d'avancement d'autorité et d'office, avait agi illégalement, le législateur ayant toujours considéré que la garantie la plus nécessaire de toutes consistait à faire examiner les titres des officiers à l'avancement par des commissions de généraux. Le général André, ministre de la guerre, se défendit d'avoir agi illégalement et déclara qu'il avait modifié certains décrets dans la plénitude de son droit. Il reconnut avoir établi les tableaux d'avancement lui-même, mais ajouta qu'il avait procédé avec toute l'impartialité désirable. Le Sénat vota un ordre du jour présenté par M. Bonnefoy-Sibour, sénateur radical du Gard, « approuvent les «< déclarations du ministre de la guerre », par 169 voix contre 72. Le Sénat consacra les séances des 3, 4, 6 et 7 mars à discuter et à voter en première délibération le projet de loi sur la marine marchande. Une seconde délibération eut lieu le 13 mars et le projet fut, ce jour-là, définitivement adopté. Il modifiait le texte de la Chambre sur les points suivants : la loi ne devait avoir que dix ans d'application, le montant total des sacrifices de l'Etat en faveur de la marine marchande ne devait pas dépasser annuellement 200 millions de francs, dont 150 millions pour la compensation d'armement et les primes à la navigation, et 50 millions pour les primes à la construction. Le 28 mars (séance du matin), le Sénat examina le projet de loi sur les circonscriptions électorales voté par la Chambre. Il maintint, par 152 voix contre 121, le sectionnement fantaisiste adopté par la Chambre pour l'arrondissement de Tournon, mais, à la demande même du gouvernement, il disjoignit, par 160 voix contre 118, la proposition d'extension du mandat de député à six années, votée par la Chambre. Il adopta ensuite, avec une modification de texte, la proposition de loi votée par la Chambre pour la répression des fraudes électorales. La Chambre ratifia, le même jour (28 mars), les modifications introduites par le Sénat dans ces deux projets de loi. Le Sénat refusa, le 29 mars, de passer à la discussion des articles de la proposition de loi votée par la Chambre pour réglementer l'affichage électoral. La proposition de loi sur la corruption électorale, votée par la Chambre le 29 mars, ne put pas venir en discussion devant le Sénat en temps utile, la Chambre s'étant séparée dans la nuit du 29 au 30 mars, après le vote définitif du budget de 1902, et le Sénat n'ayant tenu séance le dimanche 30 mars que pour s'ajourner au 3 juin. Au moment où, à cinq heures du matin, le 30 mars, le budget étant voté, la Chambre des députés se sépara ayant accompli les quatre années de son mandat, M. Paul Deschanel, Président de la Chambre, prononça l'allocution suivante : Mes chers collègues, Pendant les quatre années de la législature qui s'achève, notre tâche a été souvent très lourde. Souhaitons à nos successeurs d'en avoir une plus légère, ou de trouver par d'autres méthodes un moyen de la rendre moins pesante. (Très bien! très bien !) Il semblerait, en effet, difficile à une assemblée de tenir des séances plus longues et plus multipliées que n'ont été les nôtres. (Très bien! très bien!) Sans doute il ne nous convient pas d'apprécier notre œuvre au moment où le pays va la juger. Mais nous pouvons bien constater que jamais nous n'avons refusé notre temps à aucun des problèmes qui nous étaient soumis. Puisse le suffrage universel affermir, en l'améliorant, le régime de discussion! Le pouvoir personnel nous a coûté trop cher depuis un siècle pour que nous soyons tentés d'en recommencer l'épreuve. (Vifs applaudissements.) Et puisse, en même temps, la France défendre avec une égale énergie les forces indispensables à son indépendance et à sa grandeur, les armées de terre et de mer, gardiennes du territoire, de la Constitution et des lois, et le drapeau, symbole de ses gloires séculaires et de son unité. (Applaudissements.) Ce grand peuple, profondément républicain et ardemment patriote, brûlant d'un amour filial pour la révolution française (très bien ! très bien!), saura maintenir à la fois les institutions libres, ramenées à leurs vrais principes et délivrées des abus qui les compromettent (applaudissements), l'idée nationale avec ses instruments nécessaires de défense et de salut, la République, ouvrière de progrès démocratique et de justice sociale. (Vifs applaudissements.) C'est sur ce discours que se termina la législature 1898-1902. La Chambre à élire au mois d'avril et mai 1902 devait se réunir constitutionnellement le dimanche 1er juin. Un Congrès socialiste indépendant, composé en majorité de socialistes ministériels, amis de MM. Millerand et Jaurès, se tint à Tours du 2 au 5 mars. Avant de clôturer ses travaux, il adopta un programme qu'on trouvera aux annexes du présent volume. Le 5 mars fut signée à Bruxelles une convention adoptée par la Conférence internationale des sucres, composée de représentants de toutes les puissances intéressées à cette importante question. Aux termes de cette convention en 12 articles, les puissances signataires s'engageaient à supprimer, à dater de la mise en vigueur de ladite convention, les primes directes ou indirectes dont bénéficieraient la production ou l'exportation des sucres et à ne pas établir de primes de l'espèce pendant toute la durée de la convention, durée fixée à cinq ans. AVRIL-MAI Grèves provoquées par l'application de la loi 31 mars 1900 sur la limitation à 10 heures 1/2 du travail des enfants, des femmes et des adultes dans les établissements industriels. Congrès des ouvriers << jaunes » à Saint-Mandé. Session des Conseils généraux. Campagne électorale Discours de M. Ribot à Marseille, le 3 mars. Discours de M. Poincaré à Rouen, le 9 mars. · Disccurs de -- M. Paul Deschanel à Nogent-le-Rotrou, de M. Frank-Chauveau à Amiens. Conférences de l'Alliance des républicains progressistes. Propagande de l'Action libérale, présidée par M. Jacques Piou. Campagne de la Ligue de la Patrie Française. Programme développé par son Président, M. Jules Lemaître. Discours de M. Louis Barthou à Oloron. Manifeste de l'Alliance républicaine démocratique. Incident Dauzon à Agen. Déclaration de M. Jules Lemaître concernant une lettre du général de Galliffet. « Le Ministère de l'Etranger. » de Elections générales législatives. Résultats des deux tours scrutin. Polémiques de presse sur l'orientation de la politique. Discours de M. le Président de la République à Brest. Décision prise par M. Waldeck-Rousseau, Président du Conseil, Terrible catastrophe à la Martinique, Election sénatoriale partielle dans le département du Var. Le 1er avril 1902 marqua la date à laquelle, en vertu des dispositions de la loi du 31 mars 1900 sur le travail des enfants, des filles mineures et des femmes dans les |