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une fête. Quant à l'autre solennité, c'est Q. Fabius, ment des premières classes, de peur que l'esqui établit l'usage de passer en revue, aux ides de pèce de tache imprimée aux dernières ne vînt à juillet (1), les chevaliers vêtus de la trabée (2) (An s'étendre aussi jusque sur sa propre gloire (An de R. 499). Cemême Fabius étant censeur avec P. de R. 646). Décius, et voulant mettre un terme aux séditions qui troublaient les comices, où la plus vile populace faisait la loi, divisa tout ce peuple des carrefours en quatre tribus, qu'il appela urbaines. | Une si salutaire institution valut à ce citoyen, déjà célèbre par ses exploits militaires (3), le

surnom de Maximus.

CHAPITRE III.

DES INSTITUTIONS MILITAIRES.

Il faut louer aussi les honorables sentiments

qui animaient le peuple, lequel, en s'offrant avec empressement aux fatigues et aux dangers de la guerre, dispensait les généraux d'appeler sous les drapeaux les indigents, que leur misère même rendait suspects, et à qui, pour cette raison, l'on n'osait pas confier les armes de la république. 1. Mais cette coutume, consacrée par une longue pratique, fut abolie par C. Marius, qui choisit ses recrues dans la classe indigente. Citoyen d'ailleurs illustre, mais que le sentiment de sa nouveauté rendait hostile à ce qui était ancien, il pensa que si ses dédaigneux compagnons d'armes continuaient à mépriser le menu peuple, ils pourraient, injustes appréciateurs du mérite, le traiter lui-même de général sorti des rangs de la populace. Il finit donc par supprimer, dans les armées romaines, l'orgueilleux enrôle

(1) 18 juillet. — (2) Robe blanche bordée de pourpre. — (3) C'est le Fabins Cunctator qui arrêta les progrès d'Annibal.

beatos vero equites idibus Juliis Q. Fabius transvehi instituit. Idem censor cum P. Decio seditionis finiendæ gratia, quam comitia in humillimi cujusque potestatem redacta accenderant, omnem forensem turbam in quatuor tantummodo tribus descripsit, easque Urbanas appellavit. Quo tam salubri facto, vir alioqui bellicis operibus excel. lens, Maximus cognominatus est.

CAPUT III.

DE MILITARIBUS INSTITUTIS.

Laudanda etiam populi verecundia est, qui, impigre se laboribus et periculis militiæ offerendo, dabat operam, ne imperatoribus capite censos sacramento rogare esset necesse, quorum nimia inopia suspecta erat, ideoque his publica arma non committebantur.

1. Sed hanc diutina usurpatione firmatam consuetudinem C. Marius capite censum legendo militem abrupit : civis alioqui magnificus, sed novitatis suæ conscientia, vetustati non sane propitius; memorque, si militaris ignavia humilitatem spernere perseveraret, se a maligno virtutum interprete velut capite censum imperatorem compellari posse: itaque fastidiosum delectus genus in exer

2. L'exercice des armes fut introduit dans les camps par le consul P. Rutilius, collègue de Cn. Mallius. Sans qu'aucun général lui en eût donné l'exemple, il tira de l'école de Cn. Aurélius Scaurus des maîtres de gladiateurs, qui établirent des règles invariables pour éviter et porter plus adroitement les coups. Le courage fut joint à l'art et l'art au courage, de manière que le premier se fortifia de l'impétuosité du second, et que celui-ci emprunta de l'autre la science et l'habileté (An de R. 648).

3. L'usage des vélites fut imaginé pendant le siége de Capoue, sous le commandement de Fulvius Flaccus. Comme la cavalerie des Campaniens, dans ses fréquentes sorties, repoussait toujours la nôtre, moins nombreuse, le centurion tinguait leur agilité, arma chacun d'eux de sept Q. Nævius choisit dans l'infanterie ceux que dispetits javelots recourbés, les munit d'un léger bouclier, leur apprit enfin à sauter lestement en croupe derrière les cavaliers, et à descendre avec la même facilité. Se mêlant ainsi à un engagement de cavalerie, ces fantassins portaient des coups plus sûrs aux ennemis et à leurs chevaux (An de R. 542). Cette nouvelle manière de combattre enleva aux perfides Campaniens (1) leur unique ressource; et Rome honore encore aujourd'hui, dans Nævius, la mémoire de l'inventeur. (1) Capoue avait quitté le parti des Romains.

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citibus Romanis obliterandum duxit, ne talis notæ contagio ad ipsius quoque gloriæ sugillationem penetraret.

2. Armorum tractandorum meditatio a P. Rutilio con. sule, Cn. Mallii collega, militibus est tradita. Is enim nullius ante se imperatoris exemplum sequutus, ex ludo Cn. Aurelii Scauri doctoribus gladiatorum arcessitis, vitandi atque inferendi ictus subtiliorem rationem legibus ingeneravit; virtutemque arti, et rursus artem virtuti miscuit, ut illa impetu hujus fortior, hæc illius scientia cautior fieret. 3. Velitum usus eo bello primum repertus est, quo Capuam Fulvius Flaccus imperator obsedit: nam quum equitatui Campanorum crebris excursationibus equites nostri, quia numero pauciores erant, resistere non possent, Q. Nævius centurio e peditibus lectos expediti corporis, brevibus et incurvis septenis armatos hastis, parvo teginine munitos, veloci saltu jungere se equitantibus, et rursus celeri motu delabi instituit, quo facilius equestri prælio subjecti pedites, viros pariter atque equos hostium telis incesserent, eaque novitas pugnæ unicum campanæ per. fidiæ debilitavit auxilium: ideoque auctori ejus Nævio ad. huc honos est habitus.

CHAPITRE IV.

DES SPECTACLES.

1. Des institutions militaires, on peut passer immédiatement à ces sortes de camps plantés dans la ville, je veux parler des théâtres; car on a vu souvent des armées de combattants s'y livrer des luttes furieuses; et ces spectacles, imaginés en l'honneur des dieux et pour le divertissement des hommes, dégénérant bientôt en scènes d'horreur, ont souillé du sang des citoyens la paix, les plaisirs, et la religion de Rome.

2. Le premier théâtre fut commencé par les censeurs Messala et Cassius; mais, sur la proposition de P. Scipion Nasica, tous les matériaux en furent mis à l'encan. Un sénatus-consulte défendit, en outre, à tout citoyen de placer des bancs et de s'asseoir dans l'enceinte des jeux, soit dans la ville, soit à une distance moindre de mille pas; afin, sans doute, que la mâle ha- | bitude de se tenir debout, qualité particulière au peuple romain, le distinguât aussi dans ses délassements (Ans de R. 599, 603).

3. Pendant cent cinquante-huit ans, les sénateurs assistèrent, mêlés avec le peuple, au spectacle des jeux ; mais cet usage fut changé par les édiles Atilius Serranus et L. Scribonius, aux jeux qu'ils dédièrent à la Mère des dieux. D'après le conseil du premier Africain, ils séparèrent la place du sénat de celle du peuple; distinction qui indisposa la multitude, et ébranla fortement la popularité de Scipion (An de R. 559).

4. Remontant maintenant à l'origine même des jeux publics, je dirai les motifs qui les firent instituer. Sous le consulat de C. Sulpicius Béti

CAPUT IV.

DE SPECTACULIS.

1. Proximus militaribus institutis ad urbana castra, id est, theatra, gradus faciendus est; quoniam hæc quoque sæpenumero animosas acies instruxerunt, excogitataque cultus deorum, et hominum delectationis causa, non sine aliquo pacis rubore voluptatein et religionem civili sanguine, scenicorum portentorum gratia, macularunt.

2. Quæ inchoata quidem sunt a Messala et Cassio censoribus; cæterum auctore P. Scipione Nasica omnem ap. paratum operis eorum subjectum hastæ venire placuit; atque etiam senatusconsulto cautum est, ne quis in urbe, propiusve passus mille, subsellia posuisse, sedensve ludos spectare vellet, ut scilicet remissioni animorum juncta standi virilitas, propria Romanæ gentis nota, essel.

3. Per quingentos autem et quinquaginta octo annos senatus populo mixtus spectaculo ludorum interfuit; sed hunc morem Atilius Serranus et L. Scribonius ædiles, ludos Matri deum facientes, superioris Africani sententiam sequuti, discretis senatus et populi locis, solverunt ; eaque res avertit vulgi animum, et favorem Scipionis magnopere quassavit.

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cus et de C. Licinius Stolon, une peste violente se déclara dans Rome: les entreprises militaires furent suspendues au dehors; au dedans, les ravages du mal, la désolation, le deuil. On n'attendait plus rien de la science humaine; et déjà l'on ne voyait de ressource que dans une manière nouvelle d'honorer les dieux. Des hymnes furent composés pour apaiser le courroux céleste. Ces chants furent avidement écoutés par le peuple, qui s'était contenté jusque-là des spectacles du Cirque, fondés par Romulus en l'honneur du dieu Consus, à l'époque de l'enlèvement des Sabines. Or, comme c'est le propre des hommes de poursuivre avec ardeur le développement des choses les plus simples à leur origine, la jeunesse folâtre joignit, aux expressions de respect envers les dieux, des gestes rustiques et des danses grossières. Cette innovation donna l'idée de faire venir d'Étrurie un pantomime, dont la souplesse et la grâce, mérite particulier aux Curètes et aux Lydiens, dont descendaient les Étrusques, fut pour les yeux des Romains une agréable nouveauté. Cette sorte de comédien s'appelant histrion dans la langue étrusque, ce nom fut donné chez nous à tous ceux qui parurent sur la scène (An de R. 389). Ces jeux, se régularisant, devinrent insensiblement des pièces de satire, dont le poëte Livius sut le premier détourner le spectateur, pour attirer son attention sur des sujets dramatiques. Il jouait lui-même ses pièces; mais, comme l'avidité du peuple ne lui donnait pas de relâche, sa voix s'altéra bientôt, et, se faisant aider d'un chanteur et d'un joueur de flûte, il fit les gestes sans parler. Quant aux Attellans, on les fit venir de chez les Osques. Ce genre de divertissement,

4. Nunc causam instituendorum ludorum ab origine sua repetam. C. Sulpicio Betico, C. Licinio Stolone coss. intoleranda vis ortæ pestilentiæ civitatem nostram a bellicosis operibus revocatam, domestici atque intestini mali cura afflixerat, jamque plus in exquisito et novo cultu religionis, quam in ullo humano consilio positum opis videbatur; itaque placandi cœlestis numinis gratia compositis carminibus vacuas aures præbuit, ad id tempus circensi spectaculo contenta, quod primus Romulus, raptis virginibus Sabinis, Consualium nomine celebravit : verum, ut est mos hominum parvula initia pertinaci studio prosequendi, venerabilibus erga deos verbis juventus, rudi atque incomposito motu corporum jocabunda, gestus adjecit; eaque res ludium ex Hetruria arcessendi causam præbuit, cujus decora pernicitas vetusto ex more Curetum Lydorumque, a quibus Hetrusci originem traxerunt, novitate grata Romanorum oculos permulsit. Et quia ludius apud eos histrio appellabatur, scenico nomen histrionis inditum est. Paulatim deinde ludicra ars ad satyrarum modos perrepsit, a quibus primus omnium poeta Livius ad fabularum argumenta spectantium animos transtulit ; isque sui operis actor, quum sæpius a populo revocatus vocem obtudisset, adhibito pueri et tibicinis concentu, gesticulationem tacitus peregit. Attellani autem ab Oscis acciti sunt; quod

tempéré par la sévérité romaine, ne déshonore pas les acteurs; car ils ne sont ni privés du droit de suffrage, ni exclus du service militaire.

5. Le nom même donné aux autres jeux en marque l'origine; mais il est bon de rapporter ici celle des jeux séculaires, qui est moins connue. Pendant une affreuse épidémie, dont les ravages s'étendaient sur tout le territoire de Rome, un riche citoyen, nommé Valésius, et qui vivait à la campagne, avait ses deux fils et sa fille si malades que les médecins désespéraient de leur guérison. En allant prendre pour eux de l'eau chaude à son foyer, il se prosterna devant ses dieux Lares, les conjurant « de détourner sur lui le danger qui menaçait ses enfants. » Il entendit alors une voix lui dire : « Le moyen de les sauver est de les transporter de suite à Tarente par la voie du Tibre, et là de leur faire boire de l'eau chauffée sur l'autel de Pluton et de Proserpine. » Ce conseil le jeta dans un grand embarras; car c'était lui prescrire une longue et périlleuse navigation, sa campagne étant située près du bourg d'Érète, au pays des Sabins. Mais la crainte de ces dangers cédant à une vague espérance, il fit aussitôt porter ses enfants au bord du Tibre, et, s'embarquant pour Ostie, il arriva, au milieu de la nuit, près du champ de Mars. Comme il désirait soulager ses malades qui avaient soif, et qu'il n'y avait pas de feu dans la barque, le pilote lui dit qu'on apercevait de la fumée à quelque distance du rivage, et l'invita à descendre à cet endroit, nommé Térente. Valésius prit un vase d'une main empressée, puisa de l'eau dans le fleuve, et se dirigea, plein d'espoir, vers le lieu d'où s'élevait cette fumée. Il se croyait, pour ainsi parler, sur la trace même du remède indiqué par

genus delectationis Italica severitate temperatum, ideoque vacuum nota est; nam neque tribu movetur, neque a militaribus stipendiis repellitur.

5. Et quia cæteri ludi ipsis appellationibus unde trabantur apparet, non absurdum videtur, secularibus initium suum, cujus generis minus trita notitia est, reddere. Quum ingenti pestilentia urbs agrique vastarentur, Valesius, vir locuples, rusticæ vitæ, duobus filiis et filia ad desperationem usque medicorum laborantibus, aquam calidam iis a foco petens, genibus nixus, Lares familiares, ut puerorum periculum in ipsius caput transferrent, oravit. Orta deinde vox est, « habiturum eos salvos, si continuo flumine Tiberi devectos Tarentum deportasset, ibique ex Ditis patris et Proserpinæ ara petita calda recreasset. » Eo prædicto magnopere confusus, quod et longa et periculosa navigatio imperabatur, spe tamen dubia præsentem metum vincente, pueros ad ripam Tiberis protinus detulit (habitabat enim in villa sua propter vicum Sabinæ regionis Eretum) ac lintre Ostiam petens, nocte concubia ad Martium campum appulit: sitientibusque ægris succurrere cupiens, igne in navigio non suppetente, ex gubernatore cognoscit, haud procul apparere fumum : et ab eo jussus egredi Terentum (id ei loco nomen est), cupide arrepto calice, aquam flumine haustam, eo unde fumus erat obortus, jam lætior per

les dieux; et, s'attachant à ce présage, il ramassa toutes les matières combustibles que lui offrit le hasard, en fit un tas à l'endroit où la terre fumait, sans présenter toutefois le moindre vestige de feu, parvint, à force de souffler, à faire jaillir la flamme, fit chauffer l'eau, puis la porta à ses enfants. Ceux-ci, après l'avoir bue, dormirent d'un sommeil salutaire, et se réveillèrent guéris de cette longue et cruelle maladie. Ils apprirent alors à leur père « qu'ils avaient vu en songe un dieu qui leur essuyait le corps avec une éponge, et qui leur avait ordonné d'immoler des victimes noires sur l'autel de Pluton et de Proserpine, auxquels ils devaient cette eau bienfaisante, et de célébrer un banquet sacré avec des jeux nocturnes. » Valésius, qui n'avait point vu là d'autel, pensa qu'on lui demandait d'en élever un. Il se rendit à Rome en toute hâte, afin d'acheter cet autel, laissant sur les lieux des esclaves chargés de creuser la terre, pour construire de solides fondements. Obéissant aux ordres du maître, ceux-ci | creusèrent le sol jusqu'à une profondeur de vingt pieds, et découvrirent un autel avec cette inscription: A Pluton et à Proserpine. L'un d'eux courut en porter la nouvelle à Valesius, qui, renoncant à son achat, revint à Térente immoler des victimes noires, que nos ancêtres appelaient sombres. Il donna ensuite des jeux et un repas sacré, pendant trois nuits consécutives; nombre égal à celui de ses enfants échappés à la mort,

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A son exemple, et pour délivrer ses concitoyens de la même épidémie, Valérius Poplicola, le premier consul de Rome, se rendit solennellement auprès de cet autel, y fit des vœux au nom de la république, immola des taureaux noirs à Pluton, des génisses noires à Proserpine, et leur offrit un

tulit, divinitus dati remedii quasi vestigia quædam in pro. pinquo nactum se existimans: inque solo magis fumante, quam ullas ignis habente reliquias, dum tenacius omen ap. prehendit, contractis levibus, et quæ sors obtulerat nutrimentis, pertinaci spiritu flammam evomuit, calefactamque aquam pueris bibendam dedit : qua potata, salutari quiete sopiti, diutina vi morbi repente sunt liberati, patrique indicaverunt, « vidisse se in somniis, nescio a quo deorum spongia sua corpora pertergi, et præcipi, ut ad Ditis patris et Proserpinæ aram, a qua fuerat potio ipsis allata, furvæ hostiæ immolarentur, lectisterniaque et ludi nocturni fierent.» Is, quod eo loci nullam aram viderat, desiderari credens, ut a se construeretur, aram empturus in urbem perrexit, relictis, qui fundamentorum constituendorum gratia terram ad solidum foderent. Hi domini imperium exsequentes, quum ad xx pedum altitudinem humo egesta pervenissent, animadverterunt aram Diti patri Proserpinæque inscriptam. Hoc postquam Valesius nuntiante servo accepit, omisso emendæ aræ proposito, hostias nigras, quæ antiquitus furvæ dicebantur, Terenti immolavit; ludosque et lectisternia, continuis tribus noctibus, quia totidem filii periculo liberati erant, fecit.

Cujus exemplum Valerius Poplicola, qui primus consul fuit, studio succurrendi civibus sequutus, apud eamdem

banquet et des jeux qui durèrent trois nuits. Après | lat de P. Cornélius Lentulus et de M. Bébius

ces cérémonies, l'autel fut recouvert de terre, comme il l'était auparavant (An de R. 249).

6. La magnificence des jeux sacrés suivit le progrès des richesses. Ainsi, Q. Catulus, imitant le luxe de Capoue, tendit au-dessus de l'amphithéâtre des toiles qui donnèrent de l'ombre aux spectateurs; Cn. Pompée établit, le premier, des courants d'eau dans le parterre, pour tempérer les chaleurs de l'été ; Cl. Pulcher orna la scène de peintures, au lieu des planches nues qu'on y voyait auparavant; C. Antonius la fit border d'un | bout à l'autre en argent ; Pétréius, en or; Q. Catulus, en ivoire; les Lucullus la rendirent mobile; P. Lentulus Spinther l'enrichit de décorations argentées. Bannissant les costumes d'écarlate en usage avant lui, M. Scaurus introduisit un genre de vêtements des plus recherchés.

7. Le premier spectacle de gladiateurs fut donné aux Romains sur la place aux Bœufs, sous le consulat d'Ap. Claudius et de M. Fulvius; il le fut par M. et D. Brutus, dans la solennité funèbre dont ils honorèrent la mémoire de leur père (An de R. 489). On dut le premier combat d'athlètes à la munificence de M. Scaurus (An de R. 695).

CHAPITRE V.

DE LA FRUGALITÉ ET DE LA PURETÉ des MOEURS.

1. On n'avait pas vu de statue dorée, ni à Rome ni dans aucune partie de l'Italie, avant la statue équestre que M. Acilius Glabrion érigea à son père dans le temple de la Piété filiale; édifice dont il avait fait lui-même la consécration, sous le consu

aram publice nuncupatis votis, cæsisque atris bubus, Diti maribus, feminis Proserpinæ, lectisternioque ac ludis trinoctio factis, aram terra, ut ante fuerat, obruit.

6. Religionem ludorum crescentibus opibus sequuta lautitia est ejus instinctu Q. Catulus Campanam imitatus luxuriam, primus spectantium concessum velorum umbraculis texit; Cn. Pompeius ante omnes aquæ per semitas decursu, æstivum minuit fervorem; Cl. Pulcher scenam varietate colorum adumbravit, vacuis ante pictura tabulis extentam ; quam totam argento C. Antonius, auro Petreius, ebore Q. Catulus prætexuit; versatilem fecerunt Luculli; argentatis choragiis P. Lentulus Spinther adornavit; translatum, antea Pœniceis indutum tunicis, M. Scaurus exquisito genere vestis, cultum induxit.

7. Nam gladiatoriam munus primum Romæ datum in foro boario, Ap. Claudio, M. Fulvio coss: dederunt M. et D. Bruti, funebri memoria patris cineris honorando : athletarum certamen a M. Scauri tractum est munificentia.

CAPUT V.

DE FRUGALITATE ET INNOCENTIA.

1. Statuam auratam nec in urbe, nec in ulla parte

Tamphilus, en reconnaissance de la victoire qu'il avait remportée, aux Thermopyles, sur le roi Antiochus (An de R. 572).

2. Le droit civil resta caché, pendant plusieurs siècles, avec les mystères sacrés de la religion, et n'était connu que des pontifes. Cn. Flavius, fils d'un affranchi, et qui de scribe avait été fait édile curule, au grand mécontentement de la noblesse, le rendit public, et afficha, pour ainsi dire, dans tout le forum le livre des Fastes. Visitant un jour un de ses collègues qui était malade, il trouva la chambre remplie de nobles, dont aucun ne daigna lui offrir un siége; il se fit alors apporter sa chaise curule, et s'y assit, pour venger l'outrage fait à sa personne et à sa dignité (An de R. 449).

3. L'empoisonnement était inconnu à Rome; les mœurs n'en offraient pas d'exemple, les lois n'en prononçaient pas le nom. On découvrit tout à coup qu'un grand nombre de femmes s'étaient rendues coupables de ce crime: elles avaient secrètement empoisonné leurs maris. Sur la dénonciation d'une esclave, elles furent traînées en justice, et cent soixante-dix d'entre elles furent condamnées à la peine capitale (An de R. 422).

4. La troupe des joueurs de flûte ne manque pas les occasions de se montrer dans le forum aux regards du peuple, au milieu des fêtes publiques et particulières. Cachés sous un masque, et vêtus de costumes de diverses couleurs, ils donnent à la multitude des scènes et des concerts. Voici l'origine de cet usage. Un jour qu'on leur défendit de prendre leur repas dans le temple de Jupiter, suivant une ancienne coutume, ils se

Italiæ quisquam prius adspexit, quam a M. Acilio Glabrione equestris patri poneretur in æde Pietatis: eam autem ædem P. Cornelio Lentulo et M. Babio Tamphilo coss. ipse dedicaverat, compos voti factus, rege Antiocho apud Thermopylas superato.

2. Jus civile per multa secula inter sacra cærimoniasque deorum immortalium abditum, solisque pontificibus notum, Cn. Flavius, libertino patre genitus, et scriba, cum ingenti nobilitatis indignatione factus ædilis curulis, vulgavit, ac fastos pæne toto foro exposuit: qui, quum ad visendum ægrum collegam suum veniret, neque a nobilibus, quorum frequentia cubiculum erat completum, sedendi loco reciperetur, sellam curulem afferri jussit, et in ea honoris pariter atque contemptus sui vindex, consedit. 3. Veneficii quæstio et moribus et legibus Romanis ignota, complurium matronarum patefacto scelere orta est: quæ quum viros suos clandestinis insidiis veneno perimerent, unius ancillæ indicio protractæ, pars capitali judicio damnatæ, centum septuaginta numerum expleve

runt.

4. Tibicinum quoque collegium solet in foro vulgi oculos in se convertere, quum inter publicas privatasque ferias, actiones, personis tecto capite variaque veste velatis, concentus edit: inde tracta licentia. Quondam vetiti in

retirèrent de dépit à Tivoli. Le sénat vit ce dé-,
part avec douleur, à cause de l'utilité de leur
ministère dans les cérémonies religieuses, et il fit
demander, par une ambassade, à la ville de Ti-
voli, de vouloir bien user de son crédit auprès
d'eux pour les rendre au service des temples de
Rome. Les trouvant obstinés dans leur refus,
les Tiburtins feignirent de leur donner une fête,
et, les ayant enivrés, les chargèrent tout endor-
mis sur des chariots qui les transportèrent à
Rome. Là, on leur rendit leur antique privilége,
et l'on y ajouta le droit de donner le spectacle dont
il a été question. L'usage du masque exprime la
honte qu'ils éprouvèrent d'avoir été surpris en
état d'ivresse (An de R. 442).

5. La manière toute simple dont les anciens Romains prenaient leurs repas est la meilleure preuve de leur tempérance et de leur frugalité. Les plus grands hommes ne rougissaient pas de dîner et de souper en public; et il n'y avait sur leur table aucun mets qu'ils craignissent d'exposer aux yeux du peuple. Ils étaient si fidèles à leurs habitudes de sobriété, qu'ils faisaient plus souvent.usage de bouillie que de pain. Aussi le mets qu'on appela mola dans les sacrifices est-il uniquement composé de farine et de sel. On saupoudre de farine les entrailles des victimes; et les poulets sacrés qui servent aux augures ne sont nourris que de bouillie. C'était avec les prémices de sa nourriture que l'on se rendait alors les dieux favorables, et l'offrande avait d'autant plus d'efficacité qu'elle était plus simple.

6. On honorait les dieux pour en obtenir des bienfaits; mais on éleva des temples à la Fièvre, pour en éprouver moins de mal. Un de ces tem

æde Jovis, quod prisco more factitaverant, vesci, Tibur irati se contulerunt; quorum ministerio senatus deserta sacra non æquo animo ferens, per legatos a Tiburtibus petiit, ut eos gratia sua Romanis templis restituerent: quos illi in proposito perseverantes, interposita festa epulationis simulatione, mero somnoque sopitos, plaustris in urbem devehendos curaverunt; quibus et honos pristinus restitutus, et hujusce lusus jus est datum. Personarum usus pudorem circumventæ temulentiæ causam habet.

5. Fuit etiam illa simplicitas antiquorum in cibo capiendo, humanitatis simul et continentiæ certissima index; nam maximis viris prandere et cœnare in propatulo, verecundiæ non erat: nec sane ullas epulas habebant, quas populi oculis subjicere erubescerent: erant adeo continentiæ attenti, ut frequentior apud eos pultis usus, quam panis esset; ideoque in sacrificiis mola, quæ vocabatur, ex farre et sale constat ; exta farre sparguntur, et pullis, quibus auspicia petuntur, puls objicitur. Primitus enim ex libamentis victus sui deos eo efficacius, quo simplicius, placabant.

6. Et cæteros quidem ad benefaciendum venerabantur; Febrem autem ad minus nocendum, templis colebant, quorum adhuc unum in Palatio, alterum in area Marianorum monumentorum, tertium in summa parte Vici Longi exstat; in eaque remedia, quæ corporibus ægrorum

ples se voit encore aujourd'hui sur le mont Palatin; un autre, dans la place des trophées de Marius; un troisième, à l'extrémité supérieure de la rue Longue. On y déposait les remèdes. qui avaient été appliqués aux malades; usage imaginé, avec quelque raison d'utilité, pour calmer les agitations de l'esprit humain. Au reste, la santé des citoyens trouvait la plus solide et la plus sûre garantie dans une vie laborieuse, et avait, en quelque sorte, pour mère la frugalité, ennemie des jouissances de la table, ennemie des excès du vin, ennemie des plaisirs immodérés de Vénus.

CHAPITRE VI.

DES COUTUMES ÉTRANGÈRES.

1. Tels furent aussi les sentiments de Sparte, dont les mœurs austères peuvent se comparer à celles de nos ancêtres. Soumise aux rigoureuses lois de Lycurgue, cette république détourna pendant longtemps ses citoyens du spectacle de l'Asie, de peur que le séduisant aspect de cette contrée ne les fit tomber dans la mollesse. Ils savaient, en effet, que de là s'étaient répandus dans le monde et la somptuosité des repas, et les profusions énormes, et tout le cortége des plaisirs superflus; que les Ioniens avaient introduit, les premiers, le goût des parfums, l'usage des couronnes dans les festins, et l'habitude des seconds services, puissant aiguillon pour l'intempérance. Il n'est donc pas étonnant que des hommes pour qui le travail et la fatigue étaient un plaisir craignissent de laisser se détendre et se relâcher, par la contagion des délices étrangères, les vigoureux

adnexa fuerant, deferebantur. Hæc ad humanæ mentis æstus leniendos cum aliqua usus ratione excogitata: cæterum salubritatem suam industria certissimo ac fidelissimo munimento tuebantur; bonæque valetudinis eorum quasi quædam mater erat frugalitas, inimica luxuriosis epulis, et aliena nimiæ vini abundantiæ, et ab immoderato Veneris usu aversa.

CAPUT VI.

DE EXTERNIS INSTITUTIS.

1. Idem sensit proxima majorum nostrorum gravitati Spartana civitas, quæ severissimis Lycurgi legibus obtemperans, aliquamdiu civium suorum oculos a contemplanda Asia retraxit, ne illecebris ejus capti, ad delicatius vitæ genus prolaberentur : audierant enim, lautitiam inde, et immodicos sumptus, et omnia non necessariæ voluptatis genera, fluxisse; primosque Ionas unguenti, coronarumque in convivio dandarum, et secundæ mensæ ponendæ consuetudinem, haud parva luxuriæ irritamenta, reperisse. Ac minime mirum est, quod homines labore ac patientia gaudentes, tenacissimos patriæ nervos, externarum deliciarum contagione solvi et hebetari noluerunt; quum aliquanto faciliorem virtutis ad luxuriam, quam luxuriæ ad

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