que cette pensée nous conduira enfin à l'union de tous les esprits sages, épris à la fois de progrès et de prudence sur un programme assez large pour être acceptable pour tous? Le pays aura en mai 1898 l'occasion de répondre à cette question, nous avons la ferme confiance que sa réponse sera digne de lui. Paris, mars 1898. 1897 1 JANVIER Le renouvellement partiel du Sénat; ardeur de la lutte, victoire des républicains modérés: répartition des sièges entre les divers partis. Ouverture de la session ordinaire de 1897. Constitution du bureau du Sénat et du bureau de la Chambre; discours d'installation des présidents. CHAMBRE: La question du régime économique des sucres. - Projet de loi sur les récompenses nationales. - Interpellation de M. Carnaud sur la nomination de M. Doumer au gouvernement, général de l'Indo-Chine. - Proposition de M. Rouanet tendant à l'abrogation de la loi du 24 juillet 1873 relative à l'église du Sacré-Cœur-de-MontQuestion de M. Antide Boyer sur les mesures prises contre la contagion de la peste. martre. SÉNAT: Proposition de loi de M. Fresneau tendant à rendre aux communes la liberté en matière d'enseignement primaire et secondaire. --- Interpellation de M. Le Provost de Launay sur des fraudes qui auraient été commises aux examens du baccalauréat à Lille. Distribution d'un Livre jaune relatif à « la revision des Traités tunisiens ». - Voyage en France du comte Mouravief, ministre des affaires étrangères de Russie. Elections partielles. L'année politique 1897 s'est ouverte par une consultation nationale qui empruntait aux circonstances une importance toute particulière. A l'approche du renouvellement triennal du Sénat, les radicaux redoublèrent d'activité dans la campagne de discours et de conférences qu'ils avaient entreprise dès le lendemain de la chute du cabinet Bourgeois. A Toulouse, à Paris, à Orléans, à Bourg, à Bordeaux, MM. Bourgeois, Doumer, Goblet, Mesureur avaient exposé le programme radical, préconisé l'impôt global sur le revenu et attaqué la politique des républicains modérés avec tant de constance et d'entrain qu'ils semblaient vraiment vouloir obtenir du corps des électeurs sénatoriaux une sorte de jugement entre eux et leurs adversaires. Il faut dire cependant que la consultation devait perdre quelque chose de sa valeur par ce seul fait qu'un grand nombre de radicaux, la plupart, évitèrent, dans leurs professions de foi, de se prononcer nettement pour ou contre le projet de M. Doumer. Beaucoup d'entre eux trouvèrent plus habile ou plus commode de se cantonner dans les vagues lieux communs de la politique de concentration républicaine, se bornant en matière fiscale à se déclarer les partisans d'une plus grande équité dans la répartition des impôts. De leur côté, les républicains modérés n'étaient pas restés inactifs. M. Waldeck-Rousseau avait poursuivi, dans la Loire, une vaillante campagne oratoire, M. Deschanel était allé réfuter les sophismes socialistes à Carmaux. Partout, la lutte avait été vive. Malgré donc les équivoques, la journée du 3 janvier devait marquer une date importante, celle où le pays choisirait entre deux politiques qu'il avait, l'une et l'autre, expérimentées : le pays se prononça pour la politique modérée. Le renouvellement portait sur 97 sièges, précédemment occupés par 66 républicains, 9 radicaux, 1 radical-socialiste et 20 membres de la droite. Sur ces 97 sièges, les républicains en obtinrent 66, les radicaux 16, les radicaux-socialistes 3, les conservateurs 12. Ce résultat qui, pourtant, ne semblait guère prêter à discussion, fut présenté par les radicaux et les socialistes comme un très beau succès pour leur cause. La Petite République écrivait : « C'est une mémorable volée. » Vraiment, les quelques rares sièges qu'ils gagnaient ne comportaient pas cet excès d'enthousiasme. Il est vrai que, dans certains départements, ils croyaient s'être débarrassés d'adversaires tout particulièrement détestés. C'est ainsi que dans la Haute-Garonne, M. Adrien Hébrard et M. Constans avaient été éliminés. Leur échec, au surplus - celui de M. Constans n'était qu'apparent - avait été, en grande partie, dû à des considérations d'où la politique était absente, et pour battre M. Constans au troisième tour de scrutin, alors que, dès le second, il aurait dû être proclamé élu, il avait fallu à ses adversaires d'extrême gauche voter eux-mêmes pour un homme dont le nom est synonyme de libéralisme : M. Paul de Rémusat. Néanmoins, les radicaux et socialistes menaient grand bruit autour de l'échec supposé de l'éminent homme d'État et prétendaient en faire le trait caractéristique de la journée électorale. Les modérés auraient pu répondre, et ils répondaient, en effet, en rappelant la défaite, celle-là définitive, des candidats patronnés par M. Léon Bourgeois dans la Marne. En somme, ce qui ressortait de la journée électorale du 3 mai, c'était l'approbation très générale de la politique suivie par le Sénat contre le ministère radical. Cette manifestation avait d'autant plus de valeur que, quelques mois plus tôt, une autre, exactement semblable, l'avait précédée, le jour des élections municipales. Mais, si les radicaux étaient mal fondés à considérer le renouvellement sénatorial du 3 janvier comme une victoire de leur parti, les modérés, de leur côté, ne devaient pas se refuser à y voir une indication sinon très |