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hébreu Nachal. On diftingue le Torrent da fleuve, en ce que le fleuve coule toujours, & que le Torrent ne coule que de tems en tems, par exemple, après les grandes plaies, ou la fonte des neiges. Comme le terme hébreu Nachal, fignifie une vallée, auffi-bien qu'un torrent, fouvent dans l'écriture, on met l'un pour l'autre; par exemple, le torrent de Gérare, pour la vallée de Gérare. L'équivoque, en cela, n'eft pas fort dangereufe, puisque les Torrens fe trouvent ordinairement dans les vallées; mais il eft bon de la remarquer, parce qu'on at tribue quelquefois à la vallée, ce qui ne convient qu'au torrent; par exemple, à la vallée de Cédron, ce qui doit s'entendre du torrent de même nom. On n'obferve pas toujours, dans l'écriture, la diftinction qui fe trouve entre le torrent & le fleuve, & fouvent on prend l'un pour l'autre, en donnant le nom à de grandes rivieres, comme l'Euphrate, le Nil, le Jourdain ; & à des rivieres qui coulent toute l'année, comme le Jabok & l'Arnon. On donne au Nil le nom de Torrent d'Egypte, dans les nombres 34, 5, Jofué, 25, 4 & 47, liaie, 27, 12; & à l'Euphrate, Pfalm. 123, 5 ; & dans Ifaïe, ce fleuve eft nommé le torrent des Saules, Isaïe, 15, 7. * D. Cal met, Diction.

TORRENT DE BESOR. On le place ordinairement entre Gaze & Rhinocorure; mais faint Jérôme dit fur le `chap. 6 d'Amos, qu'il eft entre Rhinocorure & Pelufe. Voyez BESOR, & IReg. 38, 9, 21.

TORRENT CADŪMIM. ( le ) Je pense que c'est le même que Cifon. Voyez JUDIC. V, verl. 21. TORRENT DE CARITH, (le) au-delà du Jourdain, vers Socoth. Voyez CARITH, & III Reg. 17, 3. TORRENT DE CÉDRON, (le) qui coule entre la ville de Jérufalem, au couchant, & le mont des Oliviers à l'orient. Voyez CÉDRON.

TORRENT DE CISON (le) prend fa fource au pied du mont Thabor, & tombe dans la Méditerranée, entre le Carmel & Prolémaïde. Voyez CISON.

TORRENT D'EGYPTE. C'est apparemment le Nil, où le bras le plus oriental de ce fleuve. Voyez EGYPTE. TORRENT DES EPINES, (le) marqué dans Joel, c. 3, 18, est nommé dans l'hébreu, le torrent de Sethim, & dans les Septante, le torrent des Cordes. Je crois que ce torrent eft le même que celui de Cédron, qui alloit fe dégorger dans la mer Morte.

TORRENT DE GAAS, (le) II Reg. 23, 30, & IPar. II, 32, étoit apparemment dans la tribu d'Ephraïm, au pied du mont Gaas, (a) fur lequel étoit la ville de Thamnat-Saraa, & le tombeau de Jofué. Josué, 24 38. On montroit encore ce tombeau au mont Gaas du tems (b) d'Eusebe. (a) Josué, 24, 30. Judith. 2,9. (b) Eufeb. in locis in Gaas.

TORRENT, (le) ou LA VALLÉE DE GÉRARE, près de la ville de ce nom, au midi de la terre Promife, dans l'Arabie Pétrée.

TORRENT DE JABOK: c'eft plutôt un fleuve qu'un torrent. Voyez JABOK,

TORRENT DE JÉRUEL, (le) ou plutôt le torrent qui eft vis-à-vis de la folitude de Jéruel, dans la partie méridionale de Juda. * II Par, 20, 16.

TORRENT DE MAMBRÉ: (le) c'eft la vallée de Mambré, Genef. 13, 18, & 14, 13, & on a déja remarqué que l'hébreu Nachal fignifioit également une vallée & un torrent.* Judith. 2, 14. TORRENT DU MIDI, (Le) Pfalm. 125, 11. Sicut torrens in Auftro, marque apparemment les torrens qui

font

au midi de la Palestine, ou fimplement les écoulemens qu'on voit, lorsque le vent du midi fait fondre les neiges. L'hébreu ne porte pas le nom Nachal, qui fignifie un torrent ; mais aphikei, qui fignifie des écoulemens, des débordemens.

TORRENT DU RAISIN, ou de la Grappe, en hébreu Nchel Eschol, le torrent qu la vallée du Raifin. On croit communément qu'il étoit au midi du lot de Juda & de Siméon, pas loin de la vallée de Sorec.* Num. 13, 25. Torrens ou Vallis, Botri. Num. 13, 24, 32, 9. Deut. 1, 24. TORRENT DE ZARED, No. 21, 12. Deut. 2, 13, 14. Il est plus avant vers le midi que le torrent d'Arnon.

TORRENTE, lieu d'Espagne au royaume de Valençe, à une licue de la ville de ce nom, Ce lieu eft célébre

par fes vins délicieux. Il y a une paroiffe & un couvent de cordeliers. On prétend qu'il doit fon origine aux Romains, qui l'appellerent Torrens, à caufe du torrent de Cataroga qui pafle par fon territoire. Comme ce lieu étoit tombé en ruine, le roi Jacques I le repeupla en 1248. * Silva, Poblac. de España, p. 223.

TORRES, en latin Lacer, riviere de Sardaigne, prend fa fource des fontaines qui coulent dans la vallée de Bunnari, entre la ville de Salfari & le bourg d'Ofile, lesquelles, après avoir arrofé les murailles d'Escala & de Choca, & s'être jointes avec la riviere de Campo, de Mela, & avec les fontaines de Bortu, paffent par Mascari, où elles reçoivent les eaux des rivieres d'Ufini & d'Iteri, & s'unisfent à la Turitaine, au pont de Saint-Grégoire, à deux lieues de Saffari, au-deffus d'Algeri, où, après s'être enflée par la jonction de la riviere d'Ottara & de plufieurs ruiffeaux, elle va fe jetter dans la mer au-deffous du pont Saint-Gavin de Torres. Quelques auteurs l'ont nommée riviere Turritaine, faifant allufion à la ville de Torres, & d'autres lui ont donné le nom de Flammargiana, qu'ils font dériver de Flumen & d'Argos, ville du Péloponnése, à caufe des Argiens, qui vinrent avec Hercules à la conquête de la Sardaigne.

TORRES-NOVAS, ville de Portugal, dans l'Eftremadoure, au nord du Tage, dont elle eft éloignée d'une lieue, & à cinq lieues de Santoren. Elle eft fituée dans une plaine fertile, que la petite riviere d'Almonda traverse par le milieu, & elle eft entourée de fortes murailles, avec un château flanqué de neuf tours. C'eft de-là qu'elle a pris fon nom; elle dépure aux affemblées des états, & il y a foire tous les ans le 12 mars. On y compte quatre paroiffes, deux couvens d'hommes & un de religieufes, avec un refuge pour les femmes pénitentes, fondé par la reine fainte Elifabeth, outre une maison de charité & un hôpital. On veut que cette ville ait été fondée par les Gaulois 308 ans avant l'ére vulgaire. Le roi Alfonfe Enriquès la gagna fur les Maures l'an 1148 & l'an 1190. Selon le fentiment le plus commun, Miramamorin Aben Jofephe y mit le fiége, avec une armée innombrable de Maures, & la prit d'affaut au bout de fix jours; il la ruina de fond en comble. Cette même année, le roi Sanche I la fit rebâtir, & lui accorda les priviléges de la ville de Tomar. Le roi Emmanuel donna le titre de marquis de cette ville à D. Jean de Lencaftre, fils de D. George de Lencastre, duc de Coimbre. Le roi Philippe II l'érigea en duché, &, en donna le titre aux aînés de la maifon des ducs d'Aveyro.

TORRES-VEDRAS, ville de Portugal, dans l'Eftremadoure, au nord du Tage, dans le voisinage de l'Océan, à fept lieues de Lifbonne. Elle a un château affez fort & bien bâti; quatre paroiffes, trois couvens de moines, une maifon de charité & un hôpital. Sa jurisdiction, qui y a été transportée d'Alenquer, s'étend fur dix-fept bourgs & villages. On y recueille en abondance du bled, du vin, de l'huile; & il y a du bétail & du gibier. Le roi Alfonfe Enriquès gagna cette ville des Maures l'an 1148, & parce qu'elle étoit reftée défolée, il la fit peupler de rechef. Elle a été le douaire des reines de Portugal, & particulierement de la reine de Portugal fainte Elifabeth. C'est le cheflieu d'un comté, dont le roi Philippe IV donna le titre à dom Jean Suarez de Alarcon, en le récompenfant des fidéles fervices qu'il lui avoit rendus. * Silva, Poblac, de España, p. 169.

TORRHEBUS, ville de Lydie. Etienne le géographe dit qu'elle tiroit fon nom de Torrhebus, fils d'Atys, & que les habitans étoient nommés TORRHEBII; Denys d'Halicarnaffe les appelle néanmoins TORYBI. Il y a dans la Torrhébide, ajoute Etienne le géographe, une montagne nommée mons Carius, & fur cette montagne, on voit le temple de Carius, qui étoit fils de Jupiter & de Torthebia. Erienne le géographe parle encore d'un marais qui fut appelié TORRHEBIA PALUS, du nom du même Torrhebus.

TORRICELLA, bourg d'Italie au royaume de Naples, dans l'Abruzze citérieure, à l'orient de Sulmona. * Magin, Carte de l'Abruzze.

TORRIJO, lieu d'Espagne, au royaume d'Aragon, à trois lieues de Calatayud, fur le bord de la riviere de Monubles. Il abonde en vins. On dit qu'il fut peuplé anciennement par les Celtiberes & par les Romains. On le GGgggg üj

nomma alors Turigum ou Turigo, & enfuite on l'appelle la ville des Sueves, parce que cette nation la rebâtit en 420. Les habitans de ce lieu honorent, pour leurs patrons, les faints Felix & Regule, qui y fouffrirent le martyre le 11 de feptembre de l'année 300.

TORRINGTON, bourg d'Angleterre, au comté de Devon fur le Turvidge.* Etat préfent de la grande Breta

gne, t. I.

TORRONA ou TORRHONNA. Voyez TORONE, no. 4. TORSAS, bourgade de Suéde, dans la Smalande ou Gothie méridionale, aux confins de la Bleckingie, fur le bord d'une petite riviere, qui fe jette allez près de-là, dans Calmar-Sond. * De l'Ifle, Atlas.

TORSILIA, ville de Suéde, dans la Sudermanie, fur le bord méridional du lac Maler à quelques lieues à l'occident de Stregnes.

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TORTA ou TORCOLA, ifle du golfe de Venife, fur la côte de la Dalmatie, au midi & aflez près de l'ifle de Lezina, vis-à-vis l'entrée du golfe de Narenta.

TORTEZAIS, lieu de France dans le Bourbonnois, du diocèfe de Bourges, fous l'élection de Montluçon : ce lieu eft fitué à quatre lieues de Montluçon, contigu à la la forêt d'Oeuil, appartenante au roi. Les terres produifent du feigle, il y a des pâcages & quelques bois. La petite riviere d'Oeuil y palle.

TORTI, ville de l'ile de Cypre. Siméon le Métaphrafte en parle dans la vie de S. Epiphane.

TORTO ou TUERTA, riviere d'Espagne, au royaume de Léon. Elle a fa fource dans les montagnes des Afturies, près de Fontenies. Son cours eft du nord au fud: elle mouille les murs de la ville d'Aftorga, après quoi elle va se perdre dans l'Orbega. Le Torto (b) nourrit de bons poiffons, & particulierement des truites fort délicates. (a) Jaillot, Atlas. (b) Délices d'Espagne,

P. 147.

TÖRTOMIUM, ville qu'Etienne le géographe place entre la Syrie & l'Arménie.

TORTÓNE, ville d'Italie, au duché de Milan, entre Voghera & Novi, fituée dans une plaine. Elle est mal fortifiée, & n'eft guère peuplée. L'ancienne Tertona étoit bâtie fur la hauteur, où eft à préfent la citadelle, qui, quoiqu'irréguliere, eft pourtant affez forte à caufe de fa fituation. L'évêché de Tortone eft fort ancien. On peut voir plufieurs inscriptions anciennes dans la cour du palais de l'évêque. Il y a quelque tems qu'on déterra un grand farcophage, qui fe voit dans l'églife cathédrale, à l'entrée; il eft orné de divers bas-reliefs, entre lesquels on remarque l'hiftoire de la chute de Phaéton. Sur la fin du douzième fiécle, cette ville fut ruinée par l'empereur Frédéric Barberouffe, & rétablie au commencement du fiécle uivant par les Milanois. Depuis, elle a été fouvent prife & reprife, & a fuivi le fort du duché dont elle est devenue une annexe. Par le traité de paix conclu à Vienne le 18 novembre 1738, cette ville & tout le Tortonése ont été cédés au roi de Sardaigne. * Misson, Voyage d'Italie, t. 2, p. 35.

TORTONESE, (Le) contrée d'Italie, au duché de Milan, entre le Pô au nord, le territoire de Bobbio à l'orient, l'état de Genes au midi, & l'Alexandrin au couchant. Les principaux lieux font:

Tortone, Caftel-Nuovo, Serravalle.

1. TORTOSE, ville d'Espagne, dans la Catalogne fur l'Ebre, dans la viguerie à laquelle elle donne fon nom. Cette ville, qui eft la premiere place que l'on trouve en venant du royaume de Valence, eft ancienne & confidérable pour fa grandeur, pour fa force & pour fon évêché. Elle eft fituée à quatre lieues des frontieres de Valence, à une pareille diftance de la mer, & s'étend le long de la riviere, en partie dans la plaine & en partie fur une colline élevée. On l'a divifée en deux parties, la vieille ville & la ville-neuve. Cette derniere eft la plus grande. Elles font toutes deux ceintes d'une bonne muraille flanquée de baftions, & de divers autres ouvrages la moderne, & défendue par un vieux château bien fortifié, bâti fur la colline, en façon de citadelle, placé entre les deux parties de la ville, & faifant face à la ville & à l'Ebre. On entre dans cette ville par un grand pont de bateaux jetté fur le fleuve, & dont la tête eft défendue

à

par deux demi-baftions & quelques autres ouvrages avancés. Délices d Espagne, p. 589 & fuiv.

le

31

Silva, Poblac. de Espana, p. 245, dit que la ville de Tortofe fut fondée par le roi Ibere, deux mille ans avant la naiffance de Notre-Seigneur, & qu'il lui donna le nom d'Ibéra, que Scipion le Romain changea en celui de Dertofa, lorsqu'il en fit une ville municipale. Dertofa étoit la capitale des Ilercaons, comme on le voit par une médaille de l'empereur Tibere, fur le revers de laquelle on lit: DERT-ILERGAONIA. En 716, les Maures s'en rendirent maîtres, & dom Raymond Béranger, dernier comte de Barcelone & prince d'Aragon, la gagna fur eux décembre de l'an 1149. Il emprunta pour faire cette conquête de l'église de Barcelone, cinquante livres d'argent; il fit peupler de nouveau la ville, & en prit le titre de marquis: deux ans après, il y remit le fiége épiscopal. Les Barbares l'affiégerent de rechef; mais les habitans, aidés de leurs femmes, fe défendirent fi bien, que les Maures furent contraints d'en lever le fiége. On a accordé pour cela, aux femmes, plufieurs prérogatives; entr'autres, qu'elles puffent porter pour devile d'armes une espéce d'ordre militaire, à favoir une hache de couleur cramoifi ou d'écarlate, fur un fcapulaire fous le nom de Pafletems, & dans les cérémonies des noces, elles ont le pas fur les hommes, fuffent-ils les premiers magiftrats. S. Paul y prêcha, dit-on, l'évangile l'an 64, & y laiffa pour premier évêque S. Rufus, fils de Simon Cyrénéen, célébre dans la fainte Ecriture, pour avoir aidé Notre-Seigneur à porter la croix, & ils difent avoir fon corps. L'église cathédrale qui y fut bâtie l'an 1347, eft une des plus belles églifes de Catalogne. Son chapitre eft compofé de douze dignités, de vingt chanoines, & d'autant de bénéficiers. Le diocèfe contient cent vingt-cinq paroifles. Adrien VI étoit évêque de cette ville, lorsqu'il fut élu fouverain pontife. Il y a quatre paroiffes, fept couvens de moines, deux de religieufes, un hôpital & une univerfité fondée l'an 1540, & augmentée en 1573. La ville a de grands priviléges, qui lui furent en dernier lieu confirmés & amplifiés par Philippe IV. Entr'autres, elle peut faire & renouveller des loix & des ftatuts pour la police de la ville. Plufieurs rois y ont tenu des affemblées d'état.

La ville de Tortofe eft aujourd'hui le fiége d'une petite univerfité, qui appartient aux freres prêcheurs, & d'un évêché fuffragant de Tarragone, qui vaut quatorze mille ducats.

La VIGUERIE DE TORTOSE eft bornée au nord, partie par le royaume d'Aragon, partie par la viguerie de Lérida, à l'orient par la même viguerie & par celles de Monblanc & de Tarragone, au midi par la mer Méditerranée, & à l'occident, partie par le royaume d'Aragon, partie par celui de Valence. Ses principaux lieux font

:

Tortofe; Flix, Mora, Amposta, Val de-Cena, Alfachs.

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Cette viguerie eft fertile en grains & en fruits, & on y trouve des mines d'argent & de fer & des carrieres d'alun, d'albatre, de très-beau jaspe de diverfes couleurs ; il y a auffi des carrieres de pierres qui ont des veines d'or & des carrieres de plâtre. On y fait beaucoup de foie & d'huile, de très-beaux ouvrages au tour, & une espèce de porcelaine très fine. L'Ebre qui lave une partie de fes murailles, eft abondant en poiffons: on y pêche des faumons & des alofes, particulierement au printems; & comme ce fleuve peut porter de gros bâtimens, il ne contribue pas peu à faire fleurir le commerce de cette ville. Voici de quelle maniere Michelot, dans fon portulan de la Méditerranée, décrit l'entrée de cette riviere, qu'il nomme, à la maniere des marins, du nom de la ville où fe fait le commerce maritime.

La RIVIERE DE TORTOSE eft à la fin des plages du Zoffa. On y peut entrer par des moyennes barques & des tartanes. On reconnoît l'embouchure de cette riviere, premierement par les eaux blanches & troubles qui en fortent, enfuite par quelques cabanes de pêcheurs qui font fur la droite en entrant, & fur la gauche on voit les tours des falines, & celles de faint Jean un peu au loin. On peut mouiller à l'ouverture de l'embouchure de cette riviere à une petite demi-lieue de terre, où l'on fera par quatre à cinq braffes d'eau, fond de vafe molle. Le vent du fud-eft donne à plein dans l'embouchure de la riviere : la ville de

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Tortofe eft environ fix milles dans la riviere fur la droite. Environ cinq milles vers le nord de l'embouchure de cette riviere il y a une groffe tour ronde, fituée fur le bord de la mer; entre la riviere & cette tour il y en a deux autres, mais plus petites. Depuis l'entrée de la riviere de Tortofe jusqu'à la pointe de Ŝalo, la route eft au nord eft, environ trente-fept milles entre les deux il y a un grand enfoncement & un bas terrein où l'on voit plufieurs villes, villages & tours de garde, & dans la plupart de ces côtes il y a des plages de fable; mais avançant dans les terres il y a de hautes y a de hautes montagnes.

2. TORTOSE, petite ville d'Espagne, dans la nouvelle Caftille fur le Henarès, au deffus de Guadalajara. Il ne faut pas confondre cette ville avec celle de Tortofe en Cata

logne.

3. TORTOSE ou TORTOUSSE, ville de Syrie, autrefois épiscopale, & aujourd'hui presque toute ruinée, en latin TORTOSA, & anciennement du tems du royaume de Jerufalem ANTARADUS & ORTHOSI A. Elle eft fituée fur la côte, à neuf milles de Tripoli vers le nord. Ses murailles, bâties de groffes pierres, font encore entieres en quelques endroits, & accompagnées d'espace en espace de plufieurs tours carrées. A une petite diftance de la ville on voit une grande églife, qu'on dit avoir été bâtie par fainte Marthe. Elle a douze piliers de chaque côté, & de grandes voûtes par-deffous qui conduifent à des lieux fouterreins. Cette belle église ne fert à préfent qu'à retirer des bœufs & des buffles qui font en grande quantité dans ce pays, & qui font le principal revenu du bacha de Tripoli. De Tortouffe à Tripoli il n'y a rien de remarquable que quatre grands ponts fur lesquels on paffe, & un très-grand bois d'oliviers qui a plus de deux lieues de longueur.* Lucas, Voyage au Le

vant, t. I, C. 19.

5. TORTOSE ou TORTOUSSE, ifle fur la côte de la Syrie, vis-à-vis la ville de Tortofe, avec une forterelle. Voici de quelle maniere Paul Lucas parle de l'ifle & de la fortereffe. Vis-à-vis de Tortouffe eft une petite ifle, d'un quart de lieue de tour: il y a une fortereffe affez belle. Elle eft d'une forme carrée, & bâtie fur la roche. On y voit plufieurs tours carrées avec plufieurs piéces de canons de bronze, dont quelques-unes ont les armes de France, d'autres celles de Venife, & ainfi des autres ; ce qui fait connoître qu'ils ont été pris fur les chrétiens. On remarque que cette petite ville a eu autrefois quelques édifices confidérables car on y voit des pierres les unes fur les autres d'une prodigieufe grandeur. Il y en a qui ont plus de trente pieds de long, fur dix de large à chaque face. Quoique cette ifle foit petite, il ne laiffe pas d'y avoir une fource d'eau douce qui en fourniroit à toute une armée. Vers la fin du dernier fiécle , les corfaires y alloient faire de l'eau, & s'y tenoient en croifiere pour y furprendre les bâtimens des Turcs; c'eft ce qui a fait que ces derniers y ont bâti cette fortereffe, qui est éloignée de terre ferme d'environ fix milles, & elle porte lenom de Tortouffe, à cause qu'elle eft vis-à-vis de la ville de ce nom, à préfent ruinée. Il y a cinquante hommes de garnifon ordinairement peu de munitions. On trouve dans Fille plufieurs figuiers & quelques oliviers. * Lucas, Voyage au Levant, t. 1, c. 18.

1. TORTUE, (isle de la ) isle de l'Amérique feptentrionale, & l'une des Antilles, au nord de l'ifle de SaintDomingue, dont elle n'eft éloignée que de deux petites lieues. Elle en a environ fix de longueur, eft & oueft, deux dans fa plus grande largeur, nord & fud.

&

Le nombre des chaffeurs ou boucaniers François s'étant beaucoup augmenté, quelques-uns fe retirerent dans l'ifle de la Tortue, pour y être à l'abri contre les pourfuites des Espagnols , & pour y mettre leurs magafins en fureté. Plufieurs d'entre eux fe mirent à défricher cette ifle, y planterent du tabac, qui fut trouvé fi bon, qu'ils en firent un très-grand trafic,

› ce qui fit augmenter le nombre de ces boucaniers au point que les Espagnols commencerent à les craindre, & les chafferent entierement de la Grande Terre, (c'est ainfi qu'on nomme Saint-Domingue par rapport à l'ifle de la Tortue ) ; & l'amiral de l'armée navale d'Espagne eut ordre de détruire cette retraite des boucaniers, ce qu'il exécuta en 1638. Plufieurs fe retirerent dans des lieux de difficile accès, & lorsque les Espagnols, après avoir fait le dégât par-tout où ils purent pénétrer, fe furent retirés, ceux qui s'étoient fauvés pafferent à la Grande Terre, chercherent & s'étant raffemblés au nombre de trois

leurs compagnons,

cents, ils retournerent à la Tortue, où ils choifirent pour
leur chef un Anglois, qui faifoit depuis long tems le métier
de boucanier, & en qui ils avoient remarqué de la pru-
dence & de la valeur.

Cependant le commandeur de Poincy qui étoit arrivé à
Saint-Chriftophle au mois de février 1639, avec la qualité
de lieutenant général de toutes les ifles de l'Amérique, fut
averti de tout ce qui fe paffoit à la Tortue; il propofa au
fieur le Vaffeur, homme d'esprit, entreprenant & fort bra-
ve, de lui donner le gouvernement de la Tortue; celui-ci
accepta l'offre, & partit auffi-tôt de Saint-Chriftophle :
il arriva au port Margot dans l'ifle Saint-Domingue, éloi-
gné d'environ fept lieues de la Tortue; il amalla en cet en-
droit foixante boucaniers François qu'il joignit aux quarante-
cinq ou cinquanto hommes qu'il avoit amenés avec lui de
Saint-Chriftophle. En cet état il alla mouiller à la Tortue,
& envoya dire à l'Anglois nommé Willis qui y comman-
doit, qu'il eût à fortir fur le champ de l'ifle avec ceux de fa
nation, ou qu'il alloit venger fur eux la mort de quelque
François qu'ils avoient affaffinés. Les Anglois tout confter-
nés prirent le parti de s'embarquer auffi tôt, & les lais-
ferent en poffeffion de l'ifle. Le fieur le Vafleur ayant pré-
fenté la commiffion qu'il avoit de M. de Poincy, fut reconnu
pour gouverneur, & s'appliqua auffi-tôt à conftruire une
forterelle, qui le mit, lui, les habitans & leurs biens hors
d'infulte, & en état de réfifter aux Anglois, s'il leur prenoit
fantaifie de revenir, & aux Espagnols, s'ils vouloient les
inquiéter & les chaffer de ce pofte. Il trouva un endroit fort
commode & fort aifé à fortifier, inacceffible du côté de la
rade qu'il défendoit très-bien, & tellement couvert & en-
vironné de précipices & de bois épais, & impraticables du
côté de la terre, qu'il le jugea impénétrable de ce côté.
C'est ce qu'on nomma dans la fuite le fort de la Roche,
ou le refuge de la Tortue. Cet afyle & le magafin que le
nouveau gouverneur établit dans le bourg qui étoit au pied
de la roche, toujours bien rempli de vin, d'eau-de-vie, de
toile, d'armes, de munitions & autres marchandises, y
attira bien-tôt tous les boucaniers, dont le nombre aug-
mentoit à vue d'œil, & par une fuite néceffaire, les dé-
gâts qu'ils faifoient fur les terres des Espagnols croiffoient
de plus en plus. Cela obligea le président de Saint-Domin-
gue de lever fix cents foldats avec un bon nombre de mate-
lots, qu'il mit fur fix vaiffeaux & qu'il envoya à la Tortue
pour détruire entierement l'établissenient des François. Ces
bâtimens s'étant préfentés au port de la Tortue, furent ca-
nonnés fi vivement, qu'ils furent contraints d'aller mouil-
ler deux lieues fous le vent, en un endroit qu'on nomma
depuis l'Anfe de la Plaine des Espagnols. Ils y débarquerent
leurs troupes, & vinrent attaquer la forterelle avec une ex-
trême vigueur; mais le fieur le Vaffeur les reçut & les re-
pouffa avec tant de fermeté & de bravoure, qu'après en
avoir tué une bonne partie, il contraignit le reste de
s'enfuir du côté de leurs bâtimens, & de fe rembar-
quer en confufion, abandonnant leurs morts, leurs bleffés
& tout l'attirail qu'ils avoient mis à terre. Ceci arriva au
mois de janvier 1645. Cette victoire enfla tellement le fieur
le Vaffeur, qu'il devint tout d'un coup méconnoiffable. Il
crut que rien ne lui pouvoit réfifter, & que les mefures
qu'il avoit gardées jusques alors avec les habitans & les
boucaniers de la côte, n'étoient plus de faifon; il devint
cruel jusqu'à l'excès, & encore plus avare. De Poincy ne
manqua pas de reffentir vivement le mauvais procédé du
fieur le Vaffeur. Il lui venoit de tous côtés des plaintes des
excès qu'il commettoit; mais il n'étoit pas en fon pouvoir
d'y apporter reméde. Il tâcha plufieurs fois de l'attirer à
Saint-Chriftophle, & toujours en vain. A la fin, il prit la réfo-
lution de le tirer par force de fa forterefle, & de lui faire fon
procès: il donna la commiffion au chevalier de Fontenay d'al-
ler attaquer le fort de la Tortue ; celui-ci arrivé dans l'ifle
de Saint-Domingue, apprit que le fieur le Vaffeur venoit
d'être affaffiné par les nommés Thibault & Martin, capitai-
nes de fa garnison, quoiqu'il leur eut fait de grands biens,
& qu'il les eut déclaré les héritiers. Il fut auffi que ces
deux officiers étoient maîtres de la fortereffe, où il y avoit
apparence qu'ils fe défendroient jusqu'à l'extrémité. Il ne
laiffa pourtant pas de fe préfenter au havre de la Tortue;
mais il fut repouffé fi vivement à coups de canon, qu'il fuc
contraint d'aller mouiller en une autre rade fous le vent,
où il débarqua environ cinq cents hommes, fans que les
habitans y fiffent la moindre oppofition. En effet, quoiqu'ils

n'euflent pas fujet de regretter le fieur le Vaffeur, ils ne pouvoient regarder les meurtriers qu'avec horreur & indignation, & ceux-ci s'étant apperçus de la mauvaife dispofition des habitans à leur égard,rendirent la forterelle aufli-tôt qu'on les en fomma. Le chevalier de Fontenay en fut reconnu pour gouverneur avec l'applaudiffement & la joie de tous les habitans. Il gouverna ces peuples difficiles avec tant de prudence, de douceur & de fermeté, qu'il s'attira bientôt leur amour & leur eftime, & augmenta par ce moyen très-confidérablement le nombre des habitans de fa colonie, & celui des boucaniers & des flibuftiers. Il arma plufieurs bâtimens pour courir fur les Espagnols; mais, à la fin, les Espagnols laffés des pertes qu'ils faifoient tous les jours fur mer, & des pillages où ils étoient fans cefle expofés, firent un armement confidérable au mois de février 1654. Ils firent leur descente dans l'ifle, & fe pofterent dans un endroit avantageux, d'où ils bloquerent la fortereffe. Le chevalier de Fontenay qui fe flattoit qu'elle étoit inacceffible du côté du nord à cause des bois, des rochers & des précipices dont elle étoit environnée, fut bien étonné de voir que les Espagnols avoient fait monter à force de bras quelques piéces de canon fur une hauteur qui commandoit fon réduit, d'où ils le battoient fi rudement, qu'après lui avoir tué & eftropié bien du monde, fes gens perdirent courage, & le forcerent de rendre la place aux Es pagnols à des conditions honorables. Ce fut ainfi que l'ifle &le fort de la Tortue revinrent une feconde fois au pouvoir des Espagnols, qui y mirent un commandant avec une garnifon.

Vers la fin de 1659, un gentilhomme de Périgord, nommé du Roffey, fort connu & fort aimé des boucaniers, parce qu'il avoit été leur compagnon de chaffe & de courfe pendant plufieurs années, repaifa de France à Saint-Domingue dans le deflein de reprendre la Tortue. Il parla à fes anciens camarades, leur propofa fon deflein, & les ayant trouvés dispofés à le feconder & à le fuivre, il en atfembla environ fix cents, tous bien armés & bien réfolus. Lêur descente dans la Tortue devoit être extrêmement fecrete, parce que la réuffite de leur projet confiftoit dans la furprife, n'étant point du tout en état de prendre la forterelle d'une autre maniere, parce qu'ils n'avoient aucune des chofes néceffaires pour faire un fiége. Le jour étant pris, & la forme de l'attaque réglée, ils firent embarquer cent hommes qui prirent la route du nord de l'ifle, où ils débarquerent après minuit, & ayant grimpé cette côte fi roide & fi entrecoupée de précipices, ils furprirent un peu avant le point du jour les Espagnols qui gardoient le fort d'enhaut, où étoit la batterie qui avoit été caufe de la perte de la fortereffe de la Roche: ils donnerent avis à leurs camarades de leur réulfite par quelques coups de fufil. Le gouverneur de la forterefle étonné de ce bruit, fit fortir une partie de fa garnifon pour voir de quoi il s'agiffoit, & en cas de befoin pour repouffer ceux qui attaquoient le fort, ne pouvant s'imaginer qu'il y eut des François fi près de lui, & encore moins qu'ils fe fuflent emparés du fort; mais ceux qui étoient fortis furent presque auffi tôt enveloppés par le gros des boucaniers qui avoient fait leur descente pendant la nuit à l'eft de la fortereffe, & qui étoient en embuscade fur le chemin du fort d'en-haut. Leur réfiftance fut des plus petites, ceux qui ne furent pas tués fur la place voulurent reprendre le chemin de la fortereffe, les François qui les y fuivirent y entrerent pêle-mêle avec eux. On peut juger que le carnage fut grand. Le gouverneur fe fauva avec peine dans fon donjon & fut obligé quelques momens après de fe rendre à discrétion avec le peu de gens qui avoient pu fe retirer avec lui. On les garda dans la forterelle pendant quelque tems, après quoi on les transporta en l'ifle de Couve. (Cuba) Ce fut ainfi que l'ifle & les forts de la Tortue revinrent aux François pour la quatriéme fois. M. du Roffey fut reconnu gouverneur par ceux qui l'avoient aidé à faire cette conquête, dont il eut foin de donner avis en France à fes amis, qui lui procurerent une commiffion de la cour; & la Tortue recommença tout de nouveau à fe repeupler., auffi bien que la côte de la Grande Terre qui lui eft oppofée, qu'on a depuis appellée le Port

de Paix.

On a donné le nom de Tortue à cette ifle, parce qu'on prétend qu'étant regardée d'un certain point de vue, elle a la figure de cet animal. Toute la partie qui eft au nord est extrêmement haute, hachée, escarpée & environnée de

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rochers à fleur d'eau, qui la rendent presqu'inacceffible. Il n'y a que des canots conduits par des gens bien expérimentés, & qui connoiffent parfaitement bien la côte, qui puiffent y aborder. Le côté du fud qui regarde le nord de Saint-Domingue eft plus uni. La longue montagne qui fait le milieu & toute la longueur de l'ifle, s'abbaiffe infenfiblement & laiffe une étendue de cinq à fix lieues d'un très-beau pays, où la terre, quoique de différentes espèces, ne laisse pas d'être très-bonne, & de produire abondamment tout ce qu'on veut lui faire porter, comme tabac, fucre, indigo, coton, gingembre, orangers, citronniers, abricotiers, avocats, pois, bananes, maïs, &c. Les arbres dont les montagnes font couvertes, font d'une groffeur & d'une beauté furprenante. On y trouvoit autrefois quantité de cédres, qu'on appelle acajous aux ifles du Vent. Les bois d'Inde ou lauriers aromatiques y font communs & trèsgros. Il y a des fangliers ou cochons marons, & dans la faifon des graines,& fur-tout de celles de bois d'Inde, on y voit une infinité de ramiers, de perroquets, de grives & autres oifeaux. La côte du fud eft très poiffonneufe; le mouillage eft bon par toute la même côte, depuis la pointe au Maçon jusqu'à la vallée des Espagnols; le meilleur endroit cependant, & qu'on appelle le havre de la Tortue, eft devant le quartier de la balle terre ; c'est une baie assez profonde, formée par deux pointes ou langues de terre qui avancent affez en mer, fur l'une desquelles il y avoit une bonne batterie. Le bourg étoit au fond de cet enfoncement fous la fortereffe, dont la grande courtine & les deux bastions faifoient face à la mer, & défendoient très bien l'entrée & le mouillage de la baie. Cette ifle, quoique petite, auroit pu être mife au rang des meilleures que les François poffedent à l'Amérique, fi elle avoit été mieux pourvue d'eau; mais il n'y avoit aucune riviere & les petits ruisfeaux qui fortent de quelques fources qu'on trouve dans les pentes des montagnes, font fi foibles, qu'ils fe perdent dans les terres & ne vont pas jusqu'à la mer. Il n'y a que la fource de la fortereffe qui foit affez confidérable pour conduire les eaux jusques-là. Les habitans remédioient à ce défaut par des citernes où ils confervoient les eaux de pluie. On comptoit fept quartiers dans cette ifle lorsqu'elle étoit habitée. Celui qui étoit le plus à l'eft fe nommoit la pointe au Maçon, les autres étoient Cayonne, la Baffe-terre, la Montagne, le Ringot, le Milplantage & la Cabefterre. Ce dernier qui étoit presqu'auffi grand que tous les autres enfemble, n'étoit quafi plus habité, parce que la mer y étoit trop rude, & l'embarquement trop difficile pour charger les marchandises, & que leur transport à la Balfeterre, au travers des montagnes, étoit trop penible & trop dangereux. Voilà quelle étoit l'ifle de la Tortue, cette motte de terre & de rochers qui a tant donné de peine aux Espagnois, qui a été fi fouvent prife & reprise, & qui, malgré fa petiteffe & fon peu de valeur, doit être regardée comme la mere des floriffantes colonies, que la France a au cap, au port de paix, à Léogane, au petit Goave, à l'ifle à Vache, & dans plufieurs autres endroits.

2. TORTUE, (ifle de la) ifle de l'Amérique feptentrionale, dans la mer du nord ; on l'appelle auffi l'ISLE DE LA TORTUE SALÉE, pour la diftinguer de l'ISLE DES TORTUES SÉCHES, près du cap de la Floride & de l'ISLE DE LA TORTUE, près de l'ifle de S. Domingue. Elle est d'une grandeur raisonnable, déferte, abondante en fel, & fituée à 114 de latitude feptentrionale, à l'oueft & tant foit peu au nord de l'ifle de Sainte-Marguerite, dont elle est éloignée d'environ quatorze lieues, & d'environ dix-fept ou dix-huit du cap Blanc fur le continent. Un vailleau qui eft dans ces ifles, un peu du côté du midi, peut voir tout à la fois, quand le tems eft clair, la Terre ferme, SainteMarguerite & la Tortue. La partie orientale de cette derniere ifle eft toute pleine de rochers raboteux, découverts. & brifés, qui s'étendent affez loin dans la mer. Du côté du fud-eft, il y a une affez bonne rade pour les vaiffeaux, & qui eft fort fréquentée en tems de paix par les vaiffeaux marchands, qui y vont charger du fel en mai, juin, juillet & août; car à deux cents pas de la mer du côté de l'orient il y a un grand marais falant. Le fel commence à grener au mois d'avril, excepté lorsque la faifon eft féche, car on remarque que la pluie y fait grener le fel. On y a vu plus de vingt vaiffeaux tout à la fois en charger, & ces vaiffeaux qui viennent des ifles Caribes, font toujours. bien pourvus de Rum, qui eft une boiflon forte, compolée

de

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de fucre & de jus de limon, pour faire de la Ponche, afin de donner courage à leurs gens quand ils travaillent à tirer le fel & à le porter à bord. Près de l'occident de l'ifle, du côté du midi, il y a un petit havre & de l'eau douce. Ce bout de l'ifle eft plein de petits arbriffeaux; mais le côté oriental eft pierreux & fans arbres, ne produifant que de méchantes herbes. On y voit des chevres, mais en petit nombre. Les tortues viennent dans les baies faire leurs ceufs fur le fable, & c'eft d'elles que l'ifle a tiré fon nom. On ne peut mouiller que dans la rade où font les marais falans, ou bien dans le havre. * Dampier, Voyage autour du Monde, t. I, p. 75.

TORTUES OU ISLES DES TORTUES SÉCHES, ifle de T'Amérique feptentrionale, & que quelques-uns mettent au nombre des Lucayes. Ces illes fort renommées dans les routiers des pilotes, font au nombre de fept ou de huit; on les trouve au midi occidental du cap de la Floride, environ à environ à 294 de longitude, entre les 24 & 25d de latitude nord, à l'occident des ifles des Martyrs, vis-à-vis de la pointe occidentale de l'ifle de Cuba, dont elles font éloignées d'environ trente-fix lieues. * De 'Ifle, Atlas.

TORTUNI, peuples du Péloponnéfe, dans l'Achaïe propre, felon Pline, t. 4, c. 6.

TORTYRA. Athénée, l. 1, c. 27, nomme ainfi une des fept villes que le roi Cyrus donna à son favori Pytharcus. Ortelius foupçonne que cette ville étoit aux environs de l'Afie mineure.

TORUS, colline ou montagne de Sicile, entre Héraclée & Agrigentum, felon Polybe, l. 1, no. 19. TORYBI. Voyez TORRHEBUS.

TORYNA, lieu de l'Epire, fur la côte. Plutarque, in Antonio. dit que pendant qu'Antoine fe tenoit à l'ancre près du cap d'Actium, à la droite, où fut depuis bâtie la ville de Nicopolis, Céfar fe hâta de traverser la mer d'Ionie & s'empara le premier du pofte appellé TORYNE. Antoine fut fort confterné d'apprendre cette nouvelle, car fon armée de terre n'étoit pas encore arrivée; mais Cléopatre fe moquant & raillant fur ce mot: Hé bien, dit-elle, qu'y a-t-il de fi terrible que Céfar foit affis à Toryne? Dacier remarque, fur cet endroit de Plutarque, qu'il eft impoffible de conferver dans la langue françoife la grace de cette allufion; ce qu'Amiot, dit-il, avoit fort bien vu. Toryne, qui eft ici un nom de ville, fignifie auffi une cuiller à pot ; & c'eft fur cette derniere fignification que porte toute la plaifanterie de ce mot, comme fi Cléopatre avoit dit: Hé bien, qu'y a-t-il de fi terrible que Cefar fe tienne près du feu à écumer le pot?

1. TOSA, bourg de Sicile, dans le Val-Demone, felon Corneille, qui le met à l'embouchure de la Pollina, dans la mer de Toscane, vers le cap de Cefaledi, & pris par quel

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ques-uns pour l'ancienne Alefa ou Halefa. Autant de fautes que de mots. 1°. On dit TUSA, felon de l'lfle, & non TOSA. 2°. Ce bourg eft un fort. 3°. Cette fortereffe ne fe trouve point à l'embouchure. de la Pollina, mais à l'embouchure de la riviere Tusa. 4°. On ne dit point le cap Cefaledi, mais le cap de Cefalu. 5°. Tufa ne peut être l'Alesa, ou plutôt l'Alasa des anciens, puisque l'Alafa étoit à l'embouchure du fleuve Alafus, qui eft beaucoup plus à l'orient.

2. TOSA, riviere d'Italie. Elle prend fa fource au mont Saint-Gottard, & coule dans le Milanez. Son cours eft d'abord du nord au fud jusqu'à Ugogna ou Vogogna, où elle tourne tout court vers l'orient, pour aller fe jeuter dans le lac Majeur, un peu au-deffus de Palanza. Les anciens l'ont connue sous le nom d'Atifo. * Magin, Carte du duché de Milan.

3. TOSA, petite ville d'Espagne, dans la Catalogne, viguerie de Girone, à l'orient de Blanes, fur le bord feptentrional d'un cap auquel elle donne fon nom, & qu'on appelloit anciennement Lunarium promontorium. Quelquesuns écrivent TOSSA au lieu de Tosa. Voyez Touse.* Jail. lot, Atlas. Délices d'Espagne, p. 616.

4. TOSA, province du Japon, dans l'isle de Xicoco. Elle a deux journées de longueur de l'eft à l'ouest. Le terroir en eft bon, & produit ce qui eft nécessaire à la vie. Dans fa partie méridionale, on trouve le port d'Urando, qui eft le lieu principal de la province.

TOSALE, ville de l'Inde, au-delà du Gange. Prolomée, l. 7, c. 2, qui lui donne le titre de métropole, la marque près du Gange.

TOSANA. Voyez TONOSA.

TOSANLU, riviere d'Afie, dans la Natolie à Tocat, à Niefara ou Néocéfarée, & fe jette dans le Cafalmac, près d'Amafia. On croit que c'est le Lycus dont parle Pline.

TOSARENA. Voyez OSSARENA.

TOSCANE, grande contrée d'Italie connue des anciens, fous le nom d'Hétrurie. On lui donne cent trente milles du nord au fud, & près de cent vingt milles de l'eft à

l'oueft. (a) La marche d'Ancone, la Romagne, le Bolonèfe, le Modénois & le Parmefan, la bornent au feptentrion, la mer Méditerranée au midi, le duché d'Urbin, le Pérugin, l'Orviétano, le Patrimoine de S. Pierre & le duché de Caftro à l'orient, & la mer avec l'état de la république de Génes à l'occident. Cette grande partie d'Italie, pour renfermer toute l'ancienne Hetrurie, devroit comprendre encore quelques autres domaines, qui font entre les mains de divers princes particuliers, (b) comme on peut le voir, en jettant feulement les yeux fur la table qui fuit.

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2) La forêt de Bourgon, Géogr. hist. t. 2, p. Le P. Bries, Parallel, géogr. 2 part. 1. 6.

Le domaine de Radicofani.
Le patrimoine de S. Pierre, où font enclavés
les duchés de Caftro & de Ronciglione.

520. (b)

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La Toscane, ou l'Hétrurie, paffa de la domination de fes rois à celles des Gaulois Sénonois, qui furent foumis aux Tome V. HHhhhh

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