cuit, & fur laquelle il y a toujours de la neige; on la nomme présentement la montagne de Saint Barthelemi. On parle trois langues différentes dans Tlaxcallan; la premiere, qui est la langue de la cour & la principale de tout le Mexique, est appellée Nahuahl: la seconde Otoncir, & l'on s'en fert ordinairement dans les villages. Il n'y a qu'une seule rue où l'on parle pinomer, qui est le langage le plus groffier. La ville est aujourd'hui habitée par des Espagnols & par des Indiens. C'est le siége d'un président ou principal officier de justice, qu'on envoye d'Espagne de trois en trois ans; on l'appelle alcalde-major. Son pouvoir s'étend sur les villes & villages qui font à vingt lieues à la ronde; il en nomme d'autres tous les ans appellés alcaldes, regidors & alguazils. Ce font des officiers supérieurs & inférieurs, pour l'administration de la justice: il a soin de les tenir en bride. Il y avoit anciennement, comme il y a encore aujourd'hui, une fort bonne police dans la ville, & diverses sortes d'artisans; on y trouve des orfévres, des plumassiers, des barbiers, des étuvistes & des potiers qui font de très-belle vaisselle de terre. Ces Indiens font tous bien faits & bons soldats; ils n'ont point d'autres richesses que le gland ou le bled qu'ils appellent centli, de la vente duquel ils retirent de quoi s'habiller & les autres choses nécessaires. La terre est graffe & fertile, & propre pour le bled, les fruits & les_pâturages; car il croît tant d'herbes parmi les pins, que les Espagnolsy font paître leur bétail. L'EVICHÉ DE TRASCALA situé entre l'archevêché de Mexique & l'évêché de Guaxaca, a plus de cent lieues de longueur d'une mer à l'autre; on lui donne quatre-vingts lieues de largeur du côté qui touche la mer du Nord ou le golfe du Mexique, & dix-huit lieues du côté de la mer du Sud. Outre la province de Tlascala, il renferme celles de Tepeaca & de Zempoala. La principale ville de ce diocèse est appellée par les Espagnols Puebla de los Angeles, & l'on y a transféré l'église cathédrale, qui, jusqu'en 1550, avoit été à Tlascala. Herrera dit que dans cet évêché on compte plus de deux cents bourgades principales d'Indiens, & plus de mille petits villages, & qu'il y a plus de cent cinquante mille Sauvages qui payent tribut; ces bourgades sont divisées en trente-fix classes, dont chacune est gouvernée par quelques prêtres, outre trente maisons de dominicains, de cordeliers & de religieux de l'ordre de saint Augustin. * De Laet, Description des Indes occidentales, l. 2, c. 6. TLAXCO, province de l'Amérique septentrionale, dans la nouvelle France, selon de Laet, Description des Indes occidentales, 1.5, c. 5. En tirant, dit-il, de la métropolitaine du Mexique vers Altacabaya & les montagnes, on vient premierement à Alapulco & à Xalaraca, à fept lieues de la ville. On rencontre plus loin la province de Tlaxco, où il y a quantité de colonies d'Espagnols auprès d'une riche mine d'argent, & il y a auffi de belles mines de fer. Cette province, ajoute de Laet, est vers le sudouest; par-là on va à la mer du Sud, au travers de plusieurs bourgades. De l'Isle ne diftingue point cette province qui doit être dans la partie orientale du Mechoacan. TLETES, nation de l'Iberie en Europe, c'est-à-dire, de l'Espagne, felon Etienne le géographe. Il ajoute qu'elle habitoit aux environs des Tartessiens. Cet auteur diftingue les TLETES des GLETES; mais, comme l'ont fort bien remarqué Is. Voslius, in Melam. 1. 3, c. 1, & Berkelius, in Steph. Etienne le géographe s'est servi d'un exemplaire corrompu de Théopompe, qu'il cite pour garantir le mot Tletes, ou du moins il n'a pas fait attention que les lettres r & T sont sujettes à être prises l'une pour l'autre par les copistes. La fituation qu'il donne à ces peuples, pour peu qu'il y eût fait attention, auroit dû lui faire soupçonner que les GLETES & les TLETES étoient le même peuple; car il donne les premiers pour voisins des Cynetes, & il place les TLETES au voifinage des Tartessiens; or, les Cynetes & les Tarteffiens étoient deux peuples limitrophes des GLETES, felon Hérodote, qu'Etienne le géographe lui-même cite au mot ΓΛΗΤΕΣ, & dont le passage en question nous a eté confervé par Constantin Porphyrogenète; on y voit que les GLETES habitoient entre les Cynetes & des Tarteffiens, du côté du nord. Quelquefois au lieu de GLETES on écrivoit IGLETES, & l'on trouveroit une infimité de noms grecs où la lettre / est, ou ajoutée, ou bien 1. TLOS, ville de l'Asie mineure, dans la Lycie, selon Strabon, l. 14, p. 665, qui la met dans le passage même de la montagne de Lycie, du côté de Cibyra; elle eft comptée par Prolomée, 1.5, 6.3, au nombre des villes méditerranées de la Lycie, & qui se trouvoient au voisinage du mont Cragas. Selon Etienne le géographe, la ville de Tlos tiroit son nom de Tlos, ou plutôt Tlous, fils de Tremyle ou Tremiles, & de la nymphe Praxidice. Cette ville étoit épiscopale. Andreas son évêque, souscrivit au concile de Chalcedoine de l'an 451, & à celui de Rome tenu en 503.* Hardouin, Collect. conc. t. 2, p. 370 & 287. 2. TLOS, ville de Pisidie, selon Etienne le géographe. TMARIUM, montagne de l'Arcadie. Il en est parlé dans le lexicon de Phavorin. TMARUS , montagne de l'Epire, dans Thesprotie. Strabon, 1. 7, p. 328, qui dit qu'on la nommoit auffi TAMARUS, TOMARUS, met un temple au pied de cette montagne. Pline & Solin écrivent pareillement TOMARUS. Etienne le géographe nous apprend qu'on disoit encore TOMURUS, ce qui est confirmé par le témoignage d'Eustathe, ad Odyff. 11. C'est du nom de cette montagne que Jupiter est surnommé Tmarien par Hésyche. Callimaque, Hymn. in Cer. v. 52, fait mention de cette montagne. Montibus in Imariis virum aspicit Leana. Les cent fontaines qui naissoient au pied du mont Tmarus, font célébrées par Théopompe, cité par Ortelius. TMESCHEDE, ville d'Allemagne, dans le comté d'Arensberg, qui appartient aux archevêques de Cologne: elle est sur la riviere de Roer, à deux lieues de la ville d'Arensberg. TMOLUS, montagne de l'Asie mineure, dans la grande Phrygie, & sur un des côtés de laquelle étoit bâtie la ville de Sardis. Homere, Catalog. v. 373, dit que les Méoniens étoient nés au pied du Tinolus. · Οἱ καὶ Μήνοας ἡγον ὑπὸ Τμώλω γεγαώτας. Qui & Meonas adduxerunt fub Tmolo natos. Denys le Périgéte, v. 830, donne au Tmolus l'épithéte de Ventosus. D'autres ont vanté cette montagne comme un excellent vignoble. Virgile, Georg. l. 2, v. 97, dit : Sunt etiam Amminea vites, firmissima vina, Et Ovide, Metam. l. 6, v. 15, s'exprime ainsi : Deferuere fibi nymphe vineta Timoli. Ovide n'est pas le seul qui ait dit TIMOLUS pour TмоLus. Pline, 1.5, 6.29, nous apprend que c'étoit le nom ancien de cette montagne, qui antea Timolus appellabatur. Son sommet, selon le même auteur, l. 7, c. 48, se nommoit TEMPSIS. Galien fait du Tmolus une montagne de Cilicie, & parle du vin Tmolite, ainsi appellé de la montagne qui le produisoit. C'est toujours du même TMOLUS, dont il est question, il pouvoit être placé dans la Cilicie, parce qu'on voit dans Strabon, que les Ciliciens habiterent autrefois dans le quartier où est le mont Tmolus. Le fameux fleuve Pactole avoit sa source dans cette montagne Bozdag, c'est-à-dire, montagne de Joie. Il y avoit au pied de cette montagne une ville nommée Tmolus, qui fut renversée par un tremblement de terre, qui renversa celles d'Ephése, de Philadelphie & de Temnus, la cinquiéme année du régne de Tibere, & cet empereur les fit rebâtir, comme on le voit par la base de la statue colossale de cet empereur à Pouzzol. TMORUS. Cédréne donne ce nom à un des sommets des monts Cérauniens, dans l'Epire, & au lieu de TмоRUS Gabius, lit IMORUS, dans la version de Curopalate. Il y a apparence que les uns & les autres veulent parler du Timarus. TNYSSUS, ville de la Carie, selon Etienne le géographe, qui cite Hécatée. TO, colline de la Chine, dans la province de Quangli, au territoire de Pinglo, quatrième métropole de la province, près de la ville de Sieugin. Cette colline qui approche d'une montagne par sa hauteur, est inaccessible au dehors; mais la nature a formé au dedans un escalier en colimaçon, par où l'on peut monter jusqu'au haut. * Atlas Sinenfis. TOACE OU TOAX. Voyez GRANIUS. TOAM OU TUAM & TOWMOND, en latin Tuama, Tuanum, Tuvomontium, Thuetmonia, ville d'Irlande, dans la province de Connaught, dont elle a été la capitale, au comté de Galway, à sept milles des frontieres de Mayo; on la nommoit autrefois Tuaimda Galand. Cette ville, qui est le siége d'un archevêque, & qui a été célébre autrefois, n'est aujourd'hui qu'un simple bourg, qui donne le titre de vicomte au lord Richard Wenman. Les évêchés de Mayo & d'Enagh-downe lui ont été réunis. Ce bourg fut brulé par les Anglois en 1691, avec l'église cathédrale. Il est à vingt milles de Galloway, au nord. L'archevêché de Toam a pour suffragans les évêques d'Elphin, de Clonfert, de Killala. * Etat présent de la grande Bretagne, t. 3, p. 29. L'évêché d'Elphin a été supprimé, ainsi on ne peut pas dire qu'il soit fuffragant de Toam, qui a réellement pour fuffragans Clonfert, Galloway, Killalo, Killalow & Athlone. TOANA, ville de l'Inde, en-deçà du Gange. Ptolomée, l. 7, c. 1, la donne aux peuples Nanicha, & la marque à l'orient du fleuve. TOANI, peuple de l'Arabie heureuse. Pline, 1.6, 6. 28, le place aux environs du détroit du golfe Arabique. TOAUX, peuple errant dans l'Amérique septentrionale de la Louisiane. Il se trouve entre la riviere sainte Therefe, ou la Maligne, & la riviere des Cenis. C'est sans doute le même peuple que la relation de la Salle, dans ces contrées, appelle Tohaha, ou bien les Tohans, qui se trouve sur la même route, & dont le nom differe si peu, qu'apparemment ces trois noms sont d'un seul peuple. TOB, pays de TOB, de TUBIN, ou des TUBIENIENS, pays situé au delà du Jourdain, dans la partie la plus septentrionale du partage de Manaffé. C'est dans le pays de Tob que (3) Jephte, chassé par ses freres, se retira. Ce pays est nommé TUBIN, dans le premier livre des Machabées, c.5, 13, & les Juifs de ce canton (b) sont appellés TUBIANÆMI OU TUBIANANI. (2) Judic. II, 5, 4. (b) II Mach. 12, 17. a TOBAR, bourg d'Espagne, dans la vieille Castille, dans une plaine, aux confins de Castrogeriz, à sept lieues de Burgos. On y recueille quelque peu de bled: on y éleve du bétail, & on y trouve du gibier. Le comte Ferdinand Gonzales peupla ce bourg en 950, après qu'il l'eut gagné fur les Maures ; & le roi Ferdinand III le donna à Sanche Fernandez de Tobar.* Silva, Poblac. de la España, p. 54. TOBARIA, bourgade d'Espagne, dans l'Andalousie, sur un terrein creux, qui produit du bled, du vin, de l'huile & des fruits. Les mûriers, qui y font, nourriffent une grande quantité de vers à foie. Il y a dans ce bourg, outre la paroiffe, un couvent de cordeliers. On prétend que c'est l'ancienne Turbula ou Tremula. TOBAS, nation Indienne du Chaco, dans l'Amérique septentrionale. Elle est fort nombreuse, & occupe un trèsgrand pays, qui s'étend depuis la frontiere du Tucuman, bien avant à l'orient. Ces Indiens sont aussi les plus braves du Checo, & ont souvent fort incommodé les Espagnols. TOBAT, nom d'un pays qui s'étend entre les Indes, la Chine & le Turquestan. On l'appelle communément le Tibet. Ogtaï Caan, fils de Ginghizkhan & son successeur, envoya Saksin & Ilgar, ses capitaines, pour subjuguer ce pays là. Cette entreprise leur réuflit; car les Tartares ou Mogols, pénétrerent de-là jusqu'à la Chine, & la conquirent entierement. * D'Herbelot, Bibliotheque orientale, p. 889. TOBATA, ville de la Paphlagonie. Ptolomée, 1.5, 6.4, la marque dans les terres. TOBEL, commanderie de l'ordre de Malte, dans la Suiffe, au pays de Thourgau. Elle fut fondée en 1228 par le comte Diethelm de Toggenbourg. Elle se trouve à moi tié chemin entre Frawenfeld & Bischofszell.* Etat & Délices de la Suisse, t. 3, p. 130. TOBELICUM. Voyez TRITIUM. TOBISO, petite ville du Pérou, dans la province de los Charcas. TOBITSCHAW, petite ville d'Allemagne, dans la Moravie, près de la Morawa, entre Olmutz & Cremfir, au voisinage de Kojetin & Prostnitz. Il y avoit autrefois un château fortifié, que le général suédois Torstensohn fit fauter en l'air en 1643. TOBIUS, fleuve de la Grande Bretagne. Ptolomée, 1.2,6.3, marque son embouchure sur la côte occidentale entre le promontoire Octapitarum & l'embouchure du fleuve Ratostathybius. Le nom moderne est Towey, selon Cambden. 1. TOBOL, riviere de l'empire Russien, dans la Sibérie. Elle donne son nom à la ville de Tobolsca, dont elle arrose la partie occidentale. Il se rend dans le Tobol une autre riviere, qui vient du nord, & qui tombe du haut d'une montagne, près des côtes de la mer. Les Sau vages la nominent TAFFA, & les Moscovites ont depuis peu bâti sur ses bords une ville nommée PELUN, selon la nouvelle carte de l'empire Ruffien. Selon cette même carte, le Tobol a sa source dans les montagnes qui font aux confins de la Sibérie & de la grande Tartarie. Cette riviere coule d'abord du nord au midi, elle tourne insensiblement du côté de l'orient, & va se perdre dans l'Irtis à Tobolskoi. Les principales rivieres que reçoit le Tobol font l'Iséet, la Nevia, accrues des eaux du Reesch & de la Tura, & le Pelun. Ces rivieres se jettent toutes dans le Tobol à la gauche. Le Brun, dans son voyage du Levant, tom. 3, p. 332, remarque que le rivage de cette riviere est bas & sujet dans le printems aux inondations; & qu'elle fournit toutes fortes de bon poisson. 2. TOBOL, TOBOLSKE OU TOBOLSKOI, TOBOLSCA, ville de l'empire Russien, dans la Sibérie, dont elle est la capitale, à quatre cents lieues au levant de Petersbourg, & à cent soixante au midi de Beresow. Elle est située, d'un côté, sur la rive droite de la grande riviere nommée Yrtis, qui se jette dans l'Obi; & la riviere Tobol, qui se perd dans l'Yrtis, & qui donne son nom à la ville, la mouille d'un autre côté; de forte que Tobolsca se trouve au confluent de ces deux rivieres. Cette ville est bâtie sur une montagne, dont le pied, aussibien que le rivage de l'Yrtis, sont habités en partie par des Tartares Mahometans, & en partie par des Ruffiens. C'est à Tobolsca, la résidence du vice-roi, que toutes les villes du pays envoient chaque année leur tribut; & quand ils font tous payés, on les envoie à Moscou sous une bonne escorte. Le gouvernement est fort sévere, & tous les autres. gouverneurs de la Samoïede & de la Sibérie font obligés d'obéir au vice-roi. Il se fait à Tobolsca un grand trafic de marchandises qu'on apporte de Moscovie. Il y vient même des Tartares du Sud, & du fond de la Tartarie, aussi-bien que divers autres peuples. Cet abord s'augmente de jour en jour; ce qui produit un grand avantage aux Moscovites qui ayant acquis ce pays sans guerre, & l'ayant incorporé dans leur empire par des voies de douceur, & du consentement des habitans, semblent n'avoir rien à craindre de ce côté-là, les peuples leur étant très-affectionnés. L'expérience a appris aux Moscovites que pour établir une nouvelle domination, & pour civiliser des peuples sauvages, il faut les traiter avec humanité. * Description de la Sibérie, inférée dans les voyages de la compagnie, t. 1, p. 236, édit. de Rouen, latitude sot s'. TOBOLSKE, ou TOBOLSKOI. Voyez 2. TOBOL. TOBRUS, ville de l'Afrique propre. Elle est marquée par Ptolomée, 1. 4,6.3, au nombre des villes qui font entre la ville Thubraca & le fleuve Bagradas. Simler croit que c'est le Tuburbum de l'itinéraire d'Antonin; & Velfer veut que ce soit le Tubo de la table de Peutinger. TOBULBA, ville d'Afrique, au royaume de Tunis, sur la côte, à quatre lieues de Monester. Marniol, Descript. d'Afrique, t. 2, 6. 27, en parle ainsi: Tobulba est une ville bâtie par les Romains. Elle étoit autrefois riche & fort peuplée, parce qu'elle a un grand territoire, avec quantité d'oliviers, qui rapportent beaucoup d'huile. Elle a suivi la fortune de Suze, de Monester & d'Africa, & elle a été à la fin fi fort incommodée des guerres & des courses des Arabes, qu'elle s'est presque toute dépeuplée. Aujourd'hui DDdddd iij ceux qui y demeurent vivent comme des religieux. Ils reçoivent tous les étrangers qui y arrivent, & leur donnent, dans un grand logis, tout ce qui leur est nécessaire. Par-là, ils se mettent à l'abri des infultes des Arabes, des Tanifiens, & des Turcs, parce qu'ils les reçoivent bien, & les traitent tous également. Ptolomée marque cette ville à 36d s' de longitude, & à 32d 40 de latitude, sous le nom d'Aphrodifie. TOCANTINS, riviere considérable de l'Amérique méridionale. Elle descend des mines du Bresil, presque à la même distance que celle de Topayos, & vient se rendre dans le canal formé par les rivieres de Bocas & de Muju, & qui sépare la terre ferme du Pará d'avec l'isle de Joanes. Cette riviere, aussi large que celle de Bocas, se remonte aussi loin que celle de Topayos & de Xingu. Elle apporte des mines du Bresil quelques fragmens parmi son sable. * Voyage en Amérique par M. de la Condamine. TOCAS, ville d'Afrique, selon Diodore de Sicile. TOCAT on ToCCAT, ville de la Turquie Asiatique, dans l'Amafie. Elle est dans les terres, sur le bord du fleuve Tosanul, au pied d'une assez haute montagne: elle est beaucoup plus grande & plus agréable qu'Erzeron: ses maisons font mieux bâties: la plupart sont même à deux étages. Elles occupent le terrein qui est entre des collines fort escarpées, & la croupe de ces mêmes collines, en maniere d'amphithéâtre; en forte qu'il n'y a pas de ville au monde dont la situation soit plus finguliere. On n'a pas même négligé deux roches de marbre, qui font affreuses, heriffées, & taillées à plomb, car on voit un vieux château sur chacune. Les rues de Tocat sont affez bien pavées, ce qui est rare dans le Levant. Je crois que c'est la nécessité qui a obligé les bourgeois à les faire paver, de peur que les eaux de pluie, dans le tems des orages, ne découvrissent les fondemens de leurs maisons, & ne fiflent des ravins dans les rues. Les collines sur lesquelles la ville est bâtie, fournissent tant de sources, que chaque maison a sa fontaine. Malgré cette grande quantité d'eau, on ne put éteindre le feu, qui consuma, vers le commencement de ce siècle, la plus belle partie de la ville & des fauxbourgs. Plusieurs marchands en furent ruinés: on l'a rebâtie depuis, & les marques de l'incendie n'y paroissent plus. On trouve affez de bois & de matériaux autour de la ville. * Tournefort, Voyage du Levant, t. 2, p. 173. Il y a dans Tocat un cadi, un vaivode, un janissaireaga, qui a sous lui environ mille janissaires, & quelques spahis. On y compte vingt mille familles turques, quatre milles d'Arméniens, trois ou quatre cents de Grecs, douze mosquées à minaret, une infinité de chapelles turques. Les Arméniens y ont sept églises, les Grecs n'ont qu'une méchante chapelle: ils se vantent qu'elle a été bâtie par l'empereur Justinien. Elle est gouvernée par un métropolitain, dépendant de l'archevêque de Niesara, ou mieux Neocafarea, ancienne ville, presque ruinée, à deux journées de Tocat. Outre les soies du pays, qui sont assez considérables, on confume tous les ans à Tocat huit ou dix charges de celles de Perse. Toutes ces foies s'emploient en petites étoffes, en soie à coudre, ou à faire des boutons. Ce commerce est assez bon; mais le grand négoce de Tocat est en vaisselle de cuivre, comme marmites, tasses, fanaux & chandeliers, que l'on travaille fort proprement, & que l'on envoie ensuite à Constantinople & en Egypte. Les ouvriers de Tocat tirent leur cuivre des mines de Gumiscana, qui sont à trois journées de Trebisonde, & de celles de Castamboul, qui font encore plus abondantes, à dix journées de Tocat, du côté d'Angora. On prépare en. core, à Tocat, beaucoup de peaux de maroquin jaune, que l'on porte par terre à Samson, sur la mer Noire, & de-là à Calas, port de la Valachie. On y porte aussi beaucoup de maroquins rouges; mais les marchands de Tocat les tirent du Diarbec & de la Caramanie. Les toiles peintes de Tocat ne sont pas si belles que celles de Perse; mais les Moscovites & les Tartares de la Crimée s'en contentent. Il en passe même en France; ce sont celles qu'on y appelle toiles du Levant. Tocat & Amafia en fournissent plus que tout le reste du pays. Il faut regarder Tocat comme le centre du commerce de l'Asie mineure. Les caravanes de Diarbequir y viennent en dix-huit jours, & un homme à cheval fait le chemin en douze. Celles de Tocat à Synope eu mettent fix, & les geus de pied y vont en quatre. De Tocat à Prusse, les caravannes en emploient vingt, & les gens à cheval y arrivent en quinze. Celles qui vont en droiture de Tocat à Smyrne, sans passer par Angora ni par Prufse, sont vingtsept jours en chemin, avec des mulets & quarante avec des chameaux ; mais elles sont exposées à être volées. Tocat dépend du gouvernement de Sivas, où il y a un bacha & un janissaire-aga. Tous les Grecs du pays prétendent que l'ancien nom de Tocat étoit Eudoxia ou Eutochia. Ne seroit ce point la ville d'Eudoxiane, que Ptoloméé marque dans la Galatie Pontique? Paul Jove appelle Tocat Tabenda; apparemment qu'il a cru que c'étoit la ville que cet ancien géographe appelle Tebenda. On trouveroit peutêtre le véritable nom de Tocat sur quelques-unes des inscriptions qui font, à ce qu'on dit, dans le château; mais les Turcs n'en permettent pas aisément l'entrée. La campagne de Tocat produit de fort belles plantes, & sur tout des végétations de pierres, qui sont d'une beauté surprenante. On trouve, en caffant des cailloux & des morceaux de roches creuses, des crystallifations tout-à-fait ravissantes. Il y en a qui sont semblables à de l'écorce de citron confite: quelques-unes ressemblent fi fort à la nacre de perle, qu'on les prendroit pour ces mêmes coquilles pétrifiées. Il y en a de couleur d'or, qui ne différent que par leur dureté, de la confiture que l'on fait avec de l'écorce d'orange coupée en filets. Tournefort remarque que la riviere qui passe à Tocat n'est pas l'Iris ou le Catalmac, comme les géographes, sans en excepter de l'Ifle, le supposent; mais que c'est le Tosanlu, qui passe auffi à Néocésarée ; & c'est sans doute le Lycus dont Pline a fait mention, & qui va se jetter dans l'Iris. Cette riviere fait de grands ravages dans le tems de pluie, & lorsque les neiges fondent. On assure qu'il y a trois rivieres qui s'uniffent avec Amasia, le Couleifar-fou, ou la riviere de Chonac, le Tosanlu, ou la riviere de Tocat, & le Casalmac, qui retient son nom jusqu'à la mer. A deux milles de Tocat, dit Tavernier, il y a un gros village nommé Charkliqueu, habité par des chrétiens, dont la plupart sont tanneurs, & à deux milles de ce village, on voit une groffe roche au milieu d'une campagne. Quand on y est arrivé, on monte, du côté du levant, huit ou neuf degrés, qui conduisent à une petite chambre, où il y a un lit, une table & une armoire, le tout taillé dans le roc. Du côté du couchant, l'on monte cinq ou fix degrés, qui mènent à une galerie de fix pieds de long, & de trois de large, le tout encore taillé dans le roc. Les chrétiens du pays assurent que cette roche a servi de retraite à faint Jean Chryfoftome, pendant son exil; que de cette galerie, il faisoit ses exhortations au peuple, & que dans sa petite chambre, il n'avoit pour matelas & pour chevet que le roc même, où l'on a pratiqué la place d'un homme, pour s'y reposer. Les marchands chrétiens faisant toujours le plus grand corps dans les caravanes, elles s'arrêtent ordinairement deux ou trois jours à Charkliqueu, pour leur donner le tems d'aller faire leurs dévotions à cette roche, où l'évêque du lieu, suivi de quelques prêtres, chacun un cierge à la main, va dire la mefle. Avant le dernier incendie, entre plusieurs mosquées, il y en avoit une magnifique, qui paroissoit toute neuve, & on voyoit auprès un fort beau caravansera. Les chrétiens avoient douze églifes à Tocat, où réside un archevêque, qui a sous lui sept suffragans. Il y a quatre couvens, deux d'hommunes & deux de filles. Jusqu'à quatorze ou quinze lieues aux environs, ce sont tous chrétiens Arméniens, parmi lesquels il y a fort peu de Grecs. La plupart font gens de métiers, & presque tous forgerons. Tocat, avec fes dépendances, est l'appanage des sultanes meres. On y boit à bon marché, le vin y eft excellent, & on y a toutes sortes de fruits en abondance. TOCAYMA ou TOCAIMA, ville de l'Amérique méridionale, dans la terre ferme, au nouveau royaume de Grenade. Elle est bâtie sur le bord de la petite riviere de Pati, un peu au-dessus de l'endroit où elle se jette dans la riviere de la Magdeléne, à l'occident de Santa-Fé. Cette ville, selon de Laet, Descr. des Indes occid. liv. 9, ch. 3, jouit d'un air sain, sec, ferein & le plus souvent clair mais trop chaud pendant le jour, quoique tempéré & un peu frais le matin, du moins la plus grande partie de l'année. Le terroir des environs abonde en oranges, en figues, en dattes & en toutes fortes d'herbes & de plantes de l'Europe. Il y a beaucoup de vignes, auffi-bien que de cannes de fuere. On y moiffonne du froment deux fois l'année aux endroits les plus hauts & les plus froids, & du maïs presque par-tout. Les vaches & les jumens y trouvent de bons pâturages; mais le bétail y est souvent exposé aux ours, aux tigres & aux lions. Près de la ville, il y a une vallée, où font des fontaines, dont les eaux, qui sont salées, laiffent, fur les plantes qu'elles arrosent, une espéce de bitume, avec quoi les Sauvages poiffent leurs canots. Il y a aussi des bains chauds, qui guérissent plusieurs maladies; &, ce qui est surprenant, ils font entre deux torrens fort froids. Les fommets des montagnes voisines, qui sont fort hautes, font couverts d'une neige fort épaiffe, qui ne fond jamais. Les naturels de cette contrée sont de la nation des Panchez. Ils ont un petit front, & font fort redoutés de leurs voisins. Ils vont presque nuds, & mangeoient autrefois de la chair humaine. * De l'Isle, Atlas. TOCHARI, peuple de l'Inde, dont parle Tzetzes, Chiliad. 22, num. 388. Denys le Périégete, vers 752, & Euftathe en font une nation Scythe. Pline, 1.6,617, met les TOCHARI dans la Persique, & Ptolomée, l. 6, c. II, dans la Bactriane. Les interprétes de ce dernier lisent THOCARI pour TOCHARI, & Festus Aviénus fuit la même orthographe. Voyez COLCHATARII. TOCHEN, montagne de la Chine, dans la province de Xenfi, dans le territoire de Jengan, huitiéme métropole de la province, & au voisinage de la ville d'Ienchang. Cette montagne est très-escarpée. Une poignée de monde pourroit s'y défendre contre une multitude d'affaillans. Sur le haut de cette montagne, il y a une plaine peuplée de villages. * Atlas Sinenfis. TOCKENBOURG, comté de la Suisse, dépendant de l'abbaye de saint Gall. C'est un pays long & étroit, entre de hautes montagnes, faisant à peu près la figure d'une jambe. Ce pays avoit autrefois des feigneurs particuliers, avec titre de comtes, dont le dernier, nommé Frédéric, n'ayant point d'enfans, accorda à ses sujets, avant sa mort, de si grands priviléges, qu'il les rendit, en quelque maniere, un peuple libre. Il leur donna entre autres la liberté de faire des loix municipales, pour leur gouvernement, de choisir leurs magistrats & autres officiers, & d'entrer ensemble dans une association pour leur défense, & tous ceux du pays firent ferment de la maintenir. Pour affurer & affermir ces priviléges, il leur permit d'entrer dans un traité de combourgeoisie avec les cartons de Schwitz & de Glaris, afin d'engager ces cantons à les foutenir dans leur droit, en qualité de combourgeois. Par tous ces réglemens, la fouveraineté fut tellement diminuée, qu'il n'en resta presque à son successeur que le droit de recueillir les revenus, qui font partie des régales, avec le droit d'obliger ses sujets à le servir dans ses guerres. C'étoit là l'état de ce pays, lorsque le comte de Tockenbourg mourut, en 1436, sa succession, ayant été recueillie par Hildebrand & Pe. terman, barons de Raven en Vallais, ses neveux, enfans de Catherine, sa sœur. Hildebrand mourut bientôt après fon oncle, & laissa cet héritage en entier à son frere. * Etat & Délices de la Suisse, t. 3, p. 308. D'abord aptès la mort du comte Frédéric de Tockenbourg, tous les réglemens qu'il avoit établis furent mis à exécution, & particulierement le traité de combourgeoifie, qui fut fait avec le canton de Glaris, & ratifié des comtes de Raren; mais l'abbé de faint Gall, voyant Peterman fans enfans, & craignant que cette terre ne tombât entre les mains de quelque seigneur, qui pourroit inquiéter son abbaye, acheta le comté de Tockenbourg pour quatorze mille cinq cents gouldes de Rhin l'an 1469. D'autres disent en 1548. Et c'est pour cette raison que les Tockenbourgeois font appellés nouveaux sujets de l'abbé. Le comté de Tockenbourg, dit Scheuchzer, It. Alp. 8, an. 1710, est considéré dans la Suifle comme un territoire d'une grande importance; soit que l'on regarde sa qualité, sa situation, ses voisins; soit que l'on fatse attention au peuple qui l'habite, & à son grand nombre, je préfére sans peine la description du même auteur, à celle qui se trouve dans les délices de la Suisse, que je suis bien éloigné de croire exacte dans cet endroit. Au nord du Tockenbourg font les habitans du canton d'Appenzell qui font séparés; savoir les catholiques romains par de hautes montagnes presque inacceffibles, & les réformés par des montagnes moins élevées, mais auffi escarpées. A l'orient & au couchant ce comté eft borné par le canton de Zurich. Les terres des anciens sujets de l'abbé de saint Gall bornent la partie de ce comté appellée le ThurThal, dont elles sont séparées par la Glatt, depuis OverGlatt jusqu'à Ober-buren, où se fait la jonction des rivieres de Glatt & de Thour; & depuis ce dernier endroit jusqu'au pont Schwartzenbach, la riviere de Thour sert de separation. La terre est ici allez douce & bale; mais l'entrée n'en est pas facile, à cause des rivieres qui la coupent. C'est pourquoi les ponts de Brübacher, de Niderglatt, celui qui conduit d'Ober-Glatt à Golfaw, & celui de Schwartzenbach, sont de quelque conféquence. La Thourgaw confine ce comté entre le village de Fisching, lage de Kilchberg. La séparation eft faite par des montagnes & des forêts. Les Grifons, la seigneurie d'Utznach & le pays de Gaster sont également limitrophes de ce conté, & en sont séparés par une longue chaîne de montagnes. Il y a cependant des passages, mais difficiles. Le comté de Sargans, domaine appartenant aux fept vieux cantons, est au midi du haut Tockenbourg, des montagnes inacceflibles entre deux, le comté de Werdenberg, dépendant du canton de Glaris, touche le Tockenbourg du côté de l'orient. il y a auffi des montagnes entre deux, mais elles ne font pas inaccessibles. On trouve un paffage au village de Wildenhaus. Enfin le bailliage de Gams confine encore au même pays du côté de l'orient. & le vils Le comté de Tockenbourg s'étend dn nord vers le midi & l'orient, depuis le pont de Schwartzenbach jusqu'au-delà du village de Wildenhaus, & depuis le commencement de la vallée de Thour jusqu'à l'extrémité du haut Tockenbourg, environ cinq milles d'Allemagne, & fa largeur eft communément de trois à quatre heures. On diftingue le pays en PROVINCE SUPÉRIEURE & PROVINCE INFÉRIEURE, & chaque province est divisée en divers dis tricts. Il y a des protestans & des catholiques romains par tout: mais les protestans sont en plus grand nombre dans la province supérieure, & les catholiques romains dans l'inférieure. Les habitans catholiques du village de SaintJean, & du reste de la province supérieure sont soumis à la jurisdiction ecclésiastique de l'évêque de Coire, les autres dépendent de l'évêché de Constance. Pour les unir, on leur fait prêter ferment dans les assemblées solemnelles de vivre dans une union mutuelle. Ce ferment précéde même celui où ils jurent le traité d'alliance & de combourgeoisse avec les cantons de Schwitz & de Glaris, alliance qui dure depuis 1440. On compte qu'il peut y avoir dans le Tockenbourg environ neuf mille hommes, dont les deux tiers sont proteftans, & l'autre tiers catholique. A l'égard de la qualité du terroir de Tockenbourg elle est différente dans les deux provinces. L'inférieure eft fertile en grains & en fruits, & la supérieure abonde en pâturages. Ces deux provinces sont pourtant, en grande partie, couvertes de montagnes, & l'on trouve la même inégalité pour le terrein dans les vallées; cependant on peut dire générale ment que les montagnes de la province supérieure sont plus élevées, & plus rudes que celles de la province infé rieure. La paix de 1712 a apporté quelque changement dans la forme du gouvernement. I. Le grand conseil juge de toutes les affaires communes du Tockenbourg: il est composé de quatre-vingts membres, dont une moitié est réformée, formée, & l'autre catholique romaine. Dans la Province Supérieure ils sont élus par les communautés, & dans la Province inférieure par les paroifles. Chaque communauté fournit un certain nombre de membres, suivant son étendue ou son droit, comme deux, quatre, fix. Dans les endroits où il y a exercice des deux religions, les réformés & les catholiques font l'élection conjointement, fans avoir aucun égard à l'alliance ou à la parenté. Les communautés de la Province fupérieure sont Liechteinsteig, Wattwyl, Thurthal, Hemberg, Saint Jean, Saint Peterzell. Wildhaus, choses qui se présentent quand elles ne sont pas de grande conféquence. Elles tiennent leurs assises quatre fois l'an, & sont communément composées de l'amman, de douze juges, d'un greffier & d'un appariteur. Il y a quelques communautés qui ont le droit d'élire leur amman. Dans d'autres, les habitans présentent quatre personnes à l'abbé, & l'autre moitié aux habitans; ce sont ces derniers qui nomment le greffier & l'appariteur ; mais ils sont obligés de les prendre chacun dans leurs corps. TOCHOA. Voyez Thoro. TOCIA, ville d'Asie, dans les états du Turc, fur la route de Constantinople à Ispahan, entre le bourg de Cofizar & la ville d'Ozeman. Cette ville, dit Tavernier, Voyage de Perse, l. 1, 1.2, est grande, & bâtie fur des collines enchaînées avec de hautes montagnes. Du côté du couchant d'hiver on découvre une large campagne baignée d'une riviere, qui se va perdre dans une autre plus grande appellée GUSELARMAC. Sur la plus haute de ces collines qui regarde le levant, il y a une forteresse où demeure le bacha, & dans la ville on voit un des plus beaux caravanseras de la route. La plupart des habitans de Tocia sont chrétiens Grecs, qui ont l'avantage de boire de très-bon vin que le Les paroisses de la Province inférieure qui ont le droit terroir leur fournit en abondance. d'élection, font De forte qu'il y a vingt communautés qui concourent à P'élection des membres du grand conseil. C'est ce grand conseil qui est le conservateur de la liberté publique. Dans les affaires de grande conféquence, il convoque l'assemblée générale du peuple, qui a alors le pouvoir de décider. Le grand conseil a deux secrétaires qui font nommés par l'assemblée générale, & qui doivent être, l'un de la religion réformée, l'autre de la catholique romaine: il y a auffi deux trésoriers choisis dans les deux religions; mais ils font élus par le conseil du pays; ils administrent alternativement, l'un le fisc, & l'autre les revenus & la dépense; & ils président au conseil criminel chacun dans les affaires des malfaiteurs de sa religion. Ce grand conseil choisit dans son propre corps vingtquatre personnes, savoir, douze de chaque religion, qui forment le conseil du pays, auquel appartient la connoisfance des affaires criminelles, & parmi ces vingt-quatre membres, le même grand conseil en élit encore douze, favoir, fix de chaque religion pour composer le petit confeil du pays, à qui appartient la connoissance des affaires de peu d'importance, & qui juge les appellations des justices inférieures; cependant pour qu'il admettre un appel, il faut que le demandeur soit réformé, & le défendeur catholique romain, ou, tout au contraire, que le demandeur foit catholique, & le défendeur réformé. Cependant le grand conseil n'est pas absolument tenu de prendre les membres de ce petit conseil dans le conseil du pays; il a aussi la liberté de les choisir dans son propre corps, & de destiner ces membres à un seul conseil ou aux deux, s'il le juge à propos. 4 Dans les douze personnes qui forment le petit conseil du pays, le grand conseil en choisit encore fix, pareillement trois de chaque religion, qu'on nomme la commission du pays, ou le conseil d'inquifition. Cette commission est chargée d'examiner les affaires criminelles, & les autres causes de conféquence jusqu'à la sentence exclusivement; elle juge même la compétence, c'est-à dire, si les affaires dont il s'agit doivent être portées devant le grand ou le petit conseil, ou devant le conseil du pays. Chaque religion préside alternativement dans tous ces conseils; mais il y a une chose particuliere qui s'observe au sujet de l'élection ou de la déposition des membres des trois derniers conseils; c'est que fi l'une ou l'autre des deux religions forme quelque opposition, & que les trois quarts des voix de cette religion soient du côté des oppo. fans, la décifion appartient absolument aux seuls membres de cette religion, & l'autre religion est tenue d'approuver La sentence. Les justices inférieures répandues dans le pays au nombre des vingt-deux, décident les affaires civiles, & toutes les 1 TOCOLOSIDA, ville de la Mauritanie Tingitane. Ptolomée, l. 4, c. 1, dit qu'elle étoit dans les terres, & l'itinéraire d'Antonin la marque aussi dans les terres, à cent quarante-huit milles de Tingis, & à trois milles de Volubilis. Quelques manuscrits de cet itinéraire au lieu de TOCOLOSIDA lisent PTOCOLOSIDA; & d'autres pour AB-PTOCOLOSIDA portent ABDO-COLOSIDA. TOCORT, ville d'Afrique, selon Marmol, Desc. d'Afrique, t. 2,1.5, 0.47, qui en parle ainsi : Tocort est une ville de la Numidie, à cent lieues d'Alger, & elle a quatre mille habitans, sans compter les villages d'alentour. Cette place s'étoit mise sous la protection des Turcs, à qui elle faisoit tous les ans quelque reconnoissance; mais comme les Tu rcs la traitoient rudement, elle se révolta vers le milieu du seiziéme siécle, ne pouvant croire que les Turcs fussent capables de pénétrer si loin dans le fond du pays pour faire cette conquête; cependant Salharraës, gouverneur d'Alger, vint l'attaquer avec trois mille mousquetaires à pied, tant renégats que Turcs, mille hommes à cheval, & huit mille Arabes. Il étoit secondé des troupes d'Abdelafi, chef des Azuages de la montagne de la Abez; & fur le refus que la ville de Tocort fit de se rendre, ils la battirent, &, l'ayant prise d'aflaut, ils la saccagerent, & tuerent tout ce qui s'y rencontra. TOCOSANNA, fleuve de l'Inde, au-delà du Gange. Ptolomée, 1.7, 0.2, place l'embouchure de ce fleuve dans le golfe du Gange, au-delà de Baracura. TOCROUR, nom d'une ville de la Nigritie. Elle a un roi particulier qu'on appelle Al Tocrouri. Cette ville est située sur la rive méridionale du Nil des Négres. Elle est plus occidentale & beaucoup plus marchande que celle de Salah qui dépend d'elle, & qui n'en est éloignée que de deux journées, que l'on fait en descendant le Nil des Négres. Les Africains les plus occidentaux apportent en cette ifle du cuivre & des coquillages, & en rapportent le tibr, c'est-à-dire, de la poudre d'or & des bracelets qui en sont faits; cependant ses habitans ne vivent que de millet, de poiffons & de laitages: car ils ont de fort grands troupeaux de chameaux & de chevres. On compte quarante journées de chemin depuis Tocrour jusqu'à Sugulmesse, ville de la Mauritanie. * D'Herbelot, Bibliot. orient. p. 889. TOCUYO, ville de l' Amérique', dans la terre ferme, au nouveau royaume de Grenade, dans le gouvernement de Vénézuela. Elle est assez avant dans les terres, vers le midi de la nouvelle Ségovie, à l'occident méridional de la montagne de Saint Pierre. Corneille dit que cette ville s'appelle aufli NUESTRA SENORA DE TOCUYO. * De l'ifle, Atlas. 1. TODGA, contrée d'Afrique, dans la Barbarie, à vingt lieues au midi du grand Atlas, & à quinze lieues de la province de Sugulmesse. Todga, dit Marmol, est une contrée où il y a quatre villes & dix villages, le long d'une petite riviere qui y paffe au travers. Les habitans y font méchans & grands voleurs, ils font de la communauté d'Aytgaris. Il y a en ces quartiers quantité de dattes, avec des pêches, des raisins, des figues & d'autres fruits comme en Europe. Cela n'empêche pas que ce ne soient de pauvres gens, |