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répond pas à ces beautés. Le grand autel eft du deffein de Gervais Drouet, qui a fait lui-même les figures du lapidement de faint Etienne en 1670 l'architecture eft d'ordre corinthien à colonnes, frifes, & panneaux de marbre de Languedoc. La cloche appellée la Cardaillac, eft d'une gros feur extraordinaire. Elle fut fondée par Jean de Cardaillac, patriarche d'Alexandrie, & adminiftrateur perpétuel de l'églife & de l'archevêché de Touloufe, qui mourut le 7 octobre 1390. Cette cloche pese cinquante mille livres. Le cloître elt fort vaste, & le palais de l'archevêque eft d'une Structure entendue. Il a été bâti par M. de Colbert, archevêque de cette ville, & frere du grand miniftre de ce. nom. * Piganiol, Description de la France, t. 4, p. 377 & fuiv.

Saint Sernin eft une églife ancienne. L'édifice eft grand & majestueux, mais fort fombre. Le clocher eft beau & élevé. La tradition veut que cette église ait été bâtie fur un lac, & fur des pilotis. Dans le chœur, à côté de l'évangile, eft un endroir, où un canal répond depuis les fondemens de l'édifice jusqu'à hauteur d'homme; en prêtant l'oreille fur cet endroit, l'on entend un certain murmure, que l'on dit être celui des eaux qui coulent deffous. Les corps faints, qui rendent cette églife une des plus fameu1es du monde chrétien, font dans des niches, pratiquées dans des chapelles qui font au pourtour du chœur. On y montre plufieurs châfles remplies de faintes reliques, & jusqu'aux fouterreins, tout inspire la fainteté. On y voit des autels, des fépultures, des inscriptions, des lampes, &c. Cette églife le vante d'avoir vingt fix corps faints, parmi lesquels il y en a fept d'apôtres qui font faints Jacques, faint Philippe, faint Barthelemi, faint Simon, faint Jude & faint Barnabé. La châlle qui renferme les reliques de faint Saturnin eft grande, & couverte de lames d'argent. On garde, dans cette même églife, une autre châlfe, qui eft d'un prix ineftimable; c'eft celle de faint George. Elle repréfente un temple à l'antique, d'ordre corinthien, avec des figures de ronde boffe, dans les entre-colonnes, & quatre autres qui repréfentent les quatre évangelistes, & font affifes une à chaque coin du focle. Cette châffe eft le chef d'oeuvre de Bachelier, orfévre très-habile, & frere de ce fameux fculpteur, à qui les Touloufains ont donné une place parmi les illuftres qui font dans la galerie de leur capitole. La maifon de ville eft grande & bien bâtie. On lui a donné le nom de capitole, d'où l'on a fait celui de capitouls. Ce font huic échevins, que l'on élit tous les ans. Ils ont l'adminiftration de la juftice criminelle & de la police; mais ils ne peuvent rien réfoudre fans appeller le confeil de bourgeoilie, qui eft compofé des habitans qui ont été capitouls. En entrant fous la porte de l'hôtel de ville, eft un grand corps-de-garde, où l'on voit quelques armes, & des boucliers ronds des anciens Touloufains. On y lit une inscription en lettres d'or, qui eft un magnifique éloge de Louis le Grand,

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Un peu plus bas eft un foleil d'or, au-deffous duquel font huit fleurs de foleil ou girasols, inclinées de son côté, & ce vers, Nous regardons toujours celui qui nous a faites, qui fait allufion aux capitouls de ce tems-là, & dont les armes font à côté. Dans une grande fale baffe, à main gauche, appellée le grand confiftoire, font les portraits de plufieurs capitouls, & un grand tableau, qui représente l'entrée de Louis XIV, dans Touloufe, le 14 octobre 1659. Sa majefté, accompagnée de la reine, fa mere, & du duc d'Orleans, fon frere, tous en caroffe, confirme les priviléges des capitouls, qui font à genoux à la por tiere. Vis-à-vis, à main droite, en entrant dans la même fale, eft une ftatue de marbre blanc, qui représente da

me Clemence Ifaure, qui donna fa mailon à la ville, & fonda les jeux floraux. Elle eft dans une niche, au-dellus d'une des portes, & fous fes pieds eft une inscription. Dans la même fale font les mefures originales en fer, favoir, l'aune de roi, & la canne de Touloufe. A gauche de cette fale eft la chapelle, & au delà le petit confistoire. Dans ce dernier l'on voit de grands regiftres, ou livres d'hiftoire écrits fur du velin. Chaque année, l'on y écrit tout ce qui s'eft paffé de remarquable dans l'état & dans la ville de Toulouse. Cet ufage s'observe depuis fix ou fept fiécles. Les huit capitouls & le chef du confiftoire y font peints en mignature. L'on voit dans ces registres les entrées des rois, des reines, & des dauphins dans la ville de Toulouse. On y remarque entr'autres celle de Charles VII & de Louis XI, qui n'étoit que dauphin, & qui, pour faire donner à la reine, fa mere, le dais, qu'on lui refufoit, la fit entrer en croupe derriere lui. On y voit auffi les entrées de Louis XII, de François I, de Charles IX, de Louis XIII & de Louis le Grand. L'on admire fur ces mignatures la fingularité des habits, &c. En haut de la fale, qui eft à gauche en entrant, font les portraits des capitouls, & au-deffus de la porte d'entrée eft un tableau, où font représentés dame Clémence Ifaure, & les jeux floraux de Toulouse, fous la figure d'une femme couchée, qui tient un bouquet de fouci, & a derriere elle deux enfans qui jouent des inftrumens. Dans le lointain eft la ville de Toulouse. Ce tableau eft d'une beauté parfaite. A l'autre bout de la même fale, & au-deffus de la porte, eft une Toulouse guerriere, repréfentée fous la figure d'une Pallas couchée, qui de la main gauche flate un agneau, & de la droite tient fa javeline, & auprès d'elle fon bouclier, où font les armes de Touloufe. Ce tableau eft beau, mais il eft bien inférieur à l'autre.

La galerie, qui eft contiguë à cette premiere fale, occupe le fond de la cour. L'on y voit les buftes en marbre des plus grands hommes dans les armes & dans les lettres, ausquels Toulouse a donné la naiffance. Ces illus tres font:

1o. Antoine I, furnommé Becco dans fon enfance. Il fut, felon Tacite, un des plus grands capitaines de fon tems, & fon éloquence égaloit fa valeur.

2°. Statius Surculus, rhéteur qui vivoit du tems de Néron.

3°. Emilius Magnus Arboricus, rhéteur, qui enfeigna, dans Touloufe, les belles lettres aux freres de Constantin. * Toulouse, p. 335 & fuiv.

4°. Victorinus, rhéteur célébre. 5°. Theodoric, roi de Touloufe. 6°. Theodoric II, toi de Toulouse. 7°. Raymond de Saint Gilles, comte de Touloufe. 8°. Bertrand, comte de Touloufe. 9°. Guillaume de Nogaret. 10° Jacques Forneri ou Fournier, qui fut pape fous le nom de Benoît XII. 11°. Pierre Bunel, qui a contribué des premiersau rétablis fement de la pureté de la langue latine. 12°. Joannes Pinus, évêque de Rieux. 13°. Nicolas Bachelier, grand architecte, & grand fculpteur, & éleve de Michel Ange. 14°. Jean de Nogaret de la Valette, à qui Charles IX donna le gouvernement de Languedoc. 15°. Arnoul du Ferrier, un des plus grands jurisconfultes de fon tems, enfeigna le droit à Touloufe, fut préfident aux enquêtes du parlement de Paris, & ambassadeur, pour le roi, au concile de Trente. 16°. Jacques Cujas, le plus favant homine que nous avons eu pour le droit romain. 17°. Gui du Faur, Seigneur de Pibrac, président au parlement de Paris, & auteur des quatrains qui portent fon nom. 18°. JeanEtienne Duranti, avocat du roi, & puis préfident au parlement de Touloufe. 19°. Pierre du Faur de Saint-Jory, mort premier président du parlement de Toulouse. 200. Antoine Tolofani, réformateur & général de l'ordre de faint Antoine de Vienne. 21° Auger Ferrier, médecin de la reine Catherine de Médicis. 22°. Philippe Bertier, préfident au parlement de Toulouse. 23°. Antoine de Paulo, grand-maître de Malte. 24°. Guillaume Maran, qui préfera la profeffion d'avocat à une chaire de profeffeur de droit, aux dignités de la robe & de l'églife, qu'on lui offrit. 25°. Guillaume Catel, hiftorien. 26°. Guillaume de Fieubet, préfident à mortier au parlement de Toulouse, 27°. Pierre de Cafeneuve, 28°. François Maynard, poëte fort connu, & l'un des quarante de l'académie françoife. 29% Goudqúli, connu par les poéfies en langue gasconne.

30°. Emanuel Maignan, minime, favant dans la philofophie, la théologie, & les mathématiques. Au fond de cette galerie eft le bufte de Louis XIV, orné de trophées magnifiques, & ayant cette inscription au-des

fous.

Anno falutis MDCLXXIII.
Regnante Ludovico XIV.
Semper invicto.

Senatus Principe Gasparo de Fieubet Hanc Porticum inftaurari, & illuftrium Tolofatum iconibus ornari curarunt Octoviri Capitolini.

Bernardus de Jean, Bernardus Albert, Andreas Marast, Paulus Tiffi, Guillelmus Cantuer Guillelmus Cantuer, Antonius Crozat, Germanicus de la Faille.

Dans l'autre fond eft une inscription qui marque que cette galerie fut commencée en 1673, & achevée en 1677, & les noms des capitouls, par les foins desquels cet ouvrage fut conduit à fa perfection. Au bout de cette galerie eft la falle des comptes, où entr'autres tableaux l'on remarque celui qui repréfente l'entrée de Louis dauphin de France en 1442. Ce prince eft à cheval, ayant en croupe Marie d'Anjou, fa mere, fous un poële porté par les capitouls. Cette peinture eft une copie en grand de celle que j'ai dit être dans les regiftres du petit confiftoire. Dans une autre fale font quatre excellens tableaux, dont les fujets font pris de l'hiftoire des anciens Touloufains. Il y en a un de Boulogne l'aîné, un de Jouvenet, un de Coypel, & celui du fond eft de Jean-Pierre Rivals, & représente le bâtiment d'un temple de Minerve, déeffe protectrice des Touloufains. Tout eft fi naturel dans ce tableau, & la lumiere eft diftribuée avec tant d'art, que l'on eft trompé en le regardant de l'autre bout de la falle, & qu'on le prend pour un bâtiment véritable. Ce tableau à pour inscription, Tectofages Ancyram condebant. En commençant la description de cet hôtel, j'ai oublié d'avertir que dans la cour, à main droite en entrant, & à la hauteur du premier étage, l'on voit, fur la muraille, quelques marques, que l'on dit être du fang de M. de Montmorenci, qui eut le cou coupé en cet endroit, fur un échaffaut, élevé à la hauteur d'une fenêtre, par laquelle on le conduifit au fupplice. On voit encore, dans l'hôtel de ville, une falle d'opera, finie en 1738, & qui ne le céde en rien à celle de Paris. Le palais eft fitué au lieu où étoit autrefois le château narbonnois, la plus forte place de tout le pays fous le roi Charles VI. C'est une groffe malle de bâtiment informe.

La dorade eft une église ancienne, décorée de colonnes, de figures de patriarches & de faints. La ftatue de Notre-Dame, qui eft dans cette églife, eft dorée, & a donné le nom à ce temple. On la descend dans les grandes calamités, & on la porte en proceffion. La maison des bénédictins, qui deffervent cette églife, eft belle, mais refferrée de tous côtés. Ils n'ont presque point de promenade; mais ils ont fait une longue galerie dans le haut de la maison, qu'ils appellent la mirande, où ils fe promenent en hiver & dans le mauvais tems. L'églife des carmes eft vafte, & la chapelle du MontCarmel, fuperbe pour fes dorures & autres ornemens. L'on voit fur la muraille du cloître de ces religieux une peinture fort ancienne, où un roi de France eft représenté à cheval, s'inclinant devant une image de la Vierge; des feigneurs, au nombre de fept, y font aufli repréfentés tout armés, hormis la tête, & marchant à pied après le roi. Les armoiries de leurs maifons & leurs noms, font au bas. Ces noms font écrits en caractères de ce tems-là; mais il y en a deux qui font effacés, & l'on n'en peut lire que cinq, qui font ceux du duc de Touraine, du duc de Bourbon, de Pierre de Navarre, de Henri de Bar & d'Olivier de Cliffon. Le fond du tableau eft chargé de loups, de fangliers, & au plus haut il a une espéce de frife où font peints deux anges, qui portent des bandelettes, fur lesquelles eft écrit trois fois le mot espérance. La tradition veut que Charles VI, étant à la chaffe dans la forêt de Bouconne, à quelques lieues de Toulouse, fut furpris de la nuit au milieu du bois, fans favoir où il étoit, & que dans cet embarras, il fe voua à la fainte Vierge, & adreffa particulierement fon vou à une chapelle qui eft dans l'églife

des carmes, fous le titre de Notre-Dame de Bonne-Espérance. A peine eut-il fait ce vou, qu'il entendit donner du cor & la voix des chiens, ce qui lui fit connoître qu'il n'étoit pas loin de ceux qui l'accompagnoient, & qu'il les rejoignit. Il accomplit fon veu, & diftribua aux princes & aux grands qui étoient avec lui à chacun une ceinture d'or, fur laquelle étoit ce mot espérance. Il faut remarquer que Charles VI inftitua cet ordre à l'imitation de celui que Louis, duc de Bourbon, fon oncle maternel, avoit inftitué vingt ans auparavant.

Dans celle de la maifon profeffe qui appartenoit aux jéfuites, on voit un tombeau de marbre noir, qui a été érigé pour le cœur du maréchal de Montmorenci, dont le corps fut transporté à Moulins.

L'églife des dominicains et belle & grande; mais on trouve la voûte trop élevée, & il a fallu la foutenir par des pilliers qui coupent l'églife en deux, & forment une dispofition de bâtiment fort extraordinaire. Les colonnes font belles, mais l'on doit principalement remarquer dans cette églife le tombeau de S. Thomas, qui eft dispofé de maniere que quatre prêtres y peuvent dire la mefle en même tems, devant les reliques du faint, lesquelles font dans une magnifique châffe de vermeil doré. Au deilus de la porte de cette églife eft une orgue double, dont la menuiferie eft parfaitement bien coupée & entendue, de même que la fculpture qui en fait l'ornement. La facriftie renferme de beaux ornemens, entr'autres un parement d'autel en broderie, or & argent, avec des fleurs au naturel. Cet ouvrage est un des plus beaux qu'il y ait en ce genre, & a été fait par un frere de ce couvent. La Dalbade eft une affez belle églife, dont le clocher eit le plus élevé de la ville. Elle eft deffervie depuis 1620 par les peres de l'oratoire. Le couvent des cordeliers, ou la grande obfervance, a une église grande & vaste. On voit au milieu du choeur le tombeau d'un comte de Touloufe, & au côté droit du maître autel celui d'Etienne Duranti, préfident au parlement de cette ville, qui fut tué dans une émotion populaire l'an 1589. De l'autre côté eft celui de fon petit-fils. Le rétable du maître-autel eft d'ordre corinthien, à colonnes frifes & paneaux de marbre de Languedoc, & le plus bel ouvrage que l'on puiffe voir pour fa રિ fimplicité & pour fon bon goût. Dans un caveau qui eft au-deffus, & que l'on appelle le charnier, l'on voit environ foixante-dix cadavres d'hommes & de femmes desféchés, n'ayant que la peau collée fur les os. Ils font dresfés tout à l'entour contre la muraille de ce caveau. Ces corps ainfi defféchés font ceux qu'on retire des tombes de l'églife; cette terre étant ici la feule qui ait la propriété de confumer les chairs fans endommager le refte. Les cloîtres, ni les autres endroits où l'on enterre n'ont point cette vertu. Lorsqu'on inhume dans l'églife des corps nouveaux, l'on porte les anciens au clocher, pous diffiper le mauvais air, & de-là on les transporte dans le charnier. Parmi ces corps defféchés, l'on a vu pendant long tems celui de la belle Paule, qui fut la plus belle femme de Toulouse. Le prétendu Marville rapporte avoir ouï dire à un de fes amis,

que

le fils d'un médecin de Touloufe y ayant reconnu le cadavre de fon pere, .tomba évanoui, & penfa mourir fur la place. Les cloîtres font beaux & embellis de peintures qui repréfentent la vie de S. François. L'enclos est fpacieux, & la communauté fort nombreuse.

Il Y a dans cette églife une orgue magnifique, préfent qui a été fait par la reine d'Espagne, femme de Philippe Quint.

La compagnie des pénitens bleus de Touloufe, eft la plus célébre du royaume. Elle a dans fes registres les noms de plufieurs rois, de plufieurs princes du fang, & de tout ce qu'il y a de plus diftingué dans le clergé, dans l'épée & dans la robe. Leur chapelle eft une des plus régulieres de toute l'Europe. C'est Louis XIII qui en a posé la premiere pierre.

Il y a dans cette ville un grand nombre de colléges; celui de Narbonne fut fondé en 1343 par Gafbert, atchevêque de Narbonne : celui du S. Martial par le pape Innocent VI. Il avoit été profeffeur de droit dans l'univerfiré de Touloufe. Celui de Maguellonne fut fondé en 1370 par le cardinal Audouin, pour l'entretien de dixpauvres étudians en droit. On lui donna le nom de Maguellonne, parce que cette éminence avoit été évêque ou adminiftrateur perpétuel de cet évêché. Le collége de Pé IIiiii in

rigord fut fondé par le cardinal de Taleyran; mais étant mort avant de l'achever, le pape Grégoire XI confomma ce pieux deffein. La fondation eft pour vingt collégiats, dont quatre doivent être prêtres, pour deffervir la cha pelle que ce pape voulut être dédiée à S. Fronton. Celui de fainte Catherine fut fondé en 1382 par le cardinal de Pampelonne, neveu du pape Innocent VI, pour vingtquatre bourfiers. Il donna fa maifon, fituée dans la rue des Argentiers, où eft ce collége, la terre de Verberaub, &c. Celui de Saint Nicolas ou de Mirepoix, fut fondé par Guillaume du Pui, évêque de Mirepoix, l'an 1416, pour huit collégiats, dont l'un doit être prêtre. Le collège de Foix fut fondé en 1457, par Pierre, cardinal de Foix, pour vingt-cinq bourfiers. Ce magnifique prélat le dota de grands revenus, & l'enrichit d'une nombreuse & excelTente bibliotheque, qui a été diffipée sur la fin du fiécle dernier. C'eft dans ce collége que M. de Marca, mort archevêque de Paris, & M. de Bosquet, mort évêque de Montpellier, avoient fait leurs études. Celui de S. Raymond fut fondé par Pierre de Saint-André, évêque de Carcaffonne, comme il paroît par les armes de Saint'André, qui font fur la grande porte, & en quelques autres endroits de ce collége. Ces armes font d'azur à un château fommé de trois tours d'argent, maçonné de fable, & furmonté de trois étoiles d'or.

Outre ces colléges il y en avoit plufieurs autres dans Toulouse, mais le roi, par fes lettres patentes de 1550, les fupprima tous, hormis ceux que je viens de nommer, & voulut que des biens de ces colléges fupprimés fuffent érigés deux colléges aux Arts, où feroient lues les langues hébraïque, grecque & latine. On s'appliqua à pourvoir celui de l'Esquille de bons régens, & l'on compte parmi ceux qui y ont enfeigné, Adrien Turnèbe, Tubœuf, Thomas Barclay, Durand, &c. Ce collége, pour l'entretien duquel la ville donne tous les ans quatre mille livres, eft préfentement régi par les peres de la doctrine chrétienne, de la doctrine chrétienne, qui y enfeignent les humanités & la philofophie. Cette mailon offre aux yeux une grande & belle façade qui a quaTante-cinq toifes de long. Jusqu'en 1656, les lettres patentes du roi Henri II n'avoient été exécutées qu'à demi; mais cette année elles le furent entierement par l'établissement d'un fecond collége aux Arts, dont on avoit donné la direction aux jefuites. Ils occuperent d'abord un couvent qui avoit appartenu aux religieufes auguftines; mais cette maifon n'étant pas affez spacieuse pour un collége, la ville accepta les offres que lui firent trois anciens capitouls, de donner pour loger ces peres la maifon de Bernuy, à condition qu'elle leur céderoit les colléges de Verdale & de Montlezun, avec leurs dépendances. Ces colléges étoient du nombre de ceux, qui, par les lettres patentes de 1550, avoient été fupprimés. C'eft aujourd'hui un des plus floriflans colléges du royaume, & n'eft pas moins le collége de Touloufe, que l'eft celui de l'Esquille. Il y a dans ce collège un morceau de fculpture qui eft exquis, & de la main de Bachelier. Il représente Hercule, qui s'étant débarraffé de fes langes, étouffe de chaque main un ferpent. Les attitudes font fi naturelles & fi animées, que les connoiffeurs y trouvent quelque chofe du Laocoon du Vatican.

La chartreufe eft belle & mérite d'être vue. Le cloître fait plaifir à voir à caufe de fa longueur. Le long de la Garonne on trouve un quai & un cours qui eft une affez belle promenade. Il y a outre cela une terraffe à la porte de Montolieu. Le jardin de Frescati s'étend dans la campagne, & a d'aflez belles allées; mais il est à préfent fort négligé. Le moulin du Bazacle a feize meules que la Garonne fait tourner, étant retenue par une digue courte, mais trèsforte. Ces feize meules vont toujours, fans qu'on entende, comme par-tout ailleurs, le tintamare des roues, ni des meules. On voit descendre les bâteaux par le pas de la navigation qui eft le long de la chauffée près du Bazacle. Ces bâteaux descendent avec une vîteffe infinie, & on les croit engloutis lorsqu'ils font au pied de la cascade, parce que la rapidité de l'eau y forme de gros bouillons qui s'élèvent plus de fix pieds par-deffus, & font faire aux bâteaux qui donnent contre, un mouvement extraordinaire. Le moulin du Bazacle eft remarquable par fa grandeur & fa fabrique. Les roues qui font tourner les arbres y font attachées de niveau, & tournent dans des cylindres verticaux, où l'eau tombant, les oblige à fe mouvoir. Chaque meule peut moudre quarante ou cinquante feptiers de grain par jour.

Ce moulin appartient à plusieurs particuliers, & rapporte
environ cent vingt mille livres par an. Tout joignant ces
meules, mais dans un endroit féparé, font quatre moulins
à foulon qui agiffent aufli par la chute des eaux de la Ga-
ronne; les roues du moulin du Bazacle ont environ trois
pieds de diametre extérieur, & huit pouces d'épaiffeur ;
elles font de bois coupées obliquement & en arrondiflant;
l'extérieur eft cerclé de fer haut & bas, & les cylindres
dans lesquels elles fe meuvent,
font compofés de plu-
fieurs pièces jointes ensemble, comme les douves d'un
muid. Les débordemens de la Garonne ont plufieurs fois
emporté ce moulin, entr'autres l'an 1536 & l'an 1712;
mais fon utilité l'a fait rétablir auffi-tôt; il y a un autre
moulin auprès du château, & qui eft femblable à celui
du Bazacle, mais il n'eft pas fi clair, & ne rapporte
aux propriétaires qu'environ cent mille livres de revenu.
La ville de Toulouse a produit un grand nombre de
perfonnes diftinguées dans la république des lettres. Je ne
parlerai ici que de ceux dont elle n'a point placé les buftes
dans fon capitole. Jean Doujat, profeffeur de droit en la
faculté de Paris, Jacques de Tourreil & Jean Galbert Cam-
piftron, tous trois de l'académie françoise, étoient de Tou-
loufe, de même que Guillaume Marcel, connu par plu-
fieurs ouvrages d'hiftoire qu'il a donnés au public ; ce der-
nier fut commiffaire de la marine au département d'Arles,
où il mourut le 27 de décembre de l'an 1708, âgé d
foixante-un ans. L'on a trouvé parmi fes papiers un dic-
tionnaire pour apprendre plufieurs langues, & un livre de
fignaux pour les évolutions navales. Le pere Antonin Clo-
che, général des dominicains, a auffi fait honneur à la
ville de Toulouse, fa patrie; il fut élu général de fon ordre
l'an 1686, & il a gouverné pendant trente-quatre ans
avec beaucoup de régularité & de prudence; il eft mort à
Rome au mois de Février 1720, âgé de quatre-vingt-qua
torze ans, & a été univerfellement regretté à caufe de fes
grandes qualités.

Saint Saturnin envoyé de Rome dans les Gaules, dès l'an 245, vint à Toulouse l'an 250, fous le confulat de Decius & de Gratus, il en fut le premier évêque, & fut martyrifé quelques années après fous Valerien ou Gallien. Saint Papoul, prêtre, compagnon de faint Saturnin, fut martyrisé au territoire de Toulouse dans le Lauraguez, au lieu qui porte fon nom. Saint Exupere fut fait évêque après faine Silve, fucceffeur de faint Rhodane, banni par les Ariens fous Conftance, & mort en exil avant l'an 1417; mais après la prife de Rome par les Goths. Quelques-uns eftiment que Rhodane étoit évêque d'Eaufe, qui étoit la métropole de la troifiéme Aquitaine, maintenant la Gascogne, aux droits de laquelle la ville d'Auch a fuccédé, ils le fondent fur quelques exemplaires de Sulpice Severe, où il eft appellé Elofanus, qui a plus de rapport à Elufanus qu'à Tolofanus. Saint Germier en fut fait évêque l'an 10 ou 511, jusqu'en 560. Saint Honet, Honeftus, prêtre de l'églife de Toulouse, compagnon de faint Saturnin, fuɛ envoyé par lui au-delà des Pyrénées, & prêcha dans la Navare & la Biscaye, & il mourut dans le cours de fes misfions fous le fucceffeur de faint Saturnin. Saint Erembert fut fait évêque de Toulouse en 656, se démit en 668 ou 669, & retourna dans le monastère de Fontenelles ou de faint Wandrille au pays de Caux, où il mourut vers l'an 678. Saint Louis, fils de Charles II, roi de Sicile, & petit-neveu de faint Louis, roi de France, fut fait évêque de Toulouse au mois de décembre 1296, & facré au mois de février fuivant : il mourut au bout de fept mois d'épiscopat ou environ; vingt ans après la mort, Toulouse fut érigé en archevêché. Saint Bertrand, évêque de Cominges, étoit fils de la fille de Guillaume Taillefer, comte de Toulouse, il fut chanoine & archidiacre de l'églife de Toulouse avant fon épiscopat; il ne quitta ni le canonicat ni l'archidiaconé de Toulouse pendant qu'il fut évêque. Les reliques de faint Thomas d'Aquin furent transportées en cette ville l'an 1369. * Baillet, Topogr. des faints, p. 496.

Quoique le pape Jean XXII, dans fa bulle d'érection de l'évêché de Toulouse en archevêché, ne donne à l'archevêque de Touloufe que cinq fuffragans; les évêques de Montauban, de Pamiers, de faint Papoul, de Rieux & de Lombez; il a cependant encore Lavaur & Mirepoix. Cet archevêché renferme deux cents cinquante paroiffes, & rapporte à l'archevêque cinquante-cinq ou foixante mille livres de rente. Le chapitre de la cathédrale eft composé

d'un grand archidiacre, d'un archidiaere de l'Anraguais & de vingt-quatre chanoines. Sous Raymond V, comte de Touloufé, l'héréfie des Albigeois donna lieu à l'établiffement d'un tribunal d'inquifition à Toulouse, pour achever de détruire les reftes de ces hérétiques. Un arrêt du parlemet de Paris du 17 de mai de l'an 1331, déclara que ce tribunal étoit une cour royale. Les Albigeois ayant été entierement détruits dans la fuite, ce tribunal dont la rigueur faifoit trembler même les plus innocens, eut à peu près la même décadencé que l'héréfie qui avoit donné lieu à fon établiffement; il ne lui refta que quelques légers attributs. Un de ceux qu'il a confervés le plus long-tems, étoit celui de fe faire apporter l'élection des capitouls, pour examiner fi parmi ceux qui étoient élus, il n'y en avoit point quelqu'un qui fut fuspect d'héréfie; mais dans le fiécle dernier, M. de Montchal, archevêque de Toulouse, fe fit attribuer ce droit, à l'exclufion de l'inquifiteur par arrêt du confeil, parce que, felon les conftitutions canoniques, les évêques font inquifiteurs nés dans leurs diocèfes. Quoique l'inquifiteur de Toulouse n'ait aujourd'hui qu'un vain titre fans fonctions, les dominicains ne laiflent pas cependant de faire pourvoir par le roi un religieux de leur ordre de cet office, parce qu'il y a quelques gages attachés à cette charge. Les abbayes du diocèse de Toulouse font

- Grand Selve, Le Mas Garnier, La Capelle, Launes, S. Saturnin ou S. Sernin, Favas.

♦ Piganiol, Description de la France, t. 4, p. 225 & fuiv.

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Vers l'an 1302 ou 1303, ou même plus tard, car ces dates ne font pas bien certaines, les états généraux du Languedoc qui étoient affemblés à Touloufe, réfolurent de fupplier le roi de vouloir établir un parlement qui réfidât à Touloufe, & qui jugeât en dernier reflort tous les procès de la province, tant civils que criminels; le roi leur accorda leur demande par fon édit donné à Toulouse, & voulut que ce parlement fut pour lors compofé de deux préfidens lais, de fix confeillers lais, de fix confeillers clercs, d'un procureur du roi & d'un greffier. Sa majefté choifit & nomma pour remplir ces places, Pierre de Cherchemont & Jacques de Saint-Bonnet préfidens. Deodat d'Estaing, Geofroi du Pleffis, Geofroi de Pompadour, Gui de Torfai, Yves de Rochecœur & Aubert de Falbuau, confeiller lais; Thibaud d'Espagne, Pierre de Chappes, Bégon de Caftelnau, Orhon de Pardailhan, Aymeric de Bafillac, & Pierre de Savigni confeillers clercs; Antoine de Calmont procureur du roi, & Raymond Galtrand greffier. Le jeudi 10 de janvier, à huit heures du matin, le roi revêtu d'une robe de douze aulnes, d'un drap d'or frifé fur un fond rouge broché de foie violette, parfemée de fleurs de lis d'or, & fourrée d'hermines, étant accompagné des princes & feigneurs de fa cour, partit du château Nar bonnois, où il logeoit, pour fe rendre à un grand falon de charpente que la ville avoit fait conftruire dans la place de faint Etienne, pour y tenir le parlement. Le roi y étant entré, monta fur fon trône, & tous ceux qui avoient droit de s'asfeoir prirent les places qui leur étoient deftinées, le roi dit que le peuple du pays de Languedoc l'ayant humblement fupplié d'établir un parlement perpétuel dans la ville de Touloufe, &c. if avoit confenti à fes demandes, aux conditions inférées dans les lettres d'érection, desquelles il commanda qu'on fit la lecture; le chancelier s'étant levé, & ayant fait une profonde révérence au roi, fit une harangue fort éloquente, après laquelle il donna à lire les lettres patentes au grand fecrétaire de la chancellerie, puis il lui remit le tableau où étoient écrits les noms de ceux qui devoient compofer le parlement de Touloufe; le fecrétaire les ayant lus tout haur, le roi fit dire à ces officiers de s'approcher, & ils reçurent des mains des hérauts leurs habits de folemnité; les préfidens des manteaux d'écarlate fourrés d'hermines, des bonnets de drap de foie bordés d'un cercle ou tiffu d'or, des robes de pourpre violette & des chape tons d'écarlate fourrés d'hermines. Les confeillers lais eurent des robes rouges avec des parémens violets, & une espéce de foutane de foie violette par-deffous la robe, avec des chaperons d'écarlate parés d'hermines. Les confeillers clercs furent revêtus de manteaux de pourpre violerté étroits par le haut, où il n'y avoit d'ouverture qu'aux endroits à mettre la tête & les bras ; leur foutane étoit d'écar late & les chaperons auffi. Le procureur du roi étoit

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vêtu comme les confeillers lais, & le greffier portoit une robe diftinguée par bandes d'écarlate & d'hermines. Tous ces officiers ainfi revêtus prêterent leur ferment au roi ayant les deux mains fur les évangiles écrits en lettres d'or. Après la preftation du ferment le chancelier fit paffer les magiftrats dans les fiéges qui leur étoient deftinés, & le roi leur fit connoître en quoi confistoit leur devoir, par un discours très-éloquent, dont le texte étoit Erudimini qui judicatis terram; ce discours fini, les hérauts congédierent l'aflemblée par le cri accoutumé. (b) Peu de jours après, cette compagnie commença fes féances dans le château Narbonnois que le roi leur donna pour rendre la juftice, fans en ôter néanmoins le gouvernement au viguier de cette ville, qui continua d'y faire fa demeure avec la garnifon ordinaire pour la défenfe du château. Voyez les annales de Touloufe, par de la Faille. (a) Piganiol, Description de la France, t. 4, p. 264 & fuivantes. (b) La Faille, annales de Toloufe.

Les fubfides extraordinaires que le roi faifoit lever en Languedoc, furent la caufe d'une révolte presque générale. Le parlement foutint, tant qu'il lui fut poffible, l'autorité royale dans Toulouse, mais à la fin il fut contraint de fe réfugier à Montauban. Le roi irrité contre les Languedociens, & parti culierement contre les Toloufains, fupprima par édit de l'an 1312 le parlement de Touloufe, l'unit & en incorpora les officiers à celui de Paris, & le parlement de Toulouse ne fut rétabli qu'en 1419, par lettres - pattentes du dauphin régent du royaume, datées du mois de mars de cette année. Ce fut le 29 mai fuivant, qu'on comptoit 1420 que le parlement fut inftallé dans Toulouse. Par cette feconde érection il n'y eut qu'un préfident, qui étoit l'archevêque de Toulouse, onze confeillers & deux greffiers ; il n'y eut point pour lors de procureur du roi, auffi n'en étoitil point parlé dans les lettres d'érection. Vers l'an 1425, le parlement de Toulouse fut transféré à Beziers pour repeupler cette ville, qui avoit foutenu un long fiége contre le comte de Clermont, & la récompenfer de tous les maux que ce comte lui fit fouffrir après qu'il l'eut prife. Le parlement ne demeura pas long-tems à Beziers; puisqu'en 1427, Charles VII le réunit une feconde fois à celui de Paris, duquel il ne fut féparé pour être ftable à Toulouse qu'en 1443, par édit de Charles VII, donné à Saumur le 11 d'octobre. Cet édit ne fut même lu & publié à Toulouse que le 4 juin de l'an 1444. Ce parlement ayant donné un arrêt contre quelques habitans de la ville de Montpellier, & Geofroi de Chabanes, lieutenant du duc de Bourbon, gouverneur de Languedoc, en ayant empêché l'exécution, le parlement, par un arrêt, ordonna que Chabanes & trois autres perfonnes qui lui étoient attachées, feroient pris au corps. Cette conduite déplut fi fort au roi, qu'il interdit le parlement, & le transféra à Montpellier au mois d'octobre 1466. Les généraux des aides, qui en ce tems étoient du corps du parlement, furent aufli transférés à Montpellier. Deux ans après, il fut rétabli à Toulouse où il revint avec les généraux des aides; mais ces derniers retournerent peu de tems après à Montpellier : le duc d'Uzès & les autres pairs, dont les pairies étoient fituées dans le reffort de ce parlement, lui préfentaient des roses, auffibien les comtes de Foix, d'Armagnac, de Bigorre, de que Lauraguez, de Rouergue & tous les autres feigneurs des grandes terres de Languedoc. Les archevêques d'Ausch de Narbonne & de Toulouse n'en étoient point exempts. La qualité de préfident des états & celle de pere fpirituel du parlement, ne dispenfoient point les deux derniers de cette redevance; enfin, les rois de Navarre, en qualité de comtes de Foix, d'Armagnac, de Bigorre & de Rodès; Marguerite de France, fille du roi Henri II, fœur de trois rois & reine elle-même, comme comteffe de Lauraguez, &c. lui ont rendu cet hommage.

Le parlement de Toulouse comprend dans fon reffort les fénéchauffées du Languedoc, de Rouergue, de Querci, du pays de Foix, & la partie de la Gascogne, qui renferme les fénéchauffées de l'ifle Jourdain, d'Ausch, de Leictoure, de Tarbes & de Pamiers. Ce parlement eft compofé de fix chambres, la grand'chambre, la tournelle, trois chambres des enquêtes & celle des requêtes. Les confeillers ont un privilége qui leur eft particulier, c'eft d'avoir féance au parlement de Paris, felon l'ordre de leur réception, de même que ceux du parlement de Paris

ont féance au parlement de Toulouse, felon la date de la

leur.

Les fénéchaux font les premiers officiers qui reffortiffent au parlement; ils font en Languedoc ce que les baillis font dans les autres provinces. Il n'y avoit autrefois que trois fénéchaux en Languedoc; favoir, de Touloufe, de Carcasfonne & de Nismes; mais à préfent il y en a huit, & par conféquent autant de fénéchauffées, dans chacune desquelles il y a un préfidial. Ces fénéchauffées font Touloufe, Caftelnaudary, Carcaffonne, Limoux, Beziers, Nimes, Montpellier & le Puy ; elles connoiffent des appellations des jurisdictions royales de leur reffort, & ces jurisdictions font appellées en Languedoc vigueries; on en compte vingt-neuf dans cette province.

Dans la fénéchauffée de Touloufe il n'y a aucun bailliage royal, mais feulement la fénéchauffée & préfidial, & de fimples judicatures; le fénéchal eft d'épée. La juftice fe rend en fon nom dans la fénéchauffée feulement, où il a droit de préfider, comme auffi au préfidial. Ses appointemens font de trois cents cinquante livres, & payés fur le domaine. Il a auffi droit de commander le ban & arriereban, & pour l'élection des capitouls, on lui propofe quarante-huit fujets qu'il peut réduire à vingt-quatre. Le parlement de Touloufe fuit le droit écrit dans fes jugemens. La cour du petit fcel de Montpellier & la cour des conventions de Nîmes, reffortiffent encore au parlement de Touloufe; enfin, la derniere espéce de jurisdiction qui en releve, eft celle des juges d'apeaux, c'est-à dire, des juges qui connoiflent de l'appel d'un autre premier juge, & dont les appellations vont au parlement.

L'univerfité de Toulouse est composée de quatre facultés; celles des arts, de théologie & de droits y furent établies en exécution du traité de paix de l'année 1228, par lequel Raymond VII s'obligea de donner quatre cents marcs d'argent pour fervir de fonds au payement des gages de deux profefleurs en théologie, de deux en droit, de fix pour les arts libéraux, & de deux pour la grammaire. Nos rois ont depuis confirmé cet établitlement, & ont augmenté le nombre des profeffeurs. Il y en a actuellement quatre royaux pour la théologie, ils font nommés par le roi & aux gages de fa majefté; quatre profeffeurs conventuels pris des quatre ordres mendians, ils participent aux émolumens, mais ils n'ont point de gages; deux profeffeurs de l'ordre de faint Dominique, dont les chaires ont été fondées par feu l'abbé de Tourreil. Le droit fut enfeigné à Toulouse par Accurfe, qui donna lieu à l'établiflement de cette faculté, qui eft aujourd'hui compofée de fix profeffeurs; cinq pour le droit civil & canonique, & le fixiéme pour le droit françois. La faculté de médecine eft la moins ancienne, elle n'y a été établie pour faire corps avec l'univerfité qu'en l'année 1600, elle eft actuellement compofée de quatre profeffeurs, la faculté des arts n'en a que deux. Cette univerfité, par fon établiffement & par plufieurs bulles, doit jouir des mêmes droits que celle de Paris; elle a envoyé des députés aux conciles généraux & aux états du royaume où elle a été appellée. Le recteur, quoique marié, peut procéder par cenfures, c'eft-à-dire, par interdit & excommunication contre ceux qui violent les ftatuts, felon les bulles des papes Innocent IV & Benoît XIII, ce qui a été confirmé par plufieurs arrêts du parlement. François I, par fes lettres patentes du mois d'août 1533, donna le droit de chevalerie aux profeffeurs de cette univerfité, & l'un d'eux, appellé Blaife Auriol, ayant reçu l'anneau d'or, l'épée & les éperons dorés, les profellents font depuis enterrés avec ces marques d'honneur. L'académie des belles lettres de Touloufe a été érigée par lettres-patentes du mois de feptembre 1694, elle eft compofée d'un chancelier & de trente-cinq académiciens ordinaires; elle a fuccédé aux jeux floraux, dont l'origine doit être rapportée à l'an 1323 : ce fut alors que fept perfonnes de condition qui avoient du goût pour la poëfie, appellée en vieux langage du pays Gaye Science, inviterent tous les poëtes ou Trouvaires des environs, de venir à Touloufe le premier jour de mai de cette même année, & promirent de donner une violette d'or à celui qui réciteroit les plus beaux vers. Ce deffein plut aux capitouls, & il fut décidé dans un confeil de ville qu'on l'exécuteroit tous les ans aux dépens du public. Cette compagnie fut compofée d'an chancelier, de fept mainteneurs & de plufieurs matres. Au prix de la violette on en ajouta dans la fuite deux autres, l'églantine & le fouci. Vers l'an 1540, une dame

de Touloufe appellée Clémence Ifaure, laifla la plus grande partie de fon bien au corps de ville, à condition qu'il feroit faire tous les ans quatre fleurs de vermeil, qui feroient l'églantine, le fouci, la violette & l'œillet; elle inftitua une fête qui fut appellée les jeux floraux, qu'elle voulut qu'on célébrât le premier & troifiéme jour de mai dans fa maison qu'elle leur donna, & qui eft aujourd'hui l'hôtel-de-ville. Les prix que l'académie diftribue à préfent, font une amaranthe d'or, une églantine, une violette & un fouci d'argent; au refte, c'eft au goût que de Basville avoit pour les belles lettres, que cette académie doit fa nouvelle forme.

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Il y a à Toulouse outre les jeux floreaux, une académie des (ciences & belles lettres établie par lettres-patentes en 1740. Elle a foixante-quatorze membres, tant honoraires, qu'affociés libres, aflociés ordinaires, affociés étrangers, adjoints, correspondans & officiers. Il y a auffi à Touloufe une académie de peinture, fculpture & architecture, établie par lettres-patentes du 13 janvier 1751.* Mémoires dreffés fur les lieux.

TOUMAN. On appelle ainfi dans le Maurenehar, felon Petis de la Croix, des terres données à des princes ou à des feigneurs, à la charge de fournir dix mille hommes

&c.

TOUPINAMBAS, peuples fauvages de l'Amérique méridionale, au Bréfil. Ce font les mêmes que les Topinambes. Voyez TUPINAMBAS.

1. TOUQUES, bourg de France, en Normandie, avec château & port de mer. Il eft fitué dans le pays d'Auge, diocese de Lizieux, à trois grandes lieues de Honfleur, & à deux au-deffous de Pont-l'Evêque. Il y a deux paroifles à Touques; l'une fous le titre de faint Pierre, & l'autre fous celui de faint Thomas. Les habitans vont à Pont l'Evêque pour la jurisdiction; mais il y a un fiége d'amirauté à Touques, où les plus groffes barques remontent avec le reflux de la mer dans le canal de la riviere qui portent le même nom. Elles y viennent charger des beftiaux, des cidres, du bois à bâtir & à brûler, & l'on fait du fel blanc aux environs dans vingt-quatre falines. Touques eft auffi un titre de baronnie appartenant à l'évêque de Lizieux, qui nomme aux deux cures; ceux du pays difent que ce bourg a porté autrefois le titre de ville, & même que les anciens rois d'Angleterre, ducs de Normandie, y ont fait leur féjour pendant quelque tems, & tenu l'échiquier ; ils appellent encore certains lieux des paroiffes de ce bourg l'échiquier & la justice, & rapportent différens noms des rues, où ils trouvent des reftes de ruines & de fondations. On tient à Touques un gros marché le famedi fous des halles couvertes. Le château eft ancien & a un gouverneur; il eft bâti fur une éminence, & fes murailles Alanquées de huit groffes tours, font accompagnées d'un foffé large & profond. * Corn. Dict. Mémoires dreffés fur les lieux en 1702.

2. TOUQUES, riviere de France, dans la Normandie: elle prend fa fource à une grande lieue au-deffus de Gaffey, qu'elle arrofe. Elle porte le nom de LEZON, dans fon cours qu'elle continue par Pont-Chardon, Ferraque & Lizieux, où elle reçoit la riviere d'Orbec, à la pointe des dominicains, & depuis cette jonction elle porte bateaux & eft appellée ToUQUES, en latin Tulca; elle reçoit aufli la Calone à Pont-l'évêque, au-deffus de l'église paroiffiale de S. Michel, & enfuite le reflux de la mer; & après avoir paffé fous le pont de Roncheville & fous celui du bourg de Touques, elle entre dans la mer au gué de Trouville fur mer, à fix lieues ou environ à l'oppofite du Havre de Grace, chargée de cinq ou fix petites rivieres ou ruiffeaux. Son cours eft de feize lieues.

1. TOUR, mot françois, qui fignifie une forte de bâtiment élevé, rond ou carré, dont on fortifie ordinairement des villes ou des châteaux. Ce mot, qui vient du latin Turris, répond au grec Пopyos, à l'hébreu Migdal.

On appelle une TOUR ISOLEE une tour qui eft détachée de tout bâtiment, elle fert quelquefois de clocher & quelquefois de fort, comme celle qu'on appelle Tour-marine, qui eft une tour bâtie fur les côtes de la mer, pour y mettre des foldats, qui donnent avis par un fignal, lorqu'ils découvrent quelques vaiffeaux ennemis. Ces fortes de tours font d'ordinaire fans portes,& on y entre par des fenêtres qui font au premier ou fecond étage, avec une échelle que l'on tire en haut, quand on eft dedans. L'Ecriture fainte, entr'autres, parle de plufieurs tours, (a) comme de la

TOUR

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