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DICTIONNAIRE

DE

L'ACADÉMIE FRANÇAISE.

A

A. s. m. La première lettre de notre alphabet, et la première des voyelles. La lettre A. Un grand A. Un petit a. Un A majuscule. Un a romain. Un

italique. Des a mal formés. La voyelle A. A est long dans Blame. A est bref dans Glace. A, dans les mots Casuel, basilique, larron, etc., a un son intermédiaire. A ne se prononce pas dans quelques mots, tels que Août, taon, etc.

Une panse d'a, La première partie d'un petita, dans l'écriture ordinaire. Prov., N'avoir pas fait une panse d'a, N'avoir rien écrit, rien copié, de ce qu'on devait écrire, copier; et, figurément, N'avoir rien composé, n'être point auteur. Depuis deux jours, mon copiste n'a pas fait une panse d'a. Cet homme n'a fait de sa vie une panse d'a.

Prov. et fig., Il n'en a pas fait, il n'y a pas fait une panse d'a, se dit De quelqu'un qui veut composer un ouvrage, mais qui n'y a pas encore travaillé, ou qui n'a aucune part à un ouvrage d'esprit qu'il s'attribue ou qu'on lui attribue. Il laisse croire que cet ouvrage est de lui; mais il n'en a pas fait une panse d'a, il n'y a pas fait une panse d'a.

Fam., Ne savoir ni A ni B,, Ne savoir pas lire, et, figurément, Étre fort ignorant.

Fam., N'en étre qu'à l'Abc; renvoyer quelqu'un à l'Abc; etc. Voyez A B c.

A. préposition. Il se place devant différentes parties du discours, et sert proprement à marquer Tendance ou direction vers un lieu, vers un terme ou un objet quelconque. (Lorsqu'il précède l'article masculin suivi d'une consonne, on le contracte en au, pour à le; et lorsqu'il précède l'article pluriel des deux genres, on le contracte en aux pour à les.) Aller à Rome, à l'église, à l'armée. Marcher à l'autel. Arriver à bord. Il vient à nous.

TOME 1,

A

Envoyer à l'école. Tourner à droite, à gauche. Retourner à la ville. Rentrer au logis. Voyage à Naples, à la campagne. La route de Paris à Versailles. Monter à cheval. Mettre

pied à terre. S'élancer au plus fort de la mélée. Revenir à la charge. Se mêler à la foule. Conduire un homme au supplice, à la mort. Attacher à la muraille. Atteler à la charrue. Tendre les mains au ciel.

Se prosterner aux genoux de quelqu'un. Jeter au feu. Tirer au blanc. Atteindre au but. Quelquefois on l'unit à la préposition jusque, qui marque plus précisément le terme ou le but. J'irai jusqu'à tel endroit.

Il s'emploie, par extension, devant les mots qui indiquent Le terme, ou le but, la fin d'une action quelconque. Devant les substantifs: Ecrire à son ami. Parler à son père. Obéir aux lois. L'obéissance, la soumission aux lois. Renvoyer une affaire au lendemain. Remettre une cause à huitaine. Travailler aux mines. Atteindre à la perfection. En venir à des injures, à des reproches. Condamner à une peine. Pousserabout. Réduire au tiers, au quart, à la moitié. Servir à tel usage. Tirer à sa fin. Tourner à la louange, à la honte, à l'avantage de quelqu'un. Toutes nos actions doivent tendre à la gloire de Dieu, à la plus grande gloire de Dieu. Boire à la santé de quelqu'un. Devant les infinitifs : Il demande à sortir. Il aime à lire et à écrire. Il vise, il tend à vous supplanter. Il aspire à vous plaire. Je parvins à le persuader. Quel empressement à le servir! Il s'est abaissé à le prier, jusqu'à le prier. Elle s'est emportée à lui dire, jusqu'à lui dire que... Tous s'accordent partir.

a le louer. Je me décidai à Répugner à faire une chose. J'aviserai à le faire. Inviter à diner. Obliger à payer, à fuir, etc. (Nous avons rejeté à la fin de cet article

A

quelques emplois particuliers de l'infinitif avec la préposition A.)

Il s'emploie particulièrement devant le régime ou complément indirect des verbes transitifs, pour marquer de même Le terme, la fin de l'action que le verbe exprime. Donner une bague à quelqu'un. J'ai prété ce livre à mon frère. Enseigner la géographie à un enfant. Dire un mot, faire un salut à quelqu'un. S'appliquer, s'adonner à l'étude.

Adressez-vous à lui.

C'est pour cela que des verbes qui semblent désigner un rapport tout opposé à celui de tendance, de direction vers un but, qui expriment au contraire extraction, séparation, sont cependant suivis de la préposition A, qui précède leur régime ou complément indirect. Arracher une dent à quelqu'un. Öter à quelqu'un ses vêtements. Se soustraire au danger, au châtiment. Etc.

Dans certaines phrases elliptiques, la préposition A marque Consécration, dédicace, envoi à une personne. A Dieu très-bon et très-grand. Aux dieux lares. Au Dieu inconnu. Aux grands hommes la patrie reconnaissante. Un tel à un tel, salut. Hymne à Vénus. Építre de Boileau à Molière, à Racine.

On doit rapporter à cet emploi de la préposition À La suscription ou l'adresse ordinaire de lettres missives: A Monsieur N.; À Madame...

Dans quelques autres phrases elliptiques, analogues aux précédentes, la même préposition marque Une louange ou un blame, une sorte de vœu pour ou contre quelqu'un ou quelque chose. Honneur aux braves! Gloire à Dieu dans le ciel, et paix sur la terre aux hommes qui veulent le bien! Malheur aux vaincus! Haine à la tyrannie! Honte à la bassesse, à la lacheté!

Quelques verbes se construisent, devant l'infinitif, tantôt avec la prépo

1

sition, tantôt avec la préposition De; mais dans des sens un peu différents.

Commencer à, désigne une action qui aura du progrès, de l'accroissement. Le jour commence à luire. Il commence à pleuvoir. Cet enfant commence à parler.

Commencer de, désigne une action qui aura de la durée. Lorsque cet orateur commença de parler, il s'éleva dans l'auditoire un murmure favorable. Quand le tonnerre commence de gronder, il faut s'attendre à un orage.

Continuer à, suppose une action commencée, et que l'on continue. Je vais continuer à écrire ma lettre. Nous allons continuer à jouer.

Continuer de, désigne une action répétée par intervalles, et qu'on a l'habitude de faire. Mon frère continue de jouer. Jenecontinueraipas long-temps de voir cet homme-là.

Nous nous bornerons à ces exemples. C'est aux grammaires d'indiquer, plus en détail, avec quels verbes on emploie tantôt A et tantôt De, et comment l'une ou l'autre de ces prépositions détermine le sens du verbe.

La préposition À est encore susceptible de beaucoup d'autres emplois, où sa valeur primitive est très-diversement modifiće, et quelquefois même assez altérée pour qu'il soit difficile de la reconnaître. Nous exposerons les plus remarquables.

À, s'emploie lorsqu'on veut marquer Distance, intervalle. De Paris à Genève il y a tant de lieues. Etre vêtu de noir de la tête aux pieds. Travailler du matin au soir. Ce changement s'opéra du jour au lendemain. A trois jours de là je le rencontrai de nouveau. A deux mois de date. A dix jours de vue.

Il s'emploie aussi lorsqu'on veut marquer Relation entre les personnes ou les choses. Demarchandà marchand il n'y a que la main. De vous à moi. De nation à nation. Un est à deux comme deux est à quatre. Du tout au tout. Vivre de pair à compagnon. Traiter quelqu'un de Turc à More. Vendre de gré à gré.

À, sert en outre à marquer Situation ou position relative, c'est-à-dire, à déterminer Le lieu, l'endroit où est quelque chose, où s'exécute une action. Sa maison est au faubourg Saint-Germain. Nous étions à la portée du canon. Se tenir à l'entrée du bois, au bord de la rivière. Etre au bal, au jeu, à la parade, etc. Les pièces de terre qui bornent cet héritage au couchant, au levant, etc. Etre au-dessus, au-dessous, au bas, au haut, etc. Restez à ses côtés, à côté d'elle. Il est à nos trousses. L'argent a à la main. L'épée au côté. Les larmes aux yeux. Le diadème au front. Sentir une douleur au côté. Avoir une blessure à l'épaule, à la cuisse. Marquer au front. Ils se parlaient à l'oreille. Ils se prirent aux cheveux. A chaque arbre il cucillait un fruit. S'arrêter à chaque pas. Se prendre au piège. Etre consigné à la porte. Souvent à l'idée de Situation est jointe celle d'Intervalle, comme dans ces phrases: Sa maison est à deux lieues d'ici. Il était à dix pas de nous, à dix pas.

Elliptiq., Un tel, notaire à Paris, fabricant à Lyon, etc., Etabli ou demeurant à Paris, à Lyon, etc.

Au jeu, à l'escrime, etc., signifient souvent, En termes de jeu, d'escrime, etc.; ou Lorsqu'il s'agit de jeu,, etc. A la face, à la vue de l'ennemi, En présence même de l'ennemi. On dit en des sens analogues: Il fut immolé aux yeux de son père. La chose s'est faite au vu de tout le monde. A son nez et à sa barbe. Au grand jour. À la face du soleil. Coucher à la belle étoile. Le vaisseau était à vue de terre.

À, s'emploie dans quelques locutions elliptiques servant à désigner L'enseigne d'une hôtellerie, d'un magasin, etc. Au Cheval blane. Au Veau qui tette. A la Boule d'or. A l'Y grec. Au Gagne-petit. Etc.

Il sert quelquefois à désigner L'institution, l'établissement auquel une personne est attachée. Conseiller à la cour de cassation. Avocat à la cour royale de Paris. Commis au ministère de la guerre. Etc.

A, s'emploie aussi lorsqu'on veut indiquer Le temps, l'époque, la circonstance de temps. Au commencement de l'été. A la fin du mois. Au jour indiqué. À l'aube du jour. Au matin. Au soir. Au coucher du soleil. Se lever à six heures. Déjeuner à midi. Rentrer à heure indue. Nous arrivâmes à la méme heure. Je l'attends à tout moment, à toute heure. A l'heure qu'il est. Tout à l'heure. À présent. Au temps où nous sommes. Il mourut à l'âge de quatorze ans, à quatorze ans. Il fut tué au siège de telle place. Je le ferai à mon premier loisir. On l'accueillit fort bien à son arrivée. A l'instant où j'allais sortir, il vint chez moi. On dit elliptiquement, dans un sens analogue, à une personne que fon quitte, A demain, à ce soir, à dimanche, etc., Nous nous reverrons demain, ce soir, dimanche, etc.

Il se dit particulièrement D'une circonstance, d'un événement, etc., qui détermine immédiatement quelque action. A ma mort, il héritera de cette maison. Au premier coup de canon, la ville capitula. A la troisième sommation, ils se retirèrent. Partir au premier signal. On accourut à ses cris. Au moindre geste, vous êtes mort. A ces mots, il rougit. A cette nouvelle, il parut déconcerté. À la proposition que je lui fis, je vis sa colère s'évanouir. A cette occasion, je rappellerai que...

Il sert encore, dans quelques locutions, à marquer Un espace detemps, une durée. Payer au mois. Louer à l'année. Travailler à la journée. Pension à vie. Rente à perpétuité, A jamais. À la vie et à la mort. A la longue, tout s'use.

À, marque souvent Appartenance, possession. Ce livre est à ma sœur. Cette ferme appartient à mon père. Avoir une maison à soi. Rendez à César ce qui est à César. Il a un style, une manière à lui. C'est un homme de mérite, un ami à moi. que je vous recommande vivement. Pop., La barque à Caron. Quelquefois il forme avec son régime une sorte

de pléonasme qui marque plus énergiquement l'idée d'Appartenance. C'est mon opinion, à moi. Sa manie, à lui, c'est de croire que... Votre devoir, à tous, est de lui obéir.

Dans quelques phrases, il sert à rapporter à son complément l'action exprimée par un verbe qui le précède. Faire prendre les armes à une troupe. C'est bien fait, bien dit, bien pensé à vous. C'est à faire à lui. J'ai oui dire à votre frère que... On dit de même, C'est modestie à vous, c'est folie à eux, de croire...

C'est à vous de parler, C'est à vous qu'il appartient, qu'il convient de parler; et, C'est à vous à parler, Votre tour de parler est venu.

Je trouve à votre sœur l'air un peu triste, Votre sœur me paraît éprouver quelque tristesse.

À, s'emploie de même quelquefois pour déterminer son régime ou complément par rapport au nombre. Avoir, louer une maison à deux, à trois. A moi seul je le ferai. A dix que nous étions, pas un ne refusa.

À, sert en outre, avec son complément, à indiquer L'espèce, la qualité. Canne à sucre. Vache à lait. Pays à pâturages. Homme à systèmes, à projets. Femme d vapeurs. Or à vingt-deux carats. Velours à trois poils. Bas à quatre fils. Manchettes à dentelle. Soupe aux herbes. Glace à la vanille.

Il indique particulièrement :

1° La forme, la structure, ou l'accessoire d'une chose. Clou à crochet, Table à tiroir. Lit à colonnes. Couteau à ressort, à gaíne, à manche d'ivoire. Bague à diamants. Canne à épée. Chandelier à branches. Chapeauà grands bords. Boîte à double fond. Bâton à deux bouts. Chaise à bras. Maison à porte cochère. Instrument à cordes. Montre à répétition. Voiture à deux roues. Les animaux à quatre pieds. Les oiseaux àbec fin. Les plantes à fleurs labiées.

2o La destination, l'usage. - Avec un substantif: Terre à blé. Marché à la volaille. Moulin à farine, à poudre, à papier. Cuiller à pot, à soupe, à café. Pot à l'eau. Bouteille à l'encre. Boite à thẻ. Sac à ouvrage. Plat à barbe. Pierre à fusil. Selle à tous chevaux. Voiture à six places. Avec un infinitif: Fille à marier, Maître à danser, à chanter. Bois à brûler. Tabac à fumer. Maisonavendre, à louer. Verre à boire. Table à jouer. Chambre à coucher. Fer à repasser. Pierre à aiguiser. On peut rapporter à cette acception les phrases telles que: Prendre quetqu'un à témoin, Invoquer son témoignage; Prendre à tâche, S'attacher à faire une chose, ne perdre aucune occasion de la faire; Tenir à honneur, à injure, Regarder comme un honneur, comme une injure. Etc.

3o Ce qui sert spécialement, ce qui est nécessaire à l'emploi d'une machine, d'un instrument, etc. Arme à feu. Fusil à vent. Bateau, machine à vapeur. Moulin à eau, à vent, à bras. Chaise à porteurs. Instrument à vent.

À, sert en outre à former une infnité de locutions qui marquent La manière d'agir, la manière d'être des personnes ou des choses, les circonstances qui, accompagnent un fait. A genoux. A pieds joints. A mains jointes. A bras ouverts. A quatre pattes. A la nage. À tâtons. A reculons. A rebours. À la renverse. À califourchon. À nu. À cru. À la debandade. Au plus vite. A la hate. A l'improviste, A double carillon. A merveille. À la diable. À la légère. A la volée. À la boule vue; A vue de pays. A À tête reposėę. A bâtons rompus. A toute force, A toutes mains. A main armée. A brûlepourpoint. A bout portant. A juste titre. A bon droit. A droit. A tort. A peine. A grand'peine. A propos. Rire à gorge déployée. Répondre à demi-mot. Crier à tue-tête. Parler à haute et intelligible voix. S'habiller à la française. Chanter à l'italienne. Marcher à petit bruit. Brûler à petit feu. S'enfuir à toutes jambes. S'avancer à grands pas. Aller à petites journées. S'éloigner à tired'aile. S'élever à ballon perdu. Aller à voiles et à rames. Voyager à pied et à cheval. Galoper à bride abattue, ventre à terre. Se coucher aplat ventre. Se jeter à corps perdu. Se battre à outrance. Boire à l'excès. Il pleut à verse. L'eau s'échappait à gros bouillons. Obtenir à force de prières, de démarches, d'importunités. S'amuser aux dépens de quelqu'un. Frapper à bras raccourci. Poursuivre à coups de pierres, à coups de fusil. Renverser à coups de canon. Passer au fil de l'épée. Fouler aux pieds. Toucher au doigt. Fermer au verrou. Garder à vue. Entrer à la lueur des flambeaux, au son des cloches. S'éloigner à la faveur des ténèbres. Met-. tre tout à feu et à sang. On les battit à plate couture. Battre du fer à froid. Boire à la glace. Trailer un sujet à fond. Etre à jeun, à sec. Prendre, au dépourvu. C'est au mieux. Etre à billes égales. Un canon charge à mitraille. Un mur bâti à chaux et à sable. Pigeon à la crapaudine. Veau à la bourgeoise. Anguille à la tartare. Etre à couvert, à l'abri, à découvert. Se tenir à l'écart. Des rochers à fleur d'eau. D'autres locutions, analogues aux précédentes, indiquent :

1o L'instrument dont on se sert pour faire quelque chose. Pécher à la ligne. Jouerala paume. Se battre à l'épée, au pistolet. Mesurer à l'aune, au mètre. Dessiner à la plume. Tracer au crayon, au compas. Travailler à l'aiguille. On dit de même, par ellipse, Des bas à l'aiguille, au métier, etc.

2o La mesure, le poids, la quantité. Vendre du vin à pot et à pinte. Vendre à la livre. Acheter au cent, à la douzaine. Donner à brassées, à poignées, à pleines mains, etc. Les phrases déjà citées, Avancer à grands pas, voyagerà petites journées, boire à l'excès, et quelques autres semblables, ont beaucoup d'analogie avec celles de ce paragraphe.

3o Le prix, la valeur. Louer un cabriolet à douze francs par jour. Diner à trois francs par tête. Emprunter à gros intérêts. Placer ses fonds à cinq pour cent. Les places

à

sont à six francs. Acheter du drap vingt francs l'aune. Vendre à bon compte. Donner une marchandise à vil priæ, à bon marché, etc. Vivre à peu de frais.

4° La disposition morale, l'intention, À plaisir. A regret. A dessein. A

cœur ouvert. A contre-cœur. Prendre une affaire à cœur, À bonne, à mauvaise intention.

5o La cause. Se ruiner au jeu, à jouer. Se tuer à travailler. Mourir à la peine. Bailler à la lecture d'un mauvais ouvrage. Prendre plaisir à quelque chose. S'endormir au murmure des eaux. S'éveiller au bruit de la tempête. Frèmir à l'aspect du danger.

6° L'effet, le résultat. Vendre à perte. Blesser à mort. Courir à perdre haleine. Danser à ravir. Cela

eut lieu au grand étonnement de toute la ville, aux applaudissements de tous. Au péril de șa vie. Au risque de tout perdre. A peine d'amende. A peine de la vie. On dit plus ordinairement, Sous peine d'amende, de la vie, etc. (Voyez ciaprès un emploi particulier de la préposition à placée entre un infinitif et un substantif.)

Dans plusieurs locutions, la préposition À se trouve précédée et suivie du même mot. Alors elle marque:

1o Succession, gradation; ordre, arrangement. Goutte à goutte. Un à un. Brin à brin. Feuille à feuille. Démonter une pendule pièce à pièce. Compter sou à sou. Augmenter petit à petit, peu à peu. Ils se placerent deux à deux, trois à trois, quatre à quatre. Mettez-les deux à deux, près à près.

2o Correspondance exacte. Traduire mot à mot. Suivre quelqu'un pas à pas. Jouer but à but.

a

3o Jonction, proximité, rencontre, ou Opposition. Bout à bout. Dos à dos. Côte à côte. Pied à pied. Tête à tête. Nez à nez. Bec à bec. Corps à corps. Seul à seul. Face à face.

Vis-à-vis.

À, se dit souvent, au Jeu, lorsqu'on veut indiquer les points respectifs des joueurs. Quand nous quittames le jeu, nous étions quatre à six. A cette partie de trictrac, nous étions six trous à douze.

A, placé entre deux nombres, en laisse supposer un qui est intermédiaire. Pingt à trente personnes. Quinze à vingt francs. Mille à douze cents francs.

Il se place aussi entre deux nombres consécutifs, lorsqu'ils se rapportent à des choses qui peuvent se diviser par fractions. Deux à trois livres de sucre. Cing à six lieues. On dit, Cing ou six personnes, onze ou douze chevaux, etc., et non, Cinq à sixpersonnes, onze à douze chevaux, etc.

À, marque aussi Conformité, convenance; et alors il se prend pour Selon, suivant. A mon gre. A sa fantaisie. A sa manière. A mon choix. A votre avis. A ma guise. A leur jugement. Chapeau à la mode. Habit à ma taille. Parler à son tour. Marcher à son rang. A la rigueur, il faudrait le condamner. A votre compte, je serais votre débiteur. A ce que je crois, vous voulez partir.

Boire à sa soif. Manger à sa faim. Dieu fit l'homme à son image. Il voulut, à l'exemple de son père... A l'instar de la capitale. On dit dans un sens analogue, A la vérité, à plus forte raison, etc.

Il indique particulièrement Ce qui fournit une induction, une conjecture, etc. À l'œuvre on connaît l'ouvrier. A ses manières on reconnaît un homme du monde. Je vis, à sa contenance, qu'il était peu rassuré. A son air triste nous pressentimes le malheur qui lui était arrivé.

À, suivi d'un infinitif, équivaut très souvent au participe du même verbe précédé de la préposition en. A le voir, on juge de son état, En le voyant, etc. A ne considérer que telle chose, En ne considérant que telle chose. A le bien prendre. A tout prendre. A voir les choses de sang-froid. A compter de ce jour, A partir de telle époque. Etc.

A l'en croire, à l'entendre, etc., S'il faut l'en croire, etc.

A dire la vérité, à vrai dire, à parler franchement, à ne rien dis simuler, etc., Pour dire la vérité, etc,

À, placé entre un substantif et un infinitif, sert fréquemment à indiquer Ce qu'il est nécessaire ou convenable de faire, l'opinion qu'on a d'une personne ou d'une chose. C'est un ouvrage à recommencer. C'est un avis à suivre. C'est une partie àremettre. C'est une affaire à accommoder. C'est une occasion à ne pas laisser échapper. C'est un chevalà garder. C'est un homme à récompenser. Il en est plus à craindre. Il n'en est que plus à estimer. C'est un homme à pendre, à noyer. C'est un livre non-seulement à lire, mais à relire souvent. On dit dans un sens analogue, Vous n'avez qu'à parler, qu'à ordonner, qu'à vouloir etc. Il désigne aussi Ce qui peut être l'effet ou la suite d'un événement, ce à quoi une chose peut servir, ou de quoi une personne est capable. C'est une affaire à vous perdre. C'est un procès à ne jamais finir. C'est une entreprise à vous faire honneur. C'est un conte à dormir debout (à faire dormir debout). C'est un homme à réussir dans tout ce qu'il entreprendra. Il est homme à se fächer, à vous jouer un mauvais tour.

,

À, devant un infinitif, peut quelquefois s'expliquer par De quoi. Verser à boire. Il n'a pas à manger. Il ne trouve pas à s'occuper. J'ai à vous entretenir. Il y aurait à crain dre. Trouver à redire. Il n'y a pas à balancer. On dit dans un sens analogue: Le temps que j'ai à vivre, Pendant lequel je dois vivre. L'argent que j'ai à dépenser, Queje puis ou que je dois dépenser. N'avoir rien à répliquer, ne trouver rien à répondre, N'avoir rien que l'on puisse répliquer ou répondre. Etc.

Il se place encore devant l'infinitif des verbes, dans divers autres sens. Ainsi on dit : Je suis ici à l'attendre, Je l'attends. Je suis encore à savoir comment Je n'ai pu encore savoir comment.... Etc.

Quelquefois A, devant le relatif qui, sert à former des locutions elliptiques qui expriment Une sorte de rivalité, de concurrence. Ils dansaient à qui mieux mieux. C'est à qui ne partira point. Tirons à qui fera, à qui jouera le premier. Ils s'empressaient à qui lui plairait davantage. Disputer à qui obtiendra une fa

veur.

À, se met après beaucoup d'adjectifs, pour en déterminer ou en restreindre la signification.- Avec un infinitif: Habile à séduire. Fou à lier. Facile à dire. Bon à manger. Curieux à voir. Triste à penser. Prompt à s'irriter. Prêt à combattre. Lent à venir. Avec un substantif, un pronom, etc.: Impénétrable à l'eau. Prompt à la repartie. Indulgent à tous. Sévère à lui-même. Propre à tel usage. Utile aux hommes. On dit, par inversion: A qui sait vivre de peu, les richesses sont inutiles. A de tels hommes rien ne saurait être impossible. Etc.

À, sert également à changer, à modifier la signification de plusieurs verbes. Ainsi on dit: Prétendre la première place, L'exiger comme un droit, comme une prérogative qui nous appartient; et Prétendre à la première place, Y aspirer, travailler à l'obtenir. Toucher ses revenus, Les recevoir; et Toucher à ses revenus, En employer, en dépenser une e partie. partie. Suppléer quelque chose, L'ajouter, Je fournir lorsqu'il manque: Pour faire cette acquisition, il lui manquait six mille francs; son père les a supplées; et Suppléer à quelque chose, Le remplacer, en réparer l'absence, le défaut : Dans des temps de disette, on a supplée au pain par le riz et par les pommes de terre.

Etc.

A, s'emploie dans certaines phrases elliptiques exprimant Un appel, un avertissement bref, une imprécation, un souhait, etc. A moi! A nous! Au feu! Au voleur! A l'assassin! Au secours! A la garde! Aux armes! A bas, à bas! A l'eau! Au diable! À d'autres! A votre santé. À votre aise. Au nom du ciel!

À, placé à la suite de quelques adverbes ou de certains autres mots, forme des locutions prépositives. Conformément à l'usage. Quant à moi. Sauf à y revenir. Par rapport à lui. Etc.

Pour toutes les autres locutions telles que, Au moins, au plus, à peu près, à cela près, à mesure, au reste, au surplus, à l'égard de, etc., et pour les diverses phrases qu'on n'a pu rapporter ici, telles que, A trompeur trompeur et demi; à bon chat bon rat; C'est à savoir; c'est-à-dire, qu'est-ce à dire ? etc., voyez aux différents articles des mots qui servent à les former.

La particule relative Y remplace très-souvent la préposition A et son régime. Voyez l'article Y.

A, dans la composition des mots, marque également Tendance, rapprochement, addition, etc. Apporter. Amener. Attirer. Aborder. Appauvrir. Accoupler. Accroitre. Etc. On voit qu'alors il perd ou plutôt ne reçoit point l'accent, et que souvent il détermine le redoublement de la consonne par laquelle commence le mot simple.

ABA

ABAISSE. s. f. Pâte qui fait la croûte de dessous dans plusieurs pièces de pâtisserie. L'abaisse de ce pâté est brûlée.

ABAISSEMENT. s. m. Action d'abaisser ou de s'abaisser, et Le résultat de cette action. L'abaissement d'un mur. L'abaissement des eaux. L'abaissement du mercure dans le baromètre. L'abaissement de la voix. Faire l'opération de la cataracte par abaissement.

ABAISSEMENT, est plus en usage au figuré, et il signifie, Diminution, affaiblissement. Abaissement de fortune. Abaissement de courage. Louis XI travailla beaucoupà l'abaissement de la maison de Bourgogne. Après l'abaissement des Carthaginois, Rome ne garda plus l'austérité de ses mœurs.

Il s'emploie quelquefois absolument, et signifie, Humiliation volontaire, état dans lequel on se met quand on s'abaisse volontairement. Se tenirdans l'abaissement devant Dieu. Un parfait chrétien doit se plaire dans l'abaissement.

Il signifie aussi, Humiliation forcée, état de bassesse où l'on est mis malgré soi. Cet esprit altier se révolte contre un si grand abaissement. Cette famille est réduite à vivre dans l'abaissement.

ABAISSER. v. a. Faire aller en bas, faire descendre. Abaisser un store. Abaisser une lanterne. Abaissez votre chapeausur vos yeux. Abaissez vos regards sur cette plaine.

En termes de Chirur., Abaisser la cataracte, Faire descendre le cristallin devenu opaque au fond de l'œil, afin de rendre la vue à un malade affecté de la cataracte.

ABAISSER, signifie quelquefois, Diminuer la hauteur d'une chose. Abaisser une muraille. Abaisser le terrain, la route. Abaisser une table. Abaisser la voix, abaisser le ton de la voix, Parler plus bas.

En Géom., Abaisser une perpendiculaire sur une ligne, Mener une perpendiculaire à une ligne, d'un point pris hors de cette ligne.

En Algèbre, Abaisser une équation, Réduire à un moindre degré une équation d'un degré supérieur.

En termes de Pâtissier, Abaisser de la pâte. La rendre aussi mince qu'on le désire, en l'étendant avec le

rouleau.

ABAISSER, s'emploie figurément, et signifie, Déprimer, humilier, ravaler. Dieu abaisse les superbes. Il faut abaisser ces esprits altiers. Je n'abaisserai point ma dignité, mon caractère à me commettre, jusqu'à me commettre avec lui. Cet historien étranger affecte d'abaisser nos grands hommes.

ABAISSER, s'emploie avec le pronom personnel, et signifie, Devenir plus bas, moins élevé. Le terrain s'abaisse insensiblement à mesure qu'on avance vers la mer. Le soleil s'abaissait sur l'horizon. Sa voix, son ton s'abaisse à mesure que son esprit se calme.

Ils'emploie de même au sens mo

ral, et signifie, S'avilir, se dégrader. Je ne m'abaisserai point à me justifier, à feindre. Il s'abaisse à des démarches indignes de lui. Il descend au style naif sans jamais s'abaisser.

Il signifie particulièrement, Shumilier, se soumettre. S'abaisser devant la majesté de l'Etre suprême. S'abaisser sous la volonté de Dieu, sous la main de Dieu. ABAISSÉ, ÉE. participe.

ABAISSEUR. adj. m. T. d'Anat. II se dit De différents muscles dont la fonction est d'abaisser les parties auxquelles ils sont attachés. Muscle abaisseur.

Il s'emploie aussi substantivement. L'abaisseur de l'œil, de la lèvre.

ABAJOUE. s. f. Espèce de poche située dans l'épaisseur des joues de certains animaux, qui s'en servent pour y placer leurs aliments, et les y conserver quelque temps.

ABANDON. s. m. Etat d'une personne, d'une chose abandonnée. Ce vieillard est dans le plus affreux abandon. Il mourut dans l'abandon, dans un abandon absolu. Il vit dans un abandon général. Il laisse sa maison dans un abandon, dans un état d'abandon qui en augmente tous les jours la dégradation. Il est dansl'abandon de Dieu, dans l'abandon de tous ses amis.

Il a quelquefois une signification active. Son absence et l'abandon de sa maison, de sa terre, ont achevé de le ruiner. L'abandon de ses amis l'a consterné.

Il s'emploie de même activement au sens moral, et signifie quelquefois, Oubli blamable de soi, de ses intérêts, oubli de ses devoirs. Pourquoi cet abandon de vous-même? Cet abandon de tous soins, cet abandon de vosintérêts nous désole. D'autres fois, il signifie, Désistement, renoncement, sacrifice, résignation. Il a fait sans hésiter l'abandon de sa fortune et même de sa vie. Il consent à l'abandon de ses droits. Le chrétien vit dans un parfait abandon à la providence, à la volonté de Dieu.

Il se dit particulièrement, en Jurisprudence, d'Un acte judiciaire ou conventionnel par lequel un débiteur délaisse ses biens à ses créanciers. Il a fait à ses créanciers l'abandon de sa terre. Il a signé l'abandon de tous ses biens. On dit plus ordinairement, Cession de biens.

ABANDON, se dit aussi en parlant Des manières, des discours, des ouvrages d'esprit et des productions des arts, pour exprimer Une sorte de facilité, de négligence heureuse qui exclut toute recherche, toute affectation, et ne laisse jamais sentir l'effort, ni le travail. Cette femme a dans ses manières un abandon sèduisant. Le maintien, les gestes de cette actrice ont un gracieux abandon, undoux abandon. Il a dans la conversation le plus aimable abandon. On trouve dans cet ouvrage, dans l'exécution de ce tableau un heureux abandon.

Il se prend quelquefois dans la signification de Confiance entière. Il m'a parlé avec abandon, avec un

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