LOI portant que l'Exemplaire du DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇOISE, chargé de Notes marginales, sera rendu public par les Libraires SMITS, MARADAN et Compagnie. DU PREMIER JOUR COMPLÉMENTAIRE, L'AN III DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇOISE. LA CONVENTION NATIONALE, après avoir entendu le Rapport de son Comité d'Instruction publique, décrète ce qui suit : ART. I. L'Exemplaire du Dictionnaire de l'Académie Françoise, chargé de Notes marginales et interlinéaires, actuellement déposé à la Bibliothèque du Comité d'Instruction publique, sera remis aux Libraires SMITS, MARADAN et Compagnie, pour être par eux rendu public après son entier achèvement. ART. II. Lesdits Libraires prendront, avec des Gens-de-Lettres de leur choix, les arrangemens nécessaires pour que le travail soit continué et achevé sans délai. ART. III. L'Édition sera tirée à quinze mille Exemplaires. ART. IV. Il en sera prélevé, au nom de la République, cent Exemplaires, qui seront placés dans les Bibliothèques des Écoles centrales, et autres Bibliothèques publiques. ART. V. Les Citoyens SMITS, MARADAN et Compagnie, rembourseront, s'il y a lieu, les frais de copie qui pourront avoir été faits par d'autres, pour cet objet, à la Bibliothèque du Comité d'Instruction publique. ART. VI. Lesdits Soumissionnaires fourniront ́une garantie de l'exécution de cette entreprise, entre les mains de la Commission d'Instruction publique, laquelle demeure chargée, et après elle le Ministre qui aura dans ses attributions l'Instruction publique, de l'exécution du présent Décret. Visé par le Représentant du Peuple, Inspecteur aux Procès-verbaux. Signé EN JURA ULT. En vertu de cette Loi, et d'arrangemens particuliers pris avec le Cit. Maradan, je suis resté seul Éditeur de cet Ouvrage. Les Éditions avouées seront revêtues de ma signature. J'espère que cette précaution ne sera pas. illusoire, et que la cupidité ne-me forcera pas à solliciter l'application de la Loi contre les Contrefacteurs. Gaits A. Lettre voyelle qui forme à elle seule un mot présentant plusieurs acceptions. A. Lettre. sub. mas. Premier caractère de notre alphabet. Dans presque tous les alphabets l'A précède le B. Ce caractère reçoit différentes formes, soit dans l'impression, soit dans l'écriture manuelle. L'A majuscule. Le petit a. L'A romain. L'A italique. C'est un nom indéclinable, qui ne prend pas, comme presque tous les noms, une S au pluriel. On écrit deux A, et non pas deux AS. On dit communément De quelqu'un qui ne sait pas lire, et figurement De quelqu'un qui est fort ignorant, qu'Il ne sait ni A ni B. On dit, Une panse d'A, pour dire, Le commencement de la formation de la lettre A, qui, dans l'écriture ordinaire, s'écrit a. Et dans ce sens, quand on a donné quelque chose à écrire à quelqu'un, et qu'il n'y a point encore travaillé, on dit proverbialement qu'Il n'en a pas fait une panse d'a. La même chose se dit figurément, pour donner à entendre qu'Un homme qui avoit entrepris de composer quelque ouvrage, n'y a point encore travaillé. On dit aussi, pour signifier qu'Un homme n'a nulle part à un ouvrage d'esprit qu'on lui attribue, qu'Il n'y a pas fait une panse d'a. On dit aussi figurément, Depuis Tome I. A A jusqu'à Z, pour dire, Depuis le commencement d'une chose jusqu'à la fin. A. Son. s. m. Le son de l'A est celui qui se prononce par le mouvement le plus naturel de la bouche; aussi entre-t-il dans les premiers mots que prononcént les enfans dans toutes les Langues. Papa, mama. Le son de l'A, en françois, est le même dans tous les mots : il ne diffère que par sa durée et par des nuances peu sensibles. Il est long ou bref; long dans Trâme, Grâce; bref dans Glace trace.. Dans les deux précédentes acceptions, A est un nom substantif masculin. Il n'appartient au verbe que comme troisième personne du présent de l'indicatif du verbe Avoir. Il a de l'esprit. Il a tort. Elle a aimé. On l'emploie en ce sens dans cette phrase, qui est un gallicisme, Il y a. On dit, Il y a un homme, pour dire, Il existe un homme; Il y a eu un temps, pour dire, Il fut un temps. Dans tous les autres cas où l'on em ploie le mot A, c'est une Particule qui indique une multitude de rapports, difficiles à nombrer et à classer. à En certains cas, la particule, sert remplacer le datif du latin, lorsqu'elle est mise après un mot par lequel elle est régie, et dont elle déter mine l'objet : après un yerbe, Ecrire à A quelqu'un, après un substantif, Sou mission à l'autorité; après un adjectif, Attentif à la leçon; après un adverbe, Conformément à la règle; après une simple préposition, Jusqu'à Paris. Dans ce sens il s'unit souvent à l'article le, la, les, et alors il se décline en quelque sorte, puisqu'il se change en au, au lieu de à le, et qu'il a le pluriel aux, au lieu de à les. Obéir au Magistrat, à la Loi; obéir aux Magistrats, aux Lois. Sous ce même rapport, A s'emploie dans plusieurs phrases elliptiques, lorsqu'un danger ou un interêt pressant oblige de n'exprimer que l'idée principale, en supprimant des idées accessoires que l'esprit supplée aisément; comme: Aux armes. A moi. A vous. Au feu. Au meurtre. Au secours. A, seul n'est jamais adverbe comme l'ont avancé quelques Grammairiens; mais il forme une expression adverbiale, lorsqu'il se joint à un adverbe ou à certains noms adjectifs ou substantifs; à un adverbe, comme Durer à jamais, venir à rien; à un adjectif, Tomber à bas, à tort ou à droit; à un substantif, Parler à propos. Parler tête-à-tête. Mal à propos. Crier à tue-tête, à pleine téte. Tirer à brûlepourpoint. Hair à mort, à la mort. Etre blessé à mort. Marcher à tâtons. Aller à reculons. Travailler à bâtons rompus. Juger à boulevue. Décider à la légère, A Déchirer à belles dents. Traiter à forfait. Battre du fer à froid. Mâcher à vide. Mettre de l'argent à intérêt. Donner à bon compte. Vendre à l'encan. Dans toutes les autres acceptions du mot, il est une simple préposition, qui exprime différens rapports de situation, de temps, de lieu, de mouvement, etc. Ces diverses significations peuvent se réduire aux prépositions suivantes: Après. Avec. Dans. En. Par. Pour. Selon. Suivant. Sur. Vers, A, dans la signification d'Après. A deux mois de là. A deux jours de là. Aller pas à pas. Arracher brin à brin. Dire mot à mot. Compter sou à sou. Manger morceau à morceau. A, dans la signification d'Avec. Travailler à l'aiguille. Gagner à la pointe de l'épée. Aller à voiles et à rames. Bâtir à chaux et à ciment. Se battre à l'épée et au pistolet. Marcher à petit bruit. Un fusil chargé à balle. Canon chargé à cartouche. Faire brûler à petit feu. Vivre à peu de frais. Donner, prendre à toutes mains. A petit manger bien boire. Fromage à la crème. Bouton à queue. Bâton à deux bouts. Couteau à ressort. Écuelle à oreilles. Clou à crochet. Chandelier à branches. Chapeau à grands bords. Agir à bonne intention. Prier à mains jointes. Sauter à pieds joints. Recevoir à bras ou verts etc. A, pour Dans en. Vivre à Paris. Demeurer à Rome. Retourner à la Ville. Jeter à la rivière. Se promener à la campagne. Blessure à l'épaule,, à la cuisse. Il y viendra à son rang. Etre à sa place. A, dans la signification de Par. Obtenir à force de prières. On juge à sa mine. On voit à l'air dont il s'y prend. Aller à courbettes. A dans la signification de Pour. Prendre à témoin. Inviter quelqu'un à diner. Une fille à marier. Avoir quelque chose à bon marché. Tenir à honneur. Tenir à injure. On eut bien de la peine à lui faire entendre. Une selle à tous chevaux. Un conte à dormir debout. Fixer à jamais. A, Selon, suivant. Un habit à la mode. Bâtir à la manière d'Italie. Vivre à sa fantaisie. Cela n'est pas à son goût. A ce que je vois. A ce que vous dites. Il faut donc à votre compte, à votre avis. A, dans la signification de Sur. Monter à cheval. Mettre pied à terre. A peine de la vie. Un oiseau qui se bat à la perche. À, dans la signification de Vers. Il tire à sa fin. Venez à moi. A, entre deux noms de nombre, signifie Entre ou environ. Ainsi on dit, Un homme de quarante à cinquante ans, pour dire, Un homme dont l'âge est entre quarante et cinquante ans ou dont l'âge est d'environ quarante ou cinquante ans; Une troupe de sept à huit cents hommes, pour dire, Une troupe d'hommes dont le nombre est entre. sept et huit cents, ou une troupe d'environ sept ou huit cents hommes. Il y avoit six à sept femmes dans cette assemblée, pour dire, Il y avoit environ six à sept femmes. A sert aussi à marquer le Temps. Se lever à six heures. Diner à midi. On l'attend à toute heure, à tout moment. Revenir à heure indue. A la fin du mois. A jour préfix. A l'arrivée du courrier. A perpétuité. À l'avenir. Il y parviendra à la longue. Il sert aussi à marquer le Lieu. Se tenir à l'entrée du bois. Il demeure à deux lieues d'ici, à vingt lieues de là. Etre à l'écart, à l'abri, à découvert. La Situation. A droite. A gauche. A côté. A pied. A cheval. La Posture, le Geste. Être à genoux. Dos à dos. Nez à nez. La manière de vivre, de s'habiller, de se mettre de marcher, d'agir, de parler, etc. Vivre à la Françoise. S'habiller à l'Espagnole. Un homme à soutane à cheveux courts. Marcher à petits pas. Courir à toutes jambes, à toute bride. S'embarquer à la hate. Un homme à bons procédés. Un homme à systèmes. Un homme à grands mots. La Qualité d'une chose. De l'or à vingt-quatre carats. Du velours à trois poils. La Quantité. Il en a à foison, à satiété, à milliers.. Le Prix et la Valeur d'une chose. Du vin à vingt sous. à trente sous la pinte. Du drap à vingt francs l'aune. La Mesure ou le Poids dont on se sert pour la débiter. Vendre du vin à la pinte. Vendre du drap à l'aune. Vendre de la viande à la livre. A, s'emploie aussi pour désigner La cause mouvante, le moyen qui fait agir. Moulin à vent. Moulin à eau. Moulin à bras. Arme à feu. Le Motif qui fait agir. Il l'a dit à bonne intention. Il ne l'a pas fait à mauvais dessein. L'État et la disposition d'une chose. Des fruits à garder. Des fleurs à cueillir. L'Usage auquel une chose est propre. Terre à froment. Moulin à blé. Moulin à poudre. Moulin à papier. Mouchoir à moucher. Bassin à laver les mains. Bassin à barbe. Bois à brûler. Bois à Ce qu'il est convenable de faire, et Le bon ou le mauvais traitement qu'un homme, qu'une chose mérite. C'est un avis à suivre. C'est une partie à remettre. C'est une affaire à accommoder. C'est une occasion à ne pas laisser échapper. C'est un cheval à garder. C'est un homme à recompenser. Il en est plus à craindre. Il n'en est que plus à estimer. C'est un hom me à noyer. C'est un homme à nasardes. Cest un livre, non seulement à lire, mais à retenir par cœur. Ce qui peut arriver d'une chose, à quoi elle peut servir, et de quoi une personne est capable. C'est une affaire à vous perdre. C'est un procès à ne jamais finir. C'est une entreprise à vous faire honneur. C'est un homme à réussir dans tout ce qu'il entreprendra. Il est homme à se facher, à vous jouer d'un mauvais tour. A joint avec un verbe à l'infinitif, s'explique quelquefois par le gérondif du même verbe. Ainsi, Un diroit à le voir, à l'entendre, se résout par, On diroit en l'entendant, en le voyant. Et toutes les autres semblables façons de parler, se peuvent résoudre de même. Quelquefois aussi il s'explique par de quoi, et par de raison pour. Verser à boire. Il n'a pas à manger. Il ne trouve pas à travailler. Il y auroit à craindre. Trouver à redire. Il n'y a pas à balancer. Il n'y a pas à différer. Il se joint encore à l'infinitif des verbes dans divers autres sens. Il s'emporta à lui dire, jusqu'à lui dire. Il s'abaissa à le prier. S'amuser à causer. Je suis encore à savoir. Il est encore à venir. Je suis ici à l'attendre. C'est à faire à lui d'ordonner des fêtes. Je sais, à n'en point douter, que.. C'est à vous à ... parler... C'est à lui à décider. C'est à savoir s'il le voudra. Il n'y a rien à gagner avec lui, etc. À, s'emploie aussi dans les phrases suivantes, et dans une infinité d'autres, qui seront expliquées chacune en son lieu Arriver à bord. Se résoudre à tout. Mettre à l'air. Mettre à la voile. Appliquer à la question. Crier à l'aide. Attacher à la muraille. Atteler à la charrue. Coucher à la belle étoile. Jouer à la paume. Jouer à quitte ou à double. Valet à gages. Pension à vie. Ils se prosternèrent à ses genoux. Ils tombèrent à ses pieds. Se tourner à bien, à mal. Se mettre à, l'étude. Aller à l'armée, à Rome, à l'Eglise. Voyons à qui l'aura. On verra les différens sens de ces phrases, et de celles des articles précédens, aux mots dont elles sont composées. A, lorsqu'il précède l'article masculin, suivi d'un mot qui commence par une consonne, devient Au. V. Au.. А ВА ABAISSE. sub. tém. Pâte qui fait la croûte de dessous dans plusieurs pièces de pâtisserie. ABAISSEMENT. s. m. Diminution de hauteur. L'abaissement des eaux. L'abaissement d'un mur. L'abaissement du mercure dans le baromètre. On dit, L'abaissement de la voix, par opposition à l'élévation de la voix. Il est plus en usage au figuré. Abais sement de fortune. Abaissement de courage, etc. Quelquefois il signifie Humiliation volontaire, ou l'état dans lequel on se met quand on s'abaisse volontairement. Se tenir dans l'abaissement devant Dieu. Un parfait Chrétien doit se plaire dans l'abaissement. Il se prend aussi pour Humiliation forcée, pour l'état de bassesse où l'on est mis malgré soi. C'est un esprit altier, qu'il faut tenir dans l'abaissement. ABAISSER. v. a. Faire aller en bas. Abaisser un store. Abaisser une lanterne. Il signifie quelquefois, Diminuer de la hauteur. Abaisser une muraille. Abais ser une table. On dit, Abaisser la voix, abaisser le ton de la voix, pour dire, Parler plus bas. On dit en Géométrie, Abaisser une perpendiculaire, pour dire, Mener une perpendiculaire à une ligne, d'un point pris hors de cette ligne. Il se prend aussi pour, Déprimer, humilier, ravaler. Dieu abaisse les superbes. Rome abaissa l'orgueil de Carthage. S'ABAISSER avec le pronom personnel, lorsqu'il est joint à la particule A, signifie, S'avilir, se dégrader. S'abaisser à des choses indignes de soi. Lorsqu'il est joint à la préposition Devant, il signifie, S'humilier. S'abaisser devant la Majesté de l'Etre suprême. ABAISSÉ, ÉE. participe. Il se dit en termes de Blason, de toutes les pièces placées dans l'écu, au dessous de leur situation ordinaire, et particulièrement du vol des oiseaux, lorsque l'extrémité de leurs ailes est inclinée vers la pointe de l'écu. Vol abaissé. ABAISSEUR. adject. Terme d'Anatomie. Nom qui se donne à différens muscles, dont la fonction est d'abaisser les parties auxquelles ils sont attachés. Muscle abaisseur. Il se prend aussi substantivement. L'Abaisseur de l'œil. ABANDON. s. m. État où est une personne, une chose abandonnée. Il est dans un abandon général. Il est dans Pabandon de Dieu, dans l'abandon de tous ses amis. ABANDON " se dit aussi en parlant Des discours, des ouvrages, des manières, etc. d'Une sorte d'abondance facile, de négligence aimable, qui exclut toute recherche, tout effort, toute affectation. Il y a dans cette partie de son discours un heureux abandon. Elle a dans ses manières un abandon séduisant. Il se dit aussi pour Résignation, Un parfait abandon à la volonté de Dieu; et aussi pour L'oubli de soi-même, Se laisser aller à l'abandon; un aimable abandon; et généralement pour, Renoncement, oubli. L'abandon de tous soins. Cet abandon de vous-même nous désole. Au Palais, Abandon se dit pour Délaissement. Il a fait l'abandon de sa Terre. A L'ABANDON manière de parler adverbiale. Aller à l'abandon. Laisser à l'abandon. Tout est à l'abandon. ABANDONNEMENT. s. m. Délaissement enticr. Il se dit également et De la personne qui abandonne, et de la chose abandonnée. Il est à plaindre dans l'abandonnement où il est de tous ses parens et de tous ses amis. Il a fait un abandonnement général de tous ses biens. ABANDONNEMENT mis sans régisignifie, Déréglement excessif dans la conduite, dans les mœurs ; Prostitution. Abandonnement infâme. Vivre dans l'abandonnement dernier abandonnement. me " dans le ABANDONNER. v. a. Quitter, délaisser entièrement. Les gens de guerre l'ont contraint d'abandonner sa maison. Il a abandonné le pays. Abandonner sa femme et ses enfans. Dieu n'abandonne pas les siens. Vous m'avez abandonné dans le besoin, au besoin. Abandonner la poursuite d'une affaire. Abandonner une cause. On dit qu'Un père a abandonné son fils, qu'il l'a entièrement abandonné, pour dire, qu'Il ne prend plus aucun soin de lui, qu'il ne s'en met plus en peine. On dit, Abandonner une succession, abandonner ses prétentions, pour dire, Y renoncer entièrement. On dit que Les Médecins ont abandonné un malade, pour dire, qu'Ils ont cessé de le voir, ou qu'ils ne lui ordonnent plus rien, parce qu'ils désespèrent de sa guérison. ABANDONNER, signifie aussi, Laisser en proie, exposer, livrer; et il est toujours suivi de la préposition à. Abandonner une ville au pillage, l'abandonner à la fureur des soldats. Abandonner un vaisseau à l'orage au vent. Abandonner à la merci de, etc. à la disposition de, etc. Abandonner quelqu'un à son caractère, à ses penchans, à son mauvais sort. On dit, Abandonner son cheval, pour dire, Le laisser aller comme il veut. On dit, Abandonner un Ecclésiastique au bras séculier, pour dire, Le renvoyer au Juge laïque, afin qu'il le punisse selon les lois; et proverbialement et figurément, en parlant De quelque chose à boire ou à manger, qu'on veut bien laisser aux domestiques, on dit, qu'Il faut l'abandonner au bras sé culier. On dit dans le langage de l'Écriture, que Dieu abandonne souvent les méchans à leur sens réprouvé, pour dire, qu'Il les laisse s'endurcir dans leur péché. On dit aussi, Abandonner une chose, une personne à quelqu'un, pour dire, Lui permettre d'en faire, d'en dire ce qu'il lui plaira, lui en laisser l'entière disposition. Abandonner tous ses biens à ses créanciers. Vous vous plaignez de cet homme, je vous l'abandonne. On dit aussi, qu' Un père a abandonné son fils, le soin de son fils à la conduite de quelqu'un, pour dire, qu'Il en a chargé quelqu'un sur qui il s'en repose. On emploie aussi ce verbe sans régime indirect, Son père l'abandonne, pour dire, qu'Il ne veut plus prendre soin de lui. Dieu l'a abandonné. Mon courage m'abandonne. S'ABANDONNER. verbe réfl. Se laisser aller se livrer à quelque chose, quelqu'un, sans aucune retenue. sans aucune réserve. Sabandonner à la débauche au vice. S'abandonner à ses passions. S'abandonner aux femmes. S'abandonner à la douleur, à la tristesse, aux pleurs. S'abandonner à la joie. Je m'abandonne à vous. On dit, S'abandonner à la Providence, pour, Se remettre entièrement entre les mains de la Providence; et, S'abandonner à la fortune, pour, Laisser aller les choses au hasard. Et d'une femme qui se prostitue, on dit, que C'est une femme qui s'abandonne à tout le monde. En ce sens il se dit aussi absolument. Les mauvais exemples d'une mère portent quelquefois une fille à s'abandonner. ABANDONNÉ, ÉE. participe. On dit, C'est un enfant abandonné, pour désigner Un enfant qui se trouvè sans secours, loin de ses parens. Il est aussi substantif, et alors il se dit d'Un homme perdu de libertinage ABATARDI, IE. Participe. Le cœur abâtardi. Le courage abâtardi. ABATARDISSEMENT. s. m. Altération d'une chose, déchet, diminution. L'abâtardissement du courage. L'abâtardissement du plant' fait que le vin devient mauvais. ABAT-JOUR. s. masc. Sorte de fe nêtre dont l'appui est en talus, afin que le jour qui vient d'en haut, se communique plus facilement dans le lieu où elle est pratiquée. Les-Marchands ont des abat-jours dans leurs magasins pour faire paroître leurs marchandises plus belles. Ordinairement les fenêtres des Eglises sont taillées en abat-jour. ABATIS. s. masc. Quantité de choses abattues, telles que bois, arbres pierres, maisons. Les ennemis embarrassèrent les chemins par de grands abatis d'arbres. Cette rue est bouchée par un abatis de maisons. On dit aussi, Faire un abatis, un grand abatis de gibier, pour dire, En tuer beaucoup. On appelle aussi Abatis, les pieds, la tête, le cou, les ailerons, etc. des volailles. Des abatis de dindon, etc. ABATIS. Lieu où les bouchers tuent le bétail. ABATTEMENT. subst. masc. Affoiblissement, diminution de forces ou de courage. Ce malade est bien mal, je le trouve dans un grand abattement. Cette mauvaise nouvelle l'a mis dans un étrange abattement. ABATTEUR. s. m. Qui abat. Il ne se dit guère absolument. Ce bûcheron est un grand abatteur de bois. En parlant d'un homme fort adroit au jeu de quilles, on dit, C'est un grand abatteur de quilles. Il se dit au figuré en parlant d'Un homme qui a fait de grandes choses en quelque genre que ce soit : mais plus ordinairement et par ironic, on le dit d'Un homme qui se vante d'avoir fait ce qu'il n'a pas fait. Il est fa milier. ABATTRE. v. act. (Il se conjugue comme Battre.) Mettre à bas, renverser par terre, faire tomber. Abattre des maisons, des murailles. Abattre des arbres. Abattre par le pied. Les grands vents abattirent bien des chénes dans la |