T gens, dont les uns font laboureurs & les autres corroyeurs. Les Arabes d'Uled-Hembrum qui sont fort puisfants, & qui occupent les déserts voisins, ravagent aflez souvent tout ce pays. Cette contrée & plusieurs autres de la Numidie étoient accoutumées de leur payer de grofles contributions, avant qu'elles fussent dépendantes du chérif. * Description de l'Afrique, t. 3, 1.1, C. 32. 2. TODGA, riviere d'Afrique, dans la Barbarie. Elle prend sa source dans le grand Atlas, & coule du nord occidental au midi oriental. Après qu'elle a traversé la province à laquelle elle donne son nom, elle va se perdre dans un lac au midi de la ville de Sugulmesse. * Samson, Carte du royaume de Sugulmesse. TODI est l'ancienne Tudertum, ville d'Italie, dans l'état de l'Eglife, au duché de Spoléte, sur une colline près du Tibre, entre Pérouse & Narni, à vingt milles de chacune de ces places, avec un siége épiscopal. (2) Cette ville dont l'évêché ne reléve que du saint siége, est la patrie de faint Martin pape, premier de ce nom, & qui fut élevé sur la chaire de faint Pierre vers le milieu du sepriéme siècle. Il assembla à Rome un concile de cent cinq évêques, & il y fit condamner l'hérésie des Monothélites. L'empereur Conftant, qui avoit fait traiter avec une extrême rigueur les défenseurs de la foi orthodoxe en Orient, donna ordre qu'on arrêtât le pape Martin en Occident; ce qui fut exécuté par l'exarque Théodore Callopias le 19 de juin 653. L'exarque envoya le pape à Constantinople, & l'empereur le relégua dans le Chersonnese. Ce fut là qu'il finit ses • jours dans un long martyre, & accablé de toutes sortes d'incommodités le 16 septembre 655, au commencement de la septième année de son pontificat. Saint Philippe Beniti, instituteur de l'ordre des servites, mourut à Todi l'an 1285 dans la maison (b) qu'il y avoit établie pour des religieux de fon ordre; il étoit Florentin de naissance. Saint Catlien, dont la fête est inarquée au troisième jour du mois d'août, passe pour un évêque de la ville de Todi, qui fut martyrité du tems de l'empereur Dioclétien sous le gouverneur Venustien; mais on ne doit pas le confondre avec le martyr faint Caffien, maître d'école, martyrisé par ses écoliers à Imola, qui est honoré en ce jour, & qui a un culte plus étendu & plus célébre que lui. (c) Corn. Dict. fur des mémoires manuscrits. (b) Baillet, Top. des Saints, p. 488. Il y a près de Todi une espéce particuliere de bois qu'on tire du dedans de la terre. Ce bois est veiné comme du papier marbré, & a les qualités du bois ordinaire. On en trouve de gros troncs fans branches ni racines, on les scie pour en faire des tables & divers autres ouvrages. Comme ce bois est dans la terre, on l'appelle bois foffile; & on en a vu qui étoit partie bois, partie terre & partie pétrifié. TODMA, ville de Moscovie, au confluent des rivieres de Suchana & de Todma; elle est au 60d 14' de latitude septentrionale, sur une hauteur ; elle est perite, tous ses bâtimens sont de bois; elle est à cent werfstes d'Outiough, & à même distance de Wologda. TODUCÆ, peuples de la Mauritanie Césariense, selon les exemplaires latins de Ptolomée, 1. 4, c. 2, où ces peuples sont placés vers la source du Aeuve Amplaga. Le texte grec porte Duca, au lieu de TODUCA. TODURE, baronnie de France, dans le Dauphiné, élection de Romans. TOEDTBERG, montagne de la Suisse, au canton de Glaris. Elle passe pour une des plus haures de toute la Suisse, & est très-difficile à monter. Il faut pourtant y pafler pour aller de là dans la ligne haute des Grifons du côté de Dissentis au côté septentrional de cette montagne, où l'on trouve une mine de crystal; & près de-là, en un endroit nommé Oehl-Blanken, on sent en été une odeur forte d'huile de pierre cachée dans les entrailles de la montagne. * Etat & Délices de la Suiffe, t. 2, p. 478. TOELS, village de Smile, dans le canton de Zurich. C'étoit un monastère de filles; il avoit pour armes la double croix de Hongrie, parce qu'il avoit été enrichi par une reine de Hongrie, fille de l'empereur Albert I. On y voit le tombeau d'Elisabeth, fille d'André III, roi de Hongrie, qui avoit pris l'ordre dans cette maison-là, & qui y mourut qui l'an 1338. TOEMPHOEMBIUS, fleuve de la Mauritanie Césatiense. Ptolomée dit que ce fleuve mêle ses eaux avec celles du Savus. Ses interprétes au lieu de TOEMPHOEMBIUS, lisent PHOEMIUS. TOENII, peuples de la Germanie, voisin d'un lac commun entre eux, les Rhétiens & les Vindéliciens, selon Strabon, 1. 7, p. 313. Où sont ces Toenii, dit Cafaubon? & qui est celui des auteurs anciens qui en a parlé? Auffi Cafaubon nebalance-t il pas à dire que ce mot est corrompu, & à la place de Toenios, il substitue Boios. Ce changement n'est pas fait à la légere; c'est Strabon lui-même qui l'a dicté; car en parlant des peuples qui habitoient sur le lac de Bregentz, qui est le lac dont il est ici question, il nomme les Rhétiens, les Vindéliciens & le Boïens. TOERA, riviere de l'empire Ruffien, dans la Sibérie. Voici de quelle maniere la description de la Sibérie, inférée dans les voyages de la compagnie des Indes orientales, t. 1, p. 233, édit. de Rouen, parle de cette riviere dans la route qu'il faut tenir en allant de Moscovie à l'eft-quartnord-est. Lorsqu'on est arrivé à Vergateria, il faut y séjourner jusqu'au printems; parce que la riviere Toera qui y passe, a peu d'eau tout le reste de l'année, comme étant proche de sa source ; mais au printems les neiges qui fondent, & qui coulent de dessus les montagnes, la grossissent tellement qu'on y peut naviger avec des bateaux & des barques. On la descend pendant cinq jours, & l'on vient dans une ville nommée Japhanim, qui ne fur bâtie & peuplée que dans le dernier siècle. A Japhanim on se rembarque sur la riviere de Toera, qui, après deux jours de chemin, serpente extrêmement; de forte qu'il faut fouvent traverser le pays pour retourner à la riviere, afin de prendre un plus court chemin. Les environs de cette riviere sont habités par des Tartares qu'on appelle Tabab, & qui sont à peu près à deux cents lieues de Vergateria. De Japhanini on va jusqu'à Tinnen sur la même riviere; en hiver néanmoins il y a beaucoup de gens qui prennent des traîneaux à Japhanim, pour aller en douze jours jusqu'à Tinnen, d'où l'on se rend à Tobolsca. TOESOBIUS, fleuve de la grande Bretagne. Ptolomée, 1.2,0.3, marque son embouchure sur la côte occidentale de l'ifle, entre le golfe Seteia & le promontoire Ganganorum. Cambden croit que le mot Tæsobius est corrompu, & qu'il faut lire Conovius. Les exemplaires latins portent TiSOBIS. Cette riviere est aujourd'hui le Menay. Voyez ce mot, no. 1. TOGA, ville de la grande Arménie, selon Ptolomée, lib.5, cap. 13. TOGANÚS, montagne dont parle Calchondyle, cité par Ortelius, qui soupçonne que cette montagne étoit dans la Thrace. TOGARMA. Voyez TURCA. TOGGEMBOURG. Voyez TOCKENBOURG. TOGIA, fiége épiscopal d'Afrique, dans la province proconsulaire. Victor municipii Togie episcopus souscrivit à la lettre de Paul, patriarche de Conftantinople.* Hardouin, Collect. conc. t. 3, p. 749. TOGIA-VILLA, lieu de France, au voisinage de la Loire. Surius en parle dans la vie de saint Laumar, cité par Ortelius. TOGIENSES. Voyez COGIENSES. TOGINGA, village & nation de l'Amérique septentrionale, dans la Louisiane. Cette nation est une des quatre des Akancea, située au bord du Mitlitlipi. TOGISONUS, Heuve d'Italie, au pays des Veneres, dans le territoire de Padoue. Pline, 1.3, 6. 16, dit que les eaux de ce fleuve & celles de l'Adige, formoient le port Brundulus. Le Togisonus se nomme aujourd'hui Foffa Pattana selon Cluvier. Voyez ce mot. TOGLOCPOUR, ville des Indes, à foixante milles de celles d'Affendi, selon Petis de la Croix, dans son histoire de Timur - Bec, 1. 4, 6. 17. Les habitans de cette ville croyoient que l'univers étoit gouverné par deux principes, dont le premier étoit appellé Yezdan, qui est Dieu; & l'au tre Abrimen, qui est le diable. Ils expliquoient le premier par la lumiere, & le second par les ténébres. Ils disent que tout le bien procéde de Dieu, & que tout le mal vient du diable. Ces idolâtres, ajoute Petis de la Croix, font appellés Soloun. Tome V. EEçece TOGRUL-OTLAC, c'est-à-dire, la prairie du Faucon: horde de la Tartarie Asiatique, au royaume de Gété, près du mont Ornac. TOHAN, petit peuple, dans l'Amérique septentrionale de la Louisiane, sur la route que de la Salle tint pour aller de la baie de Saint-Louis aux Cénis. Voyez TO AUX. TOHUM, ville d'Egypte, selon la notice des dignités de P'Empire. Ortelius croit que c'est la même ville qui est nommée THOU dans l'itinéraire d'Antonin. TOICENA, ville d'Egypte. Il en est fait mention dans la fettre des évêques d'Egypte, à l'empereur Léon. Cette lettre fe trouve dans le recueil des conciles. TOIDIS, ifle de l'Inde. Pline, 1.9, 6.35, la met au nombre de celles qui produifent des perles. Dans un autre endroit, ce même auteur, 1. 6, c. 25, lit STODIS, au lieu de Toidis; & un manuscrit consulté par Ortelius porte Stoidis dans les deux paflages où Pline parle de cette ifle. 1. TOIRE & CONTENTOR, bourg de France, dans le Maine, élection du Mans. 2. TOIRE, bourg de France, dans l'Anjou, élection de la Fléche. TOIREL, bourg de France, dans la Bresse. Il y a un bureau de la justice des traites foraines de Bourg. TOKAY, place forte de la haute Hongrie, dans le comté de Zemblyn, au confluent du Bodrog & de la Teiffe. Cette ville tomba fous la puissance de la maison d'Autriche par la ceffion que lui en fit le prince Ragotzki après la mort de son pere, & après la perte de la Transylvanie, du comté de Zathmar & des autres lieux cédés autrefois aux Transylvains. Le comte de Souches prit possession de Tokay en 1661, au nom de l'empereur, & y mit garnison impériale. Cette ville est célébre par les vins qui croissent dans son territoire, & qui passent pour les plus délicats de tout le royaume de Hongrie. Les mécontens s'étant saisis de cette place en 1682, le général Caprara la reprit trois ans après. * De Ifle, Atlas. Corn. Diction. hist. & Descript. du royaume de Hongrie, 1. 3, 1688. TOKIUECHI, (le royaume de) étoit situé aux environs de Tharas, dans la Tartarie orientale. Il fut fondé en 715 par un certain Solan, qui rassembla un grand nombre de Turcs, & fe fit appeller Khan. Il alla à la Chine où il reçut des titres d'honneur, suivant l'usage pratiqué alors. Ce royaume ne fubfifta pas long-tems. Il fut détruit par les Hocike l'an 752. * Hift. générale des Huns, par M. de Guignes, l. 1, p. 229. TOKOESI. Samson & Corneille ont nommé ainsi Saikokf, l'une des isles du Japon. Voyez l'article JA PON. TOKUSPARACH, (le territoire de) dans le Dagistan, est derriere & au couchant du mont Schalbrus, entre les monts Schak, & est environné de hautes montagnes, du côté du midi & du couchant. Les habitans font Mahométans Sunni. Ils ont fait alliance avec les territoires d'Altay. parah, de Ruthul, d'Achty & de Mischgenscha, en forte que ces cinq territoires forment comme une espéce de république, &, lorsque quelque puissance veut en attaquer un, ils se réunissent tous pour le secourir. Ils ont toujours été indépendans, excepté du tems de Tamerlan, auquel ils furent foumis; mais ils prétendent que ce ne fut que par amitié qu'ils lui aiderent même à faire ses conquêtes, & que ce fut à sa perfuafion qu'ils embrasferent la religion mahométane. Ces cinq territoires sont environnés de rochers très élevés, & presque inacceffibles, couverts rts de neiges l'hiver comme l'été; mais les chemins qui conduisent de l'un à l'autre sont très commodes, enforte qu'en cas de besoin, ils peuvent se prêter un secours mutuel. Ces territoires confiftent en villages: chaque village a fon ancien, & tous ces anciens forment un conseil dans chaque territoire; mais on ne leur obéit qu'autant qu'on le juge à propos, parce que chaque particulier est son maître. Leur langage est le lesginien, qui n'a aucune affinité avec les autres langues. Il croît chez eux fort peu de bled, & ils vont en chercher à Cuba, où ils conduisent des bestiaux en échange. Ils font tous brigands, jusqu'aux prêtres, ils vont enlever les chevaux, les beftiaux, même les hommes & les femmes dans la Georgie, & les vendent ailleurs. Ils ont de bonnes armes à feu, & de bons fabres, font très hardis à attaquer, & craignent peu les armes à feu. Enfin c'est un peuple très-barbare, & féroce. Lorsque les limites furent reglées entre la Russie & le Turc, les territoires d'Altayparah, de Ruthul, d'Achty & de Michgenscha échurent au Turc, celui d'Altayparah à la Ruffie: mais ils ne reconnoisfent aucune de ces deux puissances, qui se mettent peu en peine de les soumettre, parce qu'on y perdroit plus qu'on n'en pourroit jamais retirer. * Description des peuples occidentaux de la mer Caspienne, par M. Garber, officier dans ces pays, au service de la Ruffie. TOL-HUYS, lieu des Pays Bas, (a) au duché de Gueldre, dans le Bétaw, sur la rive gauche du Rhin, près du fort de Skenk, du côté du nord. Ce n'étoit autrefois qu'une seule maison (b) pour faire payer les droits aux bateaux qui descendoient le Rhin. Le péage étoit sur le bras droit du Rhin, aurdeflous du fort de Skenk, dans un endroit nommé à cause de cela Tol Huys, c'est-à-dire, la maison du péage. C'est là que la cavalerie françoise passa le Rhin à la nage en 1672. Les François étant entrés dans l'isle de Bétaw, pénétrerent ensuite dans les Provinces-Unies, jusqu'à deux lieues d'Amsterdam. (a) De l'Ifle, Atlas. (b) Longuerue, Descr. de la France, part. 2, p. 43. TOLA, riviere de la grande Tartarie, dans le pays des Mongales orientaux, vient de l'orient se jetter dans la riviere d'Orchon, à environ deux cents cinquante werftes au sud est de la ville de Selingiskoy. TOLASTA REGIO, Τόλαςα χώρα, contrée de la Galatie, felon Ptolomée, 1.5, c. 4. Le manuscrit de la bibliotheque palatine porte TOLASTHACHORA, en un seul mot, & en fait une ville des Tolibosti. TOLBIACUM, ville de la Gaule Belgique, aux confins du territoire de Cologne, felon Tacite, Hist. l. 4. Quelques manuscrits lisent Talbiacum, & d'autres Calbiacum on Colbiacum. La chronique de Réginon écrit Tulpia. cum, & approche plus par conféquent du nom moderne qui est Zulpich. Voyez ZULPICH. On croit que le TorBIACUM de Tacite & le TOLPIA de l'itinéraire d'Antonin pourroient être le même lieu. TOLDER, felon Maty & Corneille, & DOLLER, selon de l'isle, riviere qui prend sa source au mont de Vauge, & qui coule dans le Suntgaw d'occident en orient. Après avoir baigné Massmunster, elle détache un bras qui va se jetter dans l'Ill à Mulhausen. Le principal canal va enfuite se jetter dans cette derniere riviere un peu audessous de Mulhause, vis-à-vis d'Illzach. Baudrand appelle en latin cette riviere Olruna. TOLEBRE, (La) petite riviere de France en Provence, palle près de Saint-Chamas, & se rend dans la mer de Martigues. TOLEDE, ville d'Espagne, capitale du royaume de Toléde, aujourd'hui de la nouvelle Castille. Cette ville est située avantageusement, le Tage l'environne des deux côtés, & est très-profond sous le château royal, de forte qu'elle est inaccessible de ce côté. Du côté de la terre elle est fermée d'une muraille ancienne, ouvrage de Bamba, roi Goth, & flanquée de cent cinquante tours. L'opinion commune est, que des Juifs sortis de la captivité de Babylone, vinrent s'y établir cinq cents quarante ans avant l'incarnation de Jesus-Christ, ils l'appellerent Toledoth, qui veut dire générations, ou selon quelquesuns, mere des peuples. De ce premier nom, en ôtant les deux dernieres lettres, est resté TOLEDO. Les Juifs bâtirent dans leur ville neuve une belle synagogue, qui y eft restée jusqu'au tems de S. Vincent Ferrier de Valence, de l'ordre de S. Dominique, car il la confacra & en fit une églife; aujourd'hui elle est connue fous le titre de fainte Marie la Blanche. La ville de Toléde a été une colonie des Romains, & ils y tenoient la caisse où ils déposoient les trésors qui devoient être envoyés à Rome. Elle étoit la ca pitale des Carpetaniens, selon Ortelius & le pere pere Brier. Quelques uns veulent qu'elle fut connue alors sous le nom de Contrebia. Jules-Céfar la garda pour une place d'armes & comme une retraite, en cas qu'il eût eu le dessotus. Auguste y établit la chambre impériale. Les Goths ayant eu leur résidence à Séville, le roi Leovigilde la transporta à Toléde, d'où elle fut appellée ville royale, & ses succes seurs y firent élever des bâtimens superbes, particulierement Bamba. Les Maures la prirent l'an 714, & Al fonse VI la reprit sur eux le 25 mai l'an 1081. Il se fit alors nommer l'empereur magnifique de l'empire de Toléde, & depuis, le nom de Ville impériale lui ett resté. Ce roi la fit repeupler de chevaliers & de personnes nobles, & leur accorda de grands priviléges; il y mit, pour premier gouverneur, Finvincible Cid-Ruy Diat, & quatre ans après il y bâtit la forteresse de san Cervantes. Son neveu Alfonse VIII, confirma à la ville le titre d'impériale, & lui donna l'an 1135, pour ses armes, un empereur affis sur son trône, l'épée à la main droite, & dans la gauche un globe avec la couronne au timbre impérial, & ce sont encore à présent ses armes. * Silva, Poblac. de España, p. 11. La situation de Toléde sur une montagne élevée & assez rude, la rend inégale, de forte qu'il faut presque toujours monter ou descendre. Les rues sont étroites, mais les maisons font belles; on voit un grand nombre de bâtimens superbes, & dix-sept places publiques où l'on tient des marchés. Le Tage, qui coule au pied de la montagne, fertilise toute la vallée voisine, & l'on prétend que dans toute cette montagne, à quinze milles à la ronde, il ne se trouve aucun animal vénimeux. Les deux édifices les plus remarquables, font le palais ou château royal, & l'église métropolitaine. * Délices d'Espagne, t. 2, p. 319. Le château royal que l'on appelle Alcaçar, d'un mot retenu des Maures, est à un coin de la ville, sur un rocher extrêmement escarpé, ayant la vue sur la ville, sur le Tage, qui coule au pied, & fur la campagne voisine. On trouve, en y montant, une grande place publique appellée Plaça Mayor, ou Socodebet, & qui est fort belle. Sa figure est ronde, on peut s'y promener sous des portiques, & les maisons dont elle est environnée, sont de briques, toutes semblables, & ornées de balcons; de-là on entre dans le château, qui est un carré de quatre gros corps de logis, avec des aîles & des pavillons. Il est si grand & si vaste, qu'on y a de quoi loger commodément toute la cour d'un grand roi. A l'entrée, on traverse une grande cour carrée, longue de cent soixante pieds, large de cent trente, & environnée de deux rangs de portiques, qui dans la longueur font dix rangs de colonnes, & dans la largeur huit, ce qui fait un bel aspect. Au-dessus des portiques on voit les armes de tous les royaumes qui sont de la dépendance de la couronne d'Espagne, & celles de l'empire au-dessus des colonnes. On monte aux appartemens par un grand escalier qu'on voit au fond de la cour, & qui en tient toute la largeur. Après qu'on a monté quelques marches, il se sépare en deux, & l'on traverse une grande galerie qui conduit à divers appartemens extrêmement vastes. Ce château est élevé de quatre-vingts toises au-dessus du niveau du Tage, & l'on y fait monter l'eau par des pompes; autrefois on la faifoit monter par une fort belle machine qu'on appelloit el Ingenio de-Juanello, du nom d'un Italien natif de Crémone, qui en fut l'inventeur & l'architecte. Elle étoit composée de grandes caisses de fer-blanc, attachées les unes aux autres, & qui formoient une file qui descendoit du château dans le Tage. L'eau entrant dans la premiere, étoit pouffée dans la seconde par le moyen de certains rouages, & successivement dans les autres jusqu'au château, où elle tomboit dans un réservoir & se répandoit de-là dans toute la ville, par un canal, ce qui étoit d'une grande commodité. Cette machine est rompue de puis un siècle ou environ, & Toléde étant située sur un roc où l'on ne peut creuser des puits, les habitans sont contraints d'aller de tous les côtés de la ville au bord du Tage, & de descendre plus de trente toises, pour y puifer de l'eau. Cette incommodité n'empêche pas que Toléde ne soit extrêmement peuplée, & qu'il ne s'y falle un si grand commerce de foie, de laine & de draperie, qu'on y a compté jusqu'à dix mille ouvriers en ces fortes de manufactures. On y fabrique aussi des lames d'épée, dont la trempe est si bonne qu'elles coupent le fer; aufli sontelles fort estimées & fort cheres, car elles valent jusqu'à vingt & trente pistoles la pièce. L'église cathédrale est une des plus riches & des plus considérables de l'Espagne. Elle est située presque au milieu de la ville, joignant une fort belle rue, & elle_est ornée d'un beau parvis, de plusieurs portes de bronze fort exhauffées, & d'un superbe clocher extrêmement élevé, deux rangs de pilliers la soutiennent, & on y voit quantité de chapelle dorées & fondées par divers particuliers, qui y ont des tombeaux de marbre. Celle qui sert de sépulture aux archevêques de Toléde, est toute de marbre; on y voit leurs tombeaux, fur chacun desquels est une inscription qui marque le nom de celui dont le corps y est inhumé. On y trouve auffi le tombeau d'Albert, archiduc d'Autriche, avec cette inscription: BELGARUM REBELLIUM, GALLORUM HOSTIUM PROFLIGATORI. Le chœur est tout de menuiserie en personnages au naturel & parfaitement bien faits; le fond est orné de figures de marbre en relief, qui représentent la transfiguration de Notre-Seigneur, & l'on y voit suspendues plus de quarante lampes d'argent, avec plusieurs grands encensoirs de même métal. On montre une niche d'où l'on dit qu'il sortit miraculeusement une source d'eau plusieurs jours de suite, dans le tems que les habitans, pressés par un long fiége qu'ils foutenoient contre les Maures, étoient à demi-morts de soif, & prêts à se rendre. Les fiéges des chanoines sont séparés les uns des autres par des colonnes de marbre ou de jaspe; il y en a affez pour contenir trois à quatre cents personnes. La porte qu'on appelle de Notre-Dame, est de bronze maffif, & on ne l'ouvre qu'aux grandes fêtes. Près de cette porte, on voit un pillier de marbre, où la sainte Vierge apparut à S. Ildefonse, qui mourut en 669. Ce pilier est enfermé d'une grille de fer, hormis du côté par où on le baise; ces paroles font écrites au-dessus : Adorabimus ubi fteterunt pedes ejus. Les chapelles dont l'église est remplie, font toutes richement ornées & grandes comme des églises; l'or & les ornemens de la peinture n'y sont pas épargnés. La plus riche de toutes est celle de Nuestra Segnora del Sagrario; elle se voit près de la porte & du pilier dont il vient d'être parlé. Depuis le niveau du pavé jusqu'à la voute, elle est toute incrustée de jaspe. Une grande balustrade d'argent borde par le devant l'autel qu'on a placé dans une grande niche aussi toute de jaspe. On voit fur l'autel la statue de la sainte Vierge de grandeur naturelle, d'argent massif, éclairée par quatorze ou quinze grosses lampes d'argent. Dans la muraille il y a deux tombeaux de jaspe chargés d'une pyramide, & dans lesquels reposent les corps de ceux qui ont fondé la chapelle. Celle des rois est ainsi appellée, parce qu'on y a les sépulcres d'un roi nommé Alfonfe, & de la reine sa femme. Près de l'autel il y a un autre tombeau, fur lequel le roi & la reine sa femme sont à genoux. Ceux qui desservent cette chapelle sont distingués des chanoines de l'église, & ont mille écus de rente; ils ont au-dessus d'eux un capellano-mayor qui en a douze mille. Les autres chapelles confidérables de cette église, font celles de S. Jacques, de S. Martin, du cardinal Sandoval, du connétable de Luna, & particulierement celle où l'on fait l'office mozarabe dont je parlerai bien-tôt. Les Espagnols donnent à cette église l'épithéte de Sainte. Le grand autel est de menuiserie à personnages dorés; on y voit d'un côté le tombeau du roi dom Juan & de la reine sa femme; & de l'autre celui d'un roi de Portugal. L'autel est fermé d'un grand treillis de bronze, & à chaque côté paroissent deux chaires de bronze doré, foutenues d'un fort grand pilier de jaspe, & embellies de figures en relief. J'ai déja dit que cette église est une des plus riches d'Espagne. Le Sagrario, ou la principale chapelle, est un véritable trésor; on y voit quatorze ou quinze grands cabinets pratiqués dans la muraille, remplis d'une quantité prodigieuse d'or & d'argent, comme des croix, des baffins, des vases, des mitres, des crosses & autres choses semblables, & au-dehors se voient douze beaux chandeliers d'argent, plus grands que la hauteur d'un homme. Il y a deux mitres de vermeil toutes parsemées de grosses perles & de pierreries; trois colliers de pur or, aussi larges que la main, & longs d'un quart d'aune, enrichis de perles & d'autres pierres précieuses: deux bracelets & une couronne de la sainte Vierge à l'impériale; le tout enrichi de gros diamans & de belles pierreries, avec une grande quantité de perles rondes & extrêmement groffes; dans la couronne seule il y a quinze livres pesant d'or. La custode ou le tabernacle qui sert à porter le sacrement à la Fête-Dicu, est d'argent doré & de la hauteur d'un homme; il se termine en plusieurs pointes de clocher, & est couvert d'anges & de cherubins d'un travail très-délicat; il se démonte en sept mille piéces, & est si pesant qu'il ne faut pas moins de trente hommes pour le porter. Au-dedans de ce tabernacle, il y en a un autre qui est de pur or or, du premier qu'on apporta des Indes, & il est enrichi d'une très-grande quantité de pierreries; c'est là qu'on tient le S. Sacrement. Les paténes, les ciboires, les calices ne sont pas de moins beaux ouvrages, ni moins enrichis de pierreries & de pers Tome V. EEcccc ij 1 les orientales. On remarque un grand reliquaire donné par S. Louis, roi de France; c'est une grande plaque d'or partagée en quarante petites niches, où l'on a enchassé les reliques de plusieurs faints, & au-deslus de la plaque est une couronne ducale. On montre une grande custode, ou, fi l'on veut, un coffre où l'on renferme le S. Sacrement le jeudi-faint; il est fait en maniere de cinq coffres carrés, posés les uns fur les autres, tous d'argent cifelé, & qui vont en diminuant jusqu'au sommet. Dans ces coffres font les reliques de divers saints, dont les figures s'y voyent au naturel en argent doré. Il y a encore dans ce trésor quantité de navires de crystal avec leur attiral; une chape en broderie de perles aussi grofles que des noisettes; un tableau dont le fond & le cadre sont de jaspe; une NotreDame donnant son fils à S. Jean-Baptifte & à S. Joseph, tout cela de pur or; si ce n'est que la Notre-Dame est assise fur un rocher de pierres précieuses, où l'on remarque, entr'autres, un diamant gros comme un œuf de pigeon; enfin une piéce que l'on prise au dessus de tout cela, c'est une ancienne bible écrite sur du parchemin, couverte d'une vieille brocatelle à grands feuillages, & qui est aussi un présent de S. Louis: elle est remplie de figures & enluminée à l'antique fort proprement; cet ouvrage est très-bien conservé, & bien des gens croyent en Espagne qu'il a été fait de la main de S. Luc; on en fait tant de cas, que Philippe II, souhaitant de l'avoir, pour le mettre à l'Escurial, offrit une ville entiere en échange au chapitre de Toléde, sans pouvoir l'obtenir. Si cette église est si richement & si superbement ornée, elle n'est pas moins bien rentée, pour payer largement ceux qui font appellés à y faire le service divin, & à prier Dieu pour le peuple. L'archevêque a trois cents cinquante mille écus de revenu; d'autres disent trois cents soixantefix mille, & fon clergé en a quatre cents mille. Ce prélat est primat d'Espagne, grand chancelier de Castille, & conseiller d'état. Il a la prérogative de parler le premier après le roi, soit au conseil du roi, soit à l'assemblée des états, & il posséde dix-fept villes, sans compter les bourgs & les villages. L'archevêque de Braga en Portugal, lui dispute le titre de primat d'Espagne. Voici l'origine du différend. Toléde ayant perdu sa primatie par l'invasion des Maures, Alfonse 1, roi de Léon & de Castille, lorsqu'il reprit Braga fur les Maures, en 740, transféra cette dignité à fon église, & tous les évêques d'Espagne reconnurent l'archevêque de Braga pour leur primat. Trois siécles après, Alfonse VII ayant enlevé Toléde aux Maures en 1039, l'archevêque de Toléde redemanda sa primatie; mais celui de Braga, qui étoit dans une si longue poffeffion, ne voulut pas la lui rendre. Cette dispute a été renouvellée souvent: elle le fut particulierement au concile de Trente; mais les papes n'ont jamais voulu la décider, cependant les évêques Espagnols reconnoissent le métropolitain de Toléde, & les Portugais celui de Braga. La fabrique de l'église a cent mille écus de rente: le grand archidiacre en a quarante mille; & des trois archidiacres qui le suivent, le premier en a quinze mille, le second douze mille & le troisiéme dix mille, auffi-bien que le doyen, & tout le reste à proportion. * Délices d'Espagne, t. 2, p. 710. Près de l'église cathédrale est le palais de l'archevêque. C'est un édifice ancien, vaste, & bâti avec une magnificence convenable à la dignité du prélat qui l'occupe. Quand on a à Toléde un archevêque nouveau, tout le clergé & la bourgeoisie vont à une lieue au devant de lui. On le conduit en cérémonie au vestibule de l'église cathédrale, où il se prosterne devant une partie de la vraie croix du Sauveur, qu'on y garde précieusement, & on Jui présente à la porte le livre des droits & des priviléges de l'église, qu'il doit promettre de maintenir & d'obferver. Le cardinal Ximenès, qui fut archevêque de Toléde, au commencement du seiziéme siécle , a beaucoup contribué à l'ornement de cette église. Il entreprit d'aggrandir la cathédrale, de bâtir un cloître tout au tour, où les prébendiers pullent demeurer en retraite ; d'orner la salle du chapitre des portraits de tous les archevêques de Toléde, & de faire travailler à des tapisseries d'or & de soie, à une argenterie, plus estimable par la beauté de l'ouvrage, que pour le prix de la matiere, & à d'autres ornemens dont il fit présent à son église. Ces dépenses allerent, à ce qu'on prétend, à cinquante mille ducats. Il fonda la cha pelle des Mozarabes, & y établit douze chanoines, avec un doyen, pour faire revivre les offices de ce nom, qui étoient presque abolis, & il dépensa cinquante inille écus à faire imprimer des missels & des breviaires pour cet usage. Comme l'événement qui a donné lieu à cet office est curieux, il est bon d'en rendre compte. Après la converfion des Goths ariens à la foi catholique, saint Ifidore, archevêque de Séville, régla le culte divin parmi eux, par ordre du quatrième concile de Toléde, & composa un office pour les pfalmodies, les prieres publiques & les mesles, qui fut reçu de toutes les églises. Cette discipline dura plus de cent vingt ans; jusqu'au tems auquel les Maures conquirent l'Espagne. Ils laifferent aux chrétiens de Toléde la liberté de conscience, & fix églises, dans lesquelles ils conserverent cet office de saint Ifidore ; & ces chrétiens furent appellés Mistarabes ou Mozarabes, du nom de Moza, chef des Maures. Trois cents ans après, Alfonse VII ayant repris Toléde sur les Maures, en 1039, on parla d'y rétablir le service divin, & le roi & la reine Constance eurent dessein d'abolir cet ancien office, qui étoit en usage à Toléde, & voulurent introduire à la place l'office romain, à quoi ils étoient incités par le ministre du pape; mais le clergé, la noblesse & le peuple s'y opposerent. Il y eut de grandes conteftations, & la chose alla fi loin, qu'on trouva à propos de décider l'affaire par un duel. Le roi choisit un chevalier, pour soutenir le parti de l'office romain: le peuple & le clergé en prirent un pour défendre le mozarabe. Ce dernier demeura vainqueur ; & tout le monde crut que Dieu s'étoit manifestement déclaré pour la bonne cause ; mais cela ne fut pas suffisant: le roi, la reine & l'archevêque qui n'y trouvoient pas leur compte, n'y voulurent pas acquiescer. On en vint à une seconde épreuve. Après des jeunes, des prieres publiques & des proceffions, on s'assembla dans la grande place de la ville; on y fit allumer un grand feu, & l'on y jetta deux missels, l'un romain, & l'autre mozarabe; cependant le roi & le peuple étoient en prieres, afin qu'il plût à Dieu de manifester sa volonté; mais on rapporte que le missel romain fut brûlé, & que l'autre ne fut nullement endommagé par le feu. Le roi Alfonse, ajoute-t-on, ne se rendit point encore, il persista dans sa résolution, & voulut abfolument que l'office romain fut introduit. On obtint seulement que les anciennes paroisses de Toléde garderoient leur office mozarabe. Dans la suite, cet office ayant été insensiblement aboli, le souvenir même en avoit été, en quelque maniere, effacé de l'esprit des hommes, lorsque Ximenès le rétablit, l'ayant trouvé par hazard dans de vieux manuscrits, en caractères gothiques. Ce fut à cette occafion qu'il fonda la chapelle dont il a été parlé, & qu'il y établit douze prêtres, qui difent chaque jour la meffe, & font le service divin, selon l'office mozarabe. Outre la cathédrale, il y a dans Toléde trente-huit maisons religieuses, dont la plupart méritent d'être remarquées. Celle de faint François, appellée Jean des Rois, tient le premier rang. Ximenès, qui parvint dans la suite à la dignité d'archevêque & de cardinal, fut le premier novice qu'on y reçut. L'église en est belle & grande, & toute pleine d'orangers, de grenadiers, de jasmins & de myrtes fort hauts, posés dans des caisses, & qui forment des allées, jusqu'au grand autel, dont les ornemens sont extrêmement riches. Au travers de ces branches vertes & de ces fleurs, de différentes couleurs, on voit éclater l'or, l'argent & la broderie, dont cet autel est émaillé, & les cier-ges allumés, joignant la lumiere à cet éclat; toutes ces choses ensemble font un effet tout surprenant, pour les étrangers, dont les yeux ne sont pas accoutumés à de pareils spectacles. Enfin, outre la musique des voix & des instrumens, on a encore dans cette église celle de divers petits oiseaux, comme roffignols, sérins & autres, qu'on y tient renfermés dans des cages peintes & dorées. Il y a, dans cette ville, vingt-sept paroisses & un certain nombre d'hôpitaux, entre autres, celui de los Nignos, ou des enfans trouvés ; un autre dans le fauxbourg, & dont le bâtiment eft carré, composé d'une église & de trois corps de logis, qui renferment une très-grande cour. Au milieu de la nef de l'église se voit le tombeau & la statue, en marbre, d'un archevêque de Toléde, fondateur de l'hôpital. L'archevêque a plusieurs maisons dans la ville; il les donne à des ouvriers en foie, & on les connoît à un carreau de fayance, qui est sur la porte, avec la salutation angélique & les mots suivans: MARIA FUE CONCEBIDA SI PECADO ORIGINAL, c'est-à-dire, Marie fut conçue sans péché originel. Près de l'église cathédrale est la maison de ville, qui a un très-beau frontispice, avec un portique de pierres de taille, revêtu de quelques marbres. La ville de Toléde est célébre par plusieurs anciens conciles, qui y ont été tenus, & dont on fait monter le nombre jusqu'à dix-sept; pour avoir été pendant plusieurs fiécles, avant & après l'invasion des Maures, le siége des rois de Castille, & la capitale d'Espagne; pour avoir été honorée du titre de cité impériale, & par une bonne université affez ancienne, qui a produit plusieurs savans personnages, & fondée en 1475. La bibliotheque de cette université est belle, & a été fort enrichie par le cardinal Ximenès. On dit qu'autrefois on enseignoit ouvertement la magie dans cette université. C'étoit peut être du tems des Maures, ou peut-être y a-t-il à distinguer entre magie & magie. Quoi qu'il en soit, tous les avantages qu'a eu la ville de Toléde ont été cause qu'elle a disputé & dispute encore à celle de Burgos le titre de capitale ou de premiere ville de Castille, & le droit de parler la premiere à l'as-, semblée des états, par ses députés. Ce différend, entre ces deux villes, n'a jamais été décidé. Le roi Alfonse XI s'avisa d'un expédient, pour ne choquer ni l'une ni l'autre. Dans l'assemblée des états, qu'il avoit convoquée à Alcala, avant qu'on entamât cette affaire, il dit: Je sçai que ceux de ma bonne ville de Toléde feront de bon cœur tout ce que je leur dirai: que ceux de Burgos parlent; ainsi, chacune des parties fut contente, se croyant préférée: ceux de Toléde, parce que le roi les avoit nommés les premiers, & ceux de Burgos, parce qu'ils eurent l'honneur de parler les premiers. Depuis ce tems, les rois ont toujours suivi le même style toutes les fois qu'ils ont assemblé les états de la Castille. Toléde est forte d'assiéte, & munie d'un bon fossé; & comme la pente du côteau sur laquelle elle est bâtie, est tournée vers le Tage, si l'on vouloit un peu travailler, on rendroit ce fleuve navigable; de forte que les bateaux viendroient au pied de la ville; ce qui contribueroit fort à en faire fleurir le commerce. On traverse ce fleuve en trois endroits, sur trois ponts, dont deux font fort longs & fort élevés. La campagne des environs de Toléde est séche & stérile, à la réserve des endroits que le Tage arrose, & qui font fort fertiles. L'air y est sec & très-pur, & il y pleut rarement. Hors de la ville on voyoit, il n'y a pas encore longtems, les restes d'un ancien amphithéâtre ; & on a trouvé un marbre antique, avec l'inscription suivante, dans laquelle le nom des habitans de Toléde se trouve marqué. Cette inscription est faite à l'honneur du roi Philippe. IMP. CAS. PONT. MAX. TRIB. POтт. P. P. CONSULI TOLETANI DEVOTISS. NUMINI MAJEST. QUE EJUS D. D. Saint Ildefonse, évêque de cette ville, mourut en 667. Saint Julien, évêque, successeur de Quirique, qui avoit fuccédé à faint Ildefonse, mourut en 690. Saint Eugene, II du nom, succéda, l'an 646, à Eugene, & mourut en 658. Sainte Léocadie, vierge & martyre, qui mourut dans les prisons de Toléde, sur la fin de l'an 304, étoit née dans cette ville; & son corps s'y garde encore, après en avoir été long-tems absent. * Baillet, Topogr. des saints, p. 488. 1. TOLEN, ville de l'Egypte. Pline, 1.6, c. 3, qui cite Aristocréon, dit qu'elle étoit à cinq journées de Méroé, du côté de la Libye, & à douze journées de la ville Esar, autre ville des Egyptiens. 2. TOLEN, Tola, ifle des Pays-Bas, dans la province de Zélande, près de la côte du Brabant, dont elle est séparée par un canal. Sa capitale, qui est située sur ce canal, porte auffi le nom de TOLEN OU TERTOLE. Elle a pris son nom du péage, qui y avoit été établi, & qu'on nomme en flamand Tole. Cette ville est ancienne, & a le troisieme rang entre celles de Zélande, après Middelbourg & Ziriczée. * Longuerue, Description de la France, partie 2, pag. 26. TOLENTIN, ville d'Italie, dansla Marche d'Ancone, (a) dans les terres, sur le Chiento, à la gauche, environ à fix milles vers l'orient de San-Severino, à dix milles de Macerata, & à quinze de Camerino. Cette ville avoit un évêché (b) dès le cinquiéme fiécle; mais il fut uni à Macérata en 1586. Quand on arrive de Foligni à Tolentin, on traverse presque toute la ville, en descendant, pour aller à saint François, qui est l'église épiscopale, dont le clocher fait le principal ornement. La ville de Tolentin n'est pas d'une grande étendue; & elle n'est bien habitée que pendant quelques fêtes & quelques foires, qui s'y tiennent, & qui y attirent un grand concours de peuple, de toutes les parties de l'Italie ; mais elle est célébre, pour être dépositaire des reliques de saint Nicolas, hermite de faint Augustin, qui demeura dans cette ville pendant trente ans; ce qui a fait qu'on lui a donné le surnom de Tolentin. (c) Le lieu de sa naissance étoit un bourg appellé Saint-Ange, près de la ville de Fermo, dans la même province. L'église, qui eft sous son invocation, est bâtie à l'entrée de la ville, dans une fort belle place. Quoique son portail soit magnifique, on admire encore davantage les grands cloîtres, où sont dépeintes les principales actions & les miracles que ce faint a faits pendant sa vie. Le maître autel est remarquable par ses dorures & fon marbre, qui est travaillé avec beaucoup de délicatesse. La ville de Tolentin a été la patrie de François Philelphe, philosophe, poëte & orateur, qui vivoit dans le quinziéme siécle, & mourut à Boulogne, dans un âge fort avancé. (a) Magin, Carte de la Marche d'Ancone. (b) Commainville, Table des évêchés. (c) Baillet, Topogr. des saints, p. 489. TOLENUS, Aeuve d'Italie, chez les Marses. Orose, 1.5, c. 18, cité par Ortelius, dit que ce fut fur le bord de ce fleuve que Rutilius & huit mille Romains qu'il avoit avec lui, furent pris par les Marses. Ortelius ajoute que de deux manuscrits qu'il a consultés, l'un lisoit Telonius & l'autre Telonus. C'est le Tolenum dont parle Ovide Faftor. l. 6, v. 565. , Ortelius conjecture que cette déroute de Rutilius ne se passa pas loin du Liris, parce que Plutarque & Appien mettent la même action sur le bord de ce dernier fleuve; mais Ortelius avoit oublié apparemment qu'au mot THELONUS, il avoit remarqué que le Thelonus ou Tolenus étoit le même que le Liris. On croit que c'est aujourd'hui Turano. Voyez ce mot. TOLERATES, peuple de Germanie, selon Ifidore, cité par Ortélius, qui dit qu'on lisoit à la marge OLERATES, & qu'un manuscrit qu'il a consulté portoit TOLE RATA. TOLERIUM, ville d'Italie, dans l'ancien Latium. Ce fut, felon Plutarque, in Coriolano , une des villes que prit Coriolan. Etienne le géographe parle aussi de cette ville, dont Pline, 1.3, 6.5, nomme les habitans TOLERIENSES. Ils font appellés TOLERINI par Denys d'Halicarnasse, l. 8, p. 493 & 500. Voyez TRICRINI. TOLETUM, ville de l'Espagne Tarragonnoise, & la capitale des Carpétains, selon Pline, 1. 3, c. 3. Cette ville conserve son ancien nom. Voyez TOLÉDE. Ses habitans sont appellés TOLETANI par Pline, & ce même nom leur est donné dans les anciennes inscriptions. Ptolomée & l'itinéraire d'Antonin ont tellement marqué la situation de TOLETUM, qu'on ne peut douter que ce ne soit aujourd'hui la ville de Toléde. TOLESBURG, TOLSBERG ou TOLSBURG, petite ville de l'empire Russien, dans l'Esthonie, sur le golfe de Finlande, à l'embouchure de la riviere de Semsteback, à la droite. * De l'ifle, Atlas. TOLFA, ville d'Italie, dans le patrimoine de S. Pierre, selon Corneille, qui ne cite aucun garant. Il dit qu'on y trouve quantité d'alun, dont le pape tire un revenu considérable. Magin ne marque point cette prétendue ville dans sa carte du Patrimoine. TOLHUIS, village des Pays-Bas, dans la Gueldre Hollandoise, sur le Rhin, demi-lieue au-dessous du fort de EEeece iij 1 |