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vous avez accepté d'attribuer les 40 millions d'avances à l'Etat et les 2 millions d'annuités créés par la convention avec la Banque de France à l'organisation de caisses régionales de crédit destinées à subventionner les banques locales et à leur fournir le fonds de roulement dont elles ont besoin. Ce sera le véritable complément de la loi de 1894 et le crédit agricole pourra prendre tout son essor.

J'espère déposer bientôt sur le bureau de la Chambre le projet de loi qui doit organiser ces caisses régionales. (Très bien! très bien! au centre.)

M. DESFARGES. C'est insuffisant!

-

M. LE PRÉSIDENT DU CONSEIL. Vous êtes bien difficile à contenter.

Alors l'œuvre d'organisation du crédit agricole sera complète; il ne dépendra plus que des agriculteurs de répondre à l'appel du législateur et d'en tirer tous les grands résultats qui doivent en sortir.

Pour ma part, j'ai la conviction que le crédit opérera avec le temps, dans la production agricole, une véritable révolution; il résoudra bien avant qu'il ne soit résolu dans les villes le problème du capital et du travail; il sera disparaître un antagonisme qui n'est qu'apparent, en mettant sur le même pied les pauvres et les riches... (Applaudissements ironiques à l'extrême gauche. - Applaudissements au centre.) M. GASTON DOUMERGUE. Voilà qui n'est pas ordinaire! On voit bien que vous connaissez mal la situation -des pauvres.

M. LE PRÉSIDENT. - Messieurs, laissez parler l'orateur. M. LE PRÉSIDENT DU CONSEIL. - Je comprends que cela vous contrarie, parce que cela tue le socialisme. Il mettra, je le répète, sur le même pied les pauvres et les riches, en permettant au travailleur qui a de l'intelligence, du courage et de l'esprit d'épargne d'avoir du capital à sa disposition et de jouir des mêmes avantages que le capitaliste. (Applaudissements sur les mémes bancs, au centre, et sur plusieurs bancs à gauche et à droite.)

Du crédit agricole on devait aller naturellement et on a été tout de suite à l'assurance agricole, qui en est le complément nécessaire. C'est elle, en effet, qui donne au gage sa valeur, en assurant la sécurité du créancier.

Ici encore, les syndicats agricoles n'ont pas manqué à leur devoir.

Ils ont organisé, sur plusieurs points de la France, des assurances mutuelles contre la grêle, contre la mortalité du bétail, qui sont en plein fonctionnement. L'impulsion est donnée; mais il faut l'accélérer, comme nous l'avons fait pour les petites banques de crédit mutuel agricole; c'est pour cela que nous avons introduit dans le budget de cette année un article de la loi de finances qui autorise le Gouvernement à transformer le chapitre des secours pour accidents, qui donne de si pauvres résultats, en une caisse de subventions pour les sociétés mutuelles d'assurance agricole contre la grêle et la mortalité du bétail. Si bien que, dès l'année prochaine, nous espérons bien susciter partout, grâce à la puissance de cet encouragement, des caisses d'assurance mutuelle agricole. (Très bien! très bien!)

M. FRANÇOIS DELONCLE. Il faudrait attribuer à ces caisses d'assurance des fonds sur le pari mutuel.

M. LE PRÉSIDENT DU CONSEIL. Vous le voyez, messieurs, toutes ces œuvres que je viens d'énumérer, syndicats, sociétés de crédit et d'assurance agricole, ont un caractère commun. Elles reposent toutes sur le principe de la mutualité. La mutualité n'est plus aujourd'hui un principe abstrait et théorique. Elle a fait ses preuves; elle a démontré par les résultats tout ce qu'elle est capable d'enfanter. Elle ne s'arrêtera pas là, messieurs. Par ce qu'elle a fait, on peut deviner ce qu'on est en droit d'attendre d'elle.

Il lui reste encore un pas à faire, et elle le fera pour créer dans nos campagnes ces œuvres d'assistance, hospices, caisses de secours, de retraites, qui sont le privilège des grandes villes. C'est là, je n'hésite pas à le dire, ce qui attire, plus peut-être encore que les gros salaires, les ouvriers des campagnes dans les villes.

Comment pourrait-il en être autrement, quand ils savent que, dans les villes, en cas de maladie, de misère et de vieillesse, ils sont sûrs de trouver une assistance toujours prête et des caisses toujours ouvertes. (Interruptions à l'extrême gauche. - Très bien! très bien! au centre et sur plusieurs bancs à gauche et à droite.)

M. MAURICE FAURE. - Dans les très grandes villes seulement. A l'extrême gauche. - Où sont-elles, ces caisses ?

M. LE PRÉSIDENT DU CONSEIL. - Quand cela sera fait, je suis convaincu que l'exode des campagnes vers les villes se fera en sens inverse, et un jour viendra, qui n'est pas loin peutêtre, où les ouvriers des villes, qui s'agitent dans le vide, en poursuivant la politique de l'absolu à la voix des prophètes de la révolution sociale, s'apercevront que leurs frères des campagnes sont parvenus, dans l'union et la fraternité, à s'émanciper tout seuls, et qu'ils ont résolu mieux que vous ne le faites le problème social lui-même. (Vifs applaudissements au centre et sur plusieurs bancs à gauche et à droite. - Interruptions à l'extréme gauche.)

Messieurs, je m'arrête. Je vous en ai dit assez pour vous permettre de saisir dans son ensemble la réforme agricole telle que nous la comprenons, et l'œuvre immense que nous poursuivons depuis quinze ans. Je vous demande pardon d'avoir été un peu long. (Non! non! Parlez!)

Mais vous avez dù comprendre vous-mêmes que ces explications détaillées étaient absolument nécessaires pour éclairer la Chambre et le pays.

Il est facile d'être court quand on n'a qu'un remède unique; la formule collectiviste a un avantage incontestable: elle répond à tout, elle suffit à tout, elle guérit tout. On peut broder sur ce thème les variations les plus brillantes et faire luire aux yeux des populations éblouies l'aurore d'une société admirable où il n'y aura plus ni misères ni injustices.

Nous l'avouons humblement, nous ne possédons pas la baguette magique qui doit transformer le monde, et nous sommes convaincus qu'elle n'existe pas. (Très bien! très bien!) Les transformations de l'humanité sont lentes et douloureuses; elles exigent de longs efforts et une grande abnégation. Quand on veut supprimer l'effort pour aller trop vite au but, on recule au lieu d'avancer.

C'est parce que nous ne voulons pas reculer que nous n'essayons pas de résoudre le problème agricole d'un coup. Nous nous contentons de l'étudier de près, de suivre la crise agricole pas à pas, au jour le jour, en lui appliquant tous les remèdes indiqués par la science et qui sont de nature à atténuer, à soulager les souffrances de la classe agricole. (Très bien! très bien!)

Nous suivons un plan méthodique et raisonné. Chaque législature y a apporté sa pierre; mais je n'hésite pas à dire que la législature actuelle, si elle continue dans la voie où elle s'est engagée, si elle écarte de sa route toutes les difficultés qu'on accumule sur ses pas, pourra soutenir victorieusement la comparaison avec les autres.

Après avoir accompli et achevé l'œuvre que je viens de décrire, elle pourra affronter hardiment le jugement du pays en lui demandant de mettre dans les plateaux de la balance, d'un côté la chimère collectiviste et, de l'autre, les immenses bienfaits de cette politique de constante sollicitude et de progrès pratique, que nous soutenons, que nous défendons avec toute l'énergie de nos convictions et de notre amour pour le pays. (Vifs applaudissements au centre et sur plusieurs bancs à gauche et à droite. - L'orateur, de retour à son banc, reçoit les félicitations d'un grand nombre de ses collègues.)

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INDEX ALPHABÉTIQUE

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Bardoux, 168, 169.

Baron, 82.

Barthou, 6, 8, 103-104. 105. 107,

110, 213, 216, 225, 234.

Bascou, 153, 155.

Basly, 70, 173, 283.

Baudin, 21, 65, 177:

Baudon, 82.

Beauregard (Savary de). 81, 270.

Bebel, 68-69.

Bepmale, 268.

Bérenger, 4, 87, 92-95, 116, 167.

Berry (Georges), 110, 131, 272.
Berteaux, 275.

Bertrand, 74.

Besnard (Amiral,, 127. 196, 197.
Bienvenu-Martin, 82.

Billot (Général), 127, 289, 290, 294,

295, 304, 305, 306.

Bizarelli, 4.

Blois (comte de), 287.

Boideffre (Generalde). 196.211,301.

Bonard, 66.

Bonnefoy-Sibour, 4.

Bontemps, 270.

Boucher (Henry), 96, 213, 215. 216

265, 266, 283-284.

Boudenoot, 260.

Bouge, 266.

Boulanger (Général), 234.

Bourgeat, 270.

Bourgeois (Léon), III, 2, 3, 39、80,

122, 123, 235, 247-253, 266, 284.

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