14 frégates, 4 corvettes, 6 avisos & 4 brulots. Sans vouloir entrer dans aucun détail, on a demandé à connoître le total des dépenses nécessitées par cet armement. Les dépenses faites une fois, comme la levée, la conduite des matelots & les autres frais préexistans à tout armement, montent à 9 cents & quelques mille livres; les dépenses du mois, & par conséquent ordinaires, à un million & quelques mille livres, Le montant des dépenses du premier mois est porté à deux millions trente-six mille quarante-cinq livres. Après la lecture de la lettre de M. de la Luzerne, M. de Vaudreuil a demandé la parole, pour exposer, au nom du comité de la marine qu'il étoit du plus grand intérêt de ne pas retarder la levée des matelots, qui souffriroit les plus grandes difficultés, si elle n'ordonnoit pas que provisoirement la police des classes auroit lieu comme par le passé, sauf à l'assemblée à statuer definitivement sur la question relative au classement, ab. La motion de M. de Vaudreuil a été admise & l'assemblée a décrété que :; « Les levées de matelots pour la marine se feront provisoirement comme par le passé, conformément aux anciennes ordonnances. >> Le définitif a été ajourné, & l'augmentation de six ou douze commissaires pour adjoindre au comité de la marine, demandée par M. de Fermont, aura lieu probablement, puisque le comité con senti. y.a On a annoncé que la ville de Nismes offre la soumission de trois millions pour l'acquisition des biens nationaux. Un pareil acte est des citoyens de Nismes; mais la lettre circulaire qui a fait un instant l'espoir des mal-intentionnés, en étoitelle! Non; mais bien de ceux qui avoient intérêt à ne pas laisser vendre les biens nationaux. De pareils êtres sont couverts de honte journellement; ils sont obligés de dévorer en silence les dénonciations fortes & vigoureuses qu'on lit à toutes les séances de l'assemblée nationale. Ces Messieurs devroient bien compter leurs partisans & ceux de la révolution, avant de faire pareille équipée, & remercier la Providence d'être membres d'une nation aussi généreuse que grande. Sur la premiere lettre, l'assemblée paroissoit disposée, d'après les observations de quelques honorables membres, à renvoyer l'affaire à son comité des -rapports. M. d'André est venu réveiller l'assemblée. Il existe un fait, a-t-il dit : on démolit la citadelle de Marseille. Personne ne conteste le fait il ne s'agit donc que de savoir si on a tort ou raison d'agir ainsi. D'abord, l'opinant n'a p pas -été écouté très-favorablement, parce qu'il avoit été convenu que l'affaire seroit renvoyée au comité des rapports; mais M. Dupont est monté à la tribune: il a peint avec des couleurs vives les dangers qu'il y auroit à laisser des citoyens récalcitrer à la volonté générale, & conséquemment aux décrets de l'assemblée; il a même poussé le patriotisme jusqu'à proposer de punir la ville de Marseille. J'en appelle à M. Fréteau, qui, blâmant le fait, a dit qu'il falloit ramener à la raison des peuples égarés, & qui ne sentoient pas que cette citadelle étoit une des clefs de la France, & que nos ennemis n'agiroient point autrement. M. de Foucault a observé qu'il falloit provisoirement arrêter la démolition. M. de Cazalès a soutenu la même opinion, qui a passé à la très-grande majorité. Décret relatif à la ville de Marseille. <<< L'assemblée nationale, sur le compte qui lui a été rendu de la démolition du fort & citadelle de Saint-Nicolas de Marseille, décrete que lesdites démolitions seront sur le champ arrêtées,, 1& que M. le président se retirera, dans le jour, par-devers le roi, pour le supplier de donner tous les ordres, & prendre toutes les mesures tendantes à faire exécuter le présent décret. L'assemblée nationale ordonne que les députés extraordinaires de Marseille seront appelés & entendus à la barre demain à midi. » Pour mettre les affaires au pair, il y aura deux séances par jour jusqu'à nouvel ordre. La séance s'est levée à 3 heures. Lettre de M. Charles de Lameth à M. de la Fayette. « J'apprends, Monsieur, que sur la différence qui s'est manifestée depuis quelque tems dans nos opinions à l'assemblée nationale, & particuliérement dans la délibération relative au droit de paix & de guerre. On répand avec profusion dans Paris que j'aspire à vous remplacer dans le commandement de la garde nationale. Quelqu'éloigné que je sois de croire qu'on peut jetter les yeux sur moi, & quelque prix que je mette à toutes les distinctions qu'on peut devoir au suffrage de ses concitoyens, je me dois de déclarer que je n'en ai jamais conçu la pensée, que si cet honneur m'étoit offert, je ne l'accepterois pas. C'est sans aucune ambition, c'est & avec la ferme résolution de n'accepter jamais aucune place, que je me suis dévoué à la défense de la liberté, & que je ne cesserai de travailler pour elle jusqu'à ce que la constitution qui nous l'assure ait été achevée dans les principes suivant lesquels elle a été commencée je rougirois si rien dans ma conduite pouvoit jamais autoriser à croire que j'eusse été guidé par quelque motif d'intérêt personnel. >> J'ai l'honneur d'être avec un inviolable attatachement, MONSIEUR, Votre très-humble serviteur. Signé, CHARLES DE LAMETH. P. S. Vous trouverez simple, Monsieur, que dans un moment où je vois mes intentions attaquées par des menées obscures & des propos calomnieux, je mette à les repousser toute la publicité qui convient à mon caractere. LE HODEY DE SAULTCHEVREUIL. De l'Imprimerie du RÉDACTEUR, Place du Palais-Royal, au coin de la rue Fromenteau. |