Bellini: sa vie, ses œuvres

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L. Hachette & cie, 1868 - 232 pages
 

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Page 15 - Mon beau voyage encore est si loin de sa fin! Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin J'ai passé les premiers à peine. Au banquet de la vie à peine commencé, Un instant seulement mes lèvres ont pressé La coupe en mes mains encor pleine.
Page 102 - Poète, prends ton luth ; c'est moi, ton immortelle, Qui t'ai vu cette nuit triste et silencieux, Et qui, comme un oiseau que sa couvée appelle, Pour pleurer avec toi descends du haut des cieux.
Page 166 - Au banquet de la vie, infortuné convive, J'apparus un jour, et je meurs; Je meurs, et sur ma tombe, où lentement j'arrive Nul ne viendra verser des pleurs.
Page 102 - Qui t'ai vu cette nuit triste et silencieux, Et qui, comme un oiseau que sa couvée appelle, Pour pleurer avec toi descends du haut des cieux. Viens, tu souffres, ami. Quelque ennui solitaire Te ronge ; quelque chose a gémi dans ton cœur ; Quelque amour t'est venu, comme on en voit sur terre, Une ombre de plaisir, un semblant de bonheur. Viens, chantons devant Dieu ; chantons dans tes pensées, Dans tes plaisirs perdus, dans tes peines passées ; Partons, dans un baiser, pour un monde inconnu.
Page 7 - C'est un préjugé de croire que le génie doit mourir de bonne heure. Je crois qu'on a assigné l'espace compris entre trente et trente-cinq ans, comme l'époque la plus pernicieuse pour le génie. Que de fois j'ai plaisanté et taquiné à ce sujet le pauvre Bellini, en lui prédisant qu'en sa qualité de génie, il devait mourir bientôt, parce qu'il atteignait l'âge critique ! Chose étrange ! malgré notre ton de gaieté, cette prophétie lui faisait éprouver un trouble involontaire: il m'appelait...
Page 8 - ... et ne manquait jamais de faire le signe conjurateur ... Il avait tant envie de vivre! Le mot de mort excitait en lui un délire d'aversion: il ne voulait pas entendre parler de mourir; il en avait peur comme un enfant qui craint de dormir dans l'obscurité . . . C'était un bon et aimable enfant, un peu suffisant parfois; mais on n'avait qu'à le menacer de sa mort prochaine pour lui rendre...
Page 168 - Ah ! combien, depuis peu, sont partis pleins de vie, Sous les cyprès anciens que de saules nouveaux ! La cendre de Robert à peine refroidie, Bellini tombe et meurt ! — Une lente agonie Traîne Carrel sanglant à l'éternel repos.
Page 11 - ... même degré par les femmes. La figure de Bellini, comme toute sa personne, avait cette fraîcheur physique, cette fleur de carnation, cette couleur rose qui me fait une impression désagréable, à moi qui préfère la couleur de mort ou de marbre. Ce ne fut que plus tard, après des relations plus fréquentes, que je ressentis pour lui un penchant réel.
Page 212 - Rossini, mais qui vous remuent profondément, parce qu'ils sont une émanation réelle de l'âme et non pas le produit de l'artifice. Né dans une contrée bienheureuse , l'oreille enchantée dès l'enfance par les mélodies plaintives que redisent depuis des siècles les pâtres de la Sicile ; le cœur rempli de cette mélancolie sereine que vous inspirent, dans les pays aimés du soleil, les grandes ombres du soir et l'horizon infini de la mer : mélancolie dont on trouve déjà l'expression dans...
Page 11 - Cela vint surtout quand j'eus remarqué que 15 son caractère était tout à fait bon et noble. Son âme est certainement restée sans souillure, au milieu des indignes contacts de la vie. Il n'était pas non plus dépourvu de cette bonhomie naïve et enfantine qu'on est toujours sûr de rencontrer chez les hommes de génie, quoiqu'il ne la laissât pas voir au premier venu.

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