Vous nous avez affranchis des servitudes féodales; vous avez aboli les capitaineries & le droit exclusif de la chasse, qui n'étoit que celui de conserver des animaux destructeurs. Vous avez supprimé la gabelle, qui entretenoit à grands frais une guerre intestine. Et ce n'est encore là qu'une partie des bienfaits que nous devons à votre sagesse : ils nous sont garans de ceux que nous avons droit d'en attendre. Secondés par un roi auquel il étoit réservé de mériter le glorieux titre de Restaurateur de la liberté, vous poursuivrez, Messieurs, vos bienfaisans travaux ; vous ne vous séparerez pas, vous en avez prononcé le serment, applaudi par toute la France; vous ne vous séparerez pas sans avoir achevé cette constitution qui nous assure le bonheur. Forts de l'opinion publique, environnés des bénédictions du peuple, méprisez les intrigues, les manœuvres, les sourdes menées de ceux-là même qui ne pourroient manquer d'être les premieres victimes de l'explosion qu'ils auroient produite. C'est en vain qu'ils cherchent à couvrir d'un voile sacré leurs coupables desseins, et que s'attendrissant avec hypocrisie, tantôt sur sur la religion, tantôt sur la monarchie, ils essaient de ressusciter par leurs discours tous les abus que vous avez renversés par vos décrets. C'est en vain qu'ils tentent de nous persuader que vous avez voulu détruire la religion de nos peres, parce que vous avez rappelé les ministres à leurs vé ritables fonctions, et aux vertus de l'évangile, N'avez-vous pas décrété que le culte de la religion catholique seroit le seul entretenu aux frais de l'état ? N'avez-vous pas amélioré le sort de ces utiles & vénérables pasteurs, qui nous donnent journellement un si touchant exemple des vertus dont la religion nous fait un devoir? Ceuxlà seuls la profanent, qui d'une bouche impie osent proférer le nom d'un Dieu de paix, pour le faire servir aux intérêts de leurs passions. Mais que peuvent ces ames serviles et tyranniques contre l'énergie d'un peuple qui a connu le prix de la liberté ? Nous jurons de la conserver cette liberté, que nous devons à vos travaux et à l'intrépidité de nos concitoyens. Nous jurons dans son sanctuaire, en présence de ses zélés défenseurs, au nom de tous les citoyens du département de l'Oise, que nous maintiendrons de tout notre pouvoir la constitution du royaume, & que nous serons fideles à la nation, à la loi & au roi. Signé GIRARDIN D'ERMENONVILLE, président, CALON, secrétaire, LE HODEY DE SAULTCHEVREUIL. De l'Imprimerie du RÉDACTEUR, place du Palais-Royal, au coin de la rue Fromenteau. ASSEMBLEE NATIONALE PERMANENT E. Séance du 26 mai 1790. M. CHABROUD a donné lecture de quelques adresses: celle de Lons-le-Saunier repousse avec énergie la délibération des catholiques de Nismes, & la déclaration de la minorité de l'assemblée nationale. Lä ville de Privas en Vivarais ne montre pas moins d'ndignation contre cette délibération. La plaie que le fanatisme a fait à cette dernière ville seigne encore; il n'y a que la liberté qui puisse la cicatriser. La ville de Clermont-Ferrand porte à dix millions la soumission de cinq qu'elle avoit précédemment faite pour l'acquisition des biens nationnaux; la ville d'Amiens fait une soumission de seize millions. M. Chabroud a lu le procès-verbal de la séance de la veille. M. le président à donné connoissance de deux lettres écrites par M. de la Tour-du-Pin, en date du 24 mai par la premiere, il apprend à l'assemblée que la municipalité d'Hagueneau s'est opposée avec violence à l'exécution d'un arrêt du Tome XII. No. 3. C conseil souverain d'Alsace qui ordonnoit l'élargissement d'un particulier emprisonné par cette municipalité. Par la seconde lettre, le ministre instruit l'assemblée que la municipalité de Lyon a empêché le remplacement du détachement de Royal-Guyenne, dragons, qui est dans cette ville, par un autre détachement de pareille force des dragons de Pinthievre, sous prétexte que ce mouvement causeroit de la fermentation parmi le peuple à l'approche d'un camp fédératif de gardes nationales qui doit avoir lieu le 30 de ce mois sous les murs de cette ville. M. de la Tourdu-Pin communique les pieces relatives à cette derniere affaire, en disant qu'il n'a ordonné ce dérangement que pour le bien du service, & pour réunir le régiment de Royal-Guyenne dispersé depuis long-tems. Il ajoute que le roi improuve la conduite de ces municipalités, & lui a ordonné de le leur témoigner. Le ministre joint les deux modeles de lettres qu'il compte leur écrire en conséquence, si l'assemblée les approuve. M. Bailly est monté à la tribune: Je viens rendre compte, a-t-il dit, des dispositions que nous avons faites, M. le commandant général & moi. (En effet, en ce moment, des canons avec tout leur atirail étoient placés aux portes de l'assemblée, & des patrouilles fréquentes & nombreuses circuloient dans Paris.) Un grand nombre de va gabonds infecte cette ville, a-t-il dit : on assure qu'on a répandu de l'argent parmi eux. La fermentation a été excitée dimanche dernier. Vous connoissez le malheur du lendemain. Trois hommes coupables, de vol ont été pendus par le peuple. Ils étoient saisis des pieces d'argenterie qu'ils avoient volées. Hier on a voulu renouveller les mêmes scenes. M. le commandant général a couru sur les lieux, à sauvé la vie à un malheureux en le faisant détacher de la corde. Quelqu'un a osé d're auprès de lui qu'il falloit le rependre. M. de la Fayette a arrêté ce téméraire, l'a conduit lui-même au Châtelet, & a fait voir à tous qu'il est honorable de prêter main-forte à la loi. Aujourd'hui tout est tran quile; cependant nous avons fait occuper les principaux postes. Voici une proclamation que la mu nicipalité croit devoir publier: L'administration municipale n'a pu apprendre, sans la plus vive douleur, ce qui s'est passé ces deux jours derniers. Elle ne veut point caractériser ces événemens funestes. Elle craindroit de laisser un monument honteux pour ce peuple, dont les motifs sont purs, lorsque même que ses actions sont criminelles. Un faux zele pour la justice l'égare il ignore, sans doute, ce qu'il y a d'odieux à se rendre tout à la fois partie, juge & exé |