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meyeri qui doivent être considérés comme représentant deux espèces de parasites bien distinctes.

Il est même à prévoir que du jour où l'on réussira d'obtenir en

en

culture pure ces deux microorganismes, on réussira à mettre évidence des caractères biologiques particuliers à chacun d'eux, plus marqués encore que ne le sont ceux révélés par l'étude de ces microbes in vivo.

Par contre, d'autres spirilles pathogènes offrent des ressemblances morphologiques et des affinités colorantes extrêmement rapprochées, de sorte que, si l'on s'adresse au simple examen microscopique, il est pour ainsi dire impossible d'établir une distinction bien nette entre ces divers microorganismes. Nous ne citerons comme exemple, à ce propos, que le Sp. anserina et le Sp. gallinarum d'une part, le Sp. de la fièvre récurrente américaine et celui de la récurrente d'Europe d'autre part. Dès lors, une question se pose: doit-on considérer les diverses fièvres à rechute décrites chez l'homme; en Europe, en Afrique et aux Etats-Unis comme engendrées par un seul et unique parasite spirillé, le Sp. Obermeyeri, ou bien il s'agit en realité, de maladies différentes, pour ainsi dire spécifiques, provoquées par des spirilles particuliers? Cette question a été étudiée d'une façon très détaillée au cours de ces trois dernières années et les résultats obtenus sont des plus intéressants. Les voici:

Au point de vue morphologique tout d'abord. Certains savants, en particulier C. Fränkel1) ont pu différentier entre eux le Sp. Obermeyeri, le Sp. de la Tick-fever et le spirille de la récurrente américaine. Le premier surtout se distingue de ces congénères, par ses petites dimensions et par la régularité de ses tours de spire, qui sont serrées, profondes. Si, avec Fränkel, on tente de classer ces trois variétés spirillaires, suivant leur parentée et en se basant exclusivement sur la morphologie, on doit placer le Sp. américain entre l'agent pathogène de la fièvre à rechute d'Europe et celui de la Tick-fever. Mais, cette différentiation morphologique, dont les promoteurs ont été Novy et Knapp2), est loin de valoir celle qui s'appuie sur la pathogénité des spirilles en question et surtout sur les données fournies par l'étude de l'immunité antispirillaire.

Les premiers auteurs qui, se basant sur le pouvoir pathogène ainsi que sur la façon d'agir du sérum des animaux sur-immunisés, ont soutenu que le spirille d'Obermeyer, le sp. de la Tick-fever et le sp. de la fièvre à rechute étudiée à Bombay par Mackie, sont des parasites appartenant à des genres différents, sont Novy et Knapp3). La question a été reprise tout recemment par C. Fränkel et par Uhlenhuth et Haendel4); ces observateurs ont examiné la façon dont les animaux vaccinés contre une catégorie de spirille, réagit visà-vis de l'infection par une autre espèce spirillaire et ont recherché en plus, des dissemblances révelées par l'étude de la séro-réaction.

1) Berl. klin. Wochenschr. 1907. No. 22

2) The Journal. January 1906.

3) Journ. of infect. diseas. 1906. Vol. 3. p. 291.

4) Arb. aus dem Kaiserl. Gesundheitsamte. Vol. XXVI. F. I. 1907.

Ainsi, C. Fränkel1) a constaté que les rats inoculés à plusieurs reprises avec du sang riche en Sp. Duttoni et qui se montrent réfractaires vis-à-vis de ce spirille, sont par contre sensibles à l'égard du virus de la récurrente américaine. Injectés avec le spirille américain de Novy, ces animaux prennent une spirillose qui tout en étant plus légère que celle des rats témoins, n'en est pas moins typique. Le mème phénomène se reproduit quand on immunise tout d'abord contre le sp. américain et qu'on essaie la sensibilité des rats avec le parasite de la Tick-fever. Les deux espèces de spirilles sont donc différentes. Toutefois, elles offrent une certaine parenté, car la sensibilité des animaux immunisés contre l'espèce a appréciée vis-à-vis du spirille b tout en ayant une réelle existence, n'égale pourtant pas celle des organismes neufs.

Dans quels rapports se trouvent-ils, le Sp. Obermeyeri d'Europe et le parasite de la Tick-fever ou celui de la récurrente américaine? Dans un premier travail, Fränkel2) ayant échoué à transmettre au rat et à la souris, le spirille de la fièvre de Russie (recherche de Blumenthal de Moscou) et tenant compte d'autre part de la pathogénité du spirille américain pour ces espèces animales (Carlisle, Norris etc.), se montre enclin à établir une distinction entre ces deux espèces spirillaires. Pourtant, ce caractère différentiel tiré exclusivement de l'étude du pouvoir pathogène, s'est montré dans la suite peu conforme à la réalité. En effet, les constatations de Fülleborn et Mayer3) montrèrent bientôt que le sp. Obermeyeri, tout comme son congénère américain, est capable de pulluler chez la souris et d'engendrer une maladie spirillaire non suivie de rechute. De leur côté, Uhlenhuth et Haendel1) arrivèrent aux mêmes résultats, en sorte qu'il a fallu s'adresser aux réactions de l'immunité pour etablir une séparation tranchée entre les deux spirilles en question. C'est ce que firent C. Fränkel5) et Uhlenhuth et Haendel. Ils ont constaté que le sérum des animaux guéris d'une spirillose donnée, agit in vitro sur le spirille correspondant; ce sérum immobilise le parasite, et provoque l'apparition de granulations le long du filament spirillien. Par contre, le même sérum reste sans action vis-à-vis d'une autre espèce de spirille, ce qui prouve l'existence d'une différence profonde entre les deux catégories de parasites. On obtient le même résultat, lorsque, au lieu de s'adresser aux recherches dans le tube à essais, on examine ce qui passe dans le péritoine des souris ayant reçu, même temps que le virus, une trace de sérum spirillicide. Le phénomène de Pfeiffer n'apparaît dans ces conditions, que si l'on emploit un sérum et des spirilles homologues. Ce genre de recherches a permis de différentier non seulement le spirille russe du spirochète américain, mais aussi deux variétés de microorganismes spiralés recueillies chez des malades atteints de la Tick-fever africaine, pro

1) Münchener med. Woch. 1907. No. 5.

2) Hyg. Rundschau. 1907. No. 5.

3) Med. Klinik. 1907. No. 17, pag. 417.

4) Déjà cités.

5) Berl. klin. Woch. 1907. No. 22.

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venant une de Liverpool, l'autre de l'Institut de M. Koch à Berlin. C'est du moins ce qui résulte du dernier travail de C. Fränkel').

Toutes ces constatations prouvent qu'il serait erroné d'identifier entre eux les divers spirilles morphologiquement assez rapprochés, qui engendrent les fièvres à rechute d'Europe, d'Afrique et d'Amérique. Ces parasites quoique appartenant à la même famille, constituent des variétés à part, ayant chacune ses propriétés biologiques particulières. Pour ce qui concerne le Sp. gallinarum et le spirille qui provoque la spirillose des oies, on peut admettre qu'une seule et même variété spirillaire évoluant chez des animaux d'espèce différente, a pu acquérir des qualités nouvelles et constituer une race à part. Mais, pour ce qui a trait aux divers spirochètes pathogènes des fièvres propres a l'espèce humaine, cette interprétation ne saurait être soutenue. Tout au plus peut-on attribuer la création de plusieurs variétés de spirille issues d'une même souche, à l'évolution des microbes dans l'organisme des ectoparasites qui sont différents d'une fièvre récurrente à l'autre. On sait en effet, que si la Tick-fever est transmise par l'ornythodorus moubata, c'est très probablement la punaise qui est le vecteur du spirille d'Obermeyer. Cette hypothèse de la création de variétés de spirilles, en partant d'une seule espèce originelle, implique l'idée que les microorganismes en spirales doivent acquérir assez facilement des propriétés biologiques nouvelles, dès qu-ils évoluent dans de nouveaux milieux. Or, cette sorte de maléabilité des spirilles existe réellement, puisque avec Roché, j'ai pu constater que les parasites spirillés de la rechute diffèrent, au point de vue de leur façon de se comporter à l'égard d'un immun-sérum, des spirilles du premier accès. Je reviendrai d'ailleurs plus loin sur cette question.

Il a été beaucoup question au cours de ces temps derniers, de la vraie nature des microorganismes en spirale et on a soutenu à ce propos, des opinions diamétralement opposées. Tandis que toute une série de savants, partageant la façon de voir de Koch, admettent que les spirilles appartiennent au monde des bactéries, une nouvelle école, ayant comme promoteur le regretté Schaudinn, tend à rattacher ces parasites aux protozoaires flagellés. Les observateurs appartenant à cette dernière école, en particulier Prowazek, invoquent toute une série d'arguments tirés de l'étude morphologique et biologique des spirilles, destinés, à leur avis, d'établir sur des bases solides la théorie ingénieuse du grand savant auquel on doit la découverte du Treponema pallidum. D'après cette théorie, issue de l'étude, sur l'évolution de l'Haemamoeba Ziemanni chez la chevèche et le Culex pipiens, les protozoaires flagellés, peuvent, au cours de leur cycle évolutif, exister sous la forme de spirochètes, ressemblant plus ou moins aux spirilles pathogènes. Voici, en quelques mots, quels sont ces arguments:

Certains parasites spirillés, dont le corps est rubané, tel par exemple le Sp. gallinarum, peuvent montrer des formations particulières, colorables en rouge, par le brillant-kresyl-blau et qui sont les équivalents de la chromatine nucléaire (Prowazek1). D'après Prowazek, les spirilles doués de pouvoir pathogène possèdent une membrane ondulatoire, pouvant être constatée non seulement sur des parasites vivants mais aussi après coloration. Aussi, si l'on observe, attentivement le Sp. de la poule, dit Prowazek, il n'est pas rare d'observer sur un des côtés du ruban spirillaire, une ligne plus foncée, plus refringente et qui doit correspondre à la membrane ondulatoire. S'il est difficile de colorer cette membrane sur des préparations traitées suivant les procédés habituels, par contre cela devient relativement facile, d'après Prowazek, si l'on a soin de soumettre préalablement les spirilles de la poule, à l'action de l'eau distillée, ou de l'acide phénique. D'ailleurs, l'existence chez ces spirilles, d'un mouvement en forme d'ondes, que l'on décèle lorsqu'on fait agir sur eux une trace d'immun-sérum spécifique, indique bien, affirme Prowazek, que ces spirilles possèdent une membrane disposée le long du corps.

1) Medizinische Klinik. 1907. No. 31.

Le mode suivant lequel les spirilles pathogènes se segmentent, lors de leur pullulation, prouve bien, d'après les partisans de la conception de Schaudinn, que ces microorganismes appartiennent au monde des protozoaires. On sait que déjà pour ce qui concerne le Treponema pallidum, Schaudinn admettait que le parasite se segmente longitudinalement, et non pas transversalement, comme la plupart des bactéries. Dans une publication posthume, imprimée par les soins de Hartmann et Prowazek2) l'illustre savant nous dit avoir saisi sur le vif cette segmentation longitudinale, et la décrit dans tous ses détails. Or, d'après son élève Prowazek3) certains des spirilles pathogènes qui nous occupent, offrent le même mode de segmentation. Ainsi, pour ce qui concerne le Sp. gallinarum, si l'on a soin d'examiner le sang des poules au début de l'infection, il n'est pas rare d'observer le phénomène suivant: le parasite se réfracte, grossit et laisse voir une partie de sa chromatine nucléaire. Sitôt après, le spirille commence par se segmenter dans le sens de sa longueur, et cette division progresse lentement pour aboutir à la formation de deux cellules filles, qui restent encore accollées par leurs extrémités. Il en résulte que, puisque les spirilles se divisent longitudinalement, ils doivent être classés parmis les protozoaires et être rapprochés en particulier, des protozoaires flagellés.

Un autre argument est tiré du mode de réaction de spirilles à l'égard des divers agents chimiques. L'étude de ce mode de réaction entreprise par Prowazek4) et par Prowazek et Neufeld5) a montré d'une part, que sous l'influence des solutions hypertoniques de chlorure de sodium (5 et 10 p. 100) les spirilles, en particulier ceux de la poule, ne reproduisent pas le phénomène de la plasmolyse, comme le font en général les bactéries (A. Fischer). D'un autre côté, cette étude a prouvé que ces spirilles diffèrent des bactériacées, en ce qui concerne leur façon de se comporter à l'égard de la solanine et du taurocholate de soude. Tandis que ces bactériacées vivent et pullulent en présence de ces agents chimiques, par contre les spirilles, pareils en celà aux protozoaires et aux cellules animales s'immobilisent rapidement et finissent par se détruire complètement (taurocholate).

1) Arb. aus dem Kaiserlich. Gesundheitsamte. Vol. XXIII. 1906. Fasc. 2. p. 554. 2) Arb. aus dem Kaiserli. Gesundheitsamte. Vol. XXVI. 3) Déjà cité.

Fase. I.

1907. p. 11.

4) Arb. aus dem Kaiserl. Gesundheitsamte. Vol. XXIII. 5) Arb. aus dem Kaiserl. Gesundheitsamte. Vol. XXV.

Fase. II.

1906. p. 554.

Fasc. II.

1907. p. 494. 1) Deutsche med. Wochenschr. 1905. No. 42. 2) Zeitschr. f. Hygiene. Vol. 52. 1906. р. 485.

A ces faisceaux de preuves s'ajoutent celles déduites de la vie endo-cellulaire de certains parasites spirillés et de l'existence de formes de repos chez ces microorganismes. Pour ce qui concerne le premier point, Prowazek, à la suite de Borrel (communication orale) a constaté que le Spirillum gallinarum pénètre dans certaines conditions, à l'intérieur des globules rouges, comme le prouvent les recherches faites in vitro et les constatations recueillies chez les animaux infectés. Les spirilles intra-globulaires sont vivants et mobiles et leur pénétration dans le stroma détermine même le déplacement du noyau. Quant'aux formes de repos, elles seraient représentées, d'après Prowazek, par une disposition particulière des microorganismes en spirale, consistent en un enroulement de ces parasites sur eux-mêmes, en une formation de pelotons serrés, constitués par des spirilles enchevêtrés.

Malgré le grand intérêt et le caractère suggestif de cette conception de la nature protozoaire des spirilles pathogènes, on ne saurait, en l'état actuel de la question, la considérer autrement que comme une simple hypothèse, attendent encore sa vérification définitive. En effet, il ne me parait pas que les divers arguments invoqués par les savants de l'école de Schaudinn, soient à l'abri de toute critique; j'essayerai de la prouver dans ce qui suit.

Je dois rappeler tout d'abord, que Schaudinn lui-même, dans le dernier travail qui ait sorti de sa plume1), se montre moins affirmatif qu'avant au sujet de la nature protozoaire des spirilles, ou du moins, est-il moins disposé à identifier les formes en spirales découvertes par lui chez l'Haemamoeba Ziemani, avec les vrais spirochètes. Je dirais ensuite que malgré une technique irréprochable et des études systématiques, Zettnow2) déclare n'avoir jamais pu déceler chez le Sp. Duttoni des détails de structure fine pouvant plaider en faveur de l'existence de noyaux, de centrosomes, ou de membrane ondulante. Tel est également l'avis de Koch, de Fränkel et l'impression que j'ai pu acquérir au cours de mes études. Les spirilles pathogènes les plus volumineux, comme par exemple, le parasite de la Tick-fever, paraissent être constitués par un ectoplasme, renfermant un mélange intime d'endoplasme incolore et de chromatine diffuse. De plus Prowazek dit lui-même, que pour mettre en évidence l'existence de la membrane ondulante, il est nécessaire de soumettre les spirilles à l'influence d'agents chimiques qui, à l'exemple de l'acide phénique, provoquent des altérations profondes dans la structure des spirilles. Ce n'est en effet, que lorsque le microorganisme est retracté, ratatiné, que cette membrane devient saisissable au microscope. Or, rien ne nous assure précisément que cette prétendue membrane ondulante ne soit qu'un produit artificiel, résultant

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