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que nous avons besoin du concours des lumières ministérielles : j'en ai l'exemple réel dans un peuple voisin.

> Je conclus donc à ce que l'assemblée décide si la qualité de ministre exclut de l'assemblée, et si tous ceux qui sont promus au ministère, pendant qu'ils sont députés, ont besoin d'une seconde élection pour rentrer dans l'assemblée».

Cette motion fut vivement applaudie ; mais elle fut renvoyée à l'époque où l'on s'occuperoit de la qualité de ceux qui seront éligibles.

Premier octobre. On soumit à la discussion l'article de constitution qui statue le droit de la nation d'autoriser tous les emprunts et impôts. La rédaction du comité (1) subit quelques amendemens. Celui qui entraîna quelque discussion consistoit à ajouter qu'aucun papier-monnoie ne pourra être mis en circulation, ni aucune refonte d'espèces être faite que par un décret exprès.

(1) Aucun impôt ou contribution en nature ou en argent ne peut être levé; aucun emprunt manifesté ou déguisé ne peut être fait entièrement que par le consentement exprès des représentans de la nation.

Quelques membres s'étant récriés contre cet amendement, Mirabeau dit que toute observation impliqueroit absurdité et il s'offrit à répondre à quiconque s'y oppose

roit.

,

M.Target adoptoit cet amendement comme important; mais il remarquoit qu'il devoit faire la matière d'un article particulier, dont le comité s'occupoit.

Mirabeau observa «que les comités étoient certainemet l'élite de l'univers; mais que l'assemblée n'avoit pas prétendu leur décerner le privilège exclusif d'éclaircir et débattre les questions; que lorsqu'un ressentiment se manifestoit, c'étoit une raison sans réplique pour que la discussion s'agitât le plutôt possible >> : il répondoit à MM. Fermont et Regnault, qui avoient parlé sur le papiermonnoie, << qu'ils étoient hors de la question; que le papier-monnoie étoit un papier qu'on n'avoit pas la liberté de refuser; que les billets de la caisse d'escompte n'étoient pas un papier-monnoie, mais un papier de confiance; que tout papier qui n'avoit pas une représentation fixe, déterminée, étoit une peste circulante..... Il demandoit donc ou que l'amendement fût discuté, ou qu'il

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fût mis en délibération avec l'article: M. Anson ayant prétendu au contraire que le papier-monnoie n'étoit ni emprunt ni impôt, réclama la division.

« Je ne sais, reprit Mirabeau, dans quel sens M. Anson soutient que la théorie du papier-monnoie n'appartient ni à celle de l'emprunt, ni à celle de l'impôt; mais je consens, si l'on veut, qu'on l'appelle un vol, ou un emprunt le sabre à la main, non que je ne sache que dans des occasions extrêmement critiques une nation peut être forcée de recourir à des billets d'état (il faut bannir de la langue cet infâme mot de papier-monnoie), et qu'elle le fera sans de grands inconvéniens, si ces billets ont une hypothèque et une représentation libre et disponible, et si leur remboursement est apperçu et certain dans un avenir déterminé. Mais qui osera nier que, sous ce rapport, la nation seule ait le droit de créer des billets d'état, un papier quelconque qu'il ne soit pas libre de refuser ? Sous tout autre rapport, tout papier-monnoie attente à la bonne-foi et à la liberté nationale >>

On demanda l'ajournement de la seconde
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partie; l'assemblée arrêta l'ajournement et le fixa au lendemain.

L'article fut ensuite adopté comme il suit :

<< Aucun impôt ou contribution en nature ou en argent ne peut être levé; aucun emprunt direct ou indirect ne peut être fait autrement que par un décret exprès des représentans de la nation >>.

M. Necker ayant demandé la permission d'entrer, il fut introduit. Il venoit remercier l'assemblée des sentimens de confiance qu'elle lui avoit témoignés, et lui présenter un projet de décret tracé sur le plan qu'il avoit offert le 24 septembre. La première partie de ce projet étoit relative aux recettes et dépenses fixes; la seconde, aux besoins extraordinaires; et la troisième avoit rapport à une mesure urgente.

Mirabeau exprima son opinion sur ce projet en ces termes :

« On peut concilier la juste mesure dans la déclaration de la fixité des dépenses avec la nécessité encore plus urgente de consacrer le plan du premier ministre des finances. Lorsque vous lui avez donné la dictature financière, elle n'a pu sans doute

être que provisoire; mais il est nécessaire de discuter la rédaction des articles qui vous sont aujourd'hui proposés. - Dans le préambule il est dit, que l'assemblée nationale veut faire face à ses engagemens, autant qu'il sera en son pouvoir: cette expression est inconcevable. L'assemblée doit tout ce qu'elle peut, et elle peut tout ce qu'elle voudra. La partie la plus féconde en observations, c'est la première ; il m'est impossible de concevoir qu'il soit difficile de diminuer les dépenses des maisons des princes; il m'est difficile aussi de comprendre qu'elles ne puissent être réunies à celle du roi et de la reine, pour laquelle on accorde vingt millions. - Quant aux pensions, je crois qu'en adoptant provisoirement les réductions proposées, vous pouvez annoncer à la nation que votre intention est de porter aussi loin qu'il est possible toutes les espèces de réduction. On fait déclarer à l'assemblée, dans le projet de décret, qu'elle veut établir l'équilibre entre la recette et la dépense d'une manière quelconque; cette dernière expression doit être supprimée. - La formule de déclaration, je déclare avec vérité, n'est pas plus convenable que le serment: l'inter

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