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TITHRONIUM, ville de la Phocide, selon Etienne le géographe. Paufanias, lib. 10,6. 33, dit qu'elle étoit à quinze stades d'Amphiclea, & fituée dans une plaine; mais qu'on n'y voyoit rien qui fut digne d'être remarqué.

TITIANI, peuples de l'ifle de Corse. Ptolomée, 1.3, c. 2, les marque entre les Tarrabeni & les Balatoni.

TITICACA, lac de l'Amérique méridionale, au Pérou, dans l'audience de los Charcas. De Laet, dans sa description des Indes orientales, 1. 11, 6.4, dit que ce lac pafle pour le plus ample & pour le plus large de tous ceux de l'Amérique méridionale, & qu'il y a plusieurs bourgs situés sur ses rivages. Sa profondeur est très-grande en certains endroits; & lorsqu'il est agité, il éleve des flots pareils à ceux de la mer, de forte qu'on le prendroit pour un golfe, quoiqu'il soit à quarante lieues de la mer du Sud. Il n'a, selon Acosta, qu'un seul émissaire, qui est fort profond & assez étroit, & on y voit quantité d'isles. La description que de l'lfle donne de ce lac est un peu différente. Selon ce géographe, le lac de TITICACA est composé de deux parties, dont la premiere, la plus grande & la plus septentrionale, reçoit du côté du nord occidental une petite riviere qui passe à Canches; la seconde, qui communique avec la premiere par un détroit, a du côté du midi un émisfaire, par le moyen duquel elle communique avec le lac Paria ou de los Aulagas, qui est environ à quarante lieues droit au fud. Cette seconde partie du lac de Titicaca renferme cinq ifles, au lieu que la premiere ne paroît pas en avoir. Voyez l'article suivant. Les principaux lieux qui se trouvent sur le bord du lac de Titicaca, font:

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2. TITICACA', isle de l'Amérique méridionale, au Pérou, dans l'audience de los Carchas, & dans le lac auquel elle donne fon nom. Entre les temples les plus fameux, qui furent dédiés au soleil dans le Pérou, & qui étoient à peu près comparables à celui de Cusco, en richesses & en ornemens d'or & d'argent, il y en eut un fort célébre dans l'isle appellée Titicaca, c'est-à-dire, montagne de Plomb, car ce mot eft composé de TITI, qui signifie du plomb, & de CACA, qui veut dire une montagne, pourvu qu'on le prononce du fond du gosier; car si on le prononçoit à la maniere des Espagnols, il signifieroit alors un onile maternel.

L'isle de Titicaca est éloignée de la terre ferme de deux portées d'arquebufe & un peu plus, & elle a cinq à fix milles de circuit. Ce fut là, felon la tradition des Yncas, que le soleil voulut que s'arrêtaflent ses deux enfans, quand il les envoya fur la terre pour instruire les peuples barbares dans les devoirs de la vie civile. Ils disent encore qu'aussitôt après le déluge, les rayons du soleil parurent plutôt en cette ifle & dans son lac qu'en tout autre lieu. Ce lac est si profond & fi grand, qu'en certains endroits il a quarante-huit brasses de fond & quatre-vingts lieues de eircuit. On dit que les bateaux n'y peuvent nager. Le pere Blas Valera attribue cet effet à une certaine pierre qu'on appelle Himan, qui est fort commune dans ce lac. Je m'en tiendrai à fon opinion, dit Garcillasso, fans l'examiner de plus près.

Le premier Yncan, voyant que la foi qu'on ajoutoit à cette ancienne fable autorisoit sa fourberie, & que les Indiens tenoient pour des lieux sacrés le lac & l'ifle, en prit occasion de perfuader aux peuples que sa femme & lui

étoient enfans du soleil, & ils le confirmerent par les grands avantages qu'ils procurerent; ainsi ces deux fables furent cause que les Yncas regardent l'isle de Titicaca comme un lieu sacré; & pour mieux marquer leur vénération, ils y bâtirent, à l'honneur du soleil, un temple qui étoit couvert de lames d'or. Les habitans des provinces sujettes aux Yncas, y alloient faire tous les ans des offrandes d'or, d'argent & de pierreries. On faisoit dans ce temple le même service que dans celui de Cusco. Le pere Blas Valera, en parlant des prodigieuses richesses de ce temple, dit que les Indiens appellés MISMAC, dont on avoit envoyé une colonie à Copa-Cavano, l'avoient assuré que de l'or & de l'argent, qui étoient restés des offrandes faites dans cette ifle, on en pouvoit bâtir un autre temple, depuis les fondemens jusqu'au toit, sans mélange d'aucune autre matiere ; à quoi il ajoute que les Indiens jetterent tous ces trésors dans le lac, dès qu'ils apprirent que les Espagnols, abordés dans ces contrées, envahissoient tout ce qu'ils trouvoient de richesses.

Ourre les magnifiques ornemens de ce temple, les Indiens enrichirent beaucoup l'ifle de Titicaca. Pour la rendre plus agréable à la vue, ils l'applanirent, en abattirent les rochers, & y firent transporter de loin quantité de terre fertile & grasse, afin d'y faire croître du maïs, parce qu'on n'en cueilloit point dans toute cette contrée, parce que le climat y est trop froid; ils en semerent sur ces pièces de terre, & y firent venir pareillement d'autres légumes. A force de cultiver le terroir on l'obligeoit à produire. Les grains que l'on recueilloit, quoiqu'en petite quantité, étoient envoyés au roi, comme une chose sacrée, & ce prince en portoit une partie au temple du soleil, & envoyoit le reste aux vierges choisies à Cusco ; il leur ordonnoit en même tems d'en faire la distribution d'une année à l'autre aux maisons religieuses & aux temples du royaume. On en mettoit aufli dans les greniers du soleil, dans ceux du roi & dans les magasins publics, dans la perfuafion où l'on étoit que ces grains, qu'on regardoit comme sacrés, étoient capables de conserver le pain qu'on y gardoit ordinairement pour la nourriture des habitans en cas de famine, ou même capables de l'augmenter dans le besoin. Si un Indien pouvoit avoir un seul grain de ce maïs, , ou de telle autre semence qui fut venue de cette isle, il le mettoit dans son grenier, & croyoit, comme une chose certaine, que de sa vie il ne manqueroit de pain. * Garcillasso de la Vega, Hist. des Yncas, l. 3, c. 25.

TITIOPOLIS, ville de la seconde Cilicie, ou de l'Isaurie, selon Ortelius, qui cite le concile de Chalcédoine le premier concile de Constantinople & Porphyrogénete.

La notice de Hiéroclés la met au nombre des vingttrois villes qui étoient sous le fiége de Seleucie. Guillaume de Tyr la nomme Titopolis.

TITIUM FLUMEN, fleuve de l'Illyrie. Pline, lib. 3, c. 21 & 22, fait entendre que ce fleuve se jettoit dans la mer à Scardona, & qu'il fervoit de borne entre la Liburnie & la Dalmatie. C'est le TITUS, dont Ptolomée, lib. 2., c. 17, marque l'embouchure sur la côte, entre Jadera Colonia & Scardona.

TITMONING, ville d'Allemagne, dans l'archevêché de Saltzbourg, près de la riviere de Saltza, aux confins de l'électorat de Baviere, à fix milles de la ville de Saltzbourg. En 1310, la peste fit de tels ravages dans cette petite ville, qu'il y mourut treize cents personnes dequis le 11 de novembre jusqu'au 2 de février. Dans la guerre des empereurs Louis IV & Frédéric III, l'archevêque de Saltzbourg ayant pris le parti de Frédéric, Wolfgang de Goldec, bailli de Dornberg, au nom de Louis IV, enleva à l'archevêque la ville de Titmoning, qui fut rendue à ce prélat trois ans après; savoir, en 1327. Le feu du ciel réduifit en cendres la ville de Titmoning en 1571. Il n'y eut que quelques petites maisons situés sur la hauteur, qui furent garanties de l'incendie. * Zeyler, Topog. Bavar. p. 67.

1. TITONEUS, nom d'un fleuve dont parle Lycophron; sur quoi Isacius, son scholiaste, remarque que c'est un fleuve d'Italie, au voisinage du promontoire Circaum. C'est, selon Ortelius, le Titanidos de Quintus Calaber. Il ne se jette pas dans la mer, il se perd sous terre.

2. TITONEUS, montagne aux confins de la Thrace & de la Macédoine, selon Etienne le géographe & Licophron, cités par Ortélius.

TITONI REGIA, palais fameux de l'Ethiopie, sous 'Egypte. Quinte-Curse, 1.4, 6.8, dit que la curiosité de voir le fameux palais de Memnon & de Titon, emporta Alexandre presque au delà des bornes du soleil. Ortelius remarque qu'il faut lire TITHONI-REGIA; & d'est ainsi en effet que lit Diodore de Sicile, lib. 2, pag. 109, edit. Wechel. 1604. Titonus, selon cet ancien historien, étoit pere de Memnon, général des Ethiopiens & des Suzians, que Teutamus envoya au secours des Troyens. Ce Memnon bâtit un palais superbe dans la fortereffe de Suze, & ce palais porta le nom de Memnon jusqu'à l'établissement de la monarchie des Perses ; mais, ajoute Diodore de Sicile, les Ethiopiens habitans de l'Egypte, révoquent en doute ce trait d'histoire, & montrent encore chez eux ce fameux palais de Memnon (& de Titon,) qui conservent encore aujourd'hui les noms de leurs fondateurs.

TITOPOLIS, felon Guillaume de Tyr, est la même que TITIOPOLIS.

1. TITSCHEN, ou TITSCHEN LA NEUVE, ville de Bohéme, dans la Moravie, près de Stramberg, au voisinage de la montagne de Rodhoft, vers les frontieres de la Silésie. Cette ville est sur la route de Cracovie à Vienne. *Zeyler, Topogr. Moraviæ, p. 110.

2. TITSCHEN, ou TITSCHEN LE VIEUX, bourg de Bohéme, dans la Moravie, entre Weiskirch & Freiberg, sur une colline, avec un château.

TITTHI, peuples d'Espagne, dans la Celtibérie. Ils étoient voifins de la ville Segeda, selon Appien, dans son histoire des guerres d'Espagne, 1. 1, p. 279.

TITTHION. Voyez MYRTION.

TITTIS, village de la préfecture d'Apamée. Il en est parlé dans Sozomene, 1.6,0.34, & dans Calliste, 1.11, .4, cités par Ortelius.

TITTLISBERG, montagne de Suiffe, dans le canton d'Underwald. Son sommet est toujours couvert de neiges & de glaces. Il y en a qui prétendent que c'est la montagne la plus haute de toute la Suiffe. * Etat & Délices de la Suiffe, t. 2, p. 457.

TITTUA, ville de l'Inde, en deçà du Gange. Ptolomée, l. 7, c. 1, la donne aux Caréens, & la place dans les terres, entre Selur & Mantılur.

1. TITUA, ville de la Pamphylie, selon Ortelius, qui cite le concile de Constantinople, où l'évêque de cette ville est dit Tituenfis episcopus Pamphylia.

2. TITUA. Voyez SITUA.. TITUACIA, ville de l'Espagne Tarragonnoise. Ptolomée, 1.2, c.6, la donne aux Carpétains. Quelques-uns veulent que ce soit aujourd'hui Xetefe, & d'autres Bayonne. Voyez TITULCIA.

TITUENSIS, fiége épiscopal de la Pamphylie. Heraclides son évêque assista au concile tenu à Constantinople L'an 381.* Hardouin, Collect. conc. t. 1, p.816.

1. TITUL. Voyez au mot AD, article AD-TITULOS. 2. TITUL, bourgade de la Haute-Hongrie, dans le comté de Bodrog, sur la rive droite de Teisse, un peu au-dessus de l'endroit où cette riviere se jette dane le Danube. De l'Ifle écrit TITEL, au lieu de TITUL. On croit que c'est le Tibiscum des anciens.

TITULCIA, ville de l'Espagne Tarragonnoise. L'itinéraire d'Antonin la marque sur la route d'Emérita à Sarra-goce, entre Toletum & Complutum, à vingt-quatre milles de la premiere de ces places, & à trente milles de la seconde. Ce pourroit être la ville TITUACIA de Ptolomée. Voyez TITUACIA.

TITULITANUS, fiége épiscopal d'Afrique. La notice des évêchés d'Afrique la place dans la province Proconsulaire, & nomine son évêque Cresciturus. L'édition de Schelstrate porte néanmoins Titulianus, au lieu de Titulitanus, peut être eft ce une faute d'impreffion. Dans la conférence de Carthage, num. 126, Cresconius est qualifié episcopus plebis Tituli.

TITURIS. Voyez SUSACIS.

TITUS. Voyez TETUS.

1. TITYRUS, montagne de l'isle de Crete, dans la Cydonie, qui étoit une contrée ou une plage dans la partie occidentale de l'ifle, & qui prenoit son nom de la ville Cydonia. Hy avoit fur cette montagne un temple nommé Dictynnaum Templum. Selon quelques exemplaires, la montagne Tityrus & le temple étoient dans la ville Cydomia. * Strabon, l. 10, p. 479.

2. TITYRUS, nom d'un peuple ou d'un lieu d'Egypte.

C'est Joseph, contra Appion. qui en fait mention.

TITZINGEN, lieu d'Allemagne, dans la Suabe, au pays de Wurtemberg, à un mille de Canstatt, près de Gruningen. Quelques-uns en font une ville, & d'autres lui donnent le nom de village. * Zeyler, Topogr. Suev. pag. 99.

TIVA, ville d'Espagne, chez les Oretains, selon les exemplaires latins de Ptolomée, 1. 2, 6.6. Le nom de cette ville ne se trouve point dans le texte grec.

TIVE, TIFE OU TIVIOT. Voyez TIVIOT.

TIVICA, petite ville d'Espagne, dans la Catalogne, & dans la viguerie de Tarragone. Dans la montagne qui est près de cette ville, il y a une carriere d'une espéce do pierre d'onyx, qui est à peu près de la couleur d'un ongle d'homme, avec des veines qui ressemblent au jaspe & à la sardoine.

TIVIOT, TIVE OU TIFE, riviere de l'Ecosse méridionale, dans la province de Tiviotdale qu'elle traverse, & où elle se jette dans la Twede à la droite.

TIVIOTDALE, province de l'Ecosse méridionale, dans les terres, à l'ouest de Northumberland, au midi de la Twede. Elle est fertile en bleds & en pâturages, & nourrit entre autres une grande quantité de brebis. Les habitans ont toujours été bons guerriers, & ont souvent exercé leur valeur contre les Anglois. C'est par-là que les Scots de Buccleugh & les Kers ont élevé leurs familles. Jacques, fils naturel de Charles II, fut créé duc de Buccleugh en 1673. Jacques II lui fit trancher la tête en 1685. De son mariage, avec Anne Scot, sont sortis Henri Scot, comte de Delorain, son fils, & François Scot, comte de Dalketh, son petit-fils. Quant aux Kers, les principales familles de ce nom, sont celles de Cesford & de Farmherst. Le chef de la premiere, est le duc de Roxbourg, & le chef de l'autre, le marquis de Lothian. Elle est située le long de la riviere Tiviot, dont elle tire son nom, entre les provinces de Merch & de Teudale au septentrion, & celles d'Eskedail & de Lidisdail au couchant, & partie au midi, & celle de Northumberland au levant. Sa longueur eft d'environ trente milles, & fa largeur moyenne de douze. Cette province est presque toute environnée de montagnes, qui sont pour la plupart inaccessibles: elle n'a de lieu considérable que Jedburg petite ville, & les bourgs d'Hawick & de Kelso, celui de Roxburg ayant été détruit avec son château. Il y avoit autrefois dans cette province deux célébres abbayes, celle de Driburg & celle de Melrosfe. * Etat présent de la Grande Bretagne, t. 2, p. 234.

TIVIS ou TYVY, riviere d'Angleterre, au pays de Galles. Elle coule d'abord dans Cardiganshire, où elle mouille le bourg de Tregaron, ensuite elle sépare Cardiganshire de Carmardenshire & de Penbrokshire, & va enfin se jetter dans la mer d'Irlande. C'est le Tuerobis de Ptolomée, 1.2, c. 3.* Blaeu, Atlas.

TIULIT, ville d'Afrique, dans la province de Fez. C'est une ancienne ville bâtie par les Romains sur le sommet de la montagne Zarhon ou Zarahanun. La ville de TIULIT, que de la Croix, dans son histoire d'Afrique, nomme TITULIT, est fermée de bons murs de pierres de taille, qui ont plus de deux lieues de tour. Elle fut autrefois détruite par les habitans du royaume de Méquinez, & rétablie ensuite par Idris, pere du premier fondateur de Fez, qui en fit la capitale de toute la province, qu'on nommoit alors Bulibile; mais lorsque Fez eut été bâtie, & que la puissance de ses princes vint sur son déclin, elle déchut beaucoup de sa premiere splendeur, & fut détruite à la fin par le roi Josef, de la race des Almoravides, sans se repeupler depuis. Les habitans se sont répandus par toute la montagne, où ils se sont établis en divers lieux. Il ne reste donc que quinze ou vingt maisons autour de la mosquée, où demeurent quelques alfaquis, pour honorer une sépulture qui est en grande vénération parmi ces barbares, & où l'on va en pélerinage de toutes les provinces voisines. On croit que c'est le tombeau du premier Idris. Il y a au milieu de la ville deux belles fontaines, qui descendent dans les vallées où les Azuagues ont leurs habitations & leurs héritages. * Marmol, Description d'Afrique, 1. 4,

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, que

abbé de S. Germain des Prés, & en l'an 1240 sur ce qui fut représenté au légat Jacques, évêque de Palestrine, les revenus de l'infirmerie de cette abbaye étoient fort diminués, il ordonna que ceux de Tiverni seroient affectés au soulagement des malades. * Histoire de l'abbaye de saint Germain.

1. TIVOLI, en latin Tibur, ville d'Italie, dans la Campagne de Rome, à seize milles de la ville de ce nom, à douze de Frascati, & à pareille distance de Palestrine. Cette ville est située sur le sommet applati d'une montagne, tout auprès des hautes montagnes qui séparent la Sabine de l'Abruzze. Cette ville est plus ancienne que Rome, & étoit très-célébre par ses richesses, son commerce & ses forces; ses peuples étoient fiers & redoutables à leurs voifins. On l'appelloit communément Tibur la superbe, Superbum Tibur, & on conferve encore aujourd'hui cette devise autour des armes & du sceau de la ville. Dès l'an 400 de Rome, elle fut soumise par Camille; sa situation qui lui donne un air frais, sain, & la plus belle vue du monde, engagea les Romains d'y bâtir un grand nombre de maisons de plaisance, dont on voit encore bien des restes. La plus belle, la plus grande & la plus fameuse étoit celle de l'empereur Adrien. On appelle encore aujourd'hui le lieu où elle étoit villa Adriani. Entre quantité de restes qu'on y trouve sous terre, on admise la hauteur & la solidité des voûtes qui ont resisté au tems. Elles sont couvertes de terres labourables & labourées. Toutes ces voûtes sont en plein ceintre, il y a, en bien des endroits, des restes de petits carreaux verniflés, dont les murs étoient incrustés. On voit dans d'autres des carrés plus grands, qui probablement étoient garnis de marbre. Voyez l'article suivant. En approchant de Tivoli, on passe sur un pont appellé Ponte Lucano, où il y a un beau mausolée avec deux ou trois grandes inscriptions de Plautius Sylvanus consul Romain, l'un des sept intendans du banquet des Dieux, & à qui le sénat avoit accordé le triomphe pour les belles actions qu'il avoit faites dans l'Illyrie. On voit aussi dans la ville quel ques inscriptions & quelques masures. Dans la place il y a deux statues parfaitement belles, d'un beau marbre granite rougeâtre, moucheté de grosles taches noires, & dont il ne se trouve guère ailleurs de semblable. Elles représenrent toutes deux la déesse Isis adorée dans l'Egypte, d'où l'empereur Adrien les avoit apparemment fait venir pour servir d'ornement à sa maison de plaisance de Tivoli. Tivoli est à présent une ville médiocre, mal percée : les rues font fort inégales, hautes & bofsues, toutes mal pavées, sales, incommodes. Les maisons bourgeoises n'ont ni beauté, ni commodité; mais il y a un petit nombre de maisons à porte cochere appartenantes à des personnes riches de Rome, qui ont quelque apparence. La ville est assez peuplée, parce que la riviere de Teveronne a donné lieu d'y faire des moulins à papier, à valonnée, à cuivre, à forer & blanchir les canons de fufil, à fouler les étoffes. On y compte sept églises paroissiales, une église cathédrale, plusieurs couvens de religieux & de religieuses, deux hôpitaux, un collége de jésuites, un séminaire, un temple de la fibylle Tiburtine, & une forteresse qui consiste en un donjon carré, renfermé en quatre tours rondes. L'évêché de cette ville est de deux mille écus romains de revenu. Il est assez souvent rempli par des cardinaux auxquels le pape donne des bénéfices, s'ils n'ont pas un patrimoine suffisant. Le chapitre eft composé de seize chanoines, dont les prébendes se ressentent de la pauvreté de la manse épiscopale. Il y a outre cela quelques bénéficiers & une musique entretenue. L'église cathédrale est dédiée à saint Laurent. Le tableau du grand-autel représente ce saint étendu sur le gril. C'est un ouvrage d'un éleve d'Annibal Carache, que l'on estime avec beaucoup de raison. Cette église n'est pas fort grande: elle n'a point de bas côtés; mais feulement quatre chapelles de chaque côté, & un vestibule foutenu de colonnes de pierres qui lui sert d'entrée; elle est fort propre & affez ornée. Le chœur des chanoines est derriere l'autel qui est à la romaine, de maniere que ce tableau de saint Laurent, n'est pas directement sur l'autel; mais dans le fond du chœur. C'est le cardinal Roma, alors évêque de Tivoli, qui l'a fait bâtir, qui l'a ornée, & qui a fait faire le féminaire. * Labat, Voyage d'Italie, t. 3, p. 232 & fuiv.

La cascade de Tivoli est ce qui attire le plus de curieux en cette ville. C'est une chute précipitée de la riviere appel.

lée autrefois Lanius ou Lanio, & à préfent Teverone, dont le lit, d'une largeur aflez médiocre, se rétrecit en cet en droit de maniere, qu'il n'a qu'environ quarante à quarantecinq pieds de large. L'eau de ce fleuve est claire, nette & pure, quand il ne pleut point; mais pour peu qu'il tombe de la pluie, elle se charge de beaucoup de limon & de bourbe qui l'épaissit, la trouble & la rend malfaine. Sa premiere chute ou cascade est environ à dix toises au-dessus du pont, elle peut avoir cent quarante à cent cinquante pieds de hauteur. Le rocher qui sert de lit à la riviere, & d'où elle tombe en nappe, eft coupé à plomb comme un mur; elle se précipite sur des rochers inégaux, divisés en plusieurs pointes qui laissent entr'elles des vuides, & comme des chemins tortus & raboteux fort en pente, où l'eau se partage en une infinité de parcelles, comme une pluie déliée, sur laquelle le soleil dardant ses rayons, fait paroître une espéce d'arc en ciel à ceux qui sont dans une certaine situation. Il y a une autre chute ou cascade au-def. sous du pont moins considérable que la premiere, & une troifiéme encore plus petite; la riviere semble fe cacher tout-à-fait sous terre entre la seconde & la troifiéme chute. * Labat, Voyage d'Italie, t. 3, p. 237 & fuiv. t. 4, p. 1 & suiv.

On voit à la gauche de la riviere, sur une hauteur un peu au dessous du pont, les restes d'un petit temple rond, que le vulgaire croit avoir été le lieu de dévotion de la fibylle Tiburtine; des arcades qui font en partie sous ce temple, & en partie creufées dans le rocher, paffent pour les appartemens de cette prophétesse. Le temple étoit petit, rond, d'ordre corinthien : ce qui en reste fait connoître que l'architecture étoit très-correcte; la porte est encore entiere. Il y en a pourtant qui veulent que ce temple ait été dédié à Hercule, à cause d'une inscription qui s'est trouvée dans cette ville, & qui est consacrée à un Hercule Saxanus, c'est-à-dire, un Hercule du rocher, parce que son temple étoit sur le roc. Avant que la riviere se précipite & qu'elle fasse sa premiere chute, on en a tiré par des rigolles l'eau qui est nécessaire pour les besoins de la ville, & pour les différens moulins qui font aux environs; le premier est une forge où l'on travaille le fer & le cuivre.

Toute la montagne de Tivoli qui regarde la mer, la campagne & la ville de Rome, est couverte de beaux veftiges d'antiquité. On remarque encore sur le chemin, entre les oliviers, plusieurs entrées de canaux, dont la montagne avoit été percée avec un travail inoui, pour porter aux maisons l'eau de fontaine qu'on recueilloit du côté de Subiaco, & même beaucoup plus loin, comme il est aifé de le conjecturer par les restes des aqueducs qui sont encore fur pied; il y a des canaux creusés dans la montagne, qui ont près de cinq pieds de hauteur sur trois de largeur. Les jardins auffi-bien que les palais, que le cardinal Hippolyte d'Est fit faire, avec une dépense exorbitante dans le leiziéme fiécle à Tivoli, y attiroient autrefois les étrangers curieux, mais ils ne méritent plus guères qu'on se donne la peine de les aller voir. Ces jardins font fur le penchant de la montagne, partagés en trois ou quatre terrasses. On descend de l'une à l'autre par des escaliers ou par des routes en pente douce de différentes figures, foutenues par des murs, qui étoient dans le tems paffé ornés de statues & de vases. Dans les parteres il y a quantité de fontaines, de jets d'eau, des girandoles, qui diminuent pourtant tous les jours faute de réparations. Dans le palais qui eft fur la hauteur, il n'y reste à voir que quelques peintures à fresque. Ce bâtiment & les jardins se ressentent infiniment de fabfence du duc de Modène.

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Il est peu de lieux au monde où l'on trouve auffi aifément, & en si grande abondance, toutes fortes de matériaux pour bâtir. La pierre appellée Travertine on Travertin, & qu'on devroit appeller Tiburtine,, le trouve par tout le territoire de Tivoli, dans la plaine comme dans les montagnes, de telle groffeur & de telle longueur qu'on en a besoin. Il suffit de découvrir la terre, on la rencontre à fix à sept pieds, il n'y a qu'à suivre les veines. L'église de S. Pierre en est bâtie entierement, & tout ce qu'il y a d'édifices de pierre de taille à Rome. Cette pierre eft dure, on ne la peut travailler qu'à la pointe du ciseau & à la masse de fer; elle a le grain fin, elle est compacte & pesante, point du tout sujette à se délier, elle est capable de routes fortes de poids; l'air ne la ronge jamais, il faut pourtant faire choix des lieux d'où on la tire; car il s'eu

Tome V. DDdddd

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trouve qui est sujette à des clous & à des trous. Elle est grise pour l'ordinaire, presqu'aussi dure que le marbre, & presqu'aussi belle à la couleur près : quand on veut rendre l'ouvrage poli, on le travaille comme le marbre avec du grès, de l'eau & un morceau de la même pierre. La terre dans une infinité d'endroits est propre à faire des briques; aussi y a-t-il bien des briqueteries. La poussolane se trouve presque par-tout; elle est de même espéce que celle de Pouffol, auprès de Naples, qui lui a donné le nom; elle étoit connue & en usage dès le tems des anciens Romains; on ne se sert point d'autre sable, & rien au monde ne fait un meilleur mortier, plus dur & plus tenace, pourvu qu'on ait soin de le bien mouiller, &, pour ainsi dire, de le noyer pendant huit, dix & quinze jours, après qu'il a été mis en œuvre. La chaux est excellente: on en fait de travertin; on en tire de plusieurs terres, & les cailloux du Teverone en font aussi de très bonne.

Le terroir de Tivoli produit des vins excellents, des fruits délicieux & de très-bons grains; la viande y est tendre, graffe & délicate; le gibier d'un fumet exquis, le tout en abondance & à bon marché.

Voilà ce que les étrangers remarquent à Tivoli; mais il y en a peu qui se mettent en peine d'aller voir ce qui est de plus curieux à demi-lieue de-là. C'est un petit lac qui n'a que quatre à cinq cents pas de tour, mais extrêmement profond. L'eau en est fort soufrée, & produit un ruisseau, dont l'eau a la même qualité, & qu'on passe en allant de Rome à Tivoli. Cette eau charrie un limon, qui s'attache & s'endurcit dans le canal, & qui boucheroit bien-tôt le paslage, si l'on n'avoit soin de le nettoyer de tems en tems. L'air d'alentour est infecté de cette odeur soufrée, qui fait qu'on lui donne le nom de Solfatara, & l'on s'y vient baigner de Rome, pour la guérison de diverses maladies; mais ce n'est pas encore ce qu'il y a de plus remarquable. Sur ce lac, qui est appellé dans la carte de la Campagne de Rome, par le pere Kirker, le lac des isles flottantes; il y a, en effet, au milieu une douzaine d'illes qui flottent. Elles sont à fleur d'eau, toutes couvertes de roseaux, & elles ont de la solidité & de l'épaisseur; aussi le lac est-il profond, comme on en peut juger par le tems que demeurent à s'élever les bouillons que les pierres qu'on y jette pouffent en haut. La plus grande de ces isles a environ vingt-cinq pas de long & quinze de large : les autres font un peu moindres. Le peuple de Tivoli appelle ces isles des barquettes, parce qu'elles se peuvent gouverner comme des barques. La raison qu'on peut donner de ces isles flottantes, est, ce me semble, dit Spon, que ce lac érant produit par des sources d'eau soufrée, les bouillons qu'on y remarque, élevent du limon raréfié, par le soufre qui furnageant, & s'attachant avec des joncs & des herbages ⚫ qui s'amassent dans ce marais, se grossit peu à peu de sem blables matieres, & s'augmente par en bas; de forte que ces isles étant composées d'une terre poreuse & mêlée de ce soufre, cette terre se soutient de cette maniere sous l'eau, & produit des joncs, de même que les autres terres marécageuses. * Spon, Voyage d'Italie, liv. 1.

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Tivoli fut le lieu de la naissance du pape saint Simplice, au cinquiéme siècle; le lieu de la demeure & du martyre de S. Getule, mal nommé Zotique, de sa femme fainte Symphrose, leurs sept fils martyrs, & de S. Amance. Le pape Jean IX devoit aussi sa naissance à Tivoli. *Baillet, Topogr. des saints, p. 487.

2. TIVOLI. La maison de plaisance du duc de Modène, qu'on nomme la ville d'Est, bâtie par le cardinal Hippolyte d'Est, est un beau palais: il y a plusieurs chambres peintes à fresque, par les éleves de Raphaël, un grand jardin, de belles eaux & plusieurs statues anti

ques.

3. TIVOLI-VECCHIO, lieu d'Italie, sur le chemin de Tivoli à Frascati, en se détournant un peu à la gauche. Ce font les masures de Villa-Hadriani, que les paysans de ce quartier appellent TIVOLI-VECCHIO, le vieux Tivoli, ignorant que c'étoit seulement une maison de plaisance de l'empereur Hadrien. Les jésuites y ont converti en cellier un temple qui en dépendoir, & qui eft encore entier; il est carré par dehors & rond par dedans, & a cinquante pieds seulement de diametre; mais aux angles il a quatre réduits ménagés dans le mur, qui servoient, ou pour conserver les ornemens du temple, ou pour les y cacher dans la néceflité. On voit encore dans ce lieu deux

:

ou trois temples à demi détruits, & une partie des appartemens du palais, dont le dedans ne répond pas à l'idée d'un bâtiment vaste & magnifique, comme on nous le décrit. Ce font plusieurs petites chambres voutées de même grandeur, où il ne paroît point de cheminée. Du reste, l'empereur Hadrien, comme Spartian le rapporte, avoit bâti cette maifon de campagne d'une maniere si galante, qu'il y avoit imité & donné les noms des lieux les plus célébres du monde, comme du Lycée, de l'Académie, du Prytanée, du Portique, du canope d'Egypte & du Tempé de Thessalie. Ce ne seroit pas un petit embarras que de chercher à débrouiller tous ces lieux-là, aussi-bien que les fondemens de cette muraille, que le même empereur y avoit bâtie, & où l'on avoit le soleil d'un côté & l'ombre de l'autre; ce qui étoit aisé en la disposant du levant au couchant. Le bâtiment paroît tout de brique; mais il pouvoit être revêtu de marbre. Les statues d'Isis de marbre noir qu'on voit au palais de Maximis à Rome, ont été tirées de ce lieu. * Spon, Voyage d'Italie, liv. 1.

TIZ & Tız, nom d'une place forte du pays d'lemen, où est la demeure d'un prince particulier, selon le géographe Persien, dans fon premier climat. La campagne qui eft autour de cette place est verte en toutes les saisons de l'année, chose rare dans ce pays-là. La forteresse est bâtie fur la croupe d'une montagne fort élevée, qui a à son pied un port, vis-à-vis de celui de Comroum, qui est sur la rive occidentale du golfe Persique. Il y a des auteurs qui mettent certe place du même côté que Comroum, qu'on appelle aujourd'hui Benderabassi, le port d'Abbas, depuis que Schah Abbas l'a rétabli.* D'Herbelot, Biblioth. orient. p. 889.

TIZIENSIS, siége épiscopal d'Afrique, dans la Byzacene, felon la notice d'Afrique, qui fournit Honoratus, son évêque. * Hardouin, Collect. conc. t. 2, p. 873.

TIZILENSIS, fiége épiscopal d'Afrique, dans la province proconsulaire. Florentinus son évêque, souscrivit au concile de Carthage, de l'an 525. * Hardouin, Collect. conc. t. 2, p. 1082.

TIZIRAN, (Beni) montagne d'Afrique, au royaume de Fez, attachée à celle de Beni-Yerso, & peuplée de Barbares. Il y avoit autrefois des villes & des châteaux qui montrent encore par leurs ruines, qu'ils ont été bâtis par les Romains. Ces pauvres gens qui cherchent des trésors en la montagne de Tagat, en viennent encore chercher ici, & l'ont presque creusée par-tout, quoiqu'ils n'ayent pas été plus heureux en cet endroit que dans celui de Tagat. Il y a quantité de vignes & de grands bois d'arbres fruitiers, d'où naiffent plusieurs fontaines, dont l'eau est très-fraîche. On n'y recueille qu'un peu d'orge, & il y a fort peu de gros bérail, mais quantité de chévres. Les habitans font pauvres, & payent tribut aux seigneurs de Chéchuan. Ils font quelques mille combattans fort mal équipés, & tous à pied. * Marmol, Desc. d'Afrique, t. 2, 1.4,

c. 83.

TLACOLLULA, riviere de l'Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne, au gouvernement de Guaxaca. Elle a sa source auprès de Chilsiztlauaca, & ne porte point de navires, si ce n'est deux lieues au-deffus de fon embouchure, dans la riviere d'Ometepec, où elle se perd cinq lieues avant que celle-ci se décharge dans la mer du sud au port de Tecuanapa. * De Laet, Descript. des Indes occident. 1. s, C. 22.

TLACOMANA, riviere de l'Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne, au gouvernement de Guaxaca. Elle naît des montagnes d'Atoyaque & d'Amugan, à quinze lieues de la mer du Sud, & devient presque auffi-tôt capable de porter de petits vaisseaux. Son cours eft doux & paisible, & chemin faisant, elle arrose plusieurs bourgades d'Indiens. Elle se perd dans la riviere d'Ometepec, cinq lieues au-detlus de l'endroit où cette derniere va fe déchatger dans la mer du Sud. * De Laet, Descr. des Indes occid. 1.5, C. 22.

TLAPA, bourgade de l'Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne, au gouvernement de Mexico. Elle est voisine des bourgades de Coautruaguacal, Acapistla, Guastepéque, & Autepéque, qui font au fud de la ville de Mexico. Elle n'est séparée de ces bourgades que par de fort hautes collines & par de profondes vallées, abondantes en froment & riches en veines d'or, qui foutniffent aux habitans, qui en ramassent, de quoi payer leur tribut.

TLASCALA. Voyez TLAXCALLAN, 1°. 1 & 2. 1. TLAXCALLAN OUTLASCALA, (2) gouvernement de l'Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne, & dans l'audience de Mexico. Ce gouvernement, qui s'étend d'une mer à l'autre, est borné au nord oriental par le golfe du Mexique, au midi par le gouvernement de Guaxaca & par la mer du Sud, & au couchant par le gouvernement de Mexico. Le Tlaxcallan avoit anciennement cinquante lieues d'étendue, & sa ville principale étoit bâtie (b) dans un lieu extrêmement fort, environ à vingt degrés au nord de la ligne, dans une montagne entrecoupée de rochers, d'où elle fut nommée TEXCALLAN, qu'on changea depuis en TLASCALA, qui fignifie lieu de pain, à cause de la fertilité du pays & de la quantité de vivres, que les collines exposées au foleil & les vallées humides fournitloient. Il y avoit dans ces vallées une bourgade nommée Ocotelulco, où les Espagnols s'étoient placés au commencement, afin de pouvoir être plus ailément défendus de Maxicatzin, leur ami, qui com. mandoit à tout le pays; mais quand ils se virent en repos, ils descendirent aux bords de la riviere de Zahuatlé, pour être plus à portée d'instruire les naturels des principes de la religion chrétienne. (2) De l Isle, Atlas. (b) De Laet, Descr. des Indes occid. 1. 5, c. 16.

Les naturels du pays vivoient anciennement épars, ou dans quelques maisons entrecoupées de sentiers étroits & tortus. La plupart de ces maisons étoient faites de gazons, quelques-unes de bois, & peu de pierres ; mais toutes avoient de fort grandes chambres. Aujourd'hui ils imitent la maniere de bâtir des Espagnols: ils ufoient du langage mexicain & de celui des Oromis, parce qu'ils avoient pris ce peuple sous leur sauvegarde, après qu'il eut secoué le joug des Mexicains.

Quoique ce climat soir si chaux qu'on puisse y aller nud, le côté du nord eft cependant un peu froid. Quoiqu'il n'ait pas plus de quatre lieues de largeür & dix de longueur, il est fi fertile qu'il fuffit non-seulement aux habitans, mais aufli à leurs voisins. Cet espace de pays s'étend de l'est à l'ouest, & est peuplé de plusieurs bourgades. Vers le nord il est couvert de hautes montagnes continues, qui rasent les limites de cette province presque par-tout. Les Espagnols les nomment Cordillera, & il n'y en a point de plus hautes dans toute la nouvelle Espagne. On prétend qu'elles traverfent presque tout le nouveau monde; elles ont à peu près huit lieues de largeur, & sont si droites qu'on ne les peut habiter en plusieurs endroits. Ces montagnes qui divisent le pays en régions chaudes & en tempérées, & après lesquelles on descend infenfiblement dans une plaine qui s'étend jusqu'au golfe du Mexique, sont couvertes d'arbres de tous côtés, & nourriflent des lions, des tigres, des loups, des chiens fauvages, des serpens, des viperes, des bœufs & des vaches, que les Espagnols y ont menées, & qui, à la fin, font devenues sauvages. On voit aussi dans ces montagnes un nombre infini d'oiseaux, qui tirent vers le nord par bandes en certaine saison de l'année. Il n'y a point de doute que la terre n'y couvre des mines d'argent: on y trouve communément divers autres métaux. Les arbres qui croissent sur ces montagnes, sont des pins, des chênes de diverfes fortes, & des arbres qui rendent le copal & le liquidam. bar. On y recueille en divers endroits de la manne, mais d'un mauvais goût, & qui n'est pas propre à purger. Il y a dans ces inontagnes un grand nombre de bourgades fort agréables, & dont les habitans ne manquent d'aucune des choses nécessaires à la vie. Dans la province de Tlascala, ces montagnes font environnées de beaux côteaux, couverts jusqu'au fommet de hauts & gros arbres. A les regarder de loin on les croiroit teints d'une couleur bleue; ce qui fait que les Espagnols les nomment las faldas Azules.Ils ont dix-huit lieues de circuit. De ces montagnes descendent tous les torrens de la province, & il en fort aussi diverses fontai. nes dont les eaux font fort saines.

Les principaux lieux de cette province sont :

Tuspa,
Ilanos d'Almeria,

Sur le golfe du Torre Blanco,
Mexique,
Villa Rica,

La Vera-Crux, capitale,
Medellin.

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1.TLAXCALLAN ou TLASCALA, ville de l'Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne, dans le gouvernement auquel elle donne son nom. Voyez l'article précédent. Elle est située sur le bord d'une riviere, qui, fortant de la montagne appellée Atlancapétec, arrose la plus grande partie de la province, & va se rendre dans la mer du Sud par Zacatullan. Il y avoit dans la ville de Tlaxcallan quatre belles rues qu'on appelloit Tepetiepac, Ocotelulco, Tizatlan, Quiahuiztlan. La premiere est située sur un côteau, environ à une demi - lieue de la riviere; & ce fut là que commença le premier établissement qui fut fait fur un lieu élevé à cause des guerres, & c'est ce qui ocasionna le nom de Tepetiepac, qui veut dire une montagne ou un cô teau.* Thomas Gage, Relation des Indes occidentales, t. 1, p. 96.

La seconde est sur le côté de la montagne, vers la riviere. Cette rue étoit autrefois fort belle, & la plus habitée de toute la ville, & où étoit la place du principal marché & la maison où demeuroit Maxixca. On la nomma Ocotelulco, qui signifie un plant de pommes de pin, parce qu'il y avoit beaucoup de pins dans cet endroit. La troisiéme rue étoit sur le bord de la riviere; Xicotencalt, généralissime de toutes les troupes de la république y demeuroit. Elle s'appelloit Quiahuiztlan, à cause des eaux salées qui y étoient ; mais depuis que les Espagnols sont venus, tous ces bâtimens ont été changés, embellis & bâtis de pierres. La maison de ville & quelques autres édifices publics sont bâtis dans la pláine, sur le bord de la riviere, à peu près comme ceux de Venise. Il y a plusieurs places où se tiennent les marchés; mais la plus considérable & celle où est le plus grand abord, est dans la rue d'Orotelulco, qui étoit si fameuse autrefois, qu'on y voyoit venir vingt mille personnes dans un jour pour acheter & vendre en troquant une chose pour une autre; car ils n'avoient point l'usage de l'argent monnoyé. La rue de Tizatlan est aussi fort habitée. Dans celle d'Ocotelulco, il y a un couvent de religieux de saint François, qui sont les prédicateurs de la ville; ils ont une fort belle église qui joint leur couvent. De cette église dépendent environ cinquante Indiens, qui font tous chantres, organistes, joueurs d'instrumens. Dans les rues de Tepetiepac & de Quiahuiztlan, il n'y a que deux chapelles où les jours de dimanche & les jours de fête, les religieux de S. François vont dire la messfe.

La ville de Tlaxcallan étoit autrefois gouvernée par les plus nobles & par les plus riches habitans. Le gouvernement d'un seul leur paroissoit tyrannique, & dela naissoit leur haine pour Montezuma. En tems de guerre ils avoient quatre capitaines qui gouvernoient chacun une rue; ils choisissoient entre ces quatre celui qui devoit être leur généralissime, & celni-ci avoit encore sous lui d'autres gentilshommes, mais en petit nombre; ils étoient sous capitaines. Ils faisoient porter leur étendard à la queue de l'armée; mais quand il étoit question de donner bataille, ils le plaçoient dans un lieu où il pût être vu de toute l'armée, & celui qui ne se rendoit pas incontinent sous son officier, étoit condamné à une amende. Sur cet étendard il y avoit deux fdeches qu'ils révéroient comme des reliques de leurs ancêtres. Deux vieux soldats braves & du nombre des anciens capitaines, étoient chargés de le porter; ils observoient en cela une espèce de superstition. Pour connoître si le succès du combat leur seroit heureux ou malheureux, ils tiroient une de ces fleches contre le premier des ennemis qu'ils rencontroient, & fi la fleche le tuoit ou le blessoit, ils se tenoient assurés de la victoire; au contraire, ils se croyoient vaincus si l'ennemi n'étoit ni tué ni blesle,

La province ou la seigneurie de Tlaxcallan avoit dans sa dépendance vingt huit bourgades, qui renfermoient cent cinquante mille chefs de famille. Leur dieu principal étoit Camaxtlo ou Mixconalt, dont le temple étoit dans la rue d'Ocotelulco, & on lui sacrifioit au moins huit cents person. nes tous les ans. Comme ils étoient fort portés à l'yvrognerie, ils avoient aussi pour le vin un dieu qu'ils nommoient Ometochtli. Le dieu de l'eau étoit appellé Metalcucie, d'une montagne ronde de ce nom, , située à deux licues de la ville, de six mille pas de hauteur, de cent quarante mille de cire Tome V. DDddd dij

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