AVERTISSEMENT. Ce volume, qui contient la matière de neuf volumes ordinaires, comprend cinq auteurs qui ont traité, soit de l'histoire grecque, soit de l'histoire universelle. Ce sont des écrivains latins, appréciant des événements et des personnages étrangers, et Rome n'y paraît que sur le second plan. C'est à cause de ce trait commun qu'il a paru convenable de les réunir dans un même recueil. Chaque volume de la collection des auteurs latins étant lui-même une collection, on ne peut guère exiger une analogie plus complète dans le choix des matières et la réunion des auteurs qui doivent y entrer; il faut donc se contenter de ne pas y trouver de disparates; et c'est ce que nous croyons, cette fois encore, avoir évité. Au reste, dans ce nouveau volume, les différences offrent bien autrement d'intérêt que les analogies. Après Cornelius Nepos, qui ouvre le volume, et dont les biographies, à la fois courtes et pleines, sont d'une lecture si attachante pour nos premières années de collége, et si substantielle pour ceux qui les relisent dans l'âge mûr, vient Quinte-Curce, l'historien brillant et rapide des conquêtes d'Alexandre, et le juge souvent supérieur de son caractère et de ses fautes. Quinte-Curce est suivi de Justin, l'abréviateur ingénieux et piquant de Trogue Pompée, dont l'abrégé fait voir toute cette suite d'empires universels en Asie, en Afrique, en Europe, se dévorant l'un l'autre et venant s'abîmer dans le plus vaste et le plus universel de tous, l'empire romain. Le sujet de l'ouvrage de Valère Maxime, quoique appartenant à l'histoire générale, ne touche qu'indirectement aux grands capitaines et aux événements qu'ils ont conduits ou suivis ; c'est un recueil d'anecdotes d'un intérêt et d'un degré d'authenticité inégal, mais qui, vraies ou seulement vraisemblables, forment une histoire des mœurs de l'antiquité. Le fragment du livre de Julius Obsequens sur les prodiges, qui termine le volume, est une annexe naturelle de l'ouvrage de Valère Maxime, qu'il confirme ou éclaircit dans les faits qu'ils ont racontés en commun, et qu'il complète en un point spécial, celui des prodiges et de leurs effets sur l'imagination des peuples. C'est donc à la fois par la généralité des matières et par le grand nombre des particularités qui y sont consignées que ce volume est un des plus curieux de la collection. C'est un répertoire pour toutes les sortes d'études, soit qu'on y cherche une vue générale de l'histoire du monde païen, soit qu'on veuille s'y attacher à quelque grand homme en particulier, soit enfin qu'on préfère la vie anecdotique et pour ainsi dire les mémoires de l'antiquité. Dans l'enseignement classique, aucun volume ne peut être d'un plus grand usage: il y a là, approprié à toutes les années du cours d'études, le choix le plus varié de récits et de tableaux, de traits de mœurs, d'exemples et d'autorités pour toutes les idées morales; des morceaux de tout genre, écrits dans les styles les plus divers, depuis le plus simple jusqu'au plus artificiel, et donnant matière à d'inépuisables leçons de morale et de goût. Toutes les traductions, sauf celle de Quinte-Curce, sont nouvelles. Il eût été insensé de refaire la traduction de Vaugelas; c'est le travail de trente ans de sa vie et l'un des premiers modèles de notre langue classique. Nous l'avons reproduit littéralement, rejetant aux notes les modifications nécessaires, soit qu'il s'agisse d'omissions imposées au goût de Vaugelas par le purisme qui régna un moment vers le milieu du dix-septième siècle, soit que des changements dans le texte aient motivé des changements dans le sens. Au reste, il est parlé en détail de cette réimpression dans la notice de Quinte-Curce. C'est par un scrupule différent que nous avons supprimé les suppléments latins de Freinshemius. Quel que soit le mérite de ces suppléments, ils ont le tort d'être écrits dans un latin moderne et de n'être pas animés du feu qui échauffe les belles pages de Quinte-Curce. Nous en avons, du reste, conservé le principal avantage, qui est l'exactitude et l'abondance des recherches, en réimprimant la traduction, si supérieure à l'original, qu'en a donnée Du Ryer, et en indiquant les sources au bas des pages. Ces morceaux de Du Ryer ont été écrits quelques années après Vaugelas, si non dans une langue aussi forte, du moins avec ce naturel et cette clarté qui donnent un prix inestimable aux moindres écrits du dix-septième siècle. Nous croyons donc avoir servi à la fois les deux grandes langues en l'honneur desquelles cette collection a été entreprise, en éliminant du corps de la latinité un écrit en latin moderne, et en réimprimant une traduction du dix-septième siècle. Il a paru nécessaire, pour la facilité des recherches, de faire suivre l'ouvrage de Valère Maxime d'une table des noms propres, qui y sont en trèsgrand nombre et les mêmes plusieurs fois répétés. On approuvera aussi le soin que nous avons eu d'intercaler dans la traduction de Justin, au commencement ou à la fin des récits, la date des événements qui en sont le sujet. Les années se comptent avant ou après la fondation de Rome; c'est la chronologie naturelle dans un abrégé qui fait aboutir à l'empire romain tous les changements arrivés dans l'Aucien Monde. Nos textes sont ceux que la science a reconnus pour les meilleurs. |