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troduite à Rome, y fut abolie, parce qu'elle entraînait à de pernicieuses extravagances (An de R. 567).

Quand Lutatius, qui termina la première guerre Punique, voulut aller consulter les sorts de la Fortune Prénestine, le sénat le lui défendit, déclarant que les magistrats de la république ne devaient pas recourir aux auspices étrangers, mais s'en tenir à ceux de la patrie (An de R. 511).

2. C. Cornélius Hispallus, préteur pour les étrangers, porta, sous le consulat de M. Popilius Lénas et de Cn. Calpurnius, un édit qui enjoi- | gnait aux Chaldéens de sortir dans les dix jours de Rome et de l'Italie; vils imposteurs qui, spéculant sur l'ignorance et la crédulité, à l'aide d'une prétendue divination astrologique, vivaient de l'aveuglement que propageaient leurs mensonges. Il renvoya de même dans leur pays d'autres aventuriers qui, sous prétexte d'enseigner le culte de Jupiter Sabazius, travaillaient à corrompre les mœurs romaines (An de R. 614).

3. Le consul L. Émilius Paullus, voyant que, malgré l'ordre donné par le sénat de démolir les temples d'Isis et de Sérapis, aucun ouvrier n'osait y porter la main, quitta sa prétexte, saisit une hache et en frappa les portes. (An de R. 534).

CHAPITRE IV.

DES AUSPICES, CHEZ LES ROMAINS.

1. Le roi L. Tarquin, voulant ajouter de nouvelles centuries à celles que Romulus avait créées sur la foi des auspices, et se voyant arrêté dans ce projet par l'augure Attius Navius, lui demanda,

Lutatius, qui primum Punicum bellum confecit, a sena. tu prohibitus est, sortes Fortunæ Prænestinæ adire; auspiciis enim patriis, non alienigenis, rempublicam administrari oportere judicabant.

2. C. Cornelius Hispallus, prætor peregrinus, M. Popilio Lænate, Cn. Calpurnio Coss. edicto Chaldæos, in tra decimum diem abire ex Urbe atque Italia jussit: levibus et ineptis ingeniis, fallaci siderum interpretatione, quæstuosam mendaciis suis caliginem injicientes. Idem, qui Sabazii Jovis cultu simulato mores Romanos inficere conati sunt, domos suas repetere coegit.

3. L. Æmilius Paullas consul, quum senatus Isidis et Serapis fana diruenda censuisset, eaque nemo opificum attingere auderet, posita prætexta securim arripuit, templique ejus foribus inflixit.

CAPUT IV.

DE AUSPICIIS QUE CEPERE ROMANI.

1. L. Tarquinius rex centuriis equitum, quas Romulus auspicato conscripserat, alias adjicere cupiens, quum ab Attio Navio augure prohiberetur, offensus interrogavit,

piqué de sa résistance, si une pensée qui lui venait alors à l'esprit pouvait s'exécuter : « Oui, reprit l'augure. » C'est, dit Tarquin, de couper avec ce rasoir la pierre à aiguiser. » On apporta la pierre, et Attius, accomplissant ce prodige incroyable, fit éclater aux yeux du roi le pouvoir de sa science (An de R. 140).

2. Ti. Gracchus, plein des innovations qu'il méditait, consulta chez lui les auspices, au point du jour, et n'en reçut que de sinistres réponses. En effet, à peine sorti de sa maison, il se heurta si rudement le pied qu'il se disloqua un doigt. Un peu plus loin, trois corbeaux volèrent à sa rencontre en croassant, et firent tomber devant lui un morceau de tuile arraché d'un toit. Il méprisa tous ces présages, et, repoussé du Capitole par Scipion Nasica, souverain pontife, il tomba expirant sous le coup d'un débris de banquette (An de R. 620).

3. Dans la première guerre Punique, P. Claudius, près d'engager un combat naval, voulut, selon l'ancien usage, consulter les auspices. Sur l'avis donné par l'augure, que les poulets sacrés ne sortaient pas de leur cage (1), il les fit jeter à la mer, en disant : « Puisqu'ils ne veulent pas manger, qu'ils boivent. » De son côté, L. Junius, collègue de P. Claudius, ayant négligé de prendre les auspices, perdit sa flotte dans une tempête. Un jugement du peuple fit justice du premier; le second prévint, par une mort volontaire, l'ignominie d'une condamnation (An de R. 504).

4. Le souverain pontife Métellus allait à sa terre de Tusculum; deux corbeaux se précipitèrent au-devant de lui, comme pour l'empêcher de poursuivre sa route, et le déterminèrent enfin à retourner à Rome. La nuit suivante, le feu prit

(1) Pour manger; ce qui eût été un bon présage.

possetne fieri, quod ipse mente conceperat? Posse fier dicente, jussit novacula cotem discindi. Qua Attius allata, administrato incredibili facto, effectum suæ professionis oculis regis subjecit.

2. Ti. Gracchus, quum ad res novas pararetur, auspicia domi prima luce petiit : quæ illi perquam tristia responderunt. Nam janua egressus, ita pedem offendit, ut digitus ei decuteretur: tres deinde corvi, in eum adversum occinentes, partem tegulæ decussam ante ipsum propulerunt. Quibus omnibus contemptis, a Scipione Nasica pontifice maximo decussus Capitolio, fragmento subsellii ictus procubuit.

3. P. Claudius bello Punico primo, quum prælium navale committere vellet, auspiciaque more majorum petiisset, et pullarius non exire cavea pullos nuntiasset, abjici eos in mare jussit, dicens : « Quia esse nolunt, bibant. » Et L. Junius, P. Claudii collega, neglectis auspiciis, classem tempestate amisit. Quorum ille populi judicio concidit, damnationisque hic ignominiam voluntaria morte prævenit.

4. Quum Metellus pontifex maximus Tusculanum peteret, corvi duo in os ejus adversum veluti iter impedientes advolaverunt: vixque extuderunt, ut domum rediret. Insequenti nocte ædes Vestæ arsit: quo incendio, Metel

au temple de Vesta; et Métellus, pendant cet incendie, sauva le Palladium arraché aux flammes. (An de R. 512).

5. Cicéron fut averti par un augure de l'approche de sa mort. Comme il était dans sa villa de Caïète, un corbeau ébranla et fit sauter, en sa présence, l'aiguille d'un cadran solaire; puis volant vers lui, il se tint attaché par le bec au pan de sa toge, jusqu'au moment où un esclave vint annoncer à l'orateur l'arrivée des soldats envoyés pour le tuer (An de R. 710).

6. Lorsque M. Brutus eut rangé en bataille, contre César et Antoine, les débris de son armée, deux aigles, prenant leur vol des camps opposés, fondirent l'un sur l'autre. Après un combat acharné, celui qui était parti du côté de Brutus s'enfuit couvert de blessures (An de R. 711).

DES AUSPICES, CHEZ LES ÉTrangers.

1. Quand le roi Alexandre voulut fonder une ville (1) en Égypte, l'architecte Dinocrate, faute de craie, en traça le plan avec de la farine. Une multitude d'oiseaux sortis d'un lac voisin vint la manger à ses yeux. Les prêtres égyptiens en augurèrent que cette ville alimenterait un nombre immense d'étrangers (An de R. 420).

2. Le roi Déjotarus, qui ne faisait rien sans consulter les auspices, dut son salut à un aigle, dont la vue l'empêcha d'entrer dans une maison, qui, la nuit suivante, s'écroula tout entière (An de R. 700).

(1) Alexandrie.

lus inter ipsos ignes raptum Palladium incolume servavit. 5. M. Ciceroni mors imminens auspicio prædicta est; quum enim in villa Caietana esset, corvus in conspectu ejus horologii ferrum loco motum excussit, et protinus ad ipsum tetendit, ac laciniam togæ eo usque morsu tenuit, donec servus ad occidendum eum milites venisse nuntiaret.

6. M. Brutus quum reliquias exercitus sui adversus Cæsarem et Antonium eduxisset, duæ aquilæ ex diversis castris advolaverunt, et edita inter se pugna, ea, quæ a parte Bruti fuerat, male mulcata fugit.

DE AUSPICIIS QUE CEPERE EXTERNI.

1. Quum rex Alexander urbem in Ægypto constituere vellet, architectus Dinocrates, quum cretam non haberet, polentaque futuræ urbis lineamenta duxisset, ingens avium multitudo proximo lacu emersa polentam depasta est: quod sacerdotes Ægyptiorum interpretati sunt, advenarum frequentiæ alimentis suffecturam urbem.

2. Dejotaro vero regi omnia fere auspicato gerenti salutaris aquila conspectus fuit: qua visa, abstinuit se ab ejus tecti usu, quod, nocte insequenti, ruina solo æquatum est.

CHAPITRE V.

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DES PRÉSAGES, CHEZ LES ROMAINS. 1. L'observation des présages a aussi quelque rapport avec la religion; car on les attribue, au hasard, mais à la Providence divine. C'est elle qui inspira le mot suivant. Rome avait été ruinée par les Gaulois, et le sénat délibérait si l'on devait la rebâtir, ou passer à Véies. En ce moment même un centurion, revenant de son poste avec ses cohortes, cria dans la place des Comices: «Porte-enseigne, plante le drapeau; nous serons bien ici. » A ces mots, qui arrivèrent jusqu'à eux, les sénateurs répondirent qu'ils acceptaient le présage; et le projet d'aller s'établir à Véies fut aussitôt abandonné. Qu'il fallut chose pour fixer le siége du plus grand empire peu de qui dût exister! Les dieux regardèrent, sans doute, comme un opprobre que l'on changeât pour le misérable nom de Véies le nom de cette Rome l'origine, et qu'on ensevelit le glorieux souvenir dont les plus heureux auspices avaient marqué d'une célèbre victoire sous les ruines d'une ville récemment détruite (An de R. 363).

2. L'auteur de cette œuvre éclatante, Camille, pria les dieux, si la prospérité du peuple romain leur paraissait excessive, de faire tomber sur lui même il fit une chute, que l'on regarda comme seul le poids de quelque disgrâce; et à l'instant le présage de la condamnation dont il fut frappé plus tard. On ne sait, en vérité, ce qui fait le plus d'honneur à ce grand homme, de sa victoire ou de cette prière généreuse; car il est également

CAPUT V.

DE OMINIBUS QUE ACCEPERE ROMANI.

1. Ominum etiam observatio aliquo contactu religionis innexa est: quoniam non fortuito motu, sed divina providentia constare creditur.

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Quæ effecit, ut Urbe a Gallis disjecta, deliberantibus P. C. utrum Veios migrarent, an sua mœnia restituerent: forte eo tempore e præsidio cohortibus redeuntibus, centurio in comitio exclamaret: «Signifer, statue signum : hic optime manebimus. Ea enim voce audita, senatus se accipere omen respondit, e vestigioque Veios transeundi consilium omisit. Quam paucis verbis de domicilio futuri summi imperii confirmata est conditio! credo indignum diis existimantibus, prosperrimis auspiciis Romanum nomen ortum, Veientanæ urbis appellatione muinfundi. tari, inclytæque victoriæ decus modo abjectæ urbis ruinis

2. Hujus tam præclari operis auctor Camillus, quum esset precatus, ut si cui deorum nimia felicitas populi Romani videretur, ejus invidia suo aliquo incommodo satiaretur, subito lapsu decidit: quod omen ad damnationem, qua postea oppressus est, pertinuisse visum est. Merito autem de laude inter se victoria et pia precatio amplissimi viri certaverunt: æque enim virtutis est, et bona patriæ auxisse, et mala in se transferre voluisse.

beau d'augmenter le bonheur de sa patrie et de vouloir en détourner sur soi les malheurs (An de R. 357).

3. Est-il rien de plus mémorable que ce qui arriva au consul L. Paullus (1)? Le sort venait de lui confier le soin de la guerre contre le roi Persée. Il rentra, du sénat, chez lui; et, en embrassant sa fille, nommée Tertia, encore toute jeune, il remarqua qu'elle était triste : il lui demanda la cause de son chagrin : « Persa est mort,» répondit-elle. Persa était un petit chien que cette enfant venait de perdre et qu'elle aimait beaucoup. Paullus saisit avidement ce présage, et tira d'une parole fortuite le gage assuré d'un triomphe éclatant (An de R. 585).

4. Cécilia, femme de Métellus, cherchant, la nuit, suivant un usage antique, un présage d'hyménée pour sa nièce, alors nubile, le fournit elle-même sans le savoir. Elle s'était rendue, à cet effet, dans une chapelle et y était assise depuis quelque temps, sans qu'aucune parole conforme à ses désirs se fût fait entendre. La jeune fille, fatiguée de se tenir debout, pria sa tante de la laisser s'asseoir un instant : « Prends ma place, lui répondit-elle, je te la cède volontiers. » Ce mot, dicté par la bienveillance, devint, par le fait, un sûr présage, puisque, bientôt après, Métellus, veuf de Cécilia, épousa la jeune fille dont je parle (An de R. 622).

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5. C. Marius dut certainement la vie à l'observation d'un présage. Déclaré ennemi public par le sénat, il avait été conduit à Minturne, dans la maison de Fannia, et confié à sa garde. (1) Paul Émile.

3. Quid illud, quod L. Paullo consuli evenit, quam memorabile! quum ei sorte evenisset, ut bellum cum rege Perse gereret, et domum e curia regressus, filiolam suam nomine Tertiam, quæ tum erat admodum parvula, oscu latus, tristem animadverteret : interrogavit, quid ita co vultu esset. Quæ respondit, Persam periisse. Decesserat autem catellus, quem puella in deliciis habuerat, nomine Persa. Arripuit igitur omen Paullus, exque fortuito dicto, quasi spem certam clarissimi triumphi animo præsumpsit.

4. At Cæcilia Metelli, dum sororis filiæ, adultæ ætatis virgini, more prisco, nocte concubia, nuptialia petit, omen ipsa fecit. Nam quum in sacello quodam, ejus rei gratia, aliquamdiu persedisset, nec ulla vox proposito congruens esset audita; fessa longa standi mora puella, rogavit materteram, ut sibi paullisper locum residendi accommodaret. Cui illa: « Ego vero, inquit, libenter tibi mea sede cedo. » Quod dictum, ab indulgentia profectum, ad certi ominis processit eventum, quoniam Metellus, non ita multo post, mortua Cæcilia, virginem, de qua loquor, in matrimonium duxit.

5. C. autem Mario observatio omnis procul dubio saluti fuit, quo tempore hostis a senatu judicatus, in domum Fanniæ Minturnis custodia causa deductus est. Animadvertit enim asellum, quum ei pabulum objiceretur, neglecto eo, ad aquam procurrentem. Quo spectaculo, deo

Il vit un âne laisser la nourriture qu'on lui présentait, pour courir du côté de l'eau. Persuadé alors que la bonté des dieux lui indiquait sa route, et d'ailleurs très-versé dans la science des augures, il obtint, de la foule qui était venue le secourir, d'être conduit jusqu'à la mer. Il se jeta aussitôt dans une barque, aborda en Afrique, et échappa ainsi aux armes victorieuses de Sylla (An de R. 665).

6. Le grand Pompée, vaincu par César à la bataille de Pharsale, et cherchant son salut dans la fuite, cingla vers l'île de Chypre, pour y faire quelques levées. En abordant à Paphos, il vit sur le rivage un magnifique édifice, et en demanda le nom au pilote. « On le nomme, répondit celui-ci, le Palais du mauvais roi. Ce mot détruisit le peu d'espoir qui lui restait; il ne put même le dissimuler, détourna la vue de ce monument, et trahit par un soupir l'impression douloureuse que faisait sur lui ce sinistre augure (An de R. 706).

»

7. Le sort que méritait M. Brutus pour son parricide (1) lui fut de même annoncé par un présage. Comme il célébrait, après ce forfait, l'anniversaire de sa naissance, et qu'il voulait citer un vers grec, le premier qui s'offrit à sa mémoire fut ce vers d'Homère :

Mais le sort et Phébus ont décidé ma perte (2) » Ce fut, en effet, Apollon, dont César et Antoine avaient pris le nom pour mot d'ordre, à la bataille de Philippes, qui dirigea ses traits contre Brutus (An de R. 710).

8. La fortune inspira aussi à C. Cassius un (1) Le meurtre de César. — (2) Iliad. XVI, 849.

rum providentia, quod sequeretur, oblatum ratus, alioquia eliam interpretandarum religionum peritissimus, a multitudine, quæ ad opem illi ferendam confluxerat, impetra. vit, ut ad mare perduceretur ac protinus naviculam conscendit; eaque in Africam pervectus, arma Sullæ victricia effugit.

6. Pompeius vero Magnus in acie Pharsalica victus a Cæsare, fuga quærens salutem, cursu in insulam Cyprum, ut aliquid in ea virium contraheret, classem direxit : appellensque ad oppidum Paphum, conspexit in littore speciosum ædificium gubernatoremque interrogavit, quod ei nomen esset: qui respondit Kaxobaσtλéa vocari : quæ vox spem ejus, quantulacumque restabat, comminuit. Neque id dissimulanter tulit: avertit enim oculos ab illis tectis, ac dolorem, quem ex diro omine conceperat, gemitu patefecit.

7. M. etiam Bruti dignus, admisso parricidio, eventus omine designatus est. Siquidem post illud nefarium opus natalem suum celebrans, quum græcum versum expromere vellet, ad illud potissimum Homericum referendum animo tetendit :

* Αλλά με μοῖρ ̓ ὀλοὴ καὶ Λητοῦς ἔκτανεν υἱός. Qui deus Philippensi acie a Cæsare et Antonio signo datus, in eum tela convertit.

8. Consentaneo vocis jactu C. Cassii aurem fortuna

mot conforme au sort qu'elle lui réservait. Les Rhodiens le suppliaient de ne pas les dépouiller de toutes les statues de leurs dieux : « Je laisserai le soleil (1), » répondit-il; et la Fortune lui dicta cette réponse insolente pour montrer tout l'orgueil de ce vainqueur insatiable, qu'elle rédui- | sit, après sa défaite en Macédoine, à quitter, non pas l'image du soleil, seul objet accordé aux instances des vaincus, mais le soleil même (An de R. 710).

9. C'est encore un présage digne d'être cité, que celui sous lequel périt le consul Pétilius dans la guerre de Ligurie. Il assiégeait une colline nommée Letum (2) : « Je l'aurai aujourd'hui certainement,» avait-il dit dans sa harangue aux soldats; et, en s'exposant trop au péril, il justifia par sa mort cette parole échappée au hasard (An de R. 577).

DES PRÉSAGES, CHEZ LES ÉTRANGERS.

1. A ces exemples, puisés dans notre histoire, on peut, avec raison, en ajouter deux du même genre, empruntés aux étrangers. Les habitants de Priène, en guerre avec les Cariens, implorèrent le secours de ceux de Samos. Ceux-ci, par une orgueilleuse dérision, au lieu d'une flotte et d'une armée, leur envoyèrent une gondole. Acceptée toutefois comme un secours des dieux, elle fut reçue avec joie, et justifia le présage (3) des Priéniens, en les conduisant à la victoire.

2. Les Apolloniates n'eurent pas non plus à se repentir, dans une guerre difficile contre les

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pervellit: quem orantibus Rhodiis, ne ab eo cunctis deorum simulacris spoliarentur, Solem a se relinqui respondere voluit ut rapacissimi victoris insolentiam dicti tu. more protraheret, abjectumque Macedonica pugna, non effigiem Solis, quam tantummodo supplicibus cesserat, sed ipsum Solem revera relinquere cogeret.

9. Annotatu dignum illud quoque omen, sub quo Petilius consul in Liguria bellum gerens occidit. Nam quum montem, cui Leto cognomen erat, oppugnaret, interque adhortationem militum dixisset : « Hodie ego Letum utique capiam; » inconsideratius præliando, fortuitum jactum vocis leto suo confirmavit.

DE OMINIBUS QUÆ ACCEPERE EXTERNI.

1. Adjici nostris duo ejusdem generis alienigena exempla non absurde possunt. Samii Prienensibus auxilium adversus Caras implorantibus, arrogantia instincti, pro classe et exercitu cymbulam eis derisus gratia miserunt. Quam illi velut divinitus datum præsidium interpretati, libenter receptam, vera fatorum prædictione victoriæ ducem habuerunt.

2. Ne Apolloniatæ quidem pœnitentiam egerunt, quod, quum bello Illyrico pressi, Epidamnios, ut sibi opem ferrent, orassent, atque illi flumen vicinum moenibus suis

Illyriens, d'avoir demandé du secours à ceux d'Epidamne. Ces derniers leur avaient dit qu'ils leur envoyaient pour auxiliaire le fleuve Éas, lequel coule près de leurs murs. «Nous acceptons cette offre,» répondirent-ils; et ils lui assignérent le premier rang dans l'armée, comme à leur général. Ils vainquirent leurs ennemis contre toute espérance, et, attribuant ce triomphe à leur confiance dans le présage (1), ils sacrifièrent au fleuve Éas comme à un dieu, et résolurent de le mettre désormais à leur tête dans toutes les batailles.

CHAPITRE VI.

DES PRODIGES, CHEZ LES ROMAINS. Le récit des prodiges, heureux ou malheureux, entre aussi dans le plan de notre ouvrage.

1. Tandis que Serv. Tullius, encore enfant, dormait, une flamme brilla autour de sa tête, au grand étonnement de sa famille. Frappée de ce prodige, Tanaquil, épouse de Tarquin l'Ancien, fit élever Servius comme son propre fils, quoiqu'il fût né d'une esclave; et elle finit par le placer sur le trône (An de R. 150).

2. Un événement non moins heureux fut an

noncé par un pareil prodige. L. Marcius était resté le chef de deux armées, dont la mort de P. et de Cn. Scipion en Espagne avait abattu le courage. Pendant qu'il haranguait ses troupes, une flamme entoura sa tête. A cette vue, les soldats, naguère découragés, retrouvèrent toute leur valeur, taillèrent en pièces trente-huit mille ennemis, firent un grand nombre de prisonniers, (1) Le fleuve Éas s'appelait aussi, dit-on, "Aog, remède, secours.

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DE PRODIGHIS QUÆ EVENERE ROMANIS. Prodigiorum quoque, quæ aut secunda, aut adversa acciderunt, debita proposito nostro relatio est.

1. Serv. Tullio etiam tum puerulo dormienti circa caput flammam emicuisse, domestici oculi annotaverunt. Quod prodigium Prisci Tarquinii regis uxor Tanaquil admirata, Servium serva natum in modum filii educavit, et ad regium fastigium evexit.

2. Æque felicis eventus illa flamma, quæ ex L. Marcii ducis duorum exercituum, quos interitus P. et Cn. Scipionum in Hispania debilitaverat, capite concionantis eluxit namque ejus adspectu pavidi adhuc milites, pristinam recuperare fortitudinem admoniti, octo et triginta

et s'emparèrent de deux camps remplis de richesses carthaginoises (An de R. 541).

3. Les Romains, après une longue et opiniâtre guerre, avaient repoussé les Véiens jusque dans l'enceinte de leur ville, mais sans pouvoir la prendre. La lenteur du siége semblait également fatiguer les assiégeants et les assiégés, lorsque les dieux immortels, accordant la victoire à l'ardeur de nos vœux, nous en frayèrent le chemin par un prodige mémorable. En effet, le lac Albain, sans être grossi ni par les pluies du ciel ni par le débordement d'aucune rivière, franchit tout à coup ses limites accoutumées. Les ambassadeurs, envoyés à Delphes pour consulter l'oracle à ce sujet, rapportèrent cette réponse: «<qu'il fallait lâcher les eaux du lac et en inonder la campagne; que c'était le seul moyen de faire tomber Véies au pouvoir des Romains. » Le même conseil avait été donné, avant le retour des députés, par un aruspice de cette ville, que nos soldats avaient pris et amené au camp, parce qu'aucun Romain ne savait interpréter ce prodige. Éclairé par ce double avis, le sénat obéit à l'oracle, et la ville ennemie devint bientôt sa conquête (An de R. 356).

4. Il y a aussi beaucoup de bonheur dans l'événement que je vais raconter. Le consul L. Sylla, qui commandait l'armée dans la guerre Sociale, était campé sur le territoire de Nole, et faisait un sacrifice devant la tente prétorienne. Tout à coup il voit un serpent s'échapper du pied de l'autel. A cette vue, et sur l'avis de l'aruspice Postumius, il se hâte de mettre son armée en campagne, et il force les Samnites dans un camp des mieux retranchés: victoire qui fut comme le fondement et le premier degré de la haute puissance où il devait parvenir (An de R. 664).

millibus hostium cæsis, magnoque numero in potestatem redacto, bina castra Punicis opibus referta ceperunt.

3. Item quum bello acri et diutino Veientes, a Romanis intra moenia compulsi, capi non possent, eaque mora non minus obsidentibus, quam obsessis, intolerabilis videretur, exoptatæ victoriæ iter miro prodigio dii immortales patefecerunt. Subito enim Albanus lacus, neque cœlestibus imbribus auctus, neque inundatione ullius amais adjutus, solitum stagni modum excessit: cujus rei explorandæ gratia legati, ad Delphicum oraculum missi, retulerunt, << præcipi sortibus, ut aquam lacus ejus emissam per agros diffunderent: sic enim Veios in potestatem populi Romani futuros. » Quod priusquam legati renuntiarent, aruspex Veientium a milite nostro (quia domestici interpretes deerant) raptus et in castra perlatus futurum dixeral. Ergo senatus duplici prædictione monitus, eodem pæne tempore et religioni paruit, et hostium urbe potitus est. 4. Nec parum prosperi successus est, quod sequitur. L. Sulla Cos. sociali bello, quum in agro nolano ante prætorium immolaret, subito ab ima parte aræ prolapsam anguem prospexit. Qua visa, Postumii aruspicis hortatu continuo exercitum in expeditionem eduxit, ac fortissima Samnitum castra cepit. Quæ victoria futuræ ejus amplissimæ potentiæ gradus et fundamentum exstitit.

5. Au nombre des plus étonnants prodiges, il faut mettre encore ceux qui arrivèrent dans Rome, sous le consulat de P. Volumnius et de Ser. Sulpicius, aux approches et dans le tumulte des guerres de ce temps-là. Un bœuf, au lieu de mugir, se mit à parler, et la nouveauté de ce phénomène épouvanta ceux qui en furent témoins. Des lambeaux de chair tombèrent çà et là comme une pluie soudaine : des oiseaux de proie vinrent en enlever une grande partie; le reste demeura plusieurs jours sur la terre, sans mauvaise odeur, comme sans altération visible (An de | R. 292).

De pareils prodiges trouvèrent aussi créance à d'autres époques malheureuses. Un enfant de six mois avait crié, Triomphe! dans le marché aux bœufs (An de R. 536); un autre était né avec une tête d'éléphant; dans le Picénum, il était tombé une pluie de pierres (An de R. 544); dans la Gaule, un loup avait tiré du fourreau l'épée d'une sentinelle; en Sardaigne, deux boucliers avaient sué du sang; près d'Antium, des moissonneurs avaient vu tomber dans une corbeille des épis ensanglantés; les fontaines de Céré avaient donné des eaux mêlées de sang (An de R. 536); enfin, assure-t-on, pendant la seconde guerre Punique, un bœuf de Cn. Domitius avait dit : « Rome, prends garde à toi! »

6. C. Flaminius avait été fait consul, au mépris des auspices. Sur le point de livrer bataille à Annibal près du lac Trasimène, et au moment même où il donnait l'ordre de lever les enseignes, son cheval s'abattit, et le jeta, par dessus sa tête, sur la poussière. Ce présage ne l'arrêta point; et les porte-enseignes lui déclarant ne pouvoir pas arracher les drapeaux d'où ils étaient

5. Præcipuæ admirationis etiam illa prodigia, quæ P. Volumnio, Ser. Sulpicio Coss. in urbe nostra inter initia motusque bellorum acciderunt. Bos namque, mugitu suo in sermonem humanum converso, novitate monstri audientium animos exterruit. Carnis quoque in modum nimbi dissipatæ partes ceciderunt: quarum majorem numerum præpetes diripuerunt aves, reliquum humi per aliquot dies neque odore tetro, neque deformi adspectu mutatum jacuit.

Ejusdem generis monstra alio tumultu credita sunt: puerum infantem semestrem in foro boario triumphum proclamasse; alium cum elephantino capite natum; in Piceno lapidibus pluisse; in Gallia lupum vigili e vagina gladium abstulisse; in Sardinia scuta duo sanguinem sudasse; apud Antium metentibus cruentas spicas in corbem decidisse; Cærites aquas sanguine mixtas fluxisse. Bello etiam Punico secundo constitit, Cn. Domitii bovem dixisse, Cave tibi Roma.

6. C. autem Flaminius inauspicato consul creatus, quum apud lacum Trasimenum, cum Hannibale conflicturus, convelli signa jussisset, lapso equo, super caput ejus' humi prostratus est: nihilque eo prodigio inhibitus, signi feris negantibus, signa moveri sua sede posse, malum, ni ea continuo effodissent, minatus est. Verum hujus te

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