'Ava; on l'appelle encore Barantola, c'eft le nom que différentes nations tartares donnent à tous les pays qui font depuis la grande riviere Ya long, jusqu'à la fonrce du Gange, & qui contiennent plus de vingt degrés de l'orient à l'occident, & plus de huit du feptentrion au midi. Le pere du Halde, (b) dans fa carte, donne cette étendue au Tibet, & avoue luimême, qu'il eft difficile d'établir des limites bien précifes dans ces contrées. Les habitans de Cachemire & des villes fituées au-delà du Gange, lui donnerent le nom de Bouton on Boutan. Les Chinois l'appellent Tfan & Tfan li, parce que fes peuples ont donné le nom de Tfan pou à la riviere que le traverfe; les ans & les autres le nomment fouvent Lafa, parce que c'eft dans le pays de Lafa qu'eft fitué le Pagode, où réfide le grand lama, qui, par cette raifon, eft de tout le Tibet, le canton le plus respectable, le plus habité & le meilleur ; on y trouve toutes les com modités de la vie, & l'on y voit grand nombre de lamas & de pèlerins. L'on ne fait pas bien d'où vient encore le nom de Tangouth, qu'on trouve fur quelques cartes d'Afie. Il a paru au pere du Halde, d'après le pere Regis, que c'étoit un nom commun à tous les pays, depuis les terres des Tartares Kokonor, contiguës aux terres de Si ning, ville de la province de Chenfi, allant jusqu'à la fource du Gange, & qu'ainfi il comprend le Tibet, & les larges plaines & tous les déferts qui font à fon nord & à fon oueft.

Les peuples du Tibet vivent de la culture de la terre, & habitent des bourgades ou villages, & des villes, mais elles font toutes fort petites, & il n'y en a pas une qui foit en état de défenfe; Lafa même où le grand lama tient fa cour, eft plutôt un temple célébre qu'une ville. Il y a auffi un très grand nombre de pagodes, dont la plupart font beaux & riches.

D'une infinité de rivieres qui arrofent le Tibet, on ne peut dire quelles font celles qui fourniffent tout l'or qui fe transporte à la Chine, & qui y eft à meilleur marché que par-tout ailleurs, apparemment que l'on en trouve dans les fables de plufieurs de ces rivieres; il eft certain que la grande riviere Kin cha Kiang, qui entre dans la province d'Yun nan, en charrie beaucoup dans fon fable, auffi fon nom fignifie-t-il fleuve à fable d'or.

Il n'y a guères qu'un fiécle que le Tibet étoit gouverné par un roi naturel du pays, prince affez puiffant, que l'on pourroit croire avoir été le Prêtre-Jean fi célébre dans l'histoire; dès lors le grand Lama ou Dalai Lama, demeuroit à Lafa, mais il n'étoit pas fouverain temporel du pays, il étoit feulement reconnu pour chef des Lamas, du Tibet & de toute la Tartarie. Les Tartares, qui le reverent comme une divinité fur terre, jugerent que le roi de Tibet ne le traitoit pas affez honorablement, & que c'étoit à eux à venger fa dignité du mépris qu'on en faifoit. Un roi des Tartares Eluths, appellé Couchi han, étant à leur tête, vint fondre fur le roi de Tibet, le défit en bataille rangée, le fit prifonnier, & le fit mourir; il donna le royaume de Tibet au Da lai lama, le tint même honoré de fe dire fon vaffal, & pour lui affurer cette conquête, il fixa fa demeure auprès de Poutala, montagne dans le pays de Lafa, où eft bâti le pagode de ce pontife. Effectivement ce roi, quoiqu'il demeura au cœur des états de Tibet, ne fe mêloit en aucune forte du gouvernement de ce royaume; fe contentoit de ré gner fur les Eluths qui errent ça & là, felon leurs coutumes, dans les terres où il y a de meilleurs pâturages. Le fils & le fucceffeur de Couchi han ne fe mit pas en peine de retourner dans un pays que fon pere avoit abandonné, & protégea encore le grand lama. Talai han, petit-fils de Couchi ban, marchoit fur fes traces & fur celles de fon pere, lors. que pour défendre le grand lama, il eut à faire la guerre avec un prince, neveu du Caldan, roi des Eleuths, & nommé Tfe vang raptan, qui avoit envie, difoit-il, de remettre les lamas fur l'ancien pied, & de les réduire au point de n'avoir d'appui que dans la bonté & dans la puiffance des princes du pays. Talai han fut défait & tué dans un combat

que

lui livra l'armée de Tse vang raptan, le pays de Lafa fut ravagé, les pagodes pillés; on n'épargna pas celui du grand lama, où l'on trouva des richelles immenfes; cependant les Thibétains & autres Tartares fidéles dans leur attachement au grand lama, ayant eu le tems de fe reconnoître, après quelques combats, & aidés des troupes de l'empereur

de la Chine, ont force celles de Te vang raptan de se retiter dans leur pays. Depuis cette guerre l'on ne peut rien dire de bien certain fur la forme du de bien certain fur la forme du gouvernement; mais avant ces troubles le grand lama

ont le maître abfolu fpirituel

& temporel de tout le Tibet. Comme il faifoit profellion de ne pas s'embarraller des affaires du fiécle, il ne s'occupoit que du gouvernement fpirituel & pour le temporel choifilloit un homme du pays, auquel il donnoit le nom de Tipa, avec le pouvoir de gouverner les peuples en fon, nom. Ce Tipa ou vice-régent porte l'habit le plus réveré, c'eft-à-dire, celui des lamas, quoiqu'il ne foit point aifujetti aux obligations de cet état, & qu'il foit marié. Cette puiffance temporelle, jointe ainfi à la fpirituelle, n'a pas peu contribué à porter au plus haut degré le respect que l'on a pour le grand lama: il va jusqu'à l'adoration.

Ce pontife demeure dans le plus beau des pagodes, qui font en grand nombre fur la montagne de Toutala, & en occupe l'étage le plus élevé, & qui en eft le feptiéme; il eft. placé fur une espéce d'autel affis fur un large & magnifique couffin, les jambes croisées, c'est en cet état qu'il reçoit les adorations des gens du pays, & d'une multitude furprenante d'étrangers, même de l'Indouftan, qui entreprennent de longs & pénibles voyages pour venir à deux genoux lui offrir leurs hommages & recevoir fa bénédiction. Dans le tems que les armées des Eleuths entroient dans les terres du Tibet, il fe trouva à Lafa une princelle Tartare, avec fon fils, dont les terres étoient au nord de la mer Caspienne cat les Tartares après les Tibétains, font les plus aflidus à rendre leurs devoirs au grand lama.

Les princes ne font pas plus dispenfés des humiliantes cérémonies que le bas peuple, & ne font pas plus respectés du grand lama; il ne rend le falut à perfonne, ne fe découvre ni ne fe leve jamais pour qui que ce foit; il fe contente de mettre la main fur la tête de fes adorateurs, qui croyent obtenir par-là la rémiffion de leurs péchés.

Les princes & les peuples fe foumettent fans peine à tous ces devoirs, par l'idée qu'ils ont de la fainteté du grand lama; ils font perfuadés que Foë vit en lui, qu'il fait tout qu'il voit tout, qu'il lit dans le fond des cœurs, fans qu'il lui foit néceffaire de faire des questions, ou d'ordonner des informations; qu'il eft immortel, & que quand il paroît mourir, il ne fait que changer de demeure en renaiflant dane un corps tout neuf, qu'il ne s'agit alors que de chercher en quel lieu il lui a plu de prendre une nouvelle naisfance, & qu'il ne manque pas de se faire reconnoître. Quel bonheur pour le pays de l'avoir trouvé; on a vu des princes Tartares faire eux-mêmes cette recherche, ils font néanmoins obligés de s'en rapporter à certains tamas, qui feuls font inftruits des fignes auxquels il peut être reconnu, ou plutot qui feuls connoiflent quel eft l'enfant que le précédent grand lama a défigné pour être fon fuccceffeur.

Les prodiges qu'on attribue aux lamas & certaines chofes furprenantes qu'ils font quelquefois, contribuent à entretenir une fuperftition fi aveugle & fi générale ; ils les ont même fait connoître dans des fiécles reculés, car quoique le Tiber foit une des moins illuftres parties de l'Afie, on n'a pas laiffé d'en parler il y a fort long-tems. Marc Paul Vénitien, qui écrivoit au XIIIe fiécle, & qui fe trouva à la fuite des Tartares connus à la Chine, parle affez clairement du chef de ces religieux Tartares nommés Lamas.

Ce grand pontife confere divers degrés de pouvoir & de dignité à fes lamas, qui font les religieux & les prètres. dont le plus éminent eft d'être boutouctou ou fo vivant. Il y a dans le Tibet un grand nombre de pagodes pour eux & pour les lamas les plus diftingués. Il ne faut pas croire que ce ne foit que les habitans du Tibet qui puiffent parvenir à la dignité de lama, on voit des Tartares & même des Chinois qui y aspirent, & qui vont à Lafa pour le devenir. Ceux qui peuvent être admis au rang des disciples du grand lama, qui ne paffent pas le nombre de deux cents, regardent ce choix comme un vrai bonheur & comme une grande fortune; c'est parmi eux qu'on choifit les grands lamas fubalternes; les hourouctous même, quelques marques qu'ils s'imaginent avoir en eux de la présence de Foë, ne font point reconnus pour tels, à moins qu'ils n'ayent de meuré un certain tems dans l'école du grand lama; mais ils n'ont pas été plutôt faits houtouctous, qu'ils vivent dans l'honneur & dans l'opulence par la foule des adorateurs qui viennent à eux de toutes les contrées voifines, & par la quantité de préfens qu'on leur fait. Les lamas font les doc

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