477 DISCOURS SUR L'HISTOIRE UNIVERSELLE SCIVIE DE 1° EXPOSITION DE LA DOCTRINE CATHOLIQUE; PAR BOSSUET. PARIS. CHARPENTIER, LIBRAIRE-ÉDITEUR, 29, RUE DE SEINE-SAINT-GERMAIN. DE MONSEIGNEUR LE DAUPHIN, FILS DE LOUIS XIV. AU PAPE INNOCENT XI. Nous avons souvent ouï dire au Roi, très-saint Père, que Monseigneur le Dauphin étant le seul enfant qu'il eût, le seul appui d'une aussi auguste famille, et la seule espérance d'un si grand royaume, lui devait être bien cher; mais qu'avec toute sa tendresse il ne lui souhaitait la vie que pour faire des actions dignes de ses ancêtres et de la place qu'il devait remplir; et qu'enfin il aimerait mieux ne l'avoir pas, que de le voir fainéant et sans vertu. C'est pourquoi, dès que Dieu lui eut donné ce prince, pour ne le pas abandonner à la mollesse, où tombe comme nécessairement un enfant qui n'entend parler que de jeux, et qu'on laisse trop longtemps languir parmi les caresses des femmes et les amusements du premier âge, il résolut de le former de bonne heure au travail et à la vertu. Il voulut que dès sa plus tendre jeunesse, et pour ainsi dire dès le berceau, il apprît premièrement la crainte de Dieu, qui est l'appui de la vie humaine, et qui assure aux Rois mêmes leur puissance et leur majesté; et ensuite toutes les sciences convenables à un si grand Prince, c'est-à-dire celles qui peuvent servir au gouvernement, et à maintenir un royaume; et même celles qui peuvent, de quelque manière que ce soit, perfectionner l'esprit, donner de la politesse, attirer à un prince l'estime des hommes savants : en sorte que Monseigneur le Dauphin pût servir d'exemple pour les mœurs, de modèle à la jeu |