répond pas à ces beautés. Le grand autel est du dessein de Gervais Drouet, qui a fait lui-même les figures du lapidement de faint Etienne en 1670 l'architecture est d'ordre corinthien à colonnes, frifes, & panneaux de marbre de Languedoc. La cloche appellée la Cardaillac, est d'une gros. seur extraordinaire. Elle fut fondée par Jean de Cardaillac, patriarche d'Alexandrie, & administrateur perpétuel de l'eglise & de l'archevêché de Toulouse, qui mourut le 7 octobre 1390. Cette cloche pese cinquante mille livres. Le cloître est fort vaste, & le palais de l'archevêque est d'une structure entendue. Il a été bâti par M. de Colbert, archevêque de cette ville, & frere du grand ministre de ce. nom. * Piganiol, Description de la France, t. 4, p. 377 & fuiv. Saint Sernin est une église ancienne. L'édifice est grand & majestueux, mais fort fombre. Le clocher est beau & élevé. La tradition veut que cette église ait été bâtie sur un lac, & fur des pilotis. Dans le chœur, à côté de l'évangile, est un endroit, où un canal répond depuis les fondemens de l'édifice jusqu'à hauteur d'homme; en prêtant l'oreille sur cet endroit, l'on entend un certain murmure, que l'on dit être celui des eaux qui coulent dessous. Les me Clemence Isaure, qui donna sa maison à la ville, & fonda les jeux floraux. Elle est dans une niche, au-dellus d'une des portes, & fous ses pieds est une inscription. Dans la même sale font les mesures originales en fer, savoir, l'aune de roi, & la canne de Toulouse. A gauche de cette sale est la chapelle, & au-delà le petit confistoire. Dans ce dernier l'on voit de grands registres, ou livres d'histoire écrits sur du velin. Chaque année, l'on y écrit tout ce qui s'est paffé de remarquable dans l'état & dans la ville de Toulouse. Cet usage s'observe depuis fix ou sept siècles. Les huit capitouls & le chef du consistoire y sont peints en mignature. L'on voit dans ces registres les entrées des rois, des reines, & des dauphins dans la ville de Toulouse. On y remarque entr'autres celle de Charles VII & de Louis XI, qui n'étoit que dauphin, & qui, pour faire donner à la reine, sa mere, le dais, qu'on lui refusoit, la fit entrer en croupe derriere lui. On y voit aussi les entrées de Louis XII, de François I, de Charles IX, de Louis XIII & de Louis le Grand. L'on admire sur ces mignatures la fingularité des habits, &c. En haut de la sale, qui est à gauche en entrant, font les portraits des capitouls, & au-dessus de la porte d'en corps faints, qui rendent cette église une des plus fameu-trée est un tableau, où font représentés dame Clémence 1es du monde chrétien, sont dans des niches, pratiquées dans des chapelles qui font au pourtour du chœur. On y montre plusieurs chasses remplies de saintes reliques, & jusqu'aux fouterreins, tout inspire la sainteté. On y voit des autels, des sépultures, des inscriptions, des lampes, &c. Cette église se vante d'avoir vingt fix corps saints, parmi lesquels il y en a sept d'apôtres, qui sont saints Jacques, faint Philippe, faint Barthelemi, saint Simon, faint Jude & faint Barnabé. La châsse qui renferme les reliques de saint Saturnin est grande, & couverte de lames d'argent. On garde, dans cette même église, une autre châtse, qui est d'un prix inestimable; c'est celle de saint George. Elle représente un temple à l'antique, d'ordre corinthien, avec des figures de ronde bosse, dans les entre-colonnes, & quatre autres qui représentent les quatre évangelistes, & font affises une à chaque coin du socle. Cette châsse est le chef d'œuvre de Bachelier, orfévre très-habile, & frere de ce fameux sculpteur, à qui les Toulousains ont donné une place parmi les illustres qui sont dans la galerie de leur capitole. La maison de ville eft grande & bien bâtie. On lui a donné le nom de capitole, d'où l'on a fait celui de capitouls. Ce sont huit échevins, que l'on élit tous les ans. Ils ont l'administration de la justice criminelle & de la police; mais ils ne peuvent rien résoudre sans appeller le conseil de bourgeoisie, qui eft composé des habitans qui ont été capitouls. En entrant sous la porte de l'hôtel de ville, est un grand corps-de-garde, où l'on voit quelques armes, & des boucliers ronds des anciens Toulousains. On y lit une inscription en lettres d'or, qui est un magnifique éloge de Louis le Grand. : Deo OPT. MAX. D. D. D. Octoviri Captolini P. Q. Tolof. Ob reftitutam Ludovico Magno valetudinem Et confervatum Un peu plus bas est un soleil d'or, au-dessous duquel font huit fleurs de soleil ou girasols, inclinées de son côté, & ce vers, Nous regardons toujours celui qui nous a faites, qui fait allusion aux capitouls de ce tems-là, & dont les armes sont à côté. Dans une grande sale basse, à main gauche, appellée le grand consistoire, font les portraits de plusieurs capitouls, & un grand tableau, qui représente l'entrée de Louis XIV, dans Toulouse, le 14 octobre 1659. Sa majesté, accompagnée de la reine, sa mere, & du duc d'Orleans, son frere, tous en carosse, confirme les priviléges des capitouls, qui sont à genoux à la portiere. Vis-à-vis, à main droite, en entrant dans la même sale, est une statue de marbre blanc, qui représente da Ifaure, & les jeux Horaux de Toulouse, sous la figure d'une femme couchée, qui tient un bouquet de fouci, & a derriere elle deux enfans qui jouent des instrumens. Dans le lointain est la ville de Toulouse. Ce tableau est d'une beauté parfaite. A l'autre bout de la même sale, & au-dessus de la porte, est une Toulouse guerriere, représentée sous la figure d'une Pallas couchée, qui de la main gauche flate un agneau, & de la droite tient sa javeline, & auprès d'elle son bouclier, où sont les armes de Toulouse, Ce tableau est beau, mais il est bien inférieur à l'autre. La galerie, qui est contiguë à cette premiere sale, occupe le fond de la cour. L'on y voit les bustes en marbre des plus grands hommes dans les armes & dans les lettres, ausquels Toulouse a donné la naissance. Ces illustres font: 1o. Antoine I, surnommé Becco dans son enfance. Il fut, selon Tacite, un des plus grands capitaines de son tems, & fon éloquence égaloit sa valeur. 2o. Statius Surculus, rhéteur qui vivoit du tems de Néron. 3o. Æmilius Magnus Arboricus, théteur, qui enseigna, dans Toulouse, les belles lettres aux freres de Constantin. * Toulouse, p. 335 & suiv. 4°. Victorinus, rhéteur célébre. 5°. Theodoric, roi de Toulouse. 6°. Theodoric II, roi de Toulouse. 7°. Raymond de Saint Gilles, comte de Toulouse. 8°. Bertrand, comte de Toulouse. 9°. Guillaume de Nogaret. 10o Jacques Forneri ou Fournier, qui fut pape sous le nom de Benoît XII. 11°. Pierre Bunel, qui a contribué des premiersau rétablissement de la pureté de la langue latine. 12°. Joannes Pinus, évêque de Rieux. 13°. Nicolas Bachelier, grand architecte, & grand sculpteur, & éleve de Michel Ange. 14°. Јели de Nogaret de la Valette, à qui Charles IX donna le gouvernement de Languedoc. 15°. Arnoul du Ferrier, un des plus grands jurisconsultes de son tems, enseigna le droit à Toulouse, fut president aux enquêtes du parlement de Paris, & ambassadeur, pour pour le roi, au concile de Trente. 16°. Jacques Cujas, le plus savant homme que nous ayons eu pour le droit romain. 17°. Gui du Faur, Seigneur de Pibrac, président au parlement de Paris, & auteur des quatrains qui portent son nom. 18°. JeanEtienne Duranti, avocat du roi, & puis président au parlement de Toulouse. 19°. Pierre du Faur de Saint-Jory,. mort premier président du parlement de Toulouse. 20o. An toine Tolosani, réformateur & général de l'ordre de saint Antoine de Vienne. 21°. Auger Ferrier, médecin de la reine Catherine de Médicis. 22°. Philippe Bertier, président au parlement de Toulouse. 23°. Antoine de Paulo, grand-maître de Malte. 24°. Guillaume Maran, qui prér fera la profession d'avocat à une chaire de profeffeur de droit, aux dignités de la robe & de l'église, qu'on lui offrit. 25°. Guillaume Catel, historien. 26°. Guillaume de Fieubet, président à mortier au parlement de Toulouse. 27°. Pierre de Cafeneuve. 28°. François Maynard, poëte fort connu, & l'un des quarante de l'académie françoife. 29°. Goudouli, connu par ses poésies en langue gasconne. : , 30°. Emanuel Maignan, minime, savant dans la philofophie la théologie, & les mathématiques. Au fond de cette galerie est le buste de Louis XIV, orné de trophées magnifiques, & ayant cette inscription au-desfous. Anno falutis MDGLXXIII. Senatûs Principe Gasparo de Fieubet Hanc Porticum instaurari, & illuftrium Tolosatum iconibus ornari curarunt Octoviri Capitolini. Bernardus de Jean, Bernardus Albert, Andreas Marast, Paulus Tiffi, Guillelmas Cantuer, Antonius Crozat, Germanicus de la Faille. Dans l'autre fond est une inscription qui marque que cette galerie fut commencée en 1673, & achevée en 1677, & les noms des capitouls, par les soins desquels cet ouvrage fut conduit à sa perfection. Au bout de cette galerie est la salle des comptes, où entr'autres tableaux l'on remarque celui qui représente l'entrée de Louis dauphin de France en 1442. Ce prince est à cheval, ayant en croupe Marie d'Anjou, fa mere, sous un poële porté par les capitouls. Cette peinture est une copie en grand de celle que j'ai dit être dans les registres du petit consistoire. Dans une autre sale font quatre excellens tableaux, dont les sujets sont pris de l'histoire des anciens Toulousains. Il y en a un de Boulogne l'aîné, un de Jouvenet, un de Coypel, & celui du fond est de Jean-Pierre Rivals, & représente le bâtiment d'un temple de Minerve, déesse protectrice des Toulousains. Tout est si naturel dans ce tableau, & la lumiere est distribuée avec tant d'art, que l'on est trompé en le regardant de l'autre bout de la falle, & qu'on le prend pour un bâtiment véritable. Ce tableau a pour inscription, Tettosages Ancyram condebant. En commençant la description de cet hôtel, j'ai oublié d'avertir que dans la cour, à main droite en entrant, & à la hauteur du premier étage, l'on voit, sur la muraille, quelques marques, que l'on dit être du sang de M. de Montmorenci, qui eut le cou coupé en cet endroit, sur un échaffaut, élevé à la hauteur d'une fenêtre, par laquelle on le conduisit au supplice. On voit encore, dans l'hôtel de ville, une salle d'opera, finie en 1738, & qui ne le céde en rien à celle de Paris. Le palais est situé au lieu où étoit autrefois le château narbonnois, la plus forte place de tout le pays sous le roi Charles VI. C'est une grosse masse de bâtiment informe. La dorade est une église ancienne, décorée de colonnes, de figures de patriarches & de saints. La statue de Notre-Dame, qui est dans cette église, est dorée, & a donné le nom à ce temple. On la descend dans les grandes calamités, & on la porte en procession. La maison des bénédictins, qui desservent cette église, est belle, mais refferrée de tous côtés. Ils n'ont presque point de promenade; mais ils ont fait une longue galerie dans le haut de la maison, qu'ils appellent la mirande, où ils se promenent en hiver & dans le mauvais tems. L'église des carmes est vaste, & la chapelle du MontCarmel, superbe pour ses dorures & autres ornemens. L'on voit fur la muraille du cloître de ces religieux une peinture fort ancienne, où un roi de France est représenté à cheval, s'inclinant devant une image de la Vierge; des seigneurs, au nombre de sept, y font aussi représentés tout armés, hormis la tête, & marchant à pied après le roi. Les armoiries de leurs maisons & leurs noms, sont au bas. Ces noms sont écrits en caractères de ce tems-là; mais il y en a deux qui font effacés, & l'on n'en peut lire que cinq, qui sont ceux du duc de Touraine, du duc de Bourbon, de Pierre de Navarre, de Henri de Bar & d'Olivier de Clisson. Le fond du tableau est chargé de loups, de sangliers, & au plus haut) il a une espéce de frise où sont peints deux anges, qui portent des bandelettes, sur lesquelles est écrit trois fois le mot espérance. La tradition veut que Charles VI, étant à la chasse dans la forêt de Bouconne, à quelques lieues de Toulouse, fut surpris de la nuit au milieu du bois, sans savoir où il étoit, & que dans cet embarras, il se voua à la sainte Vierge, & adressa particulierement son vœu à une chapelle qui est dans l'église des carmes, sous le titre de Notre-Dame de Bonne-Espérance. A peine eut-il fait ce veu, qu'il entendit donner du cor & la voix des chiens, ce qui lui fit connoître qu'il n'étoit pas loin de ceux qui l'accompagnoient, & qu'il les rejoignit. Il accomplit son vœu, & diftribua aux princes & aux grands qui étoient avec lui à chacun une ceinture d'or, fur laquelle étoit ce mot espérance. Il faut remarquer que Charles VI institua cet ordre à l'imitation de celui que Louis, duc de Bourbon, son oncle maternel, avoit institué vingt ans auparavant. Dans celle de la maison professe qui appartenoit aux jésuites, on voit un tombeau de marbre noir, qui a été érigé pour le cœur du maréchal de Montmorenci, dont le corps fut transporté à Moulins. L'église des dominicains est belle & grande; mais on trouve la voûte trop élevée, & il a fallu la foutenir par des pilliers qui coupent l'église en deux, & forment une disposition de bâtiment fort extraordinaire. Les colonnes font belles, mais l'on doit principalement remarquer dans cette église le tombeau de S. Thomas, qui est disposé de maniere que quatre prêtres y peuvent dire la messe en même tems, devant les reliques du saint, lesquelles font dans une magnifique châsse de vermeil doré. Au dessus de la porte de cette église est une orgue double, dont la menuiserie est parfaitement bien coupée & entendue, de même que la sculpture qui en fait l'ornement. La facriftie renferme de beaux ornemens, entr'autres un parement d'autel en broderie, or & argent, avec des fleurs au naturel. Cet ouvrage est un des plus beaux qu'il y ait en ce genre, & a été fait par un frere de ce couvent. La Dalbade est une assez belle église, dont le clocher est le plus élevé de la ville. Elle est desservie depuis 1620 par les peres de l'oratoire. Le couvent des cordeliers, ou la grande observance, a une église grande & vaste. On voit au milieu du chœur le tombeau d'un comte de Toulouse, & au côté droit du maître autel celui d'Etienne Duranti, préfident au parlement de cette ville, qui fut tué dans une émotion populaire l'an 1589. De l'autre côté est celui de son petit fils. Le rétable du maître-autel est d'ordre corinthien, à colonnes frises & paneaux de marbre de Languedoc, & le plus bel ouvrage que l'on puiffe voir pour sa fimplicité & pour son bon goût. Dans un caveau qui est au-dessus, & que l'on appelle le charnier, l'on voit environ soixante-dix cadavres d'hommes & de femmes desséchés, n'ayant que la peau collée sur les os. Ils font dressés tout à l'entour contre la muraille de ce caveau. Ces corps ainsi desséchés sont ceux qu'on retire des tombes de l'église; cette terre étant ici la seule qui ait la propriété de confumer les chairs sans endommager le reste. Les cloîtres, ni les autres endroits où l'on enterre n'ont point cette vertu. Lorsqu'on inhume dans l'église des corps nouveaux, l'on porte les anciens au clocher, pous dissiper le mauvais air, & de-là on les transporte dans le charnier. Parmi ces corps desséchés, l'on a vu pendant long tems celui de la belle Paule, qui fut la plus belle femme de Toulouse. Le prétendu Marville rapporte avoir ouï dire à un de ses amis, que le fils d'un médecin de Toulouse y ayant reconnu le cadavre de son pere, tomba évanoui, & pensa mourir sur la place. Les cloîtres font beaux & embellis de peintures qui représentent la vie de S. François. L'enclos est spacieux, & la communauté fort nombreuse. Il y a dans cette église une orgue magnifique, présent qui a été fait par la reine d'Espagne, femme de Philippe Quint. La compagnie des pénitens bleus de Toulouse, est la plus célébre du royaume. Elle a dans ses registres les noms de plusieurs rois, de plusieurs princes du sang, & de tout ce qu'il y a de plus distingué dans le clergé, dans l'épée & dans la robe. Leur chapelle est une des plus régulieres de toute l'Europe. C'est Louis XIII qui en a posé la premiere pierre. Il y a dans cette ville un grand nombre de colléges; celui de Narbonne fut fondé en 1343 par Gafbert, archevêque de Narbonne: celui du S. Martial par le pape Innocent VI. Il avoit été professeur de droit dans l'université de Toulouse. Celui de Maguellonne fut fondé en 1370 par le cardinal Audouin, pour l'entretien de dix pauvres étudians en droit. On lui donna le nom de Maguellonne, parce que cette éminence avoit été évêque ou administrateur perpétuel de cet évêché. Le collége de Pé. Miiii in rigord fut fondé par le cardinal de Taleyran; mais étant mort avant de l'achever, le pape Grégoire XI consomma ce pieux deslein. La fondation est pour vingt collégiats, dont quatre doivent être prêtres, pour desservir la cha. pelle que ce pape voulut être dédiée à à S. Fronton. Celui de fainte Catherine fut fondé en 1382 par le cardinal de Pampelonne, neveu du pape Innocent VI, pour vingtquatre boursiers. Il donna sa maison, située dans la rue des Argentiers, où est ce collége, la terre de Verberaub, &c. Celui de Saint Nicolas ou de Mirepoix, fut fondé par Guillaume du Pui, évêque de Mirepoix, l'an 1416, pour huit collégiats, dont l'un doit être prêtre. Le collége de Foix fut fondé en 1457, par Pierre, cardinal de Foix, pour vingt-cinq boursiers. Ce magnifique prélat le dota de grands revenus, & l'enrichit d'une nombreuse & excelTente bibliotheque, qui a été dissipée sur la fin du siécle dernier. C'est dans ce collége que M. de Marca, mort archevêque de Paris, & M. de Bosquet, mort évêque de Montpellier, avoient fait leurs études. Celui de S. Raymond fut fondé par Pierre de Saint-André, évêque de Carcassonne, comme il paroît par les armes de SaintAndré, qui sont sur la grande porte, & en quelques autres endroits de ce collége. Ces armes sont d'azur à un château sommé de trois tours d'argent, maçonné de sable, & furmonté de trois étoiles d'or. Outre ces colléges il y en avoit plusieurs autres dans Toulouse; mais le roi, par ses lettres parentes de 1550, les supprima tous, hormis ceux que je viens de nommer, & voulut que des biens de ces colléges supprimés fussent érigés deux colléges aux Arts, où seroient lues les langues hébraïque, grecque & latine. On s'appliqua à pourvoir celui de l'Esquille de bons régens, & l'on compte parmi ceux qui y ont enseigné, Adrien Turnèbe, Tubœuf, Thomas Barclay, Durand, &c. Ce collége, pour l'entretien duquel la ville donne tous les ans quatre mille livres, est présentement régi par les peres de la doctrine chrétienne, qui y enseignent les humanités & la philofophie. Cette maison offre aux yeux une grande & belle façade qui a quarante-cinq toises de long. Jusqu'en 1656, les lettres patentes du roi Henri ll n'avoient été exécutées qu'à demi; mais cette année elles le furent entierement par l'établissement d'un second college aux Arts, dont on avoit donné la direction aux jésuites. Ils occuperent d'abord un couvent qui avoit appartenu aux religieuses augustines; mais cette maison n'étant pas affez spacieuse pour un collége, la ville accepta les offres que lui firent trois anciens capitouls, de donner pour loger ces peres la maison de Bernuy, à condition qu'elle leur céderoit les colléges de Verdale & de Montlezun avec leurs dépendances. Ces colléges étoient du nombre de ceux, qui, par les lettres patentes de 1550, avoient été supprimés. C'est aujourd'hui un des plus florissans colléges du royaume, & n'est pas moins le collége de Toulouse, que l'est celui de l'Esquille. Il y a dans ce collége un morceau de sculpture qui est exquis, & de la main de Bachelier. Il représente Hercule, qui s'étant débarrasse de ses langes, étouffe de chaque main un ferpent. Les attitudes sont si naturelles & fi animées, que les connoiffeurs y trouvent quelque chose du Laocoon du Vatican. La chartreuse est belle & mérite d'être vue. Le cloître fait plaisir à voir à cause de sa longueur. Le long de la Garonne on trouve un quai & un cours qui est une assez belle promenade. Il y a outre cela une terrasse à la porte de Montolieu. Le jardin de Frescati s'étend dans la campagne, & a d'allez belles allées ; mais il est à présent fort négligé. Le moulin du Bazacle a seize meules que la Garonne fait tourner, étant retenue par une digue courte, mais trèsforte. Ces seize meules vont toujours, sans qu'on entende, comme par-tout ailleurs, le tintamare des roues, ni des meules. On On voit descendre les bâteaux par le pas de la navigation qui est le long de la chaussée près du Bazacle. Ces bâteaux descendent avec une vîtesse infinie, & on les croit englontis lorsqu'ils font au pied de la cascade, parce que la rapidité de l'eau y forme de gros bouillons qui s'élévent plus de fix pieds par-dessus, & font faire aux bâteaux qui donnent contre, un mouvement extraordinaire. Le moulin du Bazacle est remarquable par sa grandeur & fa fabrique. Les roues qui font tourner les arbres y font attachées de niveau, & tournent dans des cylindres verticaux, où l'eau tombant, les oblige à se mouvoir. Chaque meule peut moudre quarante ou cinquante septiers de grain par jour. Ce moulin appartient à plusieurs particuliers, & rapporte Saint Saturnin envoyé de Rome dans les Gaules, dès l'an 245, vint à Toulouse l'an 250, fous le consulat de Decius & de Gratus, il en fut le premier évêque, & fut martyrisé quelques années après sous Valerien ou Gallien. Saint Papoul, prêtre, compagnon de saint Saturnin, fut martyrisé au territoire de Toulouse dans le Lauraguez, au lieu qui porte son nom. Saint Exupere fut fait évêque après saint Silve, successeur de faint Rhodane, banni par les Ariens sous Constance, & mort en exil avant l'an 1417; mais après la prise de Rome par les Goths. Quelques-uns eftiment que Rhodane étoit évêque d'Eause, qui étoit la métropole de la troisiéme Aquitaine, maintenant la Gascogne, aux droits de laquelle la ville d'Auch a succédé; ils le fondent sur quelques exemplaires de Sulpice Severe, où il est appellé Elofanus, qui a plus de rapport à Elufanus qu'à Tolosanus. Saint Germier en fut fait évêque l'an 110 ou 511, jusqu'en 560. Saint Honet, Honestus, prêtre de l'église de Toulouse, compagnon de saint Saturnin, fut envoyé par lui au-delà des Pyrénées, & prêcha dans la Navare & la Biscaye, & il mourut dans le cours de ses misfions sous le successeur de saint Saturnin. Saint Erembert fut fait évêque de Toulouse en 656, se démit en 668 ou 669, & retourna dans le monastère de Fontenelles ou de saint Wandrille au pays de Caux, où il mourut vers l'an 678. Saint Louis, fils de Charles II, roi de Sicile, & petit-neveu de saint Louis, roi de France, fut fait évêque de Toulouse au mois de décembre 1296, & facré au mois de février suivant: il mourut au bout de sept mois d'épiscopat ou environ; vingt ans après sa mort, Toulouse fut érigé en archevêché. Saint Bertrand, évêque de Cominges, étoit fils de la fille de Guillaume Taillefer, comte de Toulouse, il fut chanoine & archidiacre de l'église de Toulouse avant son épiscopat; il ne quitta ni le canonicat ni l'archidiaconé de Toulouse pendant qu'il fut évêque. Les reliques de saint Thomas d'Aquin furent transportées en cette ville l'an 1 369. * Baillet, Topogr. des saints, p. 496. de Quoique le pape Jean XXII, dans sa bulle d'érection de l'évêché de Toulouse en archevêché, ne donne à l'archevêque de Toulouse que cinq fuffragans; les évêques de Montauban, de Pamiers, de saint Papoul, de Rieux & Lombez; il a cependant encore Lavaur & Mirepoix. Cet archevêché renferme deux cents cinquante paroisses, & rapporte à l'archevêque cinquante-cinq ou soixante mille livres de rente. Le chapitre de la cathédrale est compofé d'un grand archidiacre, d'un archidiaere de l'Auraguais & de vingt-quatre chanoines. Sous Raymond V, comte de Toulouse, l'héréfie des Albigeois donna lieu à l'établissement d'un tribunal d'inquifition à Toulouse, pour achever de détruire les reftes de ces hérétiques. Un arrêt du parlemet de Paris du 17 de mai de l'an 1331, déclara que ce tribunal étoit une cour royale. Les Albigeois ayant été entierement détruits dans la suite, ce tribunal dont la rigueur faifoit trembler même les plus innocens, eut à peu près la même décadence que l'hérésie qui avoit donné lieu à son établissement; il ne lui resta que quelques légers attributs. Un de ceux qu'il a conservés le plus long-tems, étoit celui de se faire apporter l'élection des capitouls, pour examiner si parmi ceux qui étoient élus, il n'y en avoit point quelqu'un qui fut fuspect d'hérésie; mais dans le fiecle dernier, M. de Montchal, archevêque de Toulouse, se fit attribuer ce droit, à l'exclusion de l'inquifiteur par arrêt du confeil, parce que, selon les conftitutions canoniques, les évêques sont inquifiteurs nés dans leurs diocèses. Quoique l'inquifiteur de Toulouse n'ait aujourd'hui qu'un vain titre fans fonctions, les dominicains ne laislent pas cependant de faire pourvoir par le roi un religieux de leur ordre de cet office, parce qu'il y a quelques gages attachés à cette charge. Les abbayes du diocèse de Toulouse font - Grand Selve, Le Mas Garnier, Faunes, La Capelle, S. Saturnin ou S. Sernin, Favas. • Piganiol, Description de la France, t. 4, p. 225 & suiv. Vers l'an 1302 ou 1303, ou même plus tard, car ces dates ne sont pas bien certaines, les états généraux du Languedoc qui étoient afsfemblés à Toulouse, résolurent de fupplier le roi de vouloir établir un parlement qui résidât à Toulouse, & qui jugeât en dernier reffort tous les procès de la province, tant civils que criminels; le roi leur accorda leur demande par fon édit donné à Toulouse, & voulut que ce parlement fut pour lors composé de deux présidens lais, de fix conseillers lais, de fix conseillers clercs, d'un procureur du roi & d'un greffier. Sa majesté choisit & nomma pour remplir ces places, Pierre de Cherchemont & Jacques de Saint-Bonnet présidens. Deodat d'Estaing, Geofroi du Pleffis, Geofroi de Pompadour, Gui de Torsai, Yves de Rochecœur & Aubert de Falbuau, conseiller lais; Thibaud d'Espagne, Pierre de Chappes, Bégon de Castelnau, Othon de Pardailhan, Aymeric de Bafillac, & Pierre de Savigni conseillers clercs; Antoine de Calmont procureur du roi, & Raymond Galtrand, greffier. Le jeudi 10 de janvier, à huit heures du matin, le roi revêtu d'une robe de douze aulnes, d'un drap d'or frise sur un fond rouge broché de foie violette, parsemée de fleurs de lis d'or, & fourrée d'hermines, étant accompagné des princes & seigneurs de fa cour, partit du château Narbonnois, où il logeoit, pour fe rendre à un grand salon de charpente que la ville avoit fait conftruire dans la place de saint Etienne, pour y tenir le parlement. Le roi y étant entré, monta fur fon trône, & tous ceux qui avoient droit de s'asfeoir prirent les places qui leur étoient destinées, le roi dit que le peuple du pays de Languedoc l'ayant humblement fupplié d'établir un parlement perpétuel dans la ville de Toulouse, &c. il avoit confenti à ses demandes, aux conditions inférées dans les lettres d'érection, desquelles il commanda qu'on fit la lecture; le chancelier s'étant levé, & ayant fait une profonde révérence au roi, fit une harangue fort éloquente, après laquelle il donna à lire les lettres patentes au grand fecrétaire de la chancellerie, puis il lui remit le tableau où étoient écrits les noms de ceux qui devoient compofer le parlement de Toulouse; le secrétaire les ayant lus tout haut, le roi fit dire à ces officiers de s'approcher, & ils reçurent des mains des hérauts leurs habits de folemnité; les présidens des manteaux d'écarlate fourrés d'hermines, des bonnets de drap de foie bordés d'un cercle ou tissu d'or, des robes de pourpre violette & des chapetons d'écarlate fourrés d'hermines. Les conseillers lais eurent des robes rouges avec des paremens violets, & une espéce de foutane de foie violette par-dessous la robe, avec des chaperons d'écarlate parés d'hermines. Les conseillers clercs furent revêtus de manteaux de pourpre violette étroits par le haut, où il n'y avoit d'ouverture qu'aux endroits à mettre la tête & les bras; leur foutane étoit d'écar late & les chaperons aufli. Le procureur du roi étoit vêtu comme les conseillers lais, & le greffier portoit une robe diftinguée par bandes d'écarlate & d'hermines. Tous ces officiers ainsi revêtus prêterent leur ferment au roi ayant les deux mains fur les évangiles écrits en lettres d'or. Après la prestation du ferment, le chancelier fit passer ses magistrats dans les siéges qui leur étoient destinés, & le roi leur fit connoître en quoi confistoit leur devoir, par un discours très-éloquent, dont le texte étoit : Erudimini qui judicatis terram; ce discours fini, les hérants congédierent l'assemblée par le cri accoutumé. (b) Peu de jours après, cette compagnie commença ses séances dans le château Narbonnois que le roi leur donna pour rendre la justice, sans en ôter néanmoins le gouvernement au viguier de cette ville, qui continua d'y faire sa demeure avec la garnison ordinaire pour la dé fense du château. Voyez les annales de Toulouse, par de la Faille. (a) Piganiol, Description de la France, t. 4, p. 264 & fuivantes. (b) La Faille, annales de Tolouse. Les subsides extraordinaires que le roi faisoit lever en Languedoc, furent la cause d'une révolte presque générale. Le parlement soutint, tant qu'il lui fut poffible, l'autorité royale dans Toulouse, mais à la fin il fut contraint de se réfugier à Montauban. Le roi irrité contre les Languedociens, & parti culierement contre les Tolousains, supprima par édit de l'an 1312 le parlement de Toulouse, l'unit & en incorpora les officiers à celui de Paris, & le parlement de Toulouse ne fut rétabli qu'en 1419, par lettres - pattentes du dauphin, régent du royaume, datées du mois de mars de cette année. Ce fut le 29 mai suivant, qu'on comptoit 1420 que le parlement fut installé dans Toulouse. Par cette seconde érection il n'y eut qu'un président, qui étoit l'archevêque de Toulouse, onze conseillers & deux greffiers ; il n'y eut point pour lors de procureur du roi, auffi n'en étoitil point parlé dans les lettres d'érection. Vers l'an 1425, le parlement de Toulouse fut transféré à Beziers pour repeupler cette ville, qui avoit foutenu un long siége contre le comte de Clermont, & la récompenser de tous les maux que ce comte lui fit souffrir après qu'il l'eut prise. Le parlementine demeura pas long-tems à Beziers, puisqu'en 1427, Charles VII le réunit une seconde fois à celui de Paris, duquel il ne fut séparé pour être stable à Toulouse qu'en 1443, par édit de Charles VII, donné à Saumur le 11 d'octobre. Cet édit ne fut même lu & publié à Toulouse que le 4 juin de l'an 1444. Ce parlement ayant donné un arrêt contre quelques habitans de la ville de Montpellier, & Geofroi de Chabanes, lieutenant du duc de Bourbon, gouverneur de Languedoc, en ayant empêché l'exécution, le parlement, par un arrêt, ordonna que Chabanes & trois autres personnes qui lui étoient attachées, seroient pris au corps. Cette conduite déplut fi fort au roi, qu'il interdit le parlement, & le transféra à Montpellier au mois d'octobre 1466. Les généraux des aides, qui en ce tems étoient du corps du parlement, furent aussi transférés à Montpellier. Deux ans après, il fut rétabli à Toulouse où il revint avec les généraux des aides; mais ces derniers retournerent peu de tems après à Montpellier : le duc d Uzès & les autres pairs, dont les pairies étoient situées dans le ressort de ce parlement, lui présentoient des roses, auffibien que les comtes de Foix, d'Armagnac, de Bigorre, de Lauraguez, de Rouergue & tous les autres seigneurs des grandes terres de Languedoc. Les archevêques d'Ausch, de Narbonne & de Toulouse n'en étoient point exempts. La qualité de président des états & celle de pere spirituel du parlement, ne dispensoient point les deux derniers de cette redevance; enfin, les rois de Navarre, en qualité de comtes de Foix, d'Armagnac, de Bigorre & de Rodès; Marguerite de France, fille du roi Henri II, fœur de trois rois & reine elle-même, comme comtesse de Lauraguez, &c. lui ont rendu cet hommage. Le pariement de Toulouse comprend dans son reffort les sénéchauffées du Languedoc, de Rouergue, de Querci, du pays de Foix, & la partie de la Gascogne, qui renferme les fénéchauslées de l'isle Jourdain, d'Ausch, de Leictoure, de Tarbes & de Pamiers. Ce parlement eft composé de fix chambres, la grand'chambre, la tournelle, trois chambres des enquêtes & celle des requêtes. Les conseillers ont un privilége qui leur est particulier, c'eft d'avoir féance au parlement de Paris, felon l'ordre de leur réception, de même que ceux du parlement de Paris : ont féance au parlement de Toulouse, selon la date de la leur. Les sénéchaux font les premiers officiers qui ressortissent au parlement; ils font en Languedoc ce que les baillis font dans les autres provinces. Il n'y avoit autrefois que trois sénéchaux en Languedoc; savoir, de Toulouse, de Carcassonne & de Nismes; mais à présent il y en a huit, & par conféquent autant de sénéchauffées, dans chacune des quelles il y a un présidial. Ces sénéchauflées font ToulouTe, Castelnaudary, Carcassonne, Limoux, Beziers, Nimes, Montpellier & le Puy; elles connoissent des appellations des jurisdictions royales de leur reffort, & ces jurisdictions sont appellées en Languedoc vigueries; on en compte vingt-neuf dans cette province. Dans la fénéchauffée de Toulouse il n'y a aucun bailliage royal, mais seulement la sénéchauffée & présidial, & de simples judicatures; le sénéchal est d'épée. La justice se rend en fon nom dans la sénéchautsée seulement, où il a droit de présider, comme aussi au présidial. Ses appointemens font de trois cents cinquante livres, & payés sur le domaine. Il a aussi droit de commander le ban & arriereban, & pour l'élection des capitouls, on lui propose quarante-huit sujets qu'il peut réduire à vingt-quatre. Le parlement de Toulouse suit le droit écrit dans ses jugemens. La cour du petit scel de Montpellier & la cour des conventions de Nîmes, reffortiffent encore au parlement de Toulouse; enfin, la derniere espéce de jurisdiction qui en releve, eft celle des juges d'apeaux, c'est à dire, des juges qui connoiflent de l'appel d'un autre premier juge, & dont les appellations vont au parlement. L'université de Toulouse est composée de quatre facultés; celles des arts, de théologie & de droits y furent établies en exécution du traité de paix de l'année 1228, par lequel Raymond VII s'obligea de donner quatre cents marcs d'argent pour servir de fonds au payement des gages de deux profefleurs en théologie, de deux en droit, de fix pour les arts libéraux, & de deux pour la grammaire. Nos rois ont depuis confirmé cet établissement, & ont augmenté le nombre des professeurs. Il y en a actuellement quatre royaux pour la théologie, ils font nommés par le roi & aux gages de sa inajesté; quatre professeurs conventuels pris des quatre ordres mendians, ils participent aux émolumens, mais ils n'ont point de gages; deux professeurs de l'ordre de saint Dominique, dont les chaires ont été fondées par feu l'abbé de Tourreil. Le droit fut enseigné à Toulouse par Accurse, qui donna lieu à l'établissement de cette faculté, qui est aujourd'hui composée de fix professeurs; cinq pour le droit civil & canonique, & le sixiéme pour le droit françois. La faculté de médecine eft la moins ancienne, elle n'y a été établie pour faire corps avec l'université qu'en l'année 1600, elle est actuellement composée de quatre profeffeurs, la faculté des arts n'en a que deux. Cette univerfité, par fon établissement & par plusieurs bulles, doit jouir des mêmes droits que celle de Paris; elle a envoyé des députés aux conciles généraux & aux états du royaume où elle a été appellée. Le recteur, quoique marié, peut procéder par cenfures, c'est-à-dire, par interdit & excommunication contre ceux qui violent les statuts, felon les bulles des papes Innocent IV & Benoît XIII, ce qui a été confirmé par plufieurs arrêts du parlement. François I, par fes lettres patentes du mois d'août 1533, donna le droit de chevalerie aux professeurs de cette université, & l'un d'eux, appellé Blaise Auriol, ayant reçu l'anneau d'or, l'épée & les éperons dorés, les professeurs font depuis enterrés avec ces marques d'honneur. L'académie des belles lettres de Toulouse a été érigée par lettres-patentes du mois de septembre 1694, elle est composée d'un chancelier & de trente-cinq académiciens ordinaires; elle a fuccédé aux jeux floraux, dont l'origine doit être rapportée à l'an 1323: ce fut alors que sept personnes de condition qui avoient du goût pour la poësie, appellée en vieux langage du pays Gaye Science, inviterent tous les poëtes ou Trouvaires des environs, de venir à Tou louse le premier jour de mai de cette même année, & promirent de donner une violette d'or à celui qui réciteroit les plus beaux vers. Ce deffein plut aux capitouls, & il fut décidé dans un conseil de ville qu'on l'exécuteroit tous les ans aux dépens du public. Cette compagnie fut composée d'un chancelier, de sept mainteneurs & de plusieurs maitres. Au prix de la violette on en ajouta dans la suite deux autres, l'églantine & le souci. Vers l'an 1540, une dame de Toulouse appellée Clémence Isaure, laissa la plus grande partie de son bien au corps de ville, à condition qu'il feroit faire tous les ans quatre fleurs de vermeil, qui seroient l'églantine, le souci, la violette & l'œillet; elle institua une fête qui fut appellée les jeux floraux, qu'elle voulut qu'on célébrât le premier & troisième jour de mai dans sa maison qu'elle leur donna, & qui est aujourd'hui l'hôtel-de-ville. Les prix que l'académie distribue à présent, font une amaranthe d'or, une églantine, une violette & un fouci d'argent; au reste, c'est au goût que de Basville avoit pour les belles - lettres, que cette académie doit sa nouvelle forme. Il y a à Toulouse outre les jeux floreaux, une académie des sciences & belles lettres établie par lettres-patentes en 1740. Elle a soixante-quatorze membres, tant honoraires, qu'associés libres, associés ordinaires, associés étrangers, adjoints, correspondans & officiers. Il y a aussi à Toulouse une académie de peinture, sculpture & architecture, établie par lettres-patentes du 13 janvier 1751.* Mémoires dresssés sur les lieux. TOUMAN. On appelle ainsi dans le Maurenehar, selon Petis de la Croix, des terres données à des princes ou à des seigneurs, à la charge de fournir dix mille hommes, &c. TOUPINAMBAS, peuples sauvages de l'Amérique méridionale, au Bréfil. Ce font les mêmes que les Topinambes. Voyez TUPINAMBAS. 1. TOUQUES, bourg de France, en Normandie, avec château & port de mer. Il est situé dans le pays d'Auge, diocèse de Lizieux, à trois grandes lieues de Honfleur, & à deux au-dessous de Pont-l'Evêque. Il y a deux paroisses à Touques; l'une fous le titre de saint Pierre, & l'autre sous celui de saint Thomas. Les habitans vont à Pont l'Evêque pour la jurisdiction; mais il y a un siége d'amirauté à Touques, où les plus grofles barques remontent avec le reflux de la mer dans le canal de la riviere qui portent le même nom. Elles y viennent charger des beftiaux, des cidres, du bois à bâtir & à brûler, & l'on fait du sel blanc aux environs dans vingt-quatre salines. Touques est aussi un titre de baronnie appartenant à l'évêque de Lizieux, qui nomme aux deux cures; ceux du pays disent que ce bourg a porté autrefois le titre de ville, & même que les anciens rois d'Angleterre, ducs de Normandie, y ont fait leur séjour pendant quelque tems, & tenu l'échiquier; ils appellent encore certains lieux des paroisses de ce bourg l'échiquier & la justice, & rapportent différens noms des rues, où ils trouvent des reftes de ruines & de fondations. On tient à Touques un gros marché le samedi sous des halles couvertes. Le château eft ancien & a un gouverneur; il est bâti sur une éminence, & fes murailles flanquées de huit groffes tours, font accompagnées d'un foffé large & profond. * Corn. Dict. Mémoires dressés sur les lieux en 1702. 2. TOUQUES, riviere de France, dans la Normandie: elle prend sa source à une grande lieue au-dessus de Gassey, qu'elle arrose. Elle porte le nom de LezON, dans son cours qu'elle continue par Pont-Chardon, Ferraque & Lizieux, où elle reçoit la riviere d'Orbec, à la pointe des dominicains, & depuis cette jonction elle porte bateaux & est appellée Touques, en latin Tulca; elle reçoit aufli la Calone à Pont-l'évêque, au-dessus de l'église paroissiale de S. Michel, & ensuite le reflux de la mer; & après avoir passe sous le pont de Roncheville & fous celui du bourg de Touques, elle entre dans la mer au gué de Trouville fur mer, à fix lieues ou environ à l'opposite du Havre de Grace, chargée de cinq ou fix petites rivieres ou ruisseaux, Son cours est de seize lieues. 1. TOUR, mot françois, qui signifie une forte de bâtiment élevé, rond ou carré, dont on fortifie ordinairement des villes ou des châteaux. Ce mot, qui vient du latin Turris, répond au grec Πυργός, à l'hébreu Migdal. On appelle une TOUR ISOLÉE une tour qui est détachée de tout bâtiment, elle sert quelquefois de clocher & quelquefois de fort, comme celle qu'on appelle Tour-marine, qui est une tour bâtie sur les côtes de la mer, pour y mettre des soldats, qui donnent avis par un signal, lorqu'ils découvrent quelques vaisseaux ennemis. Ces fortes de tours sont d'ordinaire fans portes, & on y entre par des fenêtres qui sont au premier ou second étage, , avec une échelle que l'on tire en haut, quand on est dedans. L'Ecriture sainte, entr'autres, parle de plusieurs tours s, (a) comme de la TOUR : |