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nord. Ce village est rempli d'hôtelleries & de magafins. On y transporte de Panama les marchandises fur des mules, pour y être embarquées sur la riviere dans des canots, & dans des pirogues; mais les lingots font voitures par terre jusqu'à Portobello. Le pays du côté de Venta de Cruzes est entremêlé de savanes, de bois, & de groffes montagnes de peu d'étendue, fur-tout vers Panama. * Wofer, Voyage, c. 2. VENTA-ICENORUM, ville de la Grande Bretagne. Il y a dans l'itinéraire d'Antonin une route, qui conduit de Venta-Icenorum à Londres, qui en étoit à cent trente-huit milles; & on y compte 32 milles de Venta-Icenorum à Sitomagum. Ptolomée, 1.2, c. 3, nomme cette ville Venta Simenorum; mais il faut, sans doute, lire Icenorum; car il est constant que les Iceni ont été une nation puissante dans la GrandeBretagne. En effet Tacite, an. 1. 12, c. 31, l'appelle valida gens; de forte qu'il ne feroit pas naturel que Ptolomée, qui donne jusqu'aux noms des bourgs de la Grande-Bretagne, eût paffé fous filence celui d'un peuple confidérable. Commele manuscrit de Ptolomée de la bibliotéque palatine a Ἰμένες au lieu de Ξιμένες c'est une nouvelle raison qui autorise le changement de Ξμένος en Ἰμένες. Un manuscrit de l'itinéraire d'Atonin, au lieu de Vena-Icenorum, lit Venta-Iciorum ; & d'autres portent Ventacinorum, ou Venta-Cenomum. On voit aujourd'hui les ruines de cette ville dans Nørdfolkshire, sur le bord de la riviere Wentfar, près d'un lieu nommé Caster. Ces ruines occupent trente acres d'étendue ; & l'on y a déterré quelques médailles. Un peu plus haut, il y a vers la source de la riviere un vieux retranchement carré de vingt-quatre acres d'étendue, qu'on croit être les restes de quelques ouvrages des Romains.

VENTA-SILURUM, ville de la Grande-Bretagne. Il en eft fait mention dans l'itinéraire d'Antonin, qui la marque fur la route d'Isca à Calleva, entre Isca & Abone, à 9 milles du premier de ces lieux, & à pareille distance du second. Quoique cette ville ait beaucoup perdu de sa premiere splendeur, puisqu'on n'en découvre que les ruines, elle ne laisse pas de conserver encore fon ancien nom. On l'appelle CaerWent, c'est-à-dire, Urbs-Venta; Caer, & Cair, dans la langue Bretonne, fignifioit une ville, ou un château. On croit avec beaucoup de vraisemblance, que Chepstow, dans le comté de Monmouth, s'est aggrandi des ruines de la ville de Venta-Silurum, qui étoit la capitale de la province, & qui lui donnoit même fon nom; car ce pays a été long-temps appellé Guent, & Wentsland. Elle étoit fituée à quatre milles de Chepstow, en tirant vers le sud-ouest. On yvoit encore les restes des murailles, qui avoient environ mille pas de tour, quelques vestiges de remparts & de portes; & l'on y a déterré divers monumens d'antiquité, comme des pavés à la mosaïque, & des médailles. On trouve dans l'histoire, qu'il y a eu dans cette ville une académie, où saint Tathay, Breton, fut appellé pour enfeigner.

VENTABRENS, bourgade de France, dans la Provence, viguerie & recette d'Aix. Il y a dans son territoire un prieuré dépendant de Mont-Majeur, & qu'on nomme faint Honoré de Roc-Faveur.

VENTADOUR, château de France, dans le Limousin, à quelques lieues de la ville d'Uffel, Ventadour fut érigé en duché fimple l'an 1578, & les lettres furent vérifiées au Parlement la même année. En 1589, la même terre fut érigée en pairie, & les lettres en furent enregistrées le 4 de Janvier 1594. La petite ville d'Uffel est le chef-lieu de cette duchépairie, dont le château est situé à quelques lieues de de la ville. Il y a beaucoup de seigneuries qui en dépendent, & cette terre peut valoir quinze mille livres de rente. Les habitans de Tulle formerent opposition à la premiere érection de Ventadour en duché, & ils ne s'en défisterent, qu'à condition que le duc fonderoit dans leur ville un college de Jésuites. Cette condition ne fut accomplie qu'en 1620, & l'église ne fut même achevée de bâtir qu'en 1701. ganiol, Descr. de la France, t. 6, p. 378.

* Pi

VENTAVON, felon Corneille, village de France, dans le Dauphiné, à trois lieues de Sisteron, vers

le nord. On voit fur la Durance, à demi-lieue de-là, un vieux château ruiné. Selon Bouche, c'est l'ancienne, Alabuns.

VENTENG, ville de la Chine, dans la province de Channton, au département de Tengcheu, cinquieme métropole de la province. Elle est de 4 d. 51'. plus orientale que Pekin, sous les 36. d. 57'. de latitude

feptentrionale. * Atlas Sinenfis.

VENTIA, ville de la Gaule Narbonnoise, selon Dion Caffius, 1. 37, fub. an. U. C. 693. Voyez VENSIENSIUM, VINCIUM, & VINTIUM.

VENTÍMILLE. V Voyez VINTEMILLE.

VENTISPONTE, ville d'Espagne. Hirtius, de Bel. Hisp. est le seul qui en fasse mention. Comme il fait entendre qu'elle étoit voisine de Caracca, elle devoit être dans la Bétique.

VENTOTENE, petite isle de la mer Tyrrhenienne, endeça de Terracin, n, & à côté de l'isle Ponza; c'est la Pandataria'des anciens: elle n'est point du royaume de Naples. * D. Mattheo Egto, lettre à Lenglet du Fresnoy.

VENTRÆ, ville d'Italie, selon Diodore de Sicile, L. 14, c.35, qui dit que les Romains y envoyerent une colonie vers l'an 351, de la fondation de Rome. Il y en a qui veulent lire Velitræ, au lieu de Ventræ.

VENTS: (les) ce terme est si essentiel à la géographie, qu'il mérite bien un article. Je me fervirai d'une lettre inférée dans le septieme entretien Phyfique du P. Regnault. Ce savant Jésuite a traité cette matiere d'une maniere si fatisfaisante, que je me ferois scrupule d'en rien changer. J'ajouterai, tout au plus quelques mots, pour plus de clarté. Il se propose fix questions auxquelles il répond dans le même ordre.

Les questions font celles-ci. Qu'est-ce que le vent? Combien compte-t-on de vents? Quelle est en abregé l'histoire des vents? Quelles font les causes générales des vents? D'où vient la direction différente, la diversité des vents? D'où viennent les différentes qualités des vents?

I. Question. Qu'est-ce que le vent? C'est une agitation sensible de l'air; un transport sensible de l'air d'un lieu dans un autre.

II. Question. Combien compte-t-on de vents ? On peut en compter autant qu'il y a de points dans l'horifon, puisqu'il en vient de chaque point de l'horifon. Cependant on n'en compte que 32, parce que ce nombre suffit pour déterminer ceux qui fervent à la navigation. En voici les noms, tels qu'ils font nommés sur la boussole.

NORD, SUD, EST, OUEST: NORD-EST, NORDOUEST, SUD-EST, SUD-OUEST: NORD-NORD-EST, NORD-NORD - OUEST, SUD - SUD-EST, SUD-SUDOUEST: EST-NORD-EST, EST - SUD-EST, OUESTNORD-EST, OUEST - SUD-EST: NORT-QUART DE NORD-EST, nord-est quart de nord-est, nord-est quart à l'est, est quart au nord-eft.

Les quatre premiers, nord, eft, fud, ouest, s'appellent vents cardinaux, parce qu'ils viennent des points cardinaux de l'horifon.

Les quatre suivans, nord-est, nord-ouest, sud-est, Sud-ouest, se nomment vents collatéraux, parce qu'ils font entre les premiers à égale distance. Chacun des vents collatéraux se trouve précisément au milieu de deux vents cardinaux, ayant fon nom compofé des deux vents au milieu desquels il se trouve. Eft-il entre le nord & l'eft, il s'appelle nord-est, entre le nord & l'ouest, nord-ouest, entre le fud & l'eft-fud-eft, entre le fud & l'ouest-fud-ouest.

Les huit vents suivans, dont chacun est situé au milieu d'un vent cardinal, & d'un collatéral, ont un nom compofé des noms de tous les deux. Un vent est-il précisément au milieu du nord & du nord-eft, on l'appelle nord-nord-est, au milieu du nord & du nord-ouest, on le nomme nord-nord-ouest, & ainsi des autres.

Les feize derniers tirent leur nom d'un vent cardinal, & d'un vent collatéral, à quoi on ajoute quart. Le nom de chacun commence par celui du vent auprès duquel il se trouve, & finit par le nom du vent qui

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en est le plus éloigné: par exemple, le vent qui est le plus proche du nord, allant vers le nord-ouest, se nomme Nord quart de Nord-ouest, ou nord quart au nord-ouest, ou parce qu'il eft le quatrieme, , à compter du nord-ouest au nord; ou parce que fi l'on divise l'intervale, qui est entre le nord & le nordouest, en quatre parties égales ou quarts, le premier quart de cet intervale, en commençant par le nord, se trouve terminé par ce vent-là. Si ce même intervale étant divisé, comme nous avons dit, en quatre quarts, on cherche le nom du vent qui termine le premier quart, en commençant par le nord-eft, il n'y a qu'à nommer ce vent collatéral, le premier, & dire nord-est quart au nord, & ainsi des autres.

III. Question. Quelle est en peu de mots l'histoire des vents? Il regne entre les Tropiques, un vent continuel, qui souffle sans cesse de l'orient à l'occident. Il y a d'autres vents remarquables entre les Tropiques, & qu'on appelle vents Alizez. Ce font les vents de nord-eft & de fud-est, qui se font fentir entre les Tropiques. Hors des tropiques, depuis le 23. d. latitude, on sent un vent d'occident affez constant. L'orient a ses Mouffons, qui font des vents périodiques, ou qui soufflent régulierement de divers endroits, felon la diversité des saisons. Tels font ces vents qui regnent dans les mers de l'Inde & de l'Arabie, & qui soufflent pendant fix mois d'un côté de I'horifon, & pendant les autres fix mois, de l'autre côté de l'horifon. Il y a des Moussons d'hiver, & des Mouffons d'été Onappelle Mouffons d'hiver, les vents qui viennent pendant fix mois, environ d'entre le nord & l'eft;& moussons d'été, les vents qui viennent rendant fix mois, environ d'entre le nord & l'ouest. Il y a peu de vents réguliers & périodiques, en comparaison des vents variables. Les vents variables sont ceux, qui, tantôt soufflent, & tantôt ne soufflent point, qui soufflent tantôt d'un côté, & tantôt de l'autre. Les vents qui se font sentir dans ces contrées, font presque tous des vents variables.

Les OURAGANS sont des vents, qui portent le ravage dans le pays qu'ils traversent. Le vent d'est, est ordinairement sec, par rapport à nous: le vent d'ouest pluvieux; le vent du fud chaud, & le vent du nord froid. Enfin les vents sont tantôt nuisibles, tantôt falutaires.

IV. Question. Quelles sont les causes générales des vents? L'éruption violente des vapeurs, & des exhalaisons caufées par les fermentations fouterraines: la raréfaction de l'air par les fermentations souterraines ou par la chaleur du soleil, la chûte des

nuées.

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L'éruption violente des vapeurs & des exhalaisons. On ne peut douter qu'il n'en forte de la terre & des eaux; il en fort des antres, des gouffres, des abimes. Il en naît un en Provence, de la montagne de Malignon, lequel ne s'étend pas plus loin que le panchant de cette montagne. Il en naît un autre dans le Dauphiné, près de Nilfonce, lequel s'étend assez peu. On voit quelquefois en plein calme les eaux de la mer, se friser tout d'un coup autour d'un navire, avant que les voiles s'enflent; les flots se former en fillons, & fe pouffer les uns les autres, vers un certain côté, puis vous sentez le souffle du vent.

Pour comprendre comment se forment les vents, on peut comparer les creux fouterrains à la cavité d'un éolipile, les chaleurs fouterraines à celles du feu, sur quoi l'on met l'éolipile & les fentes de la terre, les antres, les ouvertures par où les vapeurs peuvent s'échapper, au trou de l'éolipile. Mettez fur le feu l'éolipile qui contienne un peu d'eau; bien-tôt l'eau s'évapore, les vapeurs sortent rapidement, forcées de paffer en peu de temps d'un grand espace par un petit, pouffe l'air, & cette impression rapide fait fentir un espece de vent. La fermentation des vapeurs fouterraines font aussi sortir brusquement de certains endroits de la terre, & des eaux, comme autant d'éolipiles, de grands amas de vapeurs ou d'exhalaisons. Ces exhalaisons & ces vapeurs, élancées violemment, chaffent l'air, selon la direction qu'elles ont reçues en fortant de la terre ou des eaux. • L'air chaffé violemment, communique fon mouve

ment à l'air antérieur. De-là ce courant sensible d'air, en quoi confiste le vent; de-là ce flux, se coulement successif d'air, qui semble imiter le mouvement des flots, & fait les bouffées. En effet, quelquefois lorsque le temps est sérein, & l'air tranquille, fur la Garonne, proche de Bordeaux, dans le lac de Genève, & dans la mer, on voit des endroits bouillonner tout-à-coup: les bouillonnemens font suivis de vents impétueux, de furieuses tempêtes; & Fienus dit que se promenant un jour au bord de la mer, il vit fortir des eaux un brouillard, comme une espece de fumée, & que ce brouillard fut suivi d'une tourmente des plus terribles. Et qu'est-ce qui produit les TYPHONS, ces vents si redoutables dans les mers des Indes? Les vapeurs & les exhalaisons fouterraines; car avant les Typhons, les eaux de la mer deviennent tiédes; on fent une odeur de soufre, & le Ciel s'obscurcit.

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La raréfaction de l'air. L'air raréfié, soit par les fermentations fouterraines, soit par la chaleur du foleil, ne peut occuper un plus grand espace fans chasser l'air voisin; l'air chaffé coule vers l'endroit où il trouve moins d'obstacle, & fi ce coulement eft sensible, c'est un vent. Ainsi l'air de la cheminée raréfié par la chaleur, produit dans l'air qui l'environne un petit vent, dont le mouvement s'accélere & fe fait entendre dans les interstices de la porte ou des fenêtres de la chambre où l'on fait du feu. Pourquoi pendant l'été le soleil levant est-il souvent accompagné d'un petit vent ? C'est apparemment l'effet de la rarefaction del'air, caufée par la chaleur du foleil, & dont l'impression se fait sentir jusqu'à nous. Après cela, faut-il s'étonner, s'il regne entre les Tropiques un vent qui souffle sans cesse de l'orient vers l'occident? La raréfaction que la chaleur du soleil cause dans l'air, dans les vapeurs, dans les exhalaisons, avec une direction de l'orient à l'occident, peut cauter ce phénoméne. Aufsi les mariniers observent que ce vent est plus fort le jour que la nuit.

La chûte des nuées. La chûte des nuées fondues par la chaleur de l'air, & devenues plus péfantes, agite fort l'air inférieur, & cette agitation violente est un vent peu durable, mais impétueux. Ces fortes de vents sont suivis ordinairement de la pluie ; parce que les nuées, dont la chûte les produit, se résolvent en goutes dans leur chûte. Quelquefois les mariniers apperçoivent au-dessus d'eux une nuée, qui paroît d'abord fort petite, parce qu'elle est fort élevée, mais qui semble s'élargir peu à peu, parce qu'elle descend & s'approche, & dont la chûte sur la mer eft accompagnée de pluie, d'orage & de tempête.

Enfin, la hauteur, la largeur, la situation des montagnes rétrecit quelquefois le passage des vapeurs & de l'air agité, & cause par-là de l'accélération dans leur mouvement. Ce mouvement devient senfible, & c'est un vent réel. aussi quand les vaisseaux passent le long des côtes de Gènes, où il y a de hautes montagnes, & qu'ils font vis-à-vis de quelque vallée, dont la direction regarde la mer, on sent un vent considérable, qui vient des terres.

V. Question. D'où vient la direction, différente, ou la diversité des vents ? De la situation diverse des principes, ou des endroits d'où part l'impétuofité de l'air, & de ceux qui la réfléchiffent. Les corps qui partent d'un endroit, suivent la direction qu'ils ont reçue d'abord, jusqu'à ce que quelque obstacle leur donne une direction nouvelle. Le goulet d'une éolipile regarde-t-il le sud? Il en fort un vent, qui vient du côté du nord. Ce goulet regarde-t-il le nord? II en fort un vent du côté du sud. De même la direction d'un vent qui fort de la terre ou des eaux, répond à la direction de l'issue par laquelle il fort. Il y a en Provence une montagne percée au septentrion & au midi: de ces deux ouvertures oppofées sortent deux vents oppofés. Suivant le même principe, se fait-il dans l'air quelque raréfaction considérable du côté du midi? L'air latéral, pouffé par la force de l'air raréfié, coule vers le nord où la résistance est moindre, & c'est un vent du midi. La raréfaction se fait-elle du côté dunord? L'air pouffé coule vers le midi, & c'eft un vent du nord. Un vent rencontre-t-il des hau

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teurs, des nuages? Il se réfléchit, faisant un angle de réflexion à peu près égal à l'angle d'incidence. De-là un vent de midi devient un vent de nord; un vent de nord devient un vent de midi, &c. Si des vents, partis de divers endroits, viennent à se rencontrer, le plus foible doit céder à la direction du plus fort. Qu'un vent de nord ou de fud un vent d'occident ou d'orient, le plus foible pirouette, s'absorbe, & c'est une espece de tourbillon.

rencontre

On peut maintenant comprendre aisément ce qui regarde le vent d'eft, qui régne entre les Tropiques. Ce vent n'est point caufé, ce semble, par le mouvement journalier de la terre sur son axe, de l'occident vers l'orient, car on trouve des calmes dans la mer Atlantique, proche de l'équateur, & des vents périodiques d'Ouest sous l'équateur même. D'où vient donc le vent d'eft, qui regne entre les Tropiques? A mesure que le foleil avance d'orient en occident, il dilate l'air inférieur. L'air dilaté pousse l'air qui le précéde. L'air épais & groffier, qui fuit l'air dilaté, se mêle avec lui rapidement à proportion que le foleil se retire. De-là le vent d'est, qui ramene nos vaisseaux chargés de richesses de l'orient.

On peut comprendre, avec la même facilité, les vents alizés, le vent constant d'occident entre le 13. & le 40. d. de latit. nord, les moussons des Indes, & les vents variables & les ouragans.

1. Les vents alizés, ou les vents de nord-est & de fud-est, qui soufflent entre les Tropiques, dépendent de la différente fituation du foleil, qui produit de plus grandes raréfactions sous les tropiques, que sous l'équateur; parce que vers les tropiques, il est plus long-temps fur l'orifon.

2. Les vents alizés, réfléchis obliquement par les côtes montagneuses de l'Amérique, font la conftance du vent d'occident, qui souffle hors des tropiques.

3. Les mouffons des Indes dépendent, comme les vents alizés, de la différente fituation du soleil, qui raréfie plus l'air, éleve plus de vapeurs & d'exhalaisons, quand il est plus à plomb fur un pays, & leur dorne différentes directions, felon qu'il est différemment fitué.

4. Les fermentations irrégulieres produisent les vents variables.

5. L'action de quelque fouterrain, ou de quelque fermentation violente, lance-t-elle obliquement en l'air une grande quantité de vapeurs & d'exhalaifons? Un nuage épais vient-il à tomber obliquement? L'air chargé d'exhalaisons, & de vapeurs, & pouflé par une force extraordinaire, se répand, coule rapidement, fuivant la direction qu'il a reçue, agite, renverse ce qu'il rencontre, les arbres, les toits, les maisons ; & c'est un Ouragan. Les TROMPES sont causées, apparemment comme plusieurs ouragans, par les fermentations fouterraines. Ces trompes font des colonnes de fumées, qui fortent de la mer. On voit d'abord l'eau bouillonner; puis une fumée noire s'élance & s'éleve avec un bruit fourd, comme celui d'un torrent. S'il se rencontre un vaisseau, la violence de la colonne obscure brise les voiles, fouleve quelquefois le vaisseau même. Le vaisseau soulevéretombe bientôt par fon poids & fon mouvement accéleré dans sa chûte, l'enfévelit dans les eaux, tandis que la colonne continue de s'élever, en tournant rapidement, & va se perdre dans les nuées. Quand les mariniers apperçoivent le péril, ils tirent quelques coups de canon chargés de barres de fer, afin d'éloigner par l'impulfion de l'air la colonne redoutable, ou de la couper & de la diffiper, en diffipant l'eau qui la compofe.

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nairement secs. Les vents portent-ils beaucoup de vapeurs? ils font humides. De-là les vents d'occident, qui traversent beaucoup de mers, font ordinairement pluvieux. Les vents viennent-ils des pays chauds? Ils font ordinairement chauds parce qu'ils apportent des vapeurs, des exhalaisons, ou des particules d'air agitées de ce mouvement, en tout sens, qui fait la chaleur. De-là les vents du midi font ordinairentchauds. Le froid, en 1709, qui parut être plusieurs jours l'ef fet d'un vent desud, pouvoit n'être qu'un reflux d'un vent de nord, qui avoit précédé. Les vents viennentils des pays froids? Ils font d'ordinaire froids; par ce qu'ils apportent des particules, qui n'ont qu'un mouvement direct, ou qui portent beaucoup de fels, de nître, de glaçons, ce qui contribue certainement à rendre les vents froids. En effet, mettez de petits glaçons à l'iffue d'un soufflet, il en fort un vent plus froid. De-là le vent du nord eft ordinairement froid. Enfin les vents font nuifibles ou falutaires, selon que les corpuscules dont ils se chargent en divers endroits, font salutaires ou nuifibles. Voyez l'article ANEMOGRAPHIE.

VENTZA, bourgade d'Albanie. Voyez VoNISSA. VENUS - PYRENEA. Voyez APHRODISIUMPROMONTORIUM, & PYRENE.

VENUSIA, ville d'Italie, aux confins de la Pouille & de la Lucanie: Ptolomée, l. 3, c. 1, la donne aux Peucentini, & Pline, 1.3, c. 11, aux Daunii. Ce dernier, & Velleïus Paterculus, 1.3, c. 14, lui donnent le titre de colonie. Elle étoit dans les terres; & l'itinéraire d'Antonin la marque sur la route de Milan à la Colomne. Il la place entre in Ho noratianum & Opinum, à vingt-huit milles du premier de ces lieux, & quinze milles du second. Au lieu de VENUSIA, quelques manuscrits de cet itinéraire portent VENUSIUM ; & d'auttes VENUTIUM, VENUSIO, VENUSTO, VENUSTE, OU VENUSIDA. Horace 1.2, Serm. Sat. 1, 35, dont VENUSIA étoit la patrie laisse en doute fi elle étoit dans la Lucanie, ou dans la Pouille :

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On voit par-là, que le nom National étoit VENUSI NUS; & Tite-Live, l. 22, c. 54, l'a pareillement employé. Les Grecs, favoir, Polybe, Strabon & Ptolomée, ne différent point des Latins pour l'ortographe de ce nom: ils écrivent Οὐενεσία. Plutarque cependant dit Berusia. Le nom moderne eft Venosa

VENXANG, ville de la Chine, dans la provin ce de Xantung, au département de Yencheu, fe conde métropole de la province. Elle est de o. d. 10'. plus occidentale que Pekin, sous les 36. d. 20'. de latitude feptentrionale * Atlas Sinenfis.

VENXUI, ville de la Chine, dans la province de Channsi, au département de Taiven, premiere métropole de la province. Elle est de 5. d. 47. plus occidentale que Pekin, sous les 38. d. 25'. de latitu de feptentrional.

VENZONE, petite ville d'Italie, dans le Frioul, au pays de Carnica, près de la montagne appellée Monte di Vezone, sur la rive gauche du Tajamento, auprès de fon confluent, avec la Fella. * Magin, carte du Frioul, Jaillot, de l'Isle.

VEPICUS, Ortelius met une ville de ce nom en Italie, & croit devoir la placer dans le Picenum. Il se fonde fur ce passage de Silius Italicus, 1.8,

ν. 441.

Vepicus, quondam nomen memorabile ab alto Saturno, statuit genitor, quem carmine Circe Exutum formæ volitare per æthera jussit; Et sparfit plumis croceum fugientis honorem.

VI. Question. Pourquoi les vents fons - ils secs ou humides, chauds ou froids, nu fibles ou falutaires? D'où viennent les différentes qualités des vents ? La plûpart viennent des divers corpuscules qu'ils emportent avec eux, felon les lieux où ils naiffent, ou qu'ils traversent. Les vents sont-ils peu chargés de vapeurs? Ils font secs; de-là les vents d'orient, qui tra- Mais il est à remarquer que tous les commentateurs versent beaucoup de terres, peu de mers, font ordi- conviennent qu'il y a faute dans ce passage de Silius

Italicus. Quelques manuscrits portent Vepicus, d'autres Vopicus, & d'antres, ut Picus. Barthius, l. 1. Adverf. c. 5, a voulu foutenir qu'il falloit lire vos Picus? Mais N. Heinfius est pour Hoc Picus; & cette correction a été suivie par Drakenborch; de forte qu'il n'est aucunement question d'une ville appellée Vepicus; mais de Picus qui fut métamorphofé par Circé.

VEPILLUM, ville de l'Afrique propre: Ptolomée, l. 4, c. 3, la marque au nombre des villes, qui étoient au midi de Carthage, entre les fleuves Bagradas & Triton.

VER. Voyez TIL.

1. VERA, ville de Médie. Strabon, 1. 11, p.523, dit qu'elle étoit bâtie dans un lieu élevé, & fort par sa situation, & qu'Antoine la prit dans son expédition contre les Parthes.

2. VERA: Ortelius, dit colonie d'Italie, dans la Toscane, felon Q. Fabius Pictor, l. 2, qui en fait venir les habitans de Verone. Je ne trouve rien de cela dans Fabius Pictor; je vois seulement dans la division de l'Italie, par C. Sempronius, que Vera étoit une famille de la Toscane, qui donna fon nom 'à la ville de Verone.

3. VERA, fleuve de la Gaule, selon Ortelius, qui cite l'auteur de la vie de faint Eliphe, martyr.

4. VERA, ville d'Espagne, au royaume de Grenade, vers les confins du royaume de Murcie, près de la riviere de Guadalmaçar. C'est une ancienne ville, connue autrefois sous le nom de Virgi; d'où vient que le golfe ou parage, qui est à la hauteur de Murcie & de Grenade, portoit le nom de Virg tanus S.nus. Ifaac Voffius ne convient pas pourtant que VERA soit la Virga des anciens. Voyez VIRGI. * Délices d'Espagne, p. 530

5. VERA, vallée d'Espagne, dans la Navarre. C'est la plus feptentrionale de toutes les vallées qui -divisent la Navarre. Elle est fertile, elle abonde en bons pâturages, & elle est arrofée par la riviere de Bidaffoa. Ils y trouve quantité d'animaux domestiques & fauvages.

6. VERA, riviere des états du Turc, en Europe. Elle prend sa source vers les conans de la Bulgarie, & court dans la Macédoine au nord au fud, en ferpentant. Elle baigne Seres, & fe décharge dans le golfe de Salonique, entre la ville de ce nom & l'embouchure du Vardar. Cette riviere, que de l'isle nomme CALICO, & qu'on appelle aussi VERATASER, est prise pour le Chidorus des anciens.

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1. VERA-CRUX. En 1519, Fernand Corter allant à la conquête du Méxique, prit terre à la petite isle de faint Jean d'Ulna, ou Culua, découverte quelque-temps auparavant par Jean de Grijalva, & bâtit à la côte du continent, à trois licues, vers le nord, une ville, qu'il nomma villa rica de la VeraCrux, parce qu'il arriva le jour du Vendredi Saint; & il y créa un conseil qui lui confirma la charge de capitaine général, laquelle Velasqués lui avoit donnée & ôtée; mais cette ville ne subsista pas longtemps, & on l'a rapprochée de l'isle Saint Jean, qui ferme actuellement fon port. Elle est située au sud du golfe du Méxique, environ par les 18. d. & demi de latit. nord, & vers les 277. de longit. Elle n'a jamais été ni belle, ni bien bâtie, & on n'y voit point de noblesse. Elle est de figure un peu allongée d'orient en occident: fon circuit a environ une demi-lieue d'Espagne. Elle est située dans une plaine environnée de bois fort épais, où il y a quantité de bêtes sauvages. L'air n'y est pas sain, fur-tout en été, lorsque le vent du nord y regne, ce qui arrive souvent. Le terroir eft ftérile & fablonneux, & on est obligé d'y faire venir les vivres de fort loin; cependant il n'en est guere dans le monde par où il passe tant de richesses. Elle est l'embarquadaire du México; & on peut même la considérer comme le magasin de tout ce qui fort de la nouvelle Espagne, pour paffer en Europe. Les vaisseaux y mouillent entre la ville & l'isle Saint-Jean qu'ils approchent affez pour être amarrés à terre, sous le canon d'un bon fort. * Le P. de Charlevoix, hist. de Saint Domingue, l. 5.

Jean Hawkin, amiral Anglois, entra dans ce port

au mois de Septembre 1598, & y trouva douze navi res d'Espagne, chargés de riches marchandises, qui se préparvient à faire voile. Il ne leur fit aucun tort, demanda seulement des vivres pour fon escadre, en payant. Le lendemain, comme il arriva une flotte d'espagne de treize navires, chargés de riches marchandites, avec le nouveau vice-roi, & dont il pouvoit aifément se rendre maitre avant qu'elle fût entrée dans le port, on fit un accord avec lui, & il laissa entrer ces vaisseaux. Mais dans le temps qu'il y pensoit le moins, il fut attaqué par les Espagnols, & ayant perdu dans le combat les meilleurs de fes gens, il fortit du port avec deux vaisseaux seulement. Après avoir été agité par les vents durant quatorze jours, dans le golfe du Méxique, lesvivres lui manquerent, & il se vit contraint de mettre à terre cent hommes de fon équipage pour en en aller chercher. Ces cent hommes périrent presque tous miférablement, ou par les mains des Sauvages, ou celles des Espagnols, qui les menerent à Panuco, & de-là à México. Un fort petit nombre échapa assez extraordinairement.

En 1683, il n'y avoit à la ville aucune fortification du côté de terre; mais elle étoit commandée par une espece de fort, où il y avoit douze pieces de canon. Ce fort servoit également, & à le tenir en respect, & à le défendre contre les ennemis. Outre cela elle avoit toujours une garnifon nombreuse, & pouvoit en peu de temps être secourue de toutes les forces de la nouvelle Espagne. Cependant cette même année douze cens Flibustiers François de Saint Domingue, la surprirent pendant la nuit, la pillerent, emmenerent quantité de prisonniers, avec tous les Noirs & les Mulâtress qui tomberent entre leurs mains, ce qui montoit à quinze cens personnes.

Le port de la Vera-Crux est naturellement fort par quantité de rochers que l'on trouve à l'entréee de part & d'autre, & fur lesquels touchent les vaisseaux qui ne connoissent pas bien l'endroit. Quoique toutes les flottes, ou tous les simples navires, qui viennent Europe à la nouvelle Espagne, arrivent dans ce port. Cette ville est cependant presque toujours déferte, il n'y reste que des Noirs & des Mulatres qui font presque tous mariniers ou facteurs.. On n'y voit des blancs, que lorsque la flotte arrive. A peine eftelle partie, que les personnes, qui ont quelque bien, se retirerent dans les terres, sans doute parce que l'air est mauvais dans la ville, & qu'on y est d'ailleurs fort expofé. En 1742, le 19 Octobre, la mer fut fi agitée au port de la Vera-Crux, qu'elle abbatit une partie des murailles de la ville, & mit en danger tous les vaisseaux qui étoient en rade. Le lendemain le rivage se trouva couvert de poiffons morts. La même chose fut observée quinze ou vingt lizues nord & & fud. * Hist. de l'Académie des Sciences, en 1746.

2. VERA-CRUX, ou la VIEILLE VERA-CRUX, ville de l'Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne, au gouvernement de Tlascala, à 19. d. de latitude septentrionale, à un quart de lieue du golfe du Méxique, à soixante ou foixante-cinq licues de la ville México, felon le chemin que l'on prend pour y aller, & à cinq lieues du port de S. Jean d'Ullua. Voyez l'article précédent.

VERA DE PLACENCIA, bourgade d'Espagne, dans l'Estremadoure, près de la ville de Placentia. Quelques-uns la prennent pour l'Ambracia des anciens. Cette bourgade, qui tire fon nom de la ville de Placentia, le donne à un petit quartier de pays de la partie feptentrionale de l'Estramadoure. Voyez PLACENTIA.

1. VERA-PAZ, province de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle Espagne. Elle formoit autrefois un diocèse particulier, où il y avoii un évêque; mais aujourd'hui l'évêché est uni à Guatimala. Le nom de Vera-Paz fut donné à cette province, parce que les anciens de ce pays, ayant apris comment les Espagnols avoient conquis Guatimala, & tout le pays des environs, se soumirent, fans la moindre résistance. La province de Vera-Paz est gouvernée par un alcade-major, ou président qu'on envoye d'Espagne, & qui dépend de la chambre de justice,

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justice, ou de l'audience royale de Guatimala. Cette province est entiérement méditerranée. Ses bornes sont au nord, le Yucatan; à l'est, las Honduras, & Guatimala, proprement dite; au midi, Soconusco, & au couchant, la province de Chiapa. Sa longueur & fa largeur font de trente lieues ou environ. Ses habitans, qui, pour la plupart, ont embrassé la religion chrétienne, font assemblés dans un petit nombre de bourgades. Le reste du pays est habité par des sauvages infideles; savoir, les Lecandones & les Prochutheques, peuples cruels, qu'on a peine à dompter. * Th. Gage, relation des Indes occidentales, part. 3, c. 5. De Laet, Descr. des Indes occid. 1. 7. C. 7.

Il y a fort peu de plaines dans cette province: le pays est affreux par ses hautes montagnes, par fes vallées profondes, par ses précipices, & par ses épaiffes forêts. Il est coupé de quantité de rivieres & de foncaines. L'air est assez tempéré dans le milieu de la province, quoiqu'il y pleuve presque neuf mois sans ceffer. Les extrémités en sont brûlées, & très-sujettes aux moucherons. On y trouve de bons fruits, de bons poiffons, & diverses autres choses nécessaires à la vie. Les Espagnols y ont seulement quatorze bourgades, où ils font mêlés avec les sauvages chrétiens, & dans l'une desquelles les Domicains ont bâti un couvent. Cette derniere s'appelle Coban: elle est la résidence de l'alcade-major; & Thomas Gage lui donne à cause de cela le titre de capitale de la pro

vince.

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Les naturels du pays différoient anciennement de langage, comme la plupart des Américains; mais depuis qu'on les a accoutumés d'habiter en société, ils ont tous pris la même langue. Ils font de moyenne taille, & de mœurs aisées. Leurs principales richesses sont des plumages de divers oiseaux, dont ils composent différens ouvrages. Ils ont appris d'autres arts méchaniques depuis l'arrivée des Espagnols. Il y a dans cette province plus d'hommes que de femmes, qu'on a remarqué n'y vivre pas fi longtemps. Elles accouchent presque sans travail, & souvent seules & sur les chemins: elles selavent aussi-tôt après, avec leurs enfans, dans quelque riviere. Le terroir, étant trop humide, n'est pas bon pour le froment; mais il porte du mahis deux fois l'année. Les forêts sont toutes remplies de cédres blancs & rouges, & de plusieurs arbres aromatiques. Il y a aussi une agréable variété de Heurs odoriférentes. Les abeilles qui en vivent sont de diverses especes; les unes, fans aiguillon, font leur miel fort clair; d'autres font avec des aiguillons; d'autres font du miel sauvage, qui trouble le cerveau aux hommes; & toutes font leur miel sous l'écorce, ou au pied des arbres, dans des trous en terre, mais sans faire de rayons. Cette province nourrit des lions, qui dorment tout le jour dans des cavernes, ou au haut des arbres, d'où ils descendent la nuit pour chercher leur nourriture. Ils font légers, mais timides. Les sauvages les tuent, & mangent leur chair, qui est blanche & assez bonne. Il y a aussi des tigres, mais grands, & fort dangereux. Entre les animaux à quatre pieds qu'on y voit, le plus grand est celui que les Espagnols appellent Danta, & les Sauvages Beori. Il est semblable à un veau, fi ce n'est qu'il a les jambes plus courtes, & les pieds articulés comme l'éléphant. Ceux de devant ont cinq orteils, & ceux de derriere quatre. Il a la tête longue, le front étroit, les yeux petits, ts, le museau pendant, & long d'une palme, les oreilles aiguës, le cou retiré, la queue couverte d'un peu de poil, & la peau extrêmement épaiffe. Quandil est irrité, il se dresse, ouvre sa gueule, & montre ses dents, qui sont comme celles d'un pourceau. Il vit d'herbes sauvages, & fa chair n'est pas mauvaise à manger.

Le côté de la province, qui regarde l'orient, est entrecoupé d'un nombre presque infini de ruisseaux & de torrens, qui descendent du haut des montagnes, s'assemblent dans des canaux, font plusieurs rivieres navigables, qui vont se jetter dans un golfe large & long, lequel se termine vers le nord ou le nord-ouest, en la baie de Honduras. On l'appelle golpho Dolce, à cause que ses eaux sont douces, quoique limonneuses, Tome VI.

2. VERA-PAZ, ou SANTA MARIA DE LA VERA PAZ, ancienne ville de l'isle Espagnole, qui fut batie en 1504, par le grand commandeur D. Nicolas Ovando, a demi-lieue de la côte occidentale, & affez près du lac Xaragua; mais dans la suite on la rapprocha de la mer, sous le nom de Santa Maria del Puerto. Voyez ce nom.

VERADA. Voyez VERALA.

VERAGLASCA, fleuve de Ligurie, aux envi rons de la ville de Gènes, felon une ancienne inscription, citée par Ortelius.

VERAGRANUS. Voyez BEREGRANI.

VERAGRI, peuples des Alpes, dont le chef-lieu est nommé Octodurus, ou Octodorus, par Céfar, 1.3, Bel. Gal. c. 1, d'où Pline, 1.3, c. 30, donne à tout le peuple, ou du moins à une partie, le nom d'Osturenfes. Octodurus, qui, selon le sentiment de la plûpart des Géographes, est aujourd'hui Martigni, ou Martignach, se trouvoit dans la vallée Pennine, qui dans la suite donna fon nom aux VERAGRI de Céfar & de Pline e; car ils font appellés VALLENSES dans la notice de la province des Alpes Graïennes & Pennines. Cellarius, Géogr. Ant. l. 2, c. 3, croit qu'on doit placer les Veragri dans la Gaule Narbonnoise, ainsi que les Seduni & les Nantuates: premierement, parce que Céfar, au commencement du troifiéme Livre de ses commentaires, les joints avec les Allobroges, depuis les confins desquels ils s'étendoient jusqu'aux plus hautes Alpes: secondement, parce que Ptolomée marque tous ces peuples dans l'Italie, quoiqu'ils habitassent au-delà des Alpes Pennines. St donc, ajoute Cellarius, ils étoient placés entre les Allobroges & les Alpes Pennines, de façon qu'ils pouvoient, en quelque maniere, être regardés comme habitans d'Italie, on ne peut les joindre avec les Helvétiens, & les comprendre dans la Gaule Belgique, mais on doit les laisser dans la Narbonnoise, qui étoit entre l'Italie & la Belgique, du côté des Helvétiens.

VERAGUA, province de l'Amérique septentrionale, & felon toutes les nouvelles cartes de l'Améri que méridionale, à l'orient de celle de Costarica, & au couchant de celle de Panama. Elle est lavée par la mer du nord, & par la mer du fud. Sa longueur de l'est à l'ouest est de cinquante lieues, & fa largeur de vingt-quatre du nord au sud, aux endroits où elle est plus étroite. Le pays eft montueux, & en quelque forte impénétrable, par l'épaisseur extraordinaire de ses bois. Il est riche en mines d'or. Le terroir ne porte ni froment ni orge; mais il est assez fertile en mahis, & en herbes potageres. Il y a fort peu de pâturages, ce qui fait que le bétail y manque. Christophe Colomb découvrit cette province en 1502, en revenant du cap Gracias à Dios, à l'est de la province de Hon duras. Il descendit d'abord dans l'isle de Quiribi, qu'il trouva couverte d'herbes & d'arbres, & ayant paffé de-là dans le continent, il vint vint à Cariari, village fitué sur le bord d'une riviere, & fort peuplé de Sauvages, qui, accourant armés d'arcs, de fléches & d'épées de bois, s'efforcerent de chasser les Espagnols, qui les adoucirent par quelques présens, & traiterent avec eux. De-là Colomb, s'avançant toûjours vers l'est, arriva à Carravaro, baie fort poissonneuse, de trois lieues de largeur, & de fix de longueur. A fon embouchure étoient des isles, dans l'une desquelles étant descendu, il y trouva quelques carcans d'or, que les Sauvages échangerent volontiers pour des sonnettes, & firent entendre qu'il y avoit de l'or en abondance dans la terre ferme. Ces Sauvages alloient nuds, à l'exception des femmes. Colomb étant parti de-là, & ayant visité la contrée d'Aburena, & Catiba, passa à Urira, dont les habitans faisoient fi peu de cas de l'or, que les Espagnols racontent que ces Sauvages leur en donnerent quatre-vingt-dix marcs pour trente-fix sonnnettes. D'Urira, il entra dans Cubiga, où il ne trouva point d'or; & ayant paffé Portobello, le vent, qui se roidit du côté de l'est, l'obligea de prendre son cours vers l'ouest. Il y fut battu neuf jours d'une violente tempête, ce qui fit appeller toute cette côte costa de los Contrastes N

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