Il s'emploie figurément, pour dire, Exciter par des regards, par des manières attrayantes. (C'est une coquette qui agace tout le monde.) AGACE, EE. participe. ( Avoir les dents agacées. C'est un homme froid qui n'a d'efprit que quand il eft agacé.) AGACERIE. I. f. Terme par lequel on exprime les petites chofes que dit ou que fait une femme, & les petites manières dont elle fe fert pour s'attirer l'attention de quelqu'un qui ne lui déplait pas. (II paroît qu'elle a quelque deffein fur lui, elle lui fait des agaceries continuelles.) AGALLOCUM, f. ou bois d'Aloès. AGAPES, 1. f. C'eft le nom de ces repas que les premiers Chrétiens faifoient dans les Eglifes, & qui ont été abolis, à caufe des abus qui s'y étoient gliffés dans la fuite des temps. (Les Agapes des anciens Chrétiens.) AGAPETES. f. f. pl. Nom qu'on donnoit dans la primitive Eglife à des filles qui vivoient en communauté fans faire de vœux. AGARIC. f. m. Plante purgative de la nature du champignon, & qui s'attache au tronc des arbres. (Agaric de chêne.) AGATE. f. f. Pierre de la nature du caillou; elle eft fort dure & prend parfaitement le poli; elle donne des étincelles lorfqu'on la frappe avec de Facier, & varie pour les couleurs, les veines & les accidens qui s'y trouvent. Les agates les plus eftimées font celles qui viennent d'Orient. Les agates arborífées ou herborifées font celles dans lesquelles on remarque des accidens femblables à des arbriffeaux, des buiffons, ou des rameaux qui ont été formés par la nature dans l'intérieur de ces pierres. (Agate d'Orient. Agate Orientale. Agateonyx. Agate commune. Agate de Bohême. Vafe d'agate. Cachet d'agate. Agate bien gravee. Agate curieufe. Une tête d'Alexandre d'agate. Une tête de Céfar fur une agate.) On dit, Une agate d'Alexandre. Une agate d'Augufte, &c. pour dire, Une repréfentation de la tête d'Alexandre, de la tête d'Augufte en agate. Et généralement on appelle Agates, toutes les repréfentations de quelque chofe que ce foit en agate. (Les agates du Roi. Un beau cabinet d'agates.) AGATI, f. ou arbres des battus. AGE AGE. f. m. (l'A eft long, La durée ordinaire de la vie. ( L'âge de l'homme ne paffe pas communément quatre-vingts ans. Les Anciens ont dit que les Corneilles vivent trois âges d'hommes. L'âge des chevaux n'eft guère que de trente ans. Cet homme-là n'a pas vécu áge d'homme.) ÂGE D'HOMME, fignifie, L'âge viril. (Quand cet enfant fera parvenu à l'âge d'homme.) AGE, fe dit auffi de tous les différens degrés de la vie de l'homme. (Bâs âge. Age tendre. Jeune âge. Age de raifon. Age de difcrétion. Age nubile. Age mûr. Age viril. Age avancé. Âge caduc. Âge décrépit. À la fleur de l'âge. Sur le déclin de l'age. Avoir atteint certain âge. Une femme hors d'âge d'avoir des en fans. La vigueur de l'âge. La caducité de l'âge.) En parlant des chemifes & des fouliers qu'on donne aux petits enfans, on dit, (Des chemifes du premier âge. Des fouliers du premier âge.) AGE, fignifie auffi, Le temps qu'il y a qu'on eft en vie. (Long âge. Grand age. A l'âge de trente ans. Il eft de mon âge. Y AGE, fe dit auffi par relation à divers temps marqués par les loix, pour certai nes fonctions de la fociété civile. Ainfi on dit d'une fille qui n'eft pas encore nubile, qu'(On ne la peut pas marier, parce qu'elle n'eft pas en áge.) D'un jeune homme qui ne peut pas difpofer de fon bien, parce qu'il n'eft pas majeur, (Qu'il n'eft pas en âge, qu'il n'a pas encore l'age, qu'il n'a pas atteint l'âge.) On appelle, Lettres de bénéfice d'âge, de difpenfe d'âge, Des Lettres par lesquelles le Prince accorde à quelqu'un le privilége de poliéder quelque Charge, quoiqu'il n'ait pas encore l'age prefcrit par les loix. AGE, fe prend abfolument pour Vieilleffe, pour un âge fort avancé. ( C'est un homme d'âge. Etre fur l'age.) Oa dit, qu'un homme eft entre deux âges, , pour dire, qu'il n'eft ni jeune ni vieux. AGE, dans la fignification du temps & du cours de la vie, , fe dit aufli des ani maux. (Quel âge a ce chien ? Quel áge a ce cheval?) On dit, qu'Un cheval eft hors d'âge, pour dire, qu'il n'a plus les marques par lefquelles on connoit l'âge des che vaux. Et on dit proverbialement & baffement, que l'Age n'eft fait que pour les Chevaux, pour dire, qu'il y a de l'indifcrétion à parler d'âge devant des perfonnes qui ne font plus jeunes. Et cela fe dit encore pour marquer qu'il ne faut pas prendre garde à l'âge des hommes, mais à leur fanté. AGE, fe dit auffi, Du temps auquel les chofes dont on parle, font, ou ont été : & en ce fensil ne fe dit qu'avec le pronom perfonnel. (Merveilles de notre âge. Il fut l'ornement de fon âge.) AGE, en terme de Chronologie, fignifie Un certain nombre de fiecles. (Le monde eft divifé en plufieurs âges. Le premier âge du monde eft depuis la création du monde jufqu'au Déluge : & le fecond depuis le Déluge jufqu'à la vocation d'Abraham. ) On appelle auffi L'âge du monde, La durée du monde, le temps qui s'eft écoulé depuis que le monde eft créé. (Le Déluge arriva en telle année de l'âge du monde.) Les Poëtes appellent Les quatre âges du monde, Quatre différens efpaces de temps, dont le premier eft l'âge d'or, le fecond l'âge d'argent, le troific me l'age d'airain, & le quatriéme l'âge de fer. On appelle figurément L'age d'or, Un temps heureux; & l'âge de fer, Un temps dur, un temps de guerre, de calamités, de crimes. renouvellée. (Par l'Épacte on connoît l'age de la Lune.) AGE, ÉE. adj. Qui a un certain âge, un certain nombre d'années. (Un hom me âgé de trente ans. Une fille âgée de vingt ans. Il n'eft pas fi âgé que vous. Elle eft plus ágée que lui.) Quand Age eft mis tout feul fans rien qui fuive, il fignifie, Qui a beaucoup d'âge. (Il y a long-temps que je le connois, il eit âgé. C'est une femme déjà âgée.) AGENCE. f. f. La charge, l'emploi d'Agent. (Il a été nommé à l'agence du Clerge. Durant le temps de fon agence." Durant fon agence. ). AGENCEMENT. f. m. Manière d'arranger, de mettre en ordre. (L'agencement fait valoir les petites choles.) AGENCEMENT, en Peinture, eft l'enchainement des groupes dans une compofition. C'eft auffi la liaifon des figures d'un même groupe. AGENCER. v. a. Ajufter, accommoder, arranger. Il ne fe dit guère qu'en parlant de petites chofes accommodées ou rargées avec foin. (Il s'entend à agencer de petites chofes. Il a affez bien agencé, affez mat agencé tout cela. ) Ileft du ftyle familier. AGENCE, EE. participe. AGENDA. f. m. (mot emprunté du Latin.) Mémoire des chofes qu'on a à faire. (li fait tous les matins un agenda des chofes qu'il fe propofe de faire le rette du jour.) Il fe dit auffi d'un petit livret deftiné pour y écrire les choles qu'on a à faire. (Acheter un agenda. Agenda garni d'or. Mettez cela fur votre agenda. Ecrivez cela fur votre agenda. ) AGENOUILLER, SAGENOUILLER, v. récipr. Se mettre à genoux. (S'agenouiller à l'Eglife. On fit agenouiller tout le monde. Les Chameaux & les Eléphans s'agenouillent.) AGENT. f. m. Terme dont on fe fert en Philofophie pour exprimer tout ce qui agit, tout ce qui opère. (Agent naturel. Agent furnaturel. Le feu cft le plus puiffant de tous les agens naturels.) Il fe dit par oppofition à Patient. Ainfi on dit, L'agent & le patient, pour fignifier, La caufe qui opère & le fujet fur lequel elle opère, AGENT, fe dit auffi de celui qui fait les affaires d'un Prince dans la Cour d'un autre Prince, fans caractère public. (L'Agent d'un tel Prince. Les Princes qui entretiennent des Agens dans une Cour étrangère. Agent des Suifies.) On appelle Agens du Clergé, Les deux Eccléfiaftiques du fecond Ordre, choifis pour avoir foin des affaires du Clergé, par les deux Provinces Eccléfiaf. tiques qui font en droit de les nommer. (Les deux Agens du Clergé. Le Clergé ayant été averti par fes Agens.) On appelle Agent de change & de banque, Celui dont l'emploi eft de s'entremettre entre les Marchands, Négocians & Banquiers, pour faciliter entre cux le commerce de l'argent, des lettres & des billets de change. AGG En termes d'Aftronomie, on dit, L'âge de la Lune, pour dire, Le temps qui s'est écoulé depuis que la Lune cft | AGGLUTINATIF, adj. m. Terme de 1 Chirurgie. (Emplâtre agglutinatif;) il procure la réunion des plaies. AGGRAVANT, ANTÈ. adj. Qui rend plus grief. Il n'a guère d'ufage qu'en cette phrafe: Circonstance aggravante. AGGRAVE. f. m. La feconde fulmination folennelle d'un Monitoire à chandelles éteintes, après trois publications du même Monitoire, pour avoir ré vélation de quelque cas, avec menace de fulminer les dernières cenfures de l'Eglife fur ceux qui en favent quelque chole, & qui ne veulent rien révéler. (Faire fulminer un aggrave.) AGGRAVER. v. a. Rendre plus grief. (Les circonstances aggravent le crime.) AGGRAVÉ, ÉE. participe. AGI AGIAU. f. m. Dans l'art de travailler Les Cuirs dorés, c'eft une espèce de pupitre où eft pofé le livret qui contient les feuilles d'or. AGILE. adj. de t. g. Léger & difpos, qui a une grande facilité à agir, à fe mouvoir. Un homme extrêmement agile. Le Tigre, le Singe, le Chat font des animaux fort agiles.) AGILEMENT. adv. Avec agilité. (II monte à cheval & voltige fort agilement.) AGILITÉ. f. f. Légéreté, grande facilité à fe mouvoir. (Sauter avec agilité.) AGIO. f.m. Terme de change & de banque, qui fe dit de l'excédent qu'on prend fur une certaine fomme, pour le dédommager de la perte qu'il pourroit y avoir à faire. AGIOGRAPHE, f. m. Terme compofé de deux mots grecs. Il fignifie Auteur de vies des Saints. AGIOTAGE. f. m. On appelle ainfi le profit ufuraire & exceflif qu'on prend pour convertir en argent comptant quelque promeffe, quelque billet, quelque refcription. (Les ufuriers fe font enrichis à l'agiotage depuis quelque temps. Il a bien gagné à l'agiotage.) AGIOTER. v. n. Faire l'agiotage. (II s'eft enrichi à agioter.). AGIOTEUR. f. m. Celui qui fait l'agiotage. (C'eft un agioteur bien connu.) AGIR. v. n. Faire quelque chofe. ('Il n'eft jamais fans agir.) Il fignifie auffi, Opérer, produire quelque effet faire quelque impreffion. (C'est un remède qui agit puiffamment. Le feu agit fur tous les métaux. Les Philofophes prétendent que les Planetes agiffent les unes fur les autres. L'éloquence agit fur les efprits. L'exemple des fupérieurs agit fortement fur les inférieurs.) AGIR, fignifie auffi, Négocier, s'employer en quelque affaire. (Il agit à la Cour pour les intérêts de fa Province. Il a tout pouvoir d'agir. Je vous prie d'agir pour moi.) Il fignifie auffi, Se conduire, fe comporter. (Agir en homme d'honneur. Agir en homme d'efprit. C'eft mal agir. Ce n'eft pas bien agir.) Il fignifie auffi, Pourfuivre en Juftice. (Agir criminellement. Agir civilement. Il a été obligé d'agir contre fon Tuteur.) AGIR,S'emploie auffi imperfonnellement, & alors il fert à marquer de quoi il est queftion. (Il s'agit de favoir. Il s'agiffoit de choisir entre l'un ou l'autre. Quand il s'agita de votre fervice. De quoi s'agitill s'agit du falut de l'État. ) AGISSANT, ANTE. adj. Qui agit, qui fe donne beaucoup de mouvement. (Un homme extrêmement agissant. Une femme fort agiffante.) Il fignifie auffi, Qui agit, qui opère avec force, avec efficace. (Pour rendre ce remède plus agiffint. La poudre eft moins agiflante quand elle eft humide, quand elle eft écrafee. L'eau forte & l'eau régale font bien plus agiffantes quand elles font mêlées enfemble, que quand elles font feparées.) AGITATION. f. f. Ébranlement, fecouement. (L'agitation du vaiffeau étoit fi violente. Il ne fauroit fouffrir l'agitation du cheval. L'agitation du carroffe lui fait mal. L'agitation de la mer. L'agitation des flots. L'agitation des efprits.) Il fe dit figurément du trouble que les paffions caufent dans l'ame. (Être dans une grande agitation d'efprit. L'amour, la haine, le défir, la crainte caufent différentes agitations dans l'ame.) AGITER. v. a. Ébranler, fecouer, pouf fer & repouffer de côté & d'autre. (Les vents agitent la mer.. Les vagues agitent le vaiffeau. Le vent agitoit à peine les feuilles des arbres. ) du' On dit, qu'Un malade s'agite continuellement, pour dire, qu'll eft dans un mouvement continuel qu'il fe tourmente fans ceffe. On dit auffi, qu'Un cheval s'agite, pour dire, qu'll fe remue avec trop d'ardeur. AGITER, eft auffi v. réciproque. Et dans cette acception il fe dit au propre, mouvement qui arrive à la mer & aux flots. (La mer commençoit à s'agiter. Les flots s'agitoient violemment.) AGITER, fe dit figurément en parlant de differentes paffions qui ont accou. tumé de troubler l'efprit de l'homme. (Les paffions qui agitent l'homme. Le défir & la crainte font les paffions qui nous agitent le plus. La colère l'agite. Cela lui agite fans ceffe l'efprit.) Il fe dit aufli figurément en parlant de différentes queftions qu'on propofe à examiner, & fignifie, Discuter de part & d'autre. (Agiter une queftion. On agita long-temps cette affaire. ) Il s'emploie auffi au réciproque dans le figuré, & fignifie, Être difcuté de part & d'autre. (L'affemblée dura long-temps. & il s'y agita une queftion importante. Les queftions qui s'y agitèrent. ) AGITE, EE. participe. AGN AGNAT. f. m. Terme de Droit. On appelle agnats les collatéraux defcendans par mâles d'une même fouche mafculine. AGNATION. f. f. Qualité des Agnats. AGNATIQUE. Qui appartient aux Agnats. (Ligne agnatique.) AGNEAU. f. m. Le petit d'une brebis. (Le G fe prononce mouillé ici, & dans les fix articles fuivans.) (Agneau de lait. Agneau tardif. Manger de l'agneau. Quartier d'agneau. ) On appelle l'Agneau pafcal, l'agneau que les Juifs mangeoient à la fête de Pâque. On dit d'une perfonne d'humeur fore douce, qu'Eile eft douce comme un agneau, que c'est un agneau. Et cela fe ait même de quelques animaux, comme du chien, du cheval. (Ce cheval eft doux comme un agneau. C'eft un agneau.) AGNELER. v. n. Il fe dit de la brebis qui met bas. (Une brebis prête à agneler.) AGNELET. f. m. diminutif. Petit agneau. Il eft vieux. AGNELIN. f. m. Laine que l'on tire des peaux d'agneaux. AGNELS. I. m. Efpèce de monnoie qui a eu cours en France fous plufieurs Rois. AGNÈS. f. f. On appelle ainfi une jeune fille très-innocente. (C'eft une Agnès. Elle fait l'Agnès. ) AGNUS. f. m. On appelle ainfi une cire bénite par le Pape, fur laquelle eft imprimée la figure d'un agneau. On donne auffi le même nom à de petites images de piété ornées de broderie, & faites pour les enfans. (Un bel agnus. On donne des agnus aux petits Écoliers qui difent bien leur leçon.) AGNUS-CASTUS, ou VITEX. f. m. Arbufte dont les branches font pliantes comme celles de l'ofier. Sa femence eft très-rafraîchiffante, elle adoucit l'âcreté des humeurs, & tempère l'ardeur du fang. AGO AGONIE. f. f. Le dernier combat de la nature contre la mort. Il ne fe dit qu'en parlant de l'homme. (Etre à l'agonie. Une longue agonie. Une agonie douloureuse. Dans une longue agonie il conferva toujours le jugement. Il y a des agonies plus douloureufes les unes que les autres.) Il fe dit figurément, pour fignifier une extrême angoiffe, une grande peine d'efprit. (Depuis que fon procès eft fur le bureau, il eft dans de continuelles agonies.) En parlant de l'état douloureux ou Notre-Seigneur fe trouva au Jardin des olives, on dit, (L'agonie de Notre-Seigneur au Jardin des olives.) AGONISANT, ANTE. adj. Qui eft á l'agonie. (Je l'ai laiffé agonifant. Elle étoit agonifante.) Il eft auffi fubftantif. (Prier pour les agonifans. La Confrérie des agonisans. Dire les prières des agonifans.) AGONISER. v. n. Etre à l'agonie. (Il agonife. On l'a laiffé qu'il agonifoit.) AĜONOSTIQUE.adj. Partie de la Gymnaftique chez les anciens, qui avoit rapport aux combats. AGONOTHETE. f. m. Officier qui préfidoit chez les Grecs aux jeux facrés. (Le Tribunal des Agonothetes diftribuoit les couronnes aux vainqueurs.) AGR AGRAFE. f. f. Sorte de crochet qui passe dans un anneau qu'on appelle porte, & qui fert à attacher enfemble différentes chofes. (Agrafe d'or. Agrafe d'argent. Agrafe de diamans.) On appelle La porte de l'agrafe, La petite ouverture dans laquelle on passe le crochet d'une agrafe. On appelle Agrafe de diamans, une agrafe enrichie de diamans. AGRAFER. v. a. Attacher avec une agrafe. (Agrafer une robe.) AGRAFÉ, ÉE. participe. AGRAIRE. adj. de t. g. Nom que la Jurifprudence & l'Hiftoire Romaine donnent aux loix qui avoient pour objet la diftribution des terres conquifes entre les Citoyens ou les Soldats. (Loix Agraires.) AGRANDIR. v. a. Accroître, rendre plus grand, plus étendu. (Agrandir une maifon, un jardin. Il a agrandi fon parc de tant d'arpens. Cette ouverture eft trop petite, il la faut agrandir. Ce Prince a fort agrandi fes États.) Il fignifie figurément, Rendre plus grand en biens, en dignité, en fortune. Les Princes agrandiffent qui il leur plaît. AGRANDIR, avec le pronom perfonnel, fe dit de celui qui augmente fa terre, fon héritage, qui lui donne plus d'étendue. (Il s'eft bien agrandi de ce côté-là.) AGRANDI, IE. participe. AGRANDISSEMENT. f. m. Accroiffement, augmentation. (L'agrandiffement de fon parc eft de deux cents arpens. On a abattu ces maisons pour l'agrandiffement de la Place.) Il fe dit figurément de l'augmentation & de l'accroissement en biens, en fortune. (Il travaille pour l'agrandiffement de fa famille, pour l'agrandiffement de fes enfans. L'agrandillement de cette maifon vient d'un tel Prince.) AGRÉABLE. adj. Qui plaît. (Une perfonne agréable. Conversation agréable. Maison agréable. Demeure, jardin fort agréable. Campagne agréable. Si cela vous eft agréable. Il a l'abord agréable, la phyfionomie agréable. Il eft agréable de vivre avec fes amis. C'eft un homme très-agréable en compagnie.) Il s'emploie quelquefois fubftantivement. (Il ne faut pas facrifier l'utile à l'agréable.) Et dans cette acception on dit qu'Un homme fait l'agréable, que c'eft un agréable, pour dire, qu'll croit être agréable, & qu'il affecte de paffer pour tel. Et qu'Un homme fait l'agréable auprès d'une femme, pour dire, qu'll s'attache à lui faire la cour, qu'il cherche à lui plaire. On dit, Avoir pour agréable, pour dire, Agreer. AGRÉABLEMENT. adv. D'aune manière agréable. (Il reçut cela fort agréable. ment. Il parle agréablement. Il eft agréa blement à la Cour. Il eft agréablement logé,) AGRÉÉR. v. a. Recevoir favorablement. (Dieu agrée nos offrandes, nos prières. Agréer le fervice de quelqu'un. Il a agréé la propofition que je lui ai faite. ) Il fignifie auffi, Trouver bon. (Agréez que je vous dife.) On dit en parlant d'un Officier qui a traité d'une Charge dans la Maifon du Roi, dans les Troupes, ou dans la Robe, que Le Roi l'a agréé, pour dire, Que le Roi trouve bon qu'il entre dans la Charge dont il a traité. (Il avoit acheté une belle Charge, mais le Roi ne l'a pas agréé. Il n'a pu fe faire agréer.) On dit proverbialement, que Quand on doit, il faut payer, ou agréer, pour dire, qu'Il faut donner de l'argent à fon créancier, ou des sûretés dont il foit content. AGREER, eft auffi neutre, & fignifie, Plaire, être au gré. (Cela ne m'agrée pas. Son fervice, fa perfonne n'agrée pas au maitre.) AGREE, ÉE. participe. AGREER. v. a. Terme de Marine. Équiper un vaiffeau de voiles, de cordages, & de tout ce qui eft néceffaire pour le mettre en état de naviguer. ( On a envoyé ordre d'agréer un tel vaiffeau. ) AGREEUR. f. m. Terme de marine. Celui qui fournit les agrès d'un vaiffeau. AGREGAT. f. m. Terme didactique. Affemblage. AGREGATION. f. f. Affociation dans un Corps, dans une Compagnie. (Let tres d'agrégation. On s'est opposé à son agrégation.) En termes de Philofophie, on appelle Corps par agrégation, Un corps qui n'eft formé que de l'amas de plufieurs chofes qui n'ont point entr'elles de liaison naturelle. AGREGATION, en Chimie, eft l'affemblage ou l'union d'un affez grand nombre de parties homogènes pour former un corps fenfible. AGRÉGER. v. a. Affocier quelqu'un à un Corps, à une Compagnie, pour jouir des mêmes honneurs, des mêmes prérogatives que ceux qui en font. (La Faculté de Droit l'a agrégé. La Faculté de Médecine a voulu agréger un tel à fon Corps. Il n'étoit pas du Corps, mais on l'y a agrégé. ) AGREGE, EE. participe. On appelle fubftantivement Agrégé, un Docteur en Droit, dont la principale fonction eft d'affifter aux Thefes & aux examens de Droit. (Les Agrégés en Droit, ou fimplement Les Agréges.) AGREMENT. f. m. Approbation, confentement. Il a obtenu l'agrément du Roi pour cette Charge. La mère a donné fon agrément pour ce mariage. Il ne veut rien faire fans l'agrément de fa Compagnie. Il ne fauroit difpofer de cette mailon qu'avec mon agrément.) Il fignifie auffi, Qualité par laquelle on plaît. (Cette femme n'eft pas helle, mais elle a beaucoup d'agrément. Cette maison n'eft pas régulièrement bâtie, mais elle a de grands agrémens. La folitude a fes agrémens. Il n'y a nul agrément dans cette pièce, dans cet ouvrage. Cet homme eft grand & affez bien fait, mais il a l'air contraint, & il n'a nul agrément.) Il fignifie encore, Avantage, plaifir, fujet de fatisfaction. (Cette perfonne a raifon de demeurer à la Cour, elle y a de très-grands 'agrémens, elle y trou ve de grands agrémens. Cet homme trouve de grands agrémens dans fa famille, dans fa profeffion, dans fa charge, dans la Compagnie dont il eft. Il ne trouve aucun agrement dans fa Province. Il eft eftimé dans les Troupes, & il y fert avec agrément.) On appelle auffi Agrémens, Certains ornemens qu'on met fur les habits. (Votre habit eft trop uni, il auroit befoin de quelques agrémens.) On appelle auffi Agrémens, certains divertiffemens de mufique ou de danse, que l'on joint à des pièces de théâtre. | (Cette pièce n'a réussi que par les agrémens.) On appelle encore Agrémens, dans la mufique, foit vocale, foit inftrumentale, tout ce qui eft capable de rendre un chant plus agréable. AGRES. f. m. pl. Terme de Marine.Voi les, cordages, poulies, & tout ce qui eft nécefiaire pour mettre un vaisseau en état de naviguer. (Le vaiffeau a tous fes agrès.) AGRESSEUR. f. m. Celui qui attaque le premier. (L'agreffeur a toujours tort. II faut favoir lequel des deux eft l'agresfeur.) AGRESSION. f. f. Action de celui qui a été le premier à attaquer. Il ne fe dit guère qu'en terme de Pratique, & dans cette phrafe: (Il y a preuve d'agreffion de fa part.) AGRESTE. adj. de t. g. Ruftique, fauvage, champêtre. (Fruit agrefte.) Il eft plus d'ufage au figuré. (Humeur agrefte, mœurs agreftes.) AGRICULTURE. f. f. L'art de cultiver la terre. (Cet homme aime l'agriculture, entend bien l'agriculture. Traité d'agriculture.) AGRIE f. f. Efpèce de dartre qui corrode la peau, & fait tomber le poil. AGRIFFER, S'AGRIFFER. v. récipr. S'attacher avec les griffes. (Le chat s'agriffa à la tapifferie.) AGRIFFÉ, EE. participe. AGRIOPHAGE. f. m. Qui vit de bêtes fauvages. AGRIPAUME. f. f. Plante qu'on nomme auffi Cardiaque, parce qu'on la croit bonne dans les palpitations & autres ma ladies du cœur. AGRIPPER. v. a. Prendre, faifir avidement. (Elle aggrippe tout ce qu'elle voit.) Il eft bas. AGRIPPE, ÉE. participe. AGU AGUERRIR. v. a. Accoutumer à la guer re, aux fatigues, aux fonctions de la guerre. (Ce Général a aguerri fes troupes en une feule campagne. Depuis ce fiege les troupes étoient tout aguerries.) Il fignifie figurément, Accoutumer quelqu'un à quelque chofe qui paroît pénible dans le commencement. ( Il a peine à s'accoutumer à la raillerie, il faut l'y aguerrir. Il faut l'aguerrir.) Il eft auffi réciproque dans le propre & dans le figuré. (Ces troupes fe font aguerries. Il n'eft pas fait au grand mon de, il s'y aguerrira avec le temps.) AGUERRI, IE. participe. AGUET. f. m. Il n'a d'ufage qu'au pluriel, & dans ces phrases: Etre aux aguets, fe tenir aux aguets, pour dire, Epier, obferver le temps, l'occafion; être aux écoutes, foit pour furprendre quelqu'un, foit pour éviter d'être furpris. (Il étoit aux aguets pour prendre fes avantages. ) On dit auffi dans le même fens, Mettre aux aguets. ( Le Prévôt a mis des gens aux aguets pour se saisir d'un tel voleur.) A H AH. Interjection qui fert à marquer la joie, la douleur, l'admiration, l'amour, &c. fuivant la différence des sujets (Ah! que je fuis aife de vous voir ! Ah! que vous me faites plaifir! Ah! vous me faites mal. Ah! que cela eft beau!) AHAN. f. m. Peine de corps, grand effort, tel qu'eft celui que font ceux qui fendent du bois, ou qui lèvent quelque pefant fardeau. C'eft un de ces mots qui fe forment du fon de la chofe qu'ils fignifient. (Suer d'ahan.) Il est bas. AHANER. v. n. Avoir bien de la peine en faisant quelque chofe. (Il a bien ahané avant que de venir à bout de ce travail, de cette affaire.) Il est bas. AHEURTEMENT. f. m. Obftination, attachement opiniâtre à un fentiment, à un avis. (C'est un étrange aheurtement que le fien.) AHEURTER, S'AHEURTER. v. récipr. S'opiniâtrer, s'obstiner. ( S'aheurter à un fentiment, à une opinion. Il s'aheurte à cela contre l'avis de tous fes parens. S'aheurter à faire quelque chofe. C'eft un homme qui s'aheurte tellement 'à ce qu'il s'eft mis une fois dans la tête, qu'on ne le fait jamais revenir.) AHEURTE, EE. participe. (C'eft un homme aheurté à fon opinion.) AHI, exclamation de douleur. AHURIR. v. a. Interdire, étonner, rendre ftupéfait. (N'ahuriffez pas cet enfant.) Il eft familier. AHURI, IE. participe. Interdit, ftupéfait. (Il est tout ahuri. ) Il eft familier. AID AIDE. f. f. Secours, affiftance qu'une perfonne donne à une autre. (Aide prompte. Aide affurée. Donner aide. Donner aide & faveur. Demander de l'aide. Crier à l'aide. Appeller à fon aide. Avoir befoin de l'aide de quelqu'un.) On dit proverbialement, Un peu d'aide fait grand bien, pour dire, qu'Un petit fecours ne laiffe pas d'être quelquefois très-utile. Et Bon droit a befoin d'aide, pour dire, que Quelque bonne que foit une affaire, il ne faut pas laiffer de la folliciter. AIDE, fe dit auffi des fecours & des graces de Dieu. ( II faut tout attendre de l'aide de Dieu. Mon Dieu, foyez à mon aide.) Dieu vous foit en aide, Façon de parler populaire, dont on fe fert quand quelqu'un éternue, ou quand on n'a pas de quoi donner l'aumône à un pauvre qui la demande. Il vieillit. AIDE, le dit auffi du fecours, de l'uti lité, de l'avantage qu'on tire de certaines chofes. (On a fait de grandes découvertes à l'aide des lunettes à longue vue. Il n'eût pas réuffi fans l'aide d'une telle machine.) AIDE, fe dit auffi, tant de celui dont on reçoit du fecours, que de la chofe dont on en tire. (Dieu feul eft ma force & mon aide. Vous êtes toute fon aide, tout fon fecours. Il n'a point eu en cela d'autre aide que les mémoires qu'on lui a donnés.) AIDE, en matière eccléfiaftique, fe dit d'une Églife, d'une Chapelle bâtie pour fervir de fecours à une Eglife paroiffiale, dont les habitans font trop éloignés. (Sainte Marguerite, dans le fauxbourg faint Antoine, étoit une aide de la Paroiffe de faint Paul. ) AIDE. f. m. Terme dont on fe fert en parlant des perfonnes dont l'emploi con fifte à être auprès de quelqu'un, pour fervir conjointement avec lui, & fous lui. Ainfi on appelle Aide des cérémonies, Un Officier dont la fonction eft de fervir fous le Grand-Maître des Cérémonies. On appelle Aides de cuifine, Aides d'office, Les bas Officiers qui fervent fous un chef de cuifine & d'office. Et Aide à Maçon, fe dit d'un garçon qui fert fous un Maçon. On appelle Aide de Camp, Un Officier de Guerre, qui fert auprès du Général, ou d'un Officier Général, pour porter fes ordres par tout où il eft néceffaire. (Aide de Camp du Roi. Aide de Camp du Général. Aide de Camp d'un Lieutenant Général, d'un Maréchal de Camp.) On appelle dans l'Infanterie, AideMajor, un Officier de Guerre qui fert avec le Major, & qui fait toutes les fonctions du Major en fon absence. (Aide-Major des Gardes. Aide-Major d'une place de Guerre.) AIDE, fe dit auffi de celui qui contribue aux frais de l'uftenfile des gens de Guerre, avec l'hôte chez lequel ils font logés. Donner des aides à un hôte, afin qu'il ne foit pas furchargé.) À L'AIDE. Façon de parler adverbiale. Au fecours. AIDES. f. f. pl. Subfides établis fur le vin, & fur les autres boiffons, pour aider à foutenir les dépenfes de l'Etat. (Les Fermiers des Aides. Les Aides montent à tant. L'octroi des Aides.) On appelle Cour des Aides Une Compagnie fupérieure, dans laquelle les affaires qui concernent ces fortes de fubfides font jugées en dernier reffort. (Premier Président de la Cour des Aides. Confeiller de la Cour des Aides.) AIDES, fe dit auffi au pluriel en termes de manége, De toutes les chofes dont le Cavalier fe fert pour bien manier un cheval. (Les aides de la voix, les aides des talons, de la gaule, de l'éperon. Le cheval connoît les aides, répond aux aides. ) AIDER. v. a. Secourir, affifter. (Aider quelqu'un dans fon befoin. Aider les pauvres dans leur néceffité. Dieu les a bien aidés. Aider quelqu'un de fon bien, l'aider de fa bourfe, l'aider de fon crédit. Les lunettes de longue vue ont fort aidé les Aftronomes dans les découvertes qu'ils ont faites. Cette méthode aide beaucoup la mémoire. Il faut s'aider les uns les autres. Aidez-vous. Vous ne vous aidez point. ) On dit proverbialement, Aide-toi, Dieu t'ai dera. AIDER, fe met auffi avec la prépofition à devant la perfonne ; & alors il figni. fie ordinairement, Secourir un homme trop chargé. (Aidez un peu à ce pauvie homme.) Il demande auffi la prépofition à devant la chofe, lorfqu'il fignifie, Contribuer à faire réuffir quelque chofe. (Il n'a pas peu aidé à cette affaire, cette entreprife. Aider au bon fuccès d'une affaire.) On dit proverbialement, Aider à la lettre, pour dire, Suppléer à ce qui n'eft pas exprimé. Cela fignifie auffi; Ajouter quelque chofe à une hiftoire, à une fable, pour embellir le conte, & pour le rendre plus agréable. AIDER, fe joint auffi à l'infinitif des verbes, avec la particule à, & fignifie encore, Contribuer à une fin. (Aider à faire réuffir une négociation. Cela a bien aidé à le tirer d'affaire. Cela n'y a pas peu aidé.) AIDER, eft auffi réciproque; & alors il fe joint avec la particule de, & fignifie Se fervir d'une chofe, en faire ufage. (On s'aide de ce qu'on a. S'aider bien d'une épée, d'un efpadon. S'aider bien d'un cheval. Il ne s'aide pas du bras droit.) On dit, Dieu aidant, pour dire, avec l'aide de Dieu. AIDE, ÉE. participe. AIDOIALOGIE, Î. f. Partie de la Médecine qui traite de ce qui concerne les parties de la génération. AIE AÏE. Interjection. Exclamation de douleur. (Aïe, que je fouffre! Aie, vous me bleffez.) AÏEUL. f. m. Grand-père. ( Aïeul pater. nel. Aïeul maternel.) Au pluriel on dit Aïeuls, quand on veut défigner préci fément le grand-père paternel & le maternel. (Ses deux aieuls ont rempli les premières charges. ) Hors de-là on dit aïeux, pour fignifier généralement tous ceux de qui on defcend. (Suivre les traces de fes aïeux. Nos aieux.) Le mot d'Aieul n'a point de compofé au-delà de ceux de Bifaïeul & de Trifaïeul; & quand on parle des degrésqui font au-deffus, on dit, Quatrième aieul, cinquième dicul, &c. AÏEULE. f. f. Grand'mère. (Aïeule paternelle. Aïeule maternelle.) AIG AIGAIL. f. m. Terme de Chaffe. Rosée, petites gouttes d'eau qui demeurent fur les feuilles des herbes & des arbres. (L'aigail ôte le fentiment aux chiens.) On a dit en Poëfie, l'aigail des prés, des fleurs; & hors de là il n'a guère d'ufage. AIGAYER. v. a. Baigner, laver dans l'eau. (Aigayer un cheval.) C'eft le faire entrer dans la rivière jufqu'au ventre, & l'ypromener pour le laver & le rafraîchir. Aigayer du linge, C'est le laver & le remuer quelque temps dans l'eau, avant que de le tordre. AIGLE. f. m. Le plus grand & le plus fort des oifeaux de proie. (Aigle noir. Aigle Royal. Aigle roux. Grand aigle. Le vol de l'aigle. L'aire d'un aigle. Ai-gle mâle. Aigle femelle. ) On dit figurément d'Un homme qui eft d'un génie, d'un efprit, d'un talent fupérieur, que C'eft un aigle. Il fe dit auffi dans un fens relatif. (Cet hommelà eft un aigle, au prix de ceux dont vous parlez.) On dit auffi figurément, qu'Un homme a des yeux d'aigle, pour dire, qu'il a les vifs & perçans ; & pour dire aufi, qu'Il a beaucoup de pénétration d'esprit. yeux On dit proverbialement, Crier comme un aigle, pour dire, Crier d'une voix aiguë & pergante. AIGLE, En termes d'Armoiries & de Devifes, eft féminin. Ainfi on dit L'aigle Impériale, pour dire, Les armes de l'Empire, qui font un aigle à deux têtes. (I porte fur le tout d'azur, l'aigle éployée d'argent. ) On dit aufli au féminin, L'aigle Romaine, Les aigles Romaines, pour dire, Les Enfeignes des Légions Romaines, parce qu'au haut de ces Enfeignes il y avoit la figure d'une aigle. AIGLE, Se dit auffi de la repréfentation en cuivre d'un aigle ayant les ailes éten dues pour fervir de pupitre au milieu du chœur d'une Églife. (Chanter à l'aigle.) En cette acception Aigle eft toujours mafculin. AIGLE. f. f. Eft auffi le nom d'une Conftellation de l'Hémisphère feptentrional. AIGLON. f. m. Le petit de l'aigle. (Une aigie avec fes aiglons dans fon aire. Un jeune aiglon.) AIGLON & AIGLETTE, font auffi des termes de Blafon, dont on fe fert indifféremment, pour défigner de jeunes aigles, représentées fans bec & fans ferres. (Il porte d'azur à trois aiglons d'or, à trois aiglettes d'or.) AIGLURE. 1. f. Terme de Fauconnerie. Taches rouffes femées fur le dos de l'Oiseau. AIGRE. adj. de t. g. Acide, piquant au goût. (Le citron, la grenade, font des fruits aigres. Le vin, le lait, deviennent aigres quand ils fe gåtent.Des fruits qui font d'un goût aigre, qui ont un goût aigre, qui font aigres au goût.) AIGRE, fe dit auffi de quelque odeurs défagreables qui fortent de certaines chofes corrompues. (Une fenteur aigre qui fait mal au cœur. Ce vin fent l'aigre. ) AIGRE, fe dit auffi des fons aigus & rudes en même temps, d'un bruit & d'un fon trop aigu & perçant. (Avoir la voix aigre, une voix aigre & défagréable. Une cloche qui rend un fon aigre. Un fon de voix aigre. D'un ton aigre. ) On appelle en Peinture Couleurs aigres, Celles qui ne font pas liées par des paffages qui les accordent. AIGRE, fe dit auffi Des métaux dont les parties ne font pas bien liées, & le féparent facilement les unes des autres. (Un fer extrêmement aigre. Du cuivre fort aigre. Ce fer-là eft fi aigre, qu'on ne le fauroit forger. ) AIGRE, fe dit figurément de l'efprit, de l'humeur, &c. pour fignifier Rude, fâcheux. (Avoir l'efprit aigre, l'humeur aigre. Dire des paroles aigres. Il lui a écrit d'un ftyle fort aigre. Il lui fit une réprimande aigre & févère. Il lui parla d'une manière fort aigre, d'un ton fort aigre.) Il fe dit auffi figurément des perfonnes mêmes qui ont cette forte d'efprit & d'humeur. (C'eft une perfonne bien aigre, une femme bien aigre. C'eft un efprit aigre. C'eft l'humeur du monde la plus aigre.) AIGRE, s'emploie aussi substantivement. (Cela fent l'aigre, cela tire fur l'aigre.) AIGRE-DE-CEDRE. f. m. Sorte de liqueur, qui le fait avec du jus de citron, ou de cédrat, ou de limon, & avec du fucre, & qui étant mêlée enfuite avec de l'eau, fait une boiffon agréable. (Boire de l'aigre-de-cédre.) AIGRE-DOUX, OUCE. adj. Il ne fe dit guère au propre que des fruits qui ont un goût mêlé d'aigre & de doux. ( Un fruit aigre-doux. Des oranges aigresdouces. En cette phrafe & dans les autres femblables, Aigre ne fe décline point. Il fe dit figurément de la voix & du ftyle, quand on parle, ou qu'on écrit d'une manière entre aigre & douce. (Un ton de voix aigre-doux. Un style aigre-doux.) AIGREFIN. f. m. Terme de mépris, qui fignifie Un homme qui vit d'induftrie. (Gardez-vous de cet aigrefin.) Il eft du ftyle familier. AIGRELET, ETTE, adj. diminutif. Un peu aigre. (L'Épine-vinette a un petit goût aigrelet. Une fauce aigrelette.) AIGREMENT. adj. D'une manière ai gre. Il n'a guère d'ufage qu'en parlant de la manière aigre dont on parle, ou dont on écrit. (Parler aigrement à quel. qu'un. Répondre aigrement. Il lui écrivit fort aigrement.) AIGREMOÏNE. f. f. Sorte d'herbe médicinale. (Tifane d'aigremoine.) AIGREMORE. f. m. Eipèce de charbon pulvérifé propre aux feux d'artifice. AIGRET, ETTE. adj. diminutif. Un peu aigre. (Ce fruit-là eft peu aigret, Cela a un goût aigret qui n'eft pas défagréable. Une fauce qui eft un peu aigrette.) AIGRETTE. f. f. Espèce d'oifeau qui reffemble à un héron, & qui a fur la tête une plume blanche & droite. AIGRETTE, fe dit auffi d'un bouquet fait de plufieurs fortes de plumes. (Avoir une aigrette fur fa tête. Mettre des aigrettes à des pommes de lit.) AIGRETTE, fe dit auffi De certains bouquets de pierres précieufes difpofées en forme de bouquets de plumes d'aigrettes. (Une aigrette de perles, une aigrette de diamans. ) AIGRETTE, fe dit pareillement Des touffes de crin qu'on met par ornement fur la tête des chevaux de carroffe. (Mettre des aigrettes à des chevaux.) AIGREUR. f. f. Qualité de ce qui eft aigre. ( Des fruits qui ont de l'aigreur, qui ont une petite aigreur. Ce vin a de l'aigreur. ) AIGREUR, fe dit auffi Des rapports que caufent quelquefois les alimens mal digérés. Et en ce fens on s'en fert plus ordinairement au pluriel qu'au fingulier. (Cela donne des aigreurs, caufe des aigreurs.) AIGREUR, fe dit figurément d'Une certaine difpofition d'efprit & d'humeur, qui porte à offenfer les autres par des paroles piquantes. ( C'eft un homme qui a beaucoup d'aigreur dans l'efprit, dans l'humeur. Parler avec aigreur, répondre avec aigreur. Il y a toujours de l'aigreur dans fes discours, dans fes paroles. Une réprimande pleine d'aigreur.) On dit, qu'il y a de l'aigreur, quelque aigreur, un peu d'aigreur entre deux perfonnes, pour dire qu'll y a quel | que commencement de brouillerie entre l'une & l'autre. AIGREURS, En gravure, font des tailles où l'eau forte à trop mordu. AIGRIR. v. a. Rendre aigre, faire devenir aigre. (Le tonnerre aigrit le vin. La chaleur aigrit le lait. Le levain aigrit la pâte.) Il fe dit figurément, & fignifie Irriter, mettre dans une difpofition plus fàcheufe. (Cela ne fait qu'aigrir fon mal qu'aigrir fa douleur. Son difcours a fort aigri les efprits. Cela ne fervira qu'à aigrir les affaires. La mauvaife fortune lui a aigri l'efprit. AIGRIR, eft aufli réciproque. (Des viandes qui s'aigriffent fur l'eftomac. Du vin qui s'aigrit.) Il fe dit auffi figurément au réciproque. (Son mal s'aigrit de jour en jour. Les efprits commençoient à s'aigrir. Les af faires s'aigriffent de plus en plus. ) AIGRI, IE. participe. AIGU, UE. adj. Qui fe termine en pointe ou en tranchant, & qui eft propre à percer ou à fendre. (Un javelot aigu. Un fer aigu. Un bâton aigu. Des coins de fer fort aigus.) On appelle en termes de Grammaire, Accent aigu, un petit accent qui va de droite à gauche, & qui fe met fur l'é fermé, pour montrer qu'il doit être prononce d'un ton élevé. On appelle en termes de Géométrie, Angle aigu, Un angle qui eft moins ouvert que l'angle droit. AIGU, fe dit figurément des fons clairs & perçans. (Un fon aigu. Une voix aiguë.) Il fe dit auffi figurément d'une douleur vive & piquante. (Une douleur aiguë une colique aiguë.) On appelle Maladie aigue, fièvre aigue, Une maladie une fièvre violente & dangereufe, qui fe termine bientôt. (Il eft attaqué d'une maladie aigue, d'une fièvre aiguë.) AIGUADE, f. f. Provifion d'eau douce que l'on prend fur la rivage de la mer pour les vaiffeaux, lorfqu'ils en manquent dans le cours de leur voyage. Il n'eft guère en ufage que dans ces phrafes. (Faire aiguade. C'eft un lieu où il y a bonne aiguade.) AIGUE MARINE. f. f. Efpèce de pierre précieuse tendre, qui eft de couleur de verd de mer. (Une belle Aiguemarine.) AIGUIÈRE, f. f. Sorte de vase fort ouvert, qui a une anfe & un bec dans lequel on met de l'eau pour le fervice ordinaire de la table, & pour d'autres usages. ( Aiguière d'étain. Aiguière d'argent, de vermeil doré, de criftal. Aiguière de faïence. Un baffin & une aiguière. Une aiguière ouverte.) AIGUIEKEE. f. f. Plein une aiguière. (Une aiguiérée d'eau. Il lui a jetté une aiguiérée d'eau fur la tête. ) AIGUILLE. f. f. Petite verge de fer, ou d'autre métal, pointue par un bout, & percée par l'autre, pour y paffer du fil, de la fole, de la laine, & dont on fe fert pour coudre, pour broder, pour faire de la tapifferie, &c. (Aiguille fine, aiguille bien pointue, la pointe |