« que tout le monde s'en mêle, et, << combat pour combat, mieux vaut « être enrôlé dans la troupe que « de marcher avec la garde natio « nale. Je suis armé de pied en cape « et n'attends que le moment de <<< me battre. << Adieu, chère Maman, je vous « embrasse ainsi que Papa; donnez« moi, s'il se peut, un mot de nou<< velles de vous, de mes Frères; je « ne sais rien de G...; je n'ai reçu << qu'une lettre de vous, peut-être y « en a-t-il d'égarées. << Votre fils qui vous chérit, « ΑΝΤΟΝΙΝ. » De la Tante d'Antonin à sa Mère. 14 octobre 1870. Ma bonne Sœur chérie, Tu sais que j'ai reçu une charmante lettre d'Antonin, qui me donne force détails dans quatre grandes pages. Voilà une marque d'affection et de bon souvenir à laquelle je suis bien sensible. Je vais lui répondre de même, et je suis sûre qu'à la distance où il est, il ne se plaindra pas de la longueur de mon épître. Quel courage il sait montrer, ce cher enfant! Et avec quelle gaîté, quelle philosophie, il parle de la fatigue de sa longue route! Ah! si tous nos soldats lui ressemblaient, l'élan serait irrésistible et la France sauvée! Le résultat de cette dure étape fut de mettre au vif les pieds d'Antonin, sans qu'il l'ait presque avoué. Ils ne guérirent pas de toute la campagne, et ce fut sur des écorchures et sur des plaies qu'il fallut faire trois mois de marches, de contre-marches, sans arriver à un autre port, à un autre repos qu'à celui de la tombe!... Continuons à chercher, à trouver notre enfant, dans quelques lettres échappées au naufrage de la poste. De la Tante d'Antonin à sa Mère. Tours, 3 novembre 1870. Je suis confondue, ma bonne Clémence, en recevant ce matin ta lettre d'hier, de voir que tu n'as pas encore connaissance de toutes les nouvelles que nous te donnions, samedi, dimanche et mardi, à savoir: l'arrivée d'Antonin ici, sa nomination de caporal-fourrier, son séjour au camp de Grammont pour quelque temps... Nous avions mis les lettres nous-mêmes à la poste avant l'heure désignée au guichet, il m'est donc impossible de m'expliquer comment il y a un tel retard dans la distribution. Je vais te redire, ma bonne Sœur, ce qui concerne tes enfants, au risque de me répéter, si ces lettres ont été retardées et non perdues. Jamais je n'ai été plus surprise que samedi en me levant, de trouver mon cher Antonin à ma porte! Il avait bonne mine, et on ne voit aucune trace sur son visage du pénible voyage qu'il a fait pour aller et pour revenir. Le deuxième trajet, au moins, s'est effectué en chemin de fer; de sorte que ses pieds n'ont pas été remis à trop rude épreuve. Il les avait baignés quelques minutes, frottés avec de l'eau-de-vie, rechaussés dans des bas de laine doux et |